Comparaison des hivers rigoureux a l'échelle Européenne

[Hugo_HK]

Suite a une discussion sur le topic des previsions saisonnières ou on a discute un peu de la disparition des VDF en Europe de l’Ouest ( @_sb @LuckyFrenchy117 @thib91 @Barth61), j’ai realise une petite etude sur les grands froid en Europe depuis 1950. Il s’agit d’étudier la distribution des plus grands froids (relatif a chaque region) sur les décennies 1950s, 1960s, 1970s, 1980s, 1990s, 2000s, 2010s.

 

METHODE:

 

J’ai commence par diviser l’Europe en 7 regions, et choisi un panel de station aussi dense que possible sur chaque region, en utilisant les données disponibles sur le site de l’ECA&D.

 

Les 7 regions:

 

Iles Britanniques (GB et Irlande)

Scandinavie (Danemark, Norvège, Suede, Finlande)

Europe de l’Est: ex républiques Soviétiques c’est a dire la Russie, les pays Baltes, la Bielorussie et l’Ukraine

Europe Centrale: Allemagne, Pologne, Hongrie, Autriche, Rep Tcheque

Balkans: Roumanie, ex-Yougoslavie, Bulgarie

Europe de l’Ouest: Benelux, France ex Pourtour Méditerranéen

Europe Méridionale: Grece, Italie, Pourtour méditerranéen Francais, Espagne et Portugal.

 

Bemol regions:

 

Je n’ai pas trouve de stations avec des données continues de 1951 a 2022 pour la Roumanie (ca commence en 1960 sur l’ECA&D, sauf quelques stations qui commencent avant mais pour les quelles il n’y a pas de données pour les décennies récentes…), ni pour la Bulgarie, et tres peu pour la Grece. J’ai également trouve tres peu de longues series pour l’Italie malheureusement

 

J’ai ensuite isole les 70 TM les plus froides sur chaque station du panel (c’est a dire, en moyenne, environ une par hiver depuis 1951), que j’ai classe de la plus froide a la 70e plus froide. Il y a souvent un peu plus de 70 valeurs dans chaque série du fait des aexequo en 70e place.

 

Puis j’ai classe ces valeurs par décennie et calcule la somme et le pourcentage de valeurs obtenues pour chaque décennie depuis les années 1950, pour chaque station.

 

L’idée étant de determiner quelles décennies ont été les plus froides et dans quelles regions, mais aussi de voir comment les grands froids ont évolués dans les décennies récentes pour différentes parties du continent.

 

PAR REGION:

 

Le décompte des temperatures les plus froides par décennie et par region Européenne:

 

 

Lire le tableau: pour la GB, la premiere case indique que sur le panel étudié (liste plus bas), il y a 83 des valeurs les plus basses qui ont ete observé depuis 2001, puis la 2e case que 71 des valeurs les plus basses sur le panel de stations britanniques qui ont ete observe dans les années 1950 etc…

 

Et en terme de pourcentage de temperatures les plus froides par décennie et par region:

 

 

 

Observations:

 

• Ce sont les années 1960 qui ont connu le plus de temperatures froides en Europe, suivi d’assez près par les années 1980, puis les années 1950. Viennent ensuite les années 1970 qui ont connu tres largement moins de temperatures glaciales que les 3 décennies citees précédemment, puis les décennies 2010, 1990 et 2000.
• Les hivers des années 2010 ont connu plus de grands froids que les hivers des années 1990 ou 2000 a l’échelle continentale, et ca se vérifie pour chaque region mis a part en Europe de l’Est
• Les 2 dernières décennies (depuis 2001), ont vu 14% des temperatures les plus froides sur le continent européen, mais la proportion varie grandement selon les regions: ca monte a 18% dans les Balkans ou 17% en Scandinavie, a seulement 7% en Europe de l’Ouest. L’Europe de l’Ouest (Benelux, France) a vu donc moitié moins de temperatures froides vs le reste du continent ces 22 dernières années!
• D’un point de vu regional, ce sont les années 1960 ont vu les hivers les plus froids sur les Iles Britanniques, en Europe de l’Ouest, en Europe Centrale, et Europe de l’Est. En Scandinavie, ce sont les hivers des années 1980 qui s’imposent aisément (VDF de Dec 1981, Jan 1982, Jan-Feb 1985, Jan 1987), alors que les hivers 1950 s’imposent de justesse dans les Balkans et le Pourtour Méditerranéen: merci aux VDF de 1954 et 1956!

 

Voici ce que ca donne avec les details par stations:

 

 

 

Les stations de Dublin, Bergen, Nis (Serbie) et Athenes ont connu autour de 30% de leur temperatures les plus froides au cours des dernières décennies sur les 20 dernières années, alors que Bourges, Caen, De Kooy (Hollande), Rothamstead (Sud de l’Angleterre), Dijon, Gronningen (Hollande), Luxembourg, Rennes, Strasbourg, Vlessingen (Hollande), Vienne (Autriche), Graz (Autriche) et Hannovre (centre de l’Allemagne) ont connu moins de 5% de leurs temperatures les plus froides depuis 2001. On a donc clairement une region maudite, qui comprend en gros la France (y compris le pourtour méditerranéen), le Benelux et le Sud de l’Angleterre, et s’étend en Europe Centrale jusqu’a l’Est de l’Autriche (voire l’Ouest de la Hongrie), le Sud et l’Ouest de l’Allemagne.

 

Parmi les VDF notables qui n’ont pas touche cette region (ou de manière bien moindre, loin des records), on compte notamment:

 

Dec 2002 (Scandinavie, Nord de la Russie Europeenne)

Janvier 2003 (pas mal de records en Scandinavie, Europe de l’Est)

Janvier/Fevrier 2004 (records en Europe Centrale et Europe de l’Est et Balkans

Janvier 2006 (records en Europe de l’Est, Europe Centrale et Balkans

Janvier 2010 (Europe de l’Est, Centrale, Balkans)

Fevrier 2010 (Scandinavie)

Decembre 2010 (Scandinavie, Iles Britanniques)

Fevrier 2011 (Scandinavie, Europe de l’Est)

Janvier 2014 (Europe de l’Est)

Janvier 2016 (Europe de l’Est)

Janvier 2017 (Europe de l’Est, Europe Centrale, Balkans).

Fevrier 2018 (Iles Britanniques, Mediterrannee)

Janvier 2021 (Espagne)

 

En Europe de l’Ouest, les records proviennent principalement de Fevrier 2012, Decembre 2001 et Dec 2009, + quelques grands froids isoles en Janvier/Fevrier 2005, Janvier 2009, Janvier 2013, Janvier 2003, Janvier 2007, Janvier 2010 et Dec 2010.

 

 

Par hiver maintenant: j’ai étudié les hivers les plus rudes a l’échelle européenne depuis 1950: 1953/54, 1955/56, 1962/63, 1979/80, 1984/85, 1986/87, 1996/97, 2005/06, 2009/10, 2010/11, et 2011/12. Il s’agit en fait de les classer par ordre d’âpreté pour chaque region, puis a l’échelle continentale. Pour ca j’ai classe pour chaque station le nombre de valeurs dans le top 70 des plus froides depuis 1950 par hiver dans la liste précédente, puis meme chose a l’échelle régionale (somme des stations) et continentale.

 

PAR HIVER

 

 

 

A l’echelle continentale, les hivers 1955/56 et 1962/63 auraient ete d’une rigueur similaire selon cette méthode. Puis viennent 1985 et 1987, assez loin derriere tout de meme. Encore un peu plus loin, il y a 1954 et 1978/79. 1997 et 2012 arrivent a égalité, puis viennent 2009/10 a peu près a égalité avec 2005/06, et 2010/11 en dernière place.

 

L’hiver 1963 fut le plus rude depuis 1950 sur les Iles Britanniques (avec 2010/11 en 2nde place), en Europe de l’ouest ainsi qu’en Europe Centrale, avec 1956 pas loin derriere en Europe de l’Ouest + centrale. L’hiver 1956 fut le plus rude sur les Balkans et en Europe méridionale, juste devant 1963 dans ces deux cas, ainsi qu’en Europe de l’Est ou il devance 1987. En Scandinavie, les hivers 1985 et 1987 arrivent a peu près exaequo en tete. 

 

Voila voila, je m’arrête la pour cette fois mais quand j’aurais le temps je réaliserais des cartes pour une vue d’ensemble simplifiée a l’échelle continentale.

 

 

j’ai également toujours pour ambition de partager mes autres etudes sur les plus grands hivers du 20e siècle (1929, 1940, 1942, 1956, 1963, 1985 et 1987), ainsi qu’une 2e partie comparant les plus grands hivers des siècles precedents (1892/93, 1879/80, 1837/38, 1829/30, 1794/95, 1788/89 et 1708/09) avec ceux du 20e siècle, de manière quantifiée avec des données d’époques recueillies ici et la!

 

Modifié 26 septembre 2022 par Hugo_HK

[ToNy06]

Merci pour cette étude extrêmement intéressante ! 

 

Tu as dû y consacrer un temps considérable! 

 

J'attends la suite avec impatience

Modifié 26 septembre 2022 par ToNy06

[Hugo_HK]

2 hours ago, LuckyFrenchy117 said:

 

Super travail vraiment ça décoiffe merci ! 

 

En résumé on peut tirer deux conclusions simples pour notre petit bout d'Europe :

1-Effet très visible du RC avec une quasi disparition des grands froids depuis les Années 90.

2-Effet amplifié sur l'Europe de l'Ouest en raison de synoptiques défavorables causées par le RC ou juste la malchance.

 

Perspectives très sombres pour ce qui est d'avoir froid à l'avenir... 

 

Merci!, effectivement, le radoucissement des hivers européens est net, ceci dit, je pense qu'on est aussi dans un cycle d'hivers doux que connait l'Europe de temps a autres, j'en avais parle ici:

 

 

En un graphique: nombre de mois d'hivers tres froid cumules sur la zone du CET et De Bilt, aux relevés datant du debut du 18e siècle:

 

 

En gros, la moyenne sur 30 ans (ligne bleue) est le plus basse depuis le debut des relevés, (on a donc jamais connu aussi peu de grands froids depuis le debut des relevés sur le NO de l'Europe, tres probablement un effet du RC), MAIS on a quand meme connu des périodes avec relativement peu de grands froids (debut du 18e siècle, et debut du 20e siècle). 

 

L'effet du réchauffement est assez net ceci dit, et on peut le voir aussi en prenant les memes données mais corrigees par rapport aux variation de TM sur ces posts d'observations (en gros pour les décennies 1990 et 2010 par exemple, on retire le delta du réchauffement par rapport a la moyenne 1800-1950 a la TM de chaque mois d'hiver pour estimer la TM qu'auraient eu ces mois dans des conditions climatiques similaires a celles de la période 1800-1950): on voit qu'en fait la rarefaction des hivers doux des 30 dernières années est dans la norme, similaire au debut du 18e siècle et debut du 20e siècle. Sauf qu'en plus on se tape bien sur le RC qui nous pourrit les hivers encore plus....

 

 

 

et un dernier graphe interessant pour ces memes 2 posts d'observations: la version corrigée et pondérée: au lieu de compter les mois plus froids qu'un certain seuil, on calcule ici la somme des degrés en dessous de ces seuils sur les deux stations. eg si le seuil est a 2 degrés de TM pour le CET et 0 degrés pour De Bilt, et qu'un mois a une TM de 0.5 degrés au CET est -0.8 degrés a De Bilt, ca fait un score de 2.3.

 

 

 

Il en ressort que dans le NO de l'Europe, les 3 'trous d'activité hivernale' des debuts du 18e siècle, debut du 20e siècle et debut du 20e siècle sont d'une ampleur similaire. Les hivers des années 1940-50-60 étaient en revanche tout a fait exceptionnels, et meme largement plus exceptionnels que les hivers de la fin du 18e siècle ou du debut du 19e lorsqu'on prend en compte le climat plus doux du milieu du 20e siècle. 

 

En fait j'avais realise cette etude pour essayer d'estimer l'impact potentiel des changements de synoptique de grande ampleur. 

 

Dernier fait trivial interessant: les 2 seules décennies des 320 années qui n'ont pas connu de mois tres froid dans le NO de l'Europe sont les annes 2000, et les années... 1730  

 

Top 10 des décennies les moins hivernales:

 

2000s & 1730s

1900s

1910s

1930s 

1750s

1720s

1860s

1880s

1970s

 

 

meme graph en prenant les releves de Berlin depuis 1730:

 

 

Top 10 des décennies les moins hivernales (encore une fois, c'est corrige pour la norme climatique de l'époque, donc l'effet du RC est masque ici!)

 

1730s

2000s

1900s

1990s

1910s

1930s

1970s

1880s

1860s

1750s

 

Quand il s'agit de savoir si les synoptiques propices aux grands hivers reviendront ou pas, les 10-20 prochaines années seront cles je pense. Dans tous les cas ca n'aura pas la meme gueule qu'en 1956, mais a mon avis ca sera quand meme beau a voir  (je reste optimiste).

[Hugo_HK]

OK voici la premiere partie de l'analyse que j'avais faite sur les grands hivers européens du 20e siècle.

 

Je commence par une petite intro historique sur les hivers en Europe

 

Désormais la saison favorite du passionné météo, mais mal aimée du grand publique, l’hiver est meme une saison qui est crainte jusqu’au milieu du 20e siècle, pour bon nombre de raisons: la souffrance directement due au froid dans des habitations mal isolées, les dommages économiques a une époque ou une grande partie de la population dépend directement de l’agriculture, etc… A l’époque, L’hiver altère aussi régulièrement le cours de l’histoire, en interrompant des campagnes militaires (L’avancée Nazie sur le front de l’Est en 1941/42, la campagne de Russie de Napoleon en 1812, ou encore la campagne de Russie de Charles XII de Suede et la guerre de Succession Espagnole en 1709), et en créant des situations géopolitiques tres instables (revolution française et les guerres qui s’en suivent après l'hiver 1788/89 par exemple)

 

Je vous propose une étude revenant sur les grands hivers du passé a l’échelle Européenne, divisée en deux parties (plus une autre partie a venir sur ce qui pourrait nous attendre dans le futur), ou il s’agit de classer et de comparer les grands hivers entre eux a l’échelle continentale

 

 

Dans cette premiere partie, il s’agit d’étudier (et de comparer entre eux) 7 hivers exceptionnels qui ont touché l’Europe au 20e siècle: les hivers de 1928/29, 1939/40, 1941/42, 1955/56, 1962/63, 1984/85, et 1986/87. Comme on va le voir, chacun a ses particularités, et s’ils ont tous impacté toute l’Europe, ils sont plus ou moins exceptionnels selon les regions.

 

METHODOLOGIE

 

Puisque le site de l’ECA&D propose pas mal de séries de TM remontant a 1900 (ou avant), j’ai décidé de ‘découper’ l’Europe en plusieurs regions, et de choisir pour chaque region un petit panel de stations (3 a 5 stations), afin de calculer une TM pour chaque journée de la période hivernale (fin Novembre a mi Mars) et de calculer le score basé sur un indice de sévérité du froid. Evidemment les seuils de l’indice changent en fonction de la region: un gros froid près de la Méditerranée n’a rien a voir avec un gros froid Russe… Il y a chaque fois 6 categories en fonction de la TM: la premiere catégorie correspond a des valeurs froides classiques de l’ordre du premier decile des températures hivernales les plus froides sur la période de relève, puis la 2e catégorie = seuil des 5% de valeurs hivernales les plus froides sur la période de relève, 3e catégorie = 2-3%, 4e catégorie 1-1.5%, 5e catégorie 0.5-1% et dernière catégorie des valeurs proches des records de TM les plus froides. A chaque catégorie est attribuée un nombre de points

 

Cat 1: 1 point

Cat 2: 2 pts

Cat 3: 3 pts

Cat 4: 5 pts

Cat 5: 8 pts

Cat 6: 12pts

 

Tres similaire a la méthode utilisée pour classer les canicules dans le topic sur l’été 2022 en gros, les points augmentent exponentiellement lorsqu’on se rapproche des records.

 

Exemple pour l'Europe centrale:

 

 

 

Voici les régions que j’ai choisi, et les stations que j’ai pris pour chaque region: de manière générale j’ai évité les villes ou je constate un effet urbain clair (Prague, Milan, Vienne par exemple)

 

Europe de l’Est: Kiev (Centre Ukraine), Koursk (Sud Ouest Russie 1942 et 1943 manquantes), St Petersbourg (NO Russe), Vilnius (Est Lituanie)

Scandinavie: Umea (Centre - Nord de la Suede), Stockholm (centre—Sud Suede), Vestervig (Danemark) et Oslo (Sud Norvege)

Allemagne: Berlin - Potsdam, Iena (centre Est), Munich (Sud), Frankfort (Centre Ouest), Breme (Nord Ouest)

Europe Centrale: Graz (Autriche); Cottbus (Est Allemagne - pres de la frontiere Tcheque); Debrecen (Est de la Hongrie)

Europe de l’Ouest continentale: De Bilt (Hollande), Chateauroux (France), Bordeaux (dps 1906 - données manquantes pour 1915-1919, 1941-1945), Genève (Suisse), Abbeville (Nord de la France)

Grande Bretagne: releves du Central England Temperature (dps 1772)

Europe Méditerranéenne Occidentale: Perpignan (France), Bologne (Italie), Marseille (France), Barcelone (Espagne)

Europe Balkanique: Sarajevo (Bosie), Turnu Magurele (Roumanie Sud), Targu Jiu (Roumanie Ouest); Osijek (Croatie).

 

J’ai ensuite utilisé ces scores pour classer ces hivers selon les régions. J’ai également classe ces hivers selon d’autres critères, tels que les TNN absolues ou la TM moyenne sur 7 jours la plus basse par exemple.

 

 

Mais commençons tout d’abord par revisiter ces hivers un par un.

 

1928/29:

 

L’hiver 1928/29 est souvent oublié du passionné, et pourtant, d’un point de vue Européen, il a aisément sa place dans le top 7 depuis 1900…

 

Apres un mois de Décembre en dessous des normes mais pas exceptionnel, le froid gagne en vigueur au mois de janvier, puis une vague de froid mémorable concerne l’Europe de fin Janvier a debut Mars. Les températures atteignent des niveaux record sur toute une bande allant de l’Ukraine a l’Ouest de la France, meme si le grand froid reste finalement de courte durée sur l’arc Atlantique Francais. On bat meme des records du 18e siècle sur de nombreuses villes a la climatologie ancienne….

 

La situation synoptique montre ce qui est probablement le blocage Sibérien le plus fort du siècle, avec un isobar 1045hpa qui s’étend de de Minsk au détroit de Bering au moment ou la situation se met en place, ce qui permet de rabattre le vortex Sibérien sur l’Europe de L’est d’abord, avant qu’une extension de l’anticyclone Sibérien vers la Scandinavie ne pousse le froid Sibérien vers l’Europe de l’Ouest

 

https://imgur.com/a/q3dPPTH

 

https://imgur.com/a/VM1qSlM

 

Une reanalyse des geopotentiels montre un hiver tout a fait hors normes, avec des haut geopotentiels qui dominent totalement de l’Islande jusqu’a la Nouvelle Semble… le rêve

 

 

 

Anomalie de temperature pour Février a l’échelle hémisphérique: L’Eurasie toute entière  au congèlo!

 

Cette VDF est particulièrement brutale en Europe centrale et en Allemagne, ou l’hiver se classe en 2e et 1ere position des hivers les plus froids respectivement (pour le 20e siècle)

 

A regarder la TM sur 7 jours glissants, la VDF d 1929 établit des records dans 4 des 8 régions étudiées (Europe de l’Est, Allemagne, Europe centrale et GB). La temperature moyenne a l’échelle de l’Europe de l’Est atteint -24 degres sur une semaine…

 

Quelques photos d'époque de cet événement memorable: on y voit le Danube gelé a la frontière Roumanie / Bulgarie, le Neckar gèle a Stuttgart, et la prise par les glaces du détroit du Bosphore près d'Istanbul!

 

 

Le froid de Fevrier - Mars est exceptionnel pour son intensité mais aussi pour sa durée, et des grands froids tres tardifs dans la saison. Il fait encore en dessous de -20 en Allemagne et Europe centrale début Mars, et le Danube connait sa débacle la plus tardive du siècle près de l’embouchure pourtant au Sud de la Roumanie, le 30 Mars a Calarasi par exemple…!

 

 

Score de sévérité basé sur l’indice que j’ai utilisé:

 

 

L’hiver 1929 est le plus rude du siècle en Allemagne (exequo avec 1940) ainsi que dans le Balkans, alors qu’ils est le moins rude des 7 hivers étudiés en Europe de l’Ouest et en Scandinavie.

 

Classement (sur 7 hivers étudiés) par region:

 

 

L'HIVER 1939/40:

 

Premier hiver de la guerre, celui ci commence pourtant normalement en Novembre jusqu’a mi Décembre, avant que le temps ne se refroidisse fin Décembre. C’est encore un hiver qui marque l’Histoire militaire, et ce de plusieurs manières:

 

La ‘guerre d’Hiver’ qui oppose la Russie a la Finlande pour le contrôle de la Carélie, et qui a débuté a la fin de l’année 1939, se déroule dans des conditions parmi les plus difficiles imaginables pour une operation militaire, avec des temperatures qui descendent parfois en dessous de -45 degrés en Laponie (les -50 auraient été tout a fait possible localement). Pendant 3 mois, Les Soviétiques et les Finlandais se battent tant bien que mal dans le grand Nord Européen qui connait un de ses hivers les plus rudes des derniers siècles. Le froid fait presqu’autant de morts et blessés que les armes: du coté Russe, les blessés et morts de froid dépassent les 100,000

 

quelques photos qui témoignent des conditions de la guerre d'hiver en Laponie:

 

https://imgur.com/a/YyfRAUp

 

 

L’hiver 1939/40 force aussi les Allemands a reporter leur operation d’invasion de l’Europe de l’Ouest, du au grand froid qui paralyse l’Allemagne et l’Europe Centrale et bloque toutes les chaines de ravitaillement (fleuves, voies ferrées etc).

 

 

Sue le plan synoptique, le scénario est similaire a 1929 dans un premier temps: un anticyclone Sibérien qui s’étend vers l’Ouest, rabattant progressivement le vortex Sibérien sur l’Europe, cette fois si aidé par un blocage au niveau de l’Atlantique aussi.

 

https://imgur.com/5HZVtv0

 

D’un point de vue climatologique, l’hiver est effectivement exceptionnel et n’épargne aucune region du continent européen. Sur l’Est et le Nord du continent (Scandinavie et Russie / pays Baltes), l’hiver 1939/40 ne connait en fait aucun redoux a partir de l’arrivée du grand froid et ce jusqu’a la mi Mars. Les temperatures minimales de l’hiver 1940 sont légèrement plus froides que les autres hivers étudiés pour l’Europe de l’Est:

 

TNN en Europe de l’Est: l’hiver 1940 connait les TN les plus froides du 20e siècle en Europe de l’Est. Les -30 sont atteints presque partout.

 

 

En Europe continentale, deux vagues de froid massives se succedent, une en Janvier qui touche toutes les regions jusqu’a l’Atlantique (y compris la GB, la France et l’Espagne), et une nouvelle en Février, historique a nouveau en Europe centrale mais qui peine a percer a l’Ouest. Le redoux notable de fin Janvier en Europe de l’Ouest reste tres faible en Allemagne et atteint a peine l’Europe centrale.

 

Les cotes Allemandes sont congelées par le froid record, encore plus qu’en 1929:

 

 

 

En Allemagne, l’hiver 1940 arrive en 2e position des hivers les plus rudes depuis 1800 dernier l’hiver de 1830 selon les climatologistes de l’époque, alors que d’après mon indice il serait d’une sévérité similaire a l’hiver de 1929.

 

Grande Bretagne:

 

L’hiver 1939/40 marque les esprits en GB, ou il est alors le plus froid depuis 1895 (1940 termine en 2e plus froid sur le 20e siecle). Dans le Sud Est du pays autour de Londres, l’hiver 1939/40 aurait meme été plus froid que l’hiver 1895, et le mois de janvier 1940 le plus severe depuis le 18e siècle: a la station de Kew Gardens (jardins botaniques royaux au Sud de Londres), le mois de janvier 1940 est le mois le plus froid depuis le debut des relevés en 1791, alors que l’observatoire de Greenwich connait sont mois le plus froid depuis le debut des relevés 100 ans plus tot, battant le mois de janvier 1881 de 0.5 degrés…

 

Au CET, la TM moyenne sur 7 jours en 1940 (pointillés bleu) vs 1963 (rouge) et les autres hivers depuis 1772:

 

 

 

L’hiver 1940 connait également des minimales absolues plus froides que les autres hivers du 20e siècle en GB, encore plus bas que l’hiver 1963:

 

 

Chose interessante, a Londres, l’hiver 39/40 est un de seulement 3 hivers pour les quels la direction la plus fréquente du vent était de secteur Nord-Est, avec ceux de 1814 et 1881.

 

 

Score basé sur l’indice de sévérité:

 

 

 

L’hiver 1940 est l’hiver le plus froid en Allemagne (exeaquo avec 1929) ainsi qu’en Europe Centrale. Il se classe 2e hiver le plus rude du siècle en GB. classement sur les 7 hivers étudiés par region ci dessous:

 

 

 

L'hiver 1941/42:

 

2e hiver extrêmement severe de la guerre, celui ci a des effets dévastateurs sur la campagne militaire ‘Barbarossa’ d’Hitler en Russie. Si l’hiver est glacial partout y compris en Europe de l’Ouest (2 mois a TM negative a Paris), c’est tout simplement le plus froid du 20e siècle en Europe de l’Est (et de loin!).

 

Je ne vais pas developper trop sur la 2e GM ici puisque ca n’est pas l’objet de cette étude, mais l’armée Allemande est prise au dépourvu par un hiver qui arrive tot (dés Novembre) et qui sévit avec une rigueur record.

 

En particulier, la retraite Allemande du front de Kalinin (au Nord de Moscou) se déroule dans des conditions atroces, avec des coups de tres grand froid qui alternent avec des blizzards:

 

Le soldat Allemand Friedrich Sander écrit a propos de la retraite du front de Kalinin dans son journal: ‘Nous avons marché 25km par des temperatures de -25 degrés sur des routes totalement enneigées. Résultat: 50% des hommes sont blessés: pieds, mains, nez, oreilles ou joues gelés. Nous n’avons toujours pas reçu not habits d’hiver ou de munitions. Notre situation est sans doute toute aussi mauvaise que celles de la grande armée de Napoleon…’

Retraite du front de Kalinin:

 

Voir ici pour quelques photos de la retraite du front de Kalinin au Nord de Moscou:

 

https://imgur.com/C0X00Sy

 

 

Ici pour plus de details sur les conditions lors de cet hiver:

https://forums.infoclimat.fr/f/topic/56721-lhiver-1941-1942-sur-le-front-de-lest/#comment-3456657

 

 

Déroulement et synoptique:

 

L’hiver arrive tot a l’Est, vers la mi Novembre en Russie, et s’installe pour de bon, sans lâcher prise jusqu’a debut Avril… Sur le front de l’Est, on observe une premiere VDF debut Décembre, ou les temperatures plongent deja en dessous de -25. Puis,  après un bref redoux, une 2e fin Décembre ou les temperatures plongent en dessous de -30, et restent a des niveaux constamment en dessous des normes jusqu’a fin Mars, avec des pics d’intensité mi décembre, debut Janvier, fin Janvier, debut Mars et mi Mars… autant d’épisodes ou les temperatures s’abaissent jusqu’a -25 a -35 pendant plusieurs jours…

 

La VDF la plus importante de cet hiver survient fin Janvier, et c’est l’aboutissement d’un nouveau blocage Sibérien qui parvient a s’étendre vers l’Ouest sur la Scandinavie:

 

https://imgur.com/XqB26xF

 

A St Petersburg (Leningrad a l’époque), c’est l’hiver le plus froid depuis au moins 1881 (en réalité probablement le plus froid depuis 1788/89, voire possiblement le plus froid de ces derniers siècles).

 

A regarder la TM glissante sur 7 jours: 1941/42 en bleu sombre, vs l’hiver 1939/40 en bleu pointilles:

 

 

Meme chose a Kiev avec 1941/42 en rouge (1940 en pointilles bleus))

 

 

Les Temp a 7h du matin pour Moscou (données manquantes en Décembre): les minimales étaient donc plus froides!

 

 

 

Les données pour Ryazan, au Sud Est de Moscou: près de -40 cet hiver la fin Janvier

A regarder les stats pour St Petersbourg, dps 1881:

 

1941/42: TM du 15/11 au 31 Mars: -12.7; TM du 1/12 au 28/02: -14.2

 

1892/1893: TM de -10.7 entre le 15/11 et 31/3, et -14.0 entre le 1/12 et le 28/2.

 

1882/1883: TM de -9.7 entre le 15/11 et 31/3, -10.9 entre le 1/12 et 28/2

 

1939/1940: TM de -9.5 du 15/11 au 31/3, -11.5 du 1/12 au 28/2

 

1955/1956: TM de -9.9 du 15/11 au 31/3, -12.7 du 1/12 au 28/2

 

Deficits de l'ordre de 10 degrés sur plus de 4 mois: pour ces deux périodes, 1941/42 est le plus froid depuis au moins 1881/1882. Il est en fait probable que ca soit l’hiver le plus froid depuis 1788/89 en Russie, ou peut être meme avant…

 

Plus a l’Ouest, l’Europe centrale connait une VDF remarquable en janvier, avec 16 journées consécutives ou la TM nationale reste en dessous de -10 en Allemagne par exemple. Le froid atteint aussi une intensité record sur l’Europe centrale et une partie des Balkans, ou il surpasse meme le froid de l’hiver 1929 sur les TNN:

 

 

Ce froid atteint également l’Europe de l’Ouest, avec 2 mois glacials durant les quels le grand froid Sibérien déborde régulièrement sur la France, entrecoupé par quelques brefs redoux. A Paris, les mois de Janvier et Février 1942 connaissent tous deux une TM negative (-1.1 en Janvier, -1.9 en février) ce qui est excessivement rare depuis le debut des relevés dans cette ville (depuis 1875, seuls les hivers 1880, 1891, 1929 et 1963 connaissent deux mois consécutifs avec TM negative a Paris).

 

Le froid reste plutôt modéré en GB, mais il est par contre exceptionnellement fort de l’autre cote de la mer du Nord en Scandinavie: la TM mensuelle atteint -10.6 en Janvier et -10.5 en Février a Stockholm par exemple, ce qui en fait le seul hiver de ces 270 dernières années a connaitre deux mois en dessous de -10 de TM au sein d’un meme hiver… le froid atteint aussi des records d’intensité a Copenhague ou on mesure jusqu’à -24 le 26 janvier par exemple…

 

Une reanalyse des anomalies de temperatures montre bien l’e caractère exceptionnel du phénomène, avec un froid glacial qui dure 5 mois en Europe de l’Est

 

 

Englacement de la Baltique de 1942… on peut joindre les polders Néerlandais a St Petersbourg a pied en ligne directe sur la banquise…!

 

 

 

Score de sévérité:

 

 

L’hiver 1942 se classe en 1ere position des hivers les plus rudes en Europe de l’Est et en Scandinavie, alors que le froid reste nettement plus modéré en GB et près de la Méditerranée, ou il se classe 5e et 6e respectivement.

 

 

 

TM sur 7 jours la plus froide par region:

 

 

Les Balkans connaissent leur semaine la plus froide du siècle en Janvier 1942 avec une TM de -15 degres de la Roumanie a la Bosnie, alors qu’en GB, la semaine la plus froide de l’hiver 1942 est moins froide que les semaines les plus rudes des 6 autres hivers.

 

 

 

L'HIVER 1955/56

 

Cet hiver est tres rude sur la majeur partie de l’Europe du fait de son mois de Février parmi les plus froids de ces derniers siècles.

 

Alors que l’hiver commence dans une douceur relative en Europe de l’Ouest, le froid concerne deja Europe de l’Est  en Décembre avec une premiere VDF en milieu de mois (pas exceptionnelle, mais tout de meme remarquable surtout pour sa précocité: la TM sur mon panel descend a -18 degres tout de meme!).

 

Mais la vague de froid la plus importante de cet hiver survient bien sur en Février. C’est un scenario idyllique pour les hivernophiles Européens, avec un blocage Scandinavie - Sibérie qui permet de rabattre le pole de froid Sibérien sur l’Europe.

 

 

https://imgur.com/a/eO4jBUd

 

 

D’un point de vue synoptique, c’est littéralement la perfection pour un hivernophile Européen, avec un blocage d’une taille comme on en rarement vu qui maintient un froid glacial pendant un mois, de l’Oural jusqu’au Magreb.

 

 

L’Europe toute entière connait un deficit d’au oins 4-5 degres, et parfois jusqu’a plus de 10 degrés d’anomalie sur le mois de Février.

 

 

Dans une étude comparant les vagues de froid sur la période 1950-2010, Fevrier 1956 apparait comme le mois le plus exceptionnel de la période en terme de froid, et il atteint le statut de ‘mois extrêmement froid’ (MEF) sur 36 des 60 stations du panel utilisé entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest:

 

(Vous pouvez voir l’intégralité des stations utilisées marquees par des points noirs; les stations avec des carrés sont celles ou Fevrier 1956 est qualifié de ‘MEF’. 14 stations sur ce panel enregistrent un écart a la norme de 3 sigmas)

 

 

Si la VDF de 1956 a la particularité de concerner l’integralité de l’Europe continentale avec une ampleur remarquable, c’est prêt de la Méditerranée qu’elle est la plus exceptionnelle. Sur un petit panel de stations, 1956 connait des minimales absolues assez largement plus basses que les autres grands hivers du 20e siècle, notamment dans la partie Occidentale du bassin Méditerranéen.

 

TNN:

 

 

Quelques images, dans l'ordre la Garonne, la Loire et le port a Martigues gelées:

 

https://imgur.com/a/76IspHu

 

Score de sévérité  (points):

 

 

 

Classement en terme de sévérité (rang vs autres hivers):

 

 

 

L’hiver 1955/56 est l’hiver le plus rude du siècle près de la Méditerranée, et le 2e plus rude du siècle en Europe de l’Est, ou les grands froid de Fevrier sont précédés par une premiere VDF notable en Décembre.

 

TM sur 7 jours la plus froide:

 

 

L’hiver 1956 connait la semaine la plus froide du siècle près de la Méditerranée, alors que le froid reste nettement moins impressionnant en Europe de l’Ouest ou en GB (TM sur 7 jours la moins froide des 7 hivers étudiés).

 

La TM sur 7 jours en Europe de l’Ouest est en fait moins froide que celle des autres grands hivers…

 

 

L’hiver 1962/63

 

Cet hiver est tres connu des passionnés météo pour sa longueur, et pour cause, c’est effectivement l’hiver le plus froid dans la durée en Europe de l’Ouest, avec aucun redoux notable pour l’extreme Nord Est du pays de Fin Décembre a debut Mars.

 

L’hiver connait un premier coup de froid debut décembre, tandis que le gros froid arrive dans la 3e decade de Décembre juste avant Noel. On compte 4 pics d’intensité du froid en Europe: fin Décembre, debut-mi Janvier, fin Janvier-début Fevrier, et un dernier moins marque fin février-début Mars.

 

La situation qui amène l’air froid est plutôt différente des autres grands hivers classiques: cette fois ci, ce sont des blocages Atlantiques - Groenland - Pole Nord qui sont responsables su temps hivernal en Europe, plutôt que des blocages Scandinavie - Sibérie, et donc l’air froid a une provenance différente (et plus humide)

 

https://imgur.com/a/Z2ccHKn

 

Au final cet hiver est le plus froid des 200 dernières années en GB, alors qu’il prend aussi la premiere place des hivers les plus froids en Europe de l’Ouest depuis 1900.

 

Ici la TM moyenne sur 7 jours au CET en 1962/63 (rouge) vs 1939/40 (bleu) (les autres hivers depuis 1772 gris fin)

 

 

Les 3 mois d’hiver connaissent un deficit thermique de plus de 4 degrés sur une bonne partie du continent, ce qui en fait l’un des événements les plus mémorables du 20e siècle.

 

 

Quelques images d'époque de la mer du Nord qui se fige le long des cotes Européennes, ou des chutes de neige en Europe méridionale... Belgique photo 1, Dunkerque photo 2, Barcelone phot0 3, Thamise gelée photo 4

 

 

https://imgur.com/a/GoFQiLz

 

Sévérité:

 

Classement (sur 7) basé sur les scores indiciels:

 

L’hiver 1963 est l’hiver le plus rude du siècle en Europe de l’Ouest et en GB, et 2e plus rude près de la Méditerranée et dans les balkans. Il est en revanche moins rude que les 6 autres hivers étudiés en Europe de l’Est, et que 5 des 6 autres hivers en Scandinavie.

 

TM sur 7 jours la plus froide:

 

 

L’hiver 1963 connait des pics d’intensité nettement moins marqués que les 6 autres hivers étudiés en Europe de l’Est, en Allemagne et en Scandinavie. Il connait par contre la 2e semaine la plus froide du 20e siècle en GB.

 

 

L’hiver 1984/85

 

Premier hiver rude de cette fameuse série au milieu des années 1980, il y a en fait deux pics de froid distincts cet hiver la: le premier qu’on connait bien, et qui concerne toute l’Europe en Janvier, et une 2e en Fevrier qui ne concerne que faiblement l’Europe de l’Ouest, alors qu’elle est remarquable en Scandinavie et en Europe de l’Est.

 

La provenance de l’air froid: le Vortex polaire Sibérien, via une jonction Atlantique - Sibérie Arctique:

 

https://imgur.com/a/38JR85d

 

En Europe de l’Ouest, le mois de janvier 1985 reste dans les mémoires, et pour cause: c’est l’hiver qui connait, en moyenne, les minimales les plus froides de tous les hivers du 20e siècle.

 

Quelques photos de la Loire gelée (1) et de la Garonne a Toulouse (2):

 

https://imgur.com/a/gNxYvVx

 

Sévérité:

 

Classement (sur 7) basé sur les scores indiciels:

 

Selon ce critère, L’hiver 1985 se classe en 2e hiver le plus rude du siècle en Europe de l’Ouest et 3e hiver le plus froid près de la Méditerranée et en Scandinavie, alors qu’il arrive avant dernier en Europe de l’Est et en Allemagne.

 

TM sur 7 jours la plus froide:

 

 

L’hiver 1986/87

 

Dernier hiver de cette série, l’hiver 1986/87 peu paraitre moins extravagant au passionné météo Francais. Si le froid n’atteint pas les niveaux observes en 1956 ou 1985 en Europe de l’Ouest, le mois de Janvier 1987 rivalise avec les plus grands hivers en Europe de l’Est et en Scandinavie

 

La situation qui amène a ce gros froid sur toute l’Europe est similaire a celle des grands hivers: c’est l’intégralité du vortex Sibérien qui nous tombe sur la gueule, par extension vers l’Ouest de l’anticyclone Sibérien.

 

https://imgur.com/a/JI5chPN

 

Janvier 1987: plus de 10 degres en dessous des normes (1979-2000) en Europe de l’Est et en Russie

 

Si le reste de l’hiver parait normal a froid sans plus en Europe de l’Ouest, de nouvelles VDF touchent l’Europe centrale et Orientale fin Janvier, et a nouveau en Mars (notamment pour l’Est de l’Europe).

 

Au final, le trio Janvier-Mars est tres solide, comme le montre la carte ci dessous ou on voit la persistance du froid exceptionnel sur l’Europe de l’Est et la Scandinavie, avec 5 a 6 degrés de deficit sur 3 mois par endroit:

 

 

 

La courbe de Tmoy sur 7 jours pour St Petersbourg parle d’elle meme (en rouge ci dessous, vs 1942 en bleu et 1940 en pointillés bleus): 1987 est un ovni météo en terme d’intensité. Malgré le RC qui a deja commence a cette époque, St Petersbourg enfonce son record de TM sur 7 jours de plus de 4 degrés Celsius ….

 

 

Du fait du froid exceptionnel qui s’installe dans la durée en Europe du Nord et de l’Est, la banquise est entièrement prise par les glaces en Mars, la dernière fois que c’est arrive.

Selon l’étude XXX, le mois de Janvier 1987 est qualifié de MEF dans 23 stations sur le panel (ci dessous marquées par des croix). Malheureusement l’étude ne traite pas du mois de Mars, qui aurait été tout a fait exceptionnel sur l’Europe de l’Est, rivalisant avec les mois d’hiver tres froids…

 

 

 

Sévérité:

 

 

L’hiver 1987 se classe en moins froid de la série étudiée pour bon nombre de regions d’Europe (Allemagne, GB, Méditerranée Occidentale, Europe centrale et balkans), et en hiver le moins rude a l’échelle continentale. Il se classe cependant en 2e position des hivers les plus froids du 20e siècle en Scandinavie, et en 3e position en Europe de l'Est

 

TM sur 7 jours la plus froide:

 

 

C'est finalement l'hiver 1987 qui connait la semaine la plus froide du siècle en Europe de l'Ouest (sur un panel de stations limites), ainsi qu'en Scandinavie. 

 

En revanche, la semaine la plus froide arrive loin derriere les 6 autres étudiés dans les Balkans, et est aussi moins froide que les pics de froid des autres hivers près de la Méditerranée et en Europe centrale.

 

COMPARAISON FINALE:

 

 

Classement des hivers les plus froid par region, en terme de SEVERITE:

 

 

 

Classement des hivers les plus froid en utilisant les classements régionaux:

 

 

 

Classement des hivers les plus froid pour la période de 7 jours la plus froide

 

 

Finalement, a l’échelle européenne, c’est l’hiver 1942 qui semble l’emporter, meme si la semaine la plus froide de l’hiver 1941/42 pour chaque région l’est souvent moins que celle de l’hiver 1928/29. En particulier, l’hiver 1941/42 l’emporte tres largement en Europe de l’Est et en Scandinavie, alors qu’il fut nettement moins froid du coté de la Méditerranée ou en GB par exemple. Pour la 2e place, si l’hiver 1963 arrive largement 2e au classement indiciel pour la sévérité, a regarder le classement en calculant la somme des rangs (ou places) pour chaque region (2e tableau), il arriverait a peu prêt au meme niveau que 1940 et 1929 (classement tres serré entre ces 3 hivers en utilisant la somme des rangs). Les hivers 1956, 1985 et 1987 prennent la 2e partie du tableau, et l’hiver 1987 arrive meme loin derriere les autres malgré le froid observe en Scandinavie ou en Europe de l’Est.

 

Enfin, du point de vue de la semaine la plus froide, c’est l’hiver 1929 qui l’emporte avec sa VDF record en Fevrier (semaine la plus froide du siècle en Europe de l’Est, en Allemagne, en GB ainsi qu’en Europe centrale. L’hiver 1942 arrive 2e pour la moyenne sur 7 jour la plus froide, et se classe en premiere position en Europe Balkanique, puis vient l’hiver 56, durant le quel le pourtour Méditerranéen Occidental aurai connu sa semaine ls plus froide du 20e siècle.

 

 

Classement des mois le plus froid sur le panel de 60 stations depuis 1950: Février 1956 est le mois le plus froid de la période pour 8 stations, puis viennent Janvier 1963 avec 5 stations, Janvier 1985 avec 3 stations, et enfin janvier 1987 et Fevrier 1985 avec 2 stations chacuns.

 

 

Classement des MEF selon cette meme etude (depuis 1950 seulement):

 

Février 1956 établit le record avec 36 des 60 villes qui connaissent un MEF, contre 25 en Janvier 1963 et 23 en Janvier 1987, et 19 en Janvier ainsi qu’en février 1985. Sur l’hiver entier, les scores sont les suivants:

 

1955/56: 48 MEF sur le panel de 60 stations (36 en février, 12 en Décembre)

1962/63: 32 MEF (25 en Janvier, 7 en Fevrier)

1984/85: 40 MEF (et autant en Janvier qu’en Fevrier avec 19 MEF chacuns).

1986/87: 23 MEF MAIS pas de données pour Mars malheureusement

 

 

 

 

Sources:

 

https://journals.ametsoc.org/view/journals/bams/70/3/1520-0477_1989_070_0271_tswiet_2_0_co_2.xml?tab_body=pdf

 

https://www.alertes-meteo.com/vague_de_froid/1956.htm

 

https://epic.awi.de/id/eprint/47275/1/Ionita-Srep-Danube.pdf

 

 

‘The 1956 cold wave in Western Europe’ Dizerens, C., S. Lenggenhager, M. Schwander, A. Buck, and S. Foffa (2017)

 

http://www.oceanclimate.de/PDF_2nd/05_E4.pdf

 

http://smtp.pilzepilze.de/klima/

 

Statistical reconstruction of daily temperature and sea-level pressure in Europe for the severe winter 1788/9

Duncan Pappert1,2, Mariano Barriendos3, Yuri Brugnara1,2, Noemi Imfeld1,2, Sylvie Jourdain4, 5 Rajmund Przybylak5,6, Christian Rohr2,7, and Stefan Brönnimann1,

https://cp.copernicus.org/preprints/cp-2022-10/cp-2022-10.pdf

 

 

 

https://framacarte.org/en/map/untitled-map_129372#7/43.752/24.869

 

[URL illicite]index.php?page=relevq&station=1&jour1=11&mois1=11&annee1=1829&jour2=30&mois2=11&annee2=1829

 

 

 

QUESTION:

 

y a t il un moyen d'insérer des images imgur en miniature plutôt qu'un simple lien? ou alors sinon une autre méthode sans utiliser imgur? 

 

Modifié 27 septembre 2022 par Hugo_HK

[Hugo_HK]

Et maintenant la dernière partie, un Historique des grands hivers des siècles precedents, avec des données a l'appuie: je commence par une intro historique assez longue sur les progrès de la science et des phénomènes de catastrophes naturelles qui ont marque les esprits et pousse les scientifiques et philosophes a s'interroger sur les causes et effets de ces événements. La partie climato commence après  

 

 

Introduction Historique

 

Dans cette partie on commence par un peu d’Histoire et quelques détails sur des phénomènes météos qui ont marque l’Europe, sans s’attarder trop sur les valeurs qu’on traite en détail dans la 2e partie (donc pour la climatologies -> partie 2 ci dessous!)

 

Le 18e siècle est un tournant dans l’Histoire de l’humanité, du fait du développement exponentiel des connaissances qui débute en Europe.

 

Les Hommes s’intéressent alors a tout (philosophie, politique, économie, justice, et bien sur, la science), et des progrès considérables sont réalisés dans toutes les disciplines. 

 

D’un point de vue scientifique, il se produit de grandes avancées dans tous les domaines: la médecine (vaccin contre la variole, description precise des phénomènes épidémiques avec l’analyse de Daniel Defoe de la grande peste de Londres en 1665, ou l’analyse de la peste de Marseille en 1720), les mathématiques, mais aussi en météorologie et climat par exemple: des sciences aux quelles on ne s’intéressait que tres peu jusqu’a la fin du 17e siècle.

 

Plusieurs phénomènes poussent les hommes a s’interroger d’avantage sur des phénomènes mal compris au 18e siècle, et en particulier les hivers tres rigoureux font parlés d’eux et entrent parfois dans la légende pour leurs effets dévastateurs. Voici quelques exemples de phénomènes important dans l’Histoire Européenne ou du développement de la science:

 

• La tempête du 26 Novembre 1703 en Angleterre: 

 

Daniel Defoe, un écrivain contemporain, écrit un livre décrivant la tempête, en relatant les informations et des témoignages de toutes les zones touchées pour étudier la trajectoire, la force des vents etc… Dans ce qui serait la premier ouvrage traitant spécifiquement d’un phénomène météo Il décrit notamment pour la première fois l’effet Bernoulli:

 

Defoe remarque que les bâtiments de Londres perdent largement plus de tuiles et ardoises sur les cotes abrites des toitures que du cote face au vent, et que des petits bâtiments apriori abrites par des grands bâtiments perdent souvent l’intégralité de leur toit… Un phénomène curieux qui s’explique en fait par une baisse substantielle de la pression du cote abrite!

 

 

 

 

• L'hiver 1709:

 

Cet hiver marque l’Histoire de plusieurs manières: 

 

-c’est l’un des plus rudes des derniers siècles, avec sa vague de froid de Janvier qui fait grelotter l’Europe toute entière… en plus de nouvelles vagues de froid en Février puis en Mars. 

 

-Il cause une des pire famines de l’Histoire Européenne, qui intervient a un moment difficile de l’Histoire: l’Europe de l’Ouest est alors en guerre pour la succession de la couronne Espagnole, alors qu’a l’Est, le Royaume de Suède fait la guerre a la Russie.

 

A l’Est, le roi de Suede Charles XII, pourtant connu pour être un fin stratège militaire, poursuit l’armée Russe vers l’Est a travers la steppe, et, lorsque l’hiver arrive, le froid décime l’armée Suédoise, qui perd environ 16,000 de ses 40,000 hommes en 3 mois sans meme avoir affronté les Russes. Les Suédois seront définitivement battus a la bataille de Poltava l’été suivant: le roi Charles XII est alors forcé d’abandonner ses rêves de dominer l’Europe de l’Est et d’imposer l’hégémonie Suédoise autour de la Baltique, alors que l’empire Russe s’impose alors en tant que puissance militaire de l’Est.

 

A l’Ouest, l’hiver 1709 marque un arrêt forcé a la guerre de succession Espagnole. Le gèle des récoltes lors de la vague de froid de Mars en Europe de l’Ouest cree une grave famine, et déclenche ainsi son lot d’épidémies mortelles et la pire crise économique de ces derniers siècles en Europe de l’Ouest.

 

-C’est aussi un des premiers phénomènes météo du quel les Européens parlent entre eux, cf ces mots du roi de France Louis XIV, qui a pourtant connu des hivers rudes durant son long règne depuis 1643… Louis XIV écrit a une membre de sa famille a Hanovre:

 

'Le froid ici est si féroce qu'il défie toute description. Je suis assis près d'un feu crépitant, j'ai un écran devant la porte, qui est fermée, de sorte que je puisse m'asseoir ici avec une fourrure autour du cou et mes pieds dans un sac en peau d'ours, et je tremble encore et je peux à peine tenir la plume . Jamais de ma vie je n'ai vu un hiver comme celui-ci, qui gèle le vin en carafe.'

 

A la cour de Louis XIV, un contemporain écrit: "l’eau de la reine de Hongrie, les élixirs les plus forts et les liqueurs les plus spiritueuses cassèrent leurs bouteilles". Il insiste sur la perte d’arbres fruitiers, y compris la vigne : "il ne resta plus ni noyers, ni oliviers, ni pommiers, ni vignes",

 

la lagune de Venise gelee:

 

 

 

 

 

 

• Le tremblement de terre de Lisbonne en 1755: 

 

L’un des plus grands désastres de l’Histoire Européenne cree l’émoi dans la haute société européenne, ou les personnes instruites en parle a leurs amis et familles par correspondance… Notamment Voltaire, qui écrit quelques années plus tard Candide ou l’optimisme, dans le quel le personnage principal est présent lors de la destruction de Lisbonne. Cet événement met définitivement fin a la puissance de l’empire portugais, qui déclinait deja depuis plus d’un siècle. Si l’église accuse une vengeance divine, les esprits des lumières commencent alors a s’intéresser a la géologie, ainsi qu’aux émotions humaines telle que l’empathie éprouvée pour la souffrance des autres devant de tels désastres

 

 

 

L’Hiver 1788/89:

 

 

A la fin du 18e siècle, de nombreux observatoires ont été crees par des scientifiques professionnels, en plus de météorologues ou scientifiques amateurs qui mesurent et reportent également leurs observations. Un nouvel événement exceptionnel va venir accentuer la vitesse du développement de ces réseaux d’observations et communication entre scientifiques tout en marquant les mémoires: c’est l’hiver 1788/89. Les européens de tous les pays échangent des observations, temperatures, et discutent de cet événement par correspondance. Les observations affluent de tous les coins de l’Europe, y compris de Russie par exemple. 

 

Une étude réalisée par des scientifiques du projet Copernicus a étudié précisément les relevés de près d’une cinquantaine d’observateurs a l’époque, dot voici les localisations ci dessous, pour essayer d’expliquer l’intensité du froid et de la comparer a d’autres hivers recents:

 

 

L’hiver 1788-89 crée également une chaine de reactions politiques importantes a l’échelle Européenne: la 2e VDF de Mars gèle a nouveau les cultures d’hiver en France, et une nouvelle famine débute ainsi au printemps 1789, qui va de fil en aiguille conduire a la revolution Francaise, la proclamation de la république, et une guerre Européenne ou les Francais sont forces de défendre leur nouvelle république face a plusieurs voisins Européens.

 

 

L’Hiver 1794/95:

 

En Janvier 1795, le général Francais Pichegru capture la flotte militaire Hollandaise, coincée dans les glaces au large de la Hollande,  avec une charge de cavalerie de ses Hussards.

 

" Nos escadrons traversèrent au galop ces plaines de glace. Les hussards et les artilleurs à cheval sommèrent comme une place forte ces vaisseaux devenus immobiles; " raconta Thiers."

 

 

 

 

 

Les hivers altérant le cours de l’Histoire continuent jusqu’au 20e siècle, notamment en période de conflit: Napoleon perd sa grande armée durant la retraite de Russie lors d’une VDF précoce ou les temperatures descendent aux alentours de -30 fin Novembre dans l’Ouest Russe, comme le montre Les notes de Francois Arago sur l’hiver de 1812/13, et le désastre de la campagne de Russie…

 

 

 

 

 

2e Partie: etude statistique des grands hivers des 18e et 19e siècles: CLIMATOLOGIE

 

Les grands hivers d’antan sont souvent traiter de manière subjective en utilisant des citations d’un abbe Untel ou d’une paroisse de trifouille les oies… Mais personnellement j’ai toujours gardé un esprit critique vis a vis des ces descriptions: on sait tres bien la tendance de l’être humain a vouloir utiliser le fameux ‘on n’a jamais vu ca’ a propos d’événements qui se sont pourtant produits plusieurs fois, souvent de mémoire d’Homme… Il s’agit ici de tenter de classer les grands hivers des siècles précédents et de les comparer a ceux du 20e siècle, en utilisant des méthodes scientifiques et quantifiables (autant que possible). J’ai aussi utilisé quelques citations, mais en ce qui concerne les descriptions, j’ai tenté de garder des sources relativement fiables (des scientifiques observateurs a l’époque ou retraçant les événements plus tard, tels que Francois Arago ou Lavoisier).

 

METHODOLOGIE:

 

J’ai utilisé les données de 3 villes d’Europe centrale dont je dispose des données continues depuis avant 1830, et pris la moyenne sur quelques hivers les plus rigoureux (1830; 1838; 1879/80; 1893; et 1929 et 1940 pour comparer les hivers du 19e siècle a ceux du 20e siècle). Il s’agit de Hohenpeissenberg, dans le Sud de l’Allemagne, Prague en Rep Tchèque (depuis le 18e siècle, j’utilise la moyenne de ces deux villes pour les hivers 1789 et 1795), puis j’ai ajouté Iena pour les hivers 1830, 1838, 1879/80 et 1893.

 

J’ai aussi retrouvé les relevés de temperature de Paris, sur le site meteobreizh pour tous les hivers sauf 1795, et j’ai utilise les TM journalières pour Stockholm depuis 1756 dispo sur le site de l’ECAD.

 

 

Hiver 1892/1893:

 

Comme les grands hivers du 20e siècle, durant l’hiver 1893 c’est le pole du froid Sibérien qui vient s’installer a l’Ouest de l’Oural pour donner des conditions tres hivernales sur toute l’Europe, avec une reserve d’air glacial a portée d’anticyclone

 

 

https://imgur.com/a/lJETg6x

 

Pour l’Europe centrale,  l’intensité de la VDF de Janvier est comparable a celles de 1940 ou de 1929.

 

 

En revanche l’hiver est bien plus court, et ca se ressent au score d’un indice de sévérité que j’ai recréé pour ce panel de stations:

	TM<=-10	TM<=-15	Points
1893	13	5	68
1929	15	7	105
1940	19	6	102

 

Note: pour l’indice, puisqu’on ne s’intéresse qu’aux plus grandes vagues de froid, j’ai pris une version ’spéciale grands froids’ ou il faut une TM d’au moins -8 degres pour marquer un point:

 

*-10<TM<=-8	1
*-12<TM<=-10	2
*-14<TM<=-12	3
*-16<TM<=-14	5
*-18<TM<=-16	8
*TM<=-18	12

 

Une TM de -8 degrés sur cette region correspond en gros au 1er decile des TM hivernales les plus froides, TM de -10 = 5e centile des TM les plus froides, etc…

 

A comparer en Allemagne sur le meme panel de 5 stations utilisées pour les hivers du 20e siècle (Potsdam, Munich, Frankfort, Iena, Breme) on voit que l’Hiver 1893 se classe finalement derriere les plus grands hivers du 20e siècle (le score est different puisque le panel est different ici)

 

 

En Europe de l’Est, cet hiver 1893 est par contre plus exceptionnel: Ci dessous l’hiver 1892/93 en Jaune vs l’hiver 1941/42 en bleu fonce et l’hiver 1939/40 en pointilles bleu…. Le grand froid arrive des la mi Decembre, et dure sans relâche jusqu’a la fin Mars

 

 

L’Hiver 1892/93 est également impressionnant a Stockholm: ou il surpasse l’hiver 1986/87 et arrive en 2e hiver le plus froid depuis la fin du 19e siecle derriere l’hiver 1942:

 

	Points	TM<-10	TM<-15	TM<-20	min 7DMA
1892/93	166	27	10	2	-16.1
1941/42	198	47	10	1	-17.4
1986/87	134	25	8	4	-19.9

 

 

Alors qu’en Europe de l’Ouest, cet hiver est clairement moins rigoureux que ceux étudiés au 20e siecle:

 

Pour Paris en utilisant les seuils suivants: c’est le moins rigoureux des hivers étudiés sur les siecles precedents.

 

	POINTS
*-6<TM<=-4	1
*-8<TM<=-6	2
*-10<TM<=-8	3
*-11<TM<=-10	5
*-12<TM<=-11	8
TM<=-12	12

 

	TM<-5	TM<-10	TM<-15	Points
1893	8	1	0	24

 

 

Hiver 1879/80:

 

Cette VDF est sans doute la plus connue du 19e siècle parmi les passionnes météo, et pour cause, elle établit des records absolus dans bon nombre de villes du Nord de la France, a commencé par Paris avec -23.9 au parc Montsouris le 10 Décembre… A Paris, c’est meme le mois calendaire le plus froid de ces 3 derniers siècles, avec une TM s’approchant de -7.8 degrés, battant aisément le 2e de la liste. La VDF de Decembre est également suivie d’une 2e VDF en Janvier, meme si cette dernière est évidemment moins forte que la premiere.

 

Temperatures a Paris Montsouris durant l’hiver 1879/80:

 

 

En utilisant le meme index de sévérité pour Paris que celui utilise pour 1893: a noter que, selon ce critère, l'hiver 1879/80 a Paris n'aurait pas été l'hiver le plus rude de ces derniers siècles, et il serait devance par 1788/89 et 1829/30 (plus d'infos plus bas:

 

 

	TM<-5	TM<-10	TM<-15	Points
1879/80	25	8	1	114

 

 

Strasbourg Dec 1879:

 

 

TM a Strasbourg en Dec 1879 vs les VDF de 1929 et 1940 (la VDF de 1940 est en fait plus longue): le pics d’intensité est un peu plus fort en Dec 1879, mais la difference n’est pas non plus énorme vs 1929 ou 1940. En terme de sévérité, Dec 1879 l’emporterait haut la main cependant, malgré un froid plus long en 1940.

 

 

 

Commercy (lorraine), Dec 1879: 13 nuits a -20 degres!

 

 

 

TNN Décembre 1879 d’après-guerres le livre de G Sechet ‘Y’a plus de Saisons’: des valeurs impressionnantes sur une bande allant de Rennes a l’Alsace… mais relativement classiques dans le tiers Sud.

 

 

 

En revanche, la region concernée par ce froid Historique reste en fait tres limitée a une bande allant du Nord de la France a l’Europe Centrale, alors que les temperatures sur les autres regions d’Europe allant de la GB a la Scandinavie, Europe de l’Est, et regions Méditerranéennes n’ont rien d’extraordinaires.

 

Sur mon panel de 3 stations d’Europe centrale, l’Hiver 1879/80 apparait d’intensité moindre que les hivers 1929 et 1940, avec une seule journée ou la TM descend en dessous de -15 (contre 7 en 1929 et 6 en 1940), et 8 journées ou la TM descend en dessous de -10 (contre 15 en 1929, et 19 en 1940)

 

 

Statistiquement, l’hiver 1879/80 est bien moins remarquable que les hivers 1929 et 1940 en EUROPE CENTRALE:

 

	TM<=-10	TM<=-15	Points
1879/80	11	1	45
1929	15	7	105
1940	19	6	102

 

Reconstruction interessante de l’anomalie de geopotentiels cet hiver la (gauche) et temperatures a droite: un hiver finalement plutôt normal en Russie alors que le Nord de la Scandinavie connait meme un hiver plutôt doux (et la GB un hiver plutôt normal).

 

 

 

 

 

La Seine gèle complètement a Paris, on la traverse meme a cheval puisque la couche de glace atteint 40cm… Il y a 30-40cm de neige au sol. La Seine a gelé pedant 3 semaines cet hiver la: photos en suivant le lien ci dessous, montrant la debacle de la Seine (1, 2), des illustrations de Paris dans un journal d'époques (3,4) et la riviere gelée pres de Barbin a Nantes (5, credit météo passion)

 

 

https://imgur.com/a/0Pkj84L

 

 

L’HIVER 1838

 

Le froid de l’hiver concerne toute l’Europe, y compris l’Europe de l’Ouest et la GB, et est particulièrement marqué en Janvier ou l’Europe toute entière connait une VDF intense. Cet hiver est notamment memorable pour sa VDF de Janvier qui perdure jusqu’en Fevrier, alors les mois de Décembre et Mars sont plutôt normaux voire doux.

 

 

 

L’hiver 1838 est tres severe a Paris avec un indice de sévérité de 83, se classant ainsi en 5e position des hivers les plus rudes pour la capitale Francaise depuis 1700, derriere 1789, 1709, 1830 et 1879/80, et a égalité avec 1776.

 

 

	TM<-5	TM<-10	TM<-15	Points
1838	18	5	1	83

 

TM a Uccle et Paris en 1838:

 

 

Sur on panel de 3 stations d’Europe centrale, l’hiver 1837/38 apparait un peu moins severe que les hivers de 1929 et 1940: on voit aussi que l’Europe centrale connait un nouveau pic de froid severe mi février.

 

 

 

Meme nombre de journées ou la TM atteint -10, un peu moins de jours avec TM a -15… le score de sévérité  est clairement plus faible meme si l’hiver 1838 fait mieux que 1879 ou 1893.

 

	TM<=-10	TM<=-15	Points
1838	17	4	87
1929	15	7	105
1940	19	6	102

 

Sur les Iles Britanniques, cet hiver est également tres rude, du fait de la vague de froid exceptionnelle de janvier: la journée du 20 Janvier serait meme la journée la plus froide en Angleterre sur les 250 dernières années avec une TM de -11.9 degrés… Ci dessous compare aux hivers les plus du 20e siècle, 1934/40 et 1962/63:

 

 

Le score de severite de l’hiver 18337/38 en GB dopasse aisément celui de 1939/40, mais on reste en dessous de l’hiver 1962/63 du fait de la durée plus courte du froid. la semaine la plus froide de 1838 fut par contre nettement plus severe que la semaine la plus froide de 1963, ce qui n'est pas rien...

 

	Points	TM<0	TM<-5	TM<-8	min 7DMA
1837/38	92	34	6	2	-6.2
1939/40	66	38	4	0	-4.8
1962/63	114	57	5	2	-5.2

 

 

L’HIVER 1829-30

 

Cet hiver est connu pour avoir été le plus glacial du 19e siècle en Europe de l’Ouest et en Europe centrale. Comme l’hiver 1879/80, il commence tot, avec des grands froids qui arrivent par l’est des Novembre. Francois Arago relate la chute du mercure a travers l’Europe, d’Est en Ouest, au debut de l’hiver:

 

Les fortes gelees debutant debut Novembre en Europe de l’Est et atteignent la France des la fin du mois de novembre: le 3/11, le mercure tombe a -5 degres a Varsovie et il fait -5.3 degrés a Paris le 22/11, puis les grands froids déferlent sur l’Europe a la fin Decembre: -30 a St Petersbourg le 22/12, -21 a Berlin le 23/12, -12.2 degrés a Paris le 26/12, puis -10.3 degrés a Toulouse le 27/12 et -23.6 degrés a Aurillac, -14.2 degrés a Pau, -10.1 a Marseille le 28/12….

 

 

En utilisant les données de 3 villes d’Europe Centrale et en les comparant aux hiver 1940 et 1929, on voit que l’hiver 1829/30 est effectivement un événement dantesque, de part sa longueur ainsi que par son intensité maximale (meme si 1929 fait un peu mieux pour l’intensité max).

 

 

Bien plus froid dés la fin de l'Automne, le gros froid s’empare de l’Europe Centrale pour de bon des Novembre, et sans que cette région ne connaisse de vrai redoux, la VDF historique de fin Janvier / Debut Février arrive la dessus… Si l’intensité maximale sur une journée reste a 2 degrés de celle de 1929 (-21.7 en 1830 le 31 Janvier vs -23.7 le 11 Fevrier en 1929), 1830 compte par contre 5 journées consécutives avec une TM inférieure a -20 degrés sur ce panel de 3 stations…. Contre seulement 3 en 1929. Au score de sévérité il n’y a pas photo:

 

	TM<=-10	TM<=-15	Points
1830	24	9	151
1929	15	7	105
1940	19	6	102

 

A Paris, entre debut décembre et debut Fevrier on ne compte qu’une réelle période de dégel fin Janvier: a part ca, les TX sont comprises entre 2 degrés (pas assez pour faire fondre la neige en Janvier) et -11.8 degrés au plus froid (le 2 Fevrier)…

 

 

Le score de sévérité pour Paris est sans appel: 127 points, c'est le 3e hiver le plus rude depuis 1700 a Paris.

 

	TM<-5	TM<-10	TM<-15	Points
1830	24	14	0	127

 

 

Les TM a Uccle et Paris: les pics d’intensité sont moins forts qu’en 1838, ou la TM avait atteinte -15 degrés dans ces deux villes…

 

 

 

Selon Arago, après une VDF intense en Décembre, le reste de l’Hiver est plutôt banal en Russie, ce que la reanalyse des climatologistes ont l’air de confirmer, cf les cartes ci dessous (geopotentiels a gauche et temperatures a droite): en gros on aurait eu un apport d’air Sibérien sur l’Europe toute entière en Decembre 1829, puis il semblerait que les hautes pressions se seraient encrées entre l’Islande et la Scandinavie, ce qui aurait permit de réapprovisionner le froid en Europe Centrale et occidentale alors qu’un temps de saison, ou en tout cas bien moins froid, serait revenu sur l’Ouest Russse.

 

 

 

 

Pour finir, voici une liste de TNN relevées durant cet hiver, selon Arago: en France on voit des valeurs tres basses mais finalement relativement comparables a 1985 ou 1956 semble t il. En Europe de l’Est on serait en gros au niveau des VDF de Fevrier 1929 ou janvier 1940 en terme de TNN absolues.

 

France:

 

 

 

Europe:

 

 

 

 

 

L’Hiver 1794/95:

 

Le dernier quart du 18e siècle connait une série d’hivers tres rigoureux, un peu comme le dernier quart du 17e siècle, avec pas moins de 8 hivers tres froids en 25 ans: 1776, 1784, 1785, 1786, 1789, 1795, 1799 et 1800 (et meme 9 en 27 ans avec 1803).

 

 

L’hiver 1795 est tout a fait memorable notamment dans l’ouest de l’Europe, ou il s’agit d’un des plus froids des 4 derniers siècles.

 

A Paris par exemple, la temperature s’abaisse jusqu’a -23.5 degrés (TN la plus basse de la fin du 18e siècle a l’observatoire), et la temperature moyenne du mois atteint -6.2 degrés. Ce froid prolongé permet a la Seine de geler pendant 34 jours, l’une des plus longues series de ces derniers siècles.

 

 

En GB, les relevés du CET (Central England Temperature) confirment le caractère exceptionnel de l’événement sur les 250 dernières années: 1795 en bleu foncé, l’hiver 1962/63 en pointillés en rouge pour comparaison (plus froid des 200 dernières années)… autres hivers en gris.

 

 

La severite de l’hiver 1795 en GB est du meme ordre que 1962/63, peut être meme un peu plus severe

 

	Points	TM<0	TM<-5	TM<-8	min 7DMA
1794/95	118	49	8	1	-6
1939/40	66	38	4	0	-4.8
1962/63	114	57	5	2	-5.2

 

Ce qui en fait l’hiver le plus severe depuis au moins 1772 (et en réalité depuis 1694/95 voire 1683/84).

 

 

 

En revanche, en Europe centrale, l’hiver 1795 apparait tres froid sans être exceptionnel, se classant finalement a peu près au milieu ds hivers froids de la fin du 18e siècle: l’intensité maximale sur un panel de 2 stations (Hohenpeissenberg et Prague) n’atteint pas les -15 degres contrairement a 1929 ou 1940 ou ils sont atteint plusieurs fois

 

 

En terme du score de severite, l’hiver 1794/95 est largement moins froid en Europe centrale que tous les autres étudiés sur la periode, et aurait en fait été moins froid que les hivers de 1776, 1784, 1789 et 1799 en Europe centrale.

 

	TM<=-10	TM<=-15	Points
1795	13	0	45
1929	14	6	105
1940	18	8	102

 

Enfin, en Scandinavie l’hiver 1795 est tres rude mais ont este loin de la rigueur de 1942 ou meme de 1987, comme on le voit dans ce tableau comparant ces 3 hivers:

 

	Points	TM<-10	TM<-15	TM<-20	min 7DMA
1794/95	101	31	1	0	-12.3
1941/42	198	47	10	1	-17.4
1986/87	134	25	8	4	-19.9

 

 

L’hiver 1795 aurait donc été parmi les plus mémorables sur l’Ouest de l’Europe et en GB, et tres froid mais d’un calibre similaire a de multiples autres grands hivers sur l’Europe centrale ainsi qu’en Scandinavie. Je n’ai pas trouvé de modélisation de pression ou geopotentiels pour cet hiver, mais on peut supposer un blocage surtout centre entre la GB, le Groenland et le la Scandinavie / Spitzberg, un peu comme en Fevrier 1895, 1963 ou Nov/Dec 2010 par exemple. Ceci expliquerait a la fois les temperatures extraordinaires en GB / France / Benelux, et tres froides de manière durable, mais pas (ou moins) exceptionnelles, en Scandinavie, Europe centrale et de l’Est, du fait de la provenance de l’air.

 

 

Suite dans le message suivant....  

 

 

[Hugo_HK]

SUITE ET FIN:

 

Hiver 1788/89:

 

 

 

CLIMATOLOGIE:

 

L’hiver 1788/89 connait plusieurs VDF successives. Une premiere, tres intense et tres précoce, concerne l’Europe des le mois de Novembre. Il fait par exemple -16 a Paris fin Novembre, et la Seine gèle des le 26/11 pour la plus longue période enregistrée ces derniers siècles, de 56 jours jusqu’au 20 Janvier… Un nouveau pic de froid concerne l’Europe mi-Decembre, et une, plus intense encore, de fin Décembre a mi Janvier. Enfin, une nouvelle VDF plus faible concerne l’Europe toute entière au mois de mars, et fait geler les récoltes d’hiver en Europe de l’Ouest, avec des consequences historiques pour la France et meme l’Europe: c’est le debut de 25 ans de guerre et de violence.

 

L’etude du projet Copernicus compare les 3 VDF principales de l’hiver 1788/89 (mais pas celle de mars malheureusement) a quelques VDF récentes sur l’Europe centrale:

 

 

 

 

Selon cette étude, l’intensité maximale du froid en Europe Centrale lors de la VDF de fin décembre aurait légèrement battu celle de Février 1956, d’environ 0.75 degrés celsius, alors que l’intensité moyenne aurait aisément battu 56, mais sur une durée plus courte (14 jours vs 27 jours en 1956). L’intensité de la VDF de Novembre est également surprenante, on n’est qu’a un degrés du grand froid de fin décembre 1962 par exemple, alors que le froid de mi Décembre aurait battu celui de Janvier 1963 de plus d’un degrés celsius…

 

Reconstruction de la pression atmosphérique, basée sur des observations de l’époque et une remodselisation numérique, pour la période de fin décembre a debut janvier:

 

 

 

 

On voit bien l’affaissement d’une premiere dorsale sur l’Europe de l’Ouest entre les 21 et 25 Dec, alors que le vortex polaire se concentre alors sur le Nord Est de l’Europe, avant qu’une nouvelle dorsale hyper puissante ne se forme pour faire couler le vortex polaire sur l’Europe. La pression atmosphérique augmente alors massivement pour dépasser les 1045hpa (probablement du 1055hpa en son centre sur la Scandinavie / mer du nord debut Janvier?), piégeant ainsi l’air froid sous une chape de plomb pour une bonne partie du mois de janvier…

 

D’un point de vue comparatif vs des hivers plus recents, l’étude du projet Copernicus propose aussi une reanalyse de l’événement en calculant le nombre de jours de VDF (nombre de jours dans les 10% des TM les plus froides sur la période 1950-2020 - personnellement je ne trouve pas que c’est une bonne definition  puisque ca ne prend pas en compte l’intensité maximale du froid etc)

 

 

A regarder de plus prêt les quelques stations pour les quelles on a des relevés quotidiens disponibles, le panel d’Europe centrale passe maintenant a 2 stations (Prague et Hohenpeissenberg): L’hiver 1788/89 est clairement brutal, avec une intensité maximale similaire aux plus grands hivers du 20e siècle, mais la période de grand froid ininterrompue de fin Novembre a debut Janvier fait pâlir meme les hivers 1929 et 1940 en terme de durée….

 

 

 

La rigueur de l’hiver 1788/89 se ressent au compteur: interessant de noter qu’on n’est qu’a 3 points de l’hiver 1829/30: ces 2 hivers auraient été d’une rigueur similaire.

 

	TM<=-10	TM<=-15	Points
1789	25	13	154
1929	14	6	105
1940	18	8	102

 

Plus a l’Ouest, voice les relevés pour Paris: un froid tout aussi remarquable qu’en Europe centrale, sur la meme periode, et la 2e VDF de Mars qui a gelé les bles d’hivers, ou on relève jusqu’a -8 de TN et plusieurs TX autour de 0…

 

 

En utilisant l’index suivant pour la ville de Paris:

 

 

On obtient:

 

Soit un hiver plus rude que celui de 1830

 

A Paris, un contemporain écrit:

 

« Pendant que la rivière fut gelée, elle était fréquentée comme les rues ; on y voyait passer, sans aucune crainte, les hommes et les femmes, même les animaux : on y avait établi de petites boutiques de fruits et autres ; à côté des passages les plus fréquentés, qui répondaient aux guichets du Louvre, pour passer au faubourg Saint-Germain, les ponts n’étaient pas préférés, moi-même je la passai plusieurs fois ».

 

 

Un index de zonalite  a été reproduit base sur la difference de pression entre Rome-Barcelone au Sud et Trondheim - Edimbourg au Nord (moyenne sur 4 jours en rouge), qui montre une circulation atmosphérique d’Est puissante de fin Novembre a debut Janvier, puis a nouveau fin février / debut Mars…

 

 

 

 

Enfin, les TN reportées par Francois Arago dans ses mémoires ‘Oeuvres completes de Francois Arago’

 

Autre fait interessant, la TXN a Paris est la meme cette année la que pour l’hiver 1829/1830

 

 

En Europe d’après Arago: la valeur pour Breme est tres probablement sous estimée massivement… par contre ailleurs, les valeurs ne semblent pas aberrantes: du -27 a -33 dans le Sud et Centre Est de l’Allemagne et Europe Centrale jusqu’en Pologne, -23 a -30 dans l’Est de la France et l’Ouest de l’Allemagne, -15 a -25 sur la majeur partie du reste de la Franc hormis le Sud Ouest. De manière générale c’est plus froid que les plus grands hivers du 20e siècle

 

 

 

 

 

 

L’hiver 1708/09

 

 

S’il existe alors deja quelques observations météos au debut du 18e siècle, elles sont moins fiables que les donnes de la fin du 18 siècle pour plusieurs raisons (point de mesure, différents thermomètres utilises etc…), ainsi que moins régulières, et il faut donc les étudier precaution.

 

J’ai tout de meme trouve des series de temperatures qui ont l’air décentes, dont certaines ont été analysées par des climatologues dans les siècles suivants. 

 

Si il nous reste peu de valeurs datant de Décembre 1708, qui fut décrit comme doux par les observateurs contemporains , la tournure de l’hiver change dramatiquement debut Janvier lorsque le froid Sibérien envahit l’Europe.

 

Les relevés de temperatures de Berlin montrent que, mis a part un bref intermède mi Février ou le dégel atteint l’Europe Centrale, le grand froid persiste du 5 janvier jusqu’au solstice de Printemps, presque sans interruptions.

 

Plus a l’Ouest, on mesure 3 vagues de froid successives:

 

Une premiere historique qui commence dans la soiree du 4 au 5 Janvier, marquée par de tres lourdes chutes de neige sur une grande partie de la France, sans doute située en plein dans le conflit masses d’air entre l’Atlantique et l’air Sibérien: il tombe par exemple 60cm de neige en plein Paris. Puis, après un redoux fin Janvier, une 2e VDF concerne le pays vers la fin Février, et, enfin, une 3e en Mars (bien que ces deux dernières soient bien plus faibles que la premiere).

 

De manière générale, l’hiver 1708/09 c’est l’histoire d’un combat de titans entre l’anticyclone Sibérien a l’Est et l’air Atlantique a l’Ouest, avec une différence marquée entre l’Ouest du continent, ou la douceur parvient tout de meme a s’imposer a interval régulier, et l’Est et le Nord ou le froid ne lache pas prise de Janvier a fin Mars:

 

Estimation par modélisation des cartes de pression moyenne de Janvier, Février et Mars: une situation qui pourrait avoir été relativement similaire a celles des grands hivers du 20e siècle, avec un anticyclone Sibérien qui s’étend vers l’Ouest et ls Scandinavie, puis qui rabat l’air glacial sur l’Europe.

 

 

Un peu comme en 1940, le froid reste constant (3 mois) en Allemagne et Europe centrale, alors que sur la partie Ouest du continent, l’air glacial et la douceur océanique se battent, le premier l’emportant temporairement en Janvier avec un retour de la douceur en Fevrier, puis du froid a nouveau fin Fevrier et en Mars.

 

 

Temperatures minimales relevées a Berlin en 1709 (Janvier-Mars), vs les hivers historiques de 1929 et 1940: on voit bien la premiere période de grand froid qui dure jusqu’a debut Fevrier, puis un redoux tres notable milieu février, et une nouvelle VDF severe d’un mois entre le 18 Fevrier et le 18 Mars.

 

 

 

Au total on compte une douzaine de TN a -20 a Berlin en 1709 (10 en Janvier, 1 en Fevrier et 1 en Mars), contre 7 en 1940 et 8 en 1929. On compte aussi 4 TN a -25 a Berlin en 1709, contre 2 en 1929 et aucune en 1940.

 

 

Plus au Sud, a Vienne, le froid brutal arrive également vers le 5 Janvier, et la premiere VDF dure jusqu’a la mi février, ou un doux Sirocco cause un dégèle et fait espérer la fonte des neiges… vers le 18-19 Fevrier, alors que le froid est deja de retour a Berlin, le Danube connait une debacle tres rapide en Autriche, causant des dégâts matériels tres graves (ponts détruits etc…). Apres quelques jours ou le temps oscille entre tres froid et dégel a la fin du mois de Février a Vienne, le temps froid l’emporte le 27 Février avec une nouvelle VDF qui dure jusqu’aux environs du 13 Mars. Le Danube est a nouveau totalement gèle et une nouvelle debacle calamiteuse se produit entre les 14 et 16 Mars. La situation est alors tres difficile: l’eau de fonte de neige et de glace augmente de le debit des fleuves, les blocs de glaces bloquent le cours des rivières et la terre gelée n’absorbe pas l’eau de crue… s’en suivent des inondations catastrophiques partout en Europe centrale.

 

Plus au Nord, a Copenhague, l’intensité du froid est moins extreme qu’a Berlin ou Paris, et on reste en dessous des niveaux des hivers historiques de 1940 ou 1942. Interessant de constater que la 2e VDF est au moins aussi forte que celle de janvier… Copenhague aurait donc été un peu a l’écart des plus gros froids de janvier car trop proche du centre du blocage anticyclonique sur la Scandinavie? On voit aussi 2 redoux, l’un qui ne dure que deux jours fin Janvier, et un autre également faible mi février avant une nouvelle VDF puissante de mi février a fin Mars.

 

 

 

A Delft en Hollande (près de la mer du Nord vers la ville de La Hague), la TM baisse brutalement le 6 Janvier comme a Paris, et le redoux intervient fin Janvier, comme a Paris ici. La grosse baisse de température observée a Berlin debut Février peine a atteindre la Hollande, signe que l’air doux et et l’air glacial se battent pour l’Europe de l’Ouest. La température mi février est tres douce, avant une nouvelle vague de froid bien plus faible fin Février (tres loin en intensité de celle observée plus a l’Est).

 

 

 

 

 

Au Sud de la France, l’etude que j’ai trouve ne donne pas toutes les valeurs de l’hiver pout Montpellier, mais on voit bien l’arrivée brutale du grand froid debut Janvier (le 7) avant un redoux qui intervient fin Janvier et atteint meme des niveaux printaniers mi Février (d’ou les degats sur les cultures d’hiver aprs la VDF de février)

 

 

 

Meme dans le Sud Ouest de la France, ou les observations météo sont tres anciennes du fait des vignobles, les temperatures a Libourne (près de St Emilion) sont dingues: les vignes sont entièrement gelées cette année la et toutes replantées l’année d’après.

 

11/01: -23c; 30cm de neige au sol.

13/01: -20c

14/01: -20c

15/01: -19c

16/01: -18c

17/01: -19c

18/01: -18c

19/01: -20c

20/1: -24c!

21/1: -19c

22/1: -16c

 

Selon Francois Arago, a l’observatoire de paris, La Hire mesure pas moins de 4 journées en dessous de -20

 

6 Janvier: -1.4

7 Janvier: -7.6

10 Janvier: -18.0

13 Janvier: -23.1 (Louis Morin mesure -18.1 ce jour la)

14 Janvier: -21.3 (LM: -18.1)

Puis apres un bref redoux tres relatif autour du 17 (toujours largement en dessous de 0…)

20 janvier: -20.4

21 janvier: -20.6 (LM: -18.1)

 

 

 

Observations de Louis Morin lors de l’hiver 1709: on y voit bien la VDF historique de Janvier, la 2e VDF de Fevrier, moins intense mais qui a quand meme vu des temperatures exceptionnelles pour les conditions: une TN a -13 et TX a -4 / -5 a Paris, fin février donc tard dans la saison, sans neige au sol (d’ou le gel des cultures), c’est tres rare meme pour l’époque et ca témoigne d’une masse d’air en altitude qui a du être glaciale. Puis une 3e VDF mi Mars avec une forte gelée et un jour sans dégel.

 

 

 

 

En terme de valeurs minimales absolues, on mesure:

 

-29.4 a Berlin, et -19 l’après midi… La temperature moyenne de ce mois a Berlin est inférieure a -13 degrés, ce qui en ferait aujourd’hui un mois normal en Sibérie Occidentale du coté de l’Oural...

-23.1 a Paris observatoire (mesure par de la Hire), et -18.1 pour louis Morin, temperature observee 4 fois les 13, 14, 19 et 21 Janvier

-24 a Libourne pas des vignobles de St Emilion.

-17.5 a Londres le 11 janvier, plus froid de l’Histoire.

-17.5 a Marseille les 11, 13 et 14 janvier. Le vieux port aurait été entièrement pris par les glaces.

-18 a Venise ou la lagune est prise par les glaces aussi - Les Vénitiens font du patin a glace sur les canaux…

-16.1 a Montpellier

 

La mer Baltique est entièrement gelée, et le continuité du froid au Nord et a l’Est retarde le degel  au mois d’Avril: Arago ecrit meme que ‘le 8 Avril, la Baltique était entièrement glacée aussi loin que la vue, aidée de lunettes, pouvait s’étendre’.

 

Modélisation des anomalies de temperatures de l’hiver 1708/09 selon le ‘European Union Millenium Project’ vs les normes 1971/2000: c’est l’Europe centrale et de l’Est qui auraient connu l’anomalie froide la plus forte, ce qui fait sens compte tenu des récits historiques et mesures de temperatures de Berlin qui montrent clairement que les redoux observes en Europe de l’Ouest ont vraiment peines a concerner l’Est du continent.

 

 

 

Et des anomalies mensuelles: on retrouve l’option Moscou Paris avec air Sibérien pilote par une extension de l’Anticyclone Sibérien vers le NO Russe et la Scandinavie, situation qui perdure de Janvier a Mars…. (Reconstruction par Luterbacher et al)

 

 

Note: discussion sur les TNN de 1709:

 

Suite a l’hiver tres rigoureux de 1776, le scientifique Francais Antoine Lavoisier (plus connu pour ces contributions en Chimie, le fameux ‘rien ne se cree, rien ne se perd, tout se transforme’) est chargé de tenter de determiner si le froid de 1776 aurait pu surpasser celui de 1709, alors encore appellé communément le ‘Grand hiver’ et considéré comme l’hiver ou le froid avait atteint un degrés plus important que durant tous les autres hivers. Réalisant quelques experiences en utilisant un vieux thermomètre utilisé par La Hire lors du Long hiver de 1740, ce thermomètre étant jugé similaire a celui qui aurait pu être utilisé en 1709, Lavoisier conclut que le froid de 1709 aurait effectivement été plus froid de 1.5 degrés Réaumur (pres de 2 degrés celsius) que le plus grand froid observe en 1776 (qui était de -19.1 degrés celsius).

 

TN a Paris reportées a l’observatoire de Paris pour quelques grands hivers depuis 1665 (convertis en celsius, reporte dans les oeuvres d’Arago)

 

 

 

Je n’ai pas trouvé de descriptions sur la manière dont ces relevés étaient faits (quelle heure, quelle hauteur, quelle exposition etc), mais a propos des relevés de l’observatoire de paris, de 1817 a 1852, les temperatures étaient relevées sous abris ventile, a 8m de hauteur (!), sur un mur exposé Nord par contre… Difficile a dire les effets que ca aurait sur les TN: 8m de hauteur on gagne clairement en temperature par nuit radiative, mais avec l’abris fixe sur un mur expose Nord on peut perdre au petit matin (pas de soleil, radoucissement plus tardif). Dans tous les cas en 1709, les relevés auraient été faits a heures fixes (comme aux 18e et 19e siècles jusqu’a l’automatisation), et donc les TN auraient pu être plus basses…

 

Il existe d’autres méthodes qui peuvent être utiles pour évaluer la rigueur des plus grands froid, notamment les observations selon les quelles meme les arbres centenaires connus pour leur resistance au froid (chenes, noyers) se fendaient sous l’effet du gel….

 

D’après un vieux sujet trouvé sur IC, les seuils de resistance au froid selon quelques espèces indiquent que des vieux arbres rustiques ne perdraient pas du froid sans que celui ci n’approche les -30 degrés, ce qui semble probable, puisque les grands froids de 1929, 1956 ou 1985 n’auraient apriori pas causés de phénomène similaire sur les espèces d’arbres poussant naturellement en Europe du Nord (sauf pour le pourtour Méditerranéen en 56). Au vu des temperatures mesurées en 1879, je pense qu’il est probable que les Tmin de Janvier 1709 aient été relativement similaires dans le Nord, et bien plus froides dans qu’en 1879 dans le Sud (plus proches de 1956 voire moins?). Mais je serai curieux d’entendre des avis la dessus?

 

RESISTANCE AU FROID

Minimum de températures hivernales occasionnant des dégâts

-6C°

Pin d'Alep

-11C°

Pin parasol

-13C°

Chêne vert

-15C°

Cyprès

-20C°

Pin maritime

-30C°

Sapin

-30C°

Chêne pédonculé

-30C°

Chêne rouvre

-30C°

Hêtre

-30C°

Epicéa

-42C°

Pin cembro

 

 

Enfin, si le phénomène de gel des grands fleuve est interessant, il ne dit finalement pas grand chose de la rigueur des hivers, et le gel des grands fleuves a surtout disparu du fait des aménagements humains (pour faciliter l’écoulement et la navigation notamment).

 

Personnellement, au vu des valeurs mesurées par la Hire, des estimations de Lavoisier, et des multiples témoignages de l’époque concernant les arbres centenaires dont les troncs éclataient sous l’effet du froid, je pense qu’on aurait tres bien pu atteindre des TN de de l’ordre de -25 en RP (pas nécessairement en plein Paris!), localement proches de -30 un peu comme en 1879. Ailleurs dans l’Est de la France dans les regions plus continentales, les -30 auraient tout a fait pu être atteint dans nombre de regions… Les valeurs de Berlin, pourtant loin d’être la ville la plus froide d’Allemagne ou les TN sont souvent plusieurs degrés plus froides dans le Sud et le Centre Est, montrent également le potentiel qu’on aurait eu avec un réseau météo comme aujourd’hui… (J’imagine qu’on aurait pu avoir du -28 / -32 generalise de l’Est de la France a l’Europe centrale, localement moins en fait). Mais je serai tres intéressé par d’autres avis sur la question?

 

Conclusion- Comparaison finale des hivers d’antan:

 

Pour les 2 stations d’Europe Continentale dont je dispose des TM mensuelles depuis le tout debut du 18e siècle, Berlin et De Bilt:

 

 

Moyenne publiée sur 3 stations - les stats a Berlin sont pour tempelhof donc les stats du 20e siecle marqueraient un Réchauffement urbain.

 

 

 

A Berlin, meme en prenant en compte une fiabilité mediocre des relevés au debut du 18e siècle, pas de doutes possibles, l’hiver 1709 est bien le plus rigoureux des 300 dernières années (il battrait le ‘long hiver de 1739/40 d’environ 1.5 degrés sur les 5 mois les plus froids…). Personnellement, je n’ai pas de mal a le croire, et je pense que la VDF de Janvier 1709 en France reste inégalée jusqu’aujourd’hui, pour 2 raisons:

 

1/ Les observations des contemporains selon les quelles des arbres rustiques centenaires se fendaient sous l’effet du gel, et seraient morts de froid cet hiver la, chose que nous n’avons connu que tres localement en 1929, 1956 et 1985 ( a ma connaissance)

 

2/ les relevés de temperatures de l’époque qui, a mon avis, surestimaient probablement les temperatures. Par exemple, sur la serie de relevés par Louis Morin, les -18.1 relevés correspondent aussi a la temperature minimale de 1695 (ou La Hire mesura -17.9 degres selon Arago), et dépassé l’intensité maximale du froid de 1684, les 2 hivers les plus froid de la fin du 17 siecle, ou de nombreux contemporains décrivent la mort de vieux arbres et de bêtes sauvages etc… En 1684, un contemporain cite par Arago ecrit: ‘Un froid tres vif dura a Paris depuis le 11 Janvier jusqu’au 17. Pendant ces 7 jours la liqueur descendit dans la boule du thermomètre bien avant ou elle n’était pas encore parvenue pendant d’autres hivers’ et reporte par exemple une experience par des contemporains de l’hiver qui virent geler du vin en extérieur apres seulement 10 a 12 minutes…

 

On retrouve également les hivers 1788/89 et 1829/30, tres proches l’un de l’autre tant a Berlin qu’a De Bilt ou en Europe centrale. En revanche, si les autres grands hivers du 19e siècle sont glacials, ils restent finalement de la meme veine que les plus grands hivers du 20e siècle, comme on l’a vu pour l’Europe centrale aussi. Plus récemment, les hivers 1940 et 1963 font finalement de la concurrence aux grands hivers du PAG.

 

En étudiant les hivers a partir de la fin du 18e siècle, on peut élargir le panel a plusieurs stations:

 

 

(Une Asterix signifie que c’est en fait le mois après qui a été plus froid, eg en 1838 a Stockholm, Fevrier = -11.8 de TM vs les -7.8 de janvier).

 

A prendre la moyenne pour chaque mois calendaire sur ces 8 villes européennes:

 

 

Décembre 1788 l’emporte assez haut la main avec une TM a l’échelle Européenne de -9.4 degrés…. Puis viennent Février 1956 assez loin derriere avec une TM de -8.6, Février 1929 a -8.3, et janvier 1838 a -8 degrés. Ensuite on attaque le ‘pack’: Janvier 1795, Dec 1879, Jan 1940, Jan 1942, Jan 1830. Et enfin des mois tres froids mais un cran en dessous: Décembre 1829, Janvier 1963, Janvier 1893, Janvier 1987. Pour Février 1940, un mois dantesque dans le Nord et l’Est de l’Europe, le gros redoux a l’Ouest plombe bien sur la TM. Les mois de Janvier 1987 et 1893 perdent également au classement car il n’y a aucune stations d’Europe de l’Est dans le panel ci dessus, ces mois ayant été bien plus remarquables a l’Est.

 

Scores de sévérité a l’échelle Européenne: (pas de données pour Paris en 1795…)

 

 

TM min sur 7 jours:

 

 

 

Ca serait donc l’hiver 1788/89 qui l’emporterait haut la main puisqu’il a été severe partout, meme si plus modéré en Grande Bretagne. Si l’hiver 1829/30 aura été plus rigoureux que ce que nous avons connu au 20e siècle en Europe Centrale et en Europe occidentale, ces statistiques montrent aussi qu’Arago aurait eu raison dans son analyse de l’hiver, selon la quelle la 2e partie de l’hiver n’aurait pas été exceptionnelle en Russie: cet hiver a été froid sans plus a Stockholm par exemple. L’hiver 1838 est tres rude sur toute l’Europe, avec une vague de froid très prononcée en Janvier qui atteint meme la France et la GB et qui aurait produit la semaine la plus froide du 19e siècle en Europe (la journée la plus froide de ces 250 dernières années en Angleterre est mesurée en Janvier 1838). L’Hiver 1879/80 figure parmi les plus rigoureux dans le Nord de la France, mais n’a rien d’exceptionnel en Europe Centrale, en GB ou en Suede. Au contraire, l’hiver 1892/93 n’aura pas été tres rude sur la partie Ouest du continent (France, GB), mais il est particulièrement froid en Europe Centrale, et c’st meme le 2e hiver le plus rude depuis 1881 pour l’Est de l’Europe.

 

 

 

 

Pour l’Europe de l’Ouest, malheureusement je n’ai pas trouve les relevés pour Paris en 1795, et il est difficile de comparer les releves de Montsouris des années 1940, 60 ou 80 a celles du 19e siècle, du a l’effet urbain bien sur… dommage car ca aurait été tres intéressant.

 

 

 

PARIS: 1788/89 l’emporte haut la main en terme de points, meme si 1830 et 1838 connaissent des semaines plus froides.

 

 

 

 

Europe Centrale: les hivers 1789 et 1830 sont a peu près equivalents en terme de froidure. La semaine la plus froide de 1830 bat facilement celles de 1788 et meme 1929, marquant le caractère exceptionnel de cet événement en Europe Centrale.

 

 

 

Scandinavie: en Scandinavie l’hiver 1788/89 est tout a fait exceptionnel, plus encore que ‘hiver 1941/42 qui détient pourtant la palme de l’hiver froid du 20e siècle… la semaine la plus froide de l’hiver 1788/89 est a peu prêt aussi froide que la semaine la plus froide de 1942, mais la semaine la plus froide de 1987 reste largement en tete… On voit aussi que les hivers 1829/30 et 1879/80 ne furent pas vraiment remarquable a Stockholm.

 

 

 

Personnellement, mon avis est que, depuis 1780:

 

L’hiver 1788/89 fut clairement au dessus de tout ce que nous avons connu au 20e siècle a l’échelle Européenne.

 

L’hiver 1795 fut probablement tres similaire a l’hiver 1962/63, avec un blocage sur l’Atlantique Nord / Groenland rabattant un froid Arctique (mais pas Sibérien) sur l’Europe, particulièrement remarquable sur la partie Ouest du continent.

 

L’hiver 1829/30 fut clairement plus rude que tous les hivers du 20e siècle en Europe centrale et Occidentale, mais comparable aux plus grands hivers a l’échelle Européenne, dans la mesure ou il fut probablement moins rigoureux en Europe de l’Est et en Scandinavie que les plus grands hivers du 20e siècle.

 

 

L’hiver 1838 fut probablement d’une intensité similaire aux plus grands hivers du 20e siècle, peut être meme légèrement plus remarquable, et exceptionnel dans toutes les regions d’Europe. Sa vague de froid de Janvier fut remarquable meme pour l’époque, et ca se ressent notamment avec la TM sur 7 jours qui atteint des niveaux tres bas en 1838.

 

L’hiver 1879/80 fut exceptionnel sur une petite partie de l’Europe de l’Ouest, mais finalement pas remarquable ailleurs en Europe, ou le froid des grands hivers du 20e siècle l’aurait surpasse.

 

L’hiver 1892/93 ne fut pas remarquablement rude en Europe de l’Ouest, mais il fut par contre remarquable en Europe Centrale, et figure parmi les plus rudes des 200 dernières années en Europe de l’Est et en Scandinavie, un peu comme l’hiver 1987 finalement.

 

 

Si l’hiver 1788/89 bat haut la main les grands hivers du 20e siècle, pour les autres ca n’est pas si clair que ca, et en tout cas je pense que l’on peut dire qu’ils étaient d’une ampleur a peu près similaire a l’échelle continentale, avec leurs spécificités régionales bien sur. L’hiver 1941/42 reste probablement le plus rude depuis 1709 sur l’Europe de l’Est (pas assez d’infos sur 1788/89). Il n’est également pas dit que les rigueurs de l’hiver 1955/56 aient été battu en Europe méridionale, y compris en 1830 ou 1789 par exemple, et l’hiver 1708/09 fut court sur le pourtour Méditerranéen Francais / Espagnol, donc a mon avis il y a de bonne chance pour que 1956 soit au coude a coude avec 1829/30 en terme de rigueur sur l'Europe Méridionale (l'hiver 1829/30 ayant aussi connu plusieurs pics de froid, donc possiblement plus rude que 1956).

 

En remontant plus loin, je pense aussi que les hivers de 1709  et 1684 furent sans doute un cran au dessus des hivers les plus rudes du 20e siècle a l’échelle Européenne. En revanche, les autres hivers rudes des 18e et 19e siècles semblent d’une ampleur a peu près similaire: je pense notamment aux années 1715/16, 1728/29, 1741/42, 1754/55, 1766/67, 1767/68, 1775/76, 1783/84, 1784/85, 1794/95, 1798/99, 1799/1800, 1810/11, 1819/20, 1822/23, 1828/29, 1840/41, 1854/55, 1870/71, 1879/80, 1890/91, 1892/93, et 1894/95.

 

Ca représenterait 12 hivers remarquables + 3 hivers ’super hivers’ pour le 18e siecle, 10 hivers remarquables + 1 ’super hiver’ pour le 19e siecle.

Et donc 15 grands hivers au 18e siècle, 11 au 19e siècle, et 7 au 20e siècle: la fréquence est clairement en baisse, comme on pouvait s’y attendre.

 

 

Il serait interessant d'entendre d'autres avis sur les valeurs de temperatures de 1709 etc. Dernière chose, utiliser un indice de sévérité n'est qu'une manière comme une autre d'étudier la sévérité d'un hiver, et il y a d'autres méthodes qui pourraient donner d'autres résultats. 

 

 

Quelques liens en plus de ceux dans le message sur les hivers du 20e siècle.

 

 

ARAGO:

 

https://books.google.com.hk/books?id=f3Q7AQAAIAAJ&pg=PA287&lpg=PA287&dq=francois+arago+hiver+1709&source=bl&ots=P9OIq2v7MR&sig=ACfU3U3hRCHs3mZ-HZdgYpYgcNUkZLV2-Q&hl=en&sa=X&ved=2ahUKEwibq6-zrM_4AhUft1YBHcFuAEsQ6AF6BAgYEAM#v=onepage&q=francois%20arago%20hiver%201709&f=false

 

https://www.persee.fr/doc/rgpso_0035-3221_1987_num_58_1_4968

 

https://www.meteo.be/fr/a-propos-irm/histoire/16eme-18eme-siecle-l-ancien-regime

 

 

 

 

Modifié 28 septembre 2022 par Hugo_HK

[Barth61]

Magnifique ! Et je rejoins ton analyse complète et super intéressante !

Même avec RC, les hivers très froids sont possibles... Et qu'il y a bien des cycles aussi ! Merci !!!

[Ghislain62]

bonjour

 

super travail ! merci de ces analyses  très intéressantes

j'aime beaucoup ces rapprochements historiques et climats

tu devrais en faire un livre !

[thib91]

Beau boulot bravo, rétrospective intéressante des grands hivers du passé.

 

Il y a une vieille étude (datant de 1928) intéressante à ce sujet et disponible en libre accès du Galicia "Les Hivers dans l'Europe occidentale , étude statistique et historique sur leur température, discussion des observations - Easton, C. ".  Elle tente de classer les hivers en Europe occidentale de 1205 à 1916 en combinant ceux ayant bénéficier d'observations thermométriques anciennes (1757-1851), moderne (1852-1916) et ceux ayant bénéficier uniquement d'informations historiques.

 

L'espace d'analyse est + restreint et ce limite à une partie de l'Europe occidentale

 

 

Voici le résultat pour la période 1757-1916, l'hiver 1829-1830 arrive en tête suivi par 1890-1891 et 1788-1789.

 

Pour la période 1205-1756

 

Globalement il identifie 6 "Grands hivers" depuis 1200 dont la rigueur a été établie historiquement.

 

1407-1408 : Un article au ce sujet de cet hiver =>https://lameteorologie.fr/issues/1999/27/meteo_1999_27_43

1434-1435

1564-1565

1607-1608

1708-1709

1829-1830

[Barth61]

Il y a 5 heures, LuckyFrenchy117 a dit :

 

Houlà toi tu lis un peu ce que tu as envie de lire...

 

Il a certes dit qu'il y avait des cycles mais que de 1. les effets du RC sont très significatifs et que du coup la variation naturelle est bien contrebalancée. Puis aussi de 2. qu'on ne sait pas si le RC a cassé ou pas la possibilité de retrouver de grandes synoptiques mais qu'il était optimiste à ce sujet.

 

Donc "les hivers très froids sont encore possibles" non ça c'est toi qui te fais des films ahah. Si on s'en tient aux propos de @Hugo_HK c'est plutôt que a priori il y aura des hivers plus froids que les hivers doux que l'on a connu ces dernières années, mais qu'ils seront loin des grands hivers d'antan et que ça demande tout de même confirmation au cas où le RC a un sureffet sur les synoptiques.

 

En gros selon lui, il y aura encore moyen de choper des sensations sympas en tant qu'hivernophile, mais faut pas non plus demander la Laponie au Père Noël ! 

 

J'ai pas dit qu'on connaitra des hivers d'antan... sinon je l'aurai dit. Mais on peut connaitre toujours des hivers très froids, malgré le contexte, la preuve en Espagne, l'Europe de l'est il y 1 ou 2 ans...

[Hugo_HK]

13 hours ago, thib91 said:

Beau boulot bravo, rétrospective intéressante des grands hivers du passé.

 

Il y a une vieille étude (datant de 1928) intéressante à ce sujet et disponible en libre accès du Galicia "Les Hivers dans l'Europe occidentale , étude statistique et historique sur leur température, discussion des observations - Easton, C. ".  Elle tente de classer les hivers en Europe occidentale de 1205 à 1916 en combinant ceux ayant bénéficier d'observations thermométriques anciennes (1757-1851), moderne (1852-1916) et ceux ayant bénéficier uniquement d'informations historiques.

 

L'espace d'analyse est + restreint et ce limite à une partie de l'Europe occidentale

 

 

Voici le résultat pour la période 1757-1916, l'hiver 1829-1830 arrive en tête suivi par 1890-1891 et 1788-1789.

 

Pour la période 1205-1756

 

Globalement il identifie 6 "Grands hivers" depuis 1200 dont la rigueur a été établie historiquement.

 

1407-1408 : Un article au ce sujet de cet hiver =>https://lameteorologie.fr/issues/1999/27/meteo_1999_27_43

1434-1435

1564-1565

1607-1608

1708-1709

1829-1830

 

 

Merci tres interessant, je n'avais pas vu cette etude donc je vais regarder ca de plus près.

 

Apriori ils utilisent un critère qui accorde plus de poids a la durée du froid qu'a son intensité, cf le classement de 1740 par exemple, alors que les critères que j'ai utilise accordent plus de poids aux tres grands froid, mais peu aux hivers sans réelles VDF, et en fait, aucun aux journées d'hiver simplement froides avec une TM légèrement negative pour le Nord de la France par exemple.

 

Selon les critères utilisées précédemment, voici le classement de tous les hivers dans l'ordre chronologique pour Paris, depuis le milieu du 17e siècle et les releves de Louis Morin:

 

 

 

Dans l'ordre en terme de severite, pour moi ca donne:

 

1/ 1788/89

2/ 1708/09

3/ 1829/30

4/ 1879/80

5/ 1683/84

6/ 1838 et 1776 exaequo

8/ 1694/95

 

Bien sur il y a un effet de Réchauffement urbain a partir de la fin du 19e siècle notamment, et les releves n'étaient pas effectues de la meme façon ou au meme endroit, mais vu que les plus grands hivers se sont produits avant la majeur partie du réchauffement urbain, je pense que ca reste a peu près comparable. 

 

Effectivement, l'hiver 1788/89 a ete glacial de fin Novembre a mi Janvier, puis a nouveau une VDF en Mars, mais fin Janvier - Fevrier furent normaux a doux. 1879/80 pareil pour Fevrier et 1838 pour Decembre et fin Fevrier...

 

Je lirai cette etude ce weekend pour voir quelle méthode ils utilisent

 

[th38]

On aura toujours des hivers "froids" à 1°C en dessous des normes, et des "exceptionnellement froids" à 2°C en dessous des normes n'est pas exclu. Les écarts dans un sens ou dans l'autre, et quelque soit la saison, ne se réduisent pas.

Mais "froid" ou "très froid" par rapport à une norme qui ne cesse de se déplacer vers le haut.

 

Bref, il faudra beaucoup de chances aujourd'hui pour avoir un hiver qui soit seulement un hiver "moyen" du XXème... Statistiquement, ça peut encore arriver, mais il faudra en profiter, car le XXIème siècle risque de ne pas en connaitre beaucoup...

 

Modifié 30 septembre 2022 par th38

[stormi26]

Merci @Hugo_HK pour ce travail génial (et je n'ai pas tout lu pour l'instant). J'ai juste une question ; dans les tableaux, Valence c'est bien Valencia ? Si c'est le cas, je pense que c'est mieux de préciser (ou d'écrire Valencia) pour éviter les confusions, car Valence/Rhône se situe presque dans le domaine méditerranéen...

[Hugo_HK]

5 hours ago, stormi26 said:

Merci @Hugo_HK pour ce travail génial (et je n'ai pas tout lu pour l'instant). J'ai juste une question ; dans les tableaux, Valence c'est bien Valencia ? Si c'est le cas, je pense que c'est mieux de préciser (ou d'écrire Valencia) pour éviter les confusions, car Valence/Rhône se situe presque dans le domaine méditerranéen...

Oui c'est correcte c'est bien Valencia sur la cote Espagnole

[Hugo_HK]

@thib91 merci bcp pour cette etude des hivers rigoureux: Les Hivers dans l'Europe occidentale , étude statistique et historique sur leur température, discussion des observations - Easton, C. ".

 

Je suis entrain de la lire ce weekend. 

 

En gros, pour la partie quantifiable de l'etude (a partir du milieu du 18e siècle), ce qui explique la difference entre les resultats utilisant les indices dans ce topic et la méthode détaillée dans l'etude de Easton, c'est l'importance accordée au nombre de jours de gel et jours sans dégel dans l'etude, alors que l'indice que j'utilise est vraiment focalise sur les journées tres froides, sans poids accorde aux journées simplement froides. 

 

Un hiver pour le quel on obtient une difference serait l'hiver 1775/76: dans l'etude on peut lire le passage suivant: 

 

 

alors que qu'avec l'indice que j'avais utilise pour Paris, je trouve un score de 84 ce qui placerait l'hiver 1775/76 en 5e place des hivers les rudes depuis 1675 a égalité avec 1838, assez largement devant 1695, et tres largement devant 1784 ou les hivers suivants.

 

En gros le format de 1776 c'est plus proche de ce qu'on a observe en 1997, 1987 ou meme 1956: une VDF tres severe au milieu d'un hiver normal a doux. 

 

Cette méthode explique aussi le classement de l'hiver 1890/91 en 2e place des hivers les plus rudes, du a une absence de redoux entre fin Novembre et la fin de l'hiver. 

 

En ce qui concerne les récits anciens / appellations populaires etc... De manière générale je reste plutôt sceptique. Il n'y a qu'a voir les gros titres des medias de nos jours pour se rendre compte du niveau d'objectivité lorsqu'on parle des événements météos.. Par exemple lorsqu'on lit que les rigueurs de l'hiver ont dure jusqu'en Avril ou commence en Octobre, clairement il s'agit de temperatures modérément froides, les VDF (temperatures inférieures a -10 plusieurs jours, TX largement negatives) étant impossible a ces périodes de l'année. Donc en gros des episodes de gelées entre 0 et disons -6/-7, ou de TX autour de 0 degrés, étaient qualifiées de 'rigoureuses'. 

 

De maniere generale, les Hommes étaient largement plus vulnérables au froid a l'époque qu'aujourd'hui du fait de l'infrastructure inadequate, la pauvreté et le manque d'habits chaud + regime nutritionnel adequate. 

 

 

 

Modifié 2 octobre 2022 par Hugo_HK

[Hugo_HK]

3 hours ago, LuckyFrenchy117 said:

Bon j'exagère un poil parce que les observations du genre telle rivière a gelé etc pourquoi pas... Le pire étant vraiment les témoignages de chaleur. Peut-être qu'à l'époque +25°C à Paris c'était la mort absolue pour les gens on en sait rien...

 

Oui voila il faut essayer d'en rester aux observations de trucs observables et reportes par plusieurs sources tels que des fleuves gelés, arbres fruitiers morts de froid etc... Pour moi ca permet de faire une comparaison avec les hivers du 19e siècle en terme de rigueur (ou on avait des observations thermométriques et ou le gel des fleuves etait reporte correctement avec dates précises etc). Mais le debit des fleuves variait bien plus a l'époque qu'aujourd'hui et donc les conditions pour qu'ils gèlent aussi: en période de sécheresse, le gel de la Seine s'est deja produit sans journées a -10 a Paris après une dizaine de jours autour de -4 a -8 la nuit et TX autour de 0 en moyenne (je ne me souviens plus de l'année, au 19e siècle). Le niveau de a Seine etait tres bas cette année la et ca coulait au ralenti. 

 

Effectivement, les grands hivers tels que 1608, 1408 ou 1565, ou les grands fleuves ont gelé pendant plusieurs mois en Europe Centrale et plusieurs semaines en Europe d l'ouest, avaient clairement un caractère exceptionnel, mais pour les autres c'est dur a dire, et d'ailleurs souvent les témoignages meme au sein d'une meme region ne sont pas d'accord entre eux. 

[Hugo_HK]

Bonjour a tous, 

 

J'ai étudié toutes les périodes hivernales (Novembre-Mars) en Europe depuis 1890/91, de la maniere suivante:

 

1/ J'ai compte le nombre de jours a -10 degres a 850hpa, journées a -15 et journées a -20 (a 850hpa aussi) selon les reanalyses de la NCEP/NOAA pour plusieurs regions (Chateauroux pour le centre de la France, Birmingham pour le centre de l'Angleterre, Berlin, Stockholm, Varsovie, Kiev). 

 

2/ J'ai assigne un indice a base d'un système a point: 

 

chaque journée a -10 a 850hpa compte pour un point a Stockholm, Kiev, Berlin, Varsovie et Belgrade, et 2 pts a Birmingham ou Chateauroux

Chaque journée a -15 = 10pts a Chateauroux, Birmingham, et 5 pts dans les autres villes

Chaque journée a -20 = 20 pts a Chateauroux ou Birmingham, 10pts ailleurs.

 

Je ne suis pas sur de la fiabilité des reanalyses antérieures a 1950 pour ces données, mais voice le résultat:

 

Cumul de points par année: en rouge la moyenne glissante sur 11 ans et en jaune sur 5 ans:

 

 

 

 

Observations:

 

1/ A regarder les variations de la moyenne sur 11 ans, il y a clairement des variations notables:

• De maniere general on observe une période aux hivers peu rudes dans les années 1910/20, et on ne compte que 3 hivers tres rudes / grands hivers en Europe entre 1894 et 1939, contre 4 dans les années 1940, 2 dans les années 1950, puis 1 dans les années 1960
• clairement les hivers des années 1950 (en fait depuis 1954) a 1971 ont ete tres notablement plus froid que toutes les autres périodes d'une durée similaire depuis 1891. 
• Les hivers des années 1910 ont connu aussi peu de froid dynamique que les hivers des années 1990 ou 2010...
• On compte 14 hivers qualifies de 'pourris (score inférieur a 100 points): 1916, 1930, 1944, 1951, 1973, 1975, 1988, 1989, 1990, 2007, 2008, 2014, 2015 et 2020
• Les hivers 2020 et 2014 sont complètement inégales en matière de nullité de l'hiver...
• Seuls 3 hivers n'ont connu aucunes T850hpa dans toutes les villes citées ci dessus: 1944, 1951, 1995. 

 

 

 

Au final les reanalyses de la NCEP/NOAA semblent confirmer l'hypothèse d'une période de milieu de siecle qui a connu des hivers largement plus froids que le debut le debut du siecle ou la fin de siecle, ce qui est interessant car en terme de t2m observées, la TM etait pourtant sensiblement plus froide entre 1910 et 1940 qu'entre 1940 et 1970, y compris en période hivernale. Bref, les situations de blocages amenant du froid dynamiques étaient tout simplement plus fréquentes dans les décennies 40-50-60 que dans les autres périodes depuis la fin du 19e siecle. 

 

A regarder les journees de T850hpa a -15 degres (journees cumulees sur le meme panel pour chaque hiver), on dirait que la tendance avait en fait commence dans les années 1940, et donc ca n'aurait peut être rien a voir avec les essais nucléaires. 

 

 

Interessant de voir que les minimums atteints dans les années 1910-1920, debut des années 1990 et années récentes sont en fait relativement similaires. 

 

Classements des hivers rudes en nombre de points: les grands hiver en haut, les hivers tres rudes en bleu un peu moins fonce, les hivers rudes en bleu ciel.

 

 

A noter que lorsque je dis hiver, c'est en fait la saison froide que j'étudie, et en réalité la saison a la quelle ces journees froides ou tres froides en altitude se produisent est important dans l'impression finale: par exemple l'hiver 2017/18 apparait comme rude du fait de 6 semaines tres froides entre mi février et fin Mars notamment en Europe de l'Est et en Scandinavie, mais en réalité le froid n'aura pas ete exceptionnel au sol cet hiver la car presque toutes les journees avec T850hpa<=-15 s sont produites entre le 25 Fevrier et la fin Mars, saison a la quelle il est impossible d'approcher des records. C'est aussi le can en partie en 1987, ou le mois de mars a connu plusieurs journees avec des t850hpa glaciales en Europe de l'Est et du nord, souvent en dessous de -20. les temperatures au sol étaient aussi tres froides, mais bien moins que si cela s'était produit un mois avant. 

 

Au contraire, l'hiver 1916/17 ne parait pas exceptionnel du tout, alors qu'en fait au sol il a été plutôt froid voire tres froid en Europe de l'Ouest. L'hiver 1944/45 n'a pas ete froid du tout en Europe de l'Est alors qu'il a connu un froid somme toute plutôt modere en altitude en Europe de l'Ouest, d'ou son absence des hivers rudes également. Dernier exemple frappant en 1890/91 ou de grosses inversions en Decembre ont largement contribues a l'anomalie negative de ce mois d'hiver. 

 

Reste bien sur la question de la fiabilité des reanalyses, en particulier pour celles d'avant 1950... Pour l'hiver 1942 par exemple, les T850HPA de -16 sur l'Europe centrale lors de la vague de froid de fin Janvier ou les temperatures atteignaient les -25 a -30 en plaine, j'ai du mal a y croire par exemple... Je ne sais pas si il y a des experts qui passent par la?

 

 

[Paulo]

Intéressante ton étude.

Il y a une quinzaine d'années un intervenant sur ce forum avait réalisé une étude statistique sur les températures à 850 hpa

sur différentes villes françaises.

Son travail est toujours en ligne,  voici le lien :

https://stalbuck.pagesperso-orange.fr/pages/hivers_850.htm

[Hugo_HK]

13 hours ago, LuckyFrenchy117 said:

 

Intéressant ton post, on voit que malgré une variabilité naturelle entre les décennies, on touche quand même le fond ces derniers temps... Mais c'est vrai que c'était très bof au début du XXème siècle (peut-être même pire que maintenant vu qu'il y avait pas de RC à l'époque). À quand le premier hiver avec un score de 0 ? 😅

 

Oui je me suis pose la question d'un premier hiver avec un score de 0 aussi... je pense que ca restera impossible pour un bon moment, meme si ca serait théoriquement possible jusqu'a Berlin. Mais aucune journée a -10 a 850hpa a Stockholm ou Kiev sur 5 mois... Ceci dit l'hiver 2019/20 a vraiment ete non existant, son score étant inférieur a un mois de Mars normal en gros...

Modifié 6 novembre 2022 par Hugo_HK

[Hugo_HK]

Salut, 

 

Dernier episode (je crois) pour cette etude: ici j'essaye de classer les hivers rudes depuis 1780 en utilisante les releves mensuels a peu pres fiables de quelques villes d'Europe Centrale et Occidentale.

 

J'utilise deux méthodes:

 

1/ Un indice base sur la TM des 3 mois les plus froids de la saison froide (souvent DJF mais il arrive que Mars remplace un des mois d'hiver certaines années, comme 1789 par exemple). 

• Pour chaque ville, j'ai classe les 20 périodes de 3 mois les plus froides depuis 1780
• La premiere recess 20 points, la 2e 19 points, etc, jusqu'a la dernière qui recoit 1 point. 0 points en dessous de la 20e place. 

 

2/ Un indice base sur les TM des mois calendaires les plus froids

• Pour chaque ville j'ai classe les 20 mois calendaires les plus froids depuis 1780
• meme système de points que ci dessus

 

Bemols et problèmes: le principal probleme ici c'est que pour la plupart de ces villes, le réchauffement urbain s'invite dans l'equation a partir de la fin du 19e siecle, et devient en general considerable au milieu du 20e siecle par rapport aux hivers de la fin du 18e ou debut du 19e siècle. Pour ceci, j'essaye en general de changer de stations a partir du 20e siecle pour prendre les releves d'un aéroport un peu en dehors de la ville, mais ca n'est pas toujours possible malheureusement.

Par exemple, a Paris ce sont les releves de l'observatoire de 1780 a 1873, puis de montsouries, puis de le Bourget a partir des années 1920. A Berlin c'est apriori l'observatoire jusqu'en 1893 ou je passe a Potsdam, etc...

 

Villes utilisées: 

 

les releves du CET en Angleterre (pas de probleme de réchauffement urbain)

les releves de Paris (rechauffement urbain meme en utilisant le Bourget, notamment en 2e moitié du 20e siecle).

les releves de De Bilt en Hollande (pas de correction apportee ici)

releves de Berlin

releves de Bale (Binningen pour les plus recents). je n'ai pas corrige pour de l'effet urbain.

releves de Munich (université puis aéroport, pas sur pour le réchauffement urbain)

releves de Vienne (université puis aéroport vers Hohe)

releves de Prague (universite - la c'est effet urbain a gogo a partir du 20e siecle malheureusement).

releves de Copenhague (universite puis aéroport de Kastrup)

releves de Stockholm (universite puis Bromma a partir de 1950)

releves de Milan (universite puis aeroport de Linate).

 

Cela permet donc d'étudier les hivers allant de la GB au NO, Sud de la Scandinavie en limite nord, Europe centrale, Nord de l'Italie en limite Sud et France a l'Ouest. 

 

Voici les scores pour chaque hiver avec la méthode des mois d'hivers les plus froids (2e méthode): je mets chiffres par hiver puisqu'il s'agit de classer les hivers, mais souvent le total des points est établit au cours d'un mois d'hiver tres rude, exemple 1788/89 tous les points proviennent de décembre 1788, meme chose pour 1956. Il y a quelques hivers ou ca n'est pas le cas: 1940, 1942, 1963 par exemple.

 

 

 

Total des points avec la méthode 1:

 

 

 

Total de points cumules avec les deux méthodes:

 

 

On peut categoriser les hivers rudes depuis 1780 comme ceci:

 

1/  2 grands hivers, en 1789 et 1830, qui restent inégalés depuis. 

• ceci malgré un froid finalement peu rigoureux sur Stockholm en 1830 et peu rigoureux en Russie a part en Decembre, c'est vraiment l'Europe centrale, Occidentale et méridionale qui ont connu des conditions exceptionnelles.

 

2/ 6 ou 7 hivers glacials en 1795, 1838, 1929, 1940, 1942, et 1963.

• 1879/80 est a la limite il ne serait pas aberrant de la categoriser comme tel. Personnellement je le mets dans la catégorie d'après: pas assez rigoureux en GB, Scandinavie ou Europe de l'Est. 

 

3/ 8 ou 9 hivers exceptionnellement rudes (je mettrai plutôt 1879/80 dans cette categorie):

• 1784 (exceptionnel partout)
• 1799 (exceptionnel en Europe centrale mais moins ailleurs)
• 1814 (exceptionnel en GB et Scandinavie mais plus modeste plus au Sud)
• 1823,
• 1841 (Dec exceptionnel partout, Fevrier aussi tres froid a l'Est, tout l'hiver est rude a peu pres partout)
• 1845 (Dec, Fevrier et Mars sont tres froids partout. Mars absolument exceptionnel pour la saison avec des grands froids et jours sans dégel en Europe de l'Ouest mi Mars par exemple...)
• 1879/80 (exceptionnel du Nord de la France a Prague, et de Prague a Milan, mais moins remarquable dans le Sud de la France, en GB, Hollande ou Scandinavie par exemple.
• 1893 (exceptionnel en Europe centrale et en Scandinavie, moins ailleurs)
• 1947 (surtout tres rude en Europe centrale, Scandinavie et GB, le gros froid de février évite majoritairement la France). 

 

4/ 6 hivers tres rudes:

• 1848 (janvier parmi les plus froids en Europe centrale notamment, peu exceptionnel a part janvier)
• 1855 (Fevrier exceptionnel en Scandinavie et GB, hiver rude sans plus ailleurs)
• 1871: froid en longueur sur toute l'Europe mais pas de pic d'intensité remarquable
• 1891: froid en longueur sur toute l'Europe, mais comme 20 ans plus tot, pas de pic d'intensité notable.
• 1895: Fevrier glacial en GB, France, Europe centrale. Peu remarquable en Scandinavie. 
• 1985: Hiver remarquable en Scandinavie, Janvier remarquable en France. la douceur de Decembre restreint vraiment le potential de cet hiver en terme de points sur l'indice de severite sur la longueur (3 mois)

 

5/ 9 hivers rudes

 

• 1785: tres long (Dec 1784 a Mars 1785 sont tous très froids), avec un des mois de Mars les plus froids des 3 derniers sicles, le froid concerne toutes les regions. Janvier moins froid en France, mais plus a l'Est et plus au Nord c'est 4 mois tres neigeux et temps pleinement hivernal.
• 1799/1800: Dec 1799 tres froid avec belle VDF en fin de mois, meme si pas impressionnant en TM. fin d'hiver surtout froide a l'Est.
• 1803: surtout hivernal a l'Est et au Nord
• 1805: idem
• 1809: idem
• 1826
• 1986: Fevrier tres froid partout en Europe
• 1987: janvier 1987 et mar 1987 tres froids, surtout a l'Est pour mars 1987. Fevrier 1987 et dec 1986 peu exceptionnels en revanche.
• 1941: Surtout Dec 1940 et janvier 1941. L'effet urbain affecte les temperatures dans certaines des villes étudiées a cette époque et donc en vrai il aurait certainement ete plus rude que ses miserables 12 points.

 

Finalement selon ces méthodes,

 

• on compte 32 hivers rudes en Europe depuis 1780
• la fréquence varie pas mal au fil des années mais elle est en baisse: de 1 fois tous les 3 ans a peu pres de 1780 a 1810, on passe a 0 entre 1896 et 1928 et entre 1988 et 2022 par exemple. 
• On ne compte que 8 hivers rudes au 20e siecle, contre 17 pour le 19e siecle, et 6 pour la période 1780-1800 (la fin du 18e siecle a connu une série d'hivers particulièrement remarquables, et la période 1700-1780 fut finalement nettement moins remarquable): je pense qu'on aurait compte que 1709, 1716, 1729, 1740, 1763, 1766, 1767, 1774 et 1776, soit environ 15 hivers rudes pour le 18e siecle, similaire a ce qu'on a observe au 19e siecle). 
• Les scores des hivers recents sont bien surs affectes par l'effet urbain dans ces grandes villes mais il y a clairement une tendance de fond a cause du RC aussi. Selon les critères utilises ci dessus, je pense qu'on ne connaitra que 3 hivers rudes au maximum durant notre siecle, et encore faudrait que ca se presse un peu car il n'y en aura pas en 2e moitié de siecle...
• A mon avis, des synoptiques identiques a 1929, 1940, 1942, 1956 ou 1963 passeraient encore pour connaitre un hiver rude (selon les critères precedents), mais bien sur on arriverait loin de ce qu'on avait observe ces années la
• En revanche, un hiver tres rude ou meme rien qu'un hiver rude ferait tout drôle par rapport a ce qu'on a connu ces 10 dernières années. j'aimerait bien voir la reaction des gens et surtout des medias: on a jamais vu caaaaa 

 

 

[Hugo_HK]

J'ai refait un classement a l'échelle Européenne en utilisant une méthode un peu similaire a la premiere methode décrite au debut de ce topic, sur les périodes 1950-2022 et 1900-2022, pour étudier l'hiver le plus rude... mais la avec mon déménagement je n'ai pas le temps de tout poste.

 

En revanche une bonne carte de reanalyse ER5 montrant l'hiver (Decembre-Fevrier) le plus froid selon les regions:

 

 

Ca colle tres bien avec ce que je trouve avec ma méthode (qui ne compte que les jours de froid en dessous d'un certain seuil:

 

De memoire, je trouve aussi

l'hiver 1953/54 le plus froid sur le Sud de la Russie, l'Ukraine et localement sur la Roumanie / pourtour de mer noire), 

l'hiver 1941/42 fut effectivement le plus froid dans le NO de la Russie, alors que l'hiver 1955/56 fut le plus severe du siècle sur une portion du Nord Russe un peu plus a l'Est. L'hiver 1939/40 l'emporterait en fait sur l'Allemagne / Pologne et Lithuanie, devant 1946/47, mais 1940 n'apparait pas dans le data ER5 du fait de Decembre 1939 qui n'y est pas.

1962/63 le plus froid sur une grande region de l'Europe de l'Ouest

Pres de la mediterranee avec ma méthode c'est 1956 et 1963 qui arrivent en tete devant 1942, a part sur l'Ouest de la péninsule Ibérique ou c'est bien 1940/41 qui fut le plus severe.

En Scandinavie je trouve aussi 1984/85 dans le NE, alors que 1942 et 1940 furent plus severe que 1966 selon ma méthode.