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charles.muller

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  1. Merci de ton souci, mais j'ai le cuir assez dur, cher miniTAX. Quoique l'appel à la domestication des mammouths brouillons au nom de la "conscience sociétale" me laisse rêveur sur la capacité de l'Homo sapiens à taper en groupe sur la première tête qui sort du rang. (Même entre gros QI, c'est vraiment désolant ce réflexe de primates. Faut dire que des ressources sont en jeu et que le primate est sensible à cet aspect...). Valérie MD est en effet très impliquée dans la pédagogie du réchauffement climatique, et j'imagine qu'instiller la si mauvaise graine du doute dans les jeunes (ou moins jeunes) cerveaux la contrarie beaucoup. Surtout sur un média insaisissable comme Internet, bien moins docile que ceux où elle a pu intervenir depuis quelques années. La vie est pleine d'adversité et les chercheurs qui ont accepté de rentrer dans le jeu des spéculations "intergouvernementales" depuis bientôt 20 ans ont l'obligation de s'y habituer...
  2. OK merci. Est-ce qu'on peut faire (ou on a fait) une corrélation NAO (+/-) et extent de la banquise ? J'avais des papiers sur le sujet, mais je ne les retrouve plus.
  3. Non, je ne suis pas en détail ce dossier. Ici, tu trouves en lien la page Ozone de l'OMM, sans doute avec des données passées : http://www.wmo.ch/web/arep/ozone.html
  4. Pour moi non plus. Mais à dire vrai, je ne saisis toujours pas très bien Au final, ces "un peu moins de 5 W/m2 de moyenne globale annuelle" mentionnés par Otto-Bliesner et al., c'est une anomalie, une variation, un forçage ? Cela inclut quel ensemble de rétroactions positives / négatives aux variations d'insolation ? En dernier ressort et en terme de forçage radiatif, quelle valeur faudrait-il considérer sur une échelle identique à celle des autres forçages mesurés (par exemple forçage GES = -2,22 W/m2 dans ce modèle pour LGM/PI) ?
  5. Les climatologues réagissent comme toi, si l'on en croit Le Monde. C'est assez navrant, ces noces de la science et de la politique, en tout cas pas très propice à la sérénité pour cles chercheurs. Mais puisque le climat est devenu une question politique, c'est inévitable.
  6. Tel que formulé, c'est difficile de trancher. Le paragraphe énumère les forçages. Pour le solaire, voici ce qui est indiqué. La mention "top of the atmosphere" incite à penser qu'il s'agit des variations d'insolation, pas des rétro-actions que cela implique sur la circulation générale, les glaces, etc. : a. Radiative forcings The coupled climate simulations for the LGM and mid-Holocene are compared to a preindustrial (PI) simulation. The PI simulation uses forcing appropriate for conditions before industrialization, ca. A.D. 1800, and follows the protocols established by PMIP-2 (http:// www-lsce.cea.fr/pmip2/). The PI forcings and a com- parison to a present-day simulation are described in detail elsewhere in this special issue (Otto-Bliesner et al. 2006). Figure 1 shows the latitude–time distribution of solar radiation anomalies at the top of the atmosphere rela- ti ve to the PI peri od for the LGM and the mi d- Holocene simulations. The solar constant is set to 1365 W m2 in all three simulations. The largest absolute anomalies are found in the high latitudes. For the LGM, the NH summer high-latitude anomaly is about –12 W m2. For t he mi d- Hol ocene, hi gh- l at i t ude anomalies are much larger: 32 W m2 in the NH sum- mer and 48 W m2 in the Southern Hemisphere (SH) spring. Annual mean anomalies are much smaller, less than 5 W m2, suggesting more modest annual impacts on climate. La distribution du forçage solaire LGM est donnée par cette carte. Sinon, rien ne démontre à ma connaissance que la constante solaire (1365 W/m2 émis, 342 W/m2 reçus TOA) ne soit constante. On sait déjà qu'elle n'est pas tout à fait à l'échelle de la décennie ou du siècle (a fortiori lorsque l'on compare des minima et des maxima de tâches solaires). Certains chercheurs comme le bulgare Shopov (analyse des spéléothèmes par luminescence) considèrent qu'il existe des variations cycliques de luminosité (= irradiance totale) plus prononcées et qu'elles ont une influence au moins équivalente aux cycles de Milankovitch. La reconstruction de la sensibilité climatique suppose que l'on évalue correctement l'ensemble des forçages. A l'époque moderne, c'est déjà difficile. Dans les archives paléoclimatiques, cela ne paraît pas évident non plus pour certains postes. Les GES atmosph., OK avec les forages glaciaires. Les températures surface et océan, déjà moins précis sur les proxies. Les aérosols naturels, la nébulosité, le soleil, la répartition des glaces et de la biomasse : quand même assez spéculatif.
  7. Si je prends le CCSM3 (Otto-Bliesner J. Clim 2006), on mentionne quand même une valeur annuelle moyenne encore supérieure aux forçages que tu as quantifiés à la louche : "For the LGM, the NH summer high-altitude anomaly is about -12W/m2 [...] Annual mean anomalies are much smaller, less than 5 W/m2, suggesting more modest annual impacts on climate". (Accessoirement, on parle là des effets radiatifs directs dus aux variations d'irradiance reçue TOA, en supposant qu'il n'y a pas par ailleurs d'effets indirects des UV, de la nébulosité, etc. ; et les calculs sont faits sauf erreur sur la base d'une constante solaire 1365 W/m2 dont on sait qu'elle n'est pas vraiment constante, surtout à l'échelle des siècles / millénaires).
  8. Dans ce cas, on a quand même un forçage solaire très négatif, non ? Dans ton compte, tu énumères : Or, j'imagine qu'entre -21.000 (LGM) et 1750 (PI), la variation Milankovic à elle seule représente un forçage négatif assez sustantiel.
  9. Aux Etats-Unis, les dons du lobby nucléaire / alternatif aux organisations popularisant le global warming sont supérieurs à ceux des organisations pétrolières sur le même thème depuis déjà quelques années. Mais c'est un détail. Car je suis entièrement d'accord avec toi sur la transparence des financements pour les chercheurs et surtout sur la relative indifférence de ces financements par rapport au contenu de leurs papiers (au sens que ce contenu est valable ou non). Merci pour mon site, je te rassure : la plateforme overblog permet à un nul comme moi de faire une présentation correcte sans subsides extérieurs. Les seules entreprises de l'énergie pour qui j'ai participé à des missions de communication sont Idex (renouvelable) et tout récemment Areva (nucléaire). Comme quoi... Quand on me dit ou quand j'entends, "le phénomène X est lié au réchauffement climatique", je cherche effectivement s'il existe des papiers sur le phénomène X incitant à penser le contraire. Et s'ils existent, je les mentionne. Mon travail vise à corriger la perception de la recherche climatique par le grand public, parce que cette perception me semble globalement déformée dans un sens unique depuis quelques années. En tant que chercheur, tu peux considérer cela comme un "biais", évidemment. Mais je ne suis justement pas chercheur. Hormes, A., B.U. Muller, C. Schluchter, 2001, The Alps with little ice: evidence for eight Holocene phases of reduced glacier extent in the Central Swiss Alps, The Holocene 11, 255-265.Joerin UE, T. Stocker, Ch. Schlüchter, 2003, Holocene Alpine variations, Geophysical Research Abstracts, Vol. 5, 11947 Joerin, UE, Stocker, TF, Schlüchter C., 2006, Multicentury glacier fluctuations in the Swiss Alps during the Holocene, The Holocene, 16, 5, July 2006, 697-704
  10. Sauf errur, IPPC 2007 donnera des valeurs plus hautes pour la fourchette de sensibilité climatique. Enfin, c'est le cas du draft qui circule mais que l'on n'a pas le droit de citer avant parution. Sinon, pour le DMG, tu calcules les forçages radiatifs par rapport à quelle période de référence ?
  11. J'avais lu que la concentration maximale d'ozone strat. dans l'HS se situait plutôt vers 50-60 °S, précisément parce que le vortex polaire antarctique empêche assez tôt le transfert du gaz de l'Equateur vers le Pole. Y a-t-il des mesures à cette latitude ?
  12. Non, l'hiver 2005-2006 n'a pas vraiment donné lieu à une perte record (ci-dessous, bulletin WMO Global Watch Atmosphere) : sur les 11 hivers de mesure depuis 1993-94, huit ont donné lieu à des pertes plus sévères dans la colonne totale d'ozone. Donc l'hiver 2005-06 a été assez "modéré". The 2005-2006 Arctic stratospheric winter started out relatively cold in November, December and the first half of January. During this pe- riod polar stratospheric clouds formed and passive halogen species were converted to active ozone-destroying species, such as ClO and BrO. During January, the polar vortex was distorted and shifted to- wards sun-lit latitudes. This led to a localised ozone loss of about 20% at about the 22 km altitude level (540-570 K potential tempera- ture range). Column ozone loss, derived by comparing total ozone observations with model calculated passive ozone, was on the order of 13%, and most of this loss occurred in January. From early Febru- ary, chlorine returned to its non-reactive, reservoir forms, bringing a halt to the ozone depletion processes. During the time period from 1993-94 until 2004-05, eight winters have experienced more severe chemically-induced total ozone column loss and three winters have experienced less column ozone loss than the 2005-06 winter.
  13. A popos, je signale au passage le dernier livre dirigé par Ramanathan et Kiehl, consacré aux principales problématiques des modèles aujourd'hui. J'espère qu'il est bien parce que j'ai commandé (...120$, gloups). Frontiers of Climate Modeling Edited by J. T. Kiehl, V. Ramanathan (ISBN-13: 9780521791328 | ISBN-10: 0521791324) September 2006 | 381 pages | 247 x 174 mm The physics and dynamics of the atmosphere and atmosphere-ocean interactions provide the foundation of modern climate models, upon which our understanding of the chemistry and biology of ocean and land surface processes are built. This volume captures modern developments in modeling the atmosphere, and their implications for our understanding of climate change, whether due to natural or anthropogenic causes. Emphasis is on elucidating how greenhouse gases and aerosols are altering the radiative forcing of the climate system and the sensitivity of the system to such perturbations. Contents Preface; 1. Overview of climate modeling J. T. Kiehl; 2. Climate change modeling: a brief history of the theory and recent 21st century ensemble simulations W. M. Washington, A. Dai and G. A. Meehl; 3. Energy balance climate models G. R. North and M. J. Stevens; 4. Intrinsic climate variability: modes and mechanisms of oceanic and atmospheric fluid dynamics J.C. McWilliams; 5. The radiative forcing due to clouds and water vapor V. Ramanathan and A. Inamdar; 6. A model study of the effect of Pinatubo volcanic aerosols on stratospheric temperatures V. Ramaswmay, S. Ramachandran, G. Stenchikov and A. Robock; 7. Unresolved issues in atmospheric solar absorption W. D. Collins; 8. Cloud feedbacks D. A. Randall, M. E. Schlesinger, V. Galin, V. Meleshko, J.-J. Morcette and R. Wetherald; 9. Water vapor feedback D. Rind; 10. Water vapor observations B. J. Soden; 11. New frontiers in remote sensing of aerosols and their radiative forcing of climate Y. J. Kaufman, L. A. Remer and D. Tanré; 12. Cloud-climate feedback: lessons learned from two El Niño events M. Zhang; 13. Runaway greenhouses and runaway glaciations: how stable is Earth's climate? J. F. Kasting.
  14. A ma connaissance, l'estimation de la sensibilité climatique s'obtient en faisant tourner fait un modèle CGM jusqu'à un doublement du CO2, mais aussi en observant les climats passés (XXe ou avant) et en déduisant une sensibilité climatique effective au CO2 sur une période donnée et en fonction de forçages donnés. Je pense que le modèle GISS fait allusion à ce second type de correction.
  15. Je pense qu'il fait allusion à la variation de la nébulosité en général, pas seulement celle induite par l'homme. Dans le résumé de son intervention (ci-dessous), il inclue l'effet indirect des aérosols dans la modélisation et les progrès en cours. How do Aerosols and Clouds Regulate the Planetary Albedo and the Solar Radiation Budget? V. Ramanathan [vram@fiji.ucsd.edu], Scripps Institution of Oceanography, University of California at San Diego. The global average planetary albedo is about 29% (±2%). The albedo of the clear sky region of the planet is about 14% (±2%). Thus the presence of clouds enhances the albedo of a cloud free earth by about a factor of two. We also know that, while the atmospheric circulation determines the location and extent of clouds and water content, aerosols determine the size and number distribution of cloud drops and ice crystals. The aerosol properties are determined by the chemistry (e.g. oxidation of sulfur dioxide and organics) and the biology (dimethyl sulfide). All of these parameters including the aerosol concentration and composition undergo significant temporal (minutes to years) and spatial (meters to planetary scales) variations. Yet it is remarkable that our general circulation climate models are able to explain the observed temperature variations during the last century solely through variations in greenhouse gases, volcanoes and solar constant. This implies that the planetary albedo has not changed during the last 100 years by more than ±0.2% (out of 30%). This, seemingly improbable model generated hypothesis, has not been tested thus far. Another fundamental question, we as a community have to address is: Why is the global albedo about 29%? To understand why this is an important question, consider the following two examples. A global albedo of 32% would plunge the Earth into a climate similar to that of the last ice-age; while an albedo of 26% would be comparable to a five fold increase in the CO concentration. Is the albedo hovering around 29%, because of the need to maintain a habitable climate?; or is it sheer chance that the planet settled into the 29% albedo? There is practically no theory for explaining how the cloudy sky albedos are regulated. Given this state of the field, and given the fact that clouds exert a large global cooling effect (about –15 to 20 Wm -2 ) we need a new approach to cut through the current impasse on this fundamental problem in climate dynamics. On a more practical level, the link between aerosols and cloud albedo produces the so-called indirect effect of anthropogenic aerosols. Many models and field observations (e.g, INDOEX and ACEII) have shown that an increase in anthropogenic aerosols can nucleate more cloud drops and enhance the cloud albedo and lead to a cooling effect. The IPCC-2001 report shows that this cooling effect may be large enough to offset 50% to 100% of the radiative heating due to the build up in greenhouse gases. This indirect effect (i.e, the regulation of cloud albedo by anthropogenic aerosols) is acknowledged to be the largest source of uncertainty in understanding the human impact on the global climate. It is clear to us that new discoveries await us in a serious quest that determines, from observations, the processes by which aerosols regulate cloudy sky albedo. After setting the stage with recent results, I will describe a new observing system that is designed to address the aerosol- cloud albedo regulation problem. It consists of vertically stacked and multiple UAVs (light weight and long range) carrying miniaturized aerosol-cloud-radiation instruments. A campaign with 3 stacked UAVs was completed this year in the Indian ocean and results from that expt will also be discussed top suggest that this new platform, in conjunction with satellite observations, offers a promising avenue for solving the outstanding problem in climate.
  16. Bien sûr, mais deux études convergentes dont on a déjà beaucoup parlé ici ont montré que les seules variations de nébulosité ont pu représenter un forçage supérieur à celui des GES dans les années 1985-2003 (Wild 2005, Pinker 2005). Comme ces études n'ont pas été contredites pour le moment, leur résultat mérite considération. Et montre la difficulté de simuler le climat d'un point de vue radiatif avec un poste encore très spéculatif. Exact, voir par exemple ModelE dans mon autreréponse. Ramanathan souligne précisément le caractère apparemment improbable d'une quasi-constance de l'albédo terrestre sur le XXe siècle. Si un modèle trouve la bonne température avec un mauvais paramètre, cela démontre soit que le paramètre est indifférent au résultat (c'est justement "improbable"), soit que le modèle a mal calibré l'ensemble des autres paramètres.
  17. Une bonne nouvelle à la lecture de ce papier, c'est que la sensibilité climatique 2xCO2 ne cesse de diminuer à mesure que les modèles s'affinent : 6. Climate sensitivity This paper is mainly concerned with the fidelity of the ModelE simulations of present-day climate. However, the generic climate sensitivity of the model is a function of the base state and is a useful metric to estimate the response of the model to more specific forcings. Accordingly, we use the q-flux model (with a maximum mixed layer depth of 65 m to reduce computation time) to estimate the climate response to 2 CO2 and 2% reduction in the solar constant, which are roughly comparable (4.12 and 4.69 W m2 adjusted forcing at the tropopause, respectively) but of opposite sign. The M20 model warms by 2.6°C for doubled CO2 and cools by 2.8°C in the reduced solar case, giving a sensitivity of 0.6°C (W m2)1. With a preindustrial base case (1880 conditions), which has slightly increased sea ice, the doubled CO2 sensitivity is slightly larger, 2.7°C. The F20 and M23 models have sensitivities to 2 CO2 of 2.8° and 2.4°C, respectively. On était à 4,2°C au début des années 1990 (d'après Hansen 2006), on est entre 2,4 et 2,8 °C selon la variante choisie du ModelE. Cela fait quand même une appréciable réduction d'env. 40% en 15 ans. L'autre point intéressant, c'est que les nuages posent toujours problème. La figure 10 sur le forçage radiatif des nuages donne: forçage SW ERBE (mesure) : -48,11 M20 (modèle) : -46,34 F20 (modèle) : -46,24 M23 (modèle) : -45,61 forçage LW ERBE (mesure) : 29,44 M20 (modèle) : 22,46 F20 (modèle) : 23,06 M23 (modèle) : 21,17 Quant à la quantité globale de nuage, elle reste elle aussi sous-estimée par les modèles : 66,72% pour les données ISCCP (1982-2001), 56,71, 58,48 ou 58,75 % pour les trois variantes. 8 à 10 % de nuages en moins, cela représente quand même une certaine perte d'albédo dans les modèles par rapport au réel (d'autant que les stratocumulus des régions maritimes sont apparement les plus sous-estimés par le ModelE, et que ces nuages de basse couche ont l'albédo le plus élevé).
  18. On a déjà eu ce genre de discussions ici. L'argument est assez plat et témoigne généralement d'un agacement à devoir débattre sur le fond. Comme les budgets de la climatologie ont été considérablement augmentés entre 1980 et 2005 grâce au chiffon rouge du global warming, je dois sans doute en déduire (d'après ton dicton) que bon nombre de climatologues sont désormais des salariés du réchauffement et ne peuvent se dédire sous peine de perdre leur financement. On ne va pas très loin sur ce terrain... En effet. Voici un papier encore plus récent sur ce sujet précis, cosigné par M. Vuille. La difficulté à faire un lien entre le RC, l'Océan indien et le Kilimajaro est bien là : le mode zonal indien a connu un changement significatif vers 1880, c'est-à-dire bien avant le RC. Raison pour laquelle Mölg, Kazer et autres considèrent que la dynamique des glaces du Kilimanjaro depuis un siècle est relativement indépendante du RC. GRL, 33, L18710, doi:10.1029/2006GL026384, 2006 Indian Ocean zonal mode activity in a multicentury integration of a coupled AOGCM consistent with climate proxy data Thomas Mölg, Manuel Renold, Mathias Vuille, Nicolas J. Cullen, Georg Kaser Abstract- The coupled atmosphere-ocean system over the Indian Ocean (termed Indian Ocean Zonal Mode, IOZM) and its activity over the past 200 years is analyzed in a paleoclimate simulation from a coupled atmosphere-ocean general circulation model (AOGCM). Validation shows that the AOGCM captures spatio-temporal patterns of sea surface temperature anomalies as well as the seasonal phase-locking feature of the IOZM. The period 1820–1880 exhibits a high frequency of climatically significant IOZM events, compared to a relatively low frequency in the 20th century. This shift in frequency provides a climate dynamics background for the interpretation of proxy data from East Africa, a region subjected to anomalously strong October–December precipitation during IOZM events. In the late 19th century, East African lakes had highstands (e.g., Lake Victoria) and its glaciers stable extents (e.g., Kilimanjaro), consistent with a wetter climate due to the higher frequency of IOZM events. C'est justement ce qui fait douter que les températures soient un bon révélateur de l'évolution du Kilimanjaro : les pertes 1989-2003 ont été les plus faibles depuis un siècle (cf. Cullen 2006, référence plus haut), alors que les températures de l'air étaient en hausse. Là, je doute un peu. As-tu des références montrant que les avancées / reculs des glaciers n'étaient pas synchrone au cours des 10.000 dernières années. Si je prends les 1000 dernières années et leurs deux événements OM et PAG, Grove 2001 a retrouvé une synchronisation sur tous les glaciers de la région nord-atlantique (Canada, Groenland, Islande, Spitzberg, Scandinavie, Alpes) : "Climatic conditions were such during the 'Little Ice Age' that mass balances were sufficiently predominant for the glaciers to remain enlarged, although their fronts oscillated." [...] "During the 'Medieval Warm Period' climatic conditions caused mass balances to be negative, and volumes of glaciers to be reduced, so that they retracted substantially, though their fronts no doubt oscillated, as they have been observed to do during the warming of the twentieth century." Réf. : Grove, J.M. 2001. The initiation of the "Little Ice Age" in regions round the North Atlantic. Climatic Change 48: 53-82. Des données comparables ont été obtenues dans d'autres zones : Andes tropicales (Polissar 2006, pour le PAG), sud du Chili (Koch et Kilian 2005, pour le PAG), en Patagonie (Glasser 2004, pour le PAG et l'OM)... Dans le cas des Alpes, nous sommes actuellement au-dessus des minima du Holocène dans certaines zones. Hormes et al. 2001 ont par exemple identifié 8 phases du Holocène où les glaciers suisses étaient en retrait par rapport au niveau actuel : 9910-9550, 9010-7980, 7250-6500, 6170-5950, 5290-3870, 3640-3360, 2740-2620, 1530-1170. Résultat retrouvé par Joerin et al. 2003 et Joerin 2005. Tu affirmes que l'on va dépasser ces minima dans trente ans, sur la base des modèles glaciologiques / climatologiques. On verra en 2030. Reste que la perception commune selon laquelle les glaces alpines n'ont jamais été en si mauvaise forme dans le passé est fausse. En matière de narcotique, tu en connais un rayon...
  19. Ces deux point paraissent un peu antinomiques : malgré 20 de progrès en observation et modélisation, on reste toujours à un facteur trois d'incertitude sur la sensibilité 2xCO2 (cela n'a pas beaucoup changé) et dans le bleu pour ce qui des aérosols et de la nébulosité (idem). En effet, malgré leur belle mécanique, les modèles ne roulent pas encore à 300 km/h. Raison pour laquelle prendre une décision à 300 km/h sur la base de leurs conclusions provisoires actuelles n'est pas tout à fait synonyme de sagesse.
  20. A propos des modèles (en général), le 4e meeting SORCE / budget radiatif global de la Terre s'est tenu la semaine dernière : http://lasp.colorado.edu/sorce/2006ScienceMeeting/#agenda Parmi les intervenants, V. Ramanathan (GIEC) faisait ces remarques sur la modélisation de l'albédo : The global average planetary albedo is about 29% (±2%). The albedo of the clear sky region of the planet is about 14% (±2%). Thus the presence of clouds enhances the albedo of a cloud free earth by about a factor of two. We also know that, while the atmospheric circulation determines the location and extent of clouds and water content, aerosols determine the size and number distribution of cloud drops and ice crystals. The aerosol properties are determined by the chemistry (e.g. oxidation of sulfur dioxide and organics) and the biology (dimethyl sulfide). All of these parameters including the aerosol concentration and composition undergo significant temporal (minutes to years) and spatial (meters to planetary scales) variations. Yet it is remarkable that our general circulation climate models are able to explain the observed temperature variations during the last century solely through variations in greenhouse gases, volcanoes and solar constant. This implies that the planetary albedo has not changed during the last 100 years by more than ±0.2% (out of 30%). This, seemingly improbable model generated hypothesis, has not been tested thus far. [...] There is practically no theory for explaining how the cloudy sky albedos are regulated. Given this state of the field, and given the fact that clouds exert a large global cooling effect (about –15 to 20 Wm -2 ) we need a new approach to cut through the current impasse on this fundamental problem in climate dynamics. Si on le croit (et il assez est bien placé pour être cru), a- les modèles parviennent à simuler les températures du XXe siècle... sans faire intervenir de variation d'albédo des nuages qui représentent pourtant 15% de l'albédo total (soit bien plus que les autres forçages : GES + volcan + irradiance totale considérés à titre principal par les mêmes modèles) ; b- cette anomalie n'a pas vraiment été testée ; c- il n'existe pratiquement aucune théorie à ce jour sur les variations de l'albébo / nébulosité. Qu'un poste aussi important soit aussi mal pris en considération sur 1900-2000 et aussi mal analysé en général indique aussi la difficulté qu'il y a à prendre au sérieux les estimations actuelles des modèles pour 2000-2100. Quand on fait un modèle radiatif du climat en reconnaissant que les évolutions d'un forçage -15/-20 W/m2 ne sont pas connues empiriquement et théoriquement, alors que les autres forçages considérés sont de l'ordre de ±0-3 W/m2, il ne faut pas s'étonner que certains doutes surgissent sur la qualité de ces modèles à refléter le réel.
  21. Je pose une question de béotien, sur le dossier NAO que j'ai du mal à approfondir : une NAO + ou -, cela change quels paramètres physiques exactement, notamment sur l'Arctique (à part la pression, bien sûr) ? Les flux, les courants, les températures de l'atm., de la surface ou de la mer, les précipitations... ? Les seules corrélations que j'ai recherchées sont NAO (DJFM) / temp surf. sur les 30 dernières années en Arctique, et ce n'était pas probant.
  22. Pour ceux qui ont le temps ou l'habitude d'entrer dans le détail des modèles, il serait intéressant d'aller vérifier et de nous préciser le pluriel choisi par Hansen et al. : Scenarios B and C also included occasional large volcanic eruptions, while scenario A did not. Combien de Pinatubo ont été insérés dans le programme pour arriver malgré cela à des températures supérieures au réel ? (Sans compter l'El Nino exceptionel de 1998 qui a poussé les moyennes du réel à la hausse).
  23. On peut se poser la question dès maintenant. Ce que tu peines apparemment à reconnaître depuis le début de cette discussion, c'est que l'on a déjà plus d'un siècle de données pour voir s'il existe une corrélation entre réchauffement global moderne et fonte du Kilimanjaro. Or les corrélations sont faibles et les variations de températures africaines (dont il faudrait analyser le rapport exact au RC) n'expliquent au mieux qu'une petite partie de la fonte. Comme tu le dis très bien, le "panda" du Kilimanjaro est un symbole, mais c'est un très mauvais symbole : essayer de sensibiliser l'opinion sur le RC à partir d'un phénomène que l'on ne parvient pas scientifiquement à rattacher directement au RC est un mauvais choix de communication, de naure à nourrir le scepticisme plus qu'autre chose (sauf pour ceux qui foncent dans tous les panneaux sans esprit critique, mais pour eux, la cause est désespérée). Et le Kilimanjaro devient ainsi un autre symbole, celui de la distorsion médiatique / idéologique des faits et des mentalités pour la supposée "bonne cause". Je note un point à ce sujet, en marg de la discussion : les sceptiques sont parfois accusés de "mépriser" les chercheurs, mais quand ils citent des chercheurs n'allant pas dans le sens du poil climatique, on essaie généralement de passer outre ces recherches, d'en minimiser la portée, etc. Moi, je ne méprise aucun chercheur, je ne fais que les citer (je n'en suis pas un) et je rétablis juste une balance démesurément biaisée dans un sens. Sur la courbe des glaciers, rien à dire de particulier : en période de réchauffement global, la plupart des glaciers fondent. Ce n'est pas un scoop. 26 ans, c'est un peu court : tu sais que la même courbe sur 1950-1975 aurait été plus équivoque. Ce qui est plus intéressant, ce sont les articles paléoclimatiques sur les variations séculaires / millénaires de ces mêmes glaciers en train de fondre. Est-il mensonger de rappeler que dans la plupart des cas, le phénomène a été amorcé avant les GES anthropiques, à la sortie du PAG qui a été l'une des périodes les plus froides du Holocène ? Est-il mensonger de rappeler que bon nombre de ces glaciers ont connu divers minima comparables au cours du Holocène ? Sinon, "complète" au lieu de "quasi-complète" est un lapsus scripturi de rédaction (trop) rapide dont je reconnais évidemment le non-sens. Reste que l'analyse de L. Thompson et ses conclusions sont là, avec un événement 4 ka ayant déjà entraîné des fontes similaires, voire plus importantes. Rendez-vous dans 20 ou 30 ans pour voir si les prédictions actuelles de fonte complète se réalisent. Pour l'instant, le Kilimanjaro n'est sans doute pas à son minimum du Holocène.
  24. Il faut surtout comprendre la dynamique de la fonte au Kilimanjaro, qui a été lancée au XIXe siècle. Dans le papier ci-dessous (Cullen et al. 2006), on montre que la fonte a été régulière tout au long du XXe siècle, que le taux de perte a été plus élevé au début qu'à la fin de ce siècle et que le rythme actuel est le plus faible de la période considérée ("with the most recent retreat rates (1989-2003) smaller than in any other interval"). Il semble qu'aucune variation climatique du XXe siècle sur la région (insolation, chaleur, humidité...) n'a été de nature à stopper le retrait ni ne permet d'expliquer seule l'évolution des glaces. Ces auteurs privilégient l'hypothèse d'un processus enclenché au XIXe siècle par une variation brusque du mode zonal de l'Océan indien: “Though constant shrinkage of the plateau glaciers could have started as a result of a slow change in climate, through a process that allowed the glaciers to reach some threshold to produce vertical walls, evidence for a sudden change in climate prior to the 20th century appears to come from the slope glaciers. The rapid recession of slope glaciers in the first part of the 20th century clearly shows that they were drastically out of equilibrium. The strong imbalance at the beginning of the 20th century can only be explained by a sudden shift in climate shortly before the strong retreat rates began. If such a change in climate had occurred much earlier, the slope glacier imbalance would not have been as large. Slope glaciers are still out of equilibrium, and though 20th century changes in air temperature at the height of the glaciers do not appear responsible (Figure 4), we cannot rule out that changes in moisture (reduction in specific humidity) may be linked to their ongoing imbalance. [...] Rather than changes in 20th century climate being responsible for their demise, glaciers on Kilimanjaro appear to be remnants of a past climate that was once able to sustain them. Hastenrath [2001, 2006] suggests an increase in net shortwave radiation, accompanied by a decrease in cloudiness and precipitation, initiated the retreat of the glaciers during the last two decades of the 19th century. This is supported by a recent finding that a higher frequency of climatically significant Indian Ocean Zonal Mode events in the 19th century (1820–1880) may have provided a mechanism to contribute to a wetter climate in East Africa, and thus stable glaciers [Mölg et al., 2006]. To fully understand what climatic conditions enabled glaciers to accumulate and grow prior to the onset of modern glacier recession on Kilimanjaro, more effort to reconstruct 19th century climate is necessary.” Ref. Cullen, N.J., Molg, T., Kaser, G., Hussein, K., Steffen, K. and Hardy, D.R. 2006. Kilimanjaro glaciers: Recent areal extent from satellite data and new interpretation of observed 20th century retreat rates. Geophysical Research Letters 33: 10.1029/2006GL027084.
  25. J'ai cité une partie du paragraphe de L. Thompson (le paragraphe complet ci-dessous) indiquant en effet que que l'extent glaciaire de l'épisode 4ka était inférieur à celui de notre époque sur le lieu du forage (alt. : 5893 m), donc que les neiges du Kilimanjaro ne devaient déjà pas être en grande forme à cette époque (pas la disparition complète, sinon on aurait du mal à forer une calotte sur 11.000 ans de profondeur). Ceci en réponse à un propos selon lequel la mauvaise santé actuelle du Kilimanjaro était un phénomène inédit au Holocène. The third abrupt climate event recorded in Kilimanjaro ice is associated with the most distinct visible dust layer, 30 mm thick, in NIF3 at 32.53 m (Fig. 4E). This layer also contains high concentrations of other chemical species (fig. S2 and table S2) and may represent a hiatus in mass accumulation of undetermined length. Isotopic matching of NIF2 and NIF3 (Fig. 2, B and C) correlates the bottom of the NIF2 record (~4 ka) with the deposition of this dust layer preserved in NIF3. This date for the bottom of NIF1 and NIF2 is generally supported by two 14C dates [4050 (3781 to 4351) and 6090 (5906 to 6281) 14Ccal years] measured on very small amounts of material in the bottom (50.01 to 51.03 m) of NIF1 (table S1). The absence of the thick visible dust layer in the NIF1 and NIF2 cores suggests that, at ~4 ka, the NIF was smaller than it is today and that the crater-side ice wall likely retreated past the present-day sites of NIF1 and NIF2. Thus, it appears that the major dust layer at 32.5 m in NIF3 was deposited during extremely dry conditions either before or during the retreat of the NIF margin.
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