Violents orages du 12 septembre 2015 entre Hérault et Gard

[Vincent_L]

Une fois de plus, la région vient d'être touchée par des orages extrêmement violents, notamment dans les Cévennes et sur leur piémont, notamment dans les secteurs de Lodève, Ganges, Valleraugue...

Récit d'une soirée de folie.

En fin d'après-midi, constatant l'évolution des conditions météo, je me positionnais dans le secteur de Saint-Jean-de-Fos / Montpeyroux / Arboras à une dizaine de km de Lodève, au pied du relief. Une fois sur place j'étais accueilli par un tonnerre continu et des rideaux de pluie denses dès les premiers reliefs. Je ne le savais pas encore mais Lodève, derrière les collines, était en train de se faire ravager (plus de 350 mm de pluie en quelques heures) et une crue très puissant de la Lergue.

19h15 : vue sur le village d'Arboras. Je suis au sec tandis que Lodève (derrière les reliefs du fond de l'image) est sous le déluge. Tonnerre explosif continu sous forme de coups de canons caverneux, typique de ces épisodes.

[align=center][/align]

19h54. Je me décale vers Saint-Jean-de-Fos. L'ambiance est apocalyptique mais il ne tombe que quelques gouttes. Je suis à l'immédiate périphérie Sud de l'orage qui déverse ses trombes d'eau sur les massifs du mont Saint-Baudille et de la Séranne.

[align=center][/align]

La tombée de la nuit met en lumière l'activité électrique qui commence à devenir démentielle derrière le relief. Je décide de contourner le massif de la Séranne via Viols-le-Fort puis Saint-Martin-de-Londres.

Les premiers impacts sont désormais visibles : c'est une véritable folie électrique dans le secteur de Ganges. Je décide alors de m'arrêter dans la descente du col de la Cardonille pour capturer ce spectacle, d'autant plus que je suis au sec ! Le point de vue n'est pas exceptionnel, les reliefs me masquent de nombreux coups de foudre mais tant pis.

Une fois garé, c'est parti pour un spectacle de folie. L'orage est excessivement électrique, les coups de foudre nombreux, intenses et très lumineux. Le plafond nuageux étant relativement bas, on n'aperçoit que la partie inférieure des impacts.

20h39 : impacts simultanés.

[align=center][/align]

20h43 : impact proche tombant à environ 1 km. Ambiance sonore "effrayante", typique de ces orages méditerranéens d'automne.

[align=center][/align]

20h44 : le ciel se déchaine et je reste au sec, à l'immédiate périphérie Sud de l'orage. Le top pour la prise de vue.

[align=center][/align]

20h45 : les impacts s'acharnent sur le massif calcaire que l'Hérault entaille pour creuser ses gorges entre Laroque et St-Bauzille-de-Putois.

[align=center][/align]

20h49 : encore un impact bien proche, suivi d'une énorme déflagration... De quoi se sentir petit...

[align=center][/align]

20h50 :

[align=center][/align]

20h51 : 4 énormes impacts simultanés sur le massif. Notez le dédoublement de l'impact juste avant le sol.

[align=center][/align]

Quelques minutes plus tard, j'étais enveloppé par des pluies diluviennes. Je tentais tant bien que mal de rejoindre Saint-Hippolyte-Fort via Montoulieu sous un déluge mémorable et une visibilité quasi nulle. Il sera tombé près de 100 mm en 1 heure sous cet orage à Ganges.

A Saint-Hippolyte, en plus des fortes pluies, j'étais également surpris par de fortes rafales de vent, avec de grosses branches de platanes cassées.

Je sortais à nouveau de l'orage et me positionnais en périphérie Sud, entre Sauve et Quissac pour réaliser une dernière image de foudre (avant d'être à nouveau englouti par les pluies).

21h46. Deux impacts simultanés dont un assez proche (à gauche) sur les flancs du massif du Coutach.

[align=center][/align]

Pour finir une vue, en direction d'Alès (concerné par un orage de grêle à cet instant) depuis les coteaux de Lédignan à 22h30. De belles bases surbaissées :

[align=center][/align]

Au final, une énième dégradation très puissante sur nos régions !

Ajout d'une vidéo d'ambiance :

Autre vidéo montrant les intensités pluvieuses parfois extrêmes, à St Hippolyte du Fort :

[Arkus]

Excellent une fois de plus ! Cette pluie de foudre en air sec est impressionnante. On dit souvent que l'activité électrique est en grande partie noyée dans les orages cévenols et méditerranéens, mais j'ai quand même l'impression qu'à chaque fois il y a plus ou moins un créneau de foudre en air sec. Il faut juste arriver à être là au bon endroit et au bon moment. Peut-être que je me trompe ...

En tout cas cette soirée restera dans ma mémoire comme mon premier vrai contact avec un orage cévenol d'automne. Avec un peu de retard, j'ai pratiquement suivi la même route Gignac > St-Martin-de-Londres mais j'ai ensuite obliqué vers Pompignan pour éviter le déluge. Je sais quelle ambiance associer aux images maintenant quand tu parles d'ambiance effrayante et caverneuse. Clairement je ne crois pas avoir croisé ce ressenti ailleurs dans un autre type d'orage.

[HauteTarentaise73]

Magnifique Vincent, bravo et grand merci pour le partage !

[Mica]

Impressionnants ces impacts sur la falaise d'en face ! De bien jolies ambiances électriques

Merci d'avoir partagé tes photos

[Sudiste-34]

Photos, comme toujours, très réussies Vincent!

On entre dans notre période favorite

[Vincent_L]

Merci à vous.

Louis tu étais dans le coin alors si je comprends bien. Cool !

T'as vu c'est impressionnant et "magique" ces ambiances sonores et visuelles... Ces orages sont des monstres, Alex Hermant les comparait aux supercellules américaines en terme de puissance (dans un autre registre).

Pour la foudre, j'avais toujours entendu parler de la magie d'être à la pointe de l'orage en V, ou en périphérie immédiate de ces orages, pour l'activité démentielle au sec mais je n'avais jamais réussi.

En 6 ans ici je n'ai pas réussi une seule photo de foudre sous épisode méditerranéen mais tout a basculé l'année dernière où j'ai trouvé le graal le 20 septembre puis le 9 et 10 octobre. Rebelotte cette année ! Mais cela va t'il durer ?

C'est une question de chance, même avec un bon positionnement, encore faut t'il arriver à rester en dehors des pluies avec la foudre visible à un endroit où il y a des vues. Ca c'est très dur et je le répète la chance joue beaucoup, mais en tentant le coup c'est possible.

Par contre ça reste dangereux car la foudre est très intense et surprenante à cet endroit (foudroiement anarchique, parfois très proche alors que les autres impacts sont à 10 km) et surtout vu qu'on est à l'extrême limite de la zone de déluge, on peut se faire engloutir en 2 mn et là ça devient dangereux niveau inondations et ruissellements. De nuit c'est très tendu à gérer.

Je ne faisais pas le malin entre St Bauzille et Saint Hippolyte après ma série de clichés, mais finalement j'avais pris la bonne option en misant sur une route relativement peu exposée aux inondations et je n'ai pas croisé de ruissellements dangereux.

Il faut un minimum de connaissance du terrain, savoir si on va passer dans une cuvette, une route submersible etc...

Je mettrai en ligne quelques vidéos en camera embarquée mais pas dans l'immédiat (peu de temps disponible et surtout je suis une quiche pour monter, découper, traiter les fichiers vidéo).

[Nonaville (16)]

Belles photos,Félicitations

Merci pour le partage

[orage87]

Ton récit donne vraiment envie, tes clichés sont superbes ! J'adore la photo des 4 simultanés ! /emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">

[Arkus]

Oui Vincent, le parallèle avec les orages américains, j'y pensais un peu après avoir écrit mon message. D'un point de vue ressenti, ça se tient, par rapport à la puissance que ça impose. Je crois qu'il y a vraiment tout un tas de facteurs qui se combinent pour donner ce sentiment de menace tangible quand on côtoie ces orages. En plus de la pluie et l'activité électrique qui se déchaînent, on a le plafond très bas et du coup très sombre qui donne cette ambiance particulièrement pesante, la stationnarité qui rajoute un cran dans la tension, on se rend compte que si on est piégé le temps ne joue pas en notre faveur. Et puis ces paysages ajoutent beaucoup dans l'ambiance : ces flancs de garrigues, les reliefs escarpés qui enferment encore un peu plus la perception.

En fait c'est vraiment comme ça que j'ai ressenti l'approche de ces orages : d'abord l'impression de se jeter dans la g****e du loup, et ensuite un piège qui évolue sans cesse et qu'il faut essayer de déjouer en permanence. La sensation que la situation peut dégénérer à chaque instant est vraiment présente, je me souviens bien de la vidéo de l’automobiliste emporté dans l'Argentesse que tu avais partagé l'année dernière, ça m'avait beaucoup marqué. J'ai vu aussi comme tu dis à quel point en quelques centaines de mètres littéralement, on passe d'une pluie légère à d'un mur d'eau qui freine la progression.

Intéressant sinon ton retour sur la foudre, comme quoi ce n'est vraiment pas gagné. De toutes façons même en général, se placer dans la zone de foudroiement d'un orage nocturne tient souvent du jeu de piste à tâtons avec une grosse part de hasard, alors si en plus on rajoute les risques potentiels de l'orage cévenol, pas étonnant que ça rende la chose si difficile !

[NathaGhis]

Les photos sont magnifiques! Merci pour ce régal des yeux!

Il faut avoir du courage voir une pointe d'inconscience (sans vouloir être désobligeant) pour s'avanturer sur les routes des Cévennes lors d'un épisode Cévenole car une fois que la pluie commence à tomber, on ne sait jamais ce qui va se passer, quel cours d'eau va déborder, quel arbre va tomber, quelle route va s'effondrer même si il y a des zones connues pour s'inonder très vite.

Encore félicitations.

[Vincent_L]

Merci.

Le tout est de ne pas s'engager dans des coins qui subissent des pluies depuis un certain moment, et sur les routes dans des vallées encaissées, ça j'évite ! D'ailleurs pour rejoindre le secteur de Ganges (où je ne suis pas allé d'ailleurs vu la stationnarité de l'orage) depuis St Jean de Fos j'aurais pu passer par St Guilhem et la vallée de la Buèges mais j'ai sagement fait le tour par Viols le Fort et St Martin de Londres, justement pour éviter de passer dans une zone dangereuse que je savais sous le déluge depuis un certain moment.

Par la suite j'ai juste subi la première demi-heure du déluge donc pas de problème. D'ailleurs dans le secteur de Montoulieu, malgré les intensités ahurissantes : peu de ruissellements observés. Le seul danger c'était vers St Hippolyte avec des rafales qui ont cassée de grosses branches.

Louis, on partage les mêmes impressions sur ces orages

Moi aussi quand je suis passé (en plein déluge) au lieu même où l'Argentesse a emporté la voiture l'année dernière j'y ai forcément repensé...

[Cirrus 27]

Très belles photos

Merci du partage !

[Vincent_L]

Ajout d'une vidéo pour vous mettre dans l'ambiance :

Elle permet notamment de se rendre compte de la puissance de certains impacts et surtout de leur durée hallucinante avec multiples rallumages, typique de ces orages méditerranéens !

[FlorianL]

Toujours un plaisir que de lire un récit de ces épisodes cévenols.

Merci Vincent, et bravo pour les photos.

A l'occasion quand je descendrais dans le midi pour des vacances et qu'une dégradation orageuse voudra bien se présenter, je serais ravis de partager une chasse avec toi. Tu m'avais déjà expliqué ou je pouvais me positionner dans le secteur de Lédignan ce qui m'avais permis de faire quelques belles photos voila deux ans.

A+

[Vincent_L]

Merci Florian

Ajout d'une autre vidéo, montrant cette fois ci des intensités de pluies ponctuellement extrêmes accompagnées de bonnes rafales à St Hippolyte du Fort toujours lors des mêmes orages.

A 1mn11 vous verrez une grosse branche de platane sur la route puis à partir de 2mn20 des intensités folles réduisant la visibilité à moins de 2 mètres et m'obligeant à stopper net en plein milieu de la voie.

A 1mn27 vous entendrez un petit "ouf" de soulagement... C'est que je faisais pas le fier : bien entendu je me suis pris la rafale descendante pile au moment où je traversais une portion de route bordée de grands platanes... On entend d'ailleurs une petite branche taper la voiture à 1mn14...

A regarder en HD 720 p et plein écran pour plus d'immersion :

[Nonaville (16)]

Vidéo impressionnante.

Merci pour le lien.

[Néant27]

Avec un peu de retard j'arrive sur ce beau topic ! J'aime bien l'ambiance lacustre de la seconde photo et la série nocturne est vraiment top, les 4 impacts simultanés sur le relief envoient du pâté

Pour ma part, fraîchement débarqué sur Montpellier, j'ai rapidement été dans le bain et je n'ai guère eu le temps de me préparer ainsi que d'étudier le terrain. Du coup, j'ai joué la sécurité en restant près de la côte en sachant qu'une seconde salve était prévue pour la nuit.

En fin d'après-midi tandis que Lodève était sous le déluge, j'ai essayé de trouver un point de vue à l'ouest de Montpellier en espérant que la cellule se propage plus au sud. J'ai tenté une colline vers Fabrègues mais hélas impossible d'y accéder en voiture. De plus, le ciel était crasseux sur ma position.

Comme Louis, je pensais que l'activité électrique était essentiellement noyée sous ce genre d'orage, du coup je me suis posté sur la côte à la tombée de la nuit (Grau-du-Roi) où le ciel était dégagé. J'avais donc une vue parfaite sur les cellules dont l'activité électrique intra-nuageuse était généreuse.

Avec la nuit, j'ai rapidement remarqué que ça impactait bien dessous. Sur la côte il ne se passait rien et les cellules étaient peu mobiles, j'ai donc tenté ma chance en m'enfonçant dans les terres.

J'ai pris la direction de Sommières. Sur la route, les impacts devenaient de plus en plus puissants et lumineux mais donnaient une impression de tomber toujours aussi loin malgré ma progression. Après Sommières, je me suis retrouvé dans la vallée du Vidourle et, ne connaissant pas le terrain (je ne savais si ça tombait sur le bassin versant ni trop où j'allais) tout en sachant que plus au nord ça déversait comme il faut, j'ai hésité à faire demi-tour... Je me suis arrêté juste après Lecques où j'avais l'impression de ne pas vraiment me rapprocher de la cellule, de plus, le terrain accidenté ne m'inspirait guère. Malgré tout, la vue était "potable" sur la base de l'orage et je dois dire que j'ai rarement vu des impacts aussi intenses, c'était éblouissant (un peu comme dans des orages d'air froid mais avec une activité dix fois plus intense) !

En faisant un point radar, la cellule commençait à s'amoindrir tandis que ça s'activait sérieusement en mer. Ni une ni deux, j'ai pris la direction de Carnon mais le secteur était dans la mire des précipitations d'un orage qui prenait l'allure d'un V. Le satellite était sans appel, Sète était le secteur le mieux placé pour admirer l'orage au sec et sans crasse... ce que je recherche. De plus il y a un remarquable point de vue qu'est le Mont-Saint-Clair.

Sur la route, je me suis pris des intensités assez épiques sans que ce soit non plus torrentiel (j'ai l'impression que par ici, la pluie a le même effet sur les automobilistes que la neige dans Paris ). En arrivant dans Sète, la pluie a rapidement cessé et l'horizon semblait étoilé en mer...

Pendant plusieurs heures l'orage s'est régénéré en face de la ville, sous un ciel clair, me laissant admirer (avec de nombreux locaux) un magnifique spectacle ! La cellule générait plusieurs intra-nuageux par secondes ainsi que de nombreux spiders au zénith ! Hélas, la foudre était plutôt discrète (sauf en fin d'orage) et les extra-nuageux tombaient bien trop au large dans une basse couche brumeuse.

D'ailleurs, la méditerranée était bien démontée cette nuit là, je me serais cru en bord de Manche (), il était impossible de photographier sur le rivage de part la bruine salée continuelle émanant des vagues !

Clairement, sur le plan électrique, cette cellule m'a fortement fait pensé à une Supercellule que nous avons croisé un soir de mai 2014 dans le Nouveau-Mexique où l'ambiance était dingue !

Avec du recul je regrette de ne pas être allé plus tôt dans l'intérieur pour intercepter la première cellule et je reste un peu sur ma faim concernant la seconde cellule... l'alimentation était un peu trop en mer et incurvée vers l'est, je n'imagine pas le spectacle d'extra-nuageux que cela aurait donné si la pointe avait été un peu mieux placée !

Bon... tant qu'à pondre un pavé (), ces derniers jours je me suis baladé dans les vallée de l'Hérault et de la Vis (entre autres) et j'ai été impressionné par les laisses de crues dans les gorges ! J'ai pu voir des arbres entiers entremêlés à plus de 5m au-dessus du niveau actuel ! On peut s'imaginer la hauteur d'eau qu'il y avait puisque les arbres sont pliés et n'ont plus de feuilles le long des berges (c'est moche à voir) ! Il y a également de nombreux travaux (canalisations, routes) du côté de Ganges et Saint-Bauzille-de-Putois.

En espérant avoir une nouvelle occasion avant l'entrée dans la saison morte.

[Invité Guest]

Excellentes photos !

Merci pour le partage /emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20"> !

[Vincent_L]

Néant, c'est toujours le casse tête pour se positionner durant ces épisodes, sans parler du relief, des secteurs inondables à éviter etc...

Sinon dans les gorges de l'Hérault vers laroque, ça monte à plus de 9 mètres lors des crues extrêmes (ça n'était pas le cas il y a 15 jours).