
charles.muller
Membres-
Compteur de contenus
2597 -
Inscription
-
Dernière visite
Type de contenu
Profils
Forums
Calendrier
Tout ce qui a été posté par charles.muller
-
Il y a pas mal d'erreurs de détail, mais aussi des propos exacts. Le fait est par exemple que l'Antarctique tend à se refroidir et gagner des glaces (en dehors de la Péninsule, et même en l'incluant pour une moyenne globale) depuis trente ans. Ou que la fonte du Kilimandjaro, comme celles de la plupart des glaciers tropicaux, n'est que modestement corrélée aux oscillations du réchauffement climatique depuis 150 à 200 ans, ce qui oblige à chercher d'autres causes (dans le cas de Kilimandjaro, c'est plutôt l'insolation d'altitude qui est avancée de mémoire). Mais je constate que notre cher ex-ministre a bon fond. Je vais lui écrire pour l'aider à mettre à jour ses sources sceptiques
-
Oui, il y a justement une brève communication à ce sujet dans le dernier Science. Le niveau minimum de CO2 à l'Eocène (56-49 ma BP) se situerait vers 1125 ppm... mais la fourchette est large (jusqu'à 2985 ppm). "Precipitation of nahcolite plus halite at those temperatures fixes minimum early Eocene [CO2]atm between 1125 and 2985 ppm." Science 29 September 2006: Vol. 313. no. 5795, p. 1928 DOI: 10.1126/science.1129555. Brevia : Elevated Eocene Atmospheric CO2 and Its Subsequent Decline. Tim K. Lowenstein and Robert V. Demicc Sinon, personne ne doute que les "gaz à effet de serre sont importants pour le climat" - ne serait-ce que, parce que sans eux, il n'y aurait sans doute pas de vie sur Terre. Mais si l'on va un peu plus loin, la supposée concordance entre les températures et les GES dans les données paléo. me laisse un peu songeur. La plupart d'entre elles indiquent que dans le passé, la hausse des GES a été postérieure à la hausse des températures, et que ceux-ci agissent comme des rétroactions positives. Ce qui ne permet pas de trancher le fond du débat : plus de GES = plus de chaleur mais dans quelle proportion au juste par rapport aux autres causes de variations thermiques ?
-
En effet, c'est ce que j'ai lu ici ou là - et je suis bien loin de penser que la variation de CO2 ou de CH4 est le seul fateur, ni même un facteur prépondérant des températures : dans ce cas, avec un taux de CO2 >30 % et un taux de méthane > 130 % aux 600.000 dernières années selon les forages glaciaires, nous serions déjà revenus aux temps des dinosaures. La denière reconstruction en date (Otto-Bliesner 2006) sur l'interglaciaire 130-120 kyr BP donne même des anomalies légèrement supérieures aux tiennes concernant le forçage solaire, allant jusqu'à 60-80 W/m2 au-dessus de 70 °N pour les mois de fonte. Fig. 1. Anomalies of solar radiation incoming at the top of the atmosphere at 130 ka relative to present as a function of latitude. Large positive anomalies occur over the Arctic during boreal late spring and early summer. Northern high-latitude annual mean anomalies are small and positive, whereas global annual mean anomalies are close to zero. Similar high-latitude anomalies occur for boreal late spring and early summer through 127 ka, diminishing considerably after that time. Jun, June; Apr, April; Ann, annual. Ce qui se serait traduit en Arctique par les anomalies suivantes (en A, les proxies de la zone, en B l'estimation du modèle) : Fig. 2. Arctic summer surface-temperature anomalies. [A] Maximum observed LIG summer temperature anomalies relative to present derived from quantitative [terrestrial (circles) and marine (triangles)] paleotemperature proxies as part of CAPE Last Interglacial Project (14). LIG summer (June, July, and August) temperature anomalies relative to present simulated by CCSM for 130 ka. [C] Additional LIG summer warming for our no–Greenland Ice Sheet sensitivity simulation relative to our LIG simulation with the GIS. [D] Summer temperature anomalies for a freshwater anomaly of 0.1 sverdrup to the North Atlantic for 100 years simulated by CCSM. For the CCSM simulations, only anomalies significantly different from natural model variability at 95% confidence interval are shown. Réf. : Science 24 March 2006: Vol. 311. no. 5768, pp. 1751 - 1753. DOI: 10.1126/science.1120808 Simulating Arctic Climate Warmth and Icefield Retreat in the Last Interglaciation Bette L. Otto-Bliesner,1* Shawn J. Marshall,2 Jonathan T. Overpeck,3 Gifford H. Miller,4 Aixue Hu,1 CAPE Last Interglacial Project members
-
La preuve irréfutable du réchauffement climatique !
charles.muller a répondu à un sujet de florent76 dans Archives
Vu les nouvelles toutes récentes sur le méthane en provenance de Chine, et vu le développement attendu de l'Asie en 2020, il faudra juste songer à varier un peu le couplet sur les Etats-Unis dans un proche avenir. -
Le travail d'un journaliste ne consiste pas spécialement à courir après un chercheur pour lui demander des données qu'il a omis de préciser dans son article. En général, ce sont les comités de lecture qui font ce travail. De toute façon, j'ai lu que même mes confrères du Monde précisent que l'article n'apporte rien de nouveau. C'est donc juste un coup de pub / coup de g.eule. Raison pour laquelle la fine équipe de la Nasa se permet même de répondre directement à un romancier (Crichton note 14). Ou de citer le chiffre fantaisiste de 60% d'espèces appelées à disparaître sur la base d'un essai de vulgarisation et non d'une étude peer-reviewed (note 38). Tout cela n'est vraiment pas sérieux. Sinon, un autre fait instructif est que les courbes de Hansen montrent que le dernier interglaciaire (voici environ 120.000 ans) a été plus chaud que le nôtre, alors que 6 milliards d'humains ne crachaient évidemment pas leur gaz à effet de serre à pleins pots d'échappement. Je ne pense pas que les coups de silex pour allumer son feu soient à l'origine de T > 2°C dans le pacifique oriental , ou de 1°C sur Vostok [C] ou l'océan indien [D]. Cela montre que notre interglaciaire n'a pas spécialement atteint le plafond naturel du précédent dans certaines zones. Si tant est que ces proxyes isolés aient une quelconque signification globale, ce dont je doute toujours. Mais dans la logique hansenienne, il y a de quoi réfléchir...
-
Les auteurs (Larsen & Motyka) m'ont envoyé le draft du papier, qui est encore en comité de lecture. La perte estimée dans la région (55-60 °N) sur 1948-2000 est de 14,6 km3/ an ± 4,4, soit une élévation niveau de la mer de 0,04 mm / an ± 0,01. La marge d'erreur assez importante est due à la méthode de reconstruction (comparaison de photos aériennes 1948-76 et mission de topographie radar 2000), aux dates de la mission topographique (août et février, avec ±2 m selon la saison) et à l'extrapolation (zone de 14,570 km2 sur les 90,000 km2 de l'ensemble). Le changement climatique est l'une des causes du retrait constaté. Voici les anomalies NOAA de trois postes de la région. On notera la forte augmentation des précipitations, qui explique les gains parfois importants de certains glaciers. Ces sont surtout les anomalies de T estivales qui expliquent les fontes en basse altitude. Par ailleurs, comme le signale ce passage, les glaciers côtiers apportent une contribution importante à la fonte et leur cycle est relativement indépendant du changement climatique lui-même (idem pour les glaciers se terminant dans les moraines au PAG devenues aujourd'hui des lacs, mais leur mouvement semble moindre sur la période). Cela représente environ les deux-tiers des pertes analysées. Tidewater glaciers become unstable when the terminus retreats from its protective shoal into a deep basin and rapid calving ensues [Post, 1975]. Although the retreat may be triggered by climate (or other factors), these calving retreats become independent of climate as described in the “tidewater glacier cycle” [Meier and Post, 1987; Post and Motyka, 1995]. Once begun, the retreat phase of this cycle is subject to increasing positive feedbacks as surface slopes and flow velocities substantially increase at the terminus and throughout the length of such glaciers, causing significant drawdown of the parent icefield and further increasing calving flux [Pfeffer et al., 2000; O’Neel et al., 2001]. This phase of the tidewater cycle has been observed to lead to terminus retreat in excess of 1 km/yr in southeast Alaska. Surface mass balance data on tidewater glacier is sparse, but interpolation of available data indicates that for retreating tidewater glaciers calving is by far the dominant mode of ice loss (>90%) [brown et al., 1980; O’Neel et al., 2003]. Because of the magnitude of ice loss relative to non-calving glaciers is so large, retreating tidewater glaciers tend to be the dominate contributor to sea level rise in coastal Alaska [cf. Arendt et al., 2006]. The importance of this assertion is that a significant proportion of current ice loss in southeast Alaska is due to the dynamics of tidewater glaciers and not directly forced by climate change, aside from the initiation of the calving retreats.
-
Donc, tu me posais une question hors de portée sachant qu'elle était hors de portée afin de vérifier que je "bottais en touche" en la considérant hors de portée ? Ma raison est en effet un peu obscurcie par la subtilité du stratagème. Justement : trois points pour analyser le SST de cet oécan sur 12000 ans, cela te paraît suffisant ? (Surtout que les courbes de Stott publiées plus haut montrent que les trois points en question ne sont pas toujours accordés). Voir réponse à Meteor plus haut.
-
Lien vers l'article complet (à l'écran, option pdf dans la colonne de droite) : http://www.pnas.org/cgi/content/full/103/39/14288
-
En effet, raison pour laquelle j'ai indiqué plus haut la référence concernée (Stott 2004) et même publié leur courbe de reconstruction. En ce cas, pourquoi la valeur précise de cette corrélation n'est pas donnée, au lieu de généralités sur l'importance du Pacifique tropical dans la circulation générale ? Quand je regarde la courbe des SST de la zone en question publiée dans l'article, je ne discerne pas spécialement la corrélation avec la courbe des T globales sur la même période. Les SST tropicale occidentale ne varient par exemple presque pas de 1915 à 1950, de même qu'elles semblent stables, voire en baisse légère entre 1980 et 1995. Par ailleurs, on constate la faible variabilité de la zone (rappelée dans l'article : 1°C) en même temps que la marge d'erreur du proxy de Stott 2004 est également de ±1°C. C'est assez extraordinaire tout de même : je dois "démontrer" qu'un seul proxy sur une seule zone, dont la marge d'erreur est équivalente à la variabilité naturelle de la zone, c'est un peu léger pour une reconstruction paléoclimatique globale. Je me permets de rappeler ici les réserves émises par les 12 climatologues co-auteurs principaux du rapport du National Research Council sur la reconstruction des températures depuis 2000 ans : The main reason that our confidence in large-scale surface temperature reconstructions is lower before A.D. 1600 and especially before A.D. 900 is the relative scarcity of precisely dated proxy evidence. Other factors limiting our confidence in surface temperature reconstructions include the relatively short length of the instrumental record (which is used to calibrate and validate the reconstructions); the fact that all proxies are influenced by a variety of climate variables; the possibility that the relationship between proxy data and local surface temperatures may have varied over time; the lack of agreement as to which methods are most appropriate for calibrating and validating large-scale reconstructions and for selecting the proxy data to include; and the difficulties associated with constructing a global or hemispheric mean temperature estimate using data from a limited number of sites and with varying chronological precision. All of these considerations introduce uncertainties that are difficult to quantify. PS : entretemps, voir les courbes de snowman sur les corrélations pacifique / global
-
La sensibilité climatique, généralement exprimée par rapport à un doublement CO2, définit la variation attendue des températures en réponse à une perturbation donnée dans le flux radiatif, afin que le système climatique retourne à l'équilibre (flux nul au sommet de l'atmopshère). Sur un forçage donné et connu (par exemple GES), on peut calculer le réchauffement théoriquement attendu (dès lors que l'on connaît le flux entrant et la variation d'absorptance alpha de la couche considérée). D'après Delmas Megie Peuch (Phys. Chim. Atm., p. 465), un doublement du rapport de mélange CO2 dans l'atmopshère représente ainsi 3,71 W/m2 de forçage et 1,1°C d'échauffement. Or, la sensibilité climatique à ce doublement est plutôt estimée à 1,5-4,5 °C dans les modèles actuels. La différence provient des fameuses rétroactions (surtout vapeur d'eau et nébulosité), très mal modélisées à ce jour (c'est pourquoi la fourchette des modèles est si large selon leur paramétrisation). L'alternative consiste à évaluer empiriquement la sensibilité climatique (rétroactions incluse), en observant par exemple la hausse des températures et la variation des forçages sur une période donnée. Mais on se heurte ici à un autre type d'incertitude, relatif à la mesure exacte des éléments du bilan radiatif. Selon que le forçage aérosol est de -0,5 ou -1,5 W/m2, par exemple, la sensibilité climatique au doublement CO2 empiriquement estimée sur la période 1750-2000 ne sera pas du tout la même. Si Hansen et al. ont fait chuter de plus de 25% la sensibilité climatique entre 1988 et 2005, c'est notamment parce qu'ils ont ré-estimé leur évaluation empirique (Indeed, moderate overestimate of global warming is likely because the sensitivity of the model used, 4.2°C for doubled CO2, is larger than our current estimate for actual climate sensitivity, which is 3 ± 1°C for doubled CO2, based mainly on paleoclimate data).
-
Non, j'ai lu intégralement le papier de Hansen et al. et j'ai aussi lu intégralement la seule source que ce papier cite pour justifier leur rappochement T actuelles / T 12.000 ans (nots 29 ; pour le rapprochement T 1,35 million d'années, c'est la note 28, Medina-Elizade 2005, également lue, du même tonneau). J'ai exprimé clairement mes doutes sur la base de ces lectures, en les rapportant précisément. Si tu as envie de défendre la "logique" hansenienne, fais-le sur cette base, pas en m'attaquant personnellement et inutilement. On dirait que tu as quelques difficultés àcela et que tu n'es pas le seul. Pourtant, papy Hansen est un porte-étendard solide du réchauffement par GES depuis son papier fondateur de 1981... Je relis bien ta question et je la comprends assez mal. Les variations et les valeurs de quoi ? Précise-moi, et je ne botterai pas en touche (je pense même plutôt faire une contre-attaque, ou te pousser à la faute pour obtenir un penalty ). A nouveau, je ne saisis pas. Je ne doute pas qu'en ajoutant de l'effet de serre "non naturel", on échappe à la variabilité de l'effet de serre "naturel". J'ai en revanche quelques doutes sur les proportions du phénomène. Si tu me demandes de mettre au point un modèle probabiliste permettant de juger la validité de l'ensemble des modèles climato. actuels, j'imagine que tu mesures l'inanité de cette requête. Le GIEC lui-même se plaint depuis deux rapports (et encore dans le prochain) que ces comparaisons intermodèles ne soient pas assez nombreuses pour faire avancer le schmilblick. Moi aussi, j'avoue volontiers mes limites en climatologie, je l'ai même fait à plusieurs reprises ici. Je ne renonce pas pour autant à mes capacités critiques d'individu capable de lire un papier scientifique et de le comparer au reste de la littérature. Dans le cas de Hansen, prétendre dériver une température globale à partir d'un seul proxy d'un seul océan est suffisamment aberrant pour que je n'ai pas à le "démonter" plus que cela. Je te renvoie au rapport NRC 2006 sur les reconstructions du climat passé (sur 2000 ans). A toi de m'expliquer que le taux de magnesium et de calcium d'un coquillage du pacifique suffit à juger au demi-degré près la température moyenne de la Terre du 12.000 ou 1,35 million d'années. Désolé, je suis pour l'instant le seul à prendre cet article en détail et à expliquer pourquoi il ne me convainc pas. Toi-même, au lieu de te plaindre en termes généralistes d'on ne sait quel dérive du forum ou de ma personne, tu n'as qu'à nous expliquer pourquoi il te paraît bon. Ton post montre surtout que cela "dégénère" en règlement de compte contre moi, au lieu de se concentrer sur le contenu de Hansen et al. 2006. A mon avis, tu rends un mauvais service à ta cause.
-
Détrompe-toi. La sensibilité climatique au doublement CO2 n'est pas un calcul déterministe, mais repose presqu'entièrement sur les données empiriques. En fait, le calcul purement déterministe donne de mémoire qqch comme 1°C ± 0,5 pour un doublement de la couche atm. de réflection IR. Là, c'est inévitable + d'ES = + de radiation entrante (moins de sortante) = plus de chaleur. Ce sont les rétroactions supposées, dont essentiellement la vapeur d'eau, qui font bondir à 3 ou 4 (voire 8 ou 9 °C selon certains travaux) la sensibilité climatique au doublement CO2 comme équivalent GES. Mais ce chiffre est non déterministe, c'est juste la meilleure approche probabiliste (par fonction de densité) de ce que l'on croit savoir des climats passés + des formules de base physico-chimiques de l'atm. D'où les querelles paléoclimatiques, d'ailleurs, car la sensibilité clim. au forçage solaire (entre autres) 1000-1800 influe directement sur les prévisions 2000-2100. Idem pour les facteurs mal pris en compte dans les modèles actuels : urbanisation, usage des sols, pollution basse couche, ozone, aérosols, nébulosité, cons. de biomasse, carbone noir (suie), méthane naturel, etc. A chaque fois que tu modifies la part d'un facteur dans le bilan radiatif, tu modifies la part relative des autres facteurs, donc leur influence respective dans le réchauffement, donc leur sensibilité climatique telle qu'elle est modélisée. Si j'ai bien compris le principe du bilan radiatif, mais je laisse des "experts" (il y en a ici, et je les écoute quand ils me contredisent) m'expliquer éventuellement que la part CO2 ou la part GES du réchauffement est définitivement établie.
-
Sur les derniers posts ici, disons qu'il faut avoir une exigence de précision. Je ne partage pas l'option "on se f... de notre g..." sans autre explication (même si cela me tente en lisant les plus alarmistes ). Il faut tjrs ramener le débat à des faits mesurables et des hypothèses vérifiables. Au-delà, dans un sens comme dans l'autre, c'est de la métaphysique ou de la croyance ou de la provocation, pas de la science. Je reste ébahi par la légèreté de Hansen et al. 2006 (dès que j'ai le temps, j'aborde la question "biodiversité" de leur papier), d'autant que Jim Hansen n'est quand même pas né de la dernière pluie et que c'est un savant très respectable, malgré son péché mignon pour le "star system" à l'américaine. Les papiers "PNAS" sont rarement les plus productifs en science (plutôt des vitrines institutionnelles, dont une partie payée en pub.), mais là, cela me semble franchement contre-productif pour le camp "alarmiste" d'énoncer de telles généralités spéculatives.
-
Autre point : Hansen et son équipe affirment que leur modèle des années 1980 a correctement prévu la hausse 1988-2005. Ci-dessous, le schéma des trois scénarios (A, B et C) de températures modélisées et les températures réelles. On constate que l'indice global (land + ocean) est légèrement en-dessous de la plus "optimiste" des prévisions. Le texte nous donne les valeurs exactes : 0,59, 0,33 et 0,40 °C de réchauffement modélisé, 0,32 °C de réchauffement réel. La bonne nouvelle donc que la réalité reste pour l'instant inférieure aux prévisions les plus basses, a fortiori aux scénarios de hausses les plus élevées. On notera que le modèle de 1988 prévoyait une sensibilité climatique au doublement CO2 de 4,2°C, alors que nous sommes maintenant descendus (chez le modèle Hansen et al.) à 3°C. Encore un degré de moins dans les quinze ans à venir, et nous finirons peut-être par avoir des prévisions moins effrayantes pour 2100...
-
Le travail de Hansen et al. est vraiment intéressant. Je vais commencer par la première annonce médiatique : la température actuelle du globe serait la plus chaude des 12.000 dernières années. Annonce reprise évidemment par Le Monde, et par gbl ici. Comment l'équipe de Hansen obtient-elle ce résultat ? A partir d'une étude paléoclimatique sur trois points de l'Océan pacifique (zone tropicale occidentale) effectuée par Stott et al. (2004, réf. ci-dessous). A l'époque, les chercheurs avaient analysé les isotopes 018 et le rapport Mg/Ca dans les coquilles d'un foraminifère, pour estimer à ±1°C près l'évolution des SST sur la zone. Ils avaient d'ailleurs conclu à une baisse des SST et une hausse de la salinité sur la période (figure ci-desous). Hansen et son équipe "collent" ensuite à cette première série les mesures de SST par navire et sonde (1870-1981) puis par satellite (1982-2005), chacune de ses séries ayant à nouveau des incertitudes et marges d'erreur différentes (surtout 1870-1981, bien sûr). En ajustant cet ensemble déjà hétéroclite, ils parviennent à conclure que la température en ces points de l'OP tropical / occidental "est au plus haut niveau ou tout près du plus haut niveau du Holocène". Nouvelle étape : Hansen et al. nous expliquent que "le pacifique tropical est un facteur de premier ordre pour l'océan et l'atmosphère global", à travers le transport de chaleur. Et que la stabilité interannuelle de la zone (variabilité < 1°C) en fait un bon reflet des événement globaux, comme le réchauffement par effet de serre, par opposition à des phénomènes à courte échelle. (On notera au passage que cette variabilité de 1°C est aussi la marge d'erreur des reconstructions paléo. de Stott et al.). "Donc, les données des températures du pacifique tropical suggèrent que la température globale pourrait elle aussi être à son plus haut niveau". Nous sommes ainsi partis de coquilles de foraminifères en trois malheureux points du pacifique pour arriver à cette conclusion sur la moyenne des températures du globe. Je me demande si Hansen et al. ont conscience de l'énormité du procédé. Un récent rapport de l'acamédie américaine des sciences nous a expliqué que l'on ne pouvait reconstruire de manière raisonnablement fiable les températures de surface terrestre de l'HN entre 1000 et 1600, malgré l'usage de nombreux proxies (anneaux de croissance, sédiments, etc.) sur de nombreuses zones différentes. Et l'équipe de Hansen réussit la prouesse de reconstruire des données sur le globe entier, à partir d'un seul proxy, sur une seule zone d'un seul océan. Chapeau l'artiste ! Références Nature 431, 56-59(2 September 2004) | doi:10.1038/nature02903 Decline of surface temperature and salinity in the western tropical Pacific Ocean in the Holocene epoch Lowell Stott1, Kevin Cannariato1, Robert Thunell2, Gerald H. Haug3, Athanasios Koutavas4 and Steve Lund1
-
Pour info, le texte de Hansen et al. en open access à : http://www.pnas.org/cgi/content/full/103/39/14288
-
--> CITATION(Jean-Séb @ 26/09/2006 - 18:29) <{POST_SNAPBACK}>Ce qu'il faut ajouter, c'est le rythme du réchauffement déjà constaté, et surtout celui prévu à l'avenir qui est sans comparaison me semble-t-il, et pose réellement question sur les conséquences que cela peut induire... Le rythme en question est d'un peu moins de deux dixièmes de degré par décennie d'après le communiqué dont nous parlons ici. Il est notamment "sans comparaison" parce qu'aucun instrument ni aucun proxy n'est capable de donner une estimation à ce degré de précision, et sur une courte période, dans les décennies, siècles et millénaires passés. Quant à celui "prévu pour l'avenir", il a évidemment encore moins de comparaison possible...
-
Fonte des glaces plus rapide que prévue
charles.muller a répondu à un sujet de ol_bugs dans Archives
Ma foi, on en revient toujours au même : un pari sur la prédiction des modèles actuels. Ayant maintes fois exprimé toutes mes réserves sur la qualité de ces modèles, leur réelle prise en compte des forçages, la précision de la simuation de circulation générale et leur capacité à prédire quoique ce soit de fiable (à 20 ans ou 100 ans), je ne me vais pas me répéter. Moi, par goût et par méthode, je me contente de raconter ce que disent les données du réel et d'observer les critiques des chercheurs sur leur propre travail. Je peux inverser : un certain discours sceptique m'agace quand il veut faire feu de tout bois, mais toujours bien moins que les sermons alarmistes, les prophéties catastrophistes, les leçons de morale des protecteurs autoproclamés de la planète Terre, etc. Des deux mon général. Les journalistes, je n'en parle même pas : 80% d'entre eux suivent le courant dominant par paresse. A leur intention, certains chercheurs jouent à fond la carte médiatique en se répandant en petites formules allant bien au-delà de l'objet et des conclusions de leur travail. Cela m'agace. Remarque bien, cela ne m'agacerait pas du tout qu'ils donnent leur opinion directement : moi, Rignot, moi Hansen, moi Le Treut, etc. je pense que le réchauffement anthropique est une menace et je m'engage personnellement pour en rédure les causes. Rien à dire. Mais tant qu'un chercheur a sa casquette de chercheur, il se concentre sur ses conclusions, leurs portées et leurs limites. S'il veut changer la société, s'il veut frapper l'imagination, il y a des partis, des associations ou des lobbies pour cela. Cela s'appelle la politique, c'est une autre activité. Si je prends le dernier communqué de l'équipe de Hansen (Nasa) dont nous parlons dans un autre post, tout y est : information trois jours avant que l'article soit disponible (pas de contre-feu possible sur la base d'une analyse détaillée), annonce grandiloquente et invérifiable sérieusement (encore un petit degré, et nous serons dans le record des deux derniers millions d'années), digressions sans rapport direct ni étude approfondie, mais fédératrice (au fait, la biodiversité va souffrir terriblement). Voilà très exactement ce qui m'agace : effet d'annonce, confusion des genres, pauvreté de l'apport réel à la recherche. Florilège du chercheur qui m'exaspère (dernier communiqué Nasa) en parlant de tout et de l'importe quoi par ds formules choc : "This evidence implies that we are getting close to dangerous levels of human-made (anthropogenic) pollution," said Hansen. [le mot "pollution" est déplacé, mais il doit être efficace] According to Hansen “That means that further global warming of 1 degree Celsius defines a critical level. If warming is kept less than that, effects of global warming may be relatively manageable. During the warmest interglacial periods the Earth was reasonably similar to today. But if further global warming reaches 2 or 3 degrees Celsius, we will likely see changes that make Earth a different planet than the one we know. The last time it was that warm was in the middle Pliocene, about three million years ago, when sea level was estimated to have been about 25 meters (80 feet) higher than today.” [une planète différente de ce que nous connaissons, 25 mètres de niveau de la mer en mieux : et en avant pour Le jour d'après II] “Rapid movement of climatic zones is going to be another stress on wildlife” according to Hansen. “It adds to the stress of habitat loss due to human developments. If we do not slow down the rate of global warming, many species are likely to become extinct. In effect we are pushing them off the planet.” [Plein d'espèces vont disparaître à cause du réchauffement, aucune n'en profitera bien sûr, nos modèles ne l'indiquent pas] Je m'arrête là, car la colère est mauvaise conseillère. Et je renonce un peu, moi aussi, à convaincre qui que ce soit dans le camp fortifié de l'alarmisme modélisé. -
Fonte des glaces plus rapide que prévue
charles.muller a répondu à un sujet de ol_bugs dans Archives
Tu sembles (Meteor) aussi peu apprécier le scepticisme que le relativisme, ce dernier étant systématiquement qualifié sous ta plume depuis quelques posts de "lénifiant", "pontifiant", "bon ton" et autres adjectifs dépréciateurs. Relativiser les données en climatologie, ce n'est jamais que comparer ce qui est comparable, comme le comportement climatique d'une région dans le temps. Cela n'a rien d'une stratégie ni d'une manipulation pour nier quoique ce soit : c'est plutôt un réflexe normal pour apprécier la longue durée. Si l'Arctique ou le Groenland avaient été stationnaires entre 1870 et 1950, puis s'étaient rapidement réchauffés depuis, je ne doute pas que l'on publierait ici les cartes pour montrer la profondeur et l'anomalie du réchauffement actuel. De la même manière que certains ont jadis publié et republié une certaine crosse de hockey pour asséner leur thèse. A ma connaissance, personne n'a nié que la banquise s'est fragmentée cet été ni que le Groenland a perdu des glaces au cours des quatre dernières années de la mission GRACE. Ce que tu refuses apparemment d'admettre clairement, c'est que ces deux constats : a- n'ont rien d'exceptionnel dans la mesure où ils s'intègrent dans une période de réchauffement constant (ils sont logiquement "jamais vu" car il faut plus chaud dans cette zone en 2006 qu'en 1980) ; b- doivent être appréciés au regard es éléments historiques disponibles, notamment les températures des bases de données homogénéisées. De mon côté, je n'ai aucune difficulté à reconnaître que les glaces de l'Arctique ne sont pas en grande forme depuis 20 ou même 40 ans, et qu'elles perdent en superficie comme en épaisseur (dans des porportions inconnues dans ce dernier cas : 10 à 40% selon les chercheurs). Ni à admettre que le bilan de masse du Groenland est en déficit, sous réserve de confirmation par d'autres relevés altimétriques étant donné que le sujet a donné lieu à des estimations contradictoires l'année dernière. Ce que montre ta carte sur les données printanières / estivales, ou mes cartes ci-dessous sur les données annuelles (Arctique et Groenland, même base HadCrut2), c'est que les variabilités interannuelles et interdécennales sont assez fortes et que les maxima d'anomalies atteints à la fin des années 1930 et au début des années 1940 ne sont pas éloignés des maxima actuels, ou leurs sont même légèrement supérieurs sur le Groenland. Ce qui me gêne dans l'effervescence médiatico-scientifique actuelle (Hansen et al. sur le climat plus chaud depuis 12.000 ans, Larsen et al. l'Alaska en débâcle, l'ESA sur la glace pérenne en dissolution, Velicogna et al. sur le Groenland en perdition, etc.), c'est que le discours les entourant est toujours le même : la mauvaise santé des glaces du Grand Nord est la preuve du réchauffement d'origine anthropique. Or, malgré ce tir groupé de mauvaises nouvelles dont un esprit soupçonneux dirait qu'il n'est peut-être pas tout à fait dû au hasard, aucune de ces données ne témoignent par elles-mêmes du caractère spécifiquement anthropique du réchauffement actuel. Et le fait qu'un réchauffement d'amplitude comparable a eu lieu voici 70 ans, à l'époque où les GES humains étaient nettement moins présents dans l'atmosphère, incite au minimum à la prudence. Je n'aurais aucun problème si les communiqués des chercheurs étaient formulés ainsi : La mauvaise santé des glaces, bien réelle, est peut-être dû au réchauffement actuel, notamment à sa part anthropique. Mais il convient aussi de prendre en compte l'ensemble des facteurs d'une région connue pour sa variabilité naturelle (OA, NAO, modification des courants, des flux, de la nébulosité, de l'insolation, etc.) ainsi que des perturbations autres que les gaz à effet de serre comme le CO2 ou le CH4 (ozone, transfert pollution surface-couche limite, suie de carbone, etc.). Seul un examen attentif de chaque facteur dans un modèle régional approprié permettra de décider du poids de chacun dans le réchauffement de l'Arctique, et donc du comportement à long terme de la région. -
Il serait bon d'avoir l'étude de Larsen et Motyka en question. En août dernier, elle était encore en cours de review dans le JGR, et je ne l'ai pas vue passer depuis. Il est vrai que c'est devenu une (mauvaise) habitude de communiquer avant même publication des travaux. La précédente étude citée par le communiqué, qui semblait avoir sous-estimé la fonte globale de l'Alaska, était due à Arendt et al. (2002, abstract en bas de ce post). A l'époque, les auteurs avaient mesuré 67 glaciers et extrapolé à l'ensemble de la région. Sur les glaciers qu'ils avaient étudiés, il est cependant à noter que le réchauffement climatique n'était pas le seul facteur mis en cause : Our observations of rapid glacier wastage during the early period, and of increased rates of thinning during the recent period, may be linked to climate warming during the past several decades (7), but other factors are involved. The large rates of thinning we observed for some tidewater glaciers are due to their unstable dynamics of rapid retreat and slow advance and are not simply linked to climate warming, although retreat is likely initiated by negative mass balance. Periodic thickness changes characteristic of surge-type glaciers are also not simply linked to climate warming. For example, there was a large downglacier ice flux during the 1993-1995 surge of Bering Glacier, leading to a thickening on the eastern segment of the piedmont lobe, but overall the glacier thinned from 1972 to 1995. A few glaciers in our sample thickened, and in most cases these were located near other glaciers that thinned; almost all of these anomalous glaciers are tidewater or paleo-tidewater (e.g., Hubbard and Taku glaciers) and are probably in a stage of advance associated with unstable tidewater glacier dynamics. Nevertheless, nearly all of the measured glaciers experienced increased thinning rates during ~1995 to 2001 relative to the ~1950 to 1995 period. This is consistent with the results of conventional mass balance studies on Gulkana and Wolverine (27), McCall (16), Taku (28), and Lemon Creek (29) glaciers, which show increased negative balances during the past decade. En Alaska comme ailleurs, la fonte des glaciers a commencé au XIXe siècle, après un petit âge glaciaire prononcé dans la région. On estime que la superficie des glaciers était environ 10% supérieur à la moyenne du XXe siècle en 1750. Certains d'entre eux, de petites dimensions, ont d'ailleurs déjà disparu au XIXe siècle et au XXe siècle. Il serait aussi intéressant d'observer la corrélation de l'évolution des glaces avec l'ENSO (j'ai lu quelque part que le phénomène était sensible au sud de l'Alaska) et la NAO (il semble que le Groenland et l'Alaska oscillent en sens contraire selon les indices NAO, sur des périodes longues de plusieurs décennies). De toute façon, le réchauffement prononcé en Alaska depuis quatre décennies n'a pu que faire fondre les glaces, sauf en des points précis d'altitude où l'enneigement a augmenté. Je vais demander leur draft à Larsen / Motyka pour avoir plus d'infos. ** Science 19 July 2002: Vol. 297. no. 5580, pp. 382 - 386 DOI: 10.1126/science.1072497 Rapid Wastage of Alaska Glaciers and Their Contribution to Rising Sea Level Anthony A. Arendt, Keith A. Echelmeyer, William D. Harrison, Craig S. Lingle, Virginia B. Valentine We have used airborne laser altimetry to estimate volume changes of 67 glaciers in Alaska from the mid-1950s to the mid-1990s. The average rate of thickness change of these glaciers was -0.52 m/year. Extrapolation to all glaciers in Alaska yields an estimated total annual volume change of -52 ± 15 km3/year (water equivalent), equivalent to a rise in sea level (SLE) of 0.14 ± 0.04 mm/year. Repeat measurements of 28 glaciers from the mid-1990s to 2000-2001 suggest an increased average rate of thinning, -1.8 m/year. This leads to an extrapolated annual volume loss from Alaska glaciers equal to -96 ± 35 km3/year, or 0.27 ± 0.10 mm/year SLE, during the past decade. These recent losses are nearly double the estimated annual loss from the entire Greenland Ice Sheet during the same time period and are much higher than previously published loss estimates for Alaska glaciers. They form the largest glaciological contribution to rising sea level yet measured.
-
On en parle déjà dans un autre topic. Mais pourquoi pas une discussion spéciale pour ce nouvel opus de l'équipe de Hansen. Je recopie le commentaire déjà posté ailleurs : Pas encore lu le papier, à paraître dans les PNAS. D'après le communiqué, les T seraient plus chaudes qu'elles n'ont jamais été au cours du Holocène dans les océans indien et pacifique équatorial occidental. Les auteurs en déduisent "par inférence" qu'elles sont plus chaudes partout (tout en notant ailleurs qu'elles sont moins chaudes dans la partie orientale de l'océan pacifique). Extrait du communiqué : One of the findings from this collaboration is that the Western Equatorial Pacific and Indian Oceans are now as warm as, or warmer than, at any prior time in the Holocene. The Holocene is the relatively warm period that has existed for almost 12,000 years, since the end of the last major ice age. The Western Pacific and Indian Oceans are important because, as these researchers show, temperature change there is indicative of global temperature change. Therefore, by inference, the world as a whole is now as warm as, or warmer than, at any time in the Holocene. In contrast to the Western Pacific, the researchers find that the Eastern Pacific Ocean has not shown an equal magnitude of warming. They explain the lesser warming in the East Pacific Ocean, near South America, as being due to the fact this region is kept cool by upwelling, rising of deeper colder water to shallower depths. The deep ocean layers have not yet been affected much by human-made warming. Cela paraît pour le moins audacieux d'évaluer une température océanique locale sur proxy sur 12 000 ans et d'extrapoler le résultat au globe entier. Alors même qu'un récent rapport de synthèse a conclu que l'on ne pouvait pas raisonnablement remonter au-delà de 1600 pour une estimation correcte de l'hémisphère Nord. Mais j'attends de trouver le papier intégral.
-
Fonte des glaces plus rapide que prévue
charles.muller a répondu à un sujet de ol_bugs dans Archives
Pas encore lu le papier, à paraître dans les PNAS. D'après le communiqué, les T seraient plus chaudes qu'elles n'ont jamais été au cours du Holocène dans les océans indien et pacifique équatorial occidental. Les auteurs en déduisent "par inférence" qu'elles sont plus chaudes partout (tout en notant ailleurs qu'elles sont moins chaudes dans la partie orientale de l'océan pacifique). Cela paraît audacieux d'évaluer une température océanique locale sur proxy sur 12 000 ans et d'extrapoler le résultat au globe entier. Mais j'attends de trouver le papier intégral. Extrait du communiqué : One of the findings from this collaboration is that the Western Equatorial Pacific and Indian Oceans are now as warm as, or warmer than, at any prior time in the Holocene. The Holocene is the relatively warm period that has existed for almost 12,000 years, since the end of the last major ice age. The Western Pacific and Indian Oceans are important because, as these researchers show, temperature change there is indicative of global temperature change. Therefore, by inference, the world as a whole is now as warm as, or warmer than, at any time in the Holocene. In contrast to the Western Pacific, the researchers find that the Eastern Pacific Ocean has not shown an equal magnitude of warming. They explain the lesser warming in the East Pacific Ocean, near South America, as being due to the fact this region is kept cool by upwelling, rising of deeper colder water to shallower depths. The deep ocean layers have not yet been affected much by human-made warming. -
Fonte des glaces plus rapide que prévue
charles.muller a répondu à un sujet de ol_bugs dans Archives
Salut miniTAX. Oui, en fait toute cette discussion est fondée sur ce problème de l'incroyable disproportion entre la faiblesse des données et le pathos des annonces : on a 5 ans de profondeur sur le Groenland (mission GRACE) et 5 ans aussi sur les images satellites (mission Envisat). Le système ASAR, comme l'a rappelé fsd8tr et je l'en remercie de cette précision, est embarqué sur Envisat depuis 2002 seulement. L'ancien système AMSR-E, comme le précise le communiqué ESA intégral, était moins fiable, particulièrement pour les fontes de la période estivale : ASAR is an active microwave instrument which sends periodic radar pulses toward the Earth and measures the signals return. AMSR-E is a passive microwave instrument which does not send radar pulses down but receives radiation naturally emitted from the Earth. Passive microwave data contain a certain amount of ambiguity in interpretation of ice types, particularly in mid summer during melting. However, this ambiguity is removed in high resolution active microwave data. Bref, nous parlons ici de "jamais vu" sur 5 ans dans une zone à forte variabilité et pour un phénomène physique (la formation, consolidation ou fragmentation de glaces mobiles) dont la dynamique est particulièrement instable ou pour un autre phénomène physique (le rapport perte / gain de masse glaciaire sur la plus grande île du monde) dont l'évaluation a déjà été contradictoire dans les 2 ans passés selon la méthode choisie. A mon sens, tout cela est aberrant en climatologie. Au même titre, je le re-précise pour être clair, que deux années d'anomalies froides sur les océans ne permettent absolument pas de statuer sur des tendances au refroidissement global. Au pire et comme souvent, cette information sur "la fonte des glaces plus rapide que prévu", déjà cent ou mille fois répétée à travers le monde*, reflète le goût médiatique pour le catastrophisme vulgaire. Au mieux, ce sont des données dont il faut prendre compte, parmi bien d'autres, pour analyser le comportement actuel du pôle nord et de sa périphérie. * Faites un test sur Google news en anglais sur l'expression arctic ice, vous aurez 1690 résultats dont une bonne part des 300 premiers répètent à l'envi la même info de base. -
Fonte des glaces plus rapide que prévue
charles.muller a répondu à un sujet de ol_bugs dans Archives
Merci de tes références sur l'Arctique, et bravo pour ton exemple très parlant de ce que pourrait être une information objective et mesurée. Malheureusement (le journaliste te parle), ce genre de communiqué finit dans la corbeille de la plupart de mes confrères, pour raison de non-rentabilité dans la chaîne économique de l'information aujourd'hui. -
Fonte des glaces plus rapide que prévue
charles.muller a répondu à un sujet de ol_bugs dans Archives
Je t'ai dit que ni le solaire ni l'ozone ne me convainquait spécialement, et plusieurs personnes ont également répondu sur ce point. Snowman t'a apporté des éléments de réponse à ce sujet : la variabilité arctique est ancienne. Ci-dessous, je copie-colle quelques commentaires rapides de papiers récents sur la région (réérences sur mon site) : Dahl-Jensen et al. (1998) ont analysé deux séries de données issus de forages des calottes groenlandaises et permettant de reconstruire les températures sur 50.000 ans (pour le forage en altitude, GRIP) et 7.000 ans (pour le forage Dye3, situé 865 km plus au Sud). Ils en concluent que le Petit Age Glaciaire était plus froid en moyenne de 0,5-0,7°C par rapport au présent. Quant aux températures récentes, elles ont "atteint un maximum autour des années 1930 [...mais] ont décru au cours des dernières décennies". Wagner et Melles (2001) ont étudié un bloc sédimentaire de 3,5 m, récupéré dans un lac près de la côte Est du Groenland, afin de repérer les traces organiques laissées par les oiseaux de mer au cours des 10.000 dernières années. Ils ont relevé un pic d'activité dans la période qui court du IXe au XIIIe siècle (optimum médiéval) suivi d'une baisse marquée, voire d'une absence totale de traces au coeur du Petit Age Glaciaire, qu'ils considèrent comme la période la plus froide de l'Holocène. Le dernier siècle montre un retour des oiseaux de mer, mais les signes biogéochimiques n'atteignent pas encore les niveaux de l'optimum médiéval. Moore et al. (2001) ont eux aussi réalisé une analyse de sédiments lacustres (lac Donard, Ile Baffin, Canada), sur la période 750-1990, afin d'évaluer la température moyenne des étés dans cette région. Une période chaude est documentée entre 1200 et 1375. La période la plus froide commence à partir de l'année 1375, qui marque le début du Petit Age Glaciaire dans cette région, et dure jusque vers 1800. La période 1800-1900 est se traduit par un réchauffement assez rapide, mais un refroidissement aboutit à des températures à nouveau froides autour de 1950. Les quarante dernières années sont marquées par une alternance de refroidissement et de réchauffement. Kasper et Allard (2001) ont étudié les fentes de gel du Nord du Québac (Salluit). Les fentes de gel sont des réseaux de polygones réguliers qui se forment naturellement dans le pergélisol, en raison des amplitudes thermiques entre les saisons et des mouvements conséquents de la glace. Sur 4000 années, ils concluent eux aussi à un minimum thermique au cours du récent Petit Age Glaciaire. Un réchauffement lui succède, qui est ici documenté jusqu'en 1946. Il s'ensuit un refroidissement au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Kaufman et al. (2004) ont effectué une méta-analyse de plusieurs indices (cernes des arbres, sédiments lacustres, carottage, etc.) dans 140 sites situés au Nord de la latitude 60°N, dans la partie occidentale de l'Arctique (1-180°W). Sur 120 de ces sites, ils ont trouvé des preuves évidentes de températures passées plus chaudes que les températures actuelles (moyenne du XXe siècle). A partir de 16 sites où des estimations quantitatives ont pu être réalisées, ils concluent que le maximum thermique du Holocène (HTM) était 1,6 +/- 0,8°C plus chaud que les conditions actuelles. La variabilité n'est pas hypothétique, mais réelle. Je ne propose pas d'hypothèses personnelles pour la simple raison que je n'en ai pas. Dès lorsqu'une région se réchauffe à un rythme plus rapide à une époque où il y a bien moins de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, je me contente d'observer que la vulgate alarmiste ("c'est la faute au GES") me semble trop simpliste. Et je fais l'effort de citer très régulièrement ici des auteurs ne partageant pas les hypothèses dominantes GES sur tel ou tel point (à ton tour, tu es un peu "gonflé" de faire comme si je n'avais posté aucun abstract d'études sceptiques depuis six mois ; ceux qui ont la patience de me lire savent que je tâche de retrouver les sources et de les citer, pas seulement les sources sceptiques d'ailleurs). Je ne décide pas, j'exprime mon sentiment sur les deux bases de données et sur le rapport du GIEC. Pour Nasa versus Hadley, il me semble (de mémoire) que le second a un peu plus de bases météo. de référence que le premier, notamment pour les régions dont nous parlons ici, ce qui laisse moins de place à l'interpolation. Les travaux de Jones et al. sur la gestion de la base par le Climate Research Unit m'ont paru convaincants. Mais dans l'ensemble, les différences sont minimes (de l'ordre de centièmes, au pire d'un dixième de degré) et à mon avis peu significatives pour la comparaison de période longue (plusieurs décennies). Le sceptique le plus convaincant que j'ai lu est Patrick J. Michaels, dont les livres sont disponibles sur Amazon. Tu trouves sur le site américain de CO2 Science un compte-rendu hebdomadaire d'études peer-reviewed allant en sens contraire du "consensus" alarmiste, sur toutes sortes de sujets. Il doit y avoir plusieurs centaines de papier ainsi commentés sur la période 2000-2006 (aller dans Subject Index pour trouver ces commentaires rassemblés thèmes par thèmes). Une bonne partie de ces papiers scientifiques peuvent ensuite se trouver en libre-accès sur le net. Le scepticisme climatique n'est pas un camp retranché de chercheurs possédant leur propre base de données, comme tu sembles étrangement te le représenter. Je considère comme dignes d'alimenter le scepticisme tous les auteurs dont les conclusions vont à l'encontre du discours alarmiste dominant (notre siècle est climatiquement exceptionnel, la hausse des T est essentiellement anthropique, les phénomènes actuels laissent prévoir des catastrophes plus ou moins imminentes, les modèles estiment correctement les forçages et la circulation générale, un réchauffement ne peut avoir que des conséquences négatives, etc. etc.). Et crois-moi, cela fait du monde. Mais à dire vrai, ces discussions un peu généralistes sur les sceptiques contre les alarmistes ne font pas avancer le débat d'un iota.