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Comme je suis un peu têtu et qu'à rester collé à ses certitudes on finit par s'engluer dans un marais puant de bêtises (© pensées éternelles de GD), j'ai tout de même cherché dans la littérature les éléments reliant éventuellement la fonte du Kilimanjaro à la déforestation. En fait, il semble que cette idée a été jetée dans le débat par un article de Nature en date du 24 novembre 2003. il ne s'agit pas d'un papier de recherche, mais d'une news signée par Betsy Mason. Elle écrit : "Although it's tempting to blame the ice loss on global warming, researchers think that deforestation of the mountain's foothills is the more likely culprit. Without the forests' humidity, previously moisture-laden winds blew dry. No longer replenished with water, the ice is evaporating in the strong equatorial sunshine." Malheureusement, aucune référence ne vient étayer ce propos. Et il semble qu'il n'y en a pas. Je suis pour une fois d'accord avec le commentaire de Real Climate sur le caractère totalement évanescent de cette "info" sur les convictions actuelles des chercheurs. Mais peut-être n'ai-je pas tapé les bons mots-clés sur les moteurs de recherche de publications. En revanche, une étude récente de News et al. (2006) ne note aucune variation significative sur les données de précipitations de l'ouest et du sud africain entre 1961 et 2000, en incluant quatre stations de Tanzanie dont une située au pied du Kilimanjaro (Moshi). L'indice jours de sécheresse consécutifs (CDD) n'a notamment aucune évolution sur la zone tanzanienne et l'indice précipitation moyenne des jours humides (SDII) est même en légère hausse sur certaines stations (et neutre ailleurs). Cela n'empêche pas que des variations plus subtiles soient peut-être impliquées dans l'évolution du glacier (saisonnalité des précipitations par exemple). Mais le schéma déforestation > baisse de précipitation locale ne semble pas vérifié sur les quarante dernières années. Quant au proxy le plus massif de la région, le niveau du lac Victoria, il indique plutôt que les précipitations ont globalement augmenté dans la seconde moitié du XXe siècle par rapport à la première, même si l'on est encore loin du maximum de la fin du XIXe siècle. C'est toutefois une indication très grossière. Réf. Mason B. (2003), African ice under wraps, Nature, 24 November 2003; | doi:10.1038/news031117-8 New M. et al. (2006), Evidence of trends in daily climate extremes over southern and west Africa, JGR, 111, D14102, doi:10.1029/2005JD006289, 2006
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Europe : Le Gulf Stream est malade, bientôt le retour d'un climat
charles.muller a répondu à un sujet dans Archives
Eh bien, c'est assez représentatif de la prose alarmiste. Août 2003 et juillet 2006 en Europe occidentale ne "prouvent" rien à eux seuls sur le changement climatique global. Le GIEC table sur une fourchette de 1,5 à 6 °C pour 2100. Citer uniquement la valeur haute n'est pas un procédé très objectif. La part des activités humaines en général et des GES en particulier dans le changement climatique moderne n'est toujours pas quantifiée avec précision. Avant de réclamer ex cathedra que l'on modifie le mode de vie et de développement de 6 milliards d'individus, il serait quand même utile de peser ses choix. Demain le déluge. Mais au fait, sur 1870-2005, quelles sont au juste les catastrophes climatiques attribuables au réchauffement ? Ah oui, il "faut" l'admettre. Si c'est un ordre, cela ne se discute pas, bien sûr. C'est vrai qu'un bon coup de froid serait meilleur pour la santé... de la Sécurité sociale, avec tous ces vieillards cardiaques dont l'espérance de vie augmente. A nouveau, quelles ont été exactement les modifications du cycle de l'eau sur 1879-2005 induite par la hausse globale de 0,7°C des températures ? Et par d'autres causes ? C'est vrai, cela serait bien un débat. Par exemple entre des gens qui n'ont pas la même opinion. On peut d'ores et déjà lancer les trois chantiers sans se référer au changement climatique, vu qu'il y a d'excellentes raisons pour cela, et des raisons qui ne reposent pas sur une spéculation 2100. -
A propos, les glaciers du haut bassin de l'Indus gagnent eux aussi en proportion (les températures estivales plus fraîches et les températures hivernales plus chaudes du XXe siècle ont accentué les précipitation neigeuses à partir d'une certaine altitude).Cf. Conflicting signal of climatic change in the Upper Indus Basin. Fowler, H.J and Archer, D.R. Journal of Climate, September 2006.
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J'ai essayé avec humour plus haut, mais je vais poser les questions plus directement (à GD, en l'occurrence). Est-il exact que l'on simule le "scénario" de l'Ile de France sur le "prochain million d'années" (je suis... sceptique) ? Le "scénario" de quoi au juste ? A quoi sert une telle simulation très locale demandant a priori de paramétrer les conditions globales sur ce même million d'années ? Pourquoi le ferait-on sur l'IdF alors que les meilleurs modèles globaux (climatiques... ou autres) ne vont guère au-delà de 2200 (et qu'ils sont incapables de donner des tendances régionales sur 20 ans, a fortiori sur 200 ans, a fortiori sur un million d'années) ? La simulation concerne-t-elle uniquement des forçages "réguliers" comme les cycles de Milankovitch ? ... Bref, faudrait être moins elliptique, parce que c'est incompréhensible comme tel.
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Non, pas le temps là de retrouver les sources, mais cela se retrouve aussi loin que l'on a des proxies. Tu inverses le problème. Chaque réchauffement (et non refroidissement que tu décris) des interglaciaires a commencé 600-800 ans avant la hausse des GES. De sorte que les GES apparaissent comme une rétroaction et non une cause de ces tendances thermiques. Faudrait préciser ce qu'il y a dans l'atmosphère en dehors de l'azote et du CO2. Sinon, A sera évidemment plus chaude que B toutes choses égales par ailleurs. Mais plus chaude de combien ? Le problème, c'est justement que l'on a sur Terre des variations thermiques qui dépendent de bien d'autres facteurs que le CO2. Même que sauf erreur, l'essentiel du réchauffement prévu pour 2000-2100 n'est pas dû au CO2 directement. Mais plutôt au H2O. Bien malin celui qui modélise avec précision et assurance cette vapeur d'eau sur un siècle, et qui fait passer la sensibilité au doublement CO2 de 1 °C (pas bien grave) à 2-6 °C (plus sérieux)...
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L'usage des sols en général et ses effets sur le climat, c'est le dada de Roger Pielke Sr, un chercheur sceptique très modéré et très intéressant. Mais sur l'albédo très précisément, je ne sais pas. Au cas où, tu as son blog ici : http://climatesci.atmos.colostate.edu/
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La preuve irréfutable du réchauffement climatique !
charles.muller a répondu à un sujet de florent76 dans Archives
Eh bien, entièrement d'accord ! (Vite, une photo souvenir /emoticons/sad@2x.png 2x" width="20" height="20"> ) Il faudrait beaucoup d'efforts pour me faire défendre un gouvernement américain, démocrate ou républicain d'ailleurs, même si j'ai une grande sympathie pour certains aspects de leur société. Plus sérieusement, pour ceux qui défendent Kyoto et ses suites, je pense que l'Asie est la vraie "menace" présente et à venir. Là-bas, il y 3 milliards d'hommes à nourrir et une réactivité bien moindre qu'aux USA. Entre 2008 et 2020, les Etats-Unis peuvent décider une grande transition énergétique, bien plus puissante que ce que fait l'Europe aujourd'hui (je suis persuadé qu'ils y viendront... et nous donneront même des leçons ! Cf. leurs initiatives locales, pas fédérales, parfois très novatrices). Mais le poids des réalités humaines, démographiques, sociales, économiques (et aussi le poids des ressources carbone) est déjà ailleurs. -
Oui et alors ? Les Africains coupent aussi du bois (ou des défenses d'éléphant) pour des trafics internationaux. En matière de biodiversité, le comportement des Africains n'est pas un exemple (chasses aux félins et aux primates menacés, etc.). Ce n'est évidemment pas une raison pour croire que celui des Occidentaux est meilleur (c'est pire en général). Mais tout mettre sur le dos de l'Occidental, c'est excessif, injuste et finalement faux. Je ne répondrai pas sur ce point, vu que c'est hors-sujet. Mon propos était simplement de dire qu'il ne suffit pas de se jeter sur l'hypothèse de la déforestation "faute-de-l'homme" comme la faim se jette sur le pauvre monde pour comprendre le Kilimanjaro. Il faut surtout lire les chercheurs qui y travaillent depuis longtemps pour y voir plus clair. Sinon, on ne fait que véhiculer ses propres idées reçues. Si tu as des amis chez toi demain à déjeuner et que vous parlez du sujet, vas-tu leur dire : "oh, le Kilimanjaro, c'est la faute à la déforestation imposée à l'Africain par l'Européen ?" Alors, tu diras cela sans même avoir vérifié la véracité de tes dires. Et... ce n'est pas bien /emoticons/sad@2x.png 2x" width="20" height="20">
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Euh... je ne comprends rien. Cela t'ennuierai d'argumenter plus clairement ? Tu as cité L. Thompson et je vais chercher ta source. Je t'explique ce que j'ai déduit de sa lecture, explique-moi en quoi je me trompe (sur la base de la même source, que tu as invoquée, ou d'autres, on a bcp écrit sur la Kilimanjaro en climatologie, et pas que des publicités pour le global warming). C'est gentil tes cours du soir, mais je dois décliner. Les modèles GISS se trompant entre 1988 et 2005, je n'ai pas trop envie de m'inscrire à cette école pour anticiper 2100. Autant que tu répondes à l'autre point de l'argument (rappel) : Les modèles sont tout à fait en accord avec les mesures, je l'espère bien vu que l'on paye des gens pour les mettre à jour. Ce dont je doute, c'est de la capacité d'un modèle "à jour" en 2005 à me donner une estimation exacte en 2020, ou en 2100, sur la base de ses paramètres actuels et de sa modélisation du climat.
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Laquelle ? Je ne l'ai pas encore lue à part des allusions peu argumentées sur l'Océan indien et des mesures de température. Quand les T globales baissent (1950-80), le Kilimanjaro continue de fondre, mais ce doit être l'effet indirect du RC. Donc, quoiqu'il se passe, le RC est en cause. On nage dans l'infalsifiable...
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C'est vrai, j'ai d'ailleurs dit que les cartes Nasa Giss donnait une mauvaise impression et qu'en fait, il y a hausse. Mais elle n'est pas si élevée par rapport à la moyenne globale. Justement, c'est un point que je comprends mal. Si le forçage radiatif dont tu parles ici est celui du CO2 (=60% de l'ES anthropique), ce gaz a une durée de vie de 120 ans dans l'atmosphère. Les forçages s'accumulent donc. L'effet du CO2 est cumulatif sur la période 1901-2000 : en 1970 par exemple, on a toutes les émissions 1850-1970 qui obstruent l'IR sortant. Et en 1980-2000, on devrait avoir toute la période d'émissions CO2 1880-2000 en suspension dans l'atmopshère (plus le méthane, le SF6, etc.). Et donc, si l'ES anthropique est significatif, cela devrait signifier une hausse des T en 1980-2000 nettement plus élevée que, par exemple, 1920-1940 (ou en 1960-1980 qu'en 1900-1920, etc.). Or, ce n'est pas vraiment le cas, la différence de hausse / décennie est inférieure au dixième de degré entre 1980-2000 et 1920-1940. Et 1950-1980 baisse par rapport à 1900-1930 (malgré des quantités cumulées de GES autrement plus fortes). J'aimerais approfondir cela : pourquoi le cumul progressif des GES augmentant l'absorptance atmopsh. de l'IR ne se traduit pas, surtout aux pôles réputés pour amplifier le phénomène, par une hausse de plus en plus "pentue" des T. surf. et tropo. A la limite, 1980-2005 vérifie le phénomène. Mais pourquoi un siècle de profondeur (1901-2000) ne le corrobore pas ? (Surtout bien sûr qu'outre l'IR en plus, il y a l'albédo en moins sur toute cette période). En effet, pour répondre au point précédent, il faut notamment supposer que les aérosols sont aussi amplifiés aux pôles. Ce n'est pas la seule hypothèse.
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La preuve irréfutable du réchauffement climatique !
charles.muller a répondu à un sujet de florent76 dans Archives
Bof en France, c'est un sport national. Je n'aime pas trop le chauvinisme, ni celui de Bush, ni celui des franchouillards anti-Bush. L'anti-américanise est en général l'exutoire des peuples complexés. Ils ne se gêneront pas. -
Sans commentaire, c'est assez drôle comme cela. Oui, en lisant Lonnie Thompson, je vois qu'il y a des fluctuations permanentes entre 11 et 4 ka. Et rien dans l'article ne démontre que l'évément 4 ka, le plus prononcé du Holocène, n'a pas abouti à une fonte complète : "The absence of the thick visible dust layer in the NIF1 and NIF2 cores suggests that, at ~4 ka, the NIF was smaller than it is today" (NOF : Northern Ice Fields, là où se font les forages). Science 18 October 2002: Vol. 298. no. 5593, pp. 589 - 593 DOI: 10.1126/science.1073198 Kilimanjaro Ice Core Records: Evidence of Holocene Climate Change in Tropical Africa Lonnie G. Thompson et al. Le grand Wetterfrosch doit avoir un puissant PC chez lui... Les modèles sont tout à fait en accord avec les mesures, je l'espère bien vu que l'on paye des gens pour les mettre à jour. Ce dont je doute, c'est de la capacité d'un modèle "à jour" en 2005 à me donner une estimation exacte en 2020, ou en 2100, sur la base de ses paramètres actuels et de sa modélisation du climat.
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Si tu me relis, je dis que la hausse des températures ne suit généralement pas (=ne succède pas à) la hausse des GES dans les archives des 200 millions d'années écoulées, mais que cette hausse des GES est généralement consécutive à une hausse des températures. Avec par exemple des décalages de 600-800 ans dans les derniers interglaciaires. Il y a ensuite rétroaction, bien sûr. Ta généralité sur les différents facteurs du bilan thermique ne contredit donc pas mon assertion.
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Pas mal. Tu n'aurais pas les 100 millions d'années sur le hameau Beaulieu, commune d'Azé, région de Vendôme ?
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L'intuition selon laquelle l'homme est coupable (à travers la déforestation ou les GES) mais l'homme africain excusable (car il est pauvre, bien sûr) est un peu caricaturale, non ? Le mieux est encore d'oublier ses préjugés et de se référer aux faits afin de juger la plausibilité des hypothèses. Les données et proxies disponibles sur la zone semblent indiquer que la chute d'humidité atmosphérique a été un phénomène rapide datant de la fin du XIXe siècle (autour de 1880) et que les niveaux sont restés stables par la suite (ci-dessous, extrait d'une synthèse de Kazer et al. 2004 sur la question). Je doute qu'un épisode de déforestation centré sur la période soit à l'origine du phénomène. According to these proxies, the climatic evolution of East Africa over the past 150 years (‘modern climate’) is characterized by a drastic dislocation around 1880, when lake levels dropped notably and glaciers started to recede from the latest maximum extent. The ensuing relatively dry climate was maintained throughout the 20th century, which is supported by instrumental records of annual precipitation that vary only slightly during the 20th century (e.g. Rodhe and Virji, 1976; Hay et al., 2002). Comparatively, the couple of decades preceding 1880 were very humid: lakes stood high, mountain glaciation was extensive, and precipitation more abundant. In contrast to this ‘switch’ in moisture conditions, there is no evidence of an abrupt change in air temperature (Hastenrath, 2001). Réf. : INTERNATIONAL JOURNAL OF CLIMATOLOGY Int. J. Climatol. 24: 329 – 339 (2004) - DOI: 10.1002/joc.1008 MODERN GLACIER RETREAT ON KILIMANJARO AS EVIDENCE OF CLIMATE CHANGE: OBSERVATIONS AND FACTS GEORG KASER, DOUGLAS R. HARDY, THOMAS M ̈OLG, RAYMOND S. BRADLEY and THARSIS M. HYERA
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Avec les données HadCrut2 sur l'Arctique au XXe siècle, j'arrive à des conclusions assez étranges. D'abord JJA a connu un réchauffement, contrairement à l'impression que peuvent donner les cartes Nasa Giss. Ensuite, ce réchauffement est plus faible en ampleur que DJF, et la signature n'est pas la même (cf l'hiver 1920-40, plus chaud que l'hiver 1980-2000). Enfin et surtout, le réchauffement Arctique est très comparable au réchauffement global... alors que l'on nous dit que le pôle nord est censé accentuer le phénomène. C'est sans doute le cas en 1980-2005 (réchauffement nettement > en Arctique), mais pourquoi n'est-ce pas le cas à l'échelle du XXe siècle en entier, alors que le phénomène concerné est finalement identique et sur une bien plus longue période ? Les GES n'ont fait par définition que s'accumuler sur cette période (durée de vie CO2 : approx. 120 ans, émissions 1951-2000 > émissions 1901-1950, etc.), et l'amplification polaire devrait être plus nette, non ? 1901-2000 Réchauffement Arctique JJA : 0,495 °C Réchauffement Arctique DJF : 0,676 °C Réchauffement Arctique annuel : 0,653 °C Réchauffement global : 0,6 °C
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Sylvestre aurait pu faire un effort supplémetaire pour ne pas tromper lui-même les lecteurs et leur indiquer quelques sources sur le Kilimandjaro. Par exemple : Kaser G. et al. (2004), The behavior of modern low-latitude glaciers, Past Global Changes News, 12, 1, 15-17. Kaser G. et al. (2005), Low-latitude glaciers: Unique global climate indicators and essential contributors to regional fresh water supply. A conceptual approach. In: Huber, U., H. K. M. Bugmann, and M. A. Reasoner (ed.), Global Change and Mountain Regions: A State of Knowledge Overview, Kluwer: New York, vol. 23., 185-196. Mölg, T. et al. (2003), Solar-radiation-maintained glacier recession on Kilimanjaro drawn from combined ice-radiation geometry modeling, Journal of Geophysical Research, 108, D23, 4731, doi:10.1029/2003JD003546. Ces auteurs concluent leur analyse par l'importance de l'humidité relative, de la nébulosité et de l'insolation pour expliquer la fonte du Kilimandjaro, et non de l'effet de serre. Accessoirement, les glaciers africains ont fondu tout au long du XXe siècle, y compris en période de léger refroidissement (1950-80). Leur dynamique n'est pas corrélée à celle du réchauffement global, qui touche d'ailleurs un peu moins les tropiques et l'HS que l'HN. Là encore, les conclusions de Monaghan et al. demandent à être comparée à d'autres. Quelques exemples ci-dessous. L'équipe de Curt H. Davis a étudié les chutes de neige sur la banquise Est de l'Antarctique (au Nord de 81,6°S), entre 1992 et 2003, par mesure satellitaire d'altimétrie. Il en ressort que la banquise a gagné en moyenne 45 millions de tonnes par an (soit un gain d'épaisseur annnuel de 1,8 cm). Les auteurs concluent : "un gain de cette magnitude est suffisant pour ralentir la hausse du niveau la mer de 0,12 mm (+/- 0,02) par an". Cette région intérieure représente environ 70% de la surface totale de l'Antarctique - elle s'étend sur 8 millions de km2, soit l'équivalent des Etats-Unis - mais plus de 85% de son volume glaciaire (Davis 2005). Trois autres travaux récents ont confirmé le phénomène. X. Yuan et D.G. Martinson ont utilisé les données satellitaires pour analyser l'évolution globale de la banquise antarctique sur 18 années (Yuan 2000). Il en ressort que cette banquise a progressé vers l'Equateur de 0,011 degré de latitude chaque année. Les mêmes données satellitaires ont permis une estimation du gain sur la période 1979-2002 : la banquise a gagné chaque année 4,801 km2 de glace, et même 13,295 km2 si l'on inclut les zones océaniques où la concentration de glace atteint 15% (Liu 2004). Une autre analyse, sur une durée plus courte (1995-2000), mais avec des données bien plus nombreuses (125 milliards de mesures altimétriques par le satellite européen ERS-2), a montré dans la partie orientale de l'Antarctique des gains annuels moyens de 1 +/- 0,6 cm de glace, dans la partie occidentale des pertes annuelles de 3,6 +/- 1 cm, ce qui représente un solde positif global pour l'Antarctique de 0,4 +/- 0,4 cm par an (Davis 2004). Par ailleurs, plusieurs travaux ont également concluent que l'Antarctique s'est refroidi (ou que le réchauffement a décéléré) ces dernières décennies. L'équipe de John Turner (British Antarctic Survey) a analysé les données de 19 stations terrestres de l'Antarctique sur les cinquante dernières années (Turner 2005). 11 d'entre elles montrent un réchauffement, 7 un refroidissement (les données de la dernière ne sont pas exploitables). Par ailleurs, dans toutes les stations sauf deux, le réchauffement a été plus faible (ou le refroidissement plus fort) entre 1971-2000 qu'entre 1961-1990. Ce qui signifie que le Pôle Sud est globalement en train de refroidir, et non de se réchauffer comme on l'annonce régulièrement (et encore Huet ici). Ainsi, quatre des stations côtières sur dix sont passées d'une phase de réchauffement à une phase de refroidissement. Au Pôle lui-même, le taux de refroidissement s'est intensifié d'un facteur six sur cette période. Une autre étude, publiée en 2002, concernait 30 années (1969-1998) de mesures par radiosonde sur 7 stations, 32 années (1969-2000) de mesures en stations terrestres et 22 années (1979-2000) de mesures satellite dans la troposphère au-dessus de l'Antarctique. Elle avait déjà abouti à la même conclusion : alors que la Péninsule montre une tendance nette et rapide au réchauffement, le reste de l'Antarctique montre un léger refroidissement (Thompson 2002). Les mesures de la température globale de l'Antarctique (toutes zones confondues) par stations terrestres et satellites montre un refroidissement annuel de 0,008°C (station) à 0,042°C (satellite) entre 1979 et 1998 (Cosmiso 2000). *** Mais bien sûr, comme Sylvestre, on nous explique que "les modèles intègrent parfaitement ce phénomène". Et si l'Antarctique gagnait 3°C dans les vingt prochaines années, on reparamétrera les même modèles et on nous dira en 2020 : "le modèles intègrent merveilleusement ce phénomène". C'est toute la force de l'explication ad hoc informatisée : personne n'est capable d'aller vérifier les calculs du modèle, dont les paramètres évoluent de toute façon en permanence en fonction des mesures et des expériences locales (type Indoex). Lorsque ces modèles s'avisent en revanche à faire une prévision à court terme (20 ans), on voit leur limite (exemple récent de Hansen et al. 2006 : les températures 2005 sont inférieures à celles prévues par son modèle si les émissions de GES avaient commencé à chuter après 2000,ce qui n'est évidemment pas le cas). Bref, répondre à Allègre n'est pas très difficile vu son style brouillon de mammouth dans un magasin de porcelaine. Mais informer complètement l'opinion en prenant soin d'entrer dans les contradictions des mesures et d'éviter de tout attribuer sans discernement au "global warming", c'est moins gratifiant et moins payant.
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Voici une autre tribune assez violente mais peu argumentée, que l'on m'a transmise par mail ce matin. Elle émane de Bernard Beauazmy, qui dirige apparemment la Société du calcul mathématique (un groupe privé). Vous le connaissez ? Editorial de la lettre de la Société de Calcul Mathématique, n°35, 29 septembre 2006 : La mystification du réchauffement climatique par Bernard Beauzamy Imaginons un animal microscopique qui veut se faire une idée d’un trajet sur une longue distance : 80 km (ParisChartres), mais qui ne mesure que les trois premiers millimètres : un poil de moquette, une rainure de parquet, l’arête d’un caillou. L’animal, tout content de ses mesures, extrapole ensuite aux zones qu’il n’a pas visitées et estime qu’il connaît le trajet Paris-Chartres. Chacun, en pareille situation, s’exclamera : quelle sottise, quelle naïveté, quelle arrogance ! C’est pourtant très exactement ce que fait l’espèce humaine en matière de climat. Cette planète existe depuis environ 5 milliards d’années, et cela fait moins de 200 ans que nous avons commencé à mesurer le climat : le ratio 200 / 5 milliards est le même que 3 mm / 80 km. On pourrait être plus sévère : cela ne fait pas 200 ans que nous le mesurons correctement ; aujourd’hui même, la densité de capteurs et l’espacement des mesures sont encore très insuffisants pour permettre une évaluation correcte. Mais admettons, pour les besoins de la démonstration, que nos mesures soient suffisantes et parfaites sur 200 ans : elles ne couvrent cependant qu’une plage de temps absolument infime, de l’ordre de 4.1 E(-8) par rapport au temps écoulé. Le climat est un processus extrêmement aléatoire ; si courte que soit la mémoire de l’homme, elle enregistre tout de même des variations significatives au cours des 2 000 dernières années : glaciations, réchauffements, variations brusques très violentes. Nous pourrions donc savoir, si nous le voulions, que se sont produits dans le passé des événements qui excèdent de beaucoup ce que montrent nos mesures actuelles. N’importe qui peut regarder la vallée d’un fleuve et constater que, pour faire pareille excavation, il a fallu qu’il soit beaucoup plus fort qu’aujourd’hui. Interrogez n’importe quel mathématicien : comment reconstituer la loi d’un processus très irrégulier, si on ne dispose que de 4 cent-millionièmes de l’échantillon complet ? La réponse est évidemment que cela n’a aucun sens, pas plus que de vouloir reconstituer les paysages entre Paris et Chartres à partir du premier poil de moquette que l’on rencontre. Mais l’espèce humaine va plus loin que notre arrogant animal, dans l’épanouissement de l’arrogance : ayant reconstitué le trajet dans sa globalité, à partir de l’information ridicule et infime dont elle dispose, elle déclare que ce qu’elle voit ne lui convient pas, et qu’il faut le changer. En quelque sorte, elle voit le voyage trop poilu, puisqu’elle est tombée sur un poil au départ, et ce poil ne lui plaît pas : il faut le raser ! Et ce n’est pas fini ! l’espèce humaine va beaucoup plus loin que notre animal dans le ridicule, le mysticisme et l’autosatisfaction : elle déclare que le poil qui lui déplaît a été mis là par Dieu pour la punir de ses péchés. Un trajet "normal" ne saurait comporter de poil, et par conséquent quelque chose ne va pas : l’homme a offensé la nature, par ses industries, ses rejets, ses comportements. Poussant dans ses extrêmes limites l’étude du poil de moquette et de ses extrapolations, l’espèce humaine bâtit, autour de ses délires mystiques, quantité d’élucubrations qu’elle appelle "sciences". L’espèce humaine a toujours appelé sciences ses délires mystiques. Il y a eu la numérologie, la théologie, l’astrologie ; il y a maintenant la climatologie. Le rôle d’une science est normalement d’avoir une valeur prédictive ; ce n’est le cas pour aucune de ces quatre. Mais peu importe : il y a consensus ! Les "experts s’accordent" ’ tout comme ils se sont toujours accordés, dans chacune des phases de délire mystique que l’humanité a rencontrées. Le pauvre paysan qui prie à genoux pour faire venir la pluie, il n’a pas inventé ce remède tout seul. Tout un cortège d’experts, relayé par des journalistes, l’en a persuadé. Et tout cela s’agite, se bouscule, geint et trépigne. On recherche des coupables, comme dans tout procès en sorcellerie ; ici des réunions grandioses évoquent la pureté de l’atmosphère originelle ; là on cherche à enfouir des gaz, comme les animaux enfouissent leurs immondices. On trafique les indulgences, comme on les a toujours trafiquées. On pontifie et on enseigne, bien sûr, car comment pontifier sans enseigner ? On élabore quantité de modèles mathématiques qui nous font bien rire. Rien de bien nouveau dans tout cela, ni de bien inquiétant. Cela coûte un peu d’argent, naturellement, mais certainement moins que tous ces organismes qui vivent aux crochets des entreprises. Bernard Beauzamy http://www.cawa.fr/la-mystification-du-rec...ticle00547.html __._,_.___
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Justement, moi non plus, je ne vois pas exactement ce que sont les "trends". Que les températures des deux dernières années ou décennies soient chaudes par rapport à la moyenne 51-80, je n'en doute pas. En revanche, sur un siècle d'effet de serre cumulé, je ne comprends pas pourquoi le tendance JJA serait ainsi stable, voire négative, alors que les autres saisons (surtout l'hiver) sont très réchauffées. Je vais voir sur les données Hadley.
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Le site Nasa Giss permet de faire des simulations variées sur leur base de données. L'interface est ici : http://data.giss.nasa.gov/gistemp/ Par hasard et pour un autre travail, j'ai fait un test sur la tendance 1901-2000 en été (JJA) (option "trends", qui doit être une moyenne mobile). A ma grande surprise, j'ai constaté que les températures polaires (HN) montrent une tendance stable, voire négative. Or, les pôles sont censés amplifier l'effet de serre et cet effet de serre est a priori sensible toute l'année (gaz bien répartis dans l'atm.), notamment l'été (plus de rayonnement entrant, moins de sortant à cause des GES). Par ailleurs, c'est en été que les glaces fondent le plus, donc que l'albédo diminue le plus, donc que le réchauffement devrait être plus net sur un siècle (passer de -35 à -25 °C en hiver ne change pas trop l'état des glaces). Comment l'expliquez-vous ? S'agit-il d'un artefact dû à des données trop rares ?
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Comparer une moyenne locale et une moyenne globale (en climato) n'a pas de sens. Inutile de faire une comparaison avec la météo, car les échelles de temps et de prévisibilité sont différentes. Mais cela n'a pas de sens malgré tout. Si j'isole le Groenland au XXe siècle (supposé être, comme toutes les zones glaciaires de l'HN, un indicateur "sensible" du réchauffement ou du refroidissement), je déduis que les T globales du XXe siècle se sont refroidies ou ont été stables. Ce qui est inexact, bien sûr. Attention, ce n'est pas la zone tropicale en général qui est en question dans l'article, Hansen et al. eux-mêmes reconnaissent que le Pacifique tropical oriental (EEP) ne suit pas la tendance au réchauffement : "In contrast, the EEP (Fig. 4B) and perhaps Central Antarctica (Vostok, Fig. 4D) warmed less in the past century and are probably cooler than their Holocene peak values. However, as shown in Figs. 1B and 3A, those are exceptional regions." (Si l'on suivait Hansen sur ce chemin tortilleux, il faudrait retrouver les innombrables régions "exceptionnelles" du globe qui n'ont pas connu leur "pic" au XXe siècle au cours du Holocène.)
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Pour être aussi gentil, que le patron de la Nasa et d'un des modèles CGM actuels se fende d'un papier aussi "léger" dans les PNAS me ferait réfléchir si je lui prêtais crédit. Après tout, Hansen n'est pas Jancovici et il met un nom assez prestigieux en caution de ce genre de généralités douteuses. Toujours pour être gentil, je suis assez persuadé que 95% des gens qui ne suivent pas spécialement le détail de la recherche climatologique sont persuadés qu'il existe un rapport direct de cause à effet entre GES et température dans les archives paléoclimatiques. Sinon, je me suis expliqué sur la non-corrélation des courbes et j'attends que l'on me démontre que les températures globales suivent l'effet de serre (ce que croient les 95% susmentionnés), soit en détail sur les 1000 dernières années, soit en grandes tendances sur les 200 millions d'années écoulées. On ne le fera pas parce que ce n'est pas le cas. Ce n'est pas le cas parce que nous savons tous ici que l'effet de serrre n'est qu'un des éléments d'un puzzle autrement plus complexe. Sinon, j'aimerais bien que les défenseurs du hansénisme en paléo. m'expliquent en détail la phrase suivante de son article : "Accepting paleo and modern temperatures at face value implies a WEP 1870 SST in the middle of its Holocene range. Shifting the scale to align the 1870 SST with the lowest Holocene value raises the paleo curve by {approx}0.5°C. Even in that case, the 2001–2005 WEP SST is at least as great as any Holocene proxy temperature at that location. " Comment Hansen et al. accordent-ils au juste les SST WEP 1870 (début des valeurs modernes) avec les proxies Mg/Ca du Holocène ? Sa phrase laisse entendre qu'ils ont choisi de manière arbitraire que 1870 correspondrait "à la valeur moyenne de son amplitude au Holocène" (et que si l'on devait accorder aux valeurs les plus basses du même Holocène, il faudrait réévaluer de 0,5°C les valeurs modernes). Mais que signifie au juste cette "tambouille" assez grossière où les auteurs ne montrent pas comment ils ont opéré précisément l'intercalibrage proxies/mesures modernes, intercalibrage qui est justement un des pb clasiques de la paléoclimatologie ?
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Une petite précision à ce sujet (puisque nous sommes dans un topic intitulé "réchauffement" sans plus de précision, et que l'on a vite fait le tour du papier de Hansen) Quand je parle ci-desus d'un grand récit naïf, je pense à la manière dont on vulgarise le réchauffement aujourd'hui. Je prends par exemple Frederic Denhez, Atlas de la menace climatique, Autrement, 2005. L'ouvrage, préfacé par Michel Petit (qui collabore au GIEC), est une synthèse par ailleurs réussie du point de vue de la clarté du style et des arguments. Mais à la rubrique paléoclimat, effet de serre et température, on trouve en tout et pour tout un graphe du forage Vostok sur les 450.000 dernières années avec ce commentaire : "Ce graphique tiré de l'analyse du contenu moléculaire des bulles d'air emprisonnées dans la carotte de glace Vostok nous apprend trois choses : • les élévations de température et de taux de dioxyde de carbone et de méthane sont liées ; • ces variations sont cycliques depuis au moins 400 000 ans ; • les élévations contemporaines sont sans commune mesure avec ce qu'elles furent dans le passé. La situation actuelle est donc sans précédent." Et rien d'autre, donc. Un lecteur peu averti traduit : en effet, c'est clair, les hausses de CO2 et de CH4 entraînent des hausses de températures depuis 400.000 ans. C'est-à-dire qu'il traduit la corrélation ("sont liées" dans le texte de Denhez) par un rapport de cause à effet. Il aurait été intellectuellement honnête de rajouter un quatrième point au commentaire du graphique : • toutefois, les hausses de températures sur cette période commencent 600 à 800 ans avant les hausses de CO2 et de CH4, indiquant que d'autres facteurs sont à l'oeuvre dans ces variations. La nature et le poids de ces autres facteurs ne sont pas encore précisément modélisés.
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A propos de l'Eocène j'ai retrouvé cette source (Pearson 2000) qui compare la variation du CO2 atmosphérique avec d'autres proxies. Notamment le ratio de l'isotope O18, indice de température océanique et de croissance glaciaire : plus il est faible (tend vers 0), plus les températures sont élevées et les glaces rares (et inversement bien sûr). On constate dans le schéma ci-dessous de médiocres concordances CO2/O18. Le pic avant l'Eoène est atteint alors que le CO2 est déjà revenu à 500 ppm, après avoir été bien plus haut que 3000 ppm ; et la tendance des températures est globalement à la baisse vers 44-48 Ma, lorsque le CO2 connaît à nouveau une hausse au-dessus de 2000 ppm. Par ailleurs, entre 25 et 0 Ma, on voit des variations significatives du proxy O18 alors que le CO2 connaît assez peu d'amplitude (au regard du reste la période considérée). Comme le concluent les auteurs : "This suggests that other factors, such as complex feedbacks initiated by tectonic alteration of the ocean basins, were also important in determining global climate change." Et en effet, pour ce qui est des paléoclimats, la variation de gaz à effet de serrre apparaît au mieux comme une rétroaction des oscillations tectoniques, volcaniques et solaires, ces dernières étant les causes primaires des changements. Cela ne nous dit rien directement sur la conséquence de l'augmentation anthropique des GES. Mais cela incite à relativiser le "grand récit" un peu naïf selon lequel les gaz à effet de serre ont été les déterminants majeurs du climat terrestre et des températures aux ères tertiaire et quaternaire. Nature 406, 695-699, (17 August 2000) | doi:10.1038/35021000 Atmospheric carbon dioxide concentrations over the past 60 million years Paul N. Pearson and Martin R. Palmer