TreizeVents Posté(e) 6 décembre 2014 Dax (40) Partager Posté(e) 6 décembre 2014 (modifié) Bonjour, J'avais commencé à préparer cette étude il y a déjà pas mal de temps, mais faute de temps et surtout de motivation j'avais un peu mis tout ceci de côté pendant plusieurs mois. Dans la mesure où ce sujet est plus ou moins indirectement revenu sur la table dans un autre topic, j'ai profité de l'occasion pour me remettre dans mes tableurs et achevé ce travail longtemps laissé de côté. L'objet de cette étude est finalement assez simple : il s'agit ici de reclasser toutes les journées d'hiver des six dernières décennies en fonction du flux qui prévalait ce jour-là (j'ai pris en compte une moyenne de l'intensité et de l'intensité du flux à 925 et 850 hPa), et de comparer les températures moyennes ainsi relevées par type de flux afin d'en étudier l'évolution. Cette étude s’intéresse surtout à un tiers Nord-Est de la France, peut-être que je prendrais le temps ultérieurement de faire le même genre d'analyses pour d'autres régions mais pour le moment je tenais à me concentrer sur des stations relativement proches afin de pouvoir réaliser des comparaisons utiles des résultats obtenus. Etant donné que finalement les échantillons sont assez réduits -je ne considère que les jours d'hiver que je divise ensuite en 9 classes selon le flux-, et que cette faiblesse des échantillons peut parfois générer des écarts type importants d'une année à l'autre et même d'une décennie à l'autre, par clarté et simplicité les résultats vous seront présentés ici par comparaison entre la période 1951-1980 et la période 1981-2010. Deux fois 30 ans, cela permet d'avoir une certaine assise et vous verrez de toute façon plus loin que cela rend les résultats obtenus d'autant plus clairs et indéniables. Allez, on démarre avec la première station retenue pour cette étude, il s'agit de celle de Beauvais. Et justement pour bien démarrer, intéressons-nous au positionnement de cette station : La station de Beauvais est située au nord-est de l'agglomération, agglomération qui n'a pas connu un étalement massif ces dernières décennies comme on a pu le voir dans d'autres régions. En zoomant un peu, on constate que cette station est dans l'ensemble bien aérée, et située dans un environnement qui s'est peu urbanisé (c'est loin d'être le cas pour bien d'autres stations) : Et voici les résultats, sous forme de deux graphiques : le premier vous donne la température quotidienne moyenne relevée en hiver en fonction du flux, et le second la répartition des journées d'hiver en fonction de ce flux : En ce qui concerne la température moyenne en fonction du flux, il y a un résultat qui saute aux yeux : mis à part le cas particulier des flux de S/SE, les températures relevées durant la période 1981-2010 sont plus élevées à flux identique que durant la période 1951-1980. Le plus gros de la "claque" se trouvant sur les flux de nord, d'ouest et de nord-est, ce que l'on ne peut pas véritablement mettre sur le compte d'un changement massif d'environnement au vu du positionnement de la station. Dit autrement : à direction de vent identique, il a fait de plus en plus chaud. J'ai essayé de m'intéresser un peu à cette exception qui touche les flux de S/SE, et qui vous le verrez va se retrouver sur toutes les autres stations étudiées. Ce qui l'explique, c'est finalement qu'il existe deux types de flux de S/SE. Celui qui est consécutif à l'écoulement d'une goutte froide depuis le proche Atlantique vers la péninsule ibérique (avec un flux qui va souvent faire O/SO --> S/SE), et qui peut être excessivement doux, comme par exemple ici en décembre 1952 avec pas loin de 9° de Tm à Beauvais : Et il y a celui qui peut être glacial, consécutif à l'arrivée d'une masse d'air très froide par l'est qui vient alimenter une dépression en arrivant sur l'Atlantique (auquel cas le cheminement est plutôt E/NE --> S/SE), c'est ce que l'on a eu par exemple ici en janvier 1985 avec -12° de Tm à Beauvais : Le problème étant que ces flux sont tout de même particulièrement peu représentés (environ 5/6 jours en moyenne par hiver), on peut très vite avoir des variations très importantes d'une décennie à l'autre selon lequel de ces deux cas ait pu davantage se présenter. Et à l'analyse, on remarque que le cas n°1 (flux de SE doux) a été davantage représenté notamment dans les décennies 1950 et 1970, alors que le cas n°2 (flux de SE froid) a été bien davantage présent durant la décennie 1990. Cela explique probablement à mes yeux la baisse de température que l'on observe sur ces flux entre la période 1951-1980 et la période 1981-2010. Pour ce qui est de l'évolution de la répartition des flux, l'élément fondamental ne constitue pas une grande surprise : les flux d'ouest ont été bien plus présents depuis 1981, conséquence logique de la très zonale décennie 1990. Ce qui peut par contre faire tomber certains préjugés, c'est que cette domination des flux d'ouest ne s'est pas faite au détriment des flux continentaux (E/NE) qui sont restés stables. Ce sont surtout les flux de N/NO qui ont reculé. D'ailleurs, la décennie qui a présenté le plus de jours en flux de NE à Beauvais, c'est la dernière : 2001-2010. On passe à la suite avec la station de Langres : Cette station est située au sud de la petite ville de Langres, ville qui a été beaucoup plus marquée ces dernières décennie par l'exode rural que l'étalement urbain, même si quelques zones d'activité ont été établies au sud de la ville où se trouve la station. Un environnement quand même peu urbain, pour ces résultats : Je ne vais pas discourir longtemps : le constat est le même qu'à Beauvais. A flux identique il fait de moins en moins froid, à l'exception vue plus haut des flux de S/SE, et les flux d'ouest ont été bien plus nombreux dans la période 1981-2010. Changement complet d'environnement, cette fois-ci on va regarder ce qu'il s'est passé dans la très urbaine station de Paris Montsouris, dont on n'a pas besoin de débattre sur l'environnement : Paris est la seule station de notre échantillon qui ne présente pas de refroidissement notable sur les flux de S/SE. L'urbanisation massive de la petite couronne puis grande couronne depuis les années 1950, au sud immédiat du périphérique et de cette station, pourrait-elle expliquer cette situation ? Je ne le sais pas vraiment à vrai dire, me contentant ici de vous apporter un constat. Déménagement un peu plus au sud, avec une autre station qui a globalement su préserver un environnement plutôt rural : Orléans. Mis à part la présence de l'aéroport au sud, cette station est quand même bien ouverte en direct aux flux d'ouest à est en passant par tous les cadrans nord. Résultats observés : Pas véritablement de commentaires : cela se réchauffe quel que soit le flux toujours à l'exception des flux SE qui marquent d'ailleurs ici la plus forte baisse de toutes les stations étudiées. Les variations de répartition des flux sont également identiques à ce que l'on a vu ailleurs. Dernière station de notre liste, cette fois nous passons au cas d'une station qui était globalement bien rurale en 1950 et qui est purement citadine aujourd'hui : Nancy Essey. Toutes les zones urbaines que vous observez au nord, à l'est, au sud, et même en partie à l'ouest de la station n'existaient pas il y a encore quelques décennies. Pas plus que la piste de kart au nord immédiat de la station, ou que le vaste centre commercial avec son immense parking bitumé quelques mètres plus au sud. On est indéniablement dans le cas d'une station sous l'influence d'une urbanisation massive, ce qui constitue finalement un très beau cas d'école pour comparer aux résultats précédents : Finalement, station urbaine ou rurale, le schéma reste le même : on observe un refroidissement sur les flux de S/SE, pour tout le reste cela se réchauffe dans des proportions qui ne s'éloignent pas vraiment de ce que l'on a pu voir ailleurs. Si on consigne les tendances décennales observées entre 1951 et 2010 par type de flux dans un tableau unique, voici ce que cela donne : Finalement, on se rend compte que les résultats des 5 stations sont assez homogènes, ce qui montre que le caractère urbain ou rural ne joue finalement pas grand chose. A vent identique, il fait de plus en plus doux, sauf cas particulier des flux de S/SE. Ce qui peut paraître aussi marquant, c'est que ce sont finalement les flux continentaux qui se sont le plus indéniablement réchauffés. Cela n'empêche en rien qu'un flux continental est toujours plus froid qu'un flux océanique, et que ces flux peuvent encore nous apporter de très belles périodes froides (décembre 2010, février 2012), mais cela montre seulement que leur potentiel hivernal a tout de même fortement décru. Cela relancera peut-être la question des fameuses "réserves froides" que l'on voit poindre de temps à autre, en particulier dans le topic long terme. Au passage aussi, cette étude a le mérite de montrer quelque chose (également pour faire suite à des débats récurrents) : oui, la France a un climat globalement océanique et doux en hiver qui se manifeste par une domination indéniable des flux d'ouest à sud-ouest. Et oui, ce n'est pas parce qu'elle a ce climat globalement océanique, qu'elle n'a pas pour autant une part non négligeable (de l'ordre de 20% soit un jour sur cinq) de périodes sous influence plus continentale avec flux d'est à nord-est. J'ai pas mal de données disponibles que je n'ai pas mises par manque de temps ou parce que j'ai pensé que cela allait faire "trop", mais si vous avez des questions n'hésitez pas. Modifié 25 janvier 2018 par TreizeVents 7 6 1 Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
JBR Posté(e) 6 décembre 2014 Varces-Allières-et-Risset Partager Posté(e) 6 décembre 2014 Merci TreizeVents pour cette étude. Peux-tu nous indiquer la source des données utilisées ? Serait-il possible de distinguer chaque séquence de flux en fonction de la pression atmosphérique relevée en surface sur la période considérée ? Serait-il possible aussi de distinguer chaque séquence de flux en fonction de la vitesse du vent (en surface et à 850 hPa) ? Dernière question, serait-il possible d'introduire le paramètre nébulosité dans cette typologie des flux ? Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Barry Posté(e) 6 décembre 2014 New York - parfois Paris & Besançon Partager Posté(e) 6 décembre 2014 Merci beaucoup 13V ! J'ai l'impression que l'expression "le degré de trop" prend tout son sens ici... Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
th38 Posté(e) 6 décembre 2014 Partager Posté(e) 6 décembre 2014 Bravo et merci 13V. Voici l'étude qui nous manquait. Ce réchauffement des flux continentaux c'est probablement ce qui a le plus changé dans notre climat français depuis 30 ans. Quand on lit la remontée des espèces animales dans la vallée du Rhône, en mer... L'exemple de février 2012 devrait d'ailleurs faire l'objet d'une étude approfondie : on a eu moins de stations où la température < -15°C que de stations où la température <-20°C lors des gros hivers précédents : 40, 41, 42, 54, 56, 63, 71, 85. 1 Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
bernardt60 Posté(e) 6 décembre 2014 56800 Taupont Partager Posté(e) 6 décembre 2014 Cqfd ! Merci Stéphane pour cette superbe démonstration sans appel et pour ce travail qui a du effectivement te demander beaucoup de temps ! Connaissant bien l'aéroport de Beauvais-Tillé, il faudrait en effet avoir l'esprit un peu tordu pour suspecter l'effet urbain dans l'augmentation des Tm, surtout pour les flux de NO à SE en passant par NE, vu que l'agglomération est située au sud de l'aéroport en léger contrebas, s'est effectivement peu étendue, il y a bien eu quelques constructions près de l'aéroport mais uniquement côté sud à ouest; car de l'autre côté cela donne directement sur le plateau picard avec aucun écran pour les vents froids, ce n'est pas pour rien que Beauvais est souvent une des stations la plus froide dans la région. Il est donc indéniable qu'effectivement les flux continentaux se réchauffent, j'ai l'impression qu'ils deviennent aussi moins secs et qu'ils sont plus nébuleux, les stratus semblant de plus en plus fréquents, cela demanderait à être confirmé effectivement par d'autres études mais qui demanderaient beaucoup de temps ! Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Fantomon Posté(e) 6 décembre 2014 Partager Posté(e) 6 décembre 2014 Oui les flux froids sont plus nébuleux à cause de toutes les agglomérations qu'ils traversent, et aussi autre chose que j'ai remarqué: le froid est à environ 1000 Km plus au NE qu'avant donc il est plus difficile que le gros du froid nous atteigne. J'ai comparé 2009-2010 et 1962-1963, la Finlande a subi en 2010 ce que la Pologne avait eu en 1963 et l'Allemagne la France. Exemple: le coup de froid du 20 Décembre 2009 environ n'a touché que l'extrême NE alors qu'en 1962 à Noël ça allait bien plus loin. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wilfried63 Posté(e) 6 décembre 2014 Partager Posté(e) 6 décembre 2014 Oui les flux froids sont plus nébuleux à cause de toutes les agglomérations qu'ils traversent, et aussi autre chose que j'ai remarqué: le froid est à environ 1000 Km plus au NE qu'avant donc il est plus difficile que le gros du froid nous atteigne. J'ai comparé 2009-2010 et 1962-1963, la Finlande a subi en 2010 ce que la Pologne avait eu en 1963 et l'Allemagne la France. Exemple: le coup de froid du 20 Décembre 2009 environ n'a touché que l'extrême NE alors qu'en 1962 à Noël ça allait bien plus loin. Je suis aussi d'accord avec toi sur le fait que le froid est beaucoup plus au nord qu'avant mais c'est d'un côté logique avec le Réchauffement climatique car les réseves d'air froid sont moins remplis. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
bernardt60 Posté(e) 6 décembre 2014 56800 Taupont Partager Posté(e) 6 décembre 2014 Oui les flux froids sont plus nébuleux à cause de toutes les agglomérations qu'ils traversent, et aussi autre chose que j'ai remarqué: le froid est à environ 1000 Km plus au NE qu'avant donc il est plus difficile que le gros du froid nous atteigne. J'ai comparé 2009-2010 et 1962-1963, la Finlande a subi en 2010 ce que la Pologne avait eu en 1963 et l'Allemagne la France. Exemple: le coup de froid du 20 Décembre 2009 environ n'a touché que l'extrême NE alors qu'en 1962 à Noël ça allait bien plus loin. Là dessus(sur ce j'ai mis en gras) j'ai quand même des doutes, je vois mal les agglomérations fabriquer des stratus, cela devrait même être le contraire ! Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Gaël13 Posté(e) 6 décembre 2014 Saint-Alban-Leysse - 311 m (Est Chambéry) -(73) et ponctuellement sur Palette-Le-Tholonet -158 m (Aix sud-est) (13) et Mazamet(81) - (ville : 266 m) Partager Posté(e) 6 décembre 2014 Bonsoir ! Ce serait intéressant de faire des villes du sud-est également, ou je pense qu'on trouvera des résultats bien différents .. à savoir qu'un flux de nord sera plus froid qu'un flux de sud-est par exemple. Par contre, à quelle échelle détermines tu les flux ? Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Fantomon Posté(e) 6 décembre 2014 Partager Posté(e) 6 décembre 2014 Non mais ça "absorbe" un peu de froid. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
th38 Posté(e) 6 décembre 2014 Partager Posté(e) 6 décembre 2014 à savoir qu'un flux de nord sera plus froid qu'un flux de sud-est par exemple. Ah bon !!!! Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
bernardt60 Posté(e) 6 décembre 2014 56800 Taupont Partager Posté(e) 6 décembre 2014 Non mais ça "absorbe" un peu de froid. Tu peux me faire ta démonstration bien précise avec des chiffres pour Beauvais STP comme Treize Vents a su très bien le faire, seulement après tu m'auras peut-être convaincu de ta théorie? Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
acrid vintaquatre Posté(e) 6 décembre 2014 Saint-André-Allas (225 m) à 5 km à l'ouest de Sarlat (Périgord Noir), Condat-sur-Vézère (88 m) pour le travail Partager Posté(e) 6 décembre 2014 Bonsoir, Une étude très intéressante que tu présentes là ! Je suis assez surprise par le fait que dans les secteurs choisis les flux d'Ouest soient en moyenne légèrement plus doux que les flux de SO, car le contraire m'aurait paru évident. ^^ C'est là qu'on se rend compte que finalement, les flux océaniques ont beau être largement dominants même sur les régions les plus à l'Est de notre pays, les subtilités thermiques émanant des différences de flux augmentent avec la continentalité (à l'échelle globale, moins à l'échelle locale). Car dans les régions au climat purement océanique (que ce soit l'océanique "maritime", "l'atlantique" ou "l'aquitain" qui sont chacun très différents) les flux se distribuent les niveaux de températures moyennes de manière plus simple : les flux (un minimum prononcés évidemment) de SE, Sud, SO et Ouest sont doux, les flux de NO à Nord sont frais (et assez humides) et les flux de NE et Est sont froids (et quasiment toujours secs). C'est une constante que l'on retrouve sur toutes les régions (vraiment) océaniques, et ceci que la configuration soit plutôt anticyclonique ou plutôt dépressionnaire. En effet il serait intéressant (et je me doute que c'est un de tes objectifs) de travailler sur d'autres grandes régions, avec je pense pour certaines des disparités locales plus grandes (grand quart SE notamment). Par contre une question me vient à l'esprit...Comment considérer le froid d'inversion ? Peut-on le "ranger" dans un type de flux puisque cela découle justement d'un temps calme ? Ça me paraît assez important dans la mesure où certaines régions ou certains secteurs plus localisés connaissent presque l'essentiel de leurs frimas hivernaux dans cette situation. Je ne t'apprends rien sur le fait que beaucoup de stations du SO enregistrent l'essentiel de leurs gelées annuelles grâce aux inversions en situation anticyclonique, et rarement en situation de coups de froids car ils sont pour la majorité, soit pas assez puissants pour nous atteindre vraiment, soit en flux de Nord et donc trop humides et nébuleux pour générer des gelées...^^ Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
TreizeVents Posté(e) 7 décembre 2014 Dax (40) Auteur Partager Posté(e) 7 décembre 2014 Merci pour vos messages /emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20"> Merci TreizeVents pour cette étude. Peux-tu nous indiquer la source des données utilisées ? Serait-il possible de distinguer chaque séquence de flux en fonction de la pression atmosphérique relevée en surface sur la période considérée ? Serait-il possible aussi de distinguer chaque séquence de flux en fonction de la vitesse du vent (en surface et à 850 hPa) ? Dernière question, serait-il possible d'introduire le paramètre nébulosité dans cette typologie des flux ? Pour les températures, les données viennent de l'ECA et sont prises telles quelles sans modification. Pour les données de vent c'est un peu plus compliqué ; au départ j'avais voulu récupérer les données de vent des stations MF et les comparer aux données des réanalyses du NCEP pour vérifier s'il y avait cohérence au cas où, mais je pense que tu sais aussi bien moi quel chemin de croix c'est pour récupérer des données météo en France. Bref, j'ai réussi bon gré mal gré à récupérer des données, mais non seulement elles ne remontaient pas jusqu'aux années 1950, mais en plus elles présentaient pas mal de données manquantes ou aberrantes (genre une journée avec flux de NE dominant alors qu'on était clairement en pleine séquence de flux d'ouest tempêtueux !). Vu que MF refuse l'accès à ses données que j'espère plus fiables que l'aperçu que j'ai eu à moins que je ne vide mon compte en banque, tant pis j'ai fait avec ce qu'il me restait à savoir les réanalyses. Maintenant si quelqu'un dispose de ces données de vent quotidiennes pour les stations étudiées depuis 1950 et accepte de me les fournir, je suis prêt à refaire toute l'étude. Pour l'anecdote, j'ai croisé pour faire une comparaison les données quotidiennes des réanalyses avec les valeurs de vent de la station de De Bilt disponibles sur l'ECA, et même si la liaison n'est pas parfaite au jour le jour la cohérence est quand même bien présente (un jour avec flux de "NO" à la réanalyse sera parfois "N" ou "O" aux données de De Bilt, mais il ne sera jamais E ou SO). Distinguer les jours de flux en fonction de la pression au sol, c'est possible, avec toujours le même sujet : où trouver des données ? Sur le site de l'ECA seules les valeurs quotidiennes de pression de Paris sont disponibles, et encore ce n'est que sur la période 1958-2000. Qui plus est, peut-être que je me trompe, il me semble que j'avais déjà travaillé sur ces valeurs de pression à une époque lointaine et qu'il m'avait semblé qu'elles comportaient beaucoup d'aberrations, mais peut-être que je confonds. En tout état de cause, je peux toujours utiliser également les données des réanalyses de SLP et également de géopotentiels pour comparaison, et auquel cas il serait tout à fait possible de scinder les jours en fonction du flux et de classes de pression et/ou de géopotentiels. Distinguer aussi les jours selon la vitesse du vent c'est possible, à présent je n'ai utilisé le facteur vitesse de vent que pour "sortir" de l'étude les jours où le flux n'était pas assez rapide pour le considérer comme actif (ce sont les jours avec vent "nul"), mais il est tout à fait possible aussi de faire des distinctions ensuite selon la vélocité de ce flux. Le risque étant toutefois qu'à force de trop vouloir considérer de choses, les échantillons risquent de devenir tellement réduits qu'ils ne seront peut-être plus représentatifs ? Dernière question, le paramètre nébulosité, toujours le même problème : les données. Je ne connais aucune source permettant d'avoir des séries longues de nébulosité quotidienne sur la France (sauf MF qui demande de préparer la CB), et je sais pour l'avoir essayé que sur ce critère les réanalyses ne sont absolument pas fiables donc que cela ne serait pas du tout représentatif d'essayer quoi que ce soit avec. So what ? Il est donc indéniable qu'effectivement les flux continentaux se réchauffent, j'ai l'impression qu'ils deviennent aussi moins secs et qu'ils sont plus nébuleux, les stratus semblant de plus en plus fréquents, cela demanderait à être confirmé effectivement par d'autres études mais qui demanderaient beaucoup de temps ! Comme je l'ai dit je n'ai pas de données de nébulosité quotidiennes pour la France pour pouvoir faire quelques chose de précis sur ce sujet, maintenant je peux toujours essayer de regarder l'évolution de la nébulosité des flux d'E/NE au Pays Bas ou dans le sud-ouest de l'Allemagne. Ce ne seront pas des résultats de "chez nous", mais cela pourra toujours donner une indication. Par contre une question me vient à l'esprit...Comment considérer le froid d'inversion ? Peut-on le "ranger" dans un type de flux puisque cela découle justement d'un temps calme ? Ça me paraît assez important dans la mesure où certaines régions ou certains secteurs plus localisés connaissent presque l'essentiel de leurs frimas hivernaux dans cette situation. Je ne t'apprends rien sur le fait que beaucoup de stations du SO enregistrent l'essentiel de leurs gelées annuelles grâce aux inversions en situation anticyclonique, et rarement en situation de coups de froids car ils sont pour la majorité, soit pas assez puissants pour nous atteindre vraiment, soit en flux de Nord et donc trop humides et nébuleux pour générer des gelées...^^ C'est justement pour gérer ces problématiques d'inversions que j'ai mis en place une classe spécifique de vent "nul" qui en fait rassemble toutes les journées où le flux n'était pas suffisamment fort pour le considérer comme significatif. Vu que je prends notamment en compte la valeur de vent à 925 hPa, cela doit quand même donner un brassage suffisant des basses couches pour limiter le risque de me retrouver avec des journées à inversion ailleurs que dans cette classe "nul". 1 Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Gaël13 Posté(e) 7 décembre 2014 Saint-Alban-Leysse - 311 m (Est Chambéry) -(73) et ponctuellement sur Palette-Le-Tholonet -158 m (Aix sud-est) (13) et Mazamet(81) - (ville : 266 m) Partager Posté(e) 7 décembre 2014 Justement, le flux en altitude et le vent au sol peuvent être clairement différent (en intensité tout comme en direction). Pour une station de Provence par exemple, un flux d'Est en hiver peut occasionner des synoptique très différentes au sol : temps calme et froid, mistral (rhodanien) froid, mais aussi du vent d'Est issue d'une dépression trop proche des côtes, et dans cette synoptique, le temps est très doux. Le vent d'Est étant le vent le plus doux .. Pareil pour un flux zonal, qui si il est septentrional, apportera un temps calme et un ciel clair en Provence. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
TreizeVents Posté(e) 7 décembre 2014 Dax (40) Auteur Partager Posté(e) 7 décembre 2014 Justement, le flux en altitude et le vent au sol peuvent être clairement différent (en intensité tout comme en direction). C'est un peu le privilège de ces régions d'un bon tiers sud / sud-est du pays, qui entre les influences maritimes et montagnardes, peuvent avoir des conditions au sol parfois très variées de celles qui prévalent un tout petit peu plus haut. C'est aussi bien pour cela que je me suis cantonné pour le moment au tiers nord / nord-est du pays, qui n'est absolument pas sujet à ce genre de situations. Que tu sois à Beauvais, à Orléans ou à Nancy, il n'y a jamais de grosses situations à fort cisaillement durable. Si tu as un flux de NO actif à 6,5 m/s à 925 hPa, tu ne trouveras jamais un flux d'est ou de sud au sol. Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Barth61 Posté(e) 9 décembre 2014 Cherbourg-L'aigle Partager Posté(e) 9 décembre 2014 J'ai quand même une question 13V. C'est intéressant, mais ne faudrait-il pas lier la température, et les basses géopotentiels ? Son nombre de jours ? Puisque tu n'as pris qu'en compte le flux et la température ? ( Ce qui dégage une première idée ). Mais peut être qu'avec les paramètres durée, basse géopotentiel ou même la situation avant ces jours de flux ( si on avait un flux de Sud avant un flux d'Est, et que tu compares à une autre année où on avait un flux de Nord-Ouest suivit d'un flux d'Est ) cela ne pourrait-il pas modifier un peu les choses ? Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
TreizeVents Posté(e) 10 décembre 2014 Dax (40) Auteur Partager Posté(e) 10 décembre 2014 Il y a clairement un effet "impact", sur la température du jour J, du flux également des deux à trois jours précédents. Le problème étant de trouver une manière intelligente de classifier les choses, et d'avoir à la sortie une présentation visuelle simple et claire. J'ai pas encore trouvé "la" solution pour faire ce classement intelligent, mais j'y réfléchis encore. Pour le moment, je travaille sur les séries de pression suite à la demande de JBR. Pour donner un résultat provisoire, sachant que j'ai travaillé sur la station de Beauvais : en plus du critère "flux", j'ai également divisé les journées d'hiver étudiées selon la pression réduite au niveau de la mer (SLP) en divisant en trois classes à peu près égales en nombre de jours : dépressionnaire (> 1011 hPa), anticyclonique (<1023 hPa), et normal (entre les deux). Voici le résultat : [align=center][/align] En bleu foncé la température moyenne selon le flux pour les jours dépressionnaires sur 1951-1980, en bleu clair même chose mais sur 1981-2010. Idem avec le vert foncé/clair pour les jours normaux en pression, et en rouge foncé/clair pour les jours anticycloniques. Est-ce qu'il y a véritablement besoin de commentaires ? Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
sebb Posté(e) 10 décembre 2014 Partager Posté(e) 10 décembre 2014 Bonsoir TreizeVents, d'abord merci pour ce que tu nous proposes, c'est particulièrement intéressant. Après n'étant pas scientifique, je ne sais pas jusqu'ou il faut aller pour rendre la méthode irréfutable, donc à quel moment le rigoureux fait place au rigoriste, mais je me posais une question. Penses-tu que si ce même travail détaillait les saisons, le constat serait le même? et si non, les contrastes étant mon idée de départ, de quel ordre pourraient ils être? au point de nous apporter un soutien en prévision saisonnière? Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
bernardt60 Posté(e) 13 décembre 2014 56800 Taupont Partager Posté(e) 13 décembre 2014 Comme je sais que je vais me faire tirer dessus mais comme je viens mettre mon casque je vous confie la réflexion qui me vient à l'esprit aujourd'hui avec ce front froid qui n'en finit pas d'onduler sur nous (déjà 32 mm depuis hier soir) Je me souviens qu'il était fréquent dans ce genre de situation qu'avec l'arrivée de l'air froid cette pluie se transforme en neige lorsque l'air froid par flux de nord remplace le flux doux de sud-ouest avec une température proche de 0°C ou légèrement supérieure. Hors là que voit-on? Une température autour de 3°C, 4°C alors que le vent a viré au N NE depuis 3h00 cette nuit, et une pluie froide qui laisse deviner en s'écrasant sur les vitres ou pare-brise que les flocons sont tout proches, mais que l'on peut toujours attendre et qu'il faut aller près des Ardennes ou sur le collines normandes pour espérer voir de véritables flocons. N'est-ce pas tout simplement une preuve que les températures par flux de NNE à situation équivalente ont gagné 1 ou 2°C par rapport à la période de ma jeunesse ? C'est une simple réflexion qui n'engage que moi, et à laquelle des spécialistes avertis sauront me répondre de façon constructive, donc Peace and Love Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Barry Posté(e) 13 décembre 2014 New York - parfois Paris & Besançon Partager Posté(e) 13 décembre 2014 N'est-ce pas tout simplement une preuve que les températures par flux de NNE à situation équivalente ont gagné 1 ou 2°C par rapport à la période de ma jeunesse ? J'ai tendance à être d'accord avec toi, du haut de mes 17 ans En me plongeant dans les archives j'ai vu que les flux de NNO par exemple apportaient souvent de la neige dans le Nord-Est. En plus j'imagine qu'à Besançon les averses étaient bloquées par le Jura donc ça devait être sympa ! Or depuis la fin novembre malgré les multiples intrusions froides par ce flux, on a toujours pas vu la neige ici. A croire qu'il faudrait avoir le thalweg du siècle pour espérer voir un flocon... Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wilfried63 Posté(e) 14 décembre 2014 Partager Posté(e) 14 décembre 2014 J'ai tendance à être d'accord avec toi, du haut de mes 17 ans En me plongeant dans les archives j'ai vu que les flux de NNO par exemple apportaient souvent de la neige dans le Nord-Est. En plus j'imagine qu'à Besançon les averses étaient bloquées par le Jura donc ça devait être sympa ! Or depuis la fin novembre malgré les multiples intrusions froides par ce flux, on a toujours pas vu la neige ici. A croire qu'il faudrait avoir le thalweg du siècle pour espérer voir un flocon... Mais c'est tout a fait logique avec le Réchauffement Climatique, mais après je me posais une question, sachant que le Réchauffement Climatique entraine des changements sur la position des centres d'actions cela entraine donc des changements de flux or ces changements de flux peuvent entrainer logiquement une modification de l'effet de foehn (l'affaiblir ou le renforcer), les régions soumises a cet effet pourrait connaitre des rétroactions (s'il s'affaiblit) ou au contraire un renforcement du RC (si cet effet se renforce). Qu'en pensez vous? Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
psncf Posté(e) 15 décembre 2014 Saint Leu La Foret (95), altitude 70 mètre. Partager Posté(e) 15 décembre 2014 D'après ton étude si on comparait deux situation synoptique identique a Beauvais, avec par exemple la situation du 1 février 1956 observé aujourd'hui avec la même masse d'aire a 850 hpa etc..la température serait plus élevée aujourd'hui a Beauvais qu'il y a 58 ans c'est ca ? Je pense que la hausse de température en toutes saisons est plus le résultat de changement de flux, les flux de composantes NO/N/NE/E on cédés leurs places en partie aux flux d'OSO résultat d'une NAO + plus fréquente. Le phénomène c'est déjà produit dans le passé sur une très longue période durant l'optimum du moyenne âge, les paléo climatologues de l'équipe Trouet ont observés une NAO+ qui a duré de 1050 a 1400 soit 350 ans. http://www.newscientist.com/article/dn16892-natural-mechanism-for-medieval-warming-discovered.html Traduction maison : Cette différence de pression a révélé que la période médiévale doit avoir connu une oscillation fortement positive de l'Atlantique Nord (NAO) accélérant le courant océanique qui entraine les vents de l'Atlantique et les eaux chaudes vers l'Europe. La phase fortement positive de la NAO entraine plus d'air chaud vers le continent. L'idée d'utiliser les anneaux de croissance du passé pour travailler sur le changement climatique n’est pas nouvelle, mais l'équipe de Trouet est la première à avoir étudié le passé au-delà de 1400 ans. Ils ont constaté que le NAO était fortement positive au moyenne âge et a duré environ 350 années 1050-1400. On remarque aussi que l'optimum médiévale est corrélé a une période de très forte activité solaire qui a duré de 1050 a 1250. la reconstruction du nombre de taches solaires est obtenue à partir des concentrations en isotope 10 du Beryllium des carottages du Groenland. De nos jour le forçage calorique est plus a aller chercher du coté du CO2 que de l'activité solaire qui est en baisse sensible, le scénario du moyenne âge (NAO +) pouvant se renouveler a l'envie Je crois donc qu'a synoptique égale température égale. Phil Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
du 25 Posté(e) 25 janvier 2018 Baume-les-dames (25) 270 m. Partager Posté(e) 25 janvier 2018 J'avais oublié cette super étude de treizevents avec un super angle de travail pour prouver ce qu'on répète souvent sur le forum à propos du RC alors que certains ont tendance à le nié. Félicitation à @TreizeVents pour ton implication dans cette étude, les résultats ne nous rassure malheureusement pas. 1 Lien à poster Partager sur d’autres sites More sharing options...
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