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Dépression tropicale

Dépression tropicale (17/24)

  1. Pour information, du côté des relevés satellites publiés par Roy Spencer de l'UAH (Université de Huntsville en Alabama), le mois de décembre a encore été particulièrement chaud, et vient surtout clôturer une année 2024 qui a pulvérisé d'une marge monstrueuse le record annuel qui était détenu par 2023 : Les données satellites sont très sensibles, et moins fiables que les relevés au sol notamment car elles ne tiennent pas compte de la température de surface en elle-même mais d'une couche entière de la basse atmosphère. Néanmoins, ces données ont pendant longtemps affiché une tendance au réchauffement moins marquée que les autres relevés, ce qui a suffit à en faire l'égérie des climato-sceptiques qui ne leur trouvaient alors que des qualités - par exemple, ils défendaient que ces données ne souffraient pas d'un biais de représentativité (contrairement aux stations météo qui sont mal réparties autour du globe) ni de l’ilot de chaleur urbain (contrairement aux stations météo souvent proches des grandes villes). Par exemple dans cet article de 2022, l'association des "climato-réalistes" (regroupement de climato-sceptiques) les présentaient comme étant "au moins aussi précises que les données de surface, sinon plus précises". Curieusement, ces données ont beaucoup, mais alors beaucoup moins la côte chez les climato-sceptiques depuis plus d'un an. Elles disparaissent en catimini de leurs discours, et leur auteur Roy Spencer est de plus en plus marginalisé - celui-ci ayant même reçu insultes et menaces de groupes américains les plus extrémistes. Est-ce à dire que finalement, la seule chose qui intéressait les climato-sceptiques c'était leur résultat (un réchauffement moins marqué que les autres données) qui méritait bien de leur trouver toutes les qualités du monde, et que maintenant que le résultat ne leur convient plus ils ont simplement tourné leur veste et sorti les poubelles ? Vous vous ferez votre opinion ... On pourra même se rappeler qu'à une époque, ces données étaient présentées officiellement avec une tendance polynomiale destinée à mettre en relief un plateau autour des années 2005/2010 et une amorce de baisse depuis (marrant de revoir ça quinze ans plus tard, n'est-ce pas ?) Bon, je partage ça juste pour la taquinerie : les données satellites sont intéressantes sur bien des aspects, mais elles souffrent néanmoins de sérieuses problématiques de qualité et de représentativité qui mériteraient un fil beaucoup plus long si on voulait en parler. Je trouve juste ça comique comment elles sont passées du piédestal à la serpillère dans les discours de ceux qui se proclament de l'intégrité intellectuelle et scientifique face aux méchants du GIEC. L'ENSO joue aussi un rôle très important dans la convection atmosphérique, et donc dans les échanges de température entre les basses couches et la haute atmosphère, mais honnêtement j'aurais du mal à prétendre savoir comment tout cela s'équilibre entre les épisodes Niño et Niña. Une question que l'on peut aussi se poser, c'est celle de la dilution de l'anomalie froide de surface dans le contexte globalement chaud : derrière l'anomalie à -0,4° de cet automne, il y avait peut-être une Niña à - 1,0° mais qui a été en grande partie effacée par l'excès de chaleur qui était préalablement présent. Auquel cas il y a bien eu un refroidissement marqué / une neutralisation de cet excès de chaleur pré-existant, mais qu'on ne voit pas dans le -0.4° qu'on observe en sortie.
  2. Vraie question : est-ce que cette Niña est si faible que ça ? Comment le déterminer ? Si on ne regarde que les anomalies de température en surface océanique, notamment en zone 3.4, on a difficilement plafonné autour de -0.3 / 0.4° de moyenne (données NOAA) cet automne, avant une baisse plus franche à partir de mi-décembre - ce qui est assez tardif pour un pic Niña d'ailleurs. Oui, sur ce seul indicateur, on peut dire que cette Niña est faible - tellement d'ailleurs que cela n'en n'est pas (encore ?) une suivant les critères de la NOAA puisqu'il faudrait qu'on passe durablement sous les -0.5° pour que cela en soit une. Maintenant si on regarde un peu plus loin que ça, le contenu de chaleur (enfin au cas présent, de fraîcheur) du Pacifique équatorial sur les 300 premières mètres n'avait pas été aussi bas depuis 2016, peut-être même depuis le super épisode de 2010 (cela ne doit pas se jouer à grand chose avec 2016). Et niveau atmosphère, même si l'indice SOI reste relativement sage, la domination des alizés au niveau de la ligne de changement de date est assez nette avec d'ailleurs une nouvelle phase de fort renforcement prévue les prochains jours : D'où la question : les anomalies de température de surface sont t-elles le marqueur d'un épisode très faible et qui ne parvient pas à se concrétiser, ou d'un épisode pas si faible que ça mais qui est en partie masqué par le réchauffement océanique majeur qu'on a observé sur tous les océans du globe depuis 2023 ? Vu les masses froides qui ont été effectivement remontées depuis l'océan profond (cf le contenu de chaleur sur 300 mètres au plus bas depuis 2016 voire 2010), et les prévisions atmosphériques qui devraient largement continuer de soutenir l'épisode en cours, je ne suis vraiment pas convaincu que cet épisode puisse être considéré comme faible. Faible si on ne regarde que les températures de surface oui, mais loin de l'être si on considère ce qu'est un épisode Niña dans sa globalité.
  3. Avec une réserve sur la notion du "stable" et du "bougera peu", car il y a quand même déjà une évolution perceptible au delà du cycle annuel et de la variabilité de l'ENSO :
  4. Une réflexion d'ailleurs : si on est sur des valeurs records malgré l'épisode Niña, c'est qu'on doit être au plafond en dehors des zones équatoriales (+/- 20° de latitude) pour sur-compenser la fraîcheur de la Niña. J'ai en conséquence été regarder au niveau des réanalyses ce que j'obtenais si je demandais les anomalies globales après avoir neutralisé la zone équatoriale, et voici le résultat : Ici je ne présente que décembre car c'est la valeur la plus actuelle, mais de manière plus large, en 2024, on a battu les records de température globale mensuelle hors zones équatoriales en janvier, juin, août, octobre, novembre et décembre.
  5. J'ai entouré en rouge les mois de janvier avec un indice MEI (indice composite de l'ENSO) avec une valeur inférieure à -0,8 traduisant un épisode Niña installé dans le Pacifique. Je trouve que cela permet de mieux se rendre compte du côté "extraterrestre" provisoire de ce janvier 2025...
  6. En faisant de l'archéologie pour retrouver des posts anciens où j'évoquais cette déconnexion de plus en plus flagrante entre les synoptiques traditionnelles en fonction de l'ENSO et les synoptiques réellement observées, je retombe sur message d'avril 2023 où j'avais présenté une simulation des anomalies de température globale à attendre sur l'année à venir : Pour mémoire, voici les simulations que j'avais présentées en fonction de l'ampleur que prendrait l'épisode El-Niño qui en était alors à ses balbutiements (pour la méthodologie qui avait été appliquée, voir le post d'origine) : Dans tous les cas de figure, même celui d'un épisode El-Niño limité (en terme d'anomalie de température de surface océanique), les simulations indiquaient qu'on se dirigeait vers un potentiel record de température globale. Il se trouve que j'ai gardé les données de base (si ce n'est que certaines valeurs pré-existantes ont été légèrement modifiée, ça ne change rien à la cohérence de l'ensemble), donc je me suis dit que ce serait sympa de confronter la simulation faite en avril 2023 aux données observées depuis. Eh bien, je me suis planté, c'est un échec puisque les anomalies de température observées sont complètement sorties du faisceau de simulation Mais un échec dans le sens "oh fait ch!er", ou "oh marde", m'voyez. Parce qu'on a eu au final un épisode El-Niño limité mais que les températures ont suivi la simulation d'un épisode boosté aux stéroïdes : Allez, pour ce que ça vaut, j'ai repris les prévisions des prochains mois avec un actuel épisode Niña bien faiblard et j'ai simulé un automne neutre en me basant sur la dernière "plume" du rapport hebdomadaire de la NOAA : Voila, je ne fais pas trop de commentaires ... Bon allez pour la rigolade, je me lamente un peu du décalage entre cette simulation - extrêmement simpliste - et la réalité observée, mais si vous voulez un exemple de vrai foirage, nos chers climato-sceptiques avaient beaucoup partagé sur notamment ce forum et dans leurs blogs il y a quelques années : Bon comme d'hab sans surprise, le laïus habituel : le refroidissement est à nos portes parce que le soleil va rentrer dans un minimum d'activité et c'est lui qui contrôle le climat (et pas le CO2, bandes de moutons), tous les réchauffistes vont très vite fermer leur clapet, etc etc... Bref, quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console comme on dit.
  7. Selon un article du Financial Times publié fin décembre, la NOAA aurait engagé des discussions en concertation avec les principaux autres grands organismes d'étude du climat sur la manière de "repenser" le suivi de l'ENSO (El Niño / La Nina). Le réchauffement brutal et global de la surface de tous les océans du globe observée en 2023 et qui s'est poursuivi en 2024 conduit en effet les chercheurs et spécialistes du sujet à s'interroger sur la fiabilité des outils actuels de suivi de l'ENSO, à savoir en premier lieu des analyses simples de la tempérture de surface dans certaines zones (SST en zones 1 à 4 et 3.4) et des raisonnements basés sur des analogues de la climatologie passée. Cette réflexion est notamment poussée par le fait que depuis plusieurs années, les épisodes de l'ENSO s'accompagnent de conditions climatiques de plus en plus fréquemment divergentes des schémas traditionnels. A titre d'exemple, El-Niño génère habituellement un accroissement des précipitations hivernales en Amérique centrale, et de la sécheresse côté Australie ; or durant l'épisode El-Niño de 2023-2024, le Panama a connu une sécheresse historique au point d'être contraint de réduire le trafic dans le canal éponyme, alors que le bureau australien de météorologie a été sévèrement critiqué suite à une série d'inondations records alors qu'il avait alerté sur le risque de sécheresse. Au point d'ailleurs qu'il a acté que les outils traditionnels de suivi n'étaient plus pertinents et qu'il a en conséquence cessé de mettre à jour ses suivis de l'ENSO. Désormais les chercheurs du bureau australien, de la JMA (japonais), de la NOAA (USA), de MF (Nouvelle Calédonie) et de Singapour plancheraient sur la création d'un ou plusieurs nouveaux indices de suivi de l'ENSO avec l'objectif d'être "plus adaptés à un climat actuel et qui change qu'au passé". Ce topic en est à 48 pages, et j'ai tellement l'impression de voir sous nos yeux la concrétisation officielle de problématiques qu'on pointait du doigt ici même depuis dix ans...
  8. Bonjour @Arkus, Simple suggestion de présentation, quand je fais des graphiques avec des données sur la banquise Arctique (volume, aire ou extent), je trouve désormais pertinent de toujours faire apparaître les niveaux qui vont correspondre selon les circonstances au zéro absolu (il ne reste plus de glace) ou, dans le cas des données d'extension, du seuil dit de l'Arctique libre de glace (seuil officiel communément admis à 1 million de km² résiduel). Je n'ai pas exactement les mêmes données que toi mais en essayant de reconstruire le même indice, à quelque chose près je tombe sur ceci : J'ai rajouté ces deux seuils "à la main" sur ton graphique et à partir de données un peu différentes donc tu ne retrouveras potentiellement pas exactement les mêmes chiffres, mais l'important n'est pas dans le détail de la valeur exacte : il s'agit surtout de matérialiser qu'il y a un plancher sur les données de la banquise. Quand on regarde des graphiques d'évolution des températures par exemple, il n'y a pas vraiment de plafond physique - même si bien entendu on n'aura jamais et heureusement les Tm de Vénus - mais disons qu'à chaque palier on rajoute un cran à l'échelle et on peut continuer ainsi autant qu'on veut. Sur les données de banquise, je trouve important de montrer qu'il y a, d'une certaine et triste manière, une ligne d'arrivée qu'on n'a pas envie d'atteindre mais dont on se rapproche inexorablement. M'enfin, c'est qu'un avis personnel, en rien une obligation ! 😅
  9. Je vous jure que cet article n'est pas une blague, qu'il a bien été publié pour ce week-end, de toute façon avec Google vous pouvez facilement le retrouver ... Légende : "Importante vague de Froid sur la France en décembre. 2024."
  10. Il faut vraiment être masochiste pour lire du Leroy à 13 ans Non plus sérieusement, son ouvrage sur l'histoire du climat depuis l'an mil est un mine d'informations, mais à mon goût c'est bien trop souvent un simple inventaire à la Prévert du type "Eté xx plutôt chaud avec des vendanges précoces en Bourgogne. Pluvieux l'automne suivant avec des inondations reportées à Ypres". C'est un ouvrage imbuvable / illisible en une fois, sauf à être doté d'une mémoire dimensionnelle quantique, et au final ce n'est un livre utile que quand tu fais une recherche précise sur une période donnée ou que tu cherches des saisons qui auraient connu un type de temps donné. Bon heureusement que son travail ne se résume pas à ça, mais c'est dommage que son ouvrage le plus connu soit aussi déroutant pour le commun des mortels.
  11. Chat GPT n'est rien de plus qu'un agrégateur de tout ce qu'il peut trouver sur la toile. Quasiment tous les articles de médias ou de blogs évoquent l'AMOC comme un précurseur de gros refroidissement en Europe, ce que je dénonce justement dans mon message, et lui ne fait que copier. De la même manière qu'un nombre conséquent de médias parlent de mini-tornades, donc Chat GPT dit que ça existe les mini-tornades dans une réponse qui ferait s'étrangler les trois quarts des membres de ce forum :
  12. Ce qui me marque le plus avec cette problématique de l'AMOC, c'est le biais qu'une large majorité des passionnés ont de ses impacts potentiels. Depuis les débuts des études sur le sujet, dans l'imaginaire collectif ou en tout cas au moins celui des passionnés, cette potentielle rupture de l'AMOC est vue comme un déclencheur d'un potentiel refroidissement massif du climat européen. De ce fait, c'est un thème qui a surtout intéressé depuis longtemps les hivernophiles et beaucoup moins les amateurs plus modérés ou en tous cas moins centrés sur la passion des phénomènes hivernaux. Même si vous remontez dans les archives du forum d'Infoclimat 15 ans en arrière, vous verrez surtout des hivernophiles et par exemple aucun chasseur d'orage dans les débats qui avaient déjà lieu sur l'AMOC. Ce biais dans nos représentations a été largement amplifié par les médias (combien de titres racoleurs avons-nous pu avoir sur le sujet "une glaciation menace l'Europe" ces dernières années...), par certains raccourcis plus ou moins honnêtes de documentaires ou de reportages (vous vous rappelez l'Al Gore évoquant "innocemment l'air de rien" le Groenland après un passage sur les glaciations ?), par certaines thèses climato-sceptiques (pourquoi se soucier du réchauffement alors qu'une glaciation menace avec la rupture de l'AMOC, argument venant souvent de gens qui vous expliquent d'ailleurs quelques secondes plus tôt qu'il n'y a pas de réchauffement sans se demander une seule seconde alors pourquoi l'AMOC devrait s'effondrer si tout va bien), et c'est tellement rentré dans l'imaginaire collectif qu'Hollywood en a même fait un film (dans "Le Jour d'Après", la glaciation subite du monde démarre par une rupture de l'AMOC). Sauf que sur ce petit bout de petit continent qui est le nôtre, et à la latitude de la France, une rupture de l'AMOC ne conduirait (en l'état des modélisations accumulées depuis plusieurs années) en rien en une glaciation, ni même d'ailleurs à un refroidissement, mais à une augmentation extrêmement brutale de la variabilité climatique. Et ce n'est pas du tout la même chose. A mon sens d'ailleurs, c'est plus grave. Je remonte d'une page pour republier cette simulation partagée par @Aang : Une rupture de l'AMOC, ce serait avant tout une modification profonde de la distribution des anomalies thermiques dans un monde globalement plus chaud, modulo une évolution des cycles de transfert de chaleur océan / atmosphère qui ne changerait a priori au regard des modélisations pas la balance globale. Dit autrement, à l'échelle globale et même de l'hémisphère, au lieu d'avoir un réchauffement qui n'est déjà pas vraiment homogène, on aurait un réchauffement encore moins homogène. Et à l'échelle de la France, et de l'Europe en général, on serait pile sur le point de bascule. Ce placement est vu de manière quasiment unanime sur les modélisations des dernières années. En plusieurs grandes lignes, et en restant prudent, on pourrait avancer ceci en conséquences sur la France : - Les flux océaniques de nord / nord-ouest seraient beaucoup plus froids, conséquence d'un Atlantique nord sévèrement refroidi. Ils seraient également moins humides / pluvieux ou neigeux, mais toujours bien nébuleux. Par ce type de flux, les températures minimales baisseraient un peu (en hiver comme en été) mais sans grand excès, par contre les températures maximales pourraient prendre une sacrée chute avec des maximums d'une dizaine de degrés au nord même en plein été sous ciel couvert par ce type de flux. Occasionnellement, les minimales pourraient être très basses mais plutôt à l'arrière de ce type de flux, quand la dynamique se calme et nous offre une nuit claire et sans vent. - Les flux continentaux ne seraient surtout dépendants de l'origine de la masse d'air : un Berlin --> Paris alimenté d'air décroché précédemment d'Islande serait plus froid notamment en hiver et au printemps, tandis qu'un Berlin --> Paris avec de l'air précédemment remonté sur l'Europe centrale depuis la Méditerranée serait plus chaud en toutes saisons. Globalement, difficile de faire une tendance générale, ce serait donc au cas par cas. - Les flux de sud-ouest / sud / sud-est seraient excessivement plus chauds en toutes saisons, ramenant très vite des masses d'air surchauffées provenant de l'Afrique du nord ou tirées depuis les Caraïbes (le "Rhum express" sera toujours là même en cas de rupture de l'AMOC, dites merci ou pas à Coriolis). Des séquences très printanières en plein hiver ou très vite caniculaires en été seront assez vite une norme, pour peu que ce type de flux s'installe. - Entre les deux, les conflits de masse d'air notamment lors des bascules en flux d'ouest seront potentiellement décuplés sur toutes les saisons. Avec en conséquence, un renforcement en tendance potentiellement très musclé des épisodes orageux et venteux du Portugal à la Baltique avec notre coin de France en pleine ligne de mire. Cela peut paraître au premier abord intéressant pour un passionné de phénomènes extrêmes, mais socialement (j'inclus ici tout ce qui touche à la société : agriculture, prévention des risques, coûts en terme d'infrastructures, problématiques d'assurance...) ce serait très néfaste. Ne prenez surtout pas les chiffres au pied de la lettre, c'est plus pour l'illustration qu'autre chose : j'ai pris les températures observées à Nevers en mars 2023 (partie gauche du tableau), et j'ai fait une estimation très approximative des valeurs potentielles qu'on aurait pu avoir dans un climat où l'AMOC s'est cassé la figure : Un début de mois marqué plutôt par des flux de nord nébuleux qui viennent taper très fort sur les Tx, puis une succession d'ondulation entre des flux de sud-ouest qui génèrent très vite de grosses fièvres précoces et des flux d'ouest qui refont baisser le mercure (il manque plus qu'à s'imager les RR décuplées par ces conflits amplifiés). Un cauchemar printanier pour la végétation entre démarrages précoces à répétition et coups de froid potentiellement exacerbés dès que le vent tournerait au nord. Et personnellement, c'est bien cette amplification sensible de la variabilité de notre climat qui m'inquiéterais le plus en cas de rupture de l'AMOC, bien plus que tout autre chose. Et je trouve franchement dommage que ce risque ne soit absolument pas entrevu dans les communication tant "grand public" des instituts scientifiques que dans des médias qui préfère tirer encore et encore sans creuser un minimum la question sur la peur de la glaciation.
  13. Une bonne nouvelle pour les amateurs d'hiver froid, c'est que l'enneigement sibérien progresse plutôt bien cette année : Si j'écris que c'est une bonne nouvelle, c'est parce qu'il a été démontré via des études publiées dans des revues scientifiques qu'il existait une corrélation entre cette progression de l'enneigement en Sibérie en octobre, et le comportement du vortex polaire l'hiver suivant. Très schématiquement, lorsque l'on observe en octobre une progression de l'enneigement plutôt rapide durant le mois d'octobre en Sibérie, le vortex polaire a tendance a être plus faible l'hiver suivant et à davantage permettre d'échanges méridiens apportant des vagues de froid aux latitudes moyennes. Notez, et c'est important, que je parle bien ici de progression : ce n'est pas la surface globale qui compte, c'est la vitesse d'avancement. On peut avoir une moyenne élevée car on est partis de haut avec un enneigement très précoce en début de mois, mais une vitesse de progression lente si cet enneigement cale ensuite. Cette progression est mesurée via un indice appelé le SAI, ou Snow Advance Index. Le mécanisme en jeu est explicité dans le schéma ci-dessous : Sur son site, l'institut Atmospheric and Environmental Research (AER) publie également un graphique qui montre cette corrélation entre le SAI et l'oscillation arctique (AO) : La corrélation est quand même remarquable. Oh oui, que ça marche bien. Je me demande d'ailleurs pourquoi on n'en parle pas davantage, et pourquoi on n'a pas tous les yeux rivés sur la Sibérie. ... Hé mais au fait, alors qu'on a des données sur quasiment un siècle et qu'on est en 2024, pourquoi ils montrent un graphique qui ne va que de 1997 à 2010 ? Vous savez, quand on est habitué des graphiques en météorologie et climatologie, il y a un voyant d'alerte qui doit toujours être automatique : quelles que soit les données qu'on vous présente, quand elles couvrent une période courte alors que vous savez qu'on a des séries beaucoup plus longues, ou qu'elles s'arrêtent il y a X années en arrière, c'est qu'il y a un loup quelque part. C'est très, trop systématiquement vrai. Dans le petit monde de la climatologie, il y a une infinité d'indices. Une infinité, parce que vous pouvez vous-même en inventer autant que vous voulez. Tiens moi j'ai décidé de créer un indice qui est établi à partir de la différence entre la quantité de pluie relevées sur des stations du nord-ouest de la France, et celle relevée sur des stations de l'arc Méditerranéen. Quand il pleut davantage au nord-ouest l'indice est positif, et inversement quand il pleut davantage au sud-est. Et c'est intéressant car in fine c'est un marqueur des flux : on sait que les flux d'ouest / nord-ouest donnent de la pluie au nord et un temps sec au sud (mistral / tramontane bonjour), donc ils vont se corréler à mon indice quand il est positif, et inversement les flux de sud / sud-est qui donnent de l'humidité en Cévennes et Provence et un temps sec en Normandie vont se corréler à mon indice quand il est négatif. Au milieu de cette infinité d'indices, et sur un siècle entier de données, le hasard fera nécessairement que vous pourrez trouver des tonnes de séries totalement indépendantes qui vont se corréler de manière remarquable sur des périodes de X années. C'est un peu sur cette idée que le journal Le Monde a mis en ligne un générateur automatique de corrélations totalement fortuites. Vous sentez où je veux en venir sur notre corrélation entre l'enneigement sibérien en octobre et le comportement du vortex l'hiver suivant ? Eh bien, si vous regardez les années postérieures à 2010, franchement, c'est pas fameux du tout. Les trois dernières années, c'est même trois loupés complets. Et à mon avis ce n'est pas pour rien que l'AER n'a toujours pas, en 2024, remis à jour leur beau graphique depuis 14 ans alors qu'ils publient encore aujourd'hui les données d'enneigement et s'en servent pour faire des prévisions saisonnières. Et très récemment, d'autres chercheurs se sont penchés sur cette relation, avec un résultat qui permet de prendre un certain ... recul : En gros, la corrélation n'est pas permanente, mais présente que par moment. Encore mieux, des fois elle est totalement inversée par rapport à celle qui a été mise en avant par l'AER. Sous le quinquennat de François Hollande une bonne progression de l'enneigement en Sibérie est corrélé à un vortex affaibli, mais sous la présidence de De Gaulle c'était exactement l'inverse, un enneigement rapide était corrélé à un vortex renforcé. Dans la grande machinerie climatique tout est lié d'une manière ou d'une autre et il serait déraisonnable de conclure de manière définitive que ces deux indices sont totalement indépendants. Néanmoins, les périodes de corrélation entre eux sont tellement chaotiques que d'une part on ne peut pas exclure un simple lien de hasard, et que d'autre part il y a beaucoup trop d'incertitudes pour utiliser cette relation pour établir des prévisions saisonnières car vous ne savez jamais si cette année cela va "marcher", et encore moins dans quel sens. Je dirais que le forum est devenu plus mature : on a perdu tellement de temps pendant des années à scruter à la loupe des centaines d'indices qui reposaient comme ici sur des corrélations de fortune qu'il y a désormais beaucoup de retenue et de méfiance de la part des "vieux routards" de la prévision saisonnière. Non pas que ces débats ont pu être inintéressants, mais : - On a beaucoup trop cru en certains indices comme l'enneigement sibérien, sur la foi de vraies études publiées scientifiquement mais qui se sont avérées à l'expérience bâties sur des corrélations hasardeuses ; - On a un peu trop cru en certains indices qui étaient carrément des supercheries manifestes, comme feu l'October Pattern Index (OPI) qui relevait davantage du gourou hivernophile (et un peu climato-sceptique au passage) que de la science ; - On n'a pas trop cru mais perdu bien du temps sur les indices de grand mère, je fais une dédicace spéciale au nombre de couches des oignons et à la taille des fourmilières vosgiennes qui ont généré tant de discours passionnés à l'automne 2006 (spoiler : il allait faire très froid et la crête des coqs allait geler car les oignons avaient plein de couches et les fourmilières étaient géantes ; chute : l'hiver 2006/2007 a été le plus chaud jamais relevé alors) ; - Et enfin, on s'est trop arrachés les cheveux à bâtir des prévisions à partir de corrélations solides mais constatées sur un climat d'avant qui n'est plus celui d'aujourd'hui : ces dernières années on a vu tellement de choses totalement insolites et inédites (la QBO qui saute une phase pour la première fois sur plus d'un siècle de relevés, un épisode d'El Niño avec une circulation atmosphérique digne de la Niña...) que le sentiment d'être entrés dans un territoire inconnu et imprévisible s'est imposé. Je n'ai pas refais l'expérience ces dernières années, mais j'étais arrivé à un constat amer quelque part un peu avant 2020 : en refaisant un historique de toutes les prévisions saisonnières qui étaient publiées sur une multitude de sites et ce grâce à l'extraordinaire travail de @williams qui a maintenu ce travail d'orfèvre sur son site jusque début 2024, j'étais arrivé à la conclusion que quelqu'un qui se serait limité à prévoir en permanence de la douceur sur toutes les saisons aurait eu un meilleur résultat que tous les autres prévisionnistes et modèles. Dis autrement : prévoyez une anomalie de température en France de genre +0,5 / +1,0° en novembre prochain, décembre, janvier, février, mars, etc, et vous aurez probablement in fine moins de marge d'erreur que toutes les prévisions que vous pouvez lire ailleurs. Démotivant, non ?
  14. Hier, j'ai partagé une remarque amusante : sur Arôme, on pouvait clairement visualiser sur les cartes de d'humidité relative à 2 mètres la marque du bassin landais de l'Adour, zone qui est allouée plus que toute autre région du Sud-ouest à la culture massive de maïs irrigué. En conséquence logique de ce surplus d'humidité, Arôme modélisait des Tmax un peu plus faibles sur ce secteur, que ce soit pour hier comme pour aujourd'hui : Modélisation qui se confirme sur les observations d'humidité de ce jour à midi : Sur les images satellites dédiées à l'étude de la végétation, on voir d'ailleurs bien cette tâche vert fluo du sud des Landes (au sud du triangle de la forêt landaise qui ressort en vert foncé) qui tranche avec le "vert moins vert" des autres plaines du Sud-ouest, et qui fait jeu égal avec le Cantal ou Millevaches. Hors massifs forestiers et zones montagneuses, seules les plaines également très irriguées du nord du Pô en Italie ou certaines vallées espagnoles comme du côté de Leon rivalisent :
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