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Faut-il respirer moins ?
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Météo, environnement et société
Donc, les végétaux cultivés par l'homme pour se nourrir et nourrir son bétail sont des puits de carbone, ce dernier se trouve rejeté dans l'atmosphère par voie respiratoire après consommation, puis réutilisé par les végétaux... et cela dans un cycle sans fin. En allant au bout de choses, on peut aussi considérer que les surfaces cultivées prennent la place de surfaces non cultivées qui auraient elles aussi été des puits de carbone. Donc qu'à défaut d'ajouter 0,57 GtC au bilan carbone, l'humanité respirante empêche de les y soustraire (un peu comme la déforestation n'ajoute rien hors combustion de biomasse, mais retire au bilan C par défaut de séquestration des surfaces détruites). Cela dit, sans passer par l'exemple tiré par les alvéoles de la respiration humaine, je reste persuadé que le facteur purement démographique est sous-estimé dans la plupart des discussions sur l'ES. Je vois bien comment, à nombre égal, une humanité pourrait produire moins de GES qu'elle ne le fait. Mais je ne parviens pas à imaginer qu'en l'état actuel de ses moyens, elle puisse vraiment empêcher la hausse, même moindre. -
Faut-il respirer moins ?
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Météo, environnement et société
Pour qu'il y ait une "solution", il faut d'abord qu'il y ait un problème. Comme je ne considère toujours pas les GES comme le principal vecteur du changement climatique, comme je pense qu'un doublement CO2 induirait une hausse raisonnable des Tm, et comme j'estime que les jours des énergies fossiles (au moins pétrole-gaz) sont de toute façon comptés, tu comprendras qu'à temps limité, je n'éprouve pas vraiment le besoin de consacrer mes neurones à des solutions pour un non-problème. Limiter la pollution ou protéger les espèces me paraissent des questions plus concrètes et réelles, pour rester dans le domaine environnemental. D'un point de vue purement méthodologique, je propose par ailleurs que l'on creuse le point avancé en sujet de ce post, avant d'en venir à des généralités sur ce qu'il faut ou ne faut pas faire. -
Faut-il respirer moins ?
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Météo, environnement et société
La problème n'est pas d'inverser la question, mais de partir sur des faits pour ne pas parler dans le vide. Au-delà de la respiration (dont il faut contrôler le chiffre, je n'ai qu'une source, et qu'il faut comparer aux émissions industrielles, je n'ai pas encore trouvé de données en Gt annuelles), ce post suggère de prendre en compte plus généralement l'effet de masse lié à la démographie mondiale. Je rappelle les chiffres (en milliers hab.) : 1750 694 000 1900 1 550 000 1950 2 519 470 1960 3 023 812 1970 3 696 588 1980 4 442 295 1990 5 279 519 2000 6 085 572 2005 6 464 750 Sur la période de référence du GIEC 1750-2005, la population a donc été multipiée par un facteur 10. Or l'humain, outre qu'il respire, produit et consomme de toute façon de l'énergie. (Je vous laisse imaginer l'état de la planète si chaque famille se chauffait encore au feu de bois et possédait son parc particulier d'animaux méthanogènes). Se dire : le changement climatique (ou supposé tel), c'est la faute aux industriels et surtout aux industriels américains est une simplification abusive. Il est évident que le mode de vie hyperconsumériste des Etats-Unis n'est pas exportable à la planète sans graves dommages environnementaux. Il est non moins évident que très peu de gens ont désormais envie de vivre de la même manière que le paysan africain parfois montré en exemple (côté climatique, car côté sanitaire on le plaint plutôt). Bref, dans le cadre des mesures d'atténuation de l'effet de serre, je ne vois pas pourquoi l'humain ne commence pas par le commencement, en prenant conscience que sa croissance démographique est la base du problème. Plus précisément, on pourrait chiffrer les émissions annuelles des hommes même s'ils adoptaient un mode de vie moins consumériste / productiviste : tant que leur nombre augmente, je pense que les GES augmenteront. Sans parler, d'un point de vue radiatif, des effets énergétiques de surface dus à la simple accumulation d'hommes dans les villes. -
Faut-il respirer moins ?
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Météo, environnement et société
C'est en effet cela que je voulais comparer. J'avoue que la somme annuelle de 2,1 Gt pour la seule respiration humaine me paraît énorme, mais je ne connais pas les chiffres exacts avancés pour les émissions industrielles. J'ai vaguement en mémoire des ordres de grandeur inférieur à 10 Gt, mais je peux me tromper (et je n'ai réussi à trouver que des évaluations en % ou ppm). * Sinon, la question farfelue n'était pas à prendre au premier degré. De toute façon, avant de respirer moins, on pourrait taxer les principaux émetteurs, ceux qui respirent trop : les sportifs. (Enfin, sauf l'équipe de France de foot, dont la conscience environnementale la pousse à jouer en marchant :!: ) -
J'ai trouvé une nouvelle source inquiétante de CO2 : la respiration humaine. On sait que nos poumons absorbent l'oxygène de l'air et rejettent le dioxyde de carbone (la concentration en CO2 de l'air pulmonaire est de 5%). Si l'on en croit ce texte, une étude a montré qu'un homme rejette en moyenne 440 litres par jour (environ 900 g) de CO2, soit environ 350 kg chaque année par voie respiratoire. Cela signifie que la seule respiration de 6 milliards d'hommes produirait chaque année 2 100 milliards de kg CO2, soit 2,1 Gt. Et nous serions à 3,5 Gt en 2050. Il faut bien sûr ajouter à cela la respiration des animaux domestiques et d'élevage, dont le nombre a augmenté en proportion de celui des humains. Et compter le fait que nous produisons également de la vapeur d'eau, principal gaz à effet de serre. En comparaison, qui connaît la production industrielle de CO2 ?
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Concernant les variations à long terme de l'albédo, je n'ai pas encore trouvé grand chose de "consensuel" (c'est-à-dire : pas des travaux d'équipes isolées, mais une synthèse de ces travaux, des différences de mesure, des marges d'incertitude et des hypothèses avancées). En se fondant sur la réflectance terrestre, Pallé 2004 a proposé cette courbe 1985-2003, qui présente une baisse régulière 1985-1998, suivie d'une forte remontée 2001-2003. Mais cette dernière remontée d'albédo n'est pas retrouvée par les données satellites CERES. Ci-dessous, Wielicki 2005 compare ces données satellites (courbe bleue) avec les données réflectance (bloc orangé) sur 2000-2004. Difficile de se prononcer, donc. La tendance à la baisse 1985-2000 est cohérente avec les données ISCCP dont nous avions parlé (baisse de la nébulosité basse où la réflexion-diffusion est maximale / absorption). Après, personne n'est d'accord. Il est tout de même intéressant de noter qu'en terme de forçage radiatif (indépendamment des mécanismes surface-atmosphère en jeu ou même des facteurs exacts à l'origine des variations d'albédo), les ordres de grandeurs de ces variations sont comparables, voire supérieurs à ceux des GES. Il serait donc bienvenu que l'on clarifie les données pour obtenir un bilan radiatif plus précis.
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Sans doute. Je pense que les satellites mesurent l'albédo par analyse du rayonnement sortant TOA vers l'espace, après les mouvements complexes de diffusion et d'absorption que tu décris aux différentes couches surface-stratosphère. Une autre technique "globale" est l'analyse fine des variations de la réflectance terrestre (earthshine) sur la lune. L'incertitude de l'albédo provient probablement des phénomènes qui sont actuellement le moins bien modélisés : changement d'usage des sols, aérosols naturels / industriels, nébulosité.
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Je signale une étude récente parue dans Tellus (mai 2006, abstract ci-dessous). Les auteurs comparent les données de l'albédo terrestre tel qu'il a été mesuré par deux campagnes satellitaires (ERBE : 1985-1989 ; CERES 2000-2003) et tel qu'il est simulé par 20 modèles GCM. Leur constat : "From our comparison between satellite observations and GCM simulations of the planetary albedo, we find that models and measurements differ in many respects. GCM-derived albedos are almost consistently higher than the values observed by satellites. For the period with global ERBE data (February 1985–May 1989), the modelled global mean albedo is on average 0.009 above the measured global mean. This corresponds to a difference in radiative flux of almost 3 Wm-2. The mean level of global mean albedo according to CERES (March 2000 December 2003) is an additional ca. 0.012 below the ERBE mean, corresponding to an additional flux difference of ca. 4 Wm-2. The difference between the two measurement sets may indicate a real albedo difference betweeen the two measurement periods, but part of it is undoubtedly due to calibration and algorithm differences. The fact that the models are closer to the ERBE data and farther from the CERES data raises the question of how they are being and should be tuned to satellite measurements. " Pour les non-anglophones, les modèles surestiment systématiquent l'albédo, de 3W/m2 par rapport aux données ERBE, de 4W/m2 par rapport aux données CERES. Ce ne sont pas des quantités négligeables compte tenu des valeurs en jeux dans le bilan radiatif à l'équilibre (les GES anthropiques représentent par exemple 2,7W/m2). Les modèles ne sont pas capables non plus de simuler l'albédo régionalement, ce qui est moins surprenant bien sûr. Si les satellites ont raison, cela signifie que sur les deux périodes, les modèles ont mal simulé des facteurs expliquant l'albédo (les aérosols ou la nébulosité basse par exemple). Du même coup, cela pose des questions sur la sensibilité climatique déduite (ou paramétrée) dans ces modèles. Tellus A - Volume 58 – Issue 3 - May 2006 doi:10.1111/j.1600-0870.2006.00181.x 22 views of the global albedo—comparison between 20 GCMs and two satellites FRIDA A-M. BENDER et al. Abstract A comprehensive comparison of characteristics of the planetary albedo (α) in data from two satellite measurement campaigns (ERBE and CERES) and output from 20 GCMs, simulating the 20th-century climate, is performed. Discrepancies between different data sets and models exist; thus, it is clear that conclusions about absolute magnitude and accuracy of albedo should be drawn with caution. Yet, given the present calibrations, a bias is found between different estimates of α, with modelled global albedos being systematically higher than the observed. The difference between models and observations is larger for the more recent CERES measurements than the older ERBE measurements. Through the study of seasonal anomalies and space and time distribution of correaltions between models and observations, specific regions with large discrepancies can be identified. It is hereby found that models appear to over-estimate the albedo during boreal summer and under-estimate it during austral summer. Furthermore, the seasonal variations of albedo in subtropical areas dominated by low stratiform clouds, as well as in dry desert regions in the subtropics, seem to be poorly simulated by the models.
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Température des 2000 dernières années
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Oui, mais quand on regarde les Tstrat (basses couches, désolé pour la qualité de l'image), on a plutôt une baisse régulière depuis 40 ans, sans signal clair d'un lien avec les activités solaires. Il se peut cependant que les hautes couches de la stratosphère (vers la stratopause), non représentées ici, soient plus représentatives car c'est surtout là que l'ozone absorbe les UV (réaction dont l'effet thermique est une hausse). Ce qui semble assez manifeste, c'est que les modèles reproduisent mal l'influence solaire. Par exemple dans le papier ci-dessous, Wild 2005 constate que les 20 principaux modèles actuels (dont les 13 de référence d'IPCC/GIEC 2007) ont tendance à surestimer de 9 W/m2 en moyenne le budget radiatif de l'insolation de surface (énergie reçue au sol). Ce qui signifie a contrario que la répartition de cette énergie dans les différentes couches de l'atmosphère est mal modélisée. Un autre point que j'ai vu dans pas mal de travaux est que l'influence solaire serait surtout sensible dans des évolutions climatiques à l'échelle régionale (la NAO par exemple qui semble correctement couplée au signaux de la variation d'irradiance). Solar radiation budgets in atmospheric model intercomparisons from a surface perspective Wild, Martin Geophysical Research Letters, Volume 32, Issue 7, CiteID L07704 Abstract : Solar radiation budgets from 20 general circulation models (GCMs) participating in the second phase of the Atmospheric Model Intercomparison Project (AMIPII) are analyzed. The models largely differ in their global mean radiation budgets, particularly at the surface. Compared to a comprehensive data set of 760 worldwide-distributed surface stations from the Global Energy Balance Archive, the models tend to overestimate the land surface insolation by 9 Wm-2 on average. The biases in the net solar fluxes at the top of atmosphere are generally smaller. This suggests that the excessive surface insolation in the GCMs is rather related to inaccurate partitioning of solar absorption between surface and atmosphere than to excessive absorption by the planet as a whole. This applies also to 13 state-of-the-art GCMs participating in IPCC AR4. Uncertainties in the solar absorption by the atmospheric constituents are thus still significant in current GCMs and contribute to the large discrepancies amongst the GCM radiation budgets and their biases compared to surface observations. -
La température actuelle serait la plus élevée depuis au moins 400 ans
charles.muller a répondu à un sujet de weather.bordeaux dans Archives
A la limite, ton raisonnement ne devrait pas être limité à l'Arctique et pourrait être étendu à l'HN. Si les GES bien répartis dans l'atmopshère sont bien désormais le principal vecteur des changements climatiques (surtout T), surpassant toute variabilité naturelle, une tendance à la baisse des Tm sur plusieurs années consécutives serait inexplicable (en dehors d'un ou deux Pinatubo bis). Les GES ne font qu'augmenter, l'albédo des glaces ne fait que diminuer, les aérosols sont réputés à la baisse, le volcanisme est plutôt calme... On peut même se demander pourquoi une partie des terres de l'HN (Europe, Amérique du Nord, Asie centrale et du sud-est) n'ont pas continuer de se réchauffer entre 1999 et 2005 (cf. ci-dessous, carte tendances NASA GISS), alors qu'en plus des facteurs énumérés, le maximum du dernier cycle solaire s'est étendu de 2000 à 2003. -
Température des 2000 dernières années
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Comme tu le dis toi-même, les changements d'irradiance totale du soleil n'ont pas une influence immédiate et directe sur les températures, pour plusieurs raisons (inertie thermique de la masse océanique, nébulosité, etc.). Il ne faut donc pas s'attendre à ce que les maxima et les minima de chaque cycle soient strictement associés à un yo-yo des Tm. En revanche, si la valeur TSI d'un minima sur l'autre est en hausse (ou baisse) régulière, on peut s'attendre à ce que cela se répercute d'une manière ou d'une autre sur le climat. Il semble (Willson 2003) qu'il y eut une légère hausse de la TSI sur les cycles 21-23, ce qui pourrait expliquer une part faible (10-30% selon Scafetta et West 2006) de la hausse des Tm Mais en effet, la corrélation activité solaire / Tm n'est pas très évidente pour les deux dernières décennies. En revanche, le schéma de l'activité solaire depuis le minimum de Maunder (qui coïncide avec le début des observations systématiques des tâches par téléscope) n'est pas sans rappeler celui des Tm. Ci-dessous, cette carte de note technique Hadley précitée et considérée d'après les auteurs comme la plus représentative de la dizaine de reconstructions publiées entre 1990 et 2005 (en noir Lean 2000, en rouge Solanki 2003). A comparer avec les cartes des T plus hauts. De même, cette carte (Le Mouet 2005) des divers indices magnétiques (aa, r) mesurés en observatoire, tâches solaires (W) et irradiance totale (S) du XXe siècle, où l'on voit que les divers indices du rayonnement accompagne le premier réchauffement 1910-40, le léger refroidissement 1950-80, mais pas le second et récent réchauffement 1980-2000. Compte-tenu de la mauvaise évaluation apparente du facteur solaire par les modèles mentionnée plus haut par le centre Hadley (et retrouvée par trois équipes), et au vu de ces cartes, je pense que la variabilité naturelle à dominante solaire et volcanique explique assez bien l'évolution des Tm entre 1750 et 1970. En revanche, cela ne colle plus entre 1980 et 2005. Que les GES soient devenus prépondérants sur cette période est une hypothèse. On peut en imaginer d'autres (par exemple, baisse d'aérosols > baisse de nébulosité basse > baisse d'albédo direct et indirect). Ce qui me paraît en revanche plus douteux ou problématique (à titre intuitif) sur l'hypothèse solaire, c'est l'évolution de la stratosphère. En situation de réchauffement solaire, il me semble que celle-ci devrait plutôt se réchauffer à un rythme aussi et même plus rapide que la troposphère, puisqu'elle reçoit le max de rayonnement (et que l'ozone réagit aux UV). Je ne sais pas sur quelle profondeur on dispose de données strat. fiables avant les satellites, mais je crois que celle-ci est plutôt réputée se refroidir. Je n'ai pas trop lu cette objection dans la littérature, aussi est-elle peut-être infondée. PS : non non, je vis sous nos latitudes et longitudes hexagonales, mais quand j'ai bcp de travail comme en ce moment, j'adopte généralement un rythme de production plus nocturne. -
Température des 2000 dernières années
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Ce 0,4 W/m2, c'est le forçage TOA entre un minimum et un maximum ? Les images ACRIM montre à peu près 2 W/m2 de ∆TSI (irradiance solaire totale) entre un minimum et un maximum de cycle. J'ai lu dans une note technique du Hadley Center que l'on multipliait habituellement la TSI par un facteur 0,18 pour en déduire le forçage solaire TOA (ce facteur incluant l'albédo), ce qui ferait 0,36 W/m2, pas éloigné de ta valeur. De pic à pic d'un cycle en revanche, l'évolution est bcp plus faible. Sur les minima des cycles 21-23, elle a été estimée à 0,047% / décennie pour la TSI sur les données ACRIM (Willson 2003), ce qui représente + 0,45 W/m2 (approx. 0,08 W/m2 en forçage TOA). Mais d'après la même note technique, c'est assez compliqué car l'équivalent forçage radiatif TOA déduit de la TSI ne prendrait pas en compte les échanges stratosphère-troposphère. Je conseille d'ailleurs sa lecture aux personnes intéressées (et courageuses), c'est une bonne synthèse de 80 pages sur l'ensemble des débats et mesures relatifs à l'influence solaire sur le climat : The influence of solar changes on the Earth’s climate (2005). L.J. Gray, J.D. Haigh and R.G. Harrison Téléchargeable à : http://www.metoffice.com/research/hadleyce...HCTN/index.html Ta proposition revient à dire qu'avant les satellites (1978), les variations de l'activité solaire sont une inconnue. Ce serait un peu inquiétant pour les modèles paléoclimatiques, vu qu'il s'agit quand même de la centrale énergétique de notre climat. Les satellites ont confirmé que le nombre de tâches solaires est corrélé à l'intensité du rayonnement électromagnétique. Ces tâches solaires sont observées de manière régulière depuis le tout début du XVIIe siècle et l'on dispose de séries continues de bonne qualité sur trois siècles. (Il en va de même pour les facules). C'est cela qui permet notamment de repérer les minima récents (Maunder et Dalton) et de vérifier leurs traductions sur les températures terrestres de surface. Cela permet aussi de contrôler la corrélation entre activité solaire et production de certains radionucléides (Be10, C14), donc la valeur de ces isotopes comme proxies. (En revanche, il y a débat à ce sujet pour savoir si les variations du champ magnétique total du soleil liées à ces proxies impliquent toujours celles de l'irradiance). Outre l'irradiance, il y a aussi la longueur des cycles de Schwabe qui peut varier. 11 ans est une moyenne. Une analyse récente (Rogers et Ritchards 2005) a ainsi montré que le cycle 23 a connu une activité anormalement longue, forte notamment en 2003 alors que le maximum prévu était en 2000. Je ne saisis pas toujours très bien. En fait, la sensibilité climatique désigne pour moi le ∆T d'un forçage une fois que l'on a pris en compte tous les éléments (directs et indirects) de variation climatique induit par ce forçage (y compris les fameuses rétroactions positives ou négatives). C'est le sens qu'emploie le GIEC pour la sensibilité climatique du doublement CO2 (entre 1,5-4,5°C). Si je m'étonnais de voir un chiffre cité, c'est que les variations TSI sont mesurées depuis peu et que les effets directs / indirects du soleil font rarement l'objet d'observations globales et systématiques. A ce sujet, la note du Hadley Center (p. 37) remarque : Historically many authors have suggested, based on analyses of observational data, that the solar influence on climate is larger than would be anticipated based on radiative forcing arguments alone. The problems with these studies (apart from any question concerning the statistical robustness of their conclusions) is that (i) they frequently apply only in certain locations and (ii) they do not offer any advances in understanding of how the supposed amplification takes place. Recently some interesting developments have been made to address these problems based on two different approaches: the first uses detection/attribution techniques to compare model simulations with observations. These studies (North and Wu, 2001; Stott et al 2003, Crooks et al. 2005) show that the amplitude of the solar response, derived from multiple regression analysis of the data using model-derived signal patterns and noise estimates, is larger than predicted by the model simulations by up to a factor 4. This technique does not offer any physical insight but suggests the existence of deficiencies in the models. It also shows how the solar signal may be spatially distributed although the modelled large-scale spatial near-surface temperature response to TSI forcing is very similar to that shown for GHG forcing. Use of better vertical resolution in the stratosphere and better spectral resolution in the solar irradiance changes may affect the patterns. On peut minimiser les différences en faisant intervenir les marges d'erreur des courbes les plus proches, on peut aussi insister sur ces différences en se contentant des valeurs moyennes les plus probables données par les auteurs et en regardant les courbes les plus éloignées. Si Esper est plus proche de la vérité, sa courbe montre par exemple un réchauffement d'env. 0,7°C entre 920-1000, ce qui serait supérieur au réchauffement constaté sur la période deux fois plus longue 1860-2000 (avec bien moins d'humains et de GES, bien sûr). Mais je suis d'accord avec toi : nous n'avons pas es moyens de trancher. On verra bien à mesure que d'autres études viendront, incluant un plus grand nombre encore de proxies et des méthodes statistiques non contestées. Ma position est qu'aucune des courbes ne peut être exclue pour le moment. Et qu'inversement, aucune ne saurait être sérieusement présentée seule comme une illustration du dernier millénaire. -
Football et météorologie
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Météo, environnement et société
Oui, vu les performances espagnoles, cela va être chaud mardi prochain. -
Football et météorologie
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Météo, environnement et société
Puisqu'on est dans le HS... D'un strict point de vue arbitral, la question n'est pas une main "accidentelle" ou non (95% le sont). Dès lors que les mains ne sont pas collées au corps, le contact avec le ballon doit être sanctionné. Cela dit, vu le jeu de l'équipe de France, faire supporter aux arbitres nos résultats médiocres relève d'une bonne dose de mauvaise foi. Que le meilleur gagne, comme disait Pierre de Coubertin. -
La température actuelle serait la plus élevée depuis au moins 400 ans
charles.muller a répondu à un sujet de weather.bordeaux dans Archives
Le sujet est débattu actuellement en paléoclimatologie. -
Température des 2000 dernières années
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
D'accord avec toi sur le disproportion entre l'appellation conventionnelle et la réalité "thermique" qu'elle recouvre. Ce ne fut pas le Jour d'après ! Il faudrait dire 120/150 ans, durée de vie atmosphérique du principal GES (CO2) dont l'effet est cumulatif (d'où l'intérêt de mentionner la durée, puisqu'à part le méthane et la vapeur d'eau, nous subissons encore aujourd'hui les effets des GES émis en 1880, et depuis cette date bien sûr). La physique ne se trompe pas, mais elle est incomplète. D'une part, elle n'a pas exploré tous les mécanismes à l'oeuvre dans le climat (voir par exemple les effets du rayonnement aux différentes longueurs d'ondes et sur les différentes couches atmosphériques). D'autre part, elle a des mesures encore très imprécises (voir l'évaluation assez spéculative des "rétroactions positives", dont on sait qu'elles comptent pour l'essentiel du réchauffement attendu en 2xCO2 ; ou même des aérosols dont tu parles comme s'ils étaient bien connus en quantité d'émission et effets physico-chimiques, alors que ce n'est pas le cas du tout). Les variations d'isotopes Be10 et C14 offrent une quantification des rayons cosmiques entrant dans l'atmosphère, lesquels dépendent (en proportion inverse) de l'intensité du rayonnement solaire. Moins ces radionucléides sont présents dans les dépôts, plus l'irradiance solaire a été élevée. La précision du C14 est de quelques décennies (temps de résidence dans l'atmoshère avant dépôt), celle du Be10 d'une année. L'analyse des deux proxies permet des reconstructions concordantes, qui sont par ailleurs corrélées aux tâches solaires depuis l'observation directe de ces dernières (XVIIe siècle). Attention : il ne faut pas confondre sur ce point les variations cycliques de 11 ans et les variations séculaires (intercycliques) d'activité du soleil. Par exemple, Solanki et al. (2003, 2005) ou Usoskin et al. (2006) considèrent que l'activité solaire de la période moderne compte parmi les plus fortes des 7000 dernières années. Ce qui n'est pas le cas de Wang et Lean (2005) par exemple, qui la jugent relativement stable. Là aussi, il y a un débat d'astrophysiciens en cours (dommage que l'une des parties du débat, Judith Lean, soit aussi auteur principale d'IPCC 2007). Sinon, d'où vient le chiffre de sensibilité climatique de 0,5 C° / W.m2 pour le forçage solaire ? RealClimate a entièrement raison d'être sceptique. Quel dommage que ce scepticisme soit sélectif ! J'aimerais bien qu'ils soulignent de la même manière certains travaux non cités dans les rapports du GIEC ou écartés sans explications précises. Storch et al. ont répondu aux commentaires dont leur travail de 2004 faisait l'objet. RealClimate s'avance en disant que ledit commentaire annule la validité du travail. (En tout état de cause, Storch 2004 n'est pas une reconstruction, mais une analyse méthodologique des incertitudes liées à la méthode statistique employée). L'article Rutherford et al. (2005) rassemble les membres de l'équipe du hockey : Mann, Bradley, Hughes, Briffa, Jones, Osborn. Et Casper Ammann (2006) est un étudiant de Mann. Tout cela devient très endogamique ! Quant au fond de la question dans cette querelle, c'est désormais une pure affaire de méthode statistique que j'ai renoncé à suivre en détail, je l'admets. Il me paraît plus intéressant de voir ce que disent d'autres reconstructions avec d'autres proxies (et l'on observe sur ce point que Huang, Esper, Moberg n'arrivent pas aux mêmes reconstructions, sans parler des innombrables reconstructions locales qui retrouvent elles aussi des amplitudes marquées). Je me contente finalement de constater que ni NRC 2006 ni GIEC 2007 ne jugent bon désormais de reprendre Mann 1999 et ses succédanés (2003, 2005) comme les seules reconstructions pertinentes des T du dernier millénaire. Elles sont peut-être fausses, peut-être vraies - bref, une incertitude de plus dans cette science climatique que l'on voudrait nous présenter comme un bloc consensuel. -
L'arrivée d'internet et ses conséquences
charles.muller a répondu à un sujet de LuNaTic dans Météo, environnement et société
Oui et non. Les entomologistes et amateurs de chasse aux coléoptères ne sont pas légion non plus (encore moins que la météo / climato à mon avis). Ce petit marché à faible demande devrait donc être à la merci de l'offre capitalistique et cruelle. Pourtant, profitant de mon installation à la campagne, j'ai racheté un peu de matériel professionnel voici deux ans : je l'ai trouvé moins cher (et de meilleure qualité / maniabilité) que celui d'il y a 20 ans. La différence est bien sûr que même sur un petit marché, les fabricants de filets ou de pots de cyanure ne sont pas en situation monopolistique, ce qui est le cas de MF sur les données historiques du territoire français. -
Température des 2000 dernières années
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
En effet. Disons qu'elle semble plutôt en accord avec le futur GIEC 2007 et que les deux sont plutôt en désaccord avec GIEC 2001. La vingtaine de rapports demandés par le Congrès se penchent sur des questions précises et mobilisent des spécialistes du climat. J'espère que l'un d'eux concernera l'activité solaire, dont l'irradiance totale n'est qu'un aspect. Ce n'est pas spécialement l'objet de celui-là. Sinon, le schéma de synthèse proposé par le rapport NRC en p. 98 (ci-dessous) est à peu près ce que l'on sait sur la variation de cette irradiance totale. Il y a un maximum médiéval, un minimum à l'âge classique, un maximum moderne. Le soleil lui non plus ne jouait pas au hockey pendant le dernier millénaire. (Nota : il faut d'ailleurs supposer que cette courbe est fausse si les reconstructions de type hockey sont vraies, car je ne vois guère comment ces variations séculaires de l'activité solaire, tout de même assez marquées en amplitudes, seraient sans effet notable sur les températures) Je ne sais pas ce que tu veux dire par là. Sur les schémas B et C donnés dans le post plus haut, on voit l'estimation quantifiée des ∆T de chaque reconstruction par rapport à la moyenne 1961-1990. Ces expressions ne veulent rien dire à tes yeux mais je pense que tu connais leur usage courant dans la littérature paléoclimatique. Ce jeu sur les mots n'apporte pas grand chose. Le rapport explique en effet très bien l'existence d'une période globalement froide appelée Little Ice Age centrée sur 1700 et l'existence d'une période globalement chaude appelée Medieval Warm Period centrée sur 1000. (L'usage de l'expression optimum médiéval est plus rare, sauf en français où je le lis plus souvent que "période médiévale chaude"). Si tu vas sur Google Scholar, tu as par exemple 6850 réponses sur "Little Ice Age" (sur le portail Inist, 370 articles avec cette expression dans l'abstract entre 1990 et 2006). Le débat sur ces courbes ne se limite évidemment pas à une querelle de mots ni à une querelle de personnes entre le clan du hockey (Mann, Briffa, Osborn, Jones, Rutherford, etc.) et les autres. Pour les courbes de Moberg ou Esper, la variabilité naturelle avant l'ère industrielle atteint 0,8 à 1 °C entre les minima et les maxima du dernier millénaire. Pour les courbes de Mann ou Briffa, elle dépasse difficilement 0,2°C. Tu comprends aisément que ce facteur 4 à 5 n'est pas tout à fait indifférent quand les modèles doivent paramétrer les facteurs influençant le climat ou quand on fait appel aux climats passés pour évaluer la sensibilité climatique au doublement CO2. Encore parlons-nous ici d'un seul millénaire. Il existe dans le passé d'autres périodes où des conditions à peu près comparables aux nôtres en terme de forçages naturels aboutissaient à des températures supérieures (voir par exemple le papier de Fedorov et al. dans l'avant-dernier Science sur le "paradoxe du Pliocène", voici 3-5 Ma). C'est en effet le mot que j'ai employé (traduit) dans mon premier post de synthèse. Ce qui est encore plus intéressant, c'est que deux courbes semblent indiquer que les deux dernières décennies sont environ 0,4°C au-dessus des maxima de l'OM. Après 200 ans de révolution industrielle et dans une période de maximum solaire moderne, ces quatre petits dixièmes me laissent songeur sur la fameuse sensibilité climatique au CO2 et autres GES. J'ai vraiment hâte d'être en 2020 pour voir l'avis du réel et le comparer à celui des modèles. Voilà un scepticisme hyperbolique ! Je ne connais personnellement aucun auteur et je ne fais de toute façon pas de cette connaissance personnelle un critère de crédibilité (heureusement). Disons que je lis avec intérêt une oeuvre scientifique collective dont la mission est de faire une synthèse sur les points climatiques aujourd'hui débattus. Cela fait au moins une seconde voix à côté de celle du GIEC. Par ailleurs, quand je constate la présence dans le comité de lecture d'auteurs aux opinions opposées (comme Christy et Otto-Bliesner), cela me rassure un peu. Mais sur le principe, il n'y a aucune raison de fétichiser ce rapport ni le précédent sur la troposphère ni les suivants. Ce sont simplement des jalons de synthèse sur une longue route. Les sceptiques sont censés être très minoritaires, progressivement écrasés par l'accumulation des évidences factuelles et le consensus croissant des chercheurs. Ce n'est pas l'impression que je retire de la lecture de ce rapport pour le moment, qui me semble sur son objet précis en deça de la voix officielle du consensus exprimée en 2001. A propos, voici les auteurs : COMMITTEE ON SURFACE TEMPERATURE RECONSTRUCTIONS FOR THE LAST 2,000 YEARS GERALD R. NORTH (Chair), Texas A&M University, College Station FRANCO BIONDI, University of Nevada, Reno PETER BLOOMFIELD, North Carolina State University, Raleigh JOHN R. CHRISTY, University of Alabama, Huntsville KURT M. CUFFEY, University of California, Berkeley ROBERT E. DICKINSON, Georgia Institute of Technology, Atlanta ELLEN R.M. DRUFFEL, University of California, Irvine DOUGLAS NYCHKA, National Center for Atmospheric Research, Boulder, Colorado BETTE OTTO-BLIESNER, National Center for Atmospheric Research, Boulder, Colorado NEIL ROBERTS, University of Plymouth, United Kingdom KARL K. TUREKIAN, Yale University, New Haven, Connecticut JOHN M. WALLACE, University of Washington, Seattle NRC Staff IAN KRAUCUNAS, Study Director CHRIS ELFRING, Board Director AMANDA STAUDT, Senior Program Officer ELIZABETH A. GALINIS, Research Associate LEAH PROBST, Research Associate DIANE GUSTAFSON, Administrative Coordinator NORMAN GROSSBLATT, Senior Editor BOARD ON ATMOSPHERIC SCIENCES AND CLIMATE ROBERT J. SERAFIN (Chair), National Center for Atmospheric Research, Boulder, Colorado M. JOAN ALEXANDER, NorthWest Research Associates/CORA, Boulder, Colorado FREDERICK R. ANDERSON, McKenna Long & Aldridge LLP, Washington, D.C. MICHAEL L. BENDER, Princeton University, New Jersey ROSINA M. BIERBAUM, University of Michigan, Ann Arbor MARY ANNE CARROLL, University of Michigan, Ann Arbor CAROL ANNE CLAYSON, Florida State University, Tallahassee WALTER F. DABBERDT, Vaisala Inc., Boulder, Colorado KERRY A. EMANUEL, Massachusetts Institute of Technology, Cambridge DENNIS L. HARTMANN, University of Washington, Seattle PETER R. LEAVITT, Weather Information Inc., Newton, Massachusetts JENNIFER A. LOGAN, Harvard University, Cambridge, Massachusetts VERNON R. MORRIS, Howard University, Washington, D.C. F. SHERWOOD ROWLAND, University of California, Irvine THOMAS H. VONDER HAAR, Colorado State University/CIRA, Fort Collins ROGER M. WAKIMOTO, National Center for Atmospheric Research, Boulder, Colorado Ex Officio Members ANTONIO J. BUSALACCHI, JR., University of Maryland, College Park ERIC F. WOOD, Princeton University, New Jersey NRC Staff CHRIS ELFRING, Director PAUL CUTLER, Senior Program Officer AMANDA STAUDT, Senior Program Officer MARIA UHLE, Program Officer IAN KRAUCUNAS, Associate Program Officer CLAUDIA MENGELT, Associate Program Officer ELIZABETH A. GALINIS, Research Associate LEAH PROBST, Research Associate ROB GREENWAY, Senior Program Assistant DIANE GUSTAFSON, Administrative Coordinator ANDREAS SOHRE, Financial Associate A qui il faut encore ajouter cette liste de relecteurs "externes" : Peter Huybers, Woods Hole Oceanographic Institution Carl Wunsch, Massachusetts Institute of Technology Connie Woodhouse, National Oceanic and Atmospheric Administration Julia Cole, University of Arizona Lonnie Thompson, The Ohio State University David Chapman, University of Utah Ricardo Garcia-Herrera, Universidad Complutense de Madrid David Brillinger, University of California, Berkeley Robert Stine, University of Pennsylvania Alexander Flax, Independent consultant Claus Frohlich, PMOD Technologies Richard Muller, Lawrence Berkeley Laboratory Thomas Crowley, Duke University -
Température des 2000 dernières années
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Pourquoi pas, si tu as quelques indices en ce sens. Le rapport porte sur les 2000 dernières années, donc avant 900 signifie sur le période 0-900. -
Température des 2000 dernières années
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Evidemment, chacun regarde midi à sa porte. Moi le premier, c'est de bonne guerre /emoticons/happy@2x.png 2x" width="20" height="20"> Je constate que Real Climate est surtout attaché à défendre Mann, ce qui n'est pas très étonnant. Pour cela, ils retiennent les bons points du rapport NRC... mais ne mentionnent pas tellement les mauvais. Si l'on se concentre là-dessus, voici par exemple deux critiques du rapports NRC sur le travail de Mann (1998, 1999). Page 107 The more important aspect of this criticism is the issue of robustness with respect to the choice of proxies used in the reconstruction. For periods prior to the 16th century, the Mann et al. (1999) reconstruction that uses this particular principal component analysis technique is strongly dependent on data from the Great Basin region in the western United States. Such issues of robustness need to be taken into account in estimates of statistical uncertainties. [Commentaire : L'analyse en composante principale choisie par Mann et al. 1999, que le NRC juge par ailleurs "peu recommandée" en page précédente (106), rend sa reconstruction des mille dernières années très dépendante d'un petit nombre de proxies ; en l'occurrence une fameuse série de pins dont on sait qu'elle a connu une croissance anormalement forte au XXe siècle, en réponse probable au CO2 et non aux Tm] Page 107 Regarding metrics used in the validation step in the reconstruction exercise, two issues have been raised (McIntyre and McKitrick 2003, 2005a, . One is that the choice of “significance level” for the reduction of error (RE) validation statistic is not appropriate. The other is that different statistics, specifically the coefficient of efficiency (CE) and the squared correlation (r 2), should have been used (the various validation statistics are discussed in Chapter 9). Some of these criticisms are more relevant than others, but taken together, they are an important aspect of a more general finding of this committee, which is that uncertainties of the published reconstructions have been underestimated. [commentaire : La critique de McIntyre et McKittrick sur la question technique des méthodes statistiques de Mann n'est pas rejetée, et le NRC considère qu'il s'agit d'un "aspect important" d'un phénomène plus général, la sous-estimation des incertitudes dans les reconstructions] Je constate donc que les deux principales critiques de MI et MK sont retenues comme valides par le panel indépendant du NRC. Mann et ses amis peuvent crier victoire s'il le souhaite à la suite de ce rapport. Reste que la seule conclusion réalisant aujourd'hui le fameux "consensus" des scientifiques est que la période actuelle est la plus chaude des 400 dernières années et qu'elle est marquée par la sortie d'un petit âge glaciaire centré sur 1700, ceci expliquant d'ailleurs cela. -
Température des 2000 dernières années
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
J'ai reçu le rapport du NRC (il suffit d'envoyer un mail à l'adresse de contact NRC, cf. lien précédent). Il fait 155 pages, je n'ai regardé pour le moment que le chapitre de synthèse. Les principales conclusions sont les suivantes : - La reconstruction des températures passées (anneaux de croissance, mouvements des glaciers, forages glaciaires / sédimentaires, documents historiques) permet de définir un petit âge glaciaire (1500-1850) centré autour de 1700, et une période chaude médiévale ou optimum médiéval centrée autour de l'an 1000. Le PAG est clairement attesté, l'OM l'est un peu moins, en raison de sources moins nombreuses, et d'évolutions régionales moins synchronisées entre 900 et 1300. - On peut dire avec un "haut niveau de confiance" que la température des dernières décennies du XXe siècle a été la plus chaude des 400 dernières années. - Une "confiance moindre" concerne les reconstructions globales de températures entre 900 et 1600. Les températures des dernières décennies du XXe siècle semblent plus chaudes dans "beaucoup", mais pas dans "toutes" les zones. - Le niveau de confiance est très faible pour les reconstructions globales ou par hémisphère avant 900, en raison de la rareté des données. - La conclusion de Mann (1999) selon laquelle les dernières décennies du XXe siècle ont été les plus chaudes du millénaire reste "plausible". Un "degré de confiance moindre" est cependant placé dans l'assertion selon laquelle l'année 1998 ou la décennie 1990 ont été les plus chaudes, car les techniques de reconstruction ne permettent pas de trancher sur une décennie, a fortiori une année. Le seul fait acquis concerne les 400 dernières années. - Certains indices précis (forage antarctique montrant l'absence de réchauffement à l'OM, retrait simultané de la grande majorité des glaciers) laissent penser que la période chaude moderne est sans équivalent dans les 2000 dernières années. Ci-dessous, les courbes déjà connues pour la plupart de reconstruction (anomalie thermique par rapport à la moyenne 1961-1990). On remarque que la reconstruction par deux modèles (en D) est assez médiocre par rapport à ce que disent les majorité des courbes. Ce sont apparemment des modèles d'évaluation des températures présentes qui ont été prolongés dans le passé avec les données des forçages naturels d'avant l'ère industrielle (volcanique, solaire, GES). Autre point de ces courbes : entre les courbes qui retrouvent le plus l'OM (Moberg et Esper en C) et les températures actuelles (A), l'écart est de 0,4 °C env. entre le pic de l'OM et les anomalies présentes. Ce que je retiens pour ma part : - le climat passé a connu des oscillations naturelles assez marquées, quasi-certaines pour le PAG et probables pour l'OM. La principale conclusion de la "courbe de hockey", qui lui avait valu ce surnom, a une probabilité faible d'être exacte (à savoir que le manche de la crosse, assez rectiligne, n'indiquait pas de mouvement thermique très significatif à l'échelle globale avant l'ère moderne, et cela au cours des 1000 dernières années). Je répète ce que j'ai déjà dit ailleurs : la question du "record" de 1998 ou de la décennie 1990 est un simple amusement médiatique. La vraie question pertinente pour les modèles est d'estimer les amplitudes de la variabilité naturelle à l'échelle pluridécennale ou séculaire. - l'amplitude thermique globale des 1100 dernières années semble de 1,2 °C maximum entre les Tm actuelles (les plus hautes) et les Tm les plus basses de certaines reconstructions. Le réchauffement 1860-2000 (env. 0,6°C sur 150 ans) représente la moitié de cette amplitude. Certaines courbes (Esper) indiquent une amplitude légèrement supérieure à 1°C (vers la baisse) en 350 ans (950-1300). Le réchauffement de l'ère moderne est significatif, probablement plus élevé que les amplitude précentes sur un temps plus court, mais de l'ordre de quelques dixièmes de degré seulement. En l'état des connaissances, il est difficile de quantifier les parts anthropiques et naturelles. Si le réchauffement constaté depuis 1980 et 1990 se poursuivait à son rythme sur deux ou trois décennies, il deviendrait en revanche plus évident que la période chaude moderne est nettement anormale par rapport aux 2000 dernières années. - si Moberg, Esper ou les autres courbes trouvant une variabilité passée prononcée se révèlent finalement proches de la réalité, la médiocre qualité de la reconstitution des modèles est un indice de plus laissant penser que ces modèles (au moins ceux employés dans le rapport NRC) prennent difficilement en compte les facteurs naturels de variabilité (donc, la part relative des facteurs anthropiques). - le GIEC 2001 a commis une imprudence en reprenant la courbe de hockey (dans le résumé de la partie scientifique et le résumé général pour décideurs) comme seule représentation du climat passé. Ce genre d'imprudence, difficile à comprendre pour un organisme qui regroupe des "centaines d'experts" et met 5 années à travailler sur ses rapports, est de nature à semer inutilement le doute dans les esprits. Les courbes : Légende : Large-scale surface temperature variations since A.D. 900 derived from several sources. Panel A shows smoothed and unsmoothed versions of the globally and annually averaged “HadCRU2v” instrumental temperature record (Jones et al. 2001). Panel B shows global surface temperature reconstructions based on glacier length records (Oerlemans et al. 2005) and borehole temperatures (Huang et al. 2000). Panel C shows three multiproxy reconstructions (Mann and Jones 2003, Moberg et al. 2005, and Hegerl et al. 2006) and one tree-ring-based reconstruction (Esper et al. 2002, scaled as described in Cook et al. 2004) of Northern Hemisphere mean temperature. Panel D shows two estimates of Northern Hemisphere temperature variations produced by models that include solar, volcanic, greenhouse gas, and aerosol forcings, as described by Jones and Mann (2004). All curves have been smoothed using a 40-year lowpass filter (except for the unsmoothed instrumental data), each curve has been aligned vertically such that it has the same mean as the corresponding instrumental data during the 20th century, and all temperature anomalies are relative to the 1961–1990 mean of the instrumental record. -
L'arrivée d'internet et ses conséquences
charles.muller a répondu à un sujet de LuNaTic dans Météo, environnement et société
En effet, je peux sans doute aller aux archives pour trouver les historiques climato. Mais en 2006, cela ne me paraît quand même pas difficile de mettre en ligne des séries de chiffres. Et à 20 ou 30 euros les trente années pour des données brutes d'un seul critère sur une seule station (Climathèque), cela fait quand même cher le coût "d'édition, de transport et de personnels" (surtout qu'en l'occurrence, il n'y a que le personnel vu que les autres coûts sont du temps de clic pour le visiteur). Les chercheurs et des passionnés du climat (qui consomment ces données historiques) ne représentent quand même pas un marché immense. Je constate en tout cas que 90% des données gratuites en ligne de climato. se trouve sur des sites américains, ce qui tranche pour une fois avec l'image mercantiliste de ce pays. -
La maladie de Lyme (ou borréliose) est une pathologie provoquée par la bactérie spirochète Borrelia burgdoferi, par le biais d'un vecteur : la tique. L'homme peut la contracter et, s'il n'est pas soigné assez rapidement par antibiothérapie, l'infection provoque des troubles articulaires et cérébraux graves plusieurs années après la contamination. L'Europe, l'Amérique du Nord et l'Australie sont les principales zones de contamination. Il a été fait l'hypothèse que cette pathologie pourrait se répandre, comme d'autres maladies à vecteur, du fait du changement climatique en cours. Pour étudier la question, Richard S. Ostfeld et son équipe ont mesuré sur 13 années l'évolution de la population des tiques (nymphes, adultes) dans la zone de contamination la plus fréquente aux Etats-Unis (forêts du comté Dutchess). Ils ont observé la co-évolution de six variables concernant le climat (température, précipitation), les vecteurs (daim, souris, écureuil) et la nourriture principale de ces vecteurs (gland). Résultat : la fréquence des tiques nymphes et adultes contaminés par la bactérie est fortement corrélée à l'abondance des rongeurs l'année précédente, et des glands deux années auparavant. L'inclusion des daims ou des variables climatiques n'apportent aucune amélioration aux modèles prédictifs fondés sur les rongeurs et les glands. On trouve une densité totale un peu plus forte de nymphes lorsque l'été précédent a été chaud et lorsque les précipitations de l'année en cours ont été moyennes (ni haute ni basse, ce qui a u effet négatif). Mais les variables climatiques n'ont aucune incidence sur la prévalence de l'infection bactérienne parmi ces nymphes. L'étude est parue dans le journal open access PLoS Biology. On peut donc la consulter en ligne ou la télécharger (anglais, lien ci-dessous). PLoS Biology | Volume 4 | Issue 6 | JUNE 2006 Climate, Deer, Rodents, and Acorns as Determinants of Variation in Lyme-Disease Risk Richard S. Ostfeld1*, Charles D. Canham1, Kelly Oggenfuss1, Raymond J. Winchcombe1, Felicia Keesing1,2 http://biology.plosjournals.org/perlserv?r...al.pbio.0040145 *** Si vous avez été mordu par une tique, pas d'affolement particulier : un antiseptique local (alcool) suffit en général. En revanche, si vous constatez dans les 2-3 semaines qui suivent une rougeur persistante sur la zone de morsure et/ou un symptôme grippal, filez chez votre médecin. La maladie de Lyme est une vraie chiennerie quand elle n'est pas soignée rapidement après contamination, car la bactérie endommage peu à peu vos tissus articulaires, cardiaques et surtout nerveux.
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Le Congrès américain, à l'incitation de l'administration Bush, a demandé que soit élaboré un certain nombre de rapports de synthèse sur les grandes questions climatiques - des rapports indépendants de ceux du GIEC. Le premier rapport sur la question des températures troposphériques mesurées par ballons sondes et satellites (et leur rapport aux températures de surface) a été publié voici quelques semaines et nous nous en étions fait l'écho sur ce forum. Le second rapport va être publié demain (22 juin) par le National Research Council des Académies américaines des sciences. Les détails figurent au lien ci-dessous (on peut notamment suivre en direct le briefing, qui doit durer une heure). Des "review copies" gratuites du rapport devraient être disponibles très bientôt et je vous tiendrai bien sûr informés. http://www.climatescience.gov/events/index...ast-2000-years/ Ce rapport du NRC devrait être l'occasion de vérifier l'actualité de la crosse de hockey, dont l'avant-projet GIEC/IPCC 2007 donnait déjà une petite idée. L'intérêt des rapports demandés par Bush / le Congrès est qu'ils se focalisent sur les questions les plus débattues et font intervenir tous les acteurs majeurs de ces débats. Le précédent sur la troposphère avait montré un bel effort de synthèse et d'objectivité.
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Football et météorologie
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Météo, environnement et société
Sans doute, mais si tu vas dans une région tropicale et que tu as une peau claire, tu n'auras pas une peau sombre dans les cinq années qui suivent (pour prendre un exemple classique de l'intérêt adaptatif de la mélanine dans les régions à forte insolation). Ni tes enfants, si ta femme a également une peau claire. Contrairement à ce que tu sembles penser, les gènes d'Homo sapiens ont connu beaucoup de variations au cours des 300.000 dernières années, notamment des adaptations locales. Un exemple très connu concerne le lait des animaux d’élevage. Certains adultes ne peuvent le boire, car ils ne produisent pas assez de lactase (enzyme qui métabolise le lactose, principal sucre du lait). Or, certaines mutations génétiques de la région lactase du génome sont directement impliquées dans la tolérance ou l’intolérance au lait. Sans surprise, on retrouve les mutations favorables chez les peuples qui ont fait un usage massif de l’élevage (au Moyen Orient, en Europe et chez les pastoralistes d’Afrique). Cette association montre qu’une invention culturelle (l’élevage) change peu à peu notre constitution biologique (les moins adaptés à l’innovation se raréfient). Pour revenir au climat, la conquête des territoires froids de l'Eurasie, puis des zones arctiques a eu lieu à plusieurs reprises. Concernant la dernière vague de colonisation par Homo sapiens (nous), il semble que les premières migrations sibériennes soient constatés dans la période 20.000-40.000 ans BP (estimation conservatrice). Cela laisse cinq fois plus de temps que l'agriculture pour voir émerger des adaptations génétiques aux climats froids.