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Banquises et changements climatiques


Alain Coustou
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Remiremont - Porte des Hautes Vosges (400 m)

[...] si tant est que les estimations d'area avant les satellites soient fiables, ce qui n'est pas sûr. [...]

Désolé Charles mais...

Je pense, et c'est une Lapalissade, qu'ils sont bien plus fiables qu'il y a 15 ans et bien moins fiables que dans 20 ans! default_wink.png/emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20">

Seulement, d'ici là, peut être sera-t-il trop tard pour rectifier les erreurs que nous perennisons actuellement default_ermm.gifdefault_wink.png/emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20">

Autant dire qu' à la vue des informations actuelles, compte tenu des technologies actuelles, il convient de faire ce que l'on peut (ou ce que l'on croit pouvoir faire) pour éviter l'irrémédiable... On appelle ça la prudence default_happy.png/emoticons/happy@2x.png 2x" width="20" height="20">

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Là, Alain, c'est un peu facile default_pinch.gif A ce jour, les usagers du conditionnel se recrutent quand même essentiellement chez les porteurs de mauvaises nouvelles. A défaut d'évolutions exceptionnelles dans le présent, on annonce le pire à venir.

C'est un peu contradictoire : d'un côté tu reconnais que les données sont peu fiables (et elles le sont, les estimations de perte d'épaisseur varient de 10 à 40% selon les auteurs) ; d'un autre côté, tu maintiens que "les deux-tiers" de la masse ont disparu (alors qu'en surface, on est à 25% maxi en été et à presque rien en hiver, cf. schéma plus haut, si tant est que les estimations d'area avant les satellites soient fiables, ce qui n'est pas sûr).

Le dernier point est surtout le plus évident : il faut rappeler qu'en hiver, à certaines extrémités du cercle arctique, le mois le plus chaud a une Tm de -5°C. Mais qu'ailleurs, cela varie en général de -20 à -47°C. Une perte significative de banquise en hiver et en surface demanderait un réchauffement exceptionnel.

Que les données soient imparfaites et qu'il soit souhaitable d'en disposer de plus nombreuses ne signifie pas qu'elles soient inutilisable. Il faut seulement prendre la précaution d'en déduire (et d'annoncer) une marge d'incertitude tenant compte de cette imperfection. La perte moyenne d'épaisseur de l'ordre de 40% à la quelle je fais allusion est, comme tu le sais, celle qu'Andrew Rothrock a pu déduire des mesures effectuées par des sous-marins US en mission sous la banquise des année 1960-70 aux années 1990. Les estimations inférieures ne sont que de simples suppositions, nettement moins étayées que celles de Rothrock.

Que les 2/ 3 de la masse de la banquise aient disparu découle de la combinaison des estimations de perte de 40 à 50% en épaisseur (40% jusqu'aux années 90, mais cette réduction s'est encore amplifiée depuis. La preuve : l'aggravation récente du retard de formation de la banquise hivernale) et de la réduction de plus de 25% de superficie estivale. Je te rapelle que c'est cette dernière que je prends essentiellement en considération. Et je m'en suis déjà expliqué.

Calcul simple: 0,50x0,75=0,375, soit une perte de 62,5 %, proche des 2/3. Personnellement je considère qu'il s'agit d'une hypothèse minimale, la perte de superficie estivale étant probablement supérieure à 25 %, ainsi qu'on peut le vérifier à partir des données de Cryosphere ( http://arctic.atmos.uiuc.edu/cryosphere/IM...ent.updated.jpg. ), selon lesquelles l'extent estivale de la banquise serait passé de près de 12 millions de Km² vers 1950 à un peu moins de 8 millions en 2005, soit moins 33%.

Si on prend cette dernière valeur, on a 0,50 x 0,67 = 0,335, soit une réduction en volume des deux tiers.

Je reconnais cependant qu'il ne s'agit que d'ordres de grandeur et que la prise en compte des peu probables hypothèses minimalistes (concernant la perte d'épaisseur) aménerait à une réduction en masse inférieure de moitié à celle que j'avance. Seul Cryosat 2, dans quelques années, permettra de trancher.

C'est important, parce qu'une division par deux de mes estimations doublerait approximativement le temps nécessaire à la disparition estivale de la banquise, ce qui se répercuterait sur l'évolution climatique générale et permetrait au climat de se stabiliser à un niveau moins dramatique que celui au quel aboutit ma modélisation.

Alain

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La perte moyenne d'épaisseur de l'ordre de 40% à la quelle je fais allusion est, comme tu le sais, celle qu'Andrew Rothrock a pu déduire des mesures effectuées par des sous-marins US en mission sous la banquise des année 1960-70 aux années 1990. Les estimations inférieures ne sont que de simples suppositions, nettement moins étayées que celles de Rothrock.

Cela ne me semble pas exact. Winsor 2001, Tucker 2001, Holloway et Sou 2002, Polyakov 2003 n'ont pas reproduit les résultats de Rothrock 1999. Ce ne sont pas de "simples suppositions", mais des mesures différentes. Et il y en a quatre.

Que les 2/ 3 de la masse de la banquise aient disparu découle de la combinaison des estimations de perte de 40 à 50% en épaisseur (40% jusqu'aux années 90, mais cette réduction s'est encore amplifiée depuis. La preuve : l'aggravation récente du retard de formation de la banquise hivernale) et de la réduction de plus de 25% de superficie estivale. Je te rapelle que c'est cette dernière que je prends essentiellement en considération.

40% est un chiffre déjà contesté et tu en rajoutes 10 au passage. Un peu excessif, non ?
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Désolé Charles mais...

Je pense, et c'est une Lapalissade, qu'ils sont bien plus fiables qu'il y a 15 ans et bien moins fiables que dans 20 ans! default_tongue.png/emoticons/tongue@2x.png 2x" width="20" height="20">

Seulement, d'ici là, peut être sera-t-il trop tard pour rectifier les erreurs que nous perennisons actuellement default_sleeping.gifdefault_ermm.gif

Autant dire qu' à la vue des informations actuelles, compte tenu des technologies actuelles, il convient de faire ce que l'on peut (ou ce que l'on croit pouvoir faire) pour éviter l'irrémédiable... On appelle ça la prudence default_sad.png/emoticons/sad@2x.png 2x" width="20" height="20">

Voir ma réponse à Alain sur les "40%" d'épaisseur concernant le fiabilité toute relative des mesures dans cette région. Quand une étude donne ce chiffre, et quatre autres ne le retrouvent pas, il me semble que la prudence ou la réserve est de mise.

Simple question sur la surface : avant les satellites, comment mesurait-on au juste l'extension de la banquise, qui semble précise à 200.000 km2 près dans les données Cryosphère entre 1900 et 1980 ? Je crains que ce soit de simples témoignages de cargos navigant en périphérie du cercle Arctique. Peut-être me trompé-je. Mais si ce n'est pas le cas, je me permets de douter de la précision de la recontruction Cryopshere sur un siècle entier. Alain signale lui-même que d'une année sur l'autre, ce ne sont pas les mêmes zones qui fondent en premier (il aurait fallu des cargos ou des stations partout autour du cercle arctique pour avoir une estimation de la variabilité interannuelle). Quant aux paramètres climatiques justifiant cette évolution de la banquise, ils ne sont pas plus clairs à ma connaissance : rien de solide sur les SST et la salinité pour la majeure partie du XXe siècle, un différentiel de hausse des Tm entre 1910-40 et 1980-2005 qui se résume à quelques dixièmes de °C.

Sinon, l'argument "demain il sera trop tard" est excellent dans un débat politique, mais nous essayons plus simplement sur ce forum de nous faire notre propre idée de la situation réelle (et de son caractère exceptionnel ou non), et non d'engager telle ou telle décision collective justifiant la rhétorique de l'urgence. Cela suppose d'en revenir aux mesures, qui sont la seule base de discussion rationnelle. Et les mesures de l'Arctique comme du Groenland, je le maintiens et le rappelle pour la Xième fois, ne montrent pas pour l'instant un caractère exceptionnel par rapport au premier réchauffement mesuré 1910-1940 (j'ai dû exposer les résultats de 5 ou 6 travaux récents à ce sujet depuis 3 mois, c'est quand même épatant de ne "croire" les scientifiques que lorsqu'ils donnent de mauvaises nouvelles - généralement sur des mesures de court terme sur 5 à 15 ans - et d'ignorer les autres travaux).

Comme Alain, je donne RV en 2020. Si les 15 années à venir amplifient le réchauffement arctique, et si les progrès de la paléoclimatologie démontrent qu'il est vraiment exceptionnel dans la région, je m'inclinerai sans difficulté. D'ici là, je lis les scientifiques qui étudient le terrain.

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Pour le moment la seule chose dont on est sûr, ce sont les relevés satellitaires.

Ceux-ci indiquent bien une réduction de l'extent depuis 25 ans.

voici extrait de la NOAA/NSIDC

banq8to.jpg

Ce qu'on peut dire aussi c'est que les réchauffements de 1910-1940 et l'actuel sont comparables, pour l'Arctique, d'après les relevés que l'on a, bien entendu.

Mais ceci ne veut pas dire non plus que les causes soient les mêmes, bien entendu.

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A propos des hautes latitudes de l'HN, encore deux nouvelles études :

- dans les GRL, Vinther et al. 2006 ont reconstitué des données à peu près complètes sur le Groenland entre 1784 et 2005 sur dix sites. Les décennies les plus chaudes ont été 1931-40 et 1941-50 (Tm annuellles : -0,8°C). Les décennies récentes sont à -2,5°C (1981-90) et -2,1°C (1991-2000), ce qui confirme un autre travail récent de Chylek 2006, que j'avais commenté ici voici 10 jours. Apparemment, les "GES bien répartis dans l'atmosphère" dont l'effet est supposé maximal aux hautes latitudes de l'HN ne parviennent pas du tout dans cette région à contrebalancer la variabilité naturelle.

- voici trois mois dans Nature, Lubin et al. 2006 ont utilisé les données ERI (Atmospheric Emitted Radiance Interferometer) des spectroradiomètres du Département américain de l'Energie pour analyser l'évolution de la réflexivité des nuages en Arctique sous l'effet des aérosols (et non des GES). Ils concluent sur 1997-2004 à une augmentation des flux de surface en haute longueur d'ondes et estiment ce forçage spécifique à 3,4 W/m2, "comparable à l'effet réchauffant des gaz à effet de serre". Ce qui confirme les conclusions d'une précédente étude (Garrett 2002) et démontre (une fois de plus) la complexité du comportement physico-chimique des aérosols, une des grandes inconnues des modèles actuels.

Ce genre de travaux amène tout de même à se poser quelques questions sur le schéma "simple" selon lequel le forçage radiatif des GES seraient désormais le principal déterminant des ∆T et que leur effet est d'autant plus prononcé que l'on remonte vers le Nord. Non ?

Références :

- Garrett, T. J. , Zhao, C. , Dong, X. , Mace, G. G. & Hobbs, P. V., 2004, Effects of varying aerosol regimes on low-level Arctic stratus. Geophys. Res. Lett. 31, doi:10.1029/2004GL019928

- Vinther, B. M., K. K. Andersen, P. D. Jones, K. R. Briffa and J. Cappelen, 2006, Extending Greenland Temperature Records into the late 18th Century, doi:10.1029/2005JD006810, J. Geophys. Res., 111, D11105.

- Lubin, D. and Vogelmann, A.M., 2006, A climatologically significant aerosol longwave indirect effect in the Arctic, Nature, 439, 453-456.

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Pour le moment la seule chose dont on est sûr, ce sont les relevés satellitaires.

Ceux-ci indiquent bien une réduction de l'extent depuis 25 ans.

voici extrait de la NOAA/NSIDC

http://img46.imageshack.us/img46/9126/banq8to.jpg

Ce qu'on peut dire aussi c'est que les réchauffements de 1910-1940 et l'actuel sont comparables, pour l'Arctique, d'après les relevés que l'on a, bien entendu.

Mais ceci ne veut pas dire non plus que les causes soient les mêmes, bien entendu.

En effet, c'est indéniable.

Ce que je comprends plus difficilement dans les donnés Cryosphere, c'est pourquoi on a une baisse continue depuis 1950 (cf. schéma plus haut), alors que la tendance a plutôt été au refroidissement dans l'Arctique entre 1950 et 1980 (ci-dessous, répartition des trends Nasa Giss sur cette période). Il est vrai que d'autres facteurs influent (notamment les vents, la pression, la salinité, les SST, etc.). Mais il est quand même étonnant que l'Arctique perde sa banquise en période de refroidissement comme en période de réchauffement.

ghcngisshr2sst1200kmtrnd051951.gif

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Je ne sais pas si on peut accorder une très grande confiance aux données ante satellitaires.

Les seules possibilités que je vois pour expliquer une perte de glace même en période de refroidissement (léger pas intense bien sûr), c'est comme tu le dis, un régime de vents défavorable suite à une phase de l'AO par exemple.

Ceci dit il y a aussi le fait que lorsque la banquise a entamé une baisse , elle peut avoir du mal à regagner du volume, par effet de rétroaction positive.

Si le refroidissement n'est pas assez long on a toujours réduction.

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- voici trois mois dans Nature, Lubin et al. 2006 ont utilisé les données ERI (Atmospheric Emitted Radiance Interferometer) des spectroradiomètres du Département américain de l'Energie pour analyser l'évolution de la réflexivité des nuages en Arctique sous l'effet des aérosols (et non des GES). Ils concluent sur 1997-2004 à une augmentation des flux de surface en haute longueur d'ondes et estiment ce forçage spécifique à 3,4 W/m2, "comparable à l'effet réchauffant des gaz à effet de serre". Ce qui confirme les conclusions d'une précédente étude (Garrett 2002) et démontre (une fois de plus) la complexité du comportement physico-chimique des aérosols, une des grandes inconnues des modèles actuels.

Ce genre de travaux amène tout de même à se poser quelques questions sur le schéma "simple" selon lequel le forçage radiatif des GES seraient désormais le principal déterminant des ∆T et que leur effet est d'autant plus prononcé que l'on remonte vers le Nord. Non ?

Cette étude est intéressante.

Elle est une illustration du rôle des aérosols dans la nucléation, autrement appelé "effet indirect".

Il apparaît qu'un haut CN implique une émissivité plus forte des nuages en LW.

Je crois que ce résultat était déjà connu.

L'effet direct des aérosols type SO2 est une augmentation de l'albédo.

L'effet indirect est une augmentation de l'albédo + une augmentation du phénomène étudié plus haut.

En Arctique, l'effet majoritaire semble être celui qui entraîne une augmentation du flux IR vers le sol, l'effet d'albédo étant nettement moins important qu'aux latitudes plus basses.

Ceci dit je n'ai pas lu qu'il y avait augmentation de ce flux de 1997 à 2004, mais qu'une campagne de mesures au cours de cette période avait permis de voir qu'entre un nuage à bas CN et un nuage à haut CN on constate une différence dans le flux descendant de LW de 3.4W/m2.

Je n'ai pas lu non plus le bilan net de flux à la surface.(ce n'était pas l'objet)

Mais ceci a été vu dans d'autres études qui indiquent un bilan net positif.

Extraits de l'étude de Lubin et al. 2006

The importance of cloud–radiation interactions is

being investigated through advanced instrumentation deployed

in the high Arctic since 1997 (refs 7, 8). These studies have

established that clouds, via the dominance of longwave radiation,

exert a net warming on the Arctic climate system throughout most

of the year, except briefly during the summer9. The Arctic region

also experiences significant periodic influxes of anthropogenic

(on voit qu'en été l'effet albédo devient supérieur à l'effet de serre)

Here we use multisensor radiometric data7,8 to show

that enhanced aerosol concentrations alter the microphysical

properties of Arctic clouds, in a process known as the ‘first

indirect’ effect11,12. Under frequently occurring cloud types we

find that this leads to an increase of an average 3.4 watts per square

metre in the surface longwave fluxes. This is comparable to a

warming effect from established greenhouse gases and implies

that the observed longwave enhancement is climatologically

significant.

....

Statistically significant flux differences emerge throughout

most of the LWP range for which dTb/du , 0. With this constant-

LWP sorting, the mean pyrgeometer flux in a given LWP bin under

high CN is on average 3.4Wm22 larger than under low CN. The

remaining flux difference between the cases might be an effect of

greater LWP under high CN. An increase in cloud LWP in the

presence of increased aerosol concentrations would be consistent

with recent theoretical work on Arctic cloud microphysics26,27;

however, the current analysis does not allow a rigorous evaluation

of atmospheric states that would enable us to firmly demonstrate this

additional effect.

In conclusion, we provide observational evidence that the first

aerosol indirect effect operates in low, optically thin, single-layered

Arctic clouds with a concomitant increase in the downwelling longwave

flux. The cloud amount during the Arctic spring generally

exceeds 80% (ref. 9), which implies that the observed longwave

enhancement has climatological significance.

j'ajouterais que si cet effet des aérosols en Arctique est vérifié, cela est vraiment très très mauvais pour cette région.

Car si à l'effet des GES s'additionne un effet aérosols positif aussi important, l'augmentation de flux au sol risque non seulement d'accélérer la disparition de la banquise estivale mais aussi directement et indirectement d'affecter significativement l'inlandsis groënlandais.

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Posté(e)
Remiremont - Porte des Hautes Vosges (400 m)

Bien entendu, Charles, je ne voulais pas créditer les résultats actuels quant à l'area de la banquise de plus d'exactitude qu'ils n'en ont en réalité... Je voulais juste mettre l'accent sur le fait que les techniques en la matière évoluent rapidement et que les résultats obtenus seront de plus en plus fiables default_w00t.gif .

Et puis, quant à l'observation des évolutions de la banquise par des navigateurs, elle fut probablement assez poussée durant la guerre froide où la Mer Arctique était un endroit stratégique pour les deux blocs qui s'affrontaient. De mombreux submersibles sillonnaient sans cesse ces eaux... Mais, là je t'accorde qu'il ne sagissait pas de leur mission première et qu'il y a, dans ce cas, un grand déficit de crédibilité.

Pour finir sur un ton plus léger, c'est comme l'histoire du verre à moitié vide... Toi, à mon avis, tu le vois à moité plein! Ce n'est rien de grave, sauf que tu mettrais alors peut être plus de temps à me resservir default_biggrin.png/emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20">

Ca ne m'empêcherais pas d'aller boire un coup et deviser avec toi default_tongue.png/emoticons/tongue@2x.png 2x" width="20" height="20">

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Il faudrait quand même une sacrée accélération du réchauffement sur les deux décennies à venir, non ? Quand on regarde les cartes Cryosphere de long terme, on voit que la banquise estivale a perdu environ 2,5 millions de km2 sur les quarante dernières années... mais il en reste quand même presque 8 millions de km2 (sur un maximum séculaire de 12, soit 75%). Même la décennie 1995-2005, réputée la plus chaude surtout dans l'Arctique, n'a pas entraîné une accélération notable des pertes estivales (ni annuelles, on discerne même un léger tassement de la perte).

http://img466.imageshack.us/img466/1893/se...tupdated8ci.jpg

Une embellie hivernale (et dans une moindre mesure printanière) entre 1995 et 2005 : pourquoi ?Si la tendance à long terme est à la baisse annuelle, je trouve que cette baisse ralentit. Et il n'y a pas d'effet de seuil visible.
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Le premier seuil (vers 2075) correspond non pas à un changement de rythme (qui date lui de 2050 environ en ce qui concerne l'évolution de la banquise), mais à une tendance à voir les causes anthropiques de variation climatique l'emporter potentiellement sur les causes naturelles de variabilité. Je m'exprime ici avec prudence sur un phénoméne réellement inquiétant, non pas parce que je ne serais pas certain de la réalité de ce phénoméne, mais parce que je suis bien conscient qu'il existe une marge d'incertitude dans les mesures, notament en ce qui concerne les mesures anciennes.

Le second seuil (en 2005) est trop récent pour apparaitre sur ces graphes de moyennes saisonniéres de l'étendue de la banquise, d'autant plus qu'il concerne essentiellement la soudaine accélération (en superficie et en profondeur) du dégel du permafrost, non directement concerné ici. Les autres incidences - sur la banquise, sur l'évolution des températures moyennes, sur la saison cyclonique, etc. - sont moins marquées et il faudra encore un ou deux ans pour déméler la part qui provient de ce seuil de celle qui peut éventuellement impliquer la variabilité naturelle. Cette dernière est de toute manière relativement moins fondamentale (en valeur relative, mais naturellement pas en valeur absolue) depuis le milieu des années 70.

Dernière remarque: l'anomalie négative actuelle de l'area de la banquise arctique par rapport à l'an passé est toujours apparemment de l'ordre de 500 000 Km², si l'on en juge d'après le graphique quotidien de Cryosphere :

http://arctic.atmos.uiuc.edu/cryosphere/IM...current.365.jpg

Cette anomalie négative est en fait, depuis plusieurs mois, systématiquement comprise dans une fourchette de mesures allant de - 300 000 à - 800 000 Km².

Si l'on se souvient que l'area estivale de la banquise est tombée l'an passé à un minimum d'environ 5 millions de Km² à la fin de l'été 2005, une nouvelle réduction de quelque 500 000 Km² serait loin d'être... anecdotique.

Alain

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Cette anomalie négative est en fait, depuis plusieurs mois, systématiquement comprise dans une fourchette de mesures allant de - 300 000 à - 800 000 Km².

oui il semble qu'on se dirige à grands pas vers un nouveau record de perte d'extent estivale en 2006.concernant les données du NSIDC/NOAA difficile d'y voir une quelconque "embellie" pour l'extent d'hiver (maximale en mars)

banq03067gu.jpg

Bien au contraire la pente des 4 dernières années semble sceller le destin de la banquise arctique estivale.

Mais n'anticipons pas et ne "catastrophisons" pas.

Il y avait une pente semblable, quoique moins forte, de 93 à 96 et ensuite on a eu une remontée.

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Bien au contraire la pente des 4 dernières années semble sceller le destin de la banquise arctique estivale.

Mais n'anticipons pas et ne "catastrophisons" pas.

Il me semble que tu viens de dire une chose puis son contraire ! Il y a quelque chose qui m'interpelle dans les courbes d'extent saisonniers en haut de page : l'évolution quasi plate de l'extent de l'automne (courbe en mauve) sur la première moitié du siècle, ainsi qu'une évolution peu accidentée sur cette période en général.

Je me demande si ce n'est pas du à l'incertitude des mesures à cause des faibles moyens de l'époque (pas de satellite, pas de moyen de communication moderne, peu de points de mesure, difficulté d'accès à la banquise en intersaison...). Donc prudence quand aux interprétations hative d'un graphique dont on ne connait pas la qualité les données. Quand je travaillais avec un chercheur expérimenté américain, il m'avait dit une chose qui m'avait marqué : avant de se mettre à interpréter une nouvelle découverte inattendu, il y a 3 choses à vérifier: les mesures, les mesures et les mesures.

Tout ça pour dire que avant les années 40, il y avait eu une période de fort réchauffement (responsable par exemple de la dust bowl en Amérique du Nord) . Il aurait été intéressant d'en voir la répercussion sur la banquise.

Toujours pareil, difficile de parler d'une évolution sur une période donnée si on n'a pas toutes les données d'une qualité homogène. Un peu comme l'histoire de la crosse de hockey.

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(...) avant les années 40, il y avait eu une période de fort réchauffement (responsable par exemple de la dust bowl en Amérique du Nord) . Il aurait été intéressant d'en voir la répercussion sur la banquise.

Je ne nie pas les fluctuations de températures d'avant la dernière guerre, mais je pense que la cause essentielle du dust bowl a été le développement de l'agriculture céréaliére intensive aux USA : déforestation systématique, absence de haies vives, sols se retrouvant privés de couverture végétale entre deux récoltes. Il a alors suffi d'une sécheresse un peu prolongée pour transformer la terre meuble en poussière. En quelques années, plusieurs mètres d'épaisseur de terre ont été ainsi emportés par les vents, laissant un sol définitivement appauvri et désolé sur des superficies considérables.

Je me souviens avoir lu quelque part qu'avant que la catastrophe n'atteigne son paroxysme, des agronomes et des naturalistes avaient tenté de mettre en garde autorités US et céréaliers. Mais ils n'avaient réussi qu'à s'attirer insultes et moqueries. Et parfois même des menaces de la part du lobby céréalier. Et quand on a fini par être forcé de constater qu'ils avaient raison, il était déjà bien trop tard. Le mal était fait et il était iréversible.

Ce sont donc bien plus la rapacité et l'inconscience des hommes que les variations météo qui ont alors provoqué ce désastre écologique.

Bush et les négateurs du risque climatique - aussi rapaces ou inconscients que leurs prédecesseurs - feraient bien de se souvenir de cet épisode que tu as très bien fait de nous rappeler ...

Alain

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Il me semble que tu viens de dire une chose puis son contraire !

non point, non point.Voir la définition de "il semble que" cad "les apparences donnent à penser que".

Pour le reste on a déjà dit, me semble t'il, la prudence avec laquelle il fallait apréhender les mesures avant satellites.

C'est pourquoi, pour ma part (mais chacun fait ce qu'il veut) je ne montre que les données satellitaires de la NOAA dont on peut penser qu'elles sont homogènes et dont, par conséquent, on peut tirer une tendance valable.

De plus, plutôt que l'area, je préfère examiner l'extent qui est plus fiable d'après le NSIDC:

Trends in total ice extent, because they are based on the relatively reliable measurement of the ice edge location from passive microwave data, probably relay more useful information than do the images of trends and anomalies in concentration. Parkinson and Cavalieri (2002) explore regional and seasonal variability in trends in ice extent with plots of extent trends derived from a 21-year passive microwave data set. When the Northern Hemisphere is taken as a whole, ice extent is decreasing at a rate of -2.7 ± 0.5% per decade. The rate of decline in summer (-4.9 ± 1.5%) is considerably greater than that for winter (-1.8 ± 0.6%).

Cette tendance, depuis 1979, est très largement à la baisse, et ce quels que soient le mois et la saison considérés.

Elle est parallèle au réchauffement global et à celui de l'Arctique en particulier.

C'est , selon moi et à l'évidence, un autre témoin de ce même réchauffement.

Il est bien sûr à surveiller particulièrement en raison de son caractère auto-amplificateur puissant et de son rôle dans l'évolution de la température de cette zone.

Personnellement, mais je comprends que les sceptiques sautent là-dessus à pieds joints, ce qui s'est passé dans la première moitié du siècle ne m'importe que dans la mesure où l'on peut avoir des mesures fiables.

Or, ce n'est pas le cas.

Nous sommes témoins d'une évolution dont les modèles sérieux laissent à penser qu'elle va continuer et c'est cela qui m'intéresse.

Alors que rien de tel ne pouvait être envisagé entre 1910 et 1940.

Ce qui est non moins intéressant est de savoir si, concernant la banquise, nous allons assister à une accélération brutale de la fonte estivale (thèse 'Alain Coustou) ou à une diminution plus progressive.

Nous avons la "chance" de vivre l'évènement en direct et nous devrions être fixé partiellement en septembre.

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http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim/rec...ghtml/9p38.html

MSA (acide méthanesulfonique) et excès de sulfate dans la neige déposée au Pôle Sud entre 1922 et 1984. La brusque augmentation en sulfate à 4,3 m correspond à l’éruption du Mont Agung (1963), l’augmentation plus modérée près de la surface à l’éruption du El Chichon (1982). Les pics de MSA N° 1, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 correspondent aux El Niño 1882,1976,1972, 1965, 1963, 1957, 1943, 1940, 1932 et 1926. (Legrand et Feniet-Saigne, 1991).

LABORATOIRE DE GLACIOLOGIE ET GÉOPHYSIQUE DE L'ENVIRONNEMENT

© CNRS - UPR A5151 associé à l’Univ. J. Fourier de Grenoble, BP 96 - 38402 St Martin d’Hères

9p38.gif

la recherche française nous apporte tout de même des données intéressantes sur le sujet

Les années ENSO dans les neiges de l’Antarctique

L’étude détaillée des espèces solubles présentes dans la neige déposée au Pôle Sud entre 1992 et 1984 montrent que la chimie de certaines couches a brusquement changé d’une année sur l’autre. En plus de la brusque augmentation des concentrations en sulfate visible dans certaines couches de neige qui est attribuable aux injections de dioxyde de soufre d’origine volcanique ayant eu lieu dans le passé, la figure ci-contre montre que les concentrations en acide méthanesulfonique (MSA) de la neige au Pôle Sud a beaucoup varié au cours des 60 dernières années. La présence de MSA dans l’atmosphère est exclusivement due à l’oxydation du sulfure de diméthyle émis par le phytoplancton marin.

La figure montre des concentrations élevées en MSA dans les couches de neige correspondant à des années El Niño : notons par exemple la concentration très élevée (60 ng/g) de MSA dans la couche 1982/1983. La relation de cause à effet entre le phénomène ENSO et la perturbation aux hautes latitudes Sud d’un composé atmosphérique d’origine biogénique marine n’est pas encore élucidée.

Causes de modification du MSA

En effet les causes susceptibles de modifier les retombées du MSA dans la neige déposée au Pôle Sud sont nombreuses et peuvent se résumer ainsi :

(1) intensification des productions de DMS par le phytoplancton,

(2) augmentation du transfert de DMS de la couche euphotique marine vers l’atmosphère,

(3) modification de la circulation atmosphérique entre l’océan Antarctique et le centre du continent Antarctique,

(4) modification de l’oxydation du DMS en MSA par les conditions météorologiques.

Le précurseur de DMS dans l’océan est le diméthylsulfonium propionate (DMSP), un osmoréguleur produit en grande quantité par certaines espèces phytoplanctoniques comme Phaecystis Poucheti très abondante dans les eaux Antarctiques. Une production accrue de DMPS (et donc de DMS) dans l’océan Antarctique pourrait avoir pour origine la modification des étendues de glace de mer qui semble prendre place durant les années ENSO (cause 1). Un renforcement de la cyclogénèse circum-Antarctique pourrait, par augmentation des vents à la surface de l’océan, favoriser un meilleur transfert vers l’atmosphère du DMS produit dans les couches superficielles de l’océan Antarctique (cause 2). Bien que cette hypothèse soit encore mal établie, il semble que les champs de pression et de températures soient modifiés durant les années ENSO aux hautes latitudes. De tels changements météorologiques sont susceptibles de modifier la circulation méridienne (cause 3) ou encore les voies d’oxydation du DMS (cause 4).

Ces recherches sont soutenues par l’IFRTP et le PNCA.

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Cette tendance, depuis 1979, est très largement à la baisse, et ce quels que soient le mois et la saison considérés.

Elle est parallèle au réchauffement global et à celui de l'Arctique en particulier.

C'est , selon moi et à l'évidence, un autre témoin de ce même réchauffement.

Retour sur les mêmes données de base, mais synthétisées d'un oeil sceptique.

La tendance récente de la surface de banquise est nettement en baisse car nous sommes nettement dans une phase de réchauffement depuis 1979, notamment autour de l'Arctique. Je pense que les données banquise avant les satellites sont trop lacunaires pour être interprétées avec certitude. Les données températures, qui sont un peu plus fournies et précises (quoique sur peu de stations), indiquent que les phases de forte amplitude des hautes latitudes HN ne sont pas exceptionnelles : il y a eu au moins deux au XXe siècle, comparables en tendance à quelques dixièmes de °C ; et plusieurs autres au Holocène.

Si les modèles GES sont exacts, et en dehors d'un événement exceptionnel (volcanisme, météorite, minimum solaire prononcé, etc.), le réchauffement de l'Arctique et la disparition de la banquise devraient continuer et s'accentuer dans les prochaines décennies. Si le modèle d'Alain est plus particulièrement exact (ou certaines hypothèses "tipping points"), ces phénomènes pourraient même s'accélérer de manière brutale d'ici 2050.

Si on constate dans la même période un ralentissement du réchauffement, voire un refroidissement des hautes latitudes HN, et cela sur une période assez longue, cela signifierait en revanche que les modèles actuels surestiment le forçage GES et sous-estiment la variabilité naturelle du climat (ou d'autres éléments comme les aérosols industriels).

Si nous sommes d'accord sur cette base, il ne reste plus qu'à observer en détail le comportement arctique. Et militer pour telle ou telle cause si l'on veut, bien sûr.

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La tendance récente de la surface de banquise est nettement en baisse car nous sommes nettement dans une phase de réchauffement depuis 1979, notamment autour de l'Arctique. Je pense que les données banquise avant les satellites sont trop lacunaires pour être interprétées avec certitude. Les données températures, qui sont un peu plus fournies et précises (quoique sur peu de stations), indiquent que les phases de forte amplitude des hautes latitudes HN ne sont pas exceptionnelles : il y a eu au moins deux au XXe siècle, comparables en tendance à quelques dixièmes de °C ; et plusieurs autres au Holocène.

Si nous sommes d'accord sur cette base, il ne reste plus qu'à observer en détail le comportement arctique. Et militer pour telle ou telle cause si l'on veut, bien sûr.

oui c'est bien ce que je dis.

La baisse de la banquise est corrélée au réchauffement constaté dans cette région et globalement.

Je répète des évidences mais c'est quelquefois utile d'établir un genre de "socle commun".

Je ne crois pas que cette tendance soit exceptionnelle au cours de l'Holocène bien entendu.

Quant au XXième siècle c'est moins évident mais on peut tout de même accorder une relative confiance aux données sur les températures.

Et donc pour ma part je considère les deux périodes, je me répète, comparables en conséquences pour l'Arctique.

L'avenir nous dira en effet si les modèles climatiques actuels auront été capables d'assurer des prévisions proches de la réalité.

Mais nul doute également qu'aussi bien les connaissances que les modèles et machines vont monter encore en puissance et que des surprises ne sont pas forcément à exclure.

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minimum solaire prononcé, etc.), le réchauffement de l'Arctique et la disparition de la banquise devraient continuer et s'accentuer dans les prochaines décennies. Si le modèle d'Alain est plus particulièrement exact (ou certaines hypothèses "tipping points"), ces phénomènes pourraient même s'accélérer de manière brutale d'ici 2050.

[...]Si nous sommes d'accord sur cette base, il ne reste plus qu'à observer en détail le comportement arctique. Et militer pour telle ou telle cause si l'on veut, bien sûr.

Pourtant pas scientifique je ne suis sûre de rien. Seulement pour observer en détail comme tu le proposes il faut partir sur des bases communément admises : les températures chutes quand l'activité des taches solaires est prononcée, elles sont élevées quand l'activié des taches solaires est basse.
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Pourtant pas scientifique je ne suis sûre de rien. Seulement pour observer en détail comme tu le proposes il faut partir sur des bases communément admises : les températures chutes quand l'activité des taches solaires est prononcée, elles sont élevées quand l'activié des taches solaires est basse.

C'est tout l'inverse !

Si non lors du minimum de maunder il aurait fait plus chaud que maintenant comme a cette periode il y avait pas une tache lors du minimum de 11ans et tres peu de taches solaire ( soit comme nous au minimum de 11ans) lors du maximum de 11ans.

Plus le soleil est actif et donc plus son champs magnetique l'est aussi et il y a plus de taches solaires plus d'eruptions et le soleil est plus lumineux et on recoit d'energie aussi comme la constante solaire est plus importante :

constantesolaire-1610-1980.gif

Williams

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  • 3 weeks later...

Un peu en marge de ce topic, voici le texte d'une interview à la quelle je me suis récemment prété.

L'auteur des questions n'est autre que Fred Decker, le météorologue que vous connaissez tous. L'interview est destinée à La Météo (LaMeteo.org). Il est également publié dans mon site de climatologie.

Je pense que mes propos vont en énerver quelques uns, mais je suis surtout certain que c'était pour moi l'occasion de présenter un résumé - très succinct - de mes thèses sur la question controversée du réchauffement climatique...

Une interview par Fred Decker pour La Météo (LaMeteo.org)

Questions à Alain Coustou

Né en 1940, Alain Coustou a partagé sa carrière universitaire entre l’Afrique – il a été un des fondateurs du Centre Universitaire de Douala – et les universités de Bordeaux 1 puis de Bordeaux 4, où il est actuellement maître de conférences et membre du Conseil Scientifique.

Il s’est notamment spécialisé dans les relations entre activités humaines et environnement, ce qui l’a amené à se pencher sur l’évolution et les conséquences de la dérive climatique. Sa compétence dans l’utilisation de modèles complexes permettant de traiter des situations à nombreuses variables lui permet aujourd’hui d’apporter un éclairage nouveau sur la question de l’emballement de l’effet de serre.

Il est par ailleurs co-inventeur avec Paul Alary d’un tout nouveau procédé, totalement non polluant, de production d’énergie électrique : les tours aérogénératrices.

LMO (Fred Decker, La Meteo.org): On peut lire sur différents forums météo votre avis sur le réchauffement climatique. Pouvez-vous le résumer ici ?

Alain Coustou : Les avis circonstanciés et scientifiquement fondés que j’ai émis sur le réchauffement climatique ne proviennent en aucun cas d’un à priori sur la question, mais de la prise en compte de facteurs jusque là négligés – voire ignorés – par la majorité des climatologues et autres scientifiques, particulièrement ceux qui coopèrent au sein du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat). Les principaux de ces facteurs sont les effets de rétroaction (positive ou négative) avec le milieu naturel, le phénomène que je qualifie d’effet de seuil, le risque lié à la disparition estivale programmée de la banquise arctique, au dégel du permafrost, aux gisements océaniques d’hydrates de méthane, etc.

De la prise en compte de ces éléments et d’autres encore, je déduis qu’il existe un risque considérable de voir le réchauffement s’accélérer au cours des prochaines années. Concernant l’hémisphère nord, un réchauffement moyen de 12°C me paraît malheureusement constituer une prévision minimaliste à l’horizon 2050. Pour fixer les idées, un tel réchauffement équivaudrait à voir un climat de type saharien s’installer au moins dans la moitié sud de la France. Et il ne s’agit selon moi que d’un minimum, en l’absence de mesures urgentes et drastiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Sans ces mesures, un véritable point de non-retour pourrait être franchi avant une dizaine d’années

Enfin, de plus en plus de climatologues et d’équipes de chercheurs, comme l’Américain David Archer et le fameux centre Hadley en Grande-Bretagne, prennent maintenant au sérieux les éléments sur lesquels je fonde mon analyse et se rapprochent de mes conclusions, même si leur timing diffère encore du mien

LMO : On a pu vous lire affirmant que d’importantes quantités de méthane risquaient d’être libérées dans l’atmosphère en raison de la fonte du permafrost et que d’autres bulles de méthanes situées au fond des océans pourraient un jour bouleverser encore davantage notre climat. Vous avez été décrié mais des experts se sont finalement rangés à vos côtés. Comment avez-vous découvert ce risque ? Comment le méthane agit-il sur l’atmosphère lorsqu’il est libéré en grande quantité ?

Alain Coustou : Je dois revenir sur l’origine de mon intérêt pour la climatologie. J’assure depuis des années un cours de politique économique dans les universités de Bordeaux 4 et d’Agen. Dans le cadre de cet enseignement (ainsi que dans le cadre d’un cours de démographie que j’enseigne également), j’ai été amené à développer un chapitre sur les relations entre activités humaines et environnement. Formé aux méthodes de modélisation mathématique à multiples variables, j’ai alors été frappé du caractère rudimentaire des modèles de bilan thermique utilisés en climatologie. J’ai donc repris les calculs en intégrant d’abord les conséquences de la croissance de la population et du développement de nouveaux pays industriels, ensuite en tenant compte des interrelations avec le milieu naturel. C’est en effectuant une recherche sur ces éventuelles rétroactions que j’ai découvert les travaux de divers océanologues, géologues et glaciologues concernant le méthane pouvant provenir de la fermentation des particules carbonées du permafrost et de la déstabilisation des gisements de clathrates (hydrates de méthane) des marges des talus continentaux. Or le méthane, gaz à relativement courte durée de vie (12 ans en moyenne avant oxydation donnant du gaz carbonique et de l’eau) n’en exerce pas moins un effet de forçage climatique considérable : à masse initiale égale, il est crédité d’un PRG (Potentiel direct de Réchauffement Global) 23 fois plus élevé que celui du gaz carbonique. D’après le troisième rapport du GIEC, il serait ainsi déjà responsable de 18% du forçage de l’effet de serre (réchauffement) déjà constaté.

Actuellement, sa concentration atmosphérique est très faible (1,8 ppmv), mais elle pourrait sensiblement augmenter dès cette année en raison de la reprise de la fermentation bactérienne dans les sols dégelés de Sibérie, d’Alaska et du Nord Canada.

Détails et références peuvent être lus dans mon ouvrage « Terre, fin de partie ? », paru en 2005 et disponible à la librairie en ligne Eons.

LMO : Le réchauffement climatique fait de plus en plus parler de lui et de nombreuses théories parfois contradictoires voient le jour. Lesquelles sont à retenir, d’autres sont-elles à oublier ?

Alain Coustou : Je considère que seules les théories synthétiques – et je considère que la mienne est la première et, pour l’instant encore, peut-être la plus complète – ont une chance de rendre compte de la réalité de l’évolution climatique avec une réelle capacité prédictive. Je l’ai d’ailleurs testée en prévoyant l’an passé un effet de seuil se traduisant entre autres par un recul de la banquise estivale de plusieurs centaines de milliers de Km² par rapport à l’année précédente et une considérable accélération du dégel du permafrost. Ces éléments se sont trouvés globalement confirmés, tendant à valider ainsi ma modélisation.

Les analyses des experts du GIEC sont intéressantes mais très lacunaires. Quant à celles des quelques négateurs des causes anthropiques initiales du réchauffement, elles me paraissent contraires à tout raisonnement scientifique sérieux.

Reste qu’il subsiste une importante marge d’incertitude et qu’il est légitimement permis de s’interroger sur l’incidence relative réelle des diverses variables en jeu et sur la gravité des conséquences à moyen et long terme.

LMO : Que pensez-vous notamment de la théorie concernant la dérive nord-Atlantique qui, selon certains experts, serait en train de ralentir et promettrait des hivers canadiens en France et en Europe ?

Alain Coustou : Je considère les arguments en faveur du ralentissement de la DNA – faits d’observation et raisonnements – comme globalement plutôt convaincants. Il est cependant absolument nécessaire de considérer ce ralentissement sans l’abstraire de son contexte. De plus les mécanismes mis en jeu sont fort complexes. Quelques exemples :

1) Il pourrait y avoir moins réduction globale de la DNA qu’un affaiblissement de sa branche nord au profit de sa branche est.

2) Le Gulf Stream qui constitue l’élément de la DNA qui nous concerne plus particulièrement est loin d’être un long fleuve tranquille et rectiligne. Courbes, diverticules, branches sont multiples et variables d’une année sur l’autre, ce qui ne simplifie guère les comparaisons.

3) L’apparente réduction de la plongée profonde des eaux du GS au large de la Norvège peut entraîner paradoxalement une accélération du recul de la banquise en mer de Barents au lieu de se traduire par un refroidissement du climat de notre continent.

Vous pouvez donc constater qu’il existe actuellement pas mal d’incertitudes au sujet de la DNA et du GS et que les données disponibles ne sont pas encore toujours suffisantes. Seule véritable certitude : le scénario d’un brusque refroidissement (tel que celui qui a été commandité par le Pentagone) est une absolue fumisterie. Il faudrait en effet, pour que survienne un tel événement, qu’une gigantesque masse d’eau douce et froide se déverse brutalement dans l’Océan Arctique ou dans l’extrême nord de l’Atlantique. Un tel événement s’est bien produit voici quelque 8200 ans et a été fort bien étudié par Edouard Bard, professeur au Collège de France. Mais le gigantesque lac canadien qui en était à l’origine a depuis longtemps disparu et rien de tel ne pourrait plus se produire.

LMO : Doit-on réellement s’inquiéter du réchauffement ? Que peut-on faire à notre échelle pour permettre aux générations futures de « respirer » ?

Alain Coustou : Il me parait absolument justifié de s’inquiéter du réchauffement, même si ce dernier reste pour l’instant globalement modéré. Si rien de sérieux n’est fait, l’évolution risque fort de devenir exponentielle au cours des prochaines décennies, jusqu’à ce qu’apparaisse une tendance à un nouveau point d’équilibre plus ou moins provisoire, bien au dessus de celui qui découle de l’actuel bilan radiatif de notre Terre. Mathématiquement, la courbe de progression tendancielle suivie pourrait être de la forme logistique (courbe en « S ») : une première phase de croissance d’abord lente, puis augmentant de manière exponentielle, suivie d’un point d’inflexion au delà duquel la progression se ralentirait et finirait par cesser. A cette tendance se superposeraient naturellement des fluctuations dues essentiellement à la variabilité météorologique, à des influences astronomiques (variabilité de la « constante » solaire, etc.) et à des phénomènes océaniques du type « El Niño » ou « La Niña ». Sans compter les conséquences éventuelles d’une imprévisible éruption volcanique catastrophique…

Nous ne sommes pourtant pas démunis de moyens pour empêcher un désastre climatique ou du moins pour en réduire considérablement l’ampleur. Ainsi les économies d’énergie, le développement d’une production électrique sans émissions de gaz à effet de serre (le projet de tour aérogénératrice ou la géothermie par exemple), la promotion de moyens de transports ne faisant plus appel aux carburants d’origine fossile, etc. peuvent contribuer à nous assurer une croissance véritablement durable, sans renonciation à notre actuelle qualité de vie et en garantissant l’avenir de la Terre pour nos enfants.

Mais le temps presse pour lancer cette révolution technologique respectueuse de l’environnement. Si nous attendons encore quelques années, il pourrait être trop tard : nous aurions franchi un point de non-retour au-delà duquel on ne pourrait plus que limiter les dégâts.

LMO : Comment imaginez-vous le climat de la France dans 20 ans ? Dans 50 ans ? Dans 100 ans ?

Alain Coustou : Pour ma part, je me limite à l’horizon d’une cinquantaine d’années tout au plus. Le nombre de variables et leur caractère incertain à long terme rend – à mon sens – toute prévision illusoire à l’échelle du siècle.

J’ai bien plus travaillé sur l’équilibre radiatif de la Terre que sur la situation de la France en particulier.

Je pense néanmoins qu’on peut envisager tout au long des prochaines décennies une tendance à l’assèchement progressif du climat de notre pays au dessous du 45ème parallèle. Parallèlement, les températures moyennes monteraient de plus en plus vite. Les épisodes de canicule estivale deviendraient de plus en plus fréquents. Puis les épisodes météorologiques violents pourraient devenir plus nombreux et destructeurs : Pourquoi pas des tempêtes de type tropical, voire des cyclones prenant naissance dans le bassin méditerranéen ou touchant l’Europe après avoir pris naissance dans les Caraïbes ?

Avec un réchauffement moyen de 12°C environ (prévision minimale découlant de mon analyse) ou de 11,6°C (hypothèse maximale actuellement envisagée par l’équipe britannique du Pr. Stainforth), un climat de type saharien s’installerait d’ici une cinquantaine d’années au moins sur la moitié sud de la France. Avec + 15°C, ce climat s’étendrait sans doute à l’ensemble de notre pays, du moins pendant une grande partie de l’année.

Au-delà, hé bien, la vie deviendrait vraiment très difficile sur Terre…

Par ailleurs, l’écosystème serait fort appauvri, de nouvelles pathologies – maladies d’origine tropicales essentiellement – frapperaient hommes, animaux et végétation et une crise alimentaire sans précédent frapperait l’humanité.

Enfin, la montée prévisible – peut-être plus d’un mètre à l’horizon 2050 – du niveau des océans redessinerait nos cotes et entraînerait des mouvements de population non négligeables, venant ainsi encore compliquer la situation que nous aurions ainsi laisser se dégrader jusqu’au point de rupture.

Comme nous l’avons écrit plus haut, des solutions techniques existent heureusement et pourraient – et devraient – être rapidement mises en œuvre ou généralisées, si la prise de conscience des populations est suffisante, si les priorités sont bien identifiées et si les nécessaires décisions se concrétisent.

Ne rien faire et attendre passivement constituerait sans nul doute le pire des crimes face à la gravité de la menace qui pèse sur nous-même, sur nos enfants et sur la planète.

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A noter un joli bug sur les cartes de la cryosphere (enfin je crois default_mad.gif )

Effectivement, il ne peut s'agir que d'un bug. La carte quotienne publiée par la NOAA ne fait apparaitre aucune disparition soudaine de la banquise sur une grande surface.http://polar.ncep.noaa.gov/seaice/hires/nh.xml

Il est regrettable que Cryosphere laisse passer des cartes élaborées par un simple programme informatique de traîtement de données satellittes, sans les faire contrôler par un technicien ou mieux un glaciologue. Il est vrai que c'est le week-end et qu'il ne doit y avoir personne avant lundi dans les labos de Cryosphere...

Par ailleurs, un de mes correspondants canadiens vient de me signaler que l'administration Bush supprime à la NASA les crédits destinés au suivi satellite de l'évolution du climat. Un crime de plus à ajouter au débit du pantin de la Maison Blanche et des lobbies qui le soutiennent. Pauvres USA...

Heureusement que l'Europe vient de lancer le satellite METOP qui doit justement permettre de suivre les changements climatiques, et en particulier l'évolution de la concentration atmosphèrique en CH4.

Je ne suis apparemment plus le seul à redouter une augmentation significative de cette concentration avec le dégel accéléré du permafrost et la reprise de la fermentation bactérienne qui en découle. Sans compter le risque lié aux gisements sous-marins d'hydrates de méthane.

A ce propos, le dernier numéro du Journal du CNRS (n° 198, juillet-août 2006) consacre - enfin ! - de longs développements aux risques d'emballement climatique liés au CH4, avec des précisions chiffrées qui font froid dans le dos et qui corroborent totalement les thèses que je développe à ce sujet depuis près de trois ans.

Ainsi, les hydrates de méthane des contreforts des plateaux continentaux représenteraient au minimum 100 fois (et peut-être plus de 500 fois) la masse du méthane atmosphérique. Et le Journal du CNRS de rappeller que le CH4 atmosphérique serait déjà responsable de 20 % du forcage de l'effet de serre actuellement estimé.

Enfin, le même article signale que tous les plus récents modèles climatiques "convergent pour prédire que la banquise pourrait disparaître en été dans quelques décennies" (sans plus de précisions). Je me sens tout de même moins seul qu'à l'époque où je me faisais "incendier", voire même insulter, de toutes parts quand je faisais état de cette probabilité, alors que, voici à peine 3 ans, aucun autre modèle que le mien ne prévoyait une telle éventualité avant le siècle prochain.

Je me sens moins seul, mais j'aurais préféré mille fois qu'on me démontre que j'avais tort.

Alain

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Plan d'Orgon (13) / Le Lavandou (83)

Où en sommes-nous en ce qui concerne la fonte de la banquise ? (par rapport à la même époque l'an dernier)

EnO

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