Aller au contenu

Ce tchat, hébergé sur une plateforme indépendante d'Infoclimat, est géré et modéré par une équipe autonome, sans lien avec l'Association.
Un compte séparé du site et du forum d'Infoclimat est nécessaire pour s'y connecter.

mottoth

Adhérent Infoclimat
  • Compteur de contenus

    3963
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Jours gagnés

    10

Tout ce qui a été posté par mottoth

  1. mottoth

    Climats du monde

    #508. Esperanza. Esperanza est plus qu'une énième base administrée par l'Argentine: c'est le seul village (55 habitants) du continent antarctique, avec son école et son registre d'état civil. Il existe un deuxième village, chilien, dans la zone antarctique, un peu plus grand, et attenant à la base de Eduardo Frei, sur l'ile du Roi George. Eduardo Frei est à 165kms, Vernadsky 405kms, San Martin 700kms, Punta Arenas 1410kms. Nous sommes au bout de la péninsule de la Trinité, elle même au bout de la péninsule Antarctique. A priori on pourrait s'attendre à un climat aussi océanique et très similaire à celui de E. Frei, mais nous allons en fait constater de nettes différences: - la péninsule est montagneuse et le foehn va régulièrement faire monter les t° nettement plus haut que dans l'archipel des Shetlands du sud. Ainsi Esperanza détient le record de chaleur du continent avec 17.5°c. - la banquise saisonnière en provenance de la mer de Weddell atteint cette péninsule et déborde assez largement dans le détroit de Bransfield, avec des t° hivernales souvent bien plus basses. Vue de la région sans la banquise saisonnière. La base voisine (46kms) chilienne de Bernardo O'Higgins ne fera pas l'objet d'une fiche, en revanche la base argentine de Marambio (95kms) sera la prochaine étape. Vue vers le sud-ouest, d'où une bonne partie des vents dominants seront canalisés entre ces deux reliefs: Cette photo elle aussi orientée vers le sud-est montre ce couloir venteux: De ce côté ci de la péninsule, on retrouve par 63°S des hivers aussi rigoureux (Tm juillet -10.6°c) que par 68°S sur la façade ouest, vers la baie Marguerite (Rothera, 67°34'S, Tm aout de -9.5°c; San Martin, 68°07'S, Tm juillet -11.3°c). C'est bien évidemment la présence de la banquise saisonnière qui explique cette différence. Voici un exemple de l'extension de celle ci dans la mer de Weddell, pris le 27/06/2018 lors d'un début d'hiver normal: On constate bien que la zone est prise par les glaces (zone rouge avec une concentration de glaces marine de plus de 90%), tandis que l'océan libre de glaces monte bien plus haut en latitude à l'ouest de la péninsule antarctique. Je vous renvoie au post précédent pour la présentation des cartes d'englacement. Ce climat se distingue également par des txx particulièrement hautes pour le continent, et quelque soit la saison: la deuxième tx la plus haute de ma période d'étude à d'ailleurs eu lieu en mai, à la fin de l'automne (17.2°c le 26/05/2016, et encore 16.2°c le lendemain !). Le 17.5°c du 23/03/2015 a fait la une de la météo mondiale à l'époque, c'est le record absolu pour l'antarctique (suivi de très près par les 17.4°c du lendemain 24/03/2015 à Marambio, rdv à la prochaine fiche). Toutes ces tx se produisent sous un foehn d'ouest, engendré par les relief de la péninsule de la Trinité. Pour le reste c'est un climat tout de même extrêmement gris et souvent cauchemardesque, il ne faut pas l'oublier: le vent est fort toute l'année et donne en hiver des conditions de poudrerie très fréquentes (environ 20% du temps sous le seuil de visibilité de 1km). On retrouve des vents de NNW ou SSE canalisés par le détroit antarctique (entre le continent et l'ile Joinville, mais la plupart des vents proviennent du sud-ouest ou de l'OSO: En quelques dizaines de degrés d'angle la nature de ces vents change drastiquement: les vents de SSO à ouest (250° à 280°) sont foehnés, mais ceux de sud-ouest (230°) ne le sont pas et donc sont beaucoup plus froids en hiver: la trouée dans le relief au sud-ouest de la base laisse passer un courant froid en provenance de la banquise saisonnière abritée entre la péninsule et l'ile James Ross. Les vent de tendance nord sont eux tout simplement perturbés, humides et doux en hiver. Pas de nuit polaire ni de jour continu. La longueur du jour varie de 4h31 le 21/06 à 20h32 le 20/12. Voici l'hiver 2012, globalement normal. Les régimes de sud-ouest donnent parfois des blizzards terribles, comme durant ce mois de juin 2012 plutôt froid. Le temps est souvent changeant, et l'arrêt ou la reprise du vent froid de sud-ouest, en alternance avec un vent plus océanique ou foehné, donne des variations de températures qui atteignent souvent +/- 20°c en quelques heures. Ainsi des redoux avec dégels côtoient d'assez près les grands froids sous -20°c. BONUS: un mois de juillet 2009 particulièrement contrasté. Contrairement à l'exemple précédent les rafales de vent ne sont pas estimées: elles ont été explicitement reportées dans les synops et montrent de fréquents et terribles coups de vent (la rafale de 228 km/h du 26 est un peu suspecte j'en conviens). Avouez qu'en partant de la fiche de l'hyperocéanique Eduardo Frei, à 165kms d'ici, on ne pouvait pas présager d'un climat à types de temps aussi contrastés ici. Un court exemple de printemps, avec encore de gros coups de vents et des refroidissement brutaux: En été la différence avec les autres climats de la péninsule, voire même de toutes les côtes antarctiques, est moins nette: hormis quelques coups de foehns c'est le plus souvent un temps variable avec des températures jamais très éloignées du 0°c. BONUS: le début de l'automne 2015 et son record de chaleur du 23/03. Cette t° a en fait été atteinte à la fin de la nuit du 23 au 24, la tx diurne du 23 n'étant que de 4.7°c. Le foehn s'est réveillé en fin de nuit avec cette hausse spectaculaire du thermomètre, et a soufflé fort toute la journée du 24 avec des vents moyens de plus de 110 km/h et des rafales à minima proches de 130km/h. Après un début d'automne plutôt froid, ces conditions de foehn ont perduré jusqu'à 27/03 et on largement contribué à terminer le mois avec un léger excédent thermique. On termine avec un court exemple d'automne, bien contrasté, avec du grand froid assez précoce ensuite balayé par un gros redoux en dernière décade: Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, la prochaine étape sera donc Marambio, avec un climat encore plus contrasté ! Je suis en revanche incertain sur le moment où je posterais cette fiche: je rentre dans une période de déménagements + travaux qui va durer tout l'été, mon temps libre va être de plus en plus restreint dès ces prochains jours.
  2. mottoth

    Climats du monde

    Pour moi ces lignes correspondent à la climatologie du jour J, soit le 26/06 pour cet exemple. Ce qui me fait dire que j'ai pas mal de chance de tomber sur une année tout à fait normale pour illustrer le rôle de la banquise saisonnière sur le climat local. C'est probablement pas un oubli, cette zone de transition doit être trop étroite pour mériter d'être figurée... d'ailleurs par endroit la zone B (70-80%) est zappée elle aussi.
  3. mottoth

    Climats du monde

    J'avais initialement prévu une seule et dernière étape pour conclure ce voyage en Antarctique, mais j'ai passé une semaine à réviser mon jugement et finalement il y en aura 4 ! La cause en est la diversité des climats de la péninsule antarctique qui est bien plus grande que ce que j'imaginais, et qui mérite de s'y attarder un peu plus longtemps. Mais avant de poursuivre il convient de creuser un peu plus le sujet de la banquise saisonnière, que j'ai déjà évoqué à plusieurs reprises et qui modifie profondément l’environnement marin en modifiant l’albédo et en le "continentalisant": de larges régions marines/océaniques perdent ainsi le caractère modérateur de l'eau liquide et deviennent même génératrices de froid de basse couche lorsque les conditions deviennent favorables. On a ainsi vu que certaines stations côtières comme San Martin peuvent connaitre des froids plus vigoureux (tnn de -43°c) que bien ailleurs sur le littoral antarctique (tnn de Dumont d'Urville: -36°c). Les cartes suivantes sont issues du Ice Logistic Portal, qui compile pas mal de cartes de l'englacement actuel de l'Antarctique. Par chance, nous sommes fin juin, et les cartes actuellement disponibles montrent donc bien les conditions rencontrées durant l'hiver austral, la saison qui nous intéresse. Voici la situation globale au 26/06/2018. L'aire colorée en rouge montre l'extension de la banquise saisonnière. Les lignes montrent la climatologie 1978-2012. A part une anomalie basse remarquable entre 10°W et 10°E on peut dire que pour cette année on est plutôt dans les clous, avec une extension partout proche des normales. La ligne rouge, qui montre les 5% d'années où l'extension est maximale, donne un bon ordre d'idée de l’extension inhabituelle de la glace à l'ouest de la péninsule antarctique responsable des "grands hivers" que j'ai déjà évoqué dans cette zone. Remarquez aussi comme l'extension moyenne maximale vers le nord (environ 60°S) se retrouve immédiatement à l'est de la péninsule antarctique (mer de Weddell et jusqu'à 10°E), alors qu'à contrario l'extension minimale vers le nord (jusqu'à 67°S) est localisée à l'ouest de cette péninsule (mer de Bellingshausen et au delà jusqu'à 140°W). On pressent déjà que le climat d'un côté ou l'autre de cette péninsule peut présenter de nettes différences, avec une glace bien plus présente à l'est et des hivers plus froids. Zoom de cette même carte sur la péninsule Antarctique. J'ai repéré du mieux possibles les fiches déjà présentées (notamment San Martin, Rothera, Vernadsky et Eduardo Frei), et celles à venir (Esperanza et Marambio). Ce début d'hiver 2018 semble vraiment très proche de la normale (ligne noire): On a déjà constaté la semaine passé le fort gradient thermique hivernal nord-sud à l'ouest de la péninsule, entre les hivers parfois rudes de San Martin et la modération du froid à Vernadsky (ou mieux encore, à E. Frei). Voici les carte actuelles d’englacement pour cette zone (NB: ces cartes, issues des argentins, utilisent des noms complètement différents de ceux habituellement admis et utilisés par la communauté internationale, ainsi l'ile du Roi George devient l'ile du 25 mai): Eduardo Frei, la moins froide des stations déjà passées en revue (Tnm juillet -8.3°c, tnn annuelle médiane -19.6°c), baigne actuellement dans une concentration de glace marine de 10% à 30% (plutôt 10 que 30 à priori). Vernadsky (Tnm aout -10.1°c, tnn anuelle médiane -21.9°c) est à peine moins océanique avec un englacement actuel de l'ordre de 30% à 40%. Plus au sud la baie Marguerite est complétement gelée, on y retrouve les stations de Rothera (Tnm Aout -13.0°c, tnn anuelle médiane -25.3°c) et de San Martin (Tnm Aout -16.3°c, tnn anuelle médiane -31.9°c). Mais l'eau n'est pas loin, au nord de l'ile d'Adelaïde (devenue Ile Belgrano pour les Argentins), à seulement 80kms de Rothera mais 150kms de San Martin. La suite cette après-midi, avec une fiche sur Esperanza, la première à l'est de la péninsule Antarctique.
  4. mottoth

    Climats du monde

    Et la page wiki précise d'ailleurs en introduction " Sometimes confused with Sable Island " 😀 #507. Vernadsky. On poursuit la découverte de la péninsule Antarctique avec aujourd'hui la base ukrainienne de Vernadsky. Nous sommes toujours sur la côte ouest, la plus océanique, à 310kms de Rothera, 345kms de San Martin, 430kms de Eduardo Frei, 1045kms du Cap Horn, et 1415 kms de Punta Arenas. Vernadsky est situé sur une petite ile, l'ile Galindez, à 6.5kms du continent. Les montagnes de la terre de Graham séparent l'océan Austral, à l'ouest, de la mer de Weddell et de la barrière de Larsen, à l'est. J'ai noté la position de la base américaine de Palmer, distante de 53kms sur l'ile d'Anvers et initialement choisie comme étape pour cette fiche avant d'être abandonnée en raison de problèmes dans les données d'ennuagement. En hiver la banquise saisonnière recouvre probablement une bonne partie des fjords et détroits de la région, et certains hivers notablement plus froids doivent être marqués par une extension plus importante de celle ci. Voici une vue vers l'est aux distances bien écrasées par l'effet de zoom: les glaciers et montagnes du continent en arrière plan sont à plus de 9kms de la base elle même. Une autre vue de la base. Je pense (sans en être sur) que les relevés météo sont fait sur le toit bu bâtiment bleu ciel à gauche. Pas de données de RR mais en revanche on a des mesures d'enneigement qui semble assez fiables: elle supposent des précipitations copieuses, si copieuses que la couche a du mal à disparaître en été; en fait elle ne fond totalement qu'une année sur 3 ou 4, et cette fonte n'est effective qu'en mars si elle se produit. Ce régime d'enneigement met d'ailleurs en évidence un important décalage thermique, du plus en plus fort en progressant vers le nord. Ce décalage est corroboré par l'évolution de l'ICA: 0.79 à San Martin, 0.59 à Rothera, 0.42 ici et 0.24 à la Base Eduardo Frei. On est donc franchement dans le domaine polaire océanique, avec cette incertitude en hiver sur la bonne constitution ou non de la banquise saisonnière dans la région. Le vent est largement contraint par le relief des différentes ile set presqu'iles de la région, il vient le plus souvent du NNE. En hiver le vent de sud-est est de nature plutôt continentale, voire un peu foehné par la terre de Graham. Pas de nuit polaire ou de jour continu, ici le jour dure 3.5h vers le solstice d'hiver et presque 22.5h au solstice d'été. Le froid hivernal commence à être vraiment très modéré pour l'Antarctique, même pour une région côtière. Voici un exemple centré sur aout, décalage thermique oblige. On remarque des tempêtes pas très violentes (pour l'antarctique), des redoux océaniques franchement au dessus du dégel, et des séquences anticycloniques plus fréquentes qu’ailleurs mais froides. Les tnn passent normalement sous les -20°c à chaque hiver, mais pas beaucoup plus bas. BONUS: un mois d'hiver vraiment froid, juillet 2015. Cette année là a du connaitre une extension très importante de la banquise, car juin, juillet et septembre sont les mois les plus froids de leur catégorie pour ma courte période d'étude (seulement 10 ans, et je n'ai que des données partielles pour aout 2015), avec une tnn de -26.9°c le 13/09/2015. Un court exemple de printemps, toujours en 2015: le mois est normal thermiquement, mais logiquement après un tel hiver la couche de neige au sol est impressionnante. Voici un exemple d'été, qui a la particularité de venir complètement à bout de la neige au sol. Cela reste une saison très grise, et qui hésite souvent entre neige et pluie comme partout ailleurs dans cette péninsule. Enfin un très court exemple d'automne, plus doux que la normale, qui montre que la txx annuelle ne survient pas forcément en été. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  5. mottoth

    Climats du monde

    #506. San Martin Cette base Argentine fut à sa fondation en 1951 l'installation humaine la plus australe de l'Antarctique, par 68°S. Rothera n'est qu'à 76kms, Eduardo Frei 760kms, le Cap Horn 1350kms et le pôle sud 2440kms. Revoici les 2 cartes régionales présentées hier pour Rothera. San Martin est sur une toute petite ile (l'ile de Barry), à moins de 300m du continent. Immédiatement à l'est s'élèvent les montagnes de la terre de Graham, et de nombreux glaciers en descendent pour se jeter directement dans l'océan. Vue vers le nord-est, avec au premier plan l'ile de Barry et la base San Martin, et quelques centaines de mètres derrière les impressionnants glaciers qui descendent de la terre de Graham. Vue vers le nord-ouest: la petite ile de Barry et l'ensemble des installations de la base. J'ai encadré en rouge (centre-gauche de l'image) l'abri Stevenson. Pour cette station des mesures de RR sont faites, elle révèlent un climat bien plus humide sur l'ouest de la péninsule Antarctique que dans le reste du continent. Des mesures d'enneigement sont également fournies dans les synops, j'ai gardé "à titre expérimental" les quelques années ou celles semblent avoir du sens: pour ce que l'on peut en dire, le vent semble empêcher de trop fortes accumulations mais la durée de l'enneigement continu hivernal atteint tout de même au moins 8 mois, de fin mars à fin novembre. La position plus en retrait de l'océan libre par rapport à Rothera engendre une plus forte continentalité: - en hiver la large baie entre Rothera et San Martin, la baie Marguerite, forme une solide banquise qui modifie le milieu, lui conférant des propriétés plus continentales que maritimes. Lorsque les conditions deviennent propices un puissant froid d'inversion se forme alors dans cette baie avec des tn qui peuvent plonger sous les -40°c. - en été le foehn fréquent depuis la terre de Graham donne des tx souvent agréables, et notamment la txx (provisoire) de cette série antarctique avec 14.3°c le 10/02/2005. Le dégel franc est d'ailleurs possible toute l'année par foehn de nord-est, même en hiver, avec aucune txx mensuelle inférieure à 7°c ! Les roses des vents ne sont pas très esthétiques en raison de la faible résolution angulaire des relevés. Les vents qui nous intéressent le plus sont les vent de NNE à est: c'est un vent de foehn, sec et plutôt agréable s’il n'est pas trop fort , mais aussi souvent associé à des conditions bien plus froides et à de terribles blizzards qui descendent des glaciers, notamment lorsque la composante d'est est plus forte. Le vent est peu constant et très variable ici: il est bien plus souvent calme qu'ailleurs en Antarctique, donnant selon des saisons des conditions estivales plaisantes ou du froid d'inversion mordant. Mais il souffle aussi assez souvent en tempête, à des niveaux parfois aussi extrêmes qu'aux pires endroits déjà passés en revue dans ce fil (Dumont d'Urville, Belgrano II ou SANAE), c-à-d des rafales entre 180 et 200 km/h. La nuit polaire dure du 6/06 au 4/07, le jour continu du 27/11 au 16/01. L'hiver est vraiment centré sur juillet et aout, avec des conditions très variables: redoux océaniques ou foehnés, blizzards dantesques ou grand froid d'inversion. Voici un exemple à peu près normal, pris en 2004. Au gré des conditions souvent changeantes, les températures font parfois le grand écart avec des variations diurnes qui peuvent atteindre 30°c: l'arrivée du vent du nord peut balayer le grands froid en quelques heures, comme le 9/08 où l'on passe de -27°c à 3°c en 36h. BONUS: comme à Rothera, voici deux mois d'hiver plus extrêmes qui montrent bien la grande variabilité des conditions hivernales. - Juillet 2003, le plus doux des mois de juillet de ma période d'étude. Un temps constamment agité qui empêcha la mise en place de grands froids, avec quelques beaux blizzards en première décade. - Aout 2016: mois le plus froid de ma période d'étude, tous mois confondus. Il est logiquement peu venté, et permet aux grands froids de se générer au dessus de la banquise de la baie Marguerite. Notez quand même les deux redoux largement positifs (jusqu'à +6°c le 28/08 !) qui se produisent tout de même ! Voici un printemps normal, octobre et novembre 2000. On alterne vraiment entre des conditions très calmes et des vents de tempête: la base est bien abritée de beaucoup de perturbations, et en même temps au débouché d'un ou deux couloirs tempétueux descendants du continent. Voici un été normal. Toujours cette alternance entre vents calmes et gros coups de vents. Le temps est souvent beau, le foehn semble faire le ménage bien plus facilement qu'à Rothera. Les étés offrent ainsi un nombre de jours records pour l'Antarctique avec des conditions presque douces (tx de 5°c ou plus) et peu ventées. BONUS: février 2005 et sa txx de 14.3°c. Comme souvent en Antarctique les coups de douceurs sont bien éphémères, et ce mois est au final pas vraiment chaud. Le décalage thermique est sensible en automne, avant la formation de la banquise hivernale, et cette saison de prolonge jusqu'en mai. En voici un exemple particulièrement tempétueux, avec quelques coups de vents bien extrêmes. Cet exemple a été pris durant l'une des rares années (2006) où les mesures d'enneigement ont vraiment du sens, et l'on repère ainsi le début de l'enneigement le 17/04. On voit également comment les tempêtes de nord-est dispersent la neige, pouvant la faire disparaitre même en absence de dégel. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  6. Pour le peu que j'en ai vu: oui, clairement.
  7. mottoth

    Climats du monde

    #505. Rothera. Nous allons terminer cette série Antarctique par quelques fiches sur la péninsule Antarctique, lointain prolongement austral des Andes et du continent sud-Américain. Rothera est une base de recherches anglaise, sur le côté ouest de cette péninsule. Eduardo Frei est à 745kms, Belgrano II 1550kms, le cap Horn 1290kms, et le Pôle Sud (hors carte) à 2500kms. Les deux cartes suivantes détaillent la région: Rothera est sur l'ile Adélaïde, à 22kms de la péninsule d'Arrowsmith et du continent. Les montagnes de la terre de Graham occupent la quasi totalité de la péninsule, avec des altitudes dépassant 2000m. De l'autre côte de la péninsule, à l'est, la barrière de Larsen est une imposante banquise permanente et compacte. La base argentine de St Martin, voisine de 76kms, sera la prochaine étape (probablement demain). Une photo de la vue vers l'ouest et l'ile d'Adélaïde: Vue 3D vers l'est et le continent: Cette péninsule est bien sur très océanique, notamment sa partie ouest libre de glaces en été. On trouve donc un ICA assez bas (0.59), qui ne serait probablement pas beaucoup modifié par l'ajout de données de précipitations (ici manquantes car non mesurées comme souvent en Antarctique). Et un faible ensoleillement d'à peine 1135h annuelles: c'est bien plus gris qu'ailleurs sur le continent. C'est assez venté, mais les tempêtes fréquentes ne sont pas aussi terribles que dans les zones exposées au vents catabatiques: même si ici un vent assez sec souffle parfois du continent, il s'agit probablement plus de foehn qui traverse la péninsule, porté par la circulation circumpolaire d'est, que d'un écoulement catabatique. On retrouve ce vent d'est sur les roses des vents, ce n'est pas le plus fréquent mais il souffle toujours fort quand il se lève. Les autres vents sont essentiellement de nature perturbée, notamment ce vent de NNE dominant, canalisé par le bras de mer entre l'ile Adélaïde et le continent. Nous sommes à 67°34'S, à 115kms au sud du cercle polaire: on trouve un jour continu du 30/11 au 12/01, et une courte nuit polaire du 14/06 au 27/06. L'hiver s'exprime pleinement en juillet et aout, c'est à cette période que la douceur océanique lâche le plus souvent prise face au froid qui se forme sur la banquise saisonnière et dans les détroits les plus abrités. Le séquences froides restent bien modérées par rapport au reste du continent, et l'on passe rarement franchement sous les -20°c. Les tempêtes sont fréquentes, souvent porteuses de redoux, et pas si extrêmes que cela pour le continent antarctique: les 100km/h sont souvent dépassés, mais je n'ai pas trouvé de rafales supérieures à 150km/h durant les années où celle ci étaient explicitement reportées dans les synops. NB: une poussée anticyclonique rare autour du 22/08, avec un pointage horaire max à 1032.5hPa. BONUS: deux exemples supplémentaires de mois d'hiver, pour montrer une variabilité assez importante des conditions d'une année sur l'autre - avec probablement des conditions de banquises très différentes aussi: - aout 2012, le mois d'aout le moins froid de ma période d'étude. Un mauvais temps quasi constant, mais très peu de froid vraiment hivernal. On trouve même des dégels quasi-quotidiens en fin de mois. - juillet 2015, le mois le plus froid se ma période d'étude. Durant ce type d'hiver où des conditions inhabituellement froides arrivent à s'installer et se maintenir, les -30°c sont parfois atteints. Ces conditions froides s'auto-entretiennent probablement par une extension de la banquise hivernale bien plus importante que d'habitude. J'ai choisi octobre et novembre pour le printemps, comme partout ailleurs en antarctique. En octobre on passe déjà difficilement sous les -15°c, sauf en cas de poursuite de conditions hivernales exceptionnelles comme en 2002. Et en novembre le régime de temps typiquement estival commence à s'installer, avec des variations de t° beaucoup plus faibles qu'en hiver. BONUS: le mois d'octobre 2002 évoqué plus haut, avec des conditions de plein hiver dignes d'une mois de juillet: L'été est marqué par des températures monotones, le plus souvent faiblement positives. L’ensoleillement est faible: les 230h de moyenne en décembre sont à relativiser face aux 744h de jour continu. Le temps est souvent gris, et hésitant entre la pluie et la neige. Les influences océaniques marquées font que pour moi le coeur de l'automne est en avril et mai, alors que pour la plupart du continent on est déjà entré pleinement dans l'hiver dès avril. Voici un exemple où j'ai volontairement pris un mois de mai un peu froid pour compenser l'anomalie thermique manifeste de mai sur la période d'étude. En mai les t° peinent encore à passer sous les -15°c, il faut vraiment attendre la formation complète de la banquise saisonnière pour voir les grands froids survenir à partir de juin voire juillet. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  8. Ce séjour remonte à fin mars 1998 (ou 1997 ?), j'étais étudiant et accompagnais d'autres étudiants en école de dessin qui allaient à la foire de Bologne. Voilà pour le contexte, donc à l'époque durant les quelques heures par jour sortis du brouillard festif de cette virée entre jeunes on s’intéressait plus à l'architecture et à la ville même qu'au milieu naturel. Je me souviens de la forte humidité et de la rosée très abondante des nuits au camping, un trait climatique typique de la plaine du Pô. Et je me souviens du trajet en train entre Bologne et Florence, où en quelques dizaine de kilomètres durant la traversée des Apennins le paysage change autant que sur les 200kms de la vallée du Rhône entre Lyon et Avignon, on passe très nettement du climat aux influences continentales de la plaine du Pô au climat méditerranéen de la Toscane. Les quelques jours passé à Florence furent accompagnés d'une douceur printanière délicieuse, puis ensuite le retour au France via Pise et Gêne ce déroula sous un temps d'une tristesse infinie, avec forte humidité et stratus marin qui avaient envahis le golfe de Gênes. Voilà tout ce que je peux dire sur mon expérience de ces climats du nord de l'Italie.
  9. Bonjour, je n'ai pas traité Bologne car je ne dispose pas d'observations H24 depuis assez longtemps. Dommage, car en effet son climat semble différer un peu du pur climat de la plaine du Pô, et j'ai adoré visiter cette ville il a une vingtaine d'années
  10. mottoth

    Climats du monde

    #504. Davis. La base de Davis est l'une des 3 bases antarctiques permanentes de l'Australie, avec Casey et Mawson. Vostok est à 1400kms, Dumont d'Urville 2530kms, et le pôle sud 2375kms. Cette station est situé près d'une plane côtière de 25kms au plus large: cette étendue n'est cependant pas si plane, on y trouve les collines de Vestfold. Plus loin dans la Terre de la Princesse Elizabeth s'élève le plateau central Antarctique Est. Les collines de Vestfold forment le 3e oasis Antarctique le plus vaste (450 km²), loin derrière les vallées sèche de McMurdo en 1ere place (4900 km²). Un "oasis antarctique" est une zone libre de neige et glaces permanentes. Les collines de Vestfold vues d'hélicoptère. On y trouve de nombreux lacs à la salinité extrêmement variable. Au loin: la base de Davis. Comme d'habitude les mesures de RR sont à prendre avec précaution, cependant il semble bien que cette zone ne reçoive que très peu de précipitations, ce qui contribue à en faire une oasis. Au niveau thermique c'est très comparable à ce que l'on trouve ailleurs le long de la côte antarctique océanique de l’hémisphère est, notamment Dumont d'Urville (DDU): les Tm hivernales sont proches de -17°c, et les Tm estivales proche de 0°c (un peu supérieures ici, +1.0°c en janvier, alors que DDU est plus refroidie par la glace environnante et ne culmine qu'à -0.8°c en janvier). Le vent moyen et les tempêtes sont moins fortes qu'à DDU, mais c'est au prix d'un ensoleillement moins bon... la terre Adélie est vraiment l'une des Terres Antarctique les plus venteuses. Malgré les vents moins forts beaucoup d'entre eux sont de nature catabatique et apportent donc cette modération du froid hivernal déjà constatée ailleurs où il souffle. Sur les roses des vents on voit clairement le vent catabatique souffler du secteur ESE durant les moins d'hiver, tandis qu'il disparait en été. Les reste des vents est essentiellement le courant d'est circumpolaire perturbé, infléchi par le relief et arrivant du nord est, parallèle à la côte. Confirmation ci-dessus de la nature catabatique des vents de secteur 90° à 120°, pas spécialement froids mais bien secs. On a une nuit polaire assez courte, du 03/06 au 9/07. Le jour continu dure lui du 24/11 au 17/01. En été des brises diurnes viennent humidifier l’atmosphère en journée. Voici un hiver normal, où le froid de juillet compense un mois de juin assez doux. Au gré des changements de masses d'air, les t° évoluent le plus souvent entre -5°c et -30°c. Les tempêtes de nord-est apportent régulièrement de bons redoux océaniques, elles sont nettement moins violentes qu'à DDU ou Belgrano II. BONUS: un mois de septembre 2016 avec du froid particulièrement vif en première décade, puis une tempête qui apporta la plus basse pression atmosphérique que j'ai pu voir jusqu'à présent dans toutes mes fiches antarctiques: 922 hPa le 11/09/2016 ! Je n'ai pas reparlé de ce paramètre depuis le début de cette série antarctique, pour toutes les stations côtières - où ce paramètre est vraiment mesurable - elle est constamment basse, très rarement anticyclonique, et les tempêtes apportant des creux inférieurs à 950hPa ne sont pas rares. Le printemps est concentré sur octobre et novembre, avec durant ces deux mois une pente de t° assez forte, nettement supérieure en valeur absolue à celle de la baisse des t° automnale. Les périodes de beau temps sont assez longues, et effectivement dans cet oasis les précipitations sont assez rares et peu durables. Je pense que c'est jusqu'à présent le coin qui présente le temps estival le moins désagréable du continent: le mauvais temps reste assez rare, le vent est bien supportable (hors tempêtes) et les tx de décembre et janvier sont le souvent largement positives. Avec une txx de presque 12°c c'est l'un des points chauds de cette côte. L'automne est un peu plus long qu'ailleurs sur le continent, il commence en février et dure trois bons mois. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  11. Dans les classements des assurances en fin d'année les orages de mai / juin en Allemagne risquent de figurer en très bonne place des catastrophes naturelles les plus coûteuses de 2018.
  12. mottoth

    Climats du monde

    #503. Halley Aujourd'hui c'est encore une fiche un peu spéciale car nous nous intéresserons à la base britannique antarctique de Halley, et celle ci n'est pas situé sur de la terre ferme (ile ou continent) mais sur de la banquise permanente, la barrière de glace de Brunt. Le post de CFR que j'ai quoté en introduction date de 2011, il donnait alors des compléments sur le climat de la région de Dumont d'Urville (DDU) où il a travaillé: DDU, ou Belgrano II présentée la semaine dernière, sont des bases construites sur le littoral antarctique et très concernées par les vents catabatiques qui apportent une modération du froid et un climat plutôt ensoleillé. Halley est elle située "au large" du continent, où les vents catabatiques pénètrent beaucoup moins faute de pente pour les entretenir. Ce qui se passe au dessus de cette barrière de glace permanente ressemble à ce que François observait sur les images IR de la banquise hivernale au large de DDU: il y fait bien plus froid, avec un froid d'inversion qui n'est pas délogé par le vent. Halley est "voisine" de Belgrano II (aux échelles de distances de ce continent): 345kms, ce qui va permettre de bien comparer les deux climats. SANAE est à 825kms, le Pôle Sud 1605kms et Eduardo Frei 1950kms. Les anglais sont à la peine avec cette base en raison de l'instabilité de la barrière de Brunt. Cette fiche regroupe des données de Halley V (janvier 2000 à janvier 2013), et Halley VI (février 2013 à aujourd'hui). Halley VI bénéficie d'un design permettant la relocalisation de la station en la tirant sur des skis, elle a été déménagée en février 2017 en raison de fragilités et de fissures dans la barrière. Mais cette relocalisation n'a pas tout réglé et actuellement (juin 2018) la base a été évacuée pour le deuxième hivernage consécutif pour des raisons de sécurité, ne laissant que des observations météo sommaires dans les synop (vent, t° et td). NB: notez sur l’infographie ci-dessous que les zones où la barrière est la moins épaisse, avec de l'eau libre occasionnelle, est celle la plus proche du continent: cela rejoint ce que disait CFR à propos de la banquise est souvent plus épaisse au large que près de la côte où elle est contrariée par les vents catabatiques. La surface de la barrière de Brunt est à environ 30m d'altitude, et son épaisseur d'environ 150m (hors fissures et fragilités). Elle s'écoule vers l'ouest de quelques centaines de mètres par an, ce qui a motivé le concept de base "relocalisable" pour Halley VI, car l'extrémité ouest de cette banquise finira par se détacher pour donner un méga iceberg tabulaire. Sur la carte altimétrique on retrouve aussi près du continent des zones où la banquise est si peu épaisse qu'elle affleure au niveau de la mer: Historique des localisation successives, avec notamment le déménagement de plus de 20kms de Halley VI en février / mars 2017. Le site actuel de Halley VI est à 35kms du continent et 26kms de l'océan libre de glace (en été). Vue d'ensemble de la base et de son concept un peu futuriste: L'inévitable photo avec des aurores australes: NB: comme beaucoup de stations antarctiques, pas de mesure de RR ni d'épaisseur de neige. Le vent reste évidemment toujours bien présent, même si sa nature n'est plus aussi souvent catabatique que sur la côte où dans le continent. L’ensoleillement est un peu plus en berne: 1780 h / an contre plus de 2040 h à DDU et probablement autant à Belgrano II. La plus grosse différence se fait sur les températures: le froid atteint un niveau pas encore vu autour de l'Antarctique près du niveau de la mer, avec des tnn proches de -55°c. Voici un tableau comparatif entre Belgrano II (très soumise aux vents catabatiques), McMurdo (moyennement soumise à ces vents) et Halley (peu soumise à ces vents), avec à chaque fois les t° qui baissent d'un cran. J'ai choisi ces 3 stations aussi pour leur latitude comparable (75°S à 77°S). A Halley même les t° estivales sont plus froides, à une saison où les vents catabatiques sont normalement rares de partout. On retrouve sur les roses des vents le courant d'est circumpolaire dominant, qui est souvent de nature perturbée. Les périodes de calme ou de faible courant d'ouest permettent la mise en place de grands froids hivernaux (comme à Belgrano II). Le vents catabatique (secteur sud) se manifeste rarement, il donne du beau temps avec des conditions sèches et des t° "moyennes" (mais une amplitude thermique plus forte en été). La nuit polaire dure du 01/05 au 10/08, le jour continu du 30/10 au 13/02. Voici un hiver à peu près normal, marqué tout de même par un mois de juillet assez doux. Les -40°c sont franchis bien plus facilement et régulièrement que n'importe où ailleurs sur le littoral antarctique où même à SANAE pourtant située à 815m d'altitude. Les tempêtes d'est restent fréquentes et dangereuses, mais elle ne se combinent pas avec le vent catabatique et l'on n'atteint plus des valeurs de vents extrêmes telles les 180 ou 200km/h observables ailleurs sur le littoral. Octobre et novembre forment le printemps. Ce sont des mois assez ensoleillés, en revanche le dégel se fait attendre. Voici l'été, qui ne dure que 2 mois en décembre et janvier. Les Tm restent froides, autour de -5°c, et même par grand beau temps le franc dégel est rare. Les gelées restent souvent sévères même en cette saison. Enfin un exemple d'automne, où comme pour les dernières stations antarctiques étudiées on rebascule très vite en plein hiver: déjà des -25°c fin février, et des t° pleinement hivernales fin mars. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  13. mottoth

    Frigo sibérien en route

    72°N, le froid n'est jamais loin même en juillet. Ces quasi 30°c restent malgré tout assez éloignés du record absolu qui est de 36.7°c ! Notez aussi l’ensoleillement de 24h: le soleil de minuit à plein tubes !
  14. mottoth

    Climats du monde

    J'ai oublié de préciser que le campement de Vanda détient à priori le record de "chaleur" du continent Antarctique, avec 15°c le 5/01/1974. Pour l'Antarctique au sens large, le record est de 17.4°c à la base Marambio, sur l'ile du même nom, mais c'est une ile et donc pas le continent Antarctique. On pourra chipoter autant qu'on voudra, de tout façon aucune autre région que les vallées sèches ne peuvent prétendre à d'aussi hautes température aussi haut en latitude (plus de 77°S) ! Une station automatique au lac Vanda - probablement celle de l'étude citée dans ma fiche sur les vallées sèches -, photographiée le 02/11/1999 par -15°c. J'ai également retrouvé cet article à propos du record de chaleur au pôle sud du 25/12/2011 (-12.5°c). Je suis aussi allé consulter l'étude de laquelle était tirée la carte des vents catabatiques postée avec la fiche de McMurdo. La revoici en plus large version: Ces lignes de flux montrent les vents moyens près de la surface (7 à 13m du sol), et les parties où elles se superposent montrent les principales convergences. Cependant "convergence" ni signifie pas forcément "vent plus fort", comme je l'avais présumé. Voici une carte de la même étude qui montre la vitesse annuelle moyenne du vent 100m au dessus du sol: Si les convergences de la Terre Adélie (vers 150°E) et de la côte de la Princesse Rahnhild (25°E) coïncident avec des vents moyens très fort, ce n'est pas le cas de barrière de Ross (170°E à 210°W), et il se trouve justement que McMurdo est l'une des stations Antarctiques les moins ventées. Une dernière carte de cette étude, celle des vents moyens à 500m du sol: Elle est complètement différente des celles plus près du sol: - en général les vents suivent les courbes de niveau dans le sens anticyclonique. - parfois, et notamment au dessus de la barrière de Rosse, les vents restent perpendiculaires à la côte et suivent ceux plus proches du sol: on tient notre explication sur la particularité de cette zone: l'écoulement catabatiques concerne une couche plus épaisse de l’atmosphère et est donc moins violent au niveau du sol. Les vents à 500m montrent la circulation circumpolaire d'est dont j'ai déjà parlé, et impliquent la présence d'une anticyclone polaire qui n'est que virtuel puisque l'altitude moyenne élevée de l'inlandsis rend impossible la matérialisation d'une telle structure atmosphérique au niveau de la mer. D'ailleurs les cartes d'analyses au niveau de la mer ignorent le continent antarctique, voici par exemple les cartes du BOM pour aujourd'hui: Voilà, fin de ce petit complétement sur l'Antarctique. Pour les prochaines fiches on reste encore un peu dans la région, on n'en à pas encore vraiment fini avec le froid et le blizzard.
  15. mottoth

    Climats du monde

    Merci pour les dernières escales photographiques en Algérie et en Corée du Sud. Le ciel de Corée en juillet ressemble bien à ce que j'imaginais. #502. Belgrano II. Belgrano II est une des bases argentines en Antarctique, la plus méridionale d'entre elles. Par 77°52'S on est à la même latitude que McMurdo (77°50'S), mais diamétralement opposé par rapport au pôle sud : nous faisons face ici au bassin Atlantique, tandis que McMurdo fait face à la Nouvelle Zélande. Mais comme à Mc Murdo nous nous trouvons près de l'extension maximale de l'Océan Austral vers le sud: c'est vers McMurdo que la mer de Ross se rapproche le plus du pôle sud, et ici c'est vers Belgrano II que la mer de Weddell se rapproche le plus du pôle sud. SANAE est à 1145kms, le Pôle Sud 1350kms, Eduardo Frei 1940kms. Belgrano II est au sud de Halley sur cette carte, au bord de la barrière de glace de Filchner: Belgrano est sur les flanc d'un large fjord qui s'enfonce vers l'inlandsis de Coats Land. La mer de Weddell (qui fond en été) est à 27kms, le début de la barrière de Filchner à 55kms. Voici une vue d'ensemble de la base, la photo est à priori orientée face au NNE. Une autre vue pour l'ambiance de la nuit polaire, avec je pense le parc à instruments de la station synoptique au premier plan. Cette prise de vue vers le SE montre la bien pente sur laquelle est installée la base: une topographie bien ouverte aux vents et pas vraiment propice aux grands froids d'inversion. NB: pas de mesure d'enneigement, comme d'habitude en Antarctique. Mais des mesures de précipitations, d'une fiabilité discutable lors des nombreux blizzards où la neige tombe à l'horizontale et où elle est impossible à distinguer de celle soulevée du sol. Avec près de 300mm/an d’équivalent d'eau de fonte, il semble donc de prime abord que Belgrano II soit bien plus neigeuse (3x) que McMurdo, mais il se peut la mesure près de sol à Belgrano II suffise à expliquer cette différence avec McMurdo où la mesure est faite sur le toit d'un bâtiment de deux étages, donc moins soumise au biais de la poudrerie. Donc il vaut mieux ne rien conclure, et garder en tête que pour ces raisons la majorité des stations Antarctiques ne s'aventurent pas à essayer de mesurer les RR. La photo prise pendant la nuit polaire ne plaide pas pour une forte accumulation neigeuses puisque beaucoup de rochers restent visibles, il semble qu'il y ait une sorte d'équilibre entre les précipitations neigeuses et leur dispersion par les vents. Le vent, justement, c'est vraiment la star de ce climat (avec le froid permanent, bien sur). Il est ici encore largement questions des vents catabatiques qui apportent à la fois des tempêtes d'une violence inouïe mais aussi une forte atténuation du froid par compression adiabatique. Le vent dominant ici est clairement de nature catabatique, il descend du SSE depuis la calotte glaciaire en étant plus ou moins canalisé dans le fjord au bord duquel la base est installée: Durant les mois d'hiver les vents dominant de sud (130° à 190°) ne sont donc pas les plus froids malgré leur provenance de l'inlandsis, car l'air qui transporte subit un réchauffement adiabatique sec en descendant vers le niveau de la mer. A propos de sécheresse de l'air, Belgrano II enregistre régulièrement des HR "ultra basses", qui tendent vers les 10% ou 5%... là encore il faut prendre ces mesures avec des pincettes car par grand froid la pression de vapeur d'eau est de toute façon si faible qu'il est difficile de la mesurer avec précision. Mais ces données brutes mettent bien en évidence que l'air descendant du continent est d'une grande sécheresse. Et donc les plus grands froids proviennent plutôt de conditions calmes ou sous le vent de la banquise et de la barrière de Filchner (secteur 280°). En toutes saison les vents de nord à nord-est sont liés au mauvais temps d'origine océanique. Le vent catabatique ne souffle pas en permanence, et j'ai déjà évoqué à propos des vallées sèches un phénomène similaire au ressaut hydraulique qui explique que près des côtes il rebondi parfois contre une couche froide d'inversion au lieu de s'étaler en surface jusqu'à l'océan. L'alternance de ces conditions est assez rapide et peut se produire plusieurs fois par jour, avec des variations de t° assez nettes (jusqu'à +/-10°c lorsque le vent tourne). Cela explique donc les amplitudes thermiques diurnes moyennes assez fortes durant la nuit polaire: entre les variations rapides du vent et les évolution plus lentes des masses d'air et/ou des masses nuageuses, l'amplitude thermique moyenne diurne hivernale est de 7.5°c ici, 9°c à McMurdo. A McMurdo en particulier, où les observations sont espacées de 6h, j'ai souvent vu des tn 10°c plus basses que les observations synoptiques: après quelques doutes et devant la récurrence de ces reports de tn particulièrement basses j'en ai conclu qu'il pouvait se passer plein de choses en 6h, et que durant une pause du vent la t° pouvait vraiment baisser temporairement de 10°c entre 2 observations synoptiques. J'essayerais de retrouver des exemples détaillés de ce phénomène à l'occasion de la prochaine fiche, dont les observations ne sont espacées que d'une heure contre 3h ici et 6h à McMurdo. Le vent catabatique étant plus présent à Belgrano II qu'à McMurdo (mieux abritée), la Tm hivernale est plus "douce" ici: 4°c de plus durant les mois d'hiver. Alors que le niveau de "chaleur" estivale est le même (environ -2.5°c de Tm en décembre/janvier), et que les pics de froids hivernaux sont aussi de même intensité (tnn/txn annuelles médianes d'environ -42°c/-32°c, tnn proche de -48°c). La nuit polaire dure du 24/04 au 18/08, le jour continu du 23/10 au 19/02: Voici un hiver normal, pris en 2007. Les deux types de temps les plus fréquents sont: - le beau temps, avec parfois aucun nuage pendant plusieurs jours - le blizzard, lorsque qu'une tempête océanique se combine avec le vent catabatique. On retrouve des valeurs de vents aussi excessives que celles de Dumont d'Urville ou de SANAE, avec des valeurs supérieures à 150kms et approchant même les 200km/h en rafales. Le printemps dure deux mois, octobre et novembre. Ne trouvant pas d'exemple vraiment normal, en voici un assemblé avec octobre 2016 et novembre 2000. En octobre nous somme largement sortis de la nuit polaire, et certaines journées calmes et ensoleillées peuvent connaitre de fortes amplitudes thermiques, comme ici du 6 au 8/10. Les tempêtes peuvent encore être dangereuses, mais elle ne sont plus aussi excessives qu'en hiver. BONUS: un mois d'octobre 2008 exceptionnellement sec et ensoleillé: Les temps estival est assez souvent beau et/ou calme, c'est une saison pas trop désagréable malgré le gel (parfois fort) qui revient chaque "nuit" (il fait jour en continu mais lorsque le soleil redescend au plus bas près de l'horizon le bilan radiatif se modifie suffisamment pour déclencher un refroidissement "nocturne"). L'automne démarre vite en février, et c'est la même chose qu'ailleurs en Antarctique: il faut à peine deux mois pour renouer avec des condition pleinement hivernales fin mars / début avril, concomitantes avec le retour de la nuit polaire en avril. Avec le retour du froid on a également le retour des tempêtes, avec sur cet exemple un mois de février bien venté et la première grosse tempête le 18/03. BONUS: deux mois d'hiver exceptionnellement ventés, tout en démesure. - Aout 2001, avec également la tnn de ma période d'étude en début de mois. Et des rafales de 220km/h durant le long blizzard du milieu du mois. - Septembre 2017, mois le plus venté de ma période d'étude. Les rafales sont malheureusement estimées, les 200km/h ont probablement largement été dépassées à plusieurs reprises. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  16. Anomalie forte sur la climato 2000-2018 avec +2.4°c. Un beau mois de mai à MOSCOU, probablement très ensoleillé. Grand écart entre le nord et le sud de la Russie d'Europe, au sud ce la donne ça: VOLGOGRAD a connu sont 4e mois de mai le plus chaud depuis 2000. Mais la txx du 24/05 fut la 3e plus haute tx de mai depuis 2000 (37.7°c le 29/05/2007, 37.0°c le lendemain). Mais aux confins nord-est de la Russie d'Europe VORKOUTA s'est payé un mois d'hiver supplémentaire, avec au 1er juin une couche de neige au sol remarquable de 57cms (déjà signalée quelques posts plus haut), plus haute épaisseur depuis au moins 2000. Mais c'était encore pire l'année dernière, avec le mois le mai le plus froid de ma période d'étude:
  17. Tu m'étonnes que ça surchauffe, avec un maillage pourtant assez dense et dans une région vraiment plane aucune station voisine n'a atteint 48°c ce même jour !
  18. Bilan du mois de mai 2018 à Salalah: sur la période 2000-2018 le cumul de RR moyen de mai bondi de 7mm à 28mm, devenant le mois le plus pluvieux de l'année.
  19. Dans ce contexte de printemps très chaud, j'ai voulu voir ce que ce mois de mai avait donné dans le milieu très maritime de Heligoland: mai 2018 est la plus chaud de ma période d'étude (2000-2018), aussi bien en tnm qu'en txm, avec aussi des nouveaux records de tnx et txx à la clef. C'est aussi le mois le plus ensoleillé tout mois confondus, devant juillet 2006 !
  20. Printemps très chaud à Berlin/Tegel , avril et mai sont les plus chauds de la période 2000-2018. Nouvelle tnx de cette période en mai, avec 20.4°c le 29/05. L’ensoleillement de mai est le 2e cumul mensuel le plus élevé tout mois confondus depuis 2000, seulement derrière juillet 2006.
  21. mottoth

    Suivi du temps en Chine

    Complément pour l'aéroport de Hongkong: mai 2018 est la plus chaud de ma période d'étude (2000-2018). Sur 2000-2017 la txx de mai était de 34.6°c, en 2018 ce seuil a été dépassé 13 fois et la nouvelle txx s'établi à 36.8°c (+2.2°c !). Grande sécheresse également à l'approche du 1er pic annuel de RR (en juin): mai reçoit normalement environ 250mm.
  22. Complément avec le tableau de VANCOUVER Aéroport: Un peu plus de chaleur à ABBOTSFORD, 60kms plus à l'est mais souvent plus représentative des quartiers de Vancouver moins exposés aux brises océaniques que l'aéroport: A PORT HARDY, c'est toujours aussi océanique, sans chaleur, mais avec une relative sécheresse pour ce lieu qui recueille en moyenne presque 1900mm de RR par an: Dans l'intérieur, un beau mois à PRINCE GEORGE: KAMLOOPS est déjà pleinement estivale en ce mois de mai 2018: c'est le plus chaud depuis au moins 2000, et l'on dénombre 7 jours avec tx>30°c contre 2 en moyenne. En revanche les records de txx n'ont pas été inquiétés, rien que depuis 2000 on a eu 35.4°c le 16/05/2006 ou 36.5°c le 29/05/2005. Un peu plus perturbé vers l'est à CRANBROOK, avec des changements de temps plus francs et une anomalie sèche nettement moins prononcée: Encore plus perturbé à CALGARY où l'on retrouve la grande variabilité du climat des prairies. Cependant pour Cranbrook ou Calgary on enregistre là aussi le mois de mai la plus chaud depuis au moins 2000:
  23. Petit bilan, pas du tout exhaustif, de ce mois de mai 2018 extraordinaire dans une grosse moitié sud de la Scandinavie. Pour toutes les villes suivantes ce mois de mai est le plus chaud de ma période d'étude (2000-2018) et contient aussi la txx. COPENHAGUE: record de txx amélioré de près de 2°c. En plus de la chaleur régulière l'ensoleillement fut extraordinaire et la pluie bien rare. HELSINKI / VANTAA: à peu prêt les même anomalies qu'à Copenhague, tant en t° que sur les RR. La chaleur de mi-mai fut un tout petit cran au dessus de celle de mai 2014, qui fut marqué lui aussi par une chaleur record (33°c à St Petersbourg cette année là). Les plus grosses anomalies furent pour le sud de la Norvège, et notamment la côte Atlantique souvent foehnée dans un flux de sud-ouest dominant. OSLO / BLINDERN: même pour la plupart des région Françaises ce 22.6°c de Txm représenterais un mois de mai bien chaud. BERGEN / FLORIDA: le 31.2°c du 30/05 surpasse les txx de juin et aout sur la période 2000-2018. La txx annuelle médiane n'est que 28.1°c. TRONDHEIM/VAERNES: c'est la première véritable bouffée de chaleur de ce mois de mai qui s'est révélée la plus impressionnantes avec 2 jours de foehn, des tn très douces et un HR vraiment basse les 9 et 10/05.
  24. Déja un résumé mensuel à prévoir pour le mois prochain. Demais j’essayerais d’en poster quelques uns de ce mois de mai pour la Colombie Britannique.
  25. mottoth

    Climats du monde

    #Hors Série: les Vallées Sèches de McMurdo Un bon point de départ pour en apprendre un peu plus c'est la page wiki anglaise. La version haute résolution de la carte que j'ai posté hier est ici. En voici un zoom sur la partie la plus centrale de ces vallées, avec notamment celles de Wright et de Victoria: Ces vallées sont enclavées par différentes chaines de montagnes qui empêchent l'écoulement des glaciers vers celles ci, qu'il s'agisse de la calotte continentale qui s'élève rapidement à plus de 2000m vers l'ouest ou du glacier côtier nommé Piedmont Glacier qui s'élève à plus de 600m vers l'est. Cet enclavement limite la pénétration des perturbations neigeuses, qui donnent déjà des précipitations limitées sur la côte (cf la fiche de McMurdo). J'ai trouvé une publication sur l'étude du climat de ces Vallées Sèches: Valley Floor Climate Observations from the McMurdo Dry Valleys, Antarctica, 1986-2000 (Doran et al.). En préliminaire les auteurs rappellent que certaines études antérieures à la leur ont rapporté des cumuls annuels de RR pouvant être aussi bas que 7mm dans ces vallées ! Voici la localisation des 7 stations automatiques dont cette étude fait la compilation des données sur la période 1986-2000: Et voici le tableau principal récapitulatif de cette étude: Le principal enseignement de cette étude (c'est plutôt une confirmation en fait car on le savait déjà dans les grandes lignes) c'est le diktat des vents catabatiques sur le climat local: selon la plus ou moins forte exposition a ces vents le froid va être plus ou moins intense. Ainsi il est impossible d'interpoler et d'estimer simplement le niveau de froid hivernal moyen d'un point de ces vallées en fonction de l'altitude et de l'éloignement de la mer; le vent est un facteur bien plus important puisque qu'il casse toute inversions de t° quand il se manifeste. Ainsi des lieux moins exposés et relativement proches de la côte, comme le lac Fryxell, peuvent être notablement plus froids que des lieux plus continentaux mais plus exposés aux vents catabatique. Dans certains endroits les vents catabatiques ricochent sur de puissants lacs d'air froids, comme cela semble être souvent le cas au lac Vida, de loin le lieu le plus froid de cette étude. L'étude reprend l'hypothèse du ressaut hydraulique déjà utilisée pour décrire le comportement des vents catabatiques dans d'autre zones côtières de l'antarctique: indépendamment de la topographie les vents catabatiques descendants du continent buttent parfois sur la pellicule d'air plus froid qui se forme en surface vers la côte et au dessus de la banquise; ils "rebondissent" alors vers le haut en laissant un calme relatif voire un vent de reflux en surface, contraire au flux catabatique et maintenant des conditions de surfaces froides. Mais partout ces vents catabatiques sont suffisamment fréquents et suffisamment forts pour faire disparaitre du sol les rares précipitations neigeuses, soit par soufflement / dispersion soit par évaporation / sublimation. Quelques photos pour terminer en beauté: Taylor Valley: Victoria Valley:
×
×
  • Créer...