Climats du monde

[Canada Goose]

il y a 25 minutes, mottoth a dit :

Pas seulement, par exemple à Naryan-Mar l'enneigement (et la modification de l'albédo associée) débute un mois avant ces premiers grands froid.

Je pense qu'il s'agit plus de la circulation générale, et notamment les premières scissions du vortex polaire et/ou la formation d'anticyclone très hauts en latitude (anticyclone de type polaire) qui fait basculer le flux à l'est dans l'extrême nord de la Russie d'Europe.

 

Toutes proportions gardées, c'est un peu la même chose dans le sud du Québec ; on observe souvent un décrochage autour du 20 novembre. Cela dit, c'est un peu moins vrai ces dernières années où les automnes et débuts d'hivers sont plutôt très doux, mais je l'ai souvent observé dans les statistiques.

 

Voici les moyennes et records de novembre à ma station (2011-2016). On voit tout de même un léger fléchissement dans les moyennes et des records nettement plus bas en fin de mois.

[mottoth]

#407. Pechora.

 

Pechora est une ville de 43000h, dans la République des Komis dont Syktyvkar est la capitale.

Naryan-Mar est à 330kms, Syktyvkar 495kms, Arkhangelsk 780kms, Ekaterinbourg 945kms et Moscou 1475kms.

 

Les premiers monts de l'Oural sont à 85kms à l'est de la ville. La ville elle même est au bord du fleuve du même nom.

 

La station synoptique est à 59m d'altitude, soit 20m au dessus du fleuve. Une fois n'est pas coutume, elle est sur l'aéroport, qui est lui accolé à la ville.

 

 

Avec un ICA de 1.47, nous approchons la limite des climats continentaux marqués (1.50), variante subarctique. La Tm de janvier 1°c plus froide qu'à Naryan-Mar et la Tm de juillet 2.3°c plus chaude explique sans mal cette progression dans la continentalité. Nous allons voir plus loin que le temps ici a un niveau de variabilité pas encore vu dans cette série, avec des écarts de température brutaux et très amples qui donnent corps à cette continentalité de plus en plus forte.

Le record de froid de cette station ouverte en 1951 est -51.0°c, le 26/01/1973, et pas ces valeurs de -52°c à -56°c reprises sur la page wikipédia. Depuis 2000 on s'en tient à -46.7°c.

Le record de chaleur de la période d'étude, 35.0°c, est également le record absolu. Inutile de préciser que l'on ne retrouve pas de telles chaleurs par 65°N en Scandinavie. L'été, malgré sa brièveté, connait normalement de la forte chaleur chaque année (4.5 jours avec tx>30°c par an en moyenne).

 

On retrouve comme à Naryan-Mar des vents de tendance plus méridienne, avec une composante sud marquée en hiver et une composante nord en été.

 

 

 

Pas mal d'exemples de saison à suivre, tant j'en ai trouvé des incroyables en préparant cette fiche.

Tout d'abord un hiver entier, l'hiver 2005-2006. Malgré le déficit global d'environ 1°c c'est le plus proche des normales que j'ai pu trouver. Il faut dire que les anomalies mensuelles sont souvent marquées, et par exemple le déficit de -6.6°c du mois de janvier n'est pas inhabituel pour ce genre de climat.

On trouve durant les plus grands froids des conditions calmes et anticycloniques, avec des brouillards probablement glacés, qui rappellent les  grands froids de Sibérie ou du centre de l'Alaska.

Cependant on trouve d'autre types de temps bien plus agités, avec du vent souvent sensible: c'est vraiment un hiver à types de temps contrasté, où l'on trouve aussi de la poudrerie, des précipitations verglaçantes, de la neige en grains, etc... et des variations de température importantes au fil des semaines.

 

BONUS: décembre 2009, mois le plus froid tout mois confondus de la période d'étude, avec pas loin de -13°c d'anomalie thermique ! On y trouve sans surprise la tnn de la période d'étude, -46.7°c le 15/12/2009. Ce pic de froid du milieu de mois n'a pas été si calme: le 16 un vent de sud-est sensible a soufflé toute la journée et l'IRE a frolé -60.

 

 

Printemps 2003: le même exemple que pour Naryan-Mar. C'est une saison avec de fort contrastes, notamment mars où les tn connaissent des variations énormes d'un jour sur l'autre.

Le printemps n'arrive vraiment qu'en mai.

 

 

BONUS: mars 2008, avec un temps changeant à l'extrême.

 

BONUS: mai 2010. Encore un mois hallucinant par les contrastes de température. C'est les prémices de l'été 2010, année de la grande canicule Russe, et un coup de chaleur précoce à 30°c vient s'intercaler entre les derniers frimas, notamment cette neige au sol quelques jours avant.

 

 

Eté 2008: son bilan est normal, mais encore une fois son déroulé n'est pas un long fleuve tranquille... juillet est chaud, mais cela s'est payé par un mois d'aout automnal.

Comme à Naryan-Mar, avec pourtant un été différent en exemple (c'était 2005), on retrouve une neige tardive en juin.

La chaleur n'a vraiment été présente que durant un mois, mais elle n'a pas fait semblant avec 4 jours de forte chaleurs et 3 tn > 20°c !

 

Bonus: juillet 2007. Mois le plus chaud de ma période d'étude, malgré une dernière décade bien fraiche. C'est une véritable canicule qui s'est abattue sur cette région durant la 1ere quinzaine de ce mois de juillet 2007.

 

 

Enfin on termine par un exemple d'automne pris en 2010, où l'on trouve encore une fois une brutale arrivée du grand froid durant la dernière décade de novembre.

 

 

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !

 

Modifié 13 septembre 2023 par mottoth
Réactualisation -> aout 2023

[Meteorologist Office]

Intéressant comme climat à étudier avec beaucoup d'extrême là-bas aussi et moins uniformément froid le long de l'année.

(Je ne sais pas comment s'écrit cette ville  me semble-t-il Petchora).

C'est particulièrement intéressant que cette ville située à  65°8.8302′ de latitude  Nord, à quasiment 1500 km au Nord Est de Moscou renoue quand même avec des journées assez  chaudes  l'été même si elles sont passagères. Et la canicule de Juillet 2007 est vraiment exceptionnelle. L'enneigement en hiver est par ailleurs lui aussi très important et les hiver sont glacials et c'est intéressant comment autant de personnes arrivent à vivre dans des conditions " aussi hostiles". Bon sur le coup la ville de Yakutsk ( qui a plus de 300 000 habitants)  située plus à l'Est à 62° de latitude nord en est un flagrant exemple avec des températures qui atteignent facilement les -45°C l'hiver et chaque été il fait plus de 35°C localement ( bien évidemment ce n'est pas durable mais l'été est assez chaud: c'est sûrement une des villes les plus marquées du monde en terme de contraste thermique inter saisonniers).

[mottoth]

Le 22/08/2017 à 23:03, Meteorologist Office a dit :

(Je ne sais pas comment s'écrit cette ville  me semble-t-il Petchora).

C'est particulièrement intéressant que cette ville située à  65°8.8302′ de latitude  Nord, à quasiment 1500 km au Nord Est de Moscou renoue quand même avec des journées assez  chaudes  l'été même si elles sont passagères. Et la canicule de Juillet 2007 est vraiment exceptionnelle. L'enneigement en hiver est par ailleurs lui aussi très important et les hiver sont glacials et c'est intéressant comment autant de personnes arrivent à vivre dans des conditions " aussi hostiles".

Petchora, Pechora... les noms transcrits du cyrillique sont à géométrie variable, selon l'approche (lettre par lettre, phonétique, francisée, etc...). Je prend généralement le nom de la page wiki anglaise, toujours par soucis homogénéité car on ne trouve pas toujours de nom francisé.

Quand à la taille de ces villes arctiques oui c'est toujours impressionnant, mais certaines se sont implantées et développées par la force et dans la douleur, comme l'exemple suivant:

 

#408. Vorkuta.

 

On compte encore environ 70 000h habitant dans cette ville qui en comptait plus de 115 000 à la fin de l'ère soviétique. Vorkuta (ou Vorkouta, ou encore Vorkhouta...), à l'extrême nord-est de la république des Komis, évoque les heures sombres de l'URSS car on y trouvait le plus grand goulag de Russie d'Europe: la ville et quasiment toutes les infrastructures de la république de Komis - dont le train Vorkuta - Pechora - Syktyvkar - ont été bâtis par les travailleurs forcés de Vorkutlag. Tout ça pour exploiter une matière première abondante dans la région de Vorkuta: le charbon.

Pechora est à 405kms, Naryan-Mar 465kms, Syktyvkar 900kms, Moscou 1880kms.

 

Nous sommes ici vraiment aux confins de l'Europe: La chaine de l'Oural est environ 60kms au sud-est. La rivière Usa coule au bord de la ville.

 

La station étudiée est sur l'aéroport, à 3.7 kms du centre ville. Le lit de rivière Usa creuse un sillon d'environ 60 à 70m de profondeur dans la plaine alentour: la station synoptique et le centre ville sont à environ 170m d'altitude, la rivière 102m.

 

Pour terminer cette introduction voici un grand format de Slate consacré à cette ville:

http://www.slate.fr/grand-format/vorkuta-russie-157813

 

 

Une petite pensée pour les dizaines de milliers de déportés qui ont du endurer ce climat abominable: il peut faire jusqu'à -50°c en hiver, l'été ne dure que quelques semaines, et par dessus le marché le vent est sensible, en hiver il souffle aussi fort que sur la presqu'ile de Kanin (cf. Shoyna). La Tm annuelle atteint -4.5°c et la neige reste au sol en moyenne 7.5 mois d'affilé !

C'est un nouveau climat continental modéré subarctique qui est présenté ici, qui tend de plus en plus vers le climat polaire à force d'avoir un été de plus en plus court.  Nous sommes ici dans une zone de transition qui n'est ni la toundra ni la forêt: le couvert végétal est constitué d'arbustes clairsemés. Le vent est aussi un facteur limitant pour la végétation, autant que le manque de chaleur estivale.

Nous le verrons dans les exemples de saison, ici nous sommes arrivés à la limite de l'influence du régime zonal atlantique: la porte est grande ouverte sur l'arctique, et le froid Sibérien contourne facilement l'extrémité nord de l'Oural. Lorsqu'il parvient ici, c'est un zonal atlantique à bout de souffle, et il arrive généralement par la mer de Barents plutôt que par le continent (jetstream haut en latitude contournant un blocage européen).

 

Les vents dominants sont orientés parallèlement au relief de l'Oural: les influences continentales viennent du sud, les influences arctiques du NNE.

 

La nuit polaire dure du 17/12 au 26/12, le jour continu du 29/05 au 12/07.

 

 

Hiver 2008-2009: bilan normal, mais de plus en plus froid au fur et à mesure qu'il se déroule.

Comme vous pouvez les constater les redoux proches de 0°c qui sont la signature du zonal atlantique sont rares ici. L'hiver est néanmoins très perturbé, avec de la neige fréquente, et beaucoup de vent (poudrerie voire blizzards fréquents). Notez comme le vent rabote de temps en temps la couche de neige, on peut perdre 15cms en 24h.

Là encore les plus grands froids (sous -35°c) sont normalement synonymes de temps plus calme et s'accompagnent parfois de brouillards glacés.

 

 

Printemps 2002. Le printemps n'est qu'une interminable prolongation de l'hiver, il peut encore faire -30°c début avril et il faut attendre mai pour connaitre les premières vraies journées hors gel, qui arrivent généralement à venir à bout de la couche de neige en toute fin de mois (27/05 en moyenne, 26/05 sur cet exemple).

 

 

L'été est très court, et comme ailleurs dans la région (Naryan-Mar, Pechora) il fait souvent feu de tout bois pendant deux ou trois semaines seulement au milieu de phases "arctiques" de grande fraicheur. Sur cet exemple de 2005 c'est donc essentiellement durant la dernière décade de juillet qu'on a fait le plein de chaleur pour toute l'année... chaleur assez moite, instable et orageuse au demeurant (probable invasion de moustique en sus).

En dehors de ces journées vraiment estivales le reste de l'été incite plutôt à la déprime, avec par exemple le retour de la neige mi-juin peu avant le solstice ou cette journée de pluie continue début juillet avec à peine 5°c de tx.

Malgré les apparences cet été finit un peu au dessus des normales de t°, grâce à un "été indien" plutôt inhabituel fin aout.

 

 

Automne: voici un très bon exemple pris en 2000 avec de très faibles anomalies de t° pour chacun des trois mois. Passé le 15/09 on retrouve cette grisaille quasi-permanente jusqu'aux premiers grands froids de novembre. L'hiver arrive vite ici, l'enneigement continu démarre habituellement le 11/10, ici on n'en est pas loin (le 14/10), avec en plus quelques neiges précurseures dès la dernière décade de septembre.

On retrouve encore cette tendance à la plongée des t° en dernière décade de novembre, même si sur cet exemple le premier coups de froid sérieux est arrivé fin octobre.

 

 

C'est tout pour aujourd'hui !

 

Modifié 11 septembre 2023 par mottoth
Réactualisation -> aout 2023

[mottoth]

#409. Amderma.

 

Le voyage en Russie d'Europe touche presque à sa fin, Amderma en est l'avant dernière étape. Ce village de 650h en comptait plus de 5000 à la fin des année 1980 lorsqu'il abritait une base aérienne de la chasse Russe.

Vorkuta est à 270kms, Naryan-Mar 420kms, Pechora 550 kms, Moscou 1950kms.

 

Nous sommes au bord de la mer de Kara, qui gèle complètement en hiver.

 

La station étudiée est à l'est du village, à 710m de la mer et 4kms de la base aérienne qui a été transformée en aéroport civil.

 

 

La proximité de la mer de Kara maintient les t° estivales à un niveau trop bas pour parler d'un vrai été: Amderma possède un climat polaire de toundra, avec de surcroit des vents forts en hiver. Les Tm hivernales ne sont pas très basses comparé au reste de la Sibérie ou à d'autres climats polaires déjà étudiés ici (Iqaluit ou Prudhoe Bay par exemple), mais ce vent assure des conditions littéralement "polaires" à cet endroit durant une bonne partie de l'hiver.

La présence du continent donne un ICA plutôt continental (1.13) malgré la position littorale, cependant des éléments maritimes apparaissent comme à Shoyna avec un certain décalage thermique: février est aussi froid que janvier, aout aussi doux que juillet.

 

Les courants thermiques ont la part belle dans les roses des vents:

- de sud en hiver, du continent vers la mer... bien aidé je pense par la synoptique sur le flanc ouest de l'anticyclone de Sibérie, car avec une mer qui gèle en cours d'hiver la différence de milieu entre mer et continent doit s'estomper.

- de tendance nord en été, de la mer froide vers le continent plus chaud; cette composante nordique balaye en réalité toutes les directions entre l'ouest et l'est.

 

La nuit polaire dure du 27/11 au 15/01. Le jour continu du 17/05 au 24/07.

 

 

Voici l'hiver 2016-2017, où le froid de décembre compense la douceur des deux mois suivants. Rares sont les journées pas trop désagréables: même lorsqu'il fait beau le vent donne des conditions de poudrerie persistantes et abaisse l'IRE bien plus bas que la t° vraie. Le blizzard est fréquent et peut durer largement plus de 24h, il empêche de grosses accumulations de neige au sol (hors congères bien sur).

 

 

Le printemps n'en est pas vraiment un: la neige perdure au sol jusqu'à début juin en moyenne, et on dépasse rarement 8°c ou 10°c en mai. Seules la fraction d'insolation correcte en mars et avril (40% en moyenne) et le vent de moins en moins fort aident à supporter cette fin d'hiver interminable.

 

 

L'été est soumis à la dictature de la grisaille arctique. Les seules journées estivales sont celles où un flux de sud arrive à s'imposer, et cela varie énormément d'une année sur l'autre.

On a donc deux types de temps qui cohabitent:

- le temps "arctique", gris, froid et très humide (brouillard, pluie/bruine/neige)

- le temps estival, marqué par des vents de terre et une douceur agréable.

Ce genre d'alternance rappelle les étés de Iqaluit ou Prudhoe Bay (la Tm de juillet est comparable, entre 8°c et 8.5°c), sauf qu'ici les chaleurs peuvent être plus fortes.

 

BONUS: deux mois de juillets opposés, afin de montrer la grande variabilité de cette saison.

- juillet 2014: mois de juillet le plus froid de ma période d'étude. Cette année là l'emprise arctique maritime a été presque totale.

 

- juillet 2016, le mois d'été le plus doux de la période d'étude, et le 2e plus sec.

 

 

Automne 2009: un exemple plutôt bon, avec l'arrivée de la neige dans les temps, mi-octobre.

 

 

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !

 

Modifié 10 septembre 2023 par mottoth
Réactualisation -> aout 2023

[Meteorologist Office]

Super fiche pour l'avant  dernière en ce qui concerne la Russie. Pratiquement 8 mois sans dégel , c'est énorme et un climat très froid.

Pour ce qui est des tempêtes hivernales, c'est assez récurrent et intense je trouve: c'est impressionnant dans un tel froid, et si la neige s'en mêle d'avoir un vent aussi soutenu: quelles conditions extrêmes l'hiver là-bas!

Modifié 27 août 2017 par Meteorologist Office

[mottoth]

#410. Malye Karmakuly.

 

Voici une fiche un peu exceptionnelle pour conclure cette série Russe. Je pense que peu de monde à déjà entendu ce nom: Malye Karmakuly est la première implantation humaine à avoir été bâtie en Nouvelle Zemble, en 1870. Depuis la plupart des activités humaines ont été transféré à Belushya Guba, 95kms plus au sud, ainsi que sur la base aérienne voisine de Rogachevo. Il ne subsiste donc plus qu'une poignée de personnes à vivre à Malye Karmakuly, et nous verrons plus loin que certains aspects de son climat sont en effet trop extrêmes pour une implantation humaine pérenne ici.

La Nouvelle Zemble, et en particulier sa côte ouest, a été le théâtre d'une longue campagne d'essais nucléaires atmosphériques durant la guerre froide, et c'est à 160kms au nord de Malye Karmakuly qu'à été détoné la plus puissante bombe H jamais construite, "Tsar".

Plus tôt, durant la première moitié du XXe siecle, les quelques centaines de Nenets indigènes ont été déplacés sur le continent par les Russes. Aujourd'hui il ne reste plus que environ 2400h sur l'ensemble de l'archipel, une population exclusivement Russe et essentiellement militaire en raison de l’intérêt stratégique toujours réel du lieu.

Amderma est à 435kms, Naryan-Mar 530kms, Vardo 795kms, St Petersbourg 1690kms, l'ile de Vize 1015kms, et Svalbard 1210 kms.

 

Nous somme sur la côte ouest de l'ile sud de la Nouvelle Zemble, au bord de la Mer de Barents. La banquise est normalement présente en hiver mais seulement de manière partielle, avec un taux d'englacement de la mer de 30% à 40%. De l'autre côté de l'ile la mer de Kara gèle elle complètement, mais nous n'aurons pas le plaisir d'en savoir plus car je n'ai trouvé aucune autre station ailleurs sur l'archipel dont les données sont disponibles de façon suffisamment régulière sur le réseau synoptique mondial.

 

La station est vraiment proche de la mer, 120 ou 130m.

 

Une photo où l'on voit en partie les instruments de la station:

 

Et une vidéo pour finir la mise en situation, on y voit en détail la station et même son matériel radio et informatique, ainsi que les alentours et son air typique de décharge commun avec le reste des bases de l'extrême nord Russe. Malgré le climat abominable les chiens y on l'air très heureux !

 

 

Nous avons là un climat polaire maritime, qui a la particularité d'être très venté: les valeurs de vent moyen et extrêmes sont plus apparentées à celles de l'Antarctique (Dumont d'Urville ou SANAE) que celles des autres stations de l'Arctique déjà couvertes ici (Jan Mayen, Barrow, Svalbard, Vize). La topographie doit être responsable de ce renforcement du vent, car cette station n'étant pas au bord d'un inlandsis on ne retrouve pas les vents catabatiques si puissants des stations du littoral antarctique.

 

Le deuxième trait un peu surprenant de ce climat polaire, c'est la possibilité de réelle chaleur en été ! La txx de la période d'étude est de presque 27°c, et les données plus anciennes de la météo Russe présentent un record absolu de 28°c ! Malgré l'éloignement du continent les pulsions d'air chaud continental arrivent jusqu'ici sans être trop dénaturées, notamment si elles empruntent un trajet de direction SE -> NO qui les maintiennent la plupart du temps au dessus de terres émergées.

 

On retrouve pour le reste des caractéristiques classique des climats polaires de l'arctique, à savoir un ensoleillement mauvais (1100h annuelles), des amplitudes thermiques diurnes faibles voire très faibles, et une circulation hivernale d'est majoritaire (flanc nord des basses pressions de la cellule polaire).

Les roses des vents montrent donc une forte domination des vents d'ESE; vents dominants qui, pour une fois, sont perpendiculaires au relief plutôt que parallèles, signe de la vigueur de ce courant d'est.

En été lorsque ce courant d'est se fait mois régulier on retrouve plus logiquement des vents orientés nord/sud, qui suivent la côte et le relief.

Le tableau ci-dessus confirme que la douceur estivale - voire la chaleur - arrive par le sud-est, en empruntant cet espèce de "pont terrestre" dessiné par l'ile de Vajgac (NO d'Amderma) puis l'ile sud de la Nouvelle Zemble.

 

La nuit polaire dure du 15/11 au 27/01, le jour continu du 6/05 au 4/08.

 

 

Impossible de trouver un hiver vraiment normal, ceux ci se séparent en deux groupes: les hiver froids (anomalies de -2°c à -3°c sur les trois mois) et les hiver doux (anomalies de +1°c à +4°c)... mais presque rien entre ces deux groupes, laissant une valeur médiane plus basse que le moyenne. C'est en me basant sur cette médiane que j'ai pu trouver l'hiver 2010-2011 comme étant le plus représentatif, bien qu'au bilan des trois mois son anomalie thermique est de -1°c.

Les Tm de janvier sont semblables à celles de grandes villes Russes comme Kazan, cependant le ressenti est ici complètement différent et l'hiver est marqué par des types de temps vraiment "polaires", avec beaucoup de vent et de poudrerie. Les blizzards sont épouvantables et des rafales de 150km/h ne sont pas exceptionnelles. Le vent est vraiment un danger permanent, et combiné au froid il est potentiellement létal.

 

 

Les choses ne s'arrangent pas au printemps, notamment sur le front des tempêtes. Cet exemple pris en 2010 montre bien la violence incroyables des blizzards qui se succèdent jusqu'à début mai.

 

Zoom sur la tempête en début de l'exemple ci-dessus, avec des rafales de presque 170km/h le 01/03. Cette tempête à en fait démarré presque une semaine plus tôt le 23/02, en voici le déroulé complet durant les 8 jours qu'elle a duré, avec 2 pointes d'intensité à plus de 150km/h et la dernière à 170km/h début mars. Elle est de plus été couplée à froid intense (13°c sous les normales du 26/02 au 28/02), avec a la clef des IRE qui tombèrent à -50.

 

 

BONUS: le printemps 2006, aux tempêtes encore plus folles. Celle du 22 au 24/03 a eu raison du matériel, il est possible que les rafales aient poussé au delà des 212 km/h (avant que le mesures de vent ne cessent le vent moyen a lui atteint un maximum de 162km/h).

Le tempête qui dura plus de deux semaines en avril aura certainement progressivement soufflé toute la neige au sol, ce qui expliquerais l'arrêt des conditions de blizzard le 8 et l'arrêt de la poudrerie le 14 malgré la persistance de vents aussi forts. La baisse régulière et très inhabituelle en cette saison de l'HR durant cette longue tempête suggère elle aussi une disparition totale de la neige au sol.

Absolument tout fut hors du commun durant ce mois d'avril 2006, comme en témoignent les anomalies de t° ressentie, d'HR, de vent, d'ensoleillement ou de précipitations.

 

 

L'été est bien plus vivable, même si les tempêtes d'est peuvent encore souffler à plus de 120km/h. L'exemple de 2008 est bien équilibré, avec quelques journées douces typiques du pic estival.

Les périodes grises se caractérisent elles pas des amplitudes thermiques souvent très faibles et de légères précipitations qui ne cumulent souvent pas grand chose.

 

 

Enfin voici l'automne 2015. L'automne est la saison la plus maritime, avec un mois de septembre qui est souvent d'une monotonie absolue, marqué par de très faibles variations de t° (l'amplitude thermique absolue du mois entier peut ne pas dépasser les 10°c !).

Pas de bonne tempête sur cet exemple, cependant le niveau de vent moyen est déjà bien élevé en novembre avec des conditions de poudrerie très fréquentes.

 

 

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, et j'espère que ce final Russe spectaculaire - en terme de tempêtes - vous aura plu.

 

Modifié 3 septembre 2023 par mottoth
Réactualisation -> aout 2023

[faycal]

Climat très inhospitalier en raison du vent. 

Mais le plein été peut contenir quelques belles journées chaudes, ce qui est remarquable à 72° de latitude, à moins de 2000km du pole nord.

L'iso 10° à 850hpa remonte assez fréquemment jusqu'à là et même l'iso 15° vient parfois rendre des visites assez surprenante.

Je ne sais pas si le 26,6 a été relevé ces jours là mais en tout cas c'est assez spectaculaire.

 

[Euphydryas]

Mon Dieu mais quel climat atroce !

Comment fait-on pour ne pas se tirer une balle dans ces coins abominables ?

 

Des hivers permanents, quasiment pas de soleil, des vents à décorner les taureaux... l'espérance de vie ne doit pas dépasser 20 ans ! (un doigts ou un orteil par an de perdu avec les engelures).

 

J'ai connu le blizzard à l'Aigoual avec un ressenti à -27°C mais -50°C...... faut être fou !!!!!!! ^^

[cédric du Lot]

il y a une heure, mottoth a dit :

Et une vidéo pour finir la mise en situation, on y voit en détail la station et même son matériel radio et informatique, ainsi que les alentours et son air typique de décharge commun avec le reste des bases de l'extrême nord Russe. Malgré le climat abominable les chiens y on l'air très heureux !

 

 

Elle laisse un sentiment étrange cette vidéo, a la limite de l'inconfort, mais effectivement les chiens ont l'air en pleine santé c'est déjà ça! 

[mottoth]

il y a 32 minutes, faycal a dit :

Climat très inhospitalier en raison du vent. 

Mais le plein été peut contenir quelques belles journées chaudes, ce qui est remarquable à 72° de latitude, à moins de 2000km du pole nord.

L'iso 10° à 850hpa remonte assez fréquemment jusqu'à là et même l'iso 15° vient parfois rendre des visites assez surprenante.

Je ne sais pas si le 26,6 a été relevé ces jours là mais en tout cas c'est assez spectaculaire.

 

 

 

Le 26.6°c date du 05/07/2016. En 2013 la situation ci-dessus avait apporté la 2eme plus belle vague de chaleur de ma période d'étude, avec une tx de 24.3°c le 18 et deux tn de 16.3°c les 18 et 19, tnx absolue de ma période d'étude. 

[thib91]

De telles valeurs de vent par flux d'ESE font penser aux vents catabatiques tel que la Bora?

 

La configuration montagneuse de l’île, à l'interface entre les dépressions creuses de la mer de Barents à l'ouest, relativement douce (libre de glace) et les étendues de banquises glacées de l'océan glaciale arctique à l'est, + la presence du continent et des HP Russe au sud, doit engendrer d'importants échanges thermiques et de violents déplacement de masses d'air?  Notamment depuis l'est et le sud vers les dépressions situées en mer de Barents, avec un relief qui canalise et accélère le vent?

 

Modifié 28 août 2017 par thib91

[Meteorologist Office]

Il y a 2 heures, thib91 a dit :

De telles valeurs de vent par flux d'ESE font penser aux vents catabatiques tel que la Bora?

 

La configuration montagneuse de l’île, à l'interface entre les dépressions creuses de la mer de Barents à l'ouest, relativement douce (libre de glace) et les étendues de banquises glacées de l'océan glaciale arctique à l'est, + la presence du continent et des HP Russe au sud, doit engendrer d'importants échanges thermiques et de violents déplacement de masses d'air?  Notamment depuis l'est et le sud vers les dépressions situées en mer de Barents, avec un relief qui canalise et accélère le vent?

 

La Bora est surtout un vent de Nord très froid qui se produit dans les Balkans, plus particulièrement en Croatie (  en automne)  certaines années lorsque que de grosses dépressions arrivent par l'Adriatique et percutent l'air chaud encore présent dans les Balkans avec de l'air beaucoup plus froid qui se forme à l'arrière: dans ces conditions des systèmes frontaux dantesques se forment. La Bora peut atteindre certaines années 200 km/h mais est généralement assez brève ( 2 jours maximum avec des vents apocalyptiques mais qui peuvent rester assez fort pendant 4 à 5 jours localement ) en comparaison avec le climat de cette ville vraiment hostile. Après pour ce qui est de cette ville en question, tout dépend d'où viennent les dépressions, étant donné que la circulation hivernale est majoritairement orientée à l'Est. Si les dépressions arrivent en provenance de surface d'eau plus ou moins étendues, avec des vents très puissants, lorsqu'ils arriveront sur Terre, les vents subiront des frictions, et seront plus ou moins ralentis dans certains endroits et déplacés et accélérés dans d'autres ( relatif à une loi de Physique). Si les vents rencontrent des reliefs, tout dépend de leur ampleur, mais si le relief n'est pas très important ( étant donné qu'en hiver ils ont tendance à souffler à la verticale) et bien ils pourront être accéléré de l'autre côté du relief. Et par définition un vent catabatique est surtout un vent stable. Ce n'est pas le cas de la Bora.

Modifié 28 août 2017 par Meteorologist Office

[Meteorologist Office]

Merci beaucoup Mottoh pour cette dernière fiche russe. Je pense que la latitude particulièrement élevé de cette explique un peu toutes les dépressions hivernales qui y circulent mais je suis néanmoins scotché par les vitesses des vents impressionnantes et les situations stationnaires où les tempêtes peuvent durer plusieurs jours voire plusieurs  semaines comme en Mars 2006.

Dans de telles conditions, c'est particulièrement hostile nettement plus que Yakutsk où le climat est nettement plus froid mais moins venteux et nettement plus ensoleillé.

Sinon d'une manière générale je suis surpris que lors de certaines dépressions très creuses, il y a peu de vent parfois. Je ne parle pas pour cette location mais d'une manière générale. Est ce que cela est du à des données qui peuvent manquer ou alors les isobares autour de la dépression sont suffisamment espacés de plusieurs centaines de km pour que le vent soit aussi faible?

[mottoth]

Il y a 4 heures, thib91 a dit :

De telles valeurs de vent par flux d'ESE font penser aux vents catabatiques tel que la Bora?

 

La configuration montagneuse de l’île, à l'interface entre les dépressions creuses de la mer de Barents à l'ouest, relativement douce (libre de glace) et les étendues de banquises glacées de l'océan glaciale arctique à l'est, + la presence du continent et des HP Russe au sud, doit engendrer d'importants échanges thermiques et de violents déplacement de masses d'air?  Notamment depuis l'est et le sud vers les dépressions situées en mer de Barents, avec un relief qui canalise et accélère le vent?

 

Pour moi ce ne sont définitivement pas des vents catabatiques, il faut un continent pour les engendrer or l'ile sud de la Nouvelle Zemble ne mesure que 100km de large à ce niveau. Je pense que les premiers colons ont en fait très mal choisi cet emplacement qui semble se trouver dans un couloir où le vent est exacerbé par le relief: une vallée s'ouvre au sud-est de Malye Karmakuly et s'enfonce dans l'intérieur, elle suffit probablement à canaliser les flux de tempête d'est, qui sont éventuellement boostés par la différence de milieu (et de t°) entre la surface complètement gelée de la mer de Kara et celle moins froide de la mer de Barents dont la t° dont avoisiner celle de la glace d'eau de mer, soit autour de -1.8°c.

 

il y a une heure, Meteorologist Office a dit :

Merci beaucoup Mottoh pour cette dernière fiche russe. Je pense que la latitude particulièrement élevé de cette explique un peu toutes les dépressions hivernales qui y circulent mais je suis néanmoins scotché par les vitesses des vents impressionnantes et les situations stationnaires où les tempêtes peuvent durer plusieurs jours voire plusieurs  semaines comme en Mars 2006.

Dans de telles conditions, c'est particulièrement hostile nettement plus que Yakutsk où le climat est nettement plus froid mais moins venteux et nettement plus ensoleillé.

Sinon d'une manière générale je suis surpris que lors de certaines dépressions très creuses, il y a peu de vent parfois. Je ne parle pas pour cette location mais d'une manière générale. Est ce que cela est du à des données qui peuvent manquer ou alors les isobares autour de la dépression sont suffisamment espacés de plusieurs centaines de km pour que le vent soit aussi faible?

A l'instar des cyclones tropicaux ce n'est pas au cœur de la dépression que le vent souffle généralement le plus fort. Donc le vent fort n'est pas vraiment corrélé aux basses pression, tout est en fait une affaire de gradient de pression (le resserrement des isobares), et aussi du placement de l'observateur par rapport à la dépression et du déplacement de celle-ci (si l'on se place au sud d'une dépression qui se déplace rapidement vers l'est on peut s'attendre à des vents bien plus forts que si l'on est placé au nord de celle ci).

J'ai regardé un peu les synoptiques de avril 2006, on a un anticyclone polaire immobile sur la mer de Kara et des basses pressions qui squattent la mer de Norvège et la Scandinavie - certaines filant ensuite vers l'Oural -, maintenant un flux de sud-est vigoureux sur l'ile sud de la Nouvelle Zemble.

Modifié 28 août 2017 par mottoth

[dann17]

Il y a 13 heures, mottoth a dit :

Malgré le climat abominable les chiens y on l'air très heureux !

C'est pour cette raison que, bien qu'ils nous paraissent effectivement relativement rustres voire « bourrins » pour une bonne part d'entre eux, les Russes ne sont à mes yeux sans doute pas de mauvais bougres, bien au contraire.

En effet, Gandhi n'a t-il pas dit : « On peut juger de la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités. »

Ils sont par ailleurs très courageux de vivre tant bien que mal dans de telles conditions sans sourciller. 

 

 

 

[Peki2]

Merci pour cette superbe série russe! Je ne parle pas du climat - trop rude à mon goût - mais bien de la qualité de l'analyse!

La prochaine série nous enmènera où? dans la péninsule ibérique? en Afrique assez peu abordée en comparaison des autres continents?

 

Modifié 30 août 2017 par Peki2

[Thundik81]

Tiens au fait mise en ligne hier soir sur Gallica de la traduction française de la première expédition vers la terre de François-Joseph (au Nord de la Nouvelle-Zemble) :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9793047b

(les conditions météo que ce soit pour la navigation ou sur les terres sont évidemment un point primordial)

[mottoth]

Le 29/08/2017 à 05:21, dann17 a dit :

En effet, Gandhi n'a t-il pas dit : « On peut juger de la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités. »

 

Pas mal comme pensée, j'adhère.

 

Le 30/08/2017 à 02:20, Peki2 a dit :

Merci pour cette superbe série russe! Je ne parle pas du climat - trop rude à mon goût - mais bien de la qualité de l'analyse!

La prochaine série nous enmènera où? dans la péninsule ibérique? en Afrique assez peu abordée en comparaison des autres continents?

 

Merci. La péninsule ibérique c'est pour très bientôt, mais comme dit précédemment je laisse le mois d'aout se terminer pour y inclure les données de l'été 2017 entier.

En attendant voici une petite série Islandaise:

 

411.  Bolungarvik.

 

Ce village d'environ 900 habitants est l'un de la pointe nord-ouest de l'ile.  C'est une région de fjords, cette péninsule au nord-ouest du pays s'appelle d'ailleurs Westflords.

Reykjavík est à 235kms, Jan Mayen 795kms.

 

La topographie de cette péninsule est vraiment accidentée, tous les reliefs aux abord immédiats du village culminent à plus de 600m d'altitude. Un foehn léger est fréquemment détectable par vent de plein sud.

 

Vue vers l'OSO. Un bras de mer s'ouvre au nord-est du village, et au sud-ouest un vallon canalise les vents dominants.

 

Heureusement que les agglomérations sont minuscules dans ce pays et que le vent fréquent ne challenge pas trop les qualité radiatives du matériel et du site, car l'implantation des stations météo n'est pas idéale en Islande. Ici on distingue un abri Stevenson (1) vraiment proche des maisons (et du trampoline !). J'ai aussi pu distinguer l'anémomètre (2) et ce que je pense être le pluviomètre.

 

 

C'est bien sur un climat subpolaire océanique marqué, avec un été tellement frais qu'on est à la limite de la zone tempérée et que l'on frôle le climat de toundra océanique marqué. Il fait en moyenne 1.3°c de moins qu'à Reykjavík, essentiellement à cause de la latitude plus élevée.

Le minimum pluviométrique de juin est vraiment marqué et assez surprenant, et au demeurant les pluies sont bien copieuses le reste de l'année. Le vent est bien sur très présent, et les pressions atmosphériques souvent basses nous signalent que nous somme sous le minimum dépressionnaire statistique d'Islande, avec sa cyclogenèse et ses fréquentes tempêtes.

Les oscillations autour du 0°c en hiver impliquent un enneigement fréquent et parfois abondant mais pas forcément durable car il subit les redoux et le foehn. Avec seulement 6 années de recul concernant l'enneigement je n'ai pas tenté de déterminer de période d'enneigement continu, et il y en a probablement pas malgré les presque 120 jours/an de neige au sol

 

Le vent est tellement contraint par le relief qu'on ne peut pas conclure grand chose des roses des vents:

Confirmation sur le tableau ci-dessus que le vent plein sud est légèrement foehné. Le phénomène n'est jamais très fort car le relief ne dépasse guère 600m ou 700m, mais le brassage vertical de l'air est fréquent.

 

Le cercle polaire passe 45kms plus au nord: on ne trouve donc pas de nuit continue mais au solstice d'hiver le jour ne dure que 2h37 et le soleil se contente de tangenter l'horizon, il reste donc invisible du village qui est dans l'ombre du relief qui occupe toute la moitié sud de l'horizon.

En été la diffraction des rayons solaires par l'atmosphère donne un jour continu du 10/06 au 02/07: le soleil apparent reste légèrement au dessus de l'horizon bien que physiquement il passe légèrement en dessous.

 

 

Voici un exemple d'hiver normal, 2008-2009.  Le mauvais temps est très fréquent - y compris la neige -, mais les températures restent la plupart du temps dans une fourchette autour de 0°c: il fait rarement sous -10°c, et les redoux dépassent rarement 10°c.

Il est dommage que les synops ne contiennent pas les valeurs des rafales, qui permettraient de mieux mettre en évidence les coups de vents et tempêtes.

 

 

Voici un court exemple de printemps: celui ci est centré sur mai, les condition hivernales revenants régulièrement jusqu'en avril.

Nous voyons sur cet exemple que même en mai la neige est encore possible, ainsi que les gelées qui s'attardent généralement au moins jusqu'à la moitié du mois.

Les synops reportent parfois de la poussière (ici le 25/05), sans réelle baisse de la visibilité. Je ne sais pas s'il s'agit de conditions locales, ou de poussière soulevée dans le centre désertique de l'ile, ou encore d'erreurs d'encodage. J'ai des observations similaires de poussières dans les autres fiches Islandaises à venir, donc devant le caractère relativement fréquent pas si isolé de ce temps présent j'ai préféré ne pas toucher à ces obs, au risque de laisser des erreurs.

 

 

Voici un exemple d'été normal, où la douceur de juillet compense la fraicheur d'aout. On distingue deux belles périodes de beau temps. Il me semble avoir entendu durant mon voyage là bas en 1991 que le beau temps était plus fréquent dans le nord de l'ile que dans le sud, mais je peux toujours me tromper... En tout cas cela semblé étayé pas les stats de nébulosité sur mes fiches, avec un juin et juillet une fréquence de ciels clairs plus forte ici (environ 20%) qu'à Reykjavik (environ 12%). Mais cela s'inverse sur le reste de l'année.

Les conditions restent fraiches avec la barre des 20°c rarement atteinte (1 été sur 3 en moyenne) et des journées déjà automnales en aout.

 

 

Pour finir voici un petit exemple de mois d'octobre, avec déjà des conditions bien hivernales dès le début de mois:

 

 

Ca y est, je suis venu a bout de cette fiche et des modifications du forum, à priori tout est rentré dans l'ordre à part peut-être ces cadres autour de certaines images, dont je ne suis pas fan.

 

 

Modifié 26 juin 2023 par mottoth
Réactualisation -> mai 2023

[mottoth]

#412. Akureyri.

 

2eme agglomération d'Islande par la taille, Akureyri compte environ 18000h.

Bolungarvik est à 240kms, Reykjavík 250kms, Tórshavn 685kms.

 

La région est assez montagneuse: Akureyri est au fond d'une fjord assez profond, dont le dénivelé par rapport aux montagnes voisine atteint 1500m. Nous constaterons sur les roses des vents comment ils sont canalisés par le relief selon une direction SSE/NNO. Les vents de tendance sud seront bien sur souvent plus ou moins foehnés, tandis que les vents de tendance nord seront froids et humides.

 

Vue vers le SSO. La station synoptique est un plein centre ville, à 23m d'altitude.

 

Une petite capture d'écran de Google Street View:

 

 

Le relatif abri des montagnes voisines engendre plusieurs choses:

- le climat est un peu moins fortement océanique que sur les côtes plus exposées, ainsi l'ICA est ici de 0.63 contre  0.57 à Reykjavík ou 0.53 à Bolungarvik. Ici les tn peuvent descendre plus bas, et la rusticité montre une cassure: -15°c de tnn annuelle médiane ici contre -11°c ou -12°c dans les deux villes citées précédemment.

- les précipitations sont nettement plus faibles, le cumul annuel est seulement équivalent à  63% de celui de Reykjavík ou 61% de celui de Bolungarvik. En juin il apparait même une pseudo sécheresse écologique sur le diagramme ombrothermique (il fait trop frais et l'hygrométrie est trop forte pour risquer une vraie sécheresse).

 

Les records de chaleurs de la période d'études semblent nettement en deçà des records historiques qui tournent autour de 28°c (le 29.4 de juin sur wikipédia me semble suspect). Cependant on a connu quelques nuits douces (tnx de 17.2°c) qui montrent que de rares mais agréables journées de plein été arrivent de temps en temps ici. EDIT 27/06/2023: l'été 2021 a remis les pendules à l'heure avec de nouvelles txx depuis 2000 bien plus proches des records historiques.

 

Les roses des vents sont conformes à ce que je vous avait annoncé en regardant la carte topographique: le couloir du fjord canalise la plupart des vents.

 

A solstice d'hiver le jour ne dure que 3h04 (et est probablement masqué un moment par le relief), à celui d'été 23h26 !

 

 

Voici l'hiver 2007-2008, au bilan normal. On découvre des variations de t° plus franches qu'à Reykjavik ou Bolungarvik.

Notez aussi comment les flux de nord sont froid ET humides: la conjonction d'un phénomène semblable au "snow lake effect" et du renforcement orographique des précipitations par le relief donne souvent des neiges copieuses dans ces conditions. Durant les grands hivers, comme 2015-2016, la neige au sol peut dépasser 1m au sol malgré les redoux fréquents.

Hélas sur cet exemple les hauteurs de neige n'étaient pas encore reportées dans les synops.

 

 

Encore un mois de mai pour illustrer le court printemps. C'est le même exemple qu'à Bolungarvik, 2004, avec des conditions encore hivernales en début de mois puis une belle douceur en dernière décade.

 

 

Eté 2006: dans les normales malgré 3 belles pointes de douceur à largement plus de 20°c.

J'y ai fêté le 14/07/1991, et je n'ai la chance de connaitre une telle douceur puisque je me souviens de 2 jours de pluie soutenue non stop, d'ailleurs je ne garde aucun souvenir de cette étape de mon voyage en Islande.

On disait à l'époque qu'il fallait absolument éviter d'aller en Islande après le 15/08 en raison du mauvais temps... sur cet exemple on voit bien que cela n'est pas forcément vrai, d'ailleurs je doute qu'aujourd'hui on essaye encore de faire peur aux touristes avec ça.

 

 

Enfin un mois d'octobre moyen, avec là encore des conditions parfois déjà quasiment hivernales.

 

 

Voilà, c'est tout pour Akureyri !

 

Modifié 27 juin 2023 par mottoth
Réactualisation -> mai 2023

[nicolass]

Merci pour ces fiches Islandaises ! Un si beau pays ! Je pensais que l'ensoleillement était meilleur que cela à Akureyri avec le foehn... Mais 1050 h c'est vraiment peu. Je crois que ce sont au fond des fjords de l'est que l'on peut avoisiner les 30 °C  

 

Sinon pour Akureyri, le niveau des Txx hivernales sont surprenantes ! 15 °C en plein mois de janvier de nuit ça doit faire bizarre  

 

J'espère que l'on aura une fiche sur l'intérieur du pays ? Et l'ile de Grimsey, la seule au nord du cercle arctique !

[Meteorologist Office]

Merci Mottoh pour cette fiche islandaise.

Il ne fait pas si froid que ça et il y a souvent des redoux gris qui rythment le temps en hiver sans oublier bien évidemment les récurrentes dépressions surpuissantes qui se produisent en hiver. Dommage qu'il n'y a pas de données pour les rafales de vents.

Sinon pas forcément maintenant, mais est-ce que tu penses que ces prochains mois, tu pourras faire des fiches pour les Etats Unis ou encore le Canada ( notamment l'Ontario où il n'y pas eu de fiches à ce sujet )? 

[mottoth]

il y a 43 minutes, nicolass a dit :

Merci pour ces fiches Islandaises ! Un si beau pays ! Je pensais que l'ensoleillement était meilleur que cela à Akureyri avec le foehn... Mais 1050 h c'est vraiment peu. Je crois que ce sont au fond des fjords de l'est que l'on peut avoisiner les 30 °C  

 

Sinon pour Akureyri, le niveau des Txx hivernales sont surprenantes ! 15 °C en plein mois de janvier de nuit ça doit faire bizarre  

 

J'espère que l'on aura une fiche sur l'intérieur du pays ? Et l'ile de Grimsey, la seule au nord du cercle arctique !

Pour les records de chaleurs de l'ile, à priori vers 29°c ou 30°c, je pense qu'il faut chercher vers les plaines du nord-est comme autour du lac Myvatn, où alors dans le sud-ouest vers dans un triangle Thingvellir - Gullfoss - Hella (où personnellement j'ai connu les seules véritables conditions de douceur lors de mon voyage, soit dans les 20°c).

Il n'y aura pas de fiche pour Grimsey, et à priori pas non plus pour l'intérieur du pays: la seule station de l’intérieur donc les synops sont dispos est celle du hameau de Grimsstadir, qui détiendrais le record de froid d'Islande (-38°c, valeur douteuse). Mais celle ci ne reporte pas de synop la nuit, donc y priori je l'écarte. Il y avait dans le temps la station de Hveravellir, encore plus centrale, et que j'ai eu le loisir de visiter, mais ses synops ne sont plus dispos depuis 2004. Dommage, cela aurait fait une fiche très impressionnante. avec des tempêtes terribles et de grandes variations de t°.

La prochaine étape sera donc maritime, mais spectaculaire elle aussi dans son genre.

 

il y a 34 minutes, Meteorologist Office a dit :

Sinon pas forcément maintenant, mais est-ce que tu penses que ces prochains mois, tu pourras faire des fiches pour les Etats Unis ou encore le Canada ( notamment l'Ontario où il n'y pas eu de fiches à ce sujet )? 

Etats Unis: je pense au Texas très prochainement, vu que cet Etat est dans l'actualité et que cela fait déjà un moment que je veux l'étudier. Les zones qu'il me reste à parcourir du Canada et des Etats Unis le seront par petits bouts, je n'ai pas envie de tout faire en une ou deux méga-séries. Donc il y aura d'abord le Texas (avec peut-être le Nouveau Mexique), et ce sera tout avant une prochaine petite série qui pourra porter sur la côte Est, ou les Grands Lacs, ou le midwest, ou les Appalaches, ou encore Floride + Louisiane... Nous verrons bien...

[Canada Goose]

il y a 56 minutes, mottoth a dit :

Pour les records de chaleurs de l'ile, à priori vers 29°c ou 30°c, je pense qu'il faut chercher vers les plaines du nord-est comme autour du lac Myvatn, où alors dans le sud-ouest vers dans un triangle Thingvellir - Gullfoss - Hella (où personnellement j'ai connu les seules véritables conditions de douceur lors de mon voyage, soit dans les 20°c).

 

Le record national serait de 30,5 °C le 22 juin 1939 à Teigarhorn. Mais la valeur est très ancienne...
 

[Meteorologist Office]

Il y a 4 heures, mottoth a dit :

 

 

Etats Unis: je pense au Texas très prochainement, vu que cet Etat est dans l'actualité et que cela fait déjà un moment que je veux l'étudier. Les zones qu'il me reste à parcourir du Canada et des Etats Unis le seront par petits bouts, je n'ai pas envie de tout faire en une ou deux méga-séries. Donc il y aura d'abord le Texas (avec peut-être le Nouveau Mexique), et ce sera tout avant une prochaine petite série qui pourra porter sur la côte Est, ou les Grands Lacs, ou le midwest, ou les Appalaches, ou encore Floride + Louisiane... Nous verrons bien...

Ah c'est super ça, bonne idée  avec notamment ces plus de 1500 mm tombés à Houston en 4 jours !

Pour ce qui est des Grands lacs ou du Midwest d'une manière générale , j'ai beaucoup étudié le climat de là-bas, si ça t'intéresse, je pourrais t'apporter des infos