TreizeVents Posté(e) 14 août 2014 Dax (40) Partager Posté(e) 14 août 2014 Suite à une discussion que j'ai eu avec un membre en MP, je partage une petite démonstration qui pourra intéresser certains d'entre vous. J'ai préféré la réaliser dans un topic dédié, plutôt que de faire un HS dans des topics saisonniers. Le point de départ, c'était l'interrogation de ce membre par rapport à mon affirmation dans le topic de l'automne, sur la liaison entre les fins d'été fraîches en Arctique avec un démarrage précoce de l'enneigement, et une certaine domination de la douceur par chez nous les hivers qui suivent. Pour ce qui suit, j'ai fait ça assez rapidement, c'est donc un peu "à la bonne franquette". La première chose à faire, c'est de définir ce que nous allons entendre ici par "fin d'été fraîche en Arctique". Le problème principal, c'est que le réchauffement atteint une telle ampleur dans les hautes latitudes, que cela n'a plus vraiment de sens de parler de "frais" ou de "chaud" : pour donner un exemple parlant dans les régions périphériques de l'Arctique la fin d'été la plus "fraîche" de la décennie 2000 est plus chaude que l'année la plus chaude de la décennie 1990. Dans un cadre pareil, se borner à regarder uniquement les anomalies de température revient à dire que toutes les dernières années ont été chaudes et que toutes les années plus anciennes ont été fraîches. Je ne vais pas prétendre qu'il s'agit d'une solution miracle, mais la méthode que je préfère utiliser est celle de la confrontation des anomalies entre latitudes. L'idée, c'est que : - Si le bassin arctique a connu une anomalie de température aussi élevée ou plus élevée que les régions périphériques, c'est que le froid n'a pas su se maintenir sur le pôle avec une circulation accrue des masses d'air chaudes. On peut alors parler de fin d'été chaude en Arctique, puisque les conditions synoptiques ont favorisé les advections douces sur les régions polaires. - Inversement si le bassin arctique a connu une anomalie de température faible voire négative alors que les régions périphériques ont bien chauffé, c'est que les conditions synoptiques ont favorisé le maintien des masses froides sur le bassin arctique et que par conséquence les advections douces ont été contenues plus au sud. On peut donc parler de conditions synoptiques favorables à de la fraîcheur. Voyons avec un premier graphique et ce sera plus clair pour vous : [align=center][/align] Ici, vous pouvez comparer les anomalies relevées en août ces dernières années dans le bassin central de l'Arctique, et dans ses régions périphériques. On peut voir que certaines années, comme 2013 ou 2006, la fraîcheur a réussi à se maintenir sur le bassin central, alors que les masses d'air chaudes étaient retenues en périphérie. D'autres années, comme en 2002 ou en 2011, le bassin central affiche des anomalies supérieures, indiquant que l'air chaud a nettement circulé sur le pôle. Nous allons désormais soustraire aux anomalies du bassin central celles des régions périphériques, dans un indice que nous allons baptiser pour l'occasion l'indice "CF". Du coup : - Si l'indice est bien négatif, c'est que le froid s'est bien maintenu sur le pôle (fin d'été fraîche) et que la douceur a été contenue dans les régions périphériques, - Si l'indice est bien positif, c'est que l'air chaud a bien circulé sur les régions polaires (fin d'été chaude) et que les résidus d'air frais ont été expulsés plus au sud. Maintenant, comparons avec un graphique cet indice "CF" des aux anomalies de température relevées en France l'hiver qui a suivi depuis les années 1980 : [align=center][/align] L'axe horizontal donne la valeur de l'indice CF, l'axe vertical celui des températures relevées en France l'hiver suivant. On peut constater, même s'il y a quelques exceptions, que : - Un indice CF bien négatif correspond à des hivers plutôt doux en France (rond rouge), - Un indice CF bien positif correspond à des hivers plutôt frais en France (rond bleu). Un autre indice qui peut être intéressant à prendre en compte est celui du démarrage de l'enneigement : fin d'été fraîche en Arctique avec froid concentré, cela rime généralement en effet avec un enneigement qui démarre de manière rapide début septembre. Du coup, comparons depuis les années 1980 les valeurs d'enneigement en Eurasie mi-septembre avec nos températures hivernales : [align=center][/align] Même si ce n'est pas une règle absolue, la encore on peut se rendre compte que les enneigements précoce de septembre en Arctique sont majoritairement suivis d'hivers doux en France (rond rouge). L'inverse est un peu moins vrai. Ce constat étant fait, un petit rappel quand même : montrer qu'il existe une certaine relation statistique entre deux indices différents, ne prouve pas l'existence d'un lien de cause à effet. Il y a suffisamment de chaos dans la climatologie pour que même le hasard puisse être la cause de tels résultats. Le but de cette démonstration n'est donc pas de dire que "les fins d'été fraîches en Arctique donnent des hivers doux chez nous". Son but est de dire que ces dernières années, les fins d'étés fraîches en Arctique se sont corrélées, sans que l'on sache s'il existe un lien de causalité, avec des hivers plutôt doux par chez nous. A la limite la seule chose que cela démontre, c'est que ceux qui presque tous les ans viennent nous dire à quel point le froid se reconstitue vite la haut, l'enneigement démarre tôt, ou la banquise fond peu en sous entendant très fortement que c'est un signe que l'on va se peler l'hiver prochain feraient mieux de tourner leurs doigts dans leurs mains avant de taper sur leur clavier Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
mottoth Posté(e) 14 août 2014 Décines (69), Aeroport St Exupery (69) Partager Posté(e) 14 août 2014 A la limite la seule chose que cela démontre, c'est que ceux qui presque tous les ans viennent nous dire à quel point le froid se reconstitue vite la haut, l'enneigement démarre tôt, ou la banquise fond peu en sous entendant très fortement que c'est un signe que l'on va se peler l'hiver prochain feraient mieux de tourner leurs doigts dans leurs mains avant de taper sur leur clavier Je suis d'accord: à défaut d'imposer une règle vraiment tangible, ton travail permet au moins de casser le nez à cette espèce d'idée reçue, de fantasme, comme quoi plus les "réserves de froid" se reconstituent vite là haut plus l'hiver a de chances d'être rude chez nous. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Canada Goose Posté(e) 14 août 2014 Partager Posté(e) 14 août 2014 Je suis d'accord: à défaut d'imposer une règle vraiment tangible, ton travail permet au moins de casser le nez à cette espèce d'idée reçue, de fantasme, comme quoi plus les "réserves de froid" se reconstituent vite là haut plus l'hiver a de chances d'être rude chez nous. Idem pour le Québec. Il peut y avoir autant de froid que l'on veut plus au nord (plutôt au nord-ouest pour chez nous), si les flux sont « mal » orientés, il ne fera pas plus froid que ça... TreizeVents, aurais-tu le temps de faire une étude semblable pour le sud du Québec ? Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Quercus Posté(e) 15 août 2014 Partager Posté(e) 15 août 2014 Merci treize, c est clair et logique, le genre de démonstrations que j'affectionne et qui apporte du plaisir, même pour celui qui ne se serait jamais posé la question. ... Par contre quid des sources ? Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tony22 Posté(e) 15 août 2014 Lannion (22) Partager Posté(e) 15 août 2014 Salut Treize, je débarque sur le sujet et je ne me suis jamais trop intéressé à la question. Ton étude est intéressante mais je pense qu'elle est bancale statistiquement. Je tiens d'abord à signaler que je suis loin d'être un champion en stats (il doit y en avoir sur ce forum) et que mon but n'est pas de démolir ton travail mais d'aider à y voir plus clair. Il y a probablement des choses à trouver sur ce terrain mais il faut utliser une méthode solide. Je ne suis pas très convaincu par les liens que tu as fait apparaître sur tes graphiques avec les ellipses. Elles auraient pu apparaître ailleurs que l'effet aurait été le même pour moi. J'ai l'impression que tu t'es laissé influencer par le résultat que tu voulais trouver. Je ne sais pas si tu as quelques notions en statistiques, mais peut-être qu'un test du chi-deux en faisant des regroupements par classes apporterait une réponse plus solide. La régression linéaire du 3e graph ne me paraît pas très pertinente non plus. Il faudrait calculer un coefficient de corrélation pour estimer la force de la liaison linéaire. Je pense qu'il serait intéressant de préciser exactement les données que tu utilises aussi. Quelle est l'étendue précise du bassin centrale ? Celle des régions périphériques ? Quelles températures ont été utilisées ? Si tu donnes les données sous forme numérique, il est peut-être possible de regarder l'aspect statistique de plus près. Tony. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Fantomon Posté(e) 15 août 2014 Partager Posté(e) 15 août 2014 Oui, rappel qu'en 2010 le vortex était éclaté par exemple. Si le froid est trop concentré, il est trop loin de nous et comme en plus avec le réchauffement il est encore plus loin (Zone froide diminuée), alors on aura de la douceur, du zonal l'hiver à moins que le froid arrive mais la probabilité est ultra faible. Quand le pôle se réchauffe, des bouts de vortex moins froids radoucis se baladent mais peuvent nous atteindre et donner une VDF (Mais modérée relativement). Avant, notamment au PAG, et même encore en 1962/1963, le froid était 1000 Km environ de plus au SO. Le coup de froid brutal en Décembre 2009 rappelant 1962 a touché que l'extrême NE là où il avait atteint l'Espagne en 1962 car le froid a plus de Km à faire. Janvier 2010 a été en Finlande ce qu'il était en Pologne en 1963 et a été en Allemagne ce qu'il a été en France en 1963. Il y a un décalage NE du froid faisant qu'on a lors des VDF l'équivalent de ce qu'on aurait eu plus au sud. On peut comparer Février 2012 à 1956 ou Janvier 1709 dans ce sens et on voit encore le décalage. Le même, globalement, le froid s'étendant moins. Des fortes anomalies froides, on a toujours dans les régions nordiques mais plus jamais à partir d'une certaine latitude. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
sebb Posté(e) 15 août 2014 Partager Posté(e) 15 août 2014 Quelle sont les surfaces périphériques et centrales? Si elles diffèrent, il y en a probablement une qui a une évolution plus lissée que l'autre. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Barry Posté(e) 15 août 2014 New York - parfois Paris & Besançon Partager Posté(e) 15 août 2014 Je suis plutôt d'accord avec Tony, mais peut-être est-ce la faute au faible nombre d'années étudiées non ? Treize vent je trouve ton travail très intéressant, comptes tu l'élargir aux années antérieures pour lui donner plus de corps ? Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
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