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Quelques orages se promènent sur la Belgique. Avec le ciel clair entre eux, on peut voir les éclairs d'assez loin. Vent à nouveau bien présent en rafales, entre 90 et 100 km/h à vue de nez. Le front de la nuit a donné une pointe de 116 km/h à Herhet, dans le sud de la province de Namur.

107 km/h à Bierset (Liège), 104 km/h à Gosselies (Hainaut) et 100 km/h à Florennes (Namur) au passage du front froid.

Après une phase très intense entre 17h00 et 18h00 où les rafales se succédaient les unes après les autres, elles sont à présent un peu plus espacées, mais à peine moins fortes. On a sans doute atteint 100 km/h en toute fin d'après-midi.

108 km/h à Uccle, 104 km/h à l'aéroport de Charleroi et 102 km/h à Beauvechain.

Belle activité convective qui se déploie le long du front froid (au niveau de Hull notamment). Sous l'anomalie de tropopause, ça aide... Ca donne le ton pour ce soir et la nuit prochaine. Par ici, rafales de plus en plus fortes (sans doute entre 90 et 100 km/h), premiers bibelots qui s'envolent.

Depuis une vingtaine de minutes, les rafales sont plus fréquentes et plus fortes. Sans doute entre 80 et 90 km/h. Une rafale de 96 km/h a été mesurée il y a une demi-heure à Beauvechain, 20 km au nord d'ici. L'impression de tempête est bien présente désormais.

Les premiers 80 en Belgique "continentale": 80 à Uccle (Bruxelles) et 84 à Stabroek (Anvers). Au Pays-de-Galles, on note des pointes jusqu'à 140 km/h. Valeurs similaires sur les plateformes en mer du Nord au large des Pays-Bas.

Lever de soleil sur Ciara (source: Windy).

Déjà du vent aussi dans le Namurois, sans doute autour des 70 km/h. Temps très nuageux mais sec.

Sans connaître le moment à partir duquel ce genre de topic peut être ouvert, je vous propose de commencer doucement le suivi de la tempête de demain et après-demain. Si le temps reste relativement calme en ce moment sur l'Europe continentale, le vent est déjà bien présent sur les Iles britanniques, bien qu'il ne soit pas directement lié à Ciara. La dépression est encore bien loin à l'ouest de l'Irlande.

L'IRM passe à l'orange et annonce des pointes jusqu'à 130 km/h. Sans doute tiennent-ils compte d'Alaro et de ECM. Edit: d'après contacts là-bas, ils anticipent le caractère très turbulent et convectif du front.

La tartine mauve d'Arpège qui passe sur les HDF et la Wallonie à 5h00 est très probablement une moyenne lissée de puissantes rafales convectives. On devine les traînées violacées d'Arome lorsque cette plage horaire entrera dans son champ d'échéance. J'aurais même tendance à dire que cette bouffée orageuse de fin de nuit est à surveiller autant que le front froid en lui-même, voire même davantage.

ECM haute résolution et maintenant GEM montrent effectivement l'origine de cette traînée de rafales violentes, il y a clairement le creusement d'une mesodépression entre Pas-de-Calais et Flandre en réponse à la violente dynamique en altitude. Sur ECM, on voit une onde chaude de basse couche s'individualiser, donc en somme un front chaud associé à une dépression secondaire. De très petit diamètre mais virulente. Comme il s'agit d'une réponse énergétique mais locale, certains modèles ne la voient pas, et de plus son existence ne tient qu'à un fil (un peu plus/un peu moins de l'un ou l'autre élément, et on a des choses très différentes). Il ne serait pas étonnant qu'on soit fixé demain soir, voire même samedi dimanche matin.

ECM 12z est - et de loin - titulaire des modélisations les plus violentes. J'ignore le pourquoi d'un tel écart, mais c'est quelque chose pour les Hauts-de-France et la Belgique... Edit: ça descend en Grand-Est dans la plage d'heure suivante, en seconde partie de nuit.

Maintenant que l'épisode de la nuit de dimanche à lundi est entré dans le champ des échéances des modèles à mailles plus fines comme Icon (par exemple ci-dessous), on peut pointer un caractère possiblement très turbulent du front froid. Pour l'(ex)-NPDC et Belgique, il y a un (tout) petit peu d'instabilité à l'heure de passage du front, mais vu le ventilateur qui opère en haute troposphère, ça sent le tirage bien organisé. La sortie gauche de Jet n'est pas hyper bien placée pour donner une situation potentiellement dangereuse (c'est plutôt pour les Pays-Bas actuellement), mais ça sent un peu la ligne de grains à la Eleanor. J'en revois en tout cas les mêmes ingrédients sur les modélisations actuelles.

Je ressors ce topic pour vous partager une publication scientifique qui vient d'être publiée à propos d'Ophelia. Je n'ai pas encore tout lu mais les quelques schémas mettent l'eau à la bouche du dingo de dynamique atmosphérique que je suis! https://twitter.com/mikarantane/status/1224605298377314304

Même impression par ici, et ça fait déjà quelques années qu'entre amateurs, on remarque que le cœur de l'été est moins orageux, au contraire du printemps et du début de l'automne. Depuis quelques années, les premiers forts orages à caractère estival ont lieu en avril. Sujet par ailleurs déjà discuté dans un autre topic.

Pour le Namurois, sans suprise, la fournaise de fin juillet, les premiers 40°C de Belgique, 41,6°C dans le sud de la province... Comme d'autres, j'ai aussi eu ce réflexe de sortir dehors au maximum thermique, "sentir ce que c'est, 40°C". Il y avait un peu de vent, mais ça ne rafraîchaissait rien du tout, au contraire, c'était désagréable. Mais étonnamment, ça n'a pas été le pire ressenti de chaleur, sans doute en raison de l'air très sec (un peu comme en 2018 d'ailleurs). La canicule de juillet 2015 vécue dans le centre de Liège où l'air était déjà incroyablement désagréable dès 6h30 du matin était quelques degrés moins chaude, mais encore plus insupportable. En mars, la tempête Eberhard, car même si peu violente, c'était la première tempête synoptique sur la Wallonie depuis Xynthia (voire même Kyrill). Une plombe. En juin, des orages peu intenses mais très esthétiques la nuit du 2 au 3 juin, et l'offensive plus sérieuse en soirée du 4 juin. Pour le reste, et comme pour beaucoup d'autres, une année dans l'ensemble peu intéressante, personnellement parmi les plus inintéressantes depuis que je m'intéresse à la météo (une vingtaine d'années). Et cette même impression que le réchauffement climatique est en train de profondément modifier le déroulé météo d'une année, en la rendant de plus en plus ennuyante (sauf pour l'amateur de sécheresse ou de canicule).

Merci pour ce partage, d'autant plus que je suis l'auteur de cet essai de synthèse . En-dehors de Belgorage, je suis aussi en effet assez actif sur Meteo Pédagogie et Le Chroniqueur météo. Je ne prétends pas pouvoir décortiquer Lothar dans ses moindres détails, mais j'ai en tout cas pris un réel plaisir à monter tout ça. Je suis par ailleurs ouvert à toute suggestion de modification qui pourrait enrichir le contenu, et par ailleurs, parcourir le forum d'IC m'a également permis de lier le vécu du terrain à la littérature scientifique, donc je ne manquerai pas de remercier les auteurs de messages même anciens, pour m'avoir aiguillé sur certains aspects.

Ah oui effectivement, au temps pour moi. Mais la question reste entière pour les coups de vent/tempêtes d'il y a une semaine...

Petit aparté, mais ça fait une troisième fois que la vigilance orange est sortie sans que la dépression associée ne soit nommée. Quelqu'un a-t-il une explication à cela? Lien pas évident avec une dépression bien définie? Augmentation par le relief? ...

Et à nouveau pas de nom tiré de la liste prévue pour cette dépression. Il n'y a que le Veiko de l'Université de Berlin.

Probablement que le delta entre les vitesses de vent prédites par les deux groupes de modèles est lié d'une part à la convection, d'autre part à la taille de la dépression et des flux y opérant. De plus, j'ignore si Arome est capable de voir des sting jets ou non, mais en tout cas cette bande de vents violents modélisées en Manche et finissant près de Dieppe est placée au bon endroit par rapport à la dépression (attention, je n'affirme pas que c'est le cas, parce que les paramètres que j'ai pu voir ne sont pas suffisamment appuyés pour rendre l'hypothèse du SJ hautement probable). GFS et CEP sont il me semble incapables de modéliser ce genre de chose. Il se pourrait que ce soit aussi lié à la cold conveyor belt se renforçant fortement juste derrière la séclusion*, chose que GFS modélise assez mal aussi (j'ignore pour CEP concernant ce cas). Pour la convection, c'est plutôt pour le Nord et la Wallonie où on devine que les plus fortes rafales sont engendrées par une convection se mettant en place sur le front chaud de retour**. Ca fait une belle trace dans le champ des rafales maximales d'Arome et Icon, mais on voit que le coup de vent associé ne durera probablement que 10 ou 15 minutes si les scénarios modélisés se réalisent. * J'emploie le terme de séclusion pour la raison qu'au vu des thetas et des frontogénèses/frontolyses observées, la dépression me semble être plus proche d'une cyclogénèse Shapiro-Keyser que d'une cyclogénèse "classique" selon l'école norvégienne. Les champs de thetas semblent montrer le détachement du front froid du front chaud observé dans ce type de cyclogénèse et une tentative d'isolement d'une séclusion chaude. Après, j'ai déjà vu plus poussé. ** Faisant écho à *, il n'y a pas d'occlusion à proprement parler dans ce type de dépression, mais au contraire un enroulement du front chaud autour de la bulle d'air chaud (la séclusion) qui s'y retrouve enfermée lors des cyclogénèses SH violentes. Ici ça reste quand même fort modéré.

Le dernier Icon (3z) voit la dépression un peu plus creuse que dans le run de 0z. Pour l'intérieur des terres des Hauts-de-France et en Wallonie, ce n'est pas négligeable puisqu'on passe en un run de 70-80 km/h à 90-100 km/h en certains endroits. Pareil sur les côtes où ça rehausse aussi un peu les valeurs de vent. Il y a donc toujours des ajustements à faire, et j'ai l'impression que la dépression n'est pas encore parfaitement cernée. A moins de vingt-quatre heures de l'échéance, des ajustements vers le haut ou vers le bas sont donc toujours possibles. Edit: même chose pour Arome qui, entre son run 0z et l'intermédiaire 3z, remonte le centre dépressionnaire de 50 km vers le nord entre Pas-de-Calais et Flandre. Edit2: C'est encore plus marqué sur Cosmo 6z qui remonte lui carrément le coeur dépressionnaire sur le sud des Pays-Bas. Pour des villes comme Lille ou Leuven, ça fait une belle différence, avec par exemple des rafales de 50-60 km/h pour Arome et de 100 km/h pour Cosmo pour la deuxième.

Qu'elle se retrouve en sortie gauche de Jet, mais ça n'a pas l'air d'être le cas. On la déplacerait devant les Pays-Bas qu'on se retrouverait sans doute avec un creusement bien plus prononcé. Ici, la dépression n'a pas l'air de vouloir vraiment passer nettement au nord du Jet, ce qui la creuserait davantage. L'anomalie de tropopause est là, mais on a déjà vu plus dingue. Une autre hypothèse à investiguer est l'alimentation en "douceur humide" et au dégagement de chaleur latente lors de la condensation, puisque de nombreuses études tendent à affirmer le rôle de l'humidité injectée dans le système via la warm conveyor belt. En regardant les cartes de thetas, on a bien le secteur chaud en question, mais ce n'est pas la grosse alimentation non plus. Elle a même tendance à faiblir lorsque justement la dépression se rapproche des zones dangereuses du Jet. Il y a donc sans doute un certain "mou" dans plusieurs de ces paramètres, en plus d'un phasage non-optimal, qui font que la dépression ne se creuse pas davantage.