sastrugis

Je profite du petit coup de mou sur le forum - généré par le début d'effacement des belles cartes de GFS - pour faire un rapide petit bilan thermique de janvier 2023. Au final, comme le montre l'indicateur thermique national d'IC, le mois aura été coupé en deux parties bien opposées, avec une entame marquée par la longue vague de douceur et une seconde quinzaine modérément froide : bilan national = +0,9°C pour la moyenne des 30 stations. Le sud s'en sort avec des moyennes très proches de la Normale, voire légèrement inférieures localement (cf. Pau), tandis que le NE n'aura pas réussi à vider son énorme excédent, pour terminer sur un dépassement d'environ +2,5°C dans un triangle compris entre Reims, Strasbourg et Dijon.

Ce matin il est possible de faire des lectures bien différentes de ce que nous proposes les modèles : exemple avec GFS 00Z et GEM 00Z En s'en tenant aux ensembles (en haut), on a l'impression d'une situation opposée alors qu'en regardant les cartes associées (en bas), on s'aperçoit que les configurations synoptiques sont assez proches et peuvent basculer d'un système à l'autre très facilement : GFS fait le pari de HG/HP placés assez hauts provoquant le détachement d'un morceau de VP filant vers nous et apportant de l'air froid à tous les étages, alors que pour GEM cette scission n'a pas lieu avec un talweg russe qui file vers dans son ensemble vers l'Est, et pour nous la récupération temporaire d'un faible flux continental en BC. En faveur de GFS : la persistance dans ses derniers runs et l'accord déterministe/contrôle (et Louis Bodin qui parle d'une VDF sur RTL !!!) En faveur de GEM : une évolution plus classique de la synoptique. Attendons encore un peu car si la météo n'était qu'une histoire de probabilité nous ne serions pas aussi nombreux à regarder les modèles 🙂

Oui, il faut replacer GFS déterministe dans son ensemble ! (exemple de Paris ci-dessous) Le dét est très froid mais la moyenne et le tube principal sont froids aussi... Alors on y croit ! ou ?

Si on regarde ses 3 derniers runs, GFS est finalement assez stable dans sa synoptique : il ne fait qu'accentuer le trait de la dynamique d'Est qu'il nous proposait déjà dans son 00Z. Les prochains runs ne seront peut être pas aussi intéressants, alors profitons de ces belles cartes sur le papier pour imaginer et vivre virtuellement les types de temps associés !

Quand on prend la vision hémisphérique de GFS déterministe entre 120 et 192 h, à 500 hPa on voit que le système tient vraiment à peu de chose, conditionné par un VP nord-américain qui tournicoterait sur place, laissant passer une bulle chaude vers l'espace russo-scandinave, qui elle-même permettrait de scinder le talweg russe en deux morceaux... dont la partie occidentale nous arriverait par l'est dans un mouvement rapide.

Oui, pour arriver à une situation franchement favorable hivernophilement parlant ça va être du cousu main qu'il faudra déployer ! Suivons donc les mouvements de l'énorme morceau de VP nord-américano-groenlandais car il semble piloter l'ensemble de la mécanique.

Bonne nuit Double-K et merci à tous pour le suivi !

Aujourd'hui nous sommes proches de la jonction par le NW de l'île... A suivre !

Après 29 jours, l'excédent thermique par rapport à la Normale 1991-2020 est de +0,3° à Brest, +0,7° à Nantes, +0,9° à Rennes, +1,2° à Caen et au Mans et 1,6° à Lille. Donc un mois coupé en deux avec un bonus à la période extrêmement douce sur la longue période fraîche/froide. Avec les deux derniers jours à venir ces valeurs ne devraient plus trop bouger... Rendez-vous mercredi 1er pour le savoir !

Oui, parfaitement ! Je n'ai pas évoqué Longchamp (comme Fontainebleau dans mon premier post) car c'est un cas très particulier, une espèce de TAF en cœur d'agglo ! La station cumule des "avantages" importants pour le froid grâce à sa verdure environnante, son caractère isolé et coupé du vent (bois à côté) et surtout sa position en creux sous les coteaux des Hauts de Seine. Par temps radiatif, le froid n'a qu'à se former sur place et récupérer celui qui s'écoule du versant ! Il faudrait voir quelle est l'épaisseur de la couche froide sur Longchamp pour bien mettre en avant son côté atypique intra urbain... Et OK pour Montsouris avec son parc instrumental sur un plan incliné (une station en bas de la pente donnerait des valeurs de mini certainement beaucoup plus basses). Sur cette photo on voit bien la pente : pas facile de former une couche froide sans que tout file vers le bas !

Un petit aperçu de ce que nous proposent les déterministes pour le début de ce topic. Comme c'est encore très loin, pas de certitudes sur le temps à l'échelle de la France mais quelques repères pour la synoptique. Il semblerait que la semaine commence sous le signe des HG/HP (quelle surprise !) et de façon commune les 3 modèles (CEP, GFS et GEM) seraient tentés par une escapade nordique en empruntant le couloir temporaire entre des BG nord-est américaines et russes. En milieu de semaine, pour CEP et GFS l'Atlantique règnerait à nouveau en maître sur tout le nord du bassin et coucherait notre AA, entrainant une descente en latitude de la zone barocline mais tout cela resterait sans conséquences à notre niveau. GEM lui n'est pas de la même veine, avec une persistance d'un AA bien droit dans ses bottes, aidé en cela par le maintien à l'est de l'Europe d'un important complexe de BG hérité du décrochement polaire des jours précédents sur cette partie du continent (contrairement aux deux autres modèles qui voient ce talweg s'effacer rapidement et laisser par voie de conséquence l'avancée atlantique se produire plus facilement). Intéressant, rien est joué !

Oui, d'accord avec tes remarques. Par ailleurs, le problème de Paris-Montsouris est que cette station ouverte à la fin du 19e siècle a été souvent prise comme référence pour illustrer le changement climatique alors qu'elle montre plus la croissance de l'effet d'ICU (les deux se combinant bien sûr dans le même sens). A l'origine Montsouris était un parc à la limite de la campagne et aujourd'hui elle se trouve en plein cœur de l'immense agglomération de plus de 10 millions d'habitants (au sens d'unité urbaine)... On voit bien cela sur le graphique ci-dessous avec une population totale de l'agglo (ligne bleu) guère plus importante que celle de Paris intra muros (ligne verte) dans les années 1870. ps : OK pour Brétigny, je suis allé un peu vite dans ma "cartographie" manuelle 🙂 !

Entièrement d'accord ! La difficulté ensuite - pour une analyse objective - est de bien prendre en compte des effets stationnels indépendants de l'urbanisation et qui jouent fortement sur la température. Dans ma carte ci-dessus j'ai pour cela choisi des sites "référence" et à des altitudes proches et surtout sur des sites plans ! Si on s'amuse à chercher des conditions plus remarquables, la station de Fontainebleau est sympathique dans son genre car c'est une espèce de petit TAF (creux + clairière + sol sec) qui permet d'obtenir par temps radiatif des valeurs remarquables qui ressortent même dans la Normale climatique : TN moyenne annuelle de 5,7°C et 74,3 gelées !!! On a des équivalents +/- marqués dès lors que la topographie le permet : par exemple la station du 77 à St-Cyr sur Morin (TN = 6,3°C et 64,4 gelées)

Grillé à quelques secondes près (j'avais pas rafraîchi ma page !) par @thib91 [on dit d'ailleurs la même chose, ce qui est rassurant 🙂] Si, malheureusement Orly subit bien les effets de l'urbanisation... Le problème vient du fait que son environnement a beaucoup évolué avec l'étalement de la région parisienne depuis les années 1950-1960. Progressivement la station de "campagne" est devenue une station de banlieue, entourée par des constructions et revêtements minéraux. Quand le vent est faible de composante Nord, la station est même touchée par les masses d'air réchauffée provenant du centre de l'agglomération parisienne, renforçant l'effet local ! Pour te convaincre de l'effet urbain à Orly, voici pour la Normale 1991-2020 la TN moyenne annuelle et le nombre de jours avec gelée.

La particularité de ce mois de janvier dans sa seconde partie aura été de proposer un froid très modéré avec des mini régulièrement proches du 0°C. Dans ce contexte le seuil de 0°C pour comptabiliser les gelées officielles sous abri est très discriminant alors que les écarts de température sont finalement assez faibles (sauf ce matin). Le centre de l'agglomération totalise donc à ce jour 1 gelée (Hôpital Lariboisière dans son environnement très minéral), puis augmentation de l'occurrence de TN0 en s'éloignant du centre et en gagnant en masse de verdure (Jardin du Luxembourg 4 gelées et Parc Montsouris 6 gelées) et jusqu'à 9 gelées à Orly.

Pour la fin du topic, GFS 18Z persiste sur un renforcement de la poussée de l'AA vers le Nord mais le "cœur de meule" des HP reste encore un peu trop bas et près de nous (isobare 1040 hPa collée au NO de la France). De ce fait, la coulée froide liée au talweg passe pour le moment un peu trop à l'est...

Pas facile de dissocier et de hiérarchiser les causes et les effets dans le système atmosphérique ! C'est vrai que la stabilité de la zone dépressionnaire en Méditerranée est remarquable depuis un bon moment ! Mais toutes les bonnes choses ont une fin semble-t-il... L'animation entre 60 et 180 heures montre que le domaine méditerranéen ne jouerait plus de façon décisive dans l'évolution de notre synoptique (exit Bubule !) mais que le devenir de notre AA pourrait s'écrire en fonction de la trajectoire incertaine des profondes dépressions nord américaines en sortie du continent (cf. cassure du jet évoquée dans mon post matinal). Dans la rythmique proposée de toutes les façons la porte serait étroite pour se faire une place nordique !

Oui, les sorties brutes de modèle sont vraiment spectaculaires... mais à recadrer par l'expertise humaine ! Le GFS 00Z continue d'ailleurs sur la même lancée avec pour Montréal rien moins qu'un passage de -40 à 0°C sur le prochain week-end la prochaine fin de semaine !!!

Pour la semaine de ce topic, les modèles déterministes (CEP, GFS et GEM) s'alignent tous sur une synoptique dominée par la persistance d'un barrage atlantique ayant du mal à se propager vers le Nord et, dans le même temps, de la propagation à son avant d'une coulée polaire vers l'Europe centrale et les Balkans en fin de période. Toute cette évolution sera a priori fortement conditionnée par la dynamique sur l'Atlantique et donc de proche en proche contributaire du recentrage du VP sur le NE du continent américain (carte de gauche) et de la rupture du jet (carte de droite). Ces éléments très contrastés pourraient-ils permettre d'ouvrir une brèche nordique à notre AA ?

Et quelle vague de douceur ! (d'après les valeurs de l'indicateur thermique national et les écarts à la Normale 1991-2020)

Petite info de suivi en passant... A quelques jours de la fin du mois, la période continue de 10 jours sous la normale a permis d'atténuer sensiblement l'excédent du mois : nous en sommes à +1,3°C (contre +4,9 au 13/01). Parmi les 30 stations de l'indicateur thermique national, seule Pau présente un déficit (-0,2°) mais les autres stations du SO pourraient se ranger dans la même famille avec le froid modéré qui y stagne. Pour les stations du NE, on limite la casse autour de +3°C mais on ne peut guère faire mieux en l'absence du froid radiatif nocturne qui n'a pas pu vraiment s'établir à cause de la nébulosité. Rendez-vous dans 4 jours pour le bilan final de janvier 2023 (avec vraisemblablement un excédent moyen de l'ordre du 1°C : d'où on part à la moitié du mois c'est déjà presqu'un exploit !)

A en croire GFS (il faut oser !), la fin de semaine risquerait même d'être sibérienne : -38°C samedi matin !!! (et même jusqu'à -41° à Québec !)

Merci pour toutes ces infos ! ps : 😉

Ce qui est constant en revanche dans les différentes sorties c'est l'absence de précipitations notables...