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Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
De toute façon, pas mal d'études suggèrent que les GES ne sont pas les seuls responsables de la forte pente réchauffement arctique : j'ai vu passer ces dernières années toutes sortes de papier soulignant l'importance des suies de carbone, de l'ozone troposphérique, des nuages d'altitude, de la variabilité forte du bassin Atlantique, etc. Et il semble que l'Arctique réagit de toute façon plus fortement aux phases de réchauffement, avec ou sans l'homme. Disons que l'amplification polaire n'est pas ce qui permettra de trancher clairement sur les attributions / détections des pentes globales. Et en terme de rétroaction, je ne pense pas que cela pèse beaucoup pour le réchauffement attendu d'ici 2100 (c'est-à-dire qu'un Arctique libre de glace en été en 2010, en 2040 ou en 2070 n'est pas un facteur déterminant de hausse globale des T dans les modèles - seuls ceux qui envisagent l'hypothèse clathrate, comme Alain ici, en font un facteur de hausse brutale). -
2008 sera une des dix années les plus chaudes de l'Histoire
charles.muller a répondu à un sujet de ol_bugs dans Archives
Je dis simplement qu'il y a à peu près stagnation depuis 2001 (et que la nouvelle info commentée ici confirme cette tendance en 2008, qui serait plus fraîche que 2001, si tant est que l'on puisse donner crédit aux projections annuelles du Hadley) en même temps qu'il y a forçage CO2 (anthropique en général) plus important que dans les décennies précédentes. Cela fait donc réfléchir sur la part de la variabilité naturelle dans la stagnation actuelle comme dans les hausses ou baisses passées. Car on sait que c'est un point mal contraint des modèles à l'échelle pluridécennale ou séculaire. Pas le seul bien sûr.Pour transformer cette stagnation de quelques années en accélération, tu peux bien sûr choisir une échelle ad hoc, mais cela ne mène pas à grand chose : si tu te retrouves avec une tendance 2001-2010 nulle, tu pourras difficilement dire que le RC s'accélère, non ? Mais par ailleurs, je ne conteste pas le fait que les dernières dix années comptent effectivement les plus chaudes des mesures depuis les satellites (1978) ou les bases de surface (1850). Pas plus que je n'oublie régulièrement de rappeler qu'une stagnation de quelques années n'est pas vraiment significative. Plus elle dure et décroche des prévisions des modèles, plus elle sera intéressante à analyser (pour les modélisateurs). Comme indiqué plus haut, le point est surtout de savoir l'amplitude de cette variabilité naturelle, et sa part éventuelle au sein des 0,76 K de hausse observé depuis 1850. C'est important pour attribuer les évolutions pluridécennales, et ensuite projeter. Par exemple, dire que la stagnation 1940-1975 est entièrement due au masquage du réchauffement par les aérosols n'est pas la même chose que de dire qu'elle est due pour partie aux aérosols, pour partie au soleil, pour partie à des couplages océan-atmosphère. Par définition, pour qu'un modèle projette correctement en 2100, il faut qu'il simule correctement la réaction du climat aux différents forçages depuis 1900 (ainsi que les transferts de chaleur au sein de l'océan et vers l'atmosphère). Et je continue de penser que l'on a aucune certitude forte à ce sujet pour le moment. Il m'a toujours semblé que les années 2000-2020 serait importante pour clarifier nos vues et le premier tiers de cette période correspondant pour le moment à cette attente. J'ai lu cette conférence, mais elle n'analyse pas la stagnation 2002-2007 (de mémoire). Tu confonds peut-être avec le texte de Meteor sur le même blog.Tout le monde semble d'accord pour dire que 2009 et 2010 seront les années les plus révélatrices, avec soit une reprise de la hausse (ce qui est attendu), soit une stagnation persistante ou une baisse (ce que personne n'anticipe). Il faudra donc un peu de patience. -
2008 sera une des dix années les plus chaudes de l'Histoire
charles.muller a répondu à un sujet de ol_bugs dans Archives
A ce propos, la variabilité naturelle a le vent en poupe, si l'on peut dire. Une étude venant de paraître dans Science (Express, prépub) analyse le réchauffement du bassin atlantique Nord depuis cinquante ans. Elle conclut que ce réchauffement est variable selon les régions (certaines ayant refroidi), qu'il s'explique correctement par les variations de la NAO selon les modèles et qu'il est impossible d'assigner la hausse constatée de manière sûre au RC anthropique ou à la variabilité naturelle, celle-ci étant connue pour être prononcée sur l'Atlantique. Science DOI: 10.1126/science.1146436 Reports The Spatial Pattern and Mechanisms of Heat Content Change in the North Atlantic M. Susan Lozier 1, Susan Leadbetter 2, Richard G. Williams 2, Vassil Roussenov 2, Mark S. C. Reed 1, Nathan J. Moore 3 1 Division of Earth and Ocean Sciences, Nicholas School of the Environment and Earth Science, Duke University, Durham, NC 27708, USA. 2 Department of Earth and Ocean Sciences, Liverpool University, Liverpool, L69 3GP U.K. 3 Division of Earth and Ocean Sciences, Nicholas School of the Environment and Earth Science, Duke University, Durham, NC 27708, USA; Current affiliation: Department of Geography, Michigan State University, East Lansing, MI, 48823 USA. The total heat gained by the North Atlantic Ocean over the past fifty years is equivalent to a basin-wide increase in the flux of heat across the ocean surface of 0.4 ±0.05 Wm-2. We show, however, that this basin has not warmed uniformly: though the tropics and subtropics have warmed, the subpolar ocean has cooled. These regional differences require local surface heat flux changes (±4 Wm-2) much larger than the basin-wide average. Model investigations show that these regional differences can be explained by large-scale, decadal variability in wind and buoyancy forcing, as measured by the North Atlantic Oscillation index. Whether the overall heat gain is due to anthropogenic warming is difficult to confirm, since strong natural variability in this ocean basin is potentially masking such input at the present time. -
2008 sera une des dix années les plus chaudes de l'Histoire
charles.muller a répondu à un sujet de ol_bugs dans Archives
Pour revenir sur Nino/Nina présentés désormais comme les facteurs de premier ordre de variabilité interannuelle, voici les indices MEI pour l'ENSO du site NOAA. http://www.cdc.noaa.gov/people/klaus.wolter/MEI/ On voit que l'amplitude des phases Nino depuis 2000 reste très modérée par rapport aux années 1980-2000, qui ont connu des phases positives fortes, dont 1997-98 correspondant au record de température de surface. Il serait intéressant de savoir s'il s'agit d'une simple phase de calme provisoire, ou si nous retournons vers une phase trentenaire à Nino faible et Nina fort, comme ce fut le cas entre 1950 et 1980. Dans ce dernier cas, je doute un peu que le rythme du RC global soit aussi emballé que certains ne le prévoyaient dans la décennie 1990 et au début des années 2000. Bien sûr, l'ENSO n'est qu'une des oscillations du climat et ne résume pas toute la variabilité naturelle. -
2008 sera une des dix années les plus chaudes de l'Histoire
charles.muller a répondu à un sujet de ol_bugs dans Archives
Je sais bien que le journalisme n'est pas synonyme d'exactitude et que le climat aggrave le phénomène (rétroaction cognitive dite de l'amplification du n'importe quoi), mais l'AFP serait tout de même avisée de relire ses dépêches avant de les publier, à moins qu'elle rêve de devenir rapidement une agence de presse de sous-préfecture. L'histoire de la planète dure depuis 4,5 milliards d'années et des brouettes, je suppose que ni 2007 ni 1998 ni tout autre année récente ne prétend à un quelconque record de chaleur sur la période. Sinon, ce sont les Nino et les Nina qui semblent définir désormais les rangs dans les classements annuels de chaleur. Etonnant retour de la variabilité naturelle alors que le GIEC martelait encore voici un an, dans les premières lignes de son résumé pour décideur, que le dioxyde de carbone est le plus important GES anthropique et que son taux de croissance atmosphérique 1995-2005 a été le plus élevé depuis le début des mesures directes. Que ce rythme endiablé s'accompagne d'une stagnation persistante des températures, voilà qui donne à réfléchir. Pendant ce temps là, le baril de pétrole dépasse les 100 dollars, on peut toujours méditer sur la solidité des scénarios d'émission du XXIe siècle censés ajouter des centaines de ppm CO2 dans notre atmosphère... -
Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Cette info dans le dernier Nature. En substance, l'analyse de la structure verticale du réchauffement arctique montre que celui-ci est développé sur toute l'épaisseur de l'atmosphère, quoique diversement selon les saisons. Les auteurs suggèrent que la rétroaction positive de la fonte des neiges et des glaces ne peut être la cause principale d'une telle signature atmosphérique, car elle devrait être surtout sensible dans la basse troposphère et près de la surface. Ils concluent que l'amplification polaire a également pour cause des modifications plus larges de la circulation atmosphérique. (Figure reproduite : le réchauffement de la colonne verticale selon les saisons ; on voit notamment qu'en été c et en automne d, là où les glaces disparaissent le plus vite, le réchauffement est soit moins marqué près de la surface, soit réparti également sur toute la colonne). L'amplification polaire et surtout arctique est un phénomène connu des réchauffements passés ou présents, mais j'ignore le poids que les modèles attribuent habituellement à la perte d'albédo dans cette amplification). FIGURE 1. Averaged temperature trends around latitude circles for 1979–2001 plotted versus latitude and height for the four seasons. Trends are shown for winter (a, December–February), spring (b, March–May), summer (c, June–August) and autumn (d, September–November). The linear trends are estimated from monthly mean data using a least-squares fit. *** Nature 451, 53-56 (3 January 2008) | doi:10.1038/nature06502; Received 28 March 2007; Accepted 29 November 2007 Vertical structure of recent Arctic warming Rune G. Graversen1, Thorsten Mauritsen1, Michael Tjernström1, Erland Källén1 & Gunilla Svensson1 Department of Meteorology, Stockholm University, S-106 91 Stockholm, Sweden Abstract Near-surface warming in the Arctic has been almost twice as large as the global average over recent decades1, 2, 3, 4, 5—a phenomenon that is known as the 'Arctic amplification'. The underlying causes of this temperature amplification remain uncertain. The reduction in snow and ice cover that has occurred over recent decades6, 7 may have played a role5, 8. Climate model experiments indicate that when global temperature rises, Arctic snow and ice cover retreats, causing excessive polar warming9, 10, 11. Reduction of the snow and ice cover causes albedo changes, and increased refreezing of sea ice during the cold season and decreases in sea-ice thickness both increase heat flux from the ocean to the atmosphere. Changes in oceanic and atmospheric circulation, as well as cloud cover, have also been proposed to cause Arctic temperature amplification12, 13, 14, 15, 16, 17. Here we examine the vertical structure of temperature change in the Arctic during the late twentieth century using reanalysis data. We find evidence for temperature amplification well above the surface. Snow and ice feedbacks cannot be the main cause of the warming aloft during the greater part of the year, because these feedbacks are expected to primarily affect temperatures in the lowermost part of the atmosphere, resulting in a pattern of warming that we only observe in spring. A significant proportion of the observed temperature amplification must therefore be explained by mechanisms that induce warming above the lowermost part of the atmosphere. We regress the Arctic temperature field on the atmospheric energy transport into the Arctic and find that, in the summer half-year, a significant proportion of the vertical structure of warming can be explained by changes in this variable. We conclude that changes in atmospheric heat transport may be an important cause of the recent Arctic temperature amplification. -
Si tu considères le JGR Atmosphere comme un journal sérieux (c'est habituellement le cas), tu as le papier tout récent de McKitrick et Michaels, ainsi déjà que McKitrick 2004 sur le même thème (dans Climate Res. celui-là de mémoire). On en a discuté ici : /index.php?showtopic=24737'>http://forums.infoclimat.fr/index.php?showtopic=24737 Sinon, Roger A. Pielke Sr (celui qui a répondu au travail de Parker 2004 sur les nuits peu venteuses comme critère d'analyse de l'UHI) a pas mal publié sur le thème des influences locales / régionales sur le réchauffement, donc sur le problème d'une métrique adaptée (autre que les stations de surface). Une synthèse de ses vues par exemple dans : Pielke Sr., R.A., G. Marland, R.A. Betts, T.N. Chase, J.L. Eastman, J.O. Niles, D. Niyogi, S. Running (2002), The influence of land-use change and landscape dynamics on the climate system- relevance to climate change policy beyond the radiative effect of greenhouse gases, Phil. Trans. A., 360, 1705-1719. Son livre sur la question a connu une réédition augmentée en 2006 : William R. Cotton, Roger A. Pielke, Human Impacts on Weather and Climate, Cambridge UP. Son blog, avec beaucoup d'articles signalés sur ce thème dont certains disponibles en pdf : http://climatesci.colorado.edu/ *** A nouveau, je pense qu'il faut reprednre le problème à la base. La question est de savoir si l'assertion suivante est vraie ou fausse : l'ensemble des activités humaines (urbanisation, mais aussi bien déforestation, agriculture, irrigation, pollutions diverses, etc.) modifie localement et régionalement le budget énergétique de surface / couche limite, ainsi que le cycle de l'eau. Si cette assertion est vraie, on peut supposer que le signal du réchauffement issu des stations de surface, presque toujours situées dans ou à périphérie des activités humaines, est en partie contaminé par des phénomènes ne relevant pas du forçage radiatif mesuré au sommet de l'atmosphère. Ce qui ne change pas grand chose au fait que le RC est également observé dans les océans et dans la troposphère, là où il n'y a cette influence "parasite".
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Il y a ce papier de Moisselin et Canellas 2005 pour ce qui est de l'insolation : doi:10.1016/j.crte.2005.04.002 Géophysique externe, climat et environnement Longues séries d'insolation homogénéisées en France French homogenized sunshine-duration long-term series Jean-Marc Moisselin Claire Canellas Météo France, direction de la climatologie, 42, av. Gaspard-Coriolis, 31057 Toulouse, France Résumé - Disposer de longues séries de mesures d'insolation exploitables nécessite au préalable un effort de recherche de données anciennes, puis de numérisation. Dix-huit séries ont été homogénéisées sur la période 1931–2000. Ces séries viennent enrichir le jeu de diagnostics sur le changement climatique à l'échelle du territoire, confortent une partie des résultats établis pour les températures et offrent de nouvelles pistes d'analyse des mécanismes d'évolution du climat. Pour citer cet article : J.-M. Moisselin, C. Canellas, C. R. Geoscience 337 (2005). Cela dit, tu ne trouves pas de valeurs mensuelles ou annuelles dans le papier. Je reproduis ici les deux schémas des 18 stations avec la tendance sur toute la période.
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Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Je ne sais plus si cela a été commenté ici : une étude Nasa de Nghiem et al. sur l'analyse des glaces arctiques à partir des données QuickScat. Selon les auteurs, le point important est l'état de la banquise à la sortie de l'hiver (notamment mars 2007), avec des glaces plus fines se fragmentant et fondant plus facilement pendant l'été boréal. Les chercheurs soulignent le rôle d'un régime "inhabituel" de pression et de vents, installé depuis le début des années 2000, dans ce phénomène de fragilisation. http://www.nasa.gov/vision/earth/lookingat...t-20071001.html -
Très bien ! Je te réponds là-bas dès que possible.
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Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
A la base, le propos d'Akasofu n'est pas clair sur ce point. Il semble attribuer toute la pente 1900-2000 aux GES (je suppose que c'est là qu'il tire son 0,6 K / siècle, à peu près le chiffre du TAR 2001). Outre que c'est contestable, cela ne signifie pas grand chose sans le forçage correspondant. Sinon, comme toujours, le point important et "terre à terre" sera la sensibilité climatique du CO2 (le CH4 est pour le moment de côté vu que l'on ne comprend pas bien son cycle). Je constate à ce sujet que deux travaux récents ont conclu à une sensibilité faible (Chylek 2007 et Schwartz 2007 dans le JGR), de l'ordre de 0,3-0,5 K /W/m2, en-dessous des 0,7-0,8 K /W/m2 qui est la valeur "moyenne" habituellement avancée. Le débat continue donc entre chercheurs pour savoir si les rétroactions positives seront si puissantes que ce que disent les modèles actuels, ou du moins leur majorité (et donc, pour les citoyens, pour savoir s'il y a vraiment des raisons de s'inquiéter de la hausse du CO2). Mais dès que j'ai un peu de temps, je reprends le débat de fond à ce sujet sur FS. -
Je ne comprends toujours pas pourquoi on pourrait comparer deux années en surface alors qu'on ne pourrait pas comparer deux années en basse troposphère. 2007 n'est pas plus chaude que 1998 pour le Hadley en surface (et semble-t-il pour NOAA) et n'est pas plus chaude non plus en basse troposphère pour le RSS et l'UAH. Ce ne sont pas les mêmes infos, mais le fait est qu'elles convergent : la précision El Nino ne change pas grand chose vu que c'est aussi à cause d'El Nino que la Ts 1998 a été si élevée (c'est-à-dire que le signal El Nino se retrouve en basse tropo comme en surface). PS : quant au réchauffement anthropique, il n'est peut-être pas attendu en basse troposphère mais j'aimerais juste comprendre pourquoi dans ce cas.
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Sans mépris pour les bac + 8/16/64... je crois que le GIEC ne prend rien en compte, si ? Je n'ai pas réussi à charger ton lien, mais mon propos est juste que le GIEC n'est pas un organisme de recherche, donc au mieux il prend (plus ou moins bien) en note des études parues sur un sujet donné pour en faire la synthèse, mais il n'a aucune autorité pour les hiérarchiser (au sens d'une méta-analyse avec critique des sources et des méthodes). On peut faire le compte précis, sur les UHI, il y a une grosse littérature, cela serait bien. Surtout, je ne vois pas trop la cohérence entre un chap 7 (de mémoire, pas chez moi là) qui reconnaît les modif du budget de surface et le reste (chap 2 de mémoire là aussi) disant que les stations de surface sont OK. Si tu déboises et construis dans le 10x10 km autour de la station, autant penser à autre chose que cette station pour isoler un signal atmosphérique (les GES), cela me paraît évident.
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Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Là je crois que tu t'avances sur un terrain que tu n'aimes pas trop (à juste titre) : les paléoclimats. Je doute que l'on puisse en extraire grand chose (en ordre de grandeur de dixième de degré). Je doute aussi que cela ait (physiquement) un sens de comparer 1000-1100 et 1900-2000. Même s'il y a vraiment 0,3 K de plus dans la pente du XXe siècle, cela ne serait pas si clair à interpréter. -
Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Oui mais lesquels (sur 12 points), chère zazou ? -
Je vois que tu as envie de revenir à la polémique, comme il te plaît. Je sais bien que les débats avec les "sceptiques" finissent invariablement par t'énerver, mais je ne suis pas non plus disposé à varier mes propos selon tes humeurs. 1. Hadley a fait une prévision pour 2007 plus chaude que 1998, j'ai parié contre cette prévision du Hadley (raison initiale de cette discussion), Hadley a conclu récemment que sa prévision était fausse. Débat clos, pas la peine d'aller chercher les données Nasa ou NOAA là dessus. De toute façon, le pari en lui-même est inintéressant, c’était surtout un alibi pour suivre une année plus précisément que d’habitude, comme on le fait avec la banquise arctique. Je reste sur mon idée qu’il sera intéressant en janvier de continuer ces analyses mensuelles, mais en les rapportant cette fois aux trente années précédentes et sans chercher de record particulier. 2. Le point important de mes derniers propos n'est pas tellement 1998, mais la stagnation 2001-2007. Elle est intéressante, comme aurait été intéressante une hausse de 0,2 ou 0,3 K sur la même période. Voici les données NOAA, Hadley, Nasa Giss pour la surface, RSS et UAH pour la basse troposphère, arrondies au centième de degré (anomalies, pas les mêmes moyennes de référence sauf Nasa Giss et hadley CRU : 1961-1990). On voit que les années récentes sont chaudes, mais sans tendances notables. Toutes les bases sont d'accord pour donner 2005 comme la plus chaude des années récentes. Mais les différences entre les années se jouent de toute façon en centièmes, au mieux à un dixième. 3. Les données de surface font l'objet d'un débat. Récemment encore, McKitrick et Michaels ont publié dans le JGR Atmosphere une étude suggérant qu'une partie des données continentales de surface sont biaisées par des inhomogénéités ou des influences humaines. Ce n'est pas une première, il y a des kilos de papiers sur le sujet (dont un des mêmes voici 2 ans), et un livre entier de R.A. Pielke sur l’influence humaine hors GES, réédité en version augmentée cette année. Donc, on aura beau marteler sur tous les tons que les bases de surface sont correctes, la vérité est qu'il y a débat pour savoir si elles sont correctes (comme il y a débat sur nombre d'autres sujets, n'en déplaise à la rhétorique du consensus). Et il est de toute façon évident que les enregistrements au sol sont sensibles à des variations du budget de surface/couche limite liées à l’ensemble des activités humaines - urbanisation, agriculture, déforestation, etc. dont les effets locaux ou régionaux sont démontrés (voir section 7.2 de l’AR4) – de sorte que leur signal sur les T est affecté d’un « bruit » ne relevant pas du RC anthropique dû aux GES (celui dont on débat à titre principal, et qui doit être distingué des changements climatiques anthropiques dus aux usages des sols). 4. Les trois grandes bases de surface (NOAA-NCDC, Hadley CRU UEA, Nasa Giss) divergent, comme on peut le constater par leur classement des années 1998, 2005 et 2007. Je trouve dommage que les chercheurs en charge de ces bases ne posent pas clairement le problème de cette divergence et que certains refusent l’accès à leurs données (Jones quand McIntyre les lui demande par exemple). Quand je vois que les six bases représentatives de la France dans le réseau GSN sont pour cinq d’entre elles des stations d’aéroport ayant connu des modifications progressives de leur environnement depuis 1950, je ne trouve pas cela forcément représentatif du climat français et je n’ai pas de raisons particulières de penser que la situation est meilleure dans les anciens pays du bloc de l’Est, en Chine, en Inde, en Afrique ou ailleurs. Par ailleurs, je répète que nous parlons de 0,76 K de hausse sur 150 ans, donc que des variations de l’ordre de grandeur du dixième de degré peuvent être importantes. 5. Je ne vois aucune raison que la basse troposphère se réchauffe différemment de la surface en situation de RC anthropique lié aux GES, à l’échelle globale. Un rapport complet a été rédigé en 2006 sur cette question précise des T surface et T troposphérique (Thomas et al ed 2006). Il est dit dans le résumé : The most recent climate model simulations give a range of results for changes in global-average temperature. Some models show more warming in the troposphere than at the surface, while a slightly smaller number of simulations show the opposite behavior. Certains modèles prévoient donc un réchauffement plus important en troposphère, d’autres (un peu moins) le comportement opposé. On peut conclure que la troposphère est censée se réchauffer à peu près aussi vite que la surface selon les modèles. Donc, il me paraît intéressant d’utiliser les données satellite de la basse troposphère, l’avantage évident étant que leur couverture est quasi-globale (pas d’inhomogénéités) et que les biais éventuels des stations de surface sont absents (pas d’effet d’usage des sols). Sauf à être de mauvaise foi, cela n'a rien à voir avec l’évolution de l’océan à 1500 m de profondeur (mais comme je l'ai dit, le contenu des chaleurs des océans me semble une donnée imporante, elle aussi non biaisée par les pratiques humaines). En revanche, les satellites ont d’autres problèmes de calibrage et c’est la raison pour laquelle je préfère généralement citer les deux bases UAH et RSS, qui n’homogénéisent pas leurs données de la même manière. Par défaut je cite RSS (ici) pour éviter tout procrès d’intention (les animateurs d’UAH étant notoirement « sceptiques »). Thomas R. Karl, Susan J. Hassol, Christopher D. Miller, and William L. Murray (ed.) (2006), Temperature Trends in the Lower Atmosphere: Steps for Understanding and Reconciling Differences, Climate Change Science Program and the Subcommittee on Global Change Research, Washington (DC). 6. Si je devais monter sur mes grands chevaux à chaque fois que je lis une banalité alarmiste sur Info Climats, cela fait longtemps que je serais en cure de calmants. Donc, je m'abstiens et je me contente de poster lorsque j'ai des commentaires à faire, que le propos commenté soit sceptique ou alarmiste, peu m'importe.
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En effet, 1998 n'a pas de sens comme référentiel isolé - je rappelle quand même que ce sont les chercheurs du Hadley CRU qui ont fait leur annonce au début 2007 en prenant cette année comme base, pas les "sceptiques". Pour ma part, je parle de la stagnation des sept dernières années 2001-2007 - ce sont des années "chaudes" par rapport à 1961-1990 ou 1971-2000, mais il n'y a pas de tencdance globale au sein de ces années malgré la hausse du forçage anthropique dite "sans précédent" par le GIEC. Je prends le GIEC au mot et je me demande simplement pourquoi une hausse sans précédent du forçage CO2 depuis dix ans tarde autant à se traduire par une pente plus forte du RC global. Mais à dire vrai, je pense que cette question n'est pas trop décidable vu la période courte (quelques années), les amplitudes faibles (quelques dixièmes de degré) et la marge d'erreur des mesures de surface (équivalente à la pente que l'on cherche). On peut bien sûr échanger des arguments à ce sujet, mais je doute qu'ils soient décisifs. Disons que cela permet au moins d'évacuer de mauvais arguments, en montrant qu'ils sont contradictoires entre eux ou qu'ils ne collent pas avec des climatologies plus longues.
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Je ne prends pas 1998 comme une référence (sauf pour le pari ici, mais c'est mineur), je parle de la stagnation des T globales depuis 2001. Pour 2005 déjà, la Nasa en a fait une année plus chaude que 1998. Mais le Hadley CRU, l'OMM et les deux bases satellites en basse tropo n'avaient pas le même avis. Je gage que cela sera pareil en 2007. On peut choisir les données Nasa contre les autres, il faut simplement justifier ce choix. Pour ma part, je préfère raisonner sur les données satellites qui n'ont pas de biais de surface (et qui justifient plus clairement leurs climatologies à travers les échanges entre RSS et UAH ou les critiques formulées à intervalle régulier). De même que lorsque le système Argo sera au point, bien déployé et bien calibré, il sera plus intéressant de raisonner à partir de l'évolution du contenu de chaleur des océans. Pourquoi le signal anthropique est-il masqué ? Il y a au moins plusieurs hypothèses possibles sur le papier. - Le climat est peu sensible au CO2, qui a joué un rôle mineur dans les hausses 1910-40 et 1976-2007. Donc, les températures peuvent facilement décrocher de la courbe CO2, comme elles l'ont fait dans le passé. Nous entrons peut-être dans une phase trentenaire de stagnation, comparable à 1945-75. - Le climat est très sensible à tous les forçages, la stagnation du CH4, un cycle solaire 23 plus faible que 21-22 et un coup d'arrêt à la baisse des aérosols (surtout sensible en 1990-2002) compensent pour le moment la hausse du CO2. - Le climat est inégalement sensible aux forçages (le budget radiatif TOA ne résume pas toute l'affaire ou le climat ne réagit pas avec la même vitesse aux différents forçages) et des réglages plus fins de modèles peuvent reproduire des périodes de stagnation de plusieurs années malgré la hausse continue du forçage de premier ordre (CO2). - La variabilité intrinsèque est susceptible de faire varier à l'échelle pluriannuelle ou décennale les échanges de chaleur au sein de l'océan ainsi qu'entre océan et atmosphère, et ces changements de circulation représentent un signal encore équivalent aux forçages. Nous sommes dans une phase "négative" de variabilité qui compense l'influence humaine. - Ton explication que l'on attend tous. Moi, je n'ai pas d'explication particulière parce qu'il faut de toute façon un modèle pour cela. Je privilégie "intuitivement" l'hypothèse d'un climat moderne assez peu sensible aux GES et d'une variabilité forte, mais je peux très bien être convaincu du contraire si je lis une explication efficace. Je dis et répète que 2001-2007 me semble de toute façon trop court pour conclure quoi que ce soit (et que j'aime bien la même distance quand il y a une canicule, une année cyclonique intense, une mousson exceptionnelle, une banquise estivale très basse, etc.).
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Certes, mais on parle en tout et pour tout de 0,76 K sur 155 ans (entre 1850 et 2005 selon l'AR4), donc les variations actuelles représentant 20 à 40% de cette valeur m'intéressent (et je ne parle pas de la T mesurée en juillet 1927 en Asie centrale ou au milieu du Pacifique...) Pour les deux périodes 1910-40 et 1977-présent, on en a parlé en effet mais la base CRU a dû changer ses valeurs, car je n'avais pas trouvé 0,44K en trentenaire sur la v2, plutôt 0,40 K au maximum. Ou je me trompe de base, c'est possible. Quoi qu'il en soit, c'est la stagnation récente qui rend la comparaison plus significative, car on pouvait s'attendre à ce que la hausse continue nettement après 1998. Comme Jones et al. 2003 considéraient le réchauffement comme "significatif" depuis 1976-1977 seulement, on arrive à la période de 30 ans servant de référence climatique. On accuse souvent les "sceptiques" de jouer sur des valeurs isolées au lieu de pentes à long terme. A raison si c'est le cas. Mais il faut dans ce cas respecter les règles du jeu et se rendre à l'évidence : la stagnation 2001-2007 rend provisoirement caduque l'idée d'un "emballement" ou d'un "signal anthropique évident" qui faisait fortune après 1998. Je dis bien provisoirement, car sept ans me semblent encore dans le cadre de la variabilité naturelle, et je pense que celle-ci a joué un rôle dans la hausse 1980-2000 (donc je ne peux exclure logiquement que le cas inverse se présente, ie que la variabilité naturelle masque le signal anthropique, même si la confirmation ou l'infirmation empirique de cette hypothèse reviendra aux climatologues, bien sûr).
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Ben, même la première est à débattre. On a beau mettre 100x100 m de gazon et un enclos, si tout s'est construit autour à 10x10 km depuis 50 ans, le climat local a changé. Et je suppose qu'il faudrait un modèle de ce climat local pour interpréter les données de la station - modèles qui existent d'ailleurs, j'en ai trouvés mais je suis en train de les lire et je donnerai les références dans la discussion consacrée à ce thème. Quant à la seconde, no comment. Les aléas de cette discussion ont montré que les bases climato. mondiales doivent être plus transparentes sur la qualité de leurs sources et sur leur méthode de correction. Mais j'ai confiance : quand McIntyre s'est penché sur la crosse de Hockey, elle a fini par disparaître du rapport GIEC et le chapitre 6 de l'AR4 est bcp plus prudent et précis ; comme il s'acharne pour que Jones ou autres ouvrent leurs données, cela finira par se clarifier pareillement, la science ne supporte pas trop longtemps les lourdeurs d'appareil ou les silences de chercheurs.
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Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Exact. Je ne sais pas si outre l'épaisseur proprement dite, la distinction glace ancienne / glace jeune est importante. Imaginons par exemple qu'après une fonte locale de glace ancienne, des conditions favorables (hiver très froid, courants ad hoc) recréent une couverture d'épaisseur comparable, mais essentiellement en glace nouvelle, donc. A épaisseur égale, aura-t-elle le mêmes propriétés que la glace ancienne? -
Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Merci de toutes ces infos. Je trouve intéressant que les modèles tendent à faire des prévisions à plus court terme. Le point en gras est notamment celui que nous pourrons vérifier le plus rapidement : la glace peut-elle regagner d'un été sur l'autre après une forte perte comme celle de 2007 ? Selon Wadham, non. -
En regardant la base Hadley v3, avec la valeur actuelle d'anomalie pour 2007 (sans novembre et décembre donc), je calcule une pente linéaire de +0,50 °C pour 1978-2007, contre +0,44 °C pour 1911-40 (la seconde plus forte pente trentenaire au XXe siècle). Pour le Hadley CRU, les deux phases "significatives" du réchauffement moderne restent donc pour le moment très proches, pour ne pas dire équivalentes (6 centièmes en trente ans est certainement bien en-dessous de la marge d'erreur). Sur l'interface Nasa Giss, le même calcul sur les mêmes années de référence donne en revanche 0,35 °C pour 1911-40 contre 0,51°C pour 1978-2007. (Ou +0,31 et +0,46 °C avec un rayon de lissage e 250 km, donc même tendance). Où l'on voit à nouveau que les bases diffèrent aujourd'hui, mais aussi sur les données historiques.
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Ah parce que Wunsch n'est pas un spécialiste des océans ? Mince alors, j'avais l'impression que sa biblio est plus épaisse que celle de Cazenave ou autre sur ce sujet précis... Tu devrais regarder sa page, il y a même ds papiers encore plus techniques sur cette question de la mesure. Wunsch dit clairement que les modèles sont indispensables, mais il dit que les modèles doivent reconnaître et trvailler leurs défauts / incertitudes / erreurs etc.Il est donc tout à fait cohérent avec lui-même : il utilise un modèle (indispensable), il détaille les difficultés rencontrées dans l'exercice. C'est simple à comprendre.
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Le Groenland a déversé deux fois plus de glace dans l'Atlantique
charles.muller a répondu à un sujet de gxxiii dans Archives
Tu parles d'une "extension considérable" de la fonte, mais j'attends les papiers GRACE, notamment un meilleur accord entre les chercheurs sur le calibrage, surtout une synthèse sur les différentes mesures et leur intercalibrage. Je rappele que pour GRACE seul, cela varie au-delà d'un facteur 2 entre 248 Gt/an pour Velicogna 2006 (2002-2006), 101 Gt/an pour Luthcke 2006 (2002-2005). Si nous sommes d'accord que le Groenland était plus froid dans les décennies 1980 et 1990 que dans toute autre décennie depuis 1921 (cf travaux récents de Vinther 2006 dont RC a débattu... sans les remettre en cause), ce n'est pas étonnant que le réchauffemet local depuis une dizaine d'années occasionne des fontes "jamais vues" dans la période d'observation récente (altimétrie). Il reste à démontrer que cela sort d'une variabilité annuelle / décennale connue pour être forte dans la région et que cela s'inscrit dans une tendance à long terme échappant aux fourchettes usuelles de cette variabilité. On en est loin. Toujours dans le dossier, ci-dessous un autre papier des GRL sur 2007 comme année "record". GEOPHYSICAL RESEARCH LETTERS, VOL. 34, L22507, doi:10.1029/2007GL031976, 2007 Greenland surface melt trends 1973–2007: Evidence of a large increase in 2007 Thomas L. Mote Climatology Research Laboratory, Department of Geography, University of Georgia, Athens, Georgia, USA Abstract - A time series of surface melt extent, frequency and onset has been updated to include data from Electrically Scanning Microwave Radiometer (ESMR) (1973, 1974 and 1976), Scanning Multichannel Microwave Radiometer (SMMR) (1979–1987) and the Special Sensor Microwave/Imager (SSM/I) (1987–2007). The seasonal melt departure (SMD), the sum from 1 June to 31 August of the departure from average of each day's melt extent, is a new metric used to describe the amount of melt. Results show a large increase in melt in summer 2007, 60% more than the previous high in 1998. During summer 2007, some locations south of 70°N had as many as 50 more days of melt than average. Melt occurred as much as 30 days earlier than average. The SMD is shown to be significantly related to temperatures at coastal meteorological stations, although 2007 had more melt than might be expected based on the summer temperature record.