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mottoth

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Tout ce qui a été posté par mottoth

  1. C'est assez fastidieux mais pas compliqué : Il suffit de creer un calque sur Google Maps (un compte google standard suffit), puis d'ajouter une par une les localisations. Je posterais un petit tuto aujourd'hui ou demain pour vous montrer comment je rajoute une fiche sur la carte climat du monde.
  2. A part la différence notable en avril le reste ne me choque pas. Après je trouve que Karstenhaustein est très utile pour visualiser "en temps réel" les gros coups de chauds et de froid de la planète, mais rien ne vaut ensuite les résultats officiels des agence météo pour affiner et valider.
  3. C'est depuis le 1er du mois en cours. Par contre je ne sais pas si les anomalies sont calculées vis-à-vis de la moyenne mensuelle ou de la moyenne des moyennes quotidiennes depuis le 1er du mois, et en effet ce n'est pas la même chose.
  4. mottoth

    Climats du monde

    Non, c'est pas grave, ce topic c'est aussi le voyage, pas que de la climato. Assez improbable aussi le t-shirt du cantonnier qui vit seul sur la route de Topolinoye: The Exploited, vieux group punk Ecossais !!!
  5. mottoth

    Climats du monde

    Je n'aurais pas de quoi faire une fiche sur ces volcans. Le wiki consacré au Mauna Kea a un paragraphe sur le climat à 4200m d'altitude: le gel nocturne semble quasi quotidien toute l'année, de même que le dégel diurne, avec de TNm/TXm qui évoluent de -3.2°c/+5.6°c en janvier à -0.4°c/10.3°c en septembre. Le records de froid semblent être de -11°c, ceux de chaleur autour de +16°c. Le neige est régulièrement présente en hiver au dessus de 3700m, mais probablement jamais en quantité puisque la lame d'eau annuelle est inférieure à 200mm. Quand au Mt Fuji il y a une synoptique qui ne diffuse que t°/Td et pression au sol. Pas de quoi en faire une fiche donc. Il est cependant intéressant de la consulter de temps en temps, notamment pour le voir l'hygrométrie plonger comme en atmosphère libre dans les masses d'air sèches.
  6. mottoth

    Climats du monde

    #675. Hilo. Hilo est une ville d'environ 40 000h sur l'ile d'Hawaii. Pour éviter la confusion entre l'ile et l'archipel, les américains l'appellent tout simplement la Big Island puisque c'est la plus grand ile de l'archipel. Honolulu est à 350kms, Los Angeles 3940kms. On trouve sur cette ile les deux volcans jumeaux Mauna Kea et Mauna Loa, qui culminent tous deux à environ 4200m d'altitude. Ils sont célèbres pour leur gigantisme (le Mauna Loa est la plus haute montagne du monde de la base au sommet, la base étant à 5000m de profondeur) et leurs observatoires scientifiques (astronomique, bien sur, mais aussi d'étude de l'atmosphère puisque on y mesure le taux de CO² qui fait souvent mondialement référence). Hilo est sur la façade est de l'ile, exposées aux alizés ("au vent", "windward" en anglais). Même si nous verrons que les alizés ne sont pas si fort que ça - et même un peu difficile à mettre en évidence sur les roses des vents -, leur élévation contre le relief va donner à cette partie est de l'ile un très fort surplus de précipitations orographiques, et un climat radicalement différent de celui de Honolulu. La station étudiée est sur l'aéroport, à 1.3kms de l'océan, 46kms du Mauna Kea et 63kms du Mauna Loa. Voici un climat équatorial, malgré la distance depuis l'équateur... la situation au vent des alizés permet un arrosage copieux en toutes saisons, avec un cumul annuel qui dépasse les 3 mètres ! Voici une comparaison des principaux paramètres avec Honolulu: la différence est impressionnante sur les précipitations (à Hilo la lame d'eau est 7x supérieure à celle de Honolulu, et le nombre de jours de pluies "significatives" - 1mm ou plus - est 5x plus important), et également remarquable sur l'ensoleillement (Hilo ne reçoit que 60% de l'ensoleillement de Honolulu). Le vent moyen est moins fort à Hilo (10.1 km/h en moyenne annuelle) qu'à Honolulu (16.3km/h), ce qui explique les tn plus basses, et ce qui s'explique par le relief imposant de cette grande ile de Hawaii. Voici une représentation des alizés en aout adaptée de ce wiki, nous voyons bien comment les plus gros reliefs insulaires contrarient l'écoulement de l'alizé, ainsi qu'un effet venturi opère là où le vent tangente les côtes et le relief. Du coup les roses des vents ne mettent pas vraiment en évidence les alizés, un régime de brises nocturne de sud-ouest prenant le pas très régulièrement: Les tableaux horaires montrent des régimes de Td et de t° qui trahissent en effet ce régime de brises, et c'est confirmé par le vent prévalent (de sud-ouest la nuit, d'est à nord est durant les heures chaudes). Voici à nouveau le tableaux des moyennes/cumuls mensuels/annuels/trimestriels pour les t° et RR depuis 2000: Il est à nouveau mis en évidence les très longues périodes d'anomalies chaudes ou froides (parfois plusieurs années) en relation avec les anomalies de SST. Les différents exemples de saisons présenté sont encadrés, vous voyez notamment pourquoi j'ai choisi l'hiver 2014 et l'été 2003 comme années témoins les plus représentatives possibles, et comment il serait difficile voire impossible de trouver meilleurs exemples sur cette période d'étude. Voici donc l'hiver 2014, où les pluies de mars ont compensé les deux premiers mois assez secs. Contrairement à Honolulu c'est "l'hiver" qui est ici la saison la plus agréable: on y trouve de belles séquences de beau temps, qu'on ne trouvera plus durant les autres saisons. Ce beau temps est accompagné d'amplitudes thermiques diurnes parfois un peu surprenantes, elle peuvent s'approcher de 15°c. On a vu sur la fiche d'Honolulu que le mauvais temps y sévissait lorsque l'alizé cède la place à un autre vent, et notamment le Kona qui vient du sud ouest (Kona = ouest ou "sous le vent" en Hawaïen, pour désigner le côté des iles habituellement sous le vent et normalement sec). Mais ces situations de Kona peuvent donner paradoxalement ici des situations de beau temps, comme par exemple la 2e décade de janvier où ce régime semble avoir dominé. Pour le reste on trouve les précipitations fréquentes et parfois fortes, ce mois de mars 2014 n'a rien d'extraordinaire malgré ses presque 500mm: BONUS: février 2008, très contrasté avec des inondations en début de mois, puis une deuxième quinzaine paradisiaque. Passons à l'été, voici notre été étalon de 2003. Les précipitations sont quasi quotidiennes, nous n'avons plus de belles séquences de beau temps comme en hiver. C'est vraiment pas reluisant. BONUS: aout 2018, avec une rare occurrence de cyclone qui concerna l'archipel de Hawaii. Ce n'est pas le vent qui fut à remarquer lors de l'approche de Lane, mais bien les pluies diluviennes: BONUS: la fin de l'été 2015. En conjonction avec le très fort Niño de 2015/2016, voici un été très chaud et aussi très humide: le Td moyen s'est maintenu à un niveau anormalement haut, avec des précipitations excédentaires. BONUS: novembre 2000, avec le record de précipitation de Hilo sur 24h glissantes (691.9 mm le 2/11) au passage du la tempête tropicale Paul. Voilà, vous l'aurez vu cela ne manque pas d'eau et l'on a rapidement retrouvé des épisodes de précipitations extrêmes en abordant la zone tropicale à l'occasion de cette série. C'est tout pour aujourd'hui !
  7. Pour l'Europe: http://www.karstenhaustein.com/reanalysis/gfst62/ANOM2m_europe/ANOM2m_pastMTH_europe.html Pour la dernière actualisation (8 juin): -0.84°c pour la France ("F: -0.84K").
  8. mottoth

    Climats du monde

    #674. Honolulu. C'était en effet facile à trouver, voici aujourd'hui Honolulu pour débuter une petite série sur le Pacifique nord. Honolulu est la plus grande ville de l'archipel de Hawaï, elle compte 800 000h avec son agglomération. Nous sommes sur l'ile de Oahu, qui est la plus urbanisée. Los Angeles est à 4110kms, Anchorage 4470kms, Tokyo 6200kms. Nous sommes ici à la latitude des alizés, qui soufflent principalement de l'ENE. Le relief de l'ile d'Oahu va donc placer Honolulu au côté "sous le vent", avec un effet de foehn systématique lorsque l'alizé est en forme, et des précipitations bien plus faibles que de l'autre côté des montagnes (le côté "au vent"). l'ile d'Oahu mesure 72kms dans sa plus grande dimension. La station étudiée est sur l'aéroport, à 930m de l'eau et 8.5kms du centre ville. Vue vers le nord est: C'est donc une variante sèche du climat tropical d'alizé océanique marqué, tellement sèche que l'on tomberait dans la semi-aridité d'après Köppen. L'intensité de l'effet d'abri "sous le vent" est corrélé à la force de l'alizé, et comme c'est en été que celui ci est le plus fort et bien c'est à cette saison que les précipitations sont les plus faibles. Nous verrons dans les exemples de saisons que les précipitations significatives se produisent lorsque l'alizé est en panne. L'insularité garantie des températures modérées, avec un record absolu de chaleur de seulement 35°c, et l'hygrométrie n'est pas si élevée en raison notamment du fait que l'alizé est foehné par le relief: la chaleur ressentie n'est au final pas aussi forte que dans un climat tropical standard. Ceci, les faibles pluies, et le fort ensoleillement confèrent à ce climat ce caractère si attractif de la côte sud de l'ile d'Oahu et explique logiquement la forte urbanisation. Les roses des vents sont sans équivoque, avec une prédominance écrasante de l'alizé d'ENE durant toute l'année. En hiver on a parfois des queues de perturbation polaires avec un renversement temporaire du vent, ce sont ces épisodes qui offrent les meilleures occasion d'avoir de bonnes pluies. Voici pour une fois le tableau que j'utilise principalement pour trouver les exemples de saisons, qu'il soient les plus normaux possible ou les plus extrêmes (NB: compte tenu du décalage thermique du à l'océanicité, les saisons sont décalées d'un mois et je considère Janvier-Février-Mars comme "l'hiver"). L'intérêt de ce tableau ici c'est qu'il met en évidence les longues périodes d'anomalies chaudes ou froides: elles sont en relation avec la température de surface de l'océan (SST). Depuis 2014 les américains parlent du Blob lorsque les anomalies positives de SST du pacifique sont fortes et étendues; on voit bien l'impact de celui de 2019 sur les étés d'Honolulu: chaud ! Les périodes encadrées en noir sont les exemples de saisons "normaux" que je vais vous présenter, et il y aura aussi des exemples carrément froids, chauds, humides ou secs. D'ores et déjà on peut constater la grande variabilité des précipitations annuelles, qui ont varié de 180mm en 2000 à 927mm en 2004. Voici donc un hiver "normal", début 2014. Les périodes sous l'alizé sont très agréables, avec une chaleur très modérée et du beau temps. Parfois celui-ci faibli, et on peut même avoir des incursions d'origines polaires: la perturbation du 2 janvier est un bon exemple avec d'abord un vent de sud à sud-ouest chaud et humide puis une bascule de nord-ouest à nord et une baisse sensible de l'hygrométrie les jours suivants. On a aussi des périodes où un vent de dominante sud-est s’établit avec une certaine humidité et parfois de la pluie (février a bien été concerné par ce régime). BONUS: Voici un exemple d'hiver sec, malgré un alizé pas vraiment en forme: les précipitations s'apparentent en fait ici à une véritable loterie quelque soit le régime en place, et durant ce début d'année 2016 on a eu aucune pluie significative malgré des régimes favorables. BONUS: une fin d'hiver très pluvieuse, mars 2006. La panne de l'alizé est très nette durant la deuxième quinzaine très arrosée, où l'on a essentiellement un régime de sud-est et quelques bascules du nord-ouest. Notez aussi l'hygrométrie très élevée (une anomalie de Td de +2°c est énorme pour ce genre de climat), avec probablement des valeurs d'eau précipitable inhabituellement élevées dans l'atmosphère. Les intersaisons (printemps et automne) ne sont que des transitions peu intéressantes, passons donc directement à l'été. Voici 2017 que l'on qualifiera de normal. Le temps est d'une régularité absolue sous l'alizé quasi-constant. Ses seules défaillances on donné une journée au Td inhabituellement élevé le 24/07 et laissé se développer un bon orage le 29/08. Et c'est à peu près tout, pour le reste du temps on ne récupère que des traces des pluies qui se déroulent de l'autre côté du relief sur la côte nord-est de l'ile. Notez l'hygrométrie parfois vraiment basse pour un climat à la fois tropical et insulaire, la chaleur est rarement vraiment pénible. BONUS: juillet 2012, au milieu d'un été particulièrement frais (le plus frais de ma période d'étude). Et pourtant l'anomalie de t° n'est que de -1°c. BONUS: l'été de tout les records de chaleur, 2019, avec notamment le record absolu de 35°c le 31/08. Un article détaillé était sorti en septembre dernier sur le blog Cat 6. BONUS: l'été remarquablement arrosé de 2015. On eu à la fois une pause de l'alizé autour de 25/08 donnant 4 jours de bonnes pluies, et une quantité de vapeur d'eau bien plus forte que d'habitude avec des niveaux de Td très anormaux (et pour le coup une chaleur nettement plus pénible que d'habitude). Ce surplus d'eau précipitable semble avoir porté ses fruits même lorsque l'alizé était présent (durant la deuxième période bien pluvieuse du 11/09 au 15/09). Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
  9. mottoth

    Climats du monde

    Je ne sais pas vraiment, mais je ne peux m'empêcher de penser à mes collègues qui sont au bout de leur vies dès qu'il fait -2°c et qu'il faut gratter la voiture... #674. ??? Changement radical par rapport à la Sibérie pour la suite... mais d'où s'agira-t-il ? A vous de trouver !
  10. mottoth

    Climats du monde

    #673. Agzu. On termine donc cette longue série russe avec Agzu, 160 habitants dont la plupart sont Ouhédés (Udege en anglais). La station étudiée est considérée comme "inaccessible" par le service météo du territoire du Primorié: ce village, le plus nordique de ce territoire, est uniquement accessible par hélicoptère (un vol hebdomadaire depuis Terney) ou par le fleuve Samarga. Khabarovsk est à 265kms, Terney 310kms, Yuzhno-Sakhalinsk 335kms, et Moscou 6390kms. Le fleuve Samarga s'enfonce dans le relief du Sikhote Aline, la mer du Japon est à environ 50kms du village. Vue vers le sud. La station et le village sont dans une zone relativement plane un peu en retrait du fleuve, au milieu de la foret. La lisière de celle ci à proximité immédiate du parc à instruments (20 à 30m) doit couper un peu le vent, mais nous le verrons cet endroit est de toute façon peu venté : tout va donc contribuer à de fortes amplitudes thermiques diurnes dans ce fond de vallée. Le cas de cette station est intéressant car il montre comment s'opère la transition entre le climat du littoral (dont Terney est un exemple) et celui de la plaine de l'Amour de l'autre côté du Sikhote Aline (avec l'exemple de Khabarovsk). On obtient d'ailleurs un ICA intermédiaire de 1.57, entre 1.14 à Terney et 1.84 à Khabarovsk. Il fait évidemment bien plus froid en hiver ici que sur la côte, avec 10°c de moins sur les TNm, grâce essentiellement au vent très faible. La comparaison entre Agzu et Terney est un peu la même que celle entre Arka et Okhotsk établie il y a quelques jours: le vent hivernal est bien plus fort sur la côte en sortie de couloir venteux que dans les vallées de l'intérieur, avec des t° nettement moins froides mais des IRE souvent comparables entre les deux milieux. Et comme à Arka malgré le vent faible on peut considérer que la zone est sous une subsidence quasi permanente en hiver depuis les montagnes, avec une compression adiabatique qui donne un air plus sec et moins froid que dans les bassins de l'intérieur du continent: de fait l'hiver à Agzu est moins froid qu'à Khabarovsk (2°c de différence en Tm, mais jusqu'à 6°c en Txm) malgré les Tn qui bénéficient d'un refroidissement maximal (ciel clair, vent nul, HR basse). En été c'est l'inverse, avec un climat plus chaud que sur la côte (moins nébuleux, moins gris) mais pas aussi chaud que dans les plaines à l'ouest du Sikhote Aline qui sont elles complètements à l'abri des brises de la mer du Japon. Au sein de ce relief les influences moussoniques pénètrent également moins qu'à Khabarovsk, l'air marin est plus présent et et au final les précipitations estivales y sont moins abondantes que dans la plaine. Sur les roses des vents on voit bien l'influence lointaine de la mer du Japon en été qui remonte du sud par la vallée du Samarga, cet air marin qui rafraichit ce coin de vallée par rapport à la plaine de Khabarovsk et inhibe un peu la convection sur ces montagnes. En revanche l'hiver est sous ce flux subsident de NNO, qui a toute son importance même s'il est peu sensible au niveau du sol. Cette localité - qui se situe à peu près à la latitude de Tours, Dijon ou Nantes - a des amplitudes thermiques diurnes impressionnantes en hiver (13°c en décembre, 15°c en janvier). Nous verrons dans les exemples de saisons de nombreuses valeurs impressionnantes en toutes saisons. Les hauteurs des neige au sol ne sont reportées que depuis fin novembre 2011 dans les synops et bufr, ce qui m'a laissé peu d'années pour trouver un exemple d'hiver. Mais en fait il n'y a jamais d'hiver vraiment normal, notamment au niveau des précipitations: si la lame d'eau moyenne est de 57mm sur DJF, en pratique la répartition se fait surtout autour de deux clusters de valeur moyenne 83mm (11 sur 20 hivers) et 23mm (9 sur 20 hivers). Voici donc l'hiver 2013-2014 qui appartient à la famille des hivers secs, très secs même (11mm sur DJF). Notez aussi que les anomalies thermiques mensuelles sont nettement moins prononcées que dans les régions plus continentales de Sibérie où des anomalies de -5°c/+5°c ne sont pas exceptionnelles: ici avec seulement +2.8°c d'anomalie décembre 2013 fut le plus doux de ma période d'étude, et avec -1.8°c d'anomalie janvier 2014 est l'un des plus froid (le plus froid étant janvier 2013 avec une anomalie de -2.3°c). Le froid radiatif nocturne et le réchauffement diurnes sous les faibles subsidences du relief semblent peu sensibles aux perturbations extérieures (et surtout pas longtemps, on revient vite vers un certain équilibre après un coup de froid ou un redoux). Au quotidien l'hiver est finalement très supportable pour un climat de Sibérie, avec du soleil bien réconfortant après les nuits très froides. La neige est rare et irrégulière selon les années: sur cet exemple les perturbations neigeuses ont été très atténuées, tandis que les bonnes années elles ne sont pas nécessairement plus nombreuses mais plus costaudes. BONUS: comme a Terney certains hivers peuvent être considéré comme "sans neige", tellement les précipitations sont chiches. Voici une partie de l'hiver 2018-2019 (4mm de RR sur DJF), un hiver qui d'ailleurs avait été aussi sans neige à Terney. Au final la période d'enneigement continu retenue pour cet hiver n'a été que de 30 jours (10/12 au 09/01, avec jamais plus de 1cms de neige au sol) contre 133 jours en moyenne. Et pour être complet le printemps 2019 a finalement connu de "vraies neiges" avec une hauteur max de 22cms le 26/03, mais pour une durée d'enneigement moindre durant cet épisode que les 30 jours de décembre-janvier. Voici une comparaison entre Agzu et Terney pour le mois de janvier le plus normal possible. La couleur du ciel est souvent la même entre ces deux localités éloignées de plus de 300kms, mais on constate bien comment le vent souvent fort à Terney limite le froid, et surtout limite le refroidissement nocturne avec 10°c d'écart en moyenne sur les Tn. Conséquence du vent sur l'IRE à Terney: regardez comme les valeurs de t° ressenties sont en revanche plus comparables entre Terney et Agzu, moins de 2 d'écart en moyenne mensuelle (colonne 'BioMet'). Voici l'exemple du printemps 2016: tout est bien normal en mars et avril, avec notamment une flopée de belles journées à très forte amplitude thermique en mars et des neiges tardives récurrentes en avril après la fin de l'enneigement continu. Puis on déraille en mai avec de fortes précipitations et surtout un coup de chaleur hallucinant, autant pour les tx atteintes que pour les amplitudes thermiques diurnes qui dépassent 30°c. Détail des journées du 18 mai au 21 mai 2016. NB: depuis 2013 l'état du ciel et le temps présent ne sont reportés qu'aux heures synoptiques secondaires (3h, 9h, 15h et 21h TU), ce qui explique l'aspect un peu inhabituel des tableaux mensuels. L'été est assez variable: contrairement aux plaines continentales (Khabarovsk, Blagovechensk, Kamen Rybolov) où passé juin l'été est assez "mollasson" avec un niveau de chaleur assez constant et un temps qui a du mal à se décider entre le beau et le mauvais, ici on garde de franches variations de temps présent et de t° selon que la brises marine parvienne à s'imposer jusqu'ici ou non (c'est impressionnant comme j'ai l'impression de me répéter aujourd'hui avec ce que je disais de Arka: les climats de Arka et Agzu sont vraiment similaires si l'on fait fi de la différence de latitude, et la comparaison Arka/Okhotsk et Agzu/Terney fait ressortir les même choses). Les chaleurs peuvent être très marquées lorsque le flux est continental et foehné par les montagnes (ce qui n'est pas forcément mis en évidence par les faibles vents locaux au niveau du sol), ainsi la txx annuelle médiane est ici du plus de 35°c contre 32°c à Khabarovsk. D'un autre côté une fraicheur plus marquée que dans les plaines continentales s'invite régulièrement. On ne retrouve sur cet exemple de 2004 la marque de ce temps "mollasson" décrit plus haut sur cet exemple que durant une semaine, en première décade d'aout, avec des valeurs de Td moyen qui trahissent l'emprise de la mousson asiatique sur toute la région. BONUS: juin 2010, le plus chaud de ma période d'étude, avec quasi 40°c en fin de mois, et toujours ces amplitudes thermiques diurnes spectaculaires. Voici à nouveau une comparaison entre Agzu et Terney, avec un mois de juillet le plus neutre possible. Il est évident que la mer du Japon est vraiment ici la source de fraicheur estivale, avec des Tn moyennes identiques malgré la topographie favorables aux basses tn à Agzu. Enfin un exemple d'automne avec des amplitudes thermiques diurnes encore une fois souvent remarquables lors de belles journées, alors que presque partout ailleurs en Sibérie cette saison est la plus grise de l'année. Malgré les hauteurs de neige au sol non reportées on devine sans mal que le début de l'enneigement continu a eu lieu le 29 novembre, un peu tardivement donc malgré le gel déjà bien installé: il faut bien comprendre que les perturbations bien précipitantes sont rares dès le milieu de l'automne et que le démarrage de l'enneigement est suspendu plus à l'arrivée de neiges significatives que de celle du froid qui fait rarement défaut. Voilà, c'est fini pour la Sibérie et le Grand Nord Russe.
  11. mottoth

    Climats du monde

    #672. Arka. L'étape d'aujourd'hui peut vraiment être considérée comme un bonus, puisque nous sommes très proche (94kms) d'une localité déjà étudiée ici, Okhotsk. Arka est un village d'environ 600 à 650h avec une minorité importante d'Evènes - un point commun avec l'étape précédente à Tompo / Topolino -, où la culture du renne est prédominante. C'est la commune la plus nordique du territoire de Khabarovsk (distante de 1365kms !). Beaucoup de critères de définition de l'appartenance au "Grand Nord" sont là: le climat (subpolaire), le permafrost continu, l'éloignement/isolement, et des critères plus russes comme les communautés indigènes au mode de vie plus ou moins autarcique. Magadan est à 475kms, Ayan 470kms, Oymyakon 355kms, Tompo 545kms, Yakutsk 715kms, et Moscou 5550kms. Arka est à la confluence de la rivière du même nom et du fleuve Okhota. Celui ci s'écoule ensuite dans une plaine qui débute à 20kms au sud du village et s'étale jusqu'à la mer. Les environs du village sont par contre assez montagneux, avec vers les nord des reliefs de plus en plus élevés et notamment le Suntar-Khayata qui fait office de frontière climatique entre cette région et le plateau d'Oymyakon plus au nord. On voit mieux ici les nombreux fleuves assez courts qui s'écoulent en direction de la mer d'Okhotsk. Nous allons bien sur constater d'énormes différences entre le climat d'Arka et celui de Okhotsk, à commencer par le vent: il souffle en moyenne deux à trois fois plus fort à Okhotsk, à l'interface des milieux terre et mer et sans relief pour freiner le vent, tandis qu'à Arka les monts entourant les vallées coupent le vent. La station étudiée est dans la partie sud du village, au bord de ce qui était autrefois une piste d'atterrissage. L'augmentation de la continentalité par rapport à Okhotsk n'est pas vraiment une surprise: l'ICA passe de 1.27 à 1.68 ici, et le climat d'Arka est subarctique continental marqué, pas loin d'hypercontinental. Le froid hivernal est évidemment bien plus prononcé ici, essentiellement en raison du vent bien plus calme, ainsi en janvier les tn sont en moyenne 8°c plus froides ici. Mais du point de vue du ressenti la différence est quasi nulle en raison des IRE bien plus prononcés à Okhotsk, ainsi la T° moyenne ressentie - qui équivaut à l'IRE moyen dans ces conditions - est identique dans les deux localités en décembre et janvier, et elle est même un peu plus basse au bord de la mer en février (-26.5 à Okhotsk contre -25.1 ici). En été c'est un peu l'inverse, avec des Tx bien plus élevées ici (5°c de différence en juillet) qui tirent un peu la Tm vers le haut, les brises marines froides et la grisaille de la mer d'Okhotsk ne pénétrant pas jusqu'ici à moins d'une synoptique favorable. Par contre au niveau des précipitations le régime est vraiment quasi identique entre les deux villes, avec un hiver sec qui se déroule majoritairement sous des subsidences d'origines continentales, et un été très arrosé sous un flux marin dominant. Ces deux flux saisonniers sont très bien mis en évidence sur les roses des vents, et leur nature thermique ne fait aucun doute: - continent froid -> mer moins froide (bien que gelée) en hiver. Le flux hivernal peut être qualifié de catabatique (à Okhotsk ou Madagan surtout). - mer froide -> continent chaud (surtout avec ces montagnes) en été . Les amplitudes thermiques sont importantes en hiver, avec un réchauffement diurne inhabituel pour cette latitude (60°N). Comme à Okhotsk la majorité de l'hiver se déroule sous un soleil très présent et une atmosphère asséchée par le courant catabatique pourtant peu sensible ici. Le froid est donc bien plus intense qu'à Okhotsk avec les -40°c atteints chaque hiver, mais le vent souvent faible rend au final ce froid pas plus difficilement supportable que celui d'Okhotsk. Les grosses perturbations sont rares, mais peuvent donner des abats neigeux remarquables: l'enneigement est assez variable d'un hiver à l'autre en fonction de leur fréquence. Voici un comparatif d'un mois de janvier pour Arka et Okhotsk. J'ai essayé de trouver un mois au bilan de t° neutre pour les deux localités, ce qui n'a pas été si facile. Les t° sont quasi identiques lors des redoux perturbés, en revanche les périodes de beau temps froid donnent des écarts de tn régulièrement compris entre 10°c et 15°c entre les deux localités. Notez par contre les écarts bien plus réduits voire parfois inversés pour ce qui est de l'IRE (colonne 'BioMet') en raison du vent constant à Okhotsk. Les amplitudes thermiques diurnes sont encore une fois souvent impressionnantes au printemps, dépassant fréquemment les 20°c. Jusqu'en avril c'est souvent très beau, puis ça se gâte en mai avec des neiges tardives typiques des abords de la mer d'Okhotsk. Début avril on a un autre exemple de variation brutale de la couche de neige après des semaines de stagnation suite à une perturbation neigeuse tenace. L'été est assez contrasté, on oscille entre un temps gris, frais, et parfois abondamment pluvieux bien connu des habitants d'Okhotsk, et du beau temps chaud en journée et frais la nuit bien connu des localités plus enclavées de Sibérie Orientale (cf les deux dernières fiches, Tompo ou Zyryanka). BONUS: aout 2016, le mois le plus pluvieux de ma période d'étude et aussi le seul mois d'aout marqué par une offensive neigeuses très précoce le 28. Je vous avait déjà montré l'exemple bien plus impressionnant de la neige de fin aout 2005 à Aldan et Chulman, mais ces deux villes sont à 700m ou 800m d'altitude, alors qu'ici nous sommes en plaine à 200m du niveau de la mer et surtout pas très loin de celle ci. Le petit cm de neige mesuré le lendemain matin est donc quand même assez exceptionnel pour cette latitude. Voici une comparaison entre Arka et Okhotsk pour un mois de juillet assez normal thermiquement. On retrouve l'emprise quasi constante de l'humidité maritime à Okhotsk avec des tx indignes d'un été et très peu de soleil, alors que dans les terres le beau temps et la chaleur s'expriment beaucoup plus facilement. On termine avec un exemple d'automne, un collage entre trois années différentes vu l'impossibilité de trouver un exemple satisfaisant sur ces 20 dernières années. Les gelées sont déjà régulières en septembre, par contre les belles journées sont toujours marquées par d'importantes amplitudes thermiques diurnes. Ensuite la neige s'installe généralement à mi-octobre, mais c'est très dépendant les dépressions qui boudent souvent la moitié nord-ouest de la mer d'Okhotsk en période hivernale donc un retard ou une avance d'une dizaine de jours n'a rien d'anormal. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, il me reste une dernière étape à Agzu (dans quelques jours) avant de prendre une autre direction.
  12. mottoth

    Climats du monde

    Je comptais en effet parler prochainement, en guise de conclusion de cette série Sibérienne, de la notion de Grand Nord chez les Russes, car elle est en effet un peu surprenante. Le wiki anglais en donne apparemment une bonne approche malgré les réserves en début d'article, car on retrouve la même carte dans le papier de l'ENS: Vous le voyez cette notion ne dérive pas que des conditions climatiques mais aussi d'une approche logistique et surtout ethnique, où tout ce qui n'a pas été fortement colonisé par les slaves est inclus, y compris certaines enclaves assez méridionales comme la République de Touva.
  13. Le désert du Dhofar a une fois de plus connu un mois de mai incroyablement pluvieux suite à la stagnation d'une dépression tropicale (l'invest 92A dont il est question à partir d'ici), voici le résumé du mois de mai dernier à Salalah:
  14. mottoth

    Frigo sibérien en route

    Je fais une somme de vecteurs (une observations horaire ou tri-horaire = un vecteur) pour déterminer la direction dominante sur 24h. Puis la valeur de vitesse est tout simplement la moyenne sur 24h.
  15. mottoth

    Frigo sibérien en route

    Petit bilan de ce énième mois trop chaud en Sibérie Occidentale et Centrale: Dikson a connu son mois de mai le plus doux de son histoire, avec ce record mensuel de 11.1°c le 21 (AR 10.4°c le 24/05/1941). Fin d'enneigement le 22 mai, avec 4 semaines d'avance sur la moyenne (16 juin) ! J'ai très eu de recul sur la climato de Norilsk (8 années), à priori le record mensuel n'a pas été battu (22.8°c, date inconnue). J'ai inclus aussi avril, avec une anomalie aussi démente que celle de mai. L'enneigement a pris fin avec plus d'un mois par rapport à la date moyenne. Khantanga a explosé son record mensuel de chaleur, et ce mois de mai fut également le plus chaud de l'histoire de la station. Turukhansk enchaine également les mois records: avril et mai sont les plus chauds de l'histoire de la station, et le 28.3°c du 22/05 est un nouveau record mensuel (AR 27.5°c le 27/05/2011). Plus à l'est les anomalies mensuelles sont moins prononcées, ici à Olenyok mai 2020 est loin de mai 2013 (Tm de 6.8°c). En revanche le record mensuel de txx a été explosé de 3 degrés (AR 25.4°c en 1937). Encore plus à l'est l'anomalie thermique devient banale, par contre le record mensuel de chaleur a bien été battu à Zhigansk avec 30.1°c le 25 (AR 28.5°c le 24/05/1990). Notez le retour de la neige quelques jours plus tard. Tura: record mensuel de txx égalé le 24/05 (31.3°c les 23/05/1990 et 25/05/1999). Notez les belles amplitudes durant la vague de chaleur: Je n'ai pas pas de données pré-2000 pour Napas mais vu l'anomalie on doit pouvoir s'avancer à annoncer le mois de mai le plus chaud de l'histoire de cette station: c'est la constance des conditions douces ou chaudes qui est notable, car si l'on a pas battu de record mensuel de txx (32.8°c le 16/05/2004) on n'a en revanche enregistré aucun jour de gel contre une moyenne de 11.5. Là c'est en revanche officiel à Omsk, c'est aussi le mois de mai le plus chaud de l'histoire de cette station. Aucun gel non plus (normale: 3 jours). A notez que le record de txx n'a pas été inquiété (35.5°c en 2004). Enfin pour finir on sort un peu de la Sibérie pour constater qu'en Asie Centrale la situation fut tout aussi remarquable. Nur-Sultan a battu son record mensuel de txx à deux reprises les 25 et 26 (AR 35.7°c le 19/05/1961) et aussi le record de Tm mensuelle. A Aralsk, au nord-est de la mer d'Aral, la canicule de la dernière décade a fait tomber le vieux record de txx mensuelle de 1906 (39.9°c le 29/05/1906). Notez qu'il a fait 41.4°c hier le 2 juin, donc a 48h près ce record aurait encore pu être amélioré.
  16. On enchaine les mois à très forte anomalie positive à Tomsk, et de manière plus générale en Sibérie Occidentale et Centrale. Ce mois de mai n'a rien d'exceptionnel pour la chaleur (2001 et 2004 ont été plus chauds) mais - il s'est révélé particulièrement arrosé sans être pour autant maussade (précipitations convectives) - et surtout se démarque par l’absence totale de gelées (on en observr 6 en moyenne en mai et la dernière gelée se produit d'habitude autour du 18 mai).
  17. Pour la 3e année consécutive Chicago a battu le record du mois de mai le plus pluvieux:
  18. On ne s'est pas ennuyé dans votre secteur durant ce mois de mai, avec en effet de beaux contrastes. A noter que le 33.5°c du 28 n'a rien d'extraordinaire (contrairement à la valeur de Montréal), il suffit de remonter à 2012 pour trouver plus et plus tôt dans la saison: 34.1°c le 20/05/2012. On a frôlé également les 33°c en 2018 (32.9°c le 31) et en 2007 (32.6°c et 32.7°c les 24 et 25).
  19. mottoth

    Climatologie mai 2020

    Un mois chaud et ensoleillé à Lyon. Il y a une valeur d'insolation manquante dans les synops le 20 mai, MF a arrondi a 14h la valeur de ce jour là donc j'ai comblé ce trou avec une valeur de 13.6h qui a l'air de correspondre à la valeur max atteignable un 20 mai. L'impression que m'a laissé ce mois de mai est bien visible sur ce tableau: c'était tout ou rien, soit un temps maussade sans aucun soleil soit des journées avec quasiment aucun nuage et une insolation proche de 100% du max théorique; les transitions entre ce grand beau temps et le mauvais temps ont étés rapides et l'on est jamais resté un peu entre les deux.
  20. Bilan de ce mois de mai historique à Montréal Trudeau (anomalies calculées par rapport à la climato 2000-2020):
  21. L'enneigement hivernal a pris fin ce matin à Tromso, il aura duré 227 jours (7 mois et demi) contre 171 jours en moyenne depuis 2000. Tout a contribué à rendre cet hiver très neigeux: l'automne et le printemps froids, et des précipitations régulièrement et parfois largement excédentaires depuis janvier. Voici les deux derniers mois:
  22. mottoth

    Climats du monde

    #671. Tompo. Tompo n'est qu'un lieu-dit, c’était un village qui est désormais abandonné, et ce nom désigne donc aujourd'hui surtout la rivière qui coule dans cette région. Le village de Topolinoye à 19kms au nord et au bord de la Tompo est la seule véritable implantation humaine des environs. Yakutsk est à 375kms, Verkhoyansk 420kms, Oymyakon 370kms. Rien qu'à l'évocation de ces trois noms on peut s'attendre à du lourd ! Nous sommes ici dans le sud des Monts de Verkhoyansk. Voici une vue assez vaste de la région, avec notamment les deux bassins de la Yana (Verkhoyansk) et d'Oymyakon qui se comportent comme deux formidables lacs d'air froid en hiver. On voit bien comment différents ensembles montagneux, dont notamment les Monts Chersky, les Monts de Verkhoyansk et le Suntar-Khayata, enclavent ces bassins en coupant les influences modératrices extérieures. Le plateau d'Elgin sépare ces deux bassins, leur conférant une certaine indépendance (à l'échelle du mois on peut connaitre des anomalies opposées à Verkhoyansk et Oymyakon, comme l'hiver dernier "doux" à Oymyakon et plutôt froid à Verkhoyansk). Je signale qu'en plus de remettre à jour les fiches de Verkhoyansk et Oymyakon à l'occasion de cette série Sibérienne j'ai également rafraichi les cartes altimétriques de ces fiches, avec l'ajout de la localisation de quelques stations voisines qui attirent parfois l'oeil sur les tableaux d'Ogimet. Tompo est donc au fond de la vallée de la rivière du même nom. Cette vallée délimite l'extension sud-est des Monts de Verkhoyansk, et est relativement large et profonde: la synoptique de Tompo se fait parfois remarquer en automne avec des grands froids encore plus précoces qu'à Oymyakon ou Verkhoyansk, et la topographie encourage en effet de fortes amplitudes thermiques avec un fort refroidissement nocturne. Vue vers l'est: Une vue de la vallée de la Tompo, près du village de Topolinoye: La station synoptique est donc très isolée avec probablement plus qu'une seule famille qui vit à côté, le reste du village à 500m au nord-ouest étant complétement abandonné. 1.5kms au nord-ouest se trouve la confluence entre la rivière Tompo et la rivière Hunada qui arrive du nord-ouest. @dann17 , je crois que j'ai cassé ton indice ICA ! Avec une valeur de 2.51 on atteint en effet un nouveau record pour cet indice. Ce climat hypercontinental pur se distingue en effet par un été plus arrosé que dans les plaines et bassins voisins: la proximité des reliefs donne un surplus de pluies convectives et/ou orographiques, avec au final une lame d'eau assez copieuse en juillet qui fait exploser la valeur de l'indice. Les étés sont assez chauds compte tenu de l'altitude, avec notamment cette Txm de juillet de 23.6°c, bien supérieure à celle de Verkhoyansk (21.9°c). Le record absolu de 36.4°c (en juillet 2001) est remarquable pour l'altitude de 400m (NB: le record de 37.3°c visible ça et là du 7/7/2018 est à mon humble avis erroné, les données horaires ne plaident pas en sa faveur et d'ailleurs le résumé mensuel climatologique de pogodaiklimat avec des valeur contrôlées à postériori donne une txx de "seulement" 35.1°c). Les hivers sont évidemment très froids, mais pas autant qu'à Verkhoyansk et Oymyakon: le vent en est responsable, avec un courant de nord qui s'engouffre dans la vallée depuis les montagnes et inhibe un peu le refroidissement radiatif - qui reste tout de même intense. En été le vent reste canalisé par la vallée mais est plus variable, on a en fait un régime classique de brises de montagnes (de nord) nocturnes et de brises de vallée (de sud) diurnes. Qu'il est froid le vent hivernal de nord-ouest, qui vient de la vallée de l'Hunada ! L'hiver se déroule en deux parties: - décembre et les deux premières décades de janvier sont sombres, avec un soleil trop bas pour briller au fond de cette vallée. Les amplitudes thermiques sont donc limitées malgré le temps souvent clair et calme. - à partie du 20 janvier le soleil commence à se montrer et s'impose rapidement avec des très beaux cumuls en février. Les amplitudes thermiques augmentent logiquement assez rapidement. Notez certaines journées relativement ventées: même si dans l'absolu des valeurs moyennes proches de 10km/h ne sont pas énormes, par -40°c ou -45°c ça pique vraiment ! BONUS: décembre 2008 avec la vague de froid la plus intense de ma période d'étude, une semaine entière constamment sous les -50°c en milieu de mois ! Et tout ça avec un petit vent bien malvenu. Au printemps c'est du grand classique pour cette région: plein soleil jusqu'à mi-avril avec des amplitudes thermiques diurnes souvent fortes, cela devient plus gris durant la période de dégel avec le démarrage de la convection estivale. L'été n'est pas si mal, les nuits sont fraiches mais les tx souvent confortables. Sur la première moitié de cet exemple d'été 2014 on voit bien l'activité convective diurne avec averses et orages qui se manifestent souvent en journée sans apporter de dégradation durable. Et pour changer c'est un exemple d'été avec une belle prolongation en aout, alors que souvent l'automne est déjà bien plus présent durant ce mois. BONUS: juillet 2012. Un mois par si chaud mais sec, avec pour conséquence des incendies et des les fumées très denses. Voyez cette semaine du 9 au 16 avec 4 jours d'insolation nulle malgré un temps à priori beau (vu les amplitudes thermiques), et certaines visi moyennes très faibles sur 24h (200m le 15 !!!). La fumée est revenue le 31 et début a fait encore pire sous certains aspects, avec des visi moyenne qui sont tombées à 100m certains jours ! J'ai du bricolé un exemple d'automne avec 2007 et 2011, les anomalies mensuelles de t° sont souvent assez prononcées en cette saison et je n'avais pas d'année vraiment moyenne sur chacun des trois mois. C'est bien sur une saison grise, dès le mois de septembre qui ressemble déjà à un de nos mois de janvier en France. Le -17°c du 1/10/2011 est le genre de valeur qui saute aux yeux quand on commence à suivre l'arrivée du froid dans cette région sur Ogimet en septembre et octobre, il y a dans les parages des monts de Verkhoyansk quelques stations comme Tompo qui prennent souvent la vedette durant quelques semaines à l'automne avant l'arrivée des poids lourds qui mettent tout le monde d'accord en hiver (Oymyakon, Verkhoyansk, Delyankir...). Voilà, je trouvais intéressant de reparler un peu des régions les plus froides de la Sibérie en hiver: les fiches de Verkhoyansk et Oymyakon suffisent en fait amplement à décrire se qui se passe dans leurs bassins respectifs, mais il manquait juste une étape au sein de toutes ces montagnes qui ceinturent cette zone, c'est désormais chose faite.
  23. mottoth

    Climats du monde

    #670. Zyryanka. Voici un village de 2800h de la République de Sakha. Oymyakon est à 460kms, Omolon 450kms, Chersky 565kms, Chokurdakh 560kms, Verkhoyansk 795kms et Moscou 5410kms. Zyryanka est dans la partie sud de la plaine de la Kolyma, et au bord du fleuve du même nom. A l'est les reliefs indiqués font partie des Monts Yukaghir, à l'ouest la chaine de la Moma peut être rattachée aux Monts Chersky qui séparent la plaine de la Kolyma des bassins bien connus d'Oymyakon et de la Yana (Verkhoyansk). La seule véritable ouverture du relief se fait donc vers le nord et la lointaine mer de Sibérie Orientale (575kms). La station étudiée est à 1km au nord du village et 215m du fleuve. Une photo prise par une froide journée neigeuse de mars 2018: C'est un climat subarctique hypercontinental pur, avec un hiver digne de la République de Sakha et un été parfois assez chaud. On remarque l'influence légère des mers arctiques par le nord avec un automne plus humide que ce que l'on attend d'un climat hypercontinental. L'ensoleillement est vraiment bon pour la latitude, c'est le point commun de tous les climats vus récemment depuis le Tchoukotka qui sont suffisamment coupés de la grisaille de la mer d'Okhotsk ou de la mer de Béring. Le vent s'engouffre parfois en hiver dans la plaine, et cela explique les extrêmes bas pas si extrêmes: il peut faire bien plus froid dans la vallée fermée d'Omolon. On a évidemment une orientation des vents bien contrainte par le reliefs, on peut définir les vents de sud comme "continentaux", et les vent de nord comme "maritimes" (même si la mer est loin). Le temps est majoritairement calme en hiver, avec un froid intense. Des coups de vents de nord accompagnent le temps perturbé, avec des redoux très relatifs. L'hiver n'est pas particulièrement extravagant ici, mais le grand froid est tenace. On retrouve au printemps un temps commun à une grande partie de la Sibérie Centrale et Orientale, à savoir qu'on enchaine en mars et avril de très belles journées avec beaucoup de soleil et de fortes amplitudes thermiques. Passé mi-avril le dégel devient fréquent en journée et la neige fini par disparaitre début mai... mais pas définitivement: on est quasi assuré d'une dernière bordée neigeuse mi-mai voire un peu après. L'été est particulièrement contrasté ici, et les coups de chaleurs parfois remarquables. C'est exemple de l'été 2006 est bien représentatif en dehors des précipitations copieuses du mois d'aout (aout 2006 était ce mois si gris présenté hier à Chokurdakh). BONUS: juillet 2010, mois le plus chaud de l'histoire de cette station, avec le record absolu de chaleur. On peut noter le retour de ce fléau des fumées d'incendies , que l'on avait nettement moins rencontré dans le Tchoukotka. A l'exception de conditions de neige et poudrerie fréquentes en novembre, cet automne 2017 fut très normal. Notamment les températures dont la chute régulière est presque un cas d'école. Septembre est le dernier mois de l'année avec des journées agréables, dès le mois d'octobre le gel ne lâche plus son emprise et l'enneigement continu démarre pour plus de 7 mois. BONUS: février 2013, mois le plus froid de ma période d'étude et également le plus froid des mois de février de l'histoire de cette station. C'est le stéréotype de l'hiver Yakoute, avec ce ciel bleu, cet air immobile et des t° qui évoluent autour de -40°c. Voilà, j'ai terminé le quadrillage méthodique de la Sibérie entamé début avril, avec il me semble 47 fiches ajoutées au compteur. J'ai prévu 3 fiches supplémentaires, non nécessaires mais je pense intéressantes pour préciser certains phénomènes locaux ou transitions rapides, dont Agzu dans le Primorié qui a été réclamée il y a quelques temps. Ensuite il sera temps de retourner vers plus de chaleur.
  24. mottoth

    Frigo sibérien en route

    Ca commence à faire loin de la Sibérie, mais quand même: plusieurs tx à plus de 40°c aujourd'hui au Kazakhstan, dont 42.3°c à Turysh (ancienne txx de mai: 39.6°c sur la climato 2000-2019).
  25. Oui bien sur, mon raisonnement ne portais que sur l'aléatoire pur. Par rapport aux normales 1981-2010 les dés sont déjà pipés, si on reprend l'analogie de pile ou face on doit avoir aujourd'hui 60% ou 70% de chance d'avoir pile et seulement 30% ou 40% d'avoir face. Et on peut discuter aussi de l'indépendance des "tirages" d'un mois sur l'autre: avec des anomalies prolongées dans l'atmosphère il se forme par exemple des anomalies de SST qui peuvent d'une manière où d'une autre rétroagir sur l'atmosphère et finalement favoriser le status quo ou une bascule vers un autre régime. La surveillance de ces anomalies matérialisées par des indices, atmosphériques ou océanique (ENSO, PDO, MJO, QBO, etc...), est d'ailleurs bien au coeur de l'art de la prévis saisonnière.
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