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Les trous à froid en France


alsavosges

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Posté(e)
Neubois (Bas-Rhin)

Bonjour.

Sur ce topic 'riri vertacorien' le 10 avril 2012 - 07:49:

"Je me méfie des petites dépressions d'altitude. Les mesures que j'ai faites dernièrement sur une doline (point bas à 1807 mètres, -40 mètres, 400 mètres de long) n'ont rien donné de concluant."

'taf95' le 11 avril - 01:47:
"... quelle est cette petite dépression d'altitude dont tu parles (une doline) ? Une doline, déjà située à 1807m d'altitude mais en plus ayant les dimensions indiquées (400m de long et quarante mètres de profondeur), ce n'est pourtant pas peu. Cela promettrait. Dans le Vercors, on pourrait s'attendre à quelque chose de grandiose du point de vue du topo-climat. Mais je pense que 1807m c'est trop haut pour que cette doline puisse être située quelque part dans ce massif, même du côté de sa crête orientale."

Le 12 avril 'riri vertacorien' m'envoie un extrait grossi de carte IGN (j'éviterai de le mettre ici pour des raisons de copyright). On voit une dépression cotée 1807m. Et où est-ce donc ? Eh bien c'est intitulé "Pré Achard (Vercors), entre les pistes d'alpin et le Pas de L'Oeille". En Vercors ! Non loin du haut des pistes de Villard-de-Lans. Eh oui, carrément au sein de la crête orientale. Il ajoute ceci:
"Pour le Pré Achard coté 1807, on voit bien au nord la courbe 1850 qui ferme le vallon. La petite dépression plus au nord, cotée 1748 est du même type. En ski, pour s'échapper de la dépression, il faut remonter au moins 25 mètres sans passer au fond. Lors de mon dernier passage - équipé d'une sonde électronique - , avant le lever du soleil des brises descendantes empêchaient l'inversion, il faisait O°C. Ce jour-là il devait faire 15°C de moins au point 1282 à Darbounouze. Ce secteur est quasi dégarni d'arbres à part quelques bosquets nains d'épicéas. Il n'y a pas de différences de végétation entre les dolines et les pentes aux alentours. Le secteur est très venté et très minéral (lapiaz); ceci explique le peu de végétation par rapport à de proches secteurs recouverts de forêt de pin à crochets à altitude égale."

Ce que je lui réponds le 18 avril par courriel:
"Merci pour ces indications. Ah, la dépression cotée 1807, c'était donc dans le Vercors, alors que je pensais Dévoluy. Je vais regarder de plus près sur une carte. Je pense que pour tirer une conclusion sur cette dépression d'altitude, il faudrait effectuer des mesures plus nombreuses. Peut-être que ça marche aussi là-haut. Dans certaines conditions. A voir."

Voici tout d'abord comment ce creux se présente (image de Jean-Luc Chevallier): http://maps.google.fr/?ll=45.009295,5.586312&spn=0.00003,0.026414&t=k&z=16&layer=c&cbll=45.009295,5.578136&cbp=12,0,,0,0&photoid=po-53313070 . La vue est en direction du nord, c'est-à-dire de Villard-de-Lans. On voit très bien le col de la dépression fermée. C'est le Clôt d'Aspres, non loin de la Cote 2000 (le haut des pistes de Villard-de-Lans) et au pied de la Grande Moucherolle. Tout au bout d'un vallon qui remonte vers le sud et était autrefois occupé par un glacier: le vallon de la Fauge ou synclinal de la Fauge. Un bout du monde, comme on voit. J'ai vraiment beaucoup de mal à envisager que ce trou ne puisse jamais contenir un épais lac d'air froid.En attendant de développer davantage, je convie à ce qu'en dit M. Gidon dans son article "Vallon de La Fauge et Crête des Jaux" (http://www.geol-alp.com/h_vercors/lieux_vercors/la_fauge.html). Voir surtout la dernière image: "La partie supérieure (méridionale) du val de la Fauge vue du sud". Elle ressemble bien sûr à l'image présentée juste au-dessus, mais c'est vu de beaucoup plus haut et largement illustré.

Marc.

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Vous avez quand même une mentalité de m*** sur votre forum de TAFeurs, quand je lis ce genre de topic vous touchez vraiment les sommets du ridicule: http://www.localsat.net/forum/topic/4858-lnstallati

Hello,   j'ai fini de recenser les TAF à partir de ce topic.   J'ai créé une cartographie interactive simple sur Framacarte.org, voici le lien:   Cartographie des TAF de

Quelques photos des dolines sur le Méjean. (Désolé pour la qualité, les conditions étaient rudes hehe)    -Doline du Serre de Fourcat :    En haut (1180m) :   

Images postées

Bonjour Marc,

Les chiffres de Darbounouze provenant de relevés de toutes les 15 minutes depuis le 1er janvier 2006

Pour mieux comparer analyser les données du CREA

qui sont sur le net. Sachant que les minis CREA sont à +0.6° en moyenne, les maxis +1.0 à +8.0°.

Darbounouze LTHE parc du Vercors, période 2006-2011

Moyenne minis mois par mois

01/ -9.8°

02/ -9.2°

03/ -6.4°

04/ -2.1°

05/ 2.5°

06/ 4.9°

07/ 6.0°

08/ 5.3°

09/ 3.4°

10/ 0.4°

11/ -3.3°

12/ -8.5°

année -1.4°

moyenne des maxis mois par mois

01/ 2.7°

02/ 3.7°

03/ 4.7°

04/ 11.1°

05/ 14.3°

06/ 17.5°

07/ 20.7°

08/ 19.4°

09/ 16.1°

10/ 12.3°

11/ 6.8°

12/ 2.5°

année 11.0°

Record mini mois par mois

Au fond de la doline, il faut retrancher environ 5° l'hiver, 3° l'été

01/ -28.1°

02/ -27.6°

03/ -24.1°

04/ -15.2°

05/ -6.5°

06/ -3.0°

07/ -2.6°

08/ -2.6°

09/ -5.1°

10/ -10.1°

11/ -22.9°

12/ -26.9°

Record maxi mois par mois

Les chiffres de janvier et février sont douteux.

01/ 15.1°

02/ 16.4°

03/ 15.5°

04/ 21.3°

05/ 26.6°

06/ 26.1°

07/ 28.6°

08/ 28.8°

09 /26.1°

10 /22.4°

11/ 16.8°

12/ 13.1°

A Chamonix sur la même période cela donne:

moyenne des minis mois par mois

01/-7.2°

02/-5.6°

03/-2.9°

04/1.5°

05/5.5°

06/8.5°

07/9.7°

08/9.0°

09/6.5°

10/2.6°

11/-1.2°

12/-5.7°

année/2.1

moyennes des maxis mois par mois

01/2.8°

02/5.6°

03/9.2°

04/16.7°

05/19.0°

06/22.3°

07/24.5°

08/22.8°

09/20.0°

10/15.8°

11/8.9°

12/2.0°

année/14.5

Cette période courte de référence est encore plus douce que celle des années 1981-2010

A Chamonix pour 1981-2010

minis 1.3°

Maxis 13.3°

Ce changement est inégale entre l'été et l'hiver

en janvier:

minis -7.2°

maxis 2.6°

en Juillet:

minis 9.1°

maxis 23.6°

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  • 2 weeks later...
Posté(e)
Neubois (Bas-Rhin)

Bonjour à tous.

Tout d'abord, concernant la climatologie comparée de Darbounouze "1350m" et Chamonix, je viens de consulter cette belle analyse de 'riri vertacorien', présentée juste au-dessus. Merci à lui ! Darbounouze "1350m" est plus froid que Chamonix. On garde en tête qu'il ne s'agit pas des bas-fonds de Darbounouze, qui devraient être équipés ultérieurement, mais d'un emplacement situé sur le flanc de la doline. Le climat des bas-fonds est, d'après les premières mesures, encore plus rigoureux.

Par ailleurs j'ai démarré un petit sujet à propos de la Cailleuse: C'est sur une question que je me pose depuis des années, sans trouver de réponse faute de renseignements.

Marc.

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  • 2 weeks later...

Bonjour,

Je suis retourné faire des observations à Darbounouze en fin de nuit.

Le printemps commence sur les Hauts Plateaux. Au niveau des feuillus,les rares arbres à proximité de Darbounouze n'ont pas débourré comme les érables ou les bouleaux. Plus hauts que le lac d'air froid les hêtres ont débourrés depuis une semaine, et la limite supérieur se situe vers quasi 1600 mètres.

Coté floraison, la prairie de Darbounouze est très peu fleurie, le surpaturage est en certainement la cause.

Sur la Coinchette, beaucoup dejoncquilles, gentianes printanières sur les coté sud, peu de dent de Chien en nord. Je n'ai pas retrouvé de tulipe sauvage cette fois-ci.

Coté névé, plus de neige aux environs de Darbounouze, dès que l'on remonte au dessus de 1400 mètres les premières plaques de neige sont présentes dans les combes nord.

Coté température, les températures sont descendus très basses pour la saison avec des gelés en plaine comme avec -0.6° à l'aéroport de Grenoble.

Les Taf ont bien fonctionné la nuit dernière comme avec -17.1° au Glattalp.

De mon coté j'ai mesuré avec mon thermomètre itinérant -5.8° à 6h15 à la station CREA/LTHE et -11.3° au point 1282 mètres, 20 minutes plus tard.

5.5° d'écart ce matin, c'est pas mal.

Coté faune, j'ai assisté à un concert de tétras lyre et rencontré biches, chevreuisl,une bonne matinée...

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  • 3 weeks later...

Je cherche à savoir l'emplacement de la station météo du Glatalp.

J'ai pu me procurer une carte détaillée du glatalp.

J'ai noté 4 dolines importantes reliées les unes au autres, le lac d'air froid est important.

La doline de Schafboden fait 1200 mètres de long sur 200 mètres de large. Avec un point bas sous la courbe de niveau 1850 mètres.

L'air froid s'échappe surement au point 1867 mètres. La doline fait 25 mètres de dénivelation environ.

Le Glattalpsee (1853 mètres) fait 1.5 km de long, 300 mètres de la large. L'air froid s'échappe au point 1860 mètres. La doline fait 7 mètres de dénivelation.

La doline aux environs Shaffarch ou les torrents de Voder de Lackiback se perdent au point bas de la doline en dessous de la courbe de niveau de 1850 mètres. Les dimensions sont de 700 par 300 mètres.

L'air froid s'échappe aux environs de l'arrivée de la remontée mécanique, un peu en dessous de 1870 mètres.

Ce point est en effet l 'endroit bas ou s'échappe le lac d'air froid des 4 dolines.

La petite doline centrale appelée le Seeloch a aussi un point bas dessous la courbe de niveau 1850.

L'ensemble des 4 dolines fait 2.5km de long avec certainement un point bas à -25/-30 mètres.

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Posté(e)
Neubois (Bas-Rhin)

Bonjour.

Je suis retourné faire des observations à Darbounouze en fin de nuit. Le printemps commence sur les Hauts Plateaux.

Au niveau des feuillus, les rares arbres à proximité de Darbounouze, comme des érables ou des bouleaux, n'ont pas encore débourré. Plus hauts que le lac d'air froid, les hêtres ont débourré depuis une semaine, et la limite supérieure se situe vers quasi 1600 mètres. Côté floraison, la prairie de Darbounouze est très peu fleurie, le surpâturage en est certainement la cause. Sur la Coinchette, beaucoup de jonquilles, gentianes printanières sur les côté sud, peu de dent-de-chien en nord. Je n'ai pas retrouvé de tulipe sauvage cette fois-ci.

Côté névé, plus de neige aux environs de Darbounouze; dès que l'on remonte au-dessus de 1400 mètres, les premières plaques de neige sont présentes dans les combes nord. Côté températures, elles sont descendues très bas pour la saison, avec des gelées en plaine, comme avec -0.6°C à l'aéroport de Grenoble. Les Taf ont bien fonctionné la nuit dernière, comme avec -17.1°C au Glattalp. De mon côté, j'ai mesuré avec mon thermomètre itinérant -5.8°C à 6h15 à la station CREA/LTHE et -11.3°C au point 1282 mètres, 20 minutes plus tard. 5.5°C d'écart ce matin, c'est pas mal.

Côté faune, j'ai assisté à un concert de tétras-lyres et rencontré biches, chevreuils, une bonne matinée...

Bonjour.

Belle introduction au printemps. Merci.

Oui, il y a trois semaines les érables et bouleaux dont tu parles attendaient visiblement encore un peu, avant de laisser leurs bourgeons débourrer. Afin de se mettre à peu près à l'abri des caprices thermiques tardifs que leur auraient réservés éventuellement les lacs d'air froid, d'ailleurs toujours susceptibles, même en été, de commettre des vacheries, question dégâts dus au gel. Quant aux hêtres, je les imagine faisant une couronne printanière de feuilles vertes commençant au niveau habituellement atteint par les lacs d'air froid qui engourdissent régulièrement la dépression de Darbounouze. D'ailleurs les -11,3°C observés par toi le 17 mai dernier à 6h30 au point bas de la dépression (1282m) en disent long à cet égard. Ils "valent" d'ailleurs presque les -17,1°C recueillis au Glattalp, si on tient bien compte d'une notable différence d'altitude entre ces deux sites (1282m contre environ 1858).

Marc.

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Posté(e)
Neubois (Bas-Rhin)

Je cherche à savoir l'emplacement de la station météo du Glatalp.

Bonjour.A propos de la station du Glattalp, j'ai trouvé, datée du 08 mars 2005, une critique de Philippe Jeanneret - "Plus froid qu'à la Brévine ?" - dans: http://tsr.blogs.com/pj/2005/03/index.html . J'en cite la partie nous concernant:

"La suprématie du petit village neuchâtelois est pourtant régulièrement remise en cause par le bouillonnant Jörg Kachelmann, responsable de Meteomedia qui fait la pluie et le beau temps outre-Rhin. Sa société possède son propre réseau de mesures et enregistre régulièrement des valeurs plus basses que Météosuisse, au Glattalp dans le canton de Schwytz.

Comme la Brévine, le Glattalp se trouve dans un fond de vallée, ce qui favorise la formation de lacs d’air froid. A ceci près qu’il se situe à 1858 mètres d’altitude. Un facteur non négligeable dans les situations de grands froids. Ainsi, la semaine passée, alors que le thermomètre de la Brévine atteignait les –34,4 degrés, le Glattalp affichait –38 ! La différence est de taille mais il y a un petit mais...

Pour être conformes aux normes internationales, les appareils de mesures doivent se trouver dans un abri situé à 2 mètres du sol, éloigné de tout objet (bâtiment, végétation etc...) pouvant interférer sur la mesure. Or, la station du Glattalp est installée contre le mur d’un bâtiment en béton. Les mesures ne peuvent donc être homologuées."

Extrait (Philippe Jeanneret).

Ces anomalies, je les ai déjà vu signaler sur le forum d'IC. Maintenant, je n'en sais pas plus sur la station de Meteomedia au Glattalp. Le site (www.meteomedia.de) indique simplement: latitude 46.92°N, longitude 8.88°E et altitude 1858m.
J'ai pu me procurer une carte détaillée du Glattalp. J'ai noté 4 dolines importantes reliées les unes aux autres, le lac d'air froid est important.

La doline de Schafboden fait 1200 mètres de long sur 200 mètres de large. Avec un point bas sous la courbe de niveau 1850 mètres. L'air froid s'échappe sûrement au point 1867 mètres. La doline fait 25 mètres de dénivellation environ.

Le Glattalpsee (1853 mètres) fait 1.5 km de long, 300 mètres de large. L'air froid s'échappe au point 1860 mètres. La doline fait 7 mètres de dénivellation.

La doline aux environs de Shaffarch, où les torrents de Voder, de Lackiback se perdent au point bas de la doline en dessous de la courbe de niveau de 1850 mètres. Les dimensions sont de 700 par 300 mètres. L'air froid s'échappe aux environs de l'arrivée de la remontée mécanique, un peu en dessous de 1870 mètres. Ce point est en effet l'endroit bas où s'échappe le lac d'air froid des 4 dolines.

La petite doline centrale appelée le Seeloch a aussi un point bas en dessous de la courbe de niveau 1850.

L'ensemble des 4 dolines fait 2.5km de long avec certainement un point bas à -25/-30 mètres.

Merci pour ces infos qui me font découvrir la complexité de ce fond de vallée.Marc.
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Posté(e)
Neubois (Bas-Rhin)

Bonjour.

Voici une petite balade dans un monde un peu plus nordique que Strasbourg. Il s'agit du Pays de Bitche (Vosges du Nord), pays de sables et de grès connu pour ses nombreux trous à froid (TAF) et ses quelques tourbières... évidemment de fond de vallée. C'est le 3 juin de cette année 2012. Ce matin à 8h (HL) il pleut bien sur Strasbourg-Meinau: de grosses gouttes qui font du bruit, mais pas très serrées. Et puis, ça cesse peu après. Départ à 11h. Il fait bien plus frais que la veille au même moment. La chaleur est passée. A ce moment je n'ai en tête rien de plus qu'une petite balade tranquille au Pays de Bitche, où ma dernière visite remonte à trop longtemps. Je suis donc la route de Bitche, m'approchant du pied de la partie française de la Hardt, ou Palatinat. Cette zone montagneuse de basse altitude, faite de collines et d'un réseau de vallées intriquées, est située à cheval sur la frontière franco-allemande. Elle fait jonction entre les "vraies" Vosges, haut massif situé au sud du col de Saverne, et le Massif Schisteux Rhénan.

Du haut d'une montée offrant une vue plus dégagée sur le piémont et la Hardt au loin, on voit bien qu'un voile de pluie s'abat sur les premières hauteurs du massif. Les sommets en bordure, comme le Grand Wintersberg au-dessus de Niederbronn-les-Bains, semblent même balayés par des nuages qui passent à basse altitude. Cela promet donc une belle ambiance pour le pays de Bitche qui se cache au-delà, plus en direction du nord et de la frontière.

Passé l'entrée en Moselle orientale - je suis désormais bien en Lorraine et y resterai jusqu'au soir - et le village de Philippsbourg, c'est l'arrivée à un minuscule parking, situé au bas d'un vallon, celui de Lieschbach. Là, il commence à pleuvoir. Un chemin sinueux et en montée légère - eh oui, on est quand même en zone de basse montagne - , au bord duquel s'élèvent quelques murailles de grès peuplées de callune, m'invite à la redécouverte de l'étang de Lieschbach.

L'accueil se fait sous une pluie plus intense. L'étang est semé de fleurs blanches de nénuphar: http://www.casimages.com/img.php?i=1206110334181456869971071.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110334521456869971074.jpg . Je suis surpris car ne pensais pas aux nénuphars, même si j'avais déjà vu l'étang jonché de ces fleurs d'un blanc pur qui font comme de la neige. Une fois de plus je profite de ce paysage somptueux. C'est magnifique. Maintenant, la pluie se renforce, accentuant la beauté du paysage. Alors, muni d'un grand parapluie très efficace, j'en profite pour faire de divers points de la rive, des photographies de l'étang et de ses bords. Je me dis que certains endroits du Minnesota doivent ressembler à ça. Un court instant, alors que je suis à l'angle sud-ouest de l'étang, celui-ci est carrément criblé de gouttes de pluie: http://www.casimages.com/img.php?i=1206110335131456869971075.jpg . Les impacts multiples sur l'écran d'eau rendent la surface d'autant moins distinguable. Avec les fleurs de nénuphar et ce voile blanc formé au-dessus de l'eau par les impacts de la pluie, en plus avec le bruit que ceux-ci font, l'atmosphère des lieux est magique. Les lointains deviennent même de moins en moins visibles, alors que l'intensité de la pluie augmente. Tout devient plus flou encore, des lointains jusqu'à l'étang compris.

Et puis je continue sur le chemin, jusqu'au ponton en bois qui s'avance carrément sur l'étang et offre ainsi une vue très dégagée, notamment en direction de la queue de l'étang. Cette zone tourbeuse prolonge le liséré plus ou moins mince de tourbière qui suit le périmètre de l'étang sur une bonne partie. Là aussi de belles ambiances et de nouvelles photos: http://www.casimages.com/img.php?i=1206110335341456869971077.jpg . La pluie est en train de se calmer. Mais pourtant ce n'est pas fini, comme le montre sur les images la surface de l'étang. En plus un petit vent se lève, faisant tomber la pluie de côté. Heureusement que mon parapluie est grand, mais aussi il donne prise au vent.

Après ces quelques moments passés au ponton, il est temps de continuer en direction du nord-est sur le chemin. Je passe un carrefour et continue un peu, pour longer sur ma droite une forêt tourbeuse, dont les teintes sont saturées compte tenu de la saison, notamment les verts, abondants et de nuances diverses: http://www.casimages.com/img.php?i=1206110337301456869971079.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110337531456869971082.jpg . En effet les conifères ont de vieilles feuilles, vert foncé. Mais au bout des rameaux ce sont des feuilles vert tendre, accrochant le regard. Ces dernières donnent une teinte jaune clair à la forêt, avant que l'avancée de la saison ne vienne la faire disparaître et remplacer par le vert plus ou moins foncé, signe de la progression de l'été. Comme c'est le cas de ces jeunes pousses, l'herbe aussi paraît fluorescente sous ce ciel gris et cette pluie.

On arrive à une zone plate, également tourbeuse puisque toujours dans le vallon de Lieschbach, mais malheureusement fortement drainée comme le montrent des rigoles. Cette zone est dominée de loin par des tables de grès peuplées de pins. Un paysage typique du Pays de Bitche, dont les véritables richesses naturelles sont ses étangs et tourbières mais aussi ses platières de grès. Je pense que l'endroit où je suis maintenant, très plat et situé au fond de la tête d'un vallon, de plus doté d'un couvert arborescent plus ou moins clairsemé, doit connaître des températures fort basses par nuit radiative. En effet, en aval de cet endroit, c'est-à-dire en direction de l'étang, le couvert des arbres devient assez dense. En plus la pente du vallon de Lieschbach est partout très faible. Tout cela devrait bloquer le drainage de l'air froid originaire des versants. De l'air froid tendrait alors à s'accumuler pendant la nuit radiative sur cet endroit relativement dégagé. Ensuite il se refroidirait sur place intensément par rayonnement thermique. Mais cet endroit est sans doute exemplaire d'un cas très répandu dans le Pays de Bitche, où sur une surface importante (des milliers d'hectares) le relief présente le même type de caractère. On le verra plus loin, durant la suite de la balade.

Retour par l'autre côté du vallon de Lieschbach. Quelques photos prises de nouveau dans la forêt sur tourbe: http://www.casimages.com/img.php?i=1206110336081456869971078.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110338441456869971085.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110339061456869971093.jpg . Question dégâts sur la végétation dus au gel, je n'étais pas spécialement branché au départ de cette balade. Des myrtilles au bord du chemin, en amont de l'étang de Lieschbach, me rappellent soudain cette question: http://www.casimages.com/img.php?i=1206110338221456869971084.jpg . Mais est-ce bien dû au gel ? J'atteins maintenant de nouveau l'extrémité du lac. C'est l'occasion de photographier de nouveau l'étang, avec ses nénuphars (http://www.casimages.com/img.php?i=1206110339281456869971107.jpg), mais aussi la forêt clairsenée située en amont, où, s'en approchant, on peut apercevoir des linaigrettes, bien visibles grâce à leurs pompons blancs: http://www.casimages.com/img.php?i=1206110340121456869971110.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206121224481456869973737.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110339501456869971108.jpg . Et il pleut toujours, quoique faiblement. Le parapluie ne m'a pas quitté depuis le début de la balade. On voit autour de soi les feuilles bleuâtres de nombreuses myrtilles des marais, en plus de la commune myrtille. L'étang a un niveau d'eau bien élévé. C'est rassurant de voir ça ! L'eau atteint largement le pied des arbres de bordure. Et à la limite de l'eau il y a pas mal de sphaignes vertes. Un vert encore bien saturé. Puis la digue de l'étang est dépassée. Sur la droite, je vois bientôt beaucoup de fougères présentant des dégâts; dus au gel semble-t-il. Les frondes sont brunies et desséchées. Je les photographie: http://www.casimages.com/img.php?i=1206110340361456869971112.jpg .

Du parking je reprends la route, passe par l'étang de Hanau, où je n'aperçois pas de nénuphars. Puis c'est un arrêt à l'étang de Waldeck. Cet étang à un niveau très bas, beaucoup trop bas. La surface d'eau libre est donc très réduite. Ce ne doit pas être bon pour la végétation du bord qui doit avoir soif. En plus c'est franchement peu photogénique. Déjeuner, assis sur un tronc mort. Il ne pleut plus. Je contourne l'étang par l'ouest, en observant de nouveau des myrtilles des marais. Elles y sont en abondance et reconnaissables par la teinte de leurs feuilles tirant vers le bleu comme signalé plus haut. A noter, dans la forêt tourbeuse bordant l'étang, de nombreuses coupes d'arbres. C'est pour éliminer, au profit de la myrtille des marais qui a besoin de lumière, une espèce introduite de conifère, indésirable pour le coin. A l'extrémité ouest de l'étang, la berge tourbeuse, peu arborée, montre des linaigrettes, avec leurs pompons blancs. Mais l'étang à beaucoup plus d'attrait quand ses eaux sont hautes. Là, c'est minable ! Avant de rejoindre le parking, je m'avance jusqu'à la limite entre la zone de marnage de l'étang et la forêt tourbeuse peulée de pin sylvestre et myrtille des marais. A noter que l'accès au-delà de cette limite n'est pas permis (Réserve Naturelle des Rochers et Tourbières du Pays de Bitche). De loin donc, je devine, grâce à une teinte rousse, la présence de petites drosères sur l'herbe humide. Je sais, pour les avoir observées autrefois, qu'il s'agit - nuance de taille - de drosères à feuilles allongées et non rondes. A noter enfin que faire le tour de l'étang de Waldeck ne me conduit pas à observer sur la végétation des dégâts dus au gel.

Et puis je passe en voiture de l'étang de Waldeck à celui d'Erbsenthal (l'Erbsenweiher), via le secteur Zinzelhardt du vallon de Grossthaler Ebene. Sur la route conduisant à cet étang, on peut observer, parmi les autres essences, de nombreux hêtres. Dans le secteur Zinzelhardt, ceux-ci présentent tous une certaine proportion de feuilles brunes. Il ne peut s'agir que de dégâts dus au gel. Mais les autres essences d'arbre sont bien vertes. De même toutes les fougères. Je m'attendrais plutôt à voir des fougères aigle rôties à cause de gels tardifs, comme j'en vis en ces mêmes lieux lors d'autres printemps. Mais rien de tel aujourd'hui. Les hêtres que je vois en passant, uniformément bruns pour certains (toutes feuilles roussies), offrent donc de superbes exemples de marcescence.

Ils ont dû être soumis à de basses températures au cours du printemps, alors qu'ils étaient déjà bien fournis en feuilles grâce aux chaleurs précoces de mars. Les autres essences ont dû être épargnées, du fait que lors de ces froids elles ne devaient pas encore porter de feuilles. Je pense que ces dégâts ne sont pas dus aux gelées qui eurent lieu à la période des saints de glace, notamment le 17 mai dernier (voir, au "Suivi des gelées saison froide 2011-2012", 'alex67' 17 mai 2012 - 20:32: "Nouvelle petite gelée ce matin à ma VP2 de Niederbronn avec une Tn de -0,1°C, pas mal pour un 17 mai"). En effet, si c'était le cas, les frondes de fougère aigle rencontrées ici aujourd'hui seraient complètement roussies, car elles sont très sensibles au gel et devaient déjà être sorties de terre à cette période. Or elles ne sont pas roussies. Maintenant répétons que mars dernier et son temps estival a dû faire démarrer la foliaison du hêtre très tôt, le mettant en mauvaise posture pour affronter sans dégâts des gelées tardives sévères. Aussi ceux constatés sur le hêtre ont sans doute pour cause les gels de mi-avril dernier, notamment celui du 17 au matin, où la température est descendue jusqu'à -2,9°C chez 'alex67' à Niederbronn-les-Bains (67) (STATIC), -5,4°C dans le TAF de Wimmenau (67) situé à une vingtaine de kilomètres d'Erbsenthal, -7,5°C dans celui de Chaumont-Semoutiers (52) et -8,1°C dans celui de Mourmelon (51) ! Voir au topic cité juste au-dessus:

En tout cas, c'est impressionnant de voir ces dégâts ponctuels, présents sur une seule espèce, alors qu'autour tout est bien vert.

Puis c'est le parking de l'étang d'Erbsenthal. Je descends vers l'étang, en longeant la forêt tourbeuse par le chemin qui la borde. Cette forêt est superbe: http://www.casimages.com/img.php?i=1206110341001456869971118.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110341221456869971121.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110341461456869971123.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110342071456869971126.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110342301456869971127.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110343001456869971129.jpg . Une fois de plus, je ne me lasse pas de la contempler et de la photographier - c'est la pinède sur tourbe dans son plus bel état, une formation végétale qu'en France on ne trouve que dans les Vosges du Nord, mais qui est beaucoup plus fréquente plus à l'est, notamment en Pologne - . Même si je viens de me saturer les yeux avec les beautés forestières de Lieschbach puis de Waldeck. Les verts sont saturés. J'observe des linaigrettes au loin, elles sont dans la zone de tourbière située au-delà de cette pinède sur tourbe et bordant directement l'étang. A ce niveau les arbres sont plus dispersés et c'est donc plus ensoleillé. Mais tout cela est désormais inaccessible du fait du statut de la réserve naturelle. Et tant mieux parce que ce milieu naturel est vraiment sensible au piétinement. D'une façon qu'on ne peut pas soupçonner, tant qu'on n'y a pas mis soi-même les pieds, ou plutôt les bottes. En plus, là où c'est très engorgé, on va s'enfoncer. Et sur le moment ça fait une drôle d'impression, je pourrais d'expérience vous la décrire. Alors, quand l'assise des pas se dérobe et que les bottes sont près de se remplir par le haut, vous tentez de reculer et vous vous accrochez à ce que vous pouvez. Les arbustes qui restent autour de vous sont finalement le seul recours. Vous prenez appui à la force de vos bras, faites laborieusement demi-tour en extrayant les bottes de ce mélange d'eau et de débris végétaux. Puis regagnez un lieu plus sec et plus sûr, en disant "ouf...". Sinon il ne resterait plus qu'à se vautrer au sol dans le seul but de flotter. Il y a pas mal de bois mort dans cette forêt cernant l'Erbsenweiher. D'aspect, c'est donc plutôt sauvage.

Finalement j'arrive à la digue. Pas de photo vers l'étendue de l'étang, car il y a trop de vent - la surface est zébrée par des risées - et parce que trop de branches penchent sur le bord, obstruant la vue depuis le chemin passant sur la digue et menant à une route forestière.

Le secteur de l'Erbsenweiher est un autre paradis botanique du Pays de Bitche. On y trouve notamment du calla des marais, plante nordique rare en France, juste à la limite de l'eau. C'est l'emblème que l'on voit sur tous les panneaux balisant la réserve. J'arrive sur la route. Le muguet présent en bordure montre encore quelques inflorescences, mais celles-ci sont déjà un peu fanées. Les clochettes sont un peu jaunies, mais pas brunes. C'est pas mal pour un 3 juin. Maintenant je continue vers le parking. A ma droite la réserve naturelle. Sur ma gauche, le terrain est engorgé dès le bord de la route et des canaux de drainage anciens, déjà bien végétalisés, sont saturés d'eau. Un paysage amphibie. Au delà s'étend vers le sud-ouest le vallon de Kandelthal, dominé par les falaises de Kandelfelsen. Le fond est une vaste surface plane, cerclée de hauteurs. Des deux côtés de la route, en bordure de celle-ci et plus à l'intérieur des bois, je vois encore des hêtres plus ou moins roussis. On a même l'impression que certains sont morts, tellement il n'y a aucune feuille verte, pire aucune teinte verte sur l'arbre. Je fais de cela plusieurs photos. Mais aussi des photos d'arbres différemment atteints, pour montrer la gradation des dégâts: http://www.casimages.com/img.php?i=1206110343271456869971131.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110343531456869971134.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110344191456869971137.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110344461456869971139.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110345091456869971140.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110345361456869971142.jpg - http://www.casimages.com/img.php?i=1206110346131456869971148.jpg .

Pour le retour à Strasbourg, je prends au plus court: par Philippsbourg, via Mombach. Jusqu'à Philippsbourg je suis en alerte, essayant de trouver, depuis des routes forestières très exiguës, d'autres cas de marcescence concernant le hêtre. Mais je n'ai pas vu la même chose qu'en amont d'Erbsenweiher. Juste quelques feuilles brunes sur certains hêtres situés en bordure de route grosso modo à mi-chemin entre Erbsenweiher et Philippsbourg.

Il y eut pas mal de vent sur place durant cette balade. Mais il plut moins en fin d'après-midi. Il n'y eut pas d'orage. Quant au soleil, il resta invisible. A Philippsbourg il faisait 18°C à 17h30 (thermo-voiture). Je vis des myrtilles des marais (feuilles bleuâtres), linaigrettes, drosères, nénuphars et sphaignes etc... Qu'elle est belle la petite Sibérie de la Lorraine ! Mais aucun moustique et pas de cératopogons, grâce au vent je pense. Pas de bruits d'avions ou de voitures (éloignement des routes principales). J'eus le sentiment de me trouver dans un paradis végétal, comme déjà dit plus haut. Le parapluie fut toujours prêt à me protéger et surtout à éviter la présence de gouttelettes de pluie sur l'objectif lors des prises de vue. Aussi je n'en ai raté aucune à cause de cela.

APN (compact): mju 1030 SW d'Olympus.

L'heure utilisée est l'heure légale.

Marc.

Modifié par taf95
(une coquille)
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Pour les dégats de gel, cette année le gel de -4°/ -5° du 17 mai sur les parties basses du plateau de Villard de Lans/ Autrans a essentiellement touché les jeunes frênes qui commençaient a se garnir de feuilles et les rares hêtres en dessous de 1000 mètres. Certains frênes n'ont toujours pas de feuilles à ce jours et les hêtres sont grillés.

Au niveau des myrtilles,je n'ai pas observé de dégats hormis les fleurs sensibles au gel.

La dernière fois,la forte gelée du 30 mai 2007, les frênes avaient complètement perdu leurs feuilles et repoussés dans l'été.

Ces observations doivent se retrouvés dans les TAF du jura, massif Centrale.

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  • 2 months later...
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Neubois (Bas-Rhin)

Bonjour.

A la station du CREA de Darbounouze "1350m" il faisait le 17 août dernier à 5h00 et 5h15 (TU): 0,1°C (0,06°C sur le graphique). A 2 m de hauteur on s'est donc approché sérieusement du gel cette nuit-là. Tiens, tiens ! Mais pour cette station c'est tout à fait dans les clous. Maintenant, compte tenu de ce qu'on sait déjà sur le coin, j'attends avec curiosité ce qu'il réserve pour la prochaine saison froide. Est-ce qu'il y a du nouveau au fond de la doline, Richard ?

Marc.

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Posté(e)
Neubois (Bas-Rhin)

Bonjour.

Il y a quelques mois (voir: /topic/17358-les-trous-a-froid-en-france/page__st__640#entry1643410'>http://forums.infocl...40#entry1643410) j'ai parlé de Hribarice, une doline slovène située dans le massif du Triglav (Alpes Juliennes), à grande altitude. Le fond est en effet à 2306 mètres. Cette altitude est donc grosso modo ce qu'on trouve aux dolines Middle Sink et Peter's Sink en Utah. La doline Hribarice est étudiée depuis peu sur le plan de la météorologie locale. Les moins cinquante degrés Celsius y sont d'ailleurs attendus de pied ferme !

Jusqu'à maintenant je n'arrivais pas à situer précisément cette doline, sur le haut plateau karstique qui porte le même nom. Mais c'est chose faite, en effet, via la toile, je viens de mettre la main sur une carte, où en contrebas de la face sud du Kanjavec, la grande montagne qui domine le haut plateau, on voit bien un point à 2306 mètres ! Il s'agit donc du point bas de la doline Hribarice. Celui-ci correspond justement à la dépression que j'ai décrite ici il y a quelques mois.

Alors je me balade un peu sur le net, en quête d'images concernant le thème "Hribarice" et cela me mène à une pépite: un blog présente une balade à ski en plein hiver dans ces solitudes glacées et bien sûr enneigées. Les images sont magnifiques. Elles montrent la haute montagne des Alpes Orientales bourrée de neige et de soleil, émergeant d'une mer de nuages qui maintient les basses terres dans la grisaille. C'est en slovène, donc je ne comprends rien au texte, sauf bien sûr "mrazisca" (frost hollows). Cependant le traducteur et ce que je vois sur certaines images me font déduire que cette balade a un rapport certain avec les observations météorologiques en cours sur le site. Je vous laisse découvrir le blog de ce gars, c'est magique: http://ortosplet.blo...-hribarice.html. On reparlera ici de ce coin, c'est sûr !

Marc.

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Posté(e)
Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

Oui, magnifique, Marc ! Que c'est frustrant de ne pas comprendre le slovène... en tout cas, on voit qu'eux, au moins, ils ont installé une station météo en plein là où il faut.

Faudrait pouvoir faire pareil à Darbounouze...

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Posté(e)
Neubois (Bas-Rhin)

Bonjour.

Par MP du 9 juin dernier 'Thundik81' me fait savoir que le CG57 a une station de météo routière dans le secteur de l'étang de Hanau (Pays de Bitche, Vosges du Nord), assez régulièrement plus froide que les stations des membres de l'association CLI.M.A. 57 - 67 - 68 (en période d'inversion), se demandant si je l'ai déjà vue sur le trajet me conduisant d'un étang-tourbière à l'autre, c'est-à-dire d'un trou à froid à l'autre.

Il ajoute que cette station fait partie du réseau Météo Omnium, dont l'accès aux données reste réservé à ce que j'appelle des ayants droit. Les conditions font que les données de cette station ne peuvent être mises en ligne ni par personne, ni même donc par un ayant droit. Et même si la source est citée ! Cela ne rigole pas de ce côté-là. 'Thundik81' en a fait les frais de son côté et je tiens à le faire savoir, car il est de l'intérêt de tous de le savoir. Il est allé jusqu'à supprimer de ce topic la totalité des données relatives à la station Météo Omnium d'Aumont-Aubrac.

Il n'y a pas de transigeance à attendre de la part de cette sorte d'organisme. Peu importe si la diffusion de la connaissance s'en trouve ralentie. Peu importe si la lisibilité d'une conversation publique entre amateurs de météorologie s'en trouve affectée. Ce sont avant tout les rentrées d'argent qui comptent. C'est dommage qu'on achoppe ainsi sur la privatisation de la connaissance. C'est sûr que ce n'est pas avec de telles règles que la science va avancer rapidement. Mais le monde est ainsi fait, malheureusement, et c'est déplorable qu'il continue dans ce sens. Mais c'est normal, paraît-il... Il faudrait s'y faire. Eh bien je dis non ! Voilà, ça c'est pour mon coup de gueu(l)e.

Je répondis ceci à 'Thundik81':

"Je ne connaissais pas l'existence de cette station CG57. La prochaine fois que j'irai dans le coin j'essayerai de la voir. Disons que l'étang de Hanau est un site potentiellement magnifique mais malheureusement gâché par le tourisme de masse. Aussi, lors de mes tournées, de nos jours cependant moins fréquentes, des différents étangs-tourbières du Pays de Bitche, j'évite l'étang de Hanau, commençant habituellement par Lieschbach, puis continuant via Waldeck, Erbsenthal et finissant par les deux étangs de Welschkobert. Par contre la dernière fois que je suis allé à Rothenbruch remonte à longtemps, mettons quelques années; à cette occasion, des bords de la tourbière - accès au-delà interdit (réserve naturelle nationale) - j'ai pu apercevoir au loin un dispositif de météorologie, installé dans la tourbière. Au départ de Strasbourg, difficile de faire dans la même journée le tour de toutes les tourbières. Ou alors c'est bâclé. Je te communique ces détails mais ne sais pas si le coin te dit quelque chose."

Vient le 26 août dernier, où je fais une fois de plus la tournée des étangs-tourbières du Pays de Bitche. Dès le départ, je me suis bien rappelé que j'avais une station météorologique Météo Omnium à localiser le long de la route de Bitche (N62). Aussi, peu après avoir quitté Lieschbach, au lieu de prendre sur ma droite la petite route forestière qui me conduirait à l'étang de Waldeck via l'étang de Hanau, je continue tout droit en direction de Bitche. Mais pas longtemps.

En effet la station est sur le bord de la grande route, environ deux cents mètres après la bifurcation. La station se trouve sur le bord gauche de la route, si on poursuit celle-ci vers Bitche; c'est-à-dire au sud de la route. C'est sur une longue ligne droite, un peu en montée en direction de Bitche. C'est à environ 225 mètres d'altitude seulement. Un bel ensemble: costaud, immaculé et bien visible de loin pour la personne qui arrive par la route de l'une ou l'autre direction. C'est à l'intérieur d'un enclos ajouré, de teinte foncée et fermé par une porte. Est indiqué sur la station: Station Omnium.

L'environnement est assez ouvert. La station est située entre la grande route et la ligne de chemin de fer désaffectée. Il y a dans le voisinage une maison et au-delà, au pied d'un versant orienté au nord commence la forêt. Le versant adret est plus éloigné. C'est dans la vallée du ruisseau de Falkenstein. Mais on n'est pas absolument au fond de la vallée. En effet, depuis la bifurcation vers Hanau on s'est éloigné un peu du fond de vallée, à cause d'une montée peu marquée de la route. D'ailleurs légèrement en contrebas de la station on devrait trouver l'étang Unter. Elle est équipée d'un abri météorologique à onze coupelles, situé grosso modo à hauteur d'homme. Il y a aussi une girouette et un anémomètre à ailettes, installés sur un portique au-dessus d'un grand panneau solaire orienté vers le sud. Voilà donc pour la description de cette station.

Voici quelques photos, prises par moi le même jour en fin d'après-midi: http://www.casimages...68610257100.jpg, http://www.casimages...68610257101.jpg, http://www.casimages...68610257102.jpg, http://www.casimages...68610257103.jpg, http://www.casimages...68610257104.jpg.

A l'heure actuelle les données en sont malheureusement inaccessibles, pour les raisons dites plus haut. Alors, peut-être qu'un jour... On peut toujours rêver.

Marc.

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Posté(e)
Neubois (Bas-Rhin)

Bonjour.

Pour illustrer le message précédent, je voudrais déterrer un article que Roger Engel a publié en 1977 dans le n°61/62 de la revue trimestrielle Saisons d'Alsace, traitant de l'Alsace et sa végétation. C'est aux pages 125-138, sous le titre "Flore de la Vasgovie". L'auteur y décrit, mieux que tout ce que je pourrais écrire là-dessus, le relief des Vosges du Nord - notamment celui du Pays de Bitche, ou Pays de Hanau - et ses conséquences sur la topo-climatologie. Voici donc des extraits des passages sur ce thème les plus significatifs.

A propos du relief:

"Les Vosges du Nord ne sont pas de véritables montagnes, ne serait-ce qu'à cause de l'altitude. Avec ses 580 m, le Grand Wintersberg près de Niederbronn-les-Bains ne dépasse pas de beaucoup les sommets voisins et est loin de faire figure de géant. En fait les Vosges du Nord sont un complexe de petits sommets arrondis ou de lignes de crêtes plafonnant aux alentours de 400 m et séparés par un fouillis de vallons étroits reliés les uns aux autres par des cols peu élevés. Les pentes parfois raides sont couronnées par des parois rocheuses souvent cachées par la forêt."

De l'eau:

"Le réseau hydrographique est caractérisé par la présence de nombreux petits cours d'eau dont les principaux sont, du nord au sud: le Steinbach, le Schwartzbach, la Zinsel du nord, la Moder et la Zinsel du sud. Comme la ligne de partage des eaux est située assez à l'ouest ces cours d'eau orientés surtout vers le sud-est, traversent le massif dans presque toute sa largeur. Les nombreux affluents issus des multiples vallons latéraux leur assurent un débit régulier. Il faut également noter la présence de nombreux étangs et marais parfois tourbeux qui occupent aussi bien le fond de vallées assez larges que les cuvettes ou l'élargissement de certains petits vallons reculés."

Du climat:

"A part certains phénomènes exceptionnels comme des chutes de neige particulièrement abondantes qui peuvent déterminer de graves dégâts dans le massif forestier, les crêtes sont en général plus favorisées que les fonds de certains vallons encaissés et humides où s'accumule le froid. C'est peut-être pour cette raison que la zone à l'est de Bitche a pu être qualifiée, à tort ou à raison ? de Sibérie des Vosges."

Enfin, concernant les formations marécageuses ou tourbeuses:

"Si ces milieux inhospitaliers ont subi comme partout l'influence humaine, certains étangs et marais tourbeux ont conservé une flore très originale grâce à des conditions climatiques particulières assez proches de ce qu'elles furent dans le passé."

Plus récent, à propos des tourbières de la partie septentrionale des Vosges du Nord, un livret-guide nature, édité par l'Association Espaces et Recherches et datant de 1997: "Les tourbières du Pays de Bitche, milieux naturels originaux des Vosges du Nord" (textes: Thierry Dalbavie, illustrations: Jean-Philippe Solleliet).

On y lit, à propos du relief:

"Dans le Pays de Bitche, le paysage est celui de collines douces, au dos rond dépassant à peine les 400 m, séparées par des vallons, étroits ou larges, intimes et mouillés. Le grès s'exprime aussi de manière plus hardie; on a alors des éperons rocheux ocres et pittoresques qui émergent de la forêt."

Du climat local:

"Le Pays de Bitche a un climat plus froid que le plateau lorrain voisin ou que le nord de la plaine d'Alsace (certains l'appellent la petite Sibérie de Lorraine).

Les reliefs en cuvette retiennent des nappes d'air froid et humide, plus lourd (il y a inversion des températures: il fait plus chaud sur les hauteurs que dans les fonds), qui s'enfilent ensuite dans les vallons; on a donc un microclimat fait de poches de froid dans un pays à climat tempéré, ce qui est très favorable au maintien des tourbières.

Repères climatiques. Précipitations moyennes: 850 mm/an, + de 100 jours de gel/an, risque de gel nul entre le 15 juin et le premier septembre seulement, température moyenne en janvier (mois le plus froid): - 0,5°C, température moyenne annuelle: + 8,6°C."

Des tourbières:

"Tourbières hors normes ! Les tourbières du Pays de Bitche sont situées à des altitudes exceptionnellement basses (225 à 300 m) pour de tels milieux, et doivent leur survie au microclimat froid et humide qui sévit ici.

Elles sont à la limite entre deux climats, l'océanique et le continental. Les plantes expriment bien ce mélange: celles venues du nord (calla des marais et lycopode inondé par exemple) côtoient les habituées des douceurs atlantiques (scirpe à plusieurs tiges, potamot oblong, rhynchospores...).

Elles évoluent vers un milieu très original en France, la pinède sur tourbe".

Enfin concernant la pinède sur tourbe:

"Voici le stade terminal de toutes les tourbières du Pays de Bitche dans les Vosges du Nord, après assèchement progressif et envahissement (colonisation) par les arbustes d'abord et les arbres ensuite.

C'est une forêt naturelle remarquable, constituée de Pin de Hanau. On ne trouve ce milieu naturel que dans le Pays de Bitche, seul site en France où s'est maintenue une forêt de pins sylvestres sur tourbe. C'est l'extrême limite ouest de cette forêt, plus commune dans les Pays de l'Est (Allemagne, Pologne, Russie...).

Le sous-bois est très original: épais buissons d'airelle des marais, beaucoup de mousses, de la callune fausse bruyère et parfois, à la faveur d'un creux, des rossolis, nos petites plantes carnivores !

Le grand tétras, ou coq de bruyère, se voyait encore dans cette forêt il y a quelques décennies."

Edifiant, tout ça. Non ? En somme de petits morceaux de taïga à pin perdus au fin fond des hauteurs modestes de l'extrême Nord-Est français, à seulement quelques dizaines de kilomètres de la capitale européenne Strasbourg, nous cottoient en toute liberté et sans que la plupart y prêtent la moindre attention.

Marc.

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Besse sur Issole (83 - Alt 275 m à 26 km de la mer)

Bonsoir,

En allant à Gréolières Les Neiges (06) pour tenter d'installer une station Davis pour l'hiver dans le TAF de la cuvette de la station de ski (-41° début mars 71 sous abri normalisé, source : Pierre Carrega, qui m'a bien confirmé cette valeur et la normalisation), ce qui n'a pas été possible, je suis passé à la station MF la plus froide du Var en Tn, à Comps-Enterron alt 836 m, qui est située dans la plaine derrière le village.

Elle n'est pas installée dans un TAF, le sol de la station est même bien bombé, bien plus que ce qu'on peut percevoir sur les photos, http://meteo.besse83...mps_enterron/, le site est très ventilé, classe 1 (hors problème de matériel sous et près de l'abri Cimel) bien dégagée.

Sur la vue sat Google, le TAF de ce coin à Comps, se situe près de la fermeture de la cuvette dans le champ où j'ai mis le point rouge :

http://meteo.besse83...compsmftafe.jpg

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Salut,

En allant à Gréolières Les Neiges (06) pour tenter d'installer une station Davis pour l'hiver dans le TAF de la cuvette de la station de ski (-41° début mars 71 sous abri normalisé, source : Pierre Carrega, qui m'a bien confirmé cette valeur et la normalisation), ce qui n'a pas été possible

Pour quelle raison ?
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Besse sur Issole (83 - Alt 275 m à 26 km de la mer)

Le commerce nécessaire pour la console et la connexion IP et assez proche pour installer l'ISS dans le point bas du TAF, est fermé.

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Saint-Ambroise, Saguenay-Lac-St-Jean, QC, Canada

"Tourbières hors normes ! Les tourbières du Pays de Bitche sont situées à des altitudes exceptionnellement basses (225 à 300 m) pour de tels milieux, et doivent leur survie au microclimat froid et humide qui sévit ici.

Elles sont à la limite entre deux climats, l'océanique et le continental. Les plantes expriment bien ce mélange: celles venues du nord (calla des marais et lycopode inondé par exemple) côtoient les habituées des douceurs atlantiques (scirpe à plusieurs tiges, potamot oblong, rhynchospores...).

Elles évoluent vers un milieu très original en France, la pinède sur tourbe".

Enfin concernant la pinède sur tourbe:

Citation

"Voici le stade terminal de toutes les tourbières du Pays de Bitche dans les Vosges du Nord, après assèchement progressif et envahissement (colonisation) par les arbustes d'abord et les arbres ensuite.

C'est une forêt naturelle remarquable, constituée de Pin de Hanau. On ne trouve ce milieu naturel que dans le Pays de Bitche, seul site en France où s'est maintenue une forêt de pins sylvestres sur tourbe. C'est l'exrême limite ouest de cette forêt, plus commune dans les Pays de l'Est (Allemagne, Pologne, Russie...).

Le sous-bois est très original: épais buissons d'airelle des marais, beaucoup de mousses, de la callune fausse bruyère et parfois, à la faveur d'un creux, des rossolis, nos petites plantes carnivores !

Le grand tétras, ou coq de bruyère, se voyait encore dans cette forêt il y a quelques décennies."

Edifiant, tout ça. Non ? En somme de petits morceaux de taïga à pin perdus au fin fond des hauteurs modestes de l'extrême Nord-Est français, à seulement quelques dizaines de kilomètres de la capitale européenne Strasbourg, nous cottoient en toute liberté et sans que la plupart y prêtent la moindre attention.

Marc.

Bonjour Marc,Merci pour toute cette description et ces citations très intéressantes que tu as postées.

Il semblerait effectivement qu'une bonne partie de ces milieux humides (les tourbes) des Vosges du nord aient conservé leurs caractéristiques floristiques et paysagères sans subir les transformations directes ou indirectes dues aux activités humaines.

Cependant, je reste partagé sur l'idée d'évoquer un quelconque lien avec le milieu boréal. Certes l'aspect général y fait sans doute penser un peu, mais à vrai dire, une moyenne annuelle de 8.6°c me semble "beaucoup" trop élevée pour cela. De telles valeurs (-0.5°c / 17.5°c de Tm mensuelles pour janvier et juillet) me font plutôt penser à la forêt sempervirente océanique fraîche qui règne dans le sud de la Norvège par exemple. La forêt boréale est un milieu particulier (même s'il ressemble à cette forêt des Vosges) qui présente des conditions climatiques bien plus rudes : pas plus de 3 mois de Tm mensuelles > 10°c, et souvent accompagnées d'hivers bien froids (au moins inférieur à -5/-6°c). La Tm annuelle est très souvent inférieure à 0 à +4°c.

Cette forêt de pin sylvestres qui régnait autrefois sur l'Europe n'était pas, il me semble, une forêt boréale. Mais c'était la forêt climacique de tout le centre de l'Europe.

Mais peut-être suis-je dans l'erreur.

Gaël.

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  • 2 weeks later...

Bonjour Marc,

Merci pour toute cette description et ces citations très intéressantes que tu as postées. Il semblerait effectivement qu'une bonne partie de ces milieux humides (les tourbes) des Vosges du nord aient conservé leurs caractéristiques floristiques et paysagères sans subir les transformations directes ou indirectes dues aux activités humaines.

Bonjour Gaël.

Oh! Les milieux humides des Vosges du Nord et en particulier ceux du Pays de Bitche portent les traces de nombreux dégâts commis autrefois, notamment au Moyen-Age par des moines défricheurs et aménageurs: assèchement de tourbières par des canaux de drainage dont on voit encore partout les sillons, mais aussi tourbières inondées pour la création d'étangs de pisciculture. Néanmoins des joyaux botaniques se cachent encore au fin fond de ces vallées secrètes. La plupart sont d'ailleurs protégés par la réserve naturelle nationale des rochers et tourbières du Pays de Bitche, réserve éparpillée au sein de la réserve de biosphère transfrontalière Vosges du Nord - Pfälzerwald.

Cependant, je reste partagé sur l'idée d'évoquer un quelconque lien avec le milieu boréal. Certes l'aspect général y fait sans doute penser un peu, mais à vrai dire, une moyenne annuelle de 8.6°C me semble "beaucoup" trop élevée pour cela. De telles valeurs (-0.5°C / 17.5°C de Tm mensuelles pour janvier et juillet) me font plutôt penser à la forêt sempervirente océanique fraîche qui règne dans le sud de la Norvège par exemple. La forêt boréale est un milieu particulier (même s'il ressemble à cette forêt des Vosges) qui présente des conditions climatiques bien plus rudes : pas plus de 3 mois de Tm mensuelles > 10°C, et souvent accompagnées d'hivers bien froids (au moins inférieur à -5/-6°C). La Tm annuelle est très souvent inférieure à +4°C. Cette forêt de pins sylvestres qui régnait autrefois sur l'Europe n'était pas, il me semble, une forêt boréale. Mais c'était la forêt climacique de tout le centre de l'Europe.

Mais peut-être suis-je dans l'erreur.

Pinèdes sur tourbe du Pays de Bitche, taïga ou pas ?

Tout d'abord, comme tu t'en doutes bien entendu, il ne s'agit pas de taïga au sens le plus strict. C'est-à-dire, comme tu sais, des confins de la forêt boréale qui forment une bordure forestière clairsemée au-delà de laquelle vers le nord s'étend une formation complètement dénuée d'arbres, la toundra. Dans la même direction, cette bordure forme même un dégradé - la taïga-toundra - , où sur quelques kilomètres les arbres de plus en plus se font rares, dispersés et chétifs au fur et à mesure qu'on s'approche de la toundra et donc de la limite de la forêt - là où passe l'isotherme 10°C pour le mois le plus chaud de l'année. C'est bien à ce niveau que cesse la forêt, du fait de l'impossibilité de stocker du bois dans un tronc.

Bien sûr, dans ces pinèdes sur tourbe du Pays de Bitche, on ne se sent pas comme dans un muskeg canadien ponctué d'épinette en colonne, comme j'ai pu en voir autrefois dans le grand nord, sur des plateaux du côté de Beaver Creek à l'ouest du Yukon ou même beaucoup plus au sud sur le bouclier canadien, au fond de dépressions engorgées près de White River au centre de l'Ontario.

A propos de ces pinèdes, il ne peut même pas s'agir de taïga au sens large, c'est-à-dire de la forêt boréale sensu stricto. En effet, comme tu le précises, il doit quand même y faire beaucoup trop chaud pour cela. Non, je pense qu'il s'agirait de quelque chose qui est apparenté à ce que l'écologue Jean-Claude Génot appelle "taïga" dans un livre paru en 2001 aux éd. Scheuer, "Entre taïga et Bérézina", consacré à la réserve de biosphère de Bérézinsky qui se trouve au Bélarus situé à l'est de la Pologne. Donc en Europe de l'Est. A Bérézinsky il ne peut s'agir de forêt boréale au sens strict (taïga sensu lato), puisqu'on y est trop au sud par rapport à Stockholm ou Saint-Pétersbourg, qui sont à la limite. Il s'agit sans doute de la "forêt mixte boréale (conifères et feuillus)", formation dont parle Henri Elhai dans "Biogéographie" (éd. Armand Colin, 1968); "boréale" donc au sens de appartenant à l'hémisphère boréal, par opposition à l'austral, où ce genre de forêt, à base de feuillus et de conifères n'est pas représenté, puisqu'on ne le trouve qu'en Europe de l'Est, grosso modo depuis le Danemark jusqu'au golfe de Finlande et à l'Oural, en Mandchourie, mais aussi en Amérique du Nord (forêt mixte laurentienne, ce qui doit justement entourer ta maison à Saint-Gabriel-de-Valcartier, Gaël).

Concernant les pinèdes sur tourbe du Pays de Bitche, il s'agirait donc de confettis, égarés vers l'ouest, de ce type de forêt faisant séparation entre la forêt boréale située plus au nord et la forêt décidue tempérée, à base de feuillus, située plus au sud et dont on s'attend bien sûr à trouver une large représentation sur le territoire des Vosges du Nord compte tenu de la position géographique de celui-ci et de sa faible altitude.

Maintenant, cette partie des Vosges du Nord que l'on appelle Pays de Bitche, ce qui correspond grosso modo à l'arrondissement de Sarreguemines ou encore à ce qu'on appelle la Moselle orientale, présente deux parties très différentes. L'Ouest est calcaire et peu boisé, avec un paysage ouvert de champs et de prés. Contrairement à l'Est qui est un monde de grès et de sable recouvert de bois et de fougère aigle, en outre peu habité car le sol y est très pauvre, mais par conséquent souvent très sauvage; évidemment pour caricaturer un peu, parce que c'est beaucoup plus compliqué que ça dès qu'on s'en approche: falaises et rochers, étangs-tourbières et pinèdes sur tourbe, pelouses etc...

C'est dans la partie orientale du Pays de Bitche que l'on trouve les fameuses cuvettes du Pays de Bitche, ces creux au fond desquels la présence au cours des nuits radiatives d'air relativement très froid, est réputée exercer une influence tyrannique sur le climat local, en faisant baisser certaines températures minimales journalières jusqu'à un niveau très bas pour la saison, ce qui va évidemment influer sur diverses moyennes de température, comme la Tnm de tel mois mais aussi - dans une certaine mesure - sa Txm en cas de lacs d'air froid polyjournaliers, et donc finalement sa Tmm... Ici ou là j'ai cherché des données précises, notamment dans "2000 ans de Climat en Alsace et en Lorraine" de Jean-Sébastien Beck (éd. Coprur, 2011) et à propos de températures extrêmes je n'ai rien trouvé d'autre que quelques allusions à Mouterhouse ne mentionnant rien au-dessous de -22°C ou -23°C.

Avec de telles températures j'ai l'impression de me retrouver dans le domaine thermique rencontré au fond du TAF de la tourbière de la Cailleuse situé en forêt de Montmorency (Val-d'Oise), donc très près de Paris (environ 25 km de Notre-Dame à vol d'oiseau); c'est bien loin du Pays de Bitche, en direction de l'ouest et de la Manche. Mais je suis persuadé, compte tenu de la position de Mouterhouse dans l'Est de la France et au fond d'une vallée, que dans le passé lointain comme plus proche il a pu y faire nettement plus froid que ça à de multiples occasions. A ce propos je me rappelle avoir au cours d'un hiver dans les années soixante ou soixante-dix écrit dans mes notes qu'on venait de relever -30°C à Bitche. Il faut dire que cela m'avait frappé. Malheureusement je n'ai rien gardé de ce témoignage: il y a quelques années un rangement a fait du ménage...

En tout cas quand on sait quelles sont les particularités géomorphologiques du Pays de Bitche (nombreuses cuvettes où l'air froid peut stagner), légitimement on va s'attendre localement à des valeurs instantanées nettement plus basses que ces -22°C/-23°C qui font déjà la gloire de Mouterhouse, sans parler de Wimmenau. Non ? Il existe bien "La Moselle et son climat" de Jean-Louis Rossignol et Daniel Léonard (éd. Serpenoise, 1997), mais je n'ai pas encore pu y accéder. En plus sur internet, je n'ai rien trouvé de plus que ce qui a déjà été dit ici. Peut-être 'alex67', habitué des Vosges du Nord, ou quelqu'un d'autre d'IC, passera-t-il par ici, pour donner quelques informations sur les extrêmes en question...

Concernant le climat du Pays de Bitche, on a parlé ici de -0,5°C et 17,5C (mais par un calcul j'ai trouvé 17,7°C) comme températures moyennes des mois le plus froid (janvier) et le plus chaud (juillet). Mais rien de plus à propos de ce climat. Evidemment l'indication reste intéressante, mais c'est très vague. Il y a une incertitude. En effet d'où viennent ces valeurs, où est (ou sont) la (ou les) station(s) météo de référence du Pays de Bitche, à l'origine de ces valeurs ? S'il s'agit de plusieurs stations et qu'il a été fait un mix, combien sont-elles et comment sont-elles réparties sur le secteur. Aussi, c'est tout à fait possible que la moyenne de janvier - comme celle de juillet - soit considérablement plus basse au fond de telle ou telle cuvette bien choisie qu'à telle ou telle station météo de référence, simplement à cause de fréquentes températures minimales journalières (Tn) spécialement basses en fond de cuvette.

J'ai l'impression que même si les cuvettes du Pays de Bitche sont connues pour leurs basses Tn, il s'agit d'une réputation qui ne repose pas sur des données précises. Et qu'une étude supplémentaire serait donc à faire sur ces climats locaux de fond de TAF. Maintenant, peut-être me suis-je insuffisamment renseigné. Peut-être existe-t-il des travaux sur le sujet. Qu'en pense-t-on; et notamment les mosellans ?

J'en profite pour citer quelques mots de Jules Carles, trouvés à la page 109 de sa "Géographie Botanique" (éd. PUF, 1963):

"La Phytogéographie est un indicateur très précis du climat car le tapis végétal inscrit en lui toutes les variations locales. Elle nous renseigne même beaucoup plus exactement que les observations classiques des stations météorologiques qui se font en des lieux très éloignés les uns des autres; entre elles nous interpolons ou extrapolons avec une naïveté déconcertante. Nous corrigeons bien quelque peu d'après les altitudes et les expositions, mais que valent ces corrections ? La végétation, et elle seule jusqu'ici, peut nous renseigner avec exactitude sur le climat local. La plante est le meilleur enregistreur, et qui ne bouge pas, mais jouit ou souffre de tout, qui ne cherche pas comme les observatoires à établir des moyennes dans lesquelles disparaissent les extrêmes."

Or on trouve dans toutes les pinèdes sur tourbe situées au fond des cuvettes du Pays de Bitche - que ce soit à Lieschbach, Hanau, Waldeck, Erbsenthal ou Welschkobert - , à côté de la myrtille commune, celle de nos confitures et tartes, une autre espèce de myrtille que l'on est extrêmement étonné de trouver ici à des altitudes de seulement 235 ou 250 mètres, même s'il s'agit bien de l'extrême Nord-Est du pays, dont le climat s'apparente sans doute autant à ceux du Sud de l'Allemagne qu'à ceux du reste de la France ! Il s'agit de l'orcette ou myrtille des marais (Vaccinium uliginosum), encore appelée "airelle des marais" ou "airelle bleue".

Dans ces pinèdes sur tourbe elle est même très abondante par endroit, formant alors parmi pins sylvestres - de la variété de Hanau - et bouleaux en mélange plus ou moins clairsemé, des peuplements magnifiques par leur vigueur et la teinte rose qu'ils prennent à l'automne. Combien auraient-ils à nous raconter sur ces lieux si particuliers, les rameaux !

Ce paysage végétal de la pinède sur tourbe, rarissime en France puisque l'on ne peut l'y rencontrer qu'au Pays de Bitche, a de quoi faire rêver. Il faut dire qu'il se retrouve au sein d'autres pinèdes sur tourbe, comme celles autrement vastes de Bérézinsky situées à vol d'oiseau à 1500 km de Bitche, en direction de l'est et de la Russie.

Marc.

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Pour les dégâts de gel, cette année le gel de -4°C/-5°C du 17 mai sur les parties basses - au-dessous de 1000 mètres - du plateau de Villard-de-Lans/Autrans a essentiellement touché parmi les frênes ceux jeunes qui commençaient à se garnir de feuilles et les rares hêtres.

Certains frênes n'ont toujours pas de feuilles à ce jour (13 juin 2012) et les hêtres sont grillés.

Au niveau des myrtilles, je n'ai pas observé de dégâts, hormis sur les fleurs, sensibles au gel.

La dernière fois, la forte gelée du 30 mai 2007, les frênes avaient complètement perdu leurs feuilles, elles ont repoussé dans l'été.

Ces observations doivent se retrouver dans les TAF du Jura, Massif central.

Bonjour Richard.

Ces observations sont intéressantes. Elles montrent bien un des dangers que représente pour les plantes le simple fait de pousser au fond d'une concavité du relief. Elles peuvent se trouver englouties par les eaux lors d'inondations; mais elles peuvent l'être aussi par des lacs d'air froid, comme c'est le cas pour les végétaux qui poussent dans les bas-fonds près de chez toi. Puisqu'on est déjà entré dans l'automne météo, est-ce que depuis ce message du 13 juin dernier, tu as pu faire d'autres observations du même genre dans ton coin ou bien aux alentours de Darbounouze ? Par ailleurs, est-ce que le projet d'installation d'un thermomètre sous abri au point bas de la doline de Darbounouze a un peu avancé ?

Marc.

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Non cela n' a pas trop avancé. Pour l'instant, il est juste question que le parc me prête une sonde plus sophistiqué pour refaire des mesures en itinérant.

Pour les 3 stations météo sur internet, le projet n'est pas abandonné mais c'est toujours pas prêt.

Je ne suis pas retourné à Darbounouze, j'attends que la période d'estive soit terminée.

Coté température, il semblerait que les 30° ont été atteint cet fin d'été pour la première fois à la station LTHE Darbounouze.

Comme officielement au TAF Suisse Ulrichen avec -34° en février et +31° en aout, soit 65° d'amplitude sur l'année 2012.

Ces valeurs sont quasi identiques au fond du Taf de Darbounouze

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  • 4 weeks later...
Posté(e)
Schleithal (extrême nord Bas-Rhin) et Niederbronn-les-Bains (Vosges du Nord/220m-581m)

A noter que le trou à froid du Futensee (1601m) en Bavière, a relevé 16 jours de gelées au mois de Septembre, ça démarre fort.

Pourtant il est tout de même tombé 152,2mm de précipitations sur le mois.

La Tnn a été de -5,6° le 21/09 (-5,0° le 20).

La Txn a été de 1,2° le 13, journée hivernale avec -0,4° de Tn et 1,2° de Tx.

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  • 4 weeks later...

Tn de -17.8°C relevé hier à la station des Amburnex-Combe (1298m).

On peut signaler la communication de Philippe SCHOENEICH, Microclimat d'une combe froide du Jura (région du Marchairuz, Vaud, Suisse),lors du dernier colloque de l'AIC à Grenoble (http://aic2012.sciencesconf.org/ ).

Lien vers les actes : http://www.climato.be/aic/colloques/actes/grenoble2012_actes.pdf (vue 705 et suivantes)

Je vous invite à jeter un œil au reste des actes, il y a plein de choses intéressantes !

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