Aller au contenu

Ce tchat, hébergé sur une plateforme indépendante d'Infoclimat, est géré et modéré par une équipe autonome, sans lien avec l'Association.
Un compte séparé du site et du forum d'Infoclimat est nécessaire pour s'y connecter.

charles.muller

Membres
  • Compteur de contenus

    2597
  • Inscription

  • Dernière visite

Tout ce qui a été posté par charles.muller

  1. Pas d'accord avec toi. JJ : "Nous appliquons une règle stricte : nos rapports s'appuient sur des articles publiés ou au moins acceptés par des revues scientifiques à comité de lecture. Ils ont donc passé les étapes de revue critique par les pairs et les données scientifiques qu'ils contiennent ont déjà été publiées. Mais une synthèse s'impose car cette production scientifique est très large, forte de milliers d'articles parfois contradictoires. Il faut centrer l'attention sur les résultats les plus importants en termes de compréhension du climat et de son changement sous l'effet des émissions de gaz à effet de serre. (...) Ce rapport permet un message clair, critique, consensuel sur les aspects les plus importants comme les causes du changement climatique actuel, sa mesure, les projections à échéance de quelques décennies en fonction des scénarios d'émissions." C'est là que le bât blesse : la science adore le contradictoire (le problème à résoudre), l'opinion réclame du consensuel (le problème résolu). * JJ : "L'opinion publique doit savoir que cela se traduit par une approche plutôt prudente des résultats scientifiques, du diagnostic et des prévisions. Les rapports du Giec risquent plus de sous-estimer les changements climatiques que de les exagérer." C'est une blague, j'espère, mais je crains que non. James Hansen a reconnu que l'accent était mis sur des perspectives concrètes irréalistes (mais parlantes) pour changer les opinions. Tous les scénarios surestiment par exemple le méthane (et 50% surestiment le CO2 après 2050 à mon avis). Dire que ces scénarios sont prudents est faux. Ils envisagent déjà le pire (A2, A1FI). Quant aux non-linéarités, ce n'est pas de la prudence volontaire, c'est l'incapacité structurelle de la science climatique a dire quoique ce soit de pertinent dessus. * JJ : "Pour l'opinion publique et la presse, il y a toujours débat. On l'a vu en France récemment avec des propos publics de scientifiques mettant en cause nos conclusions." Quel merveilleux "débat"! Allègre a osé remettre en cause le consensus (sur la base d'arguments très douteux dans un premier temps), tout le monde lui est tombé dessus, c'était fini au bout de deux semaines. Merci le grand débat démocratique. Et si les médias publiaient de temps en temps des interviews de Svensmark, Palle, Pielke, Lindzen, Christy, Spencer, McKittrick, Singer, Baliunas, Scafetta, West, Solanki, Reiter, Chylek, Winnikov... bref, des chercheurs critiques sur le "consensus", par ailleurs tout à fait honorables sur leur compétence et sur leur bibliographie scientifique? Cela changerait du ronron de la pensée unique GIEC-Le Treut-Jouzel, non ? Cette manière de surfer sur l'ignorance du grand public en disant que tout va pour le mieux dans le meilleur des consensus possibles, c'est vraiment crispant.
  2. Il faut préciser le problème dont tu parles. La vie, en soi, n'en a aucun ou presque sauf un emballement "à la Vénus". Même les plus grandes catastrophes bio-géologiques ou bio-cosmiques successives n'ont jamais empêché le vivant de refleurir sur de nouvelles bases, les mammifère étant par exemple "bien contents" de la disparition des dinosaures (et Homo sapiens aussi, en tant qu'héritier de ce processus catastrophique à l'origine). Le vivant n'a pas l'ordre de grandeur d'une existence individuelle, ni même de l'existence d'une espèce ou d'un ordre. Plus ou moins 10 ou même 15°C, cela ne remettrait pas en cause la vie sur Terre. Donc, même si tu démontres une perte nette et globale de biodiversité assez importante, ce n'est pas un drame en soi pour la vie, plutôt pour l'image humaine de la vie (la mienne, par exemple, puisque je préfère la diversité, donc une action humaine qui la préserve au lieu de la menacer). Si tu parles des "problèmes" ou des "avantages/inconvénients" pour l'homme spécifiquement, c'est bien sûr différent. Il faut trouver alors une mesure, un quantificateur. La valeur que je vois désormais circuler le plus souvent est +2°C comme seuil de dangerosité. Hansen et son niveau des mers ne m'ont pas convaincu sur la valeur de ce seuil. Il y a peut-être d'autres calculs.
  3. Disparition de l'homme, c'est excessif, mais bien d'accord avec toi en revanche sur le "conservatisme psychologique" d'une partie (une partie seulement) des réactions aux changements climatiques. Pour ma part, je souhaite aux générations futures (à commencer par les miennes) de connaître et de construire des mondes différents du mien. Je reconnais que ce goût pour la nouveauté et le changement n'est pas généralisable, et que l'avis inverse est à la fois plus répandu et aussi légitime (re-produire l'identique, ou tendre vers un minimum de variante, est une tendance plus spontanée). Je pense que ces aspirations pré-conditionnent un peu (de manière sensible, non rationnelle) nos réactions au sujet. Pour en revenir à ce que tu dis, un climat changé redistribuerait en partie les cartes économiques et géopolitiques, locales et régionales. Le problème fondamental, à mon sens, c'est ceux qui ne peuvent faire face au changement (les zones pauvres et souvent surpeuplées). La question que l'on peut poser, c'est de savoir s'il s'agit d'un problème climatique ou d'un problème socio-politique.
  4. C'est en effet un risque... mal mesuré et mal modélisé, puisque les experts bataillent depuis un an et demi là-dessus (Emanuel-Webster team versus Landsea-Gray team ), aussi bien sur la tendance réelle depuis trente ans que sur sa projection. Sur le papier, cela semble évident : on augmente à la base la "centrale énergétique" des cyclones. Mais je suppose qu'il y a des complications et surtout qu'on ne les connaît pas toutes encore. Pour l'Atlantique par exemple, on a parlé récemment des poussières africaines, anticorrélées à l'intensité de la saison cyclonique, probablement en raison de leur effet refroidissant (il faudrait donc voir leur téléconnection en phase de réchauffement). Plus basiquement, et en plus du cisaillement, on retombe sur la question du gradient thermique, qui est à la base de la théorie de l'intensité potentielle propose par Emanuel depuis les années 1980 (ce n'est pas seulement l'augmentation des SST qui conduit à une augmentation d'intensité, mais l'outflow surface-tropopause dépendant du gradient).
  5. Je dirais de prime abord que dans ce cas, tu augmentes la condensation aussi (puisque tu augmentes l'évaporation à la base, en conservant le gradient)
  6. Attention bien, je répondais à l'argument de l'expert du GIEC, c'est-à-dire sur le plan agricole et alimentaire. > L'alimentation de l'humanité se pose désormais en termes globaux, avec une "division du travail" internationale accrue, et cela ne devrait pas trop changer (cela peut se régionaliser si les transports sont coûteux dans la transition post-fossile, mais ce sera de moins en moins de l'autosubsistance purement locale). La question est donc : en 2080, la situation serait-elle plus ou moins favorable à l'échelle globale, et non pas par rapport aux zones actuelles ? Or, à nouveau, un monde plus chaud, plus humide, et plus de CO2 dans l'atmosphère dessinent des conditions globalement favorables à la végétation. (Il suffit d'imaginer que le dixième de la Sibérie devienne cultivable, cela ferait qqch comme plusieurs dizaines de milliards d'hectares). > L'agriculture se caractérise par sa forte adaptativité, notamment aux saisons dont tu parles, et tout laisse à penser que cela va s'accentuer (génie génétique et cellulaire appliqué à l'agronomie). Même avec des plants classiques, on peut passer à des espèces peu gourmandes en eau selon la disponibilité des zones. Et, bien sûr, on peut faire varier les dates de semailles selon les périodes devenues les plus favorables à la croissance. > Cela ne règle pas les autres aspects locaux, écologiques et humains, de l'aridification, bien sûr. Mais en terme de projection de famine globale, je n'arrive vraiment pas à souscrire à ce genre de prophéties de malheur. Il faudrait voir de quel scénario il est question, d'ailleurs. Si c'est A1FI couplé à un modèle à forte sensibilité, tout est sans doute possible...
  7. Oui mais dans ce cas, et sous réserve que je ne dise pas de c*nneries, cela revient à une rétroaction positive assez faible, donc un réchauffement assez faible aussi. La diminution du gradient thermique (augmentation relative plus importante des T en altitude qu'en surface, réduction conséquente du gradient) est une rétroaction potentiellement négative des modèles actuels, d'ailleurs couplée à celle de la VE elle-même.
  8. En parlant de tsunami (Alex je crois), c'est en ce moment la déferlante. Je m'y attendais, mais je suis toujours épaté. Tout le monde y va de son petit communiqué gardé bien au chaud pour la semaine fatidique : la Grande Barrière de corail meurt, 2000 îles disparaissent, 400 millions de personnes affamées, 1,5 milliard de personnes assoifées... tout cela vers 2080, bien sûr. Ce serait bien de faire le même tintamarre pour les gens qui souffrent aujourd'hui, mais ils sont sans doute moins importants que leurs générations futures. Après tout, en tant qu'Occidental, je devrais m'en féliciter. L'argent que l'on va dépenser pour notre transition énergétique et industrielle (puisque nous sommes les premiers "pollueurs") n'ira pas ailleurs. D'ailleurs, si les Américains commencent à annoncer 50 à 80% de réduction pour 2050, c'est sûrement que le marché devient mûr à leurs yeux et que les choses vont s'accélérer. Mais c'est HS sur ce sujet, revenons à nos moutons. Je note dans la dépêche d'agence sur l'apocalypse alimentaire 2080 : L'argument est intéressant. > Soit la pluviométrie s'abaisse partout, mais alors le cycle de l'eau ne va pas s'intensifier, la rétroction VE ne sera pas au rendez-vous, il n'y aura pas de réchauffement important... et la pluviométrie ne bougera guère (erreur système). > Soit le cycle de l'eau s'intensifie, etc., etc. et cela laisse 80 ans pour adapter les zones de production agricole à cette évolution, dans un contexte plutôt favorable à la végétation (plus de CO2, plus d'humidité, plus de chaleur) et avec les progrès agronomiques en cours (plants résistants aux éventuelles sécheresses).
  9. Tes remarques sont très intéressantes et c'est bien dommage qu'à peu près tous les phénomènes à méso-échelle et surtout en dessous (la turbulence et la convection, donc) soient l'objet de paramétrisation dans les modèles climatologiques, donc d'un tuning approximatif pour coller à des observations lacunaires. Car ces transferts de chaleur / d'énergie / d'air et eau sont quand même déterminants pour prétendre estimer au final la sensibilité climatique, c'est-à-dire la température de surface à l'équilibre. En l'état, je ne saisis pas très bien la confiance que l'on peut apporter aux projections séculaires de la convection nuageuse ou de la convection profonde.
  10. Je connaissais celle de Nietzsche (quel psychologue!), pas celle de Sade, fort sympathique ma foi. J'espère qu'il y aura un DAFdS pour écrire vers 2100 son Dialogue entre un climatologue et un moribond.
  11. En fait, je suis toujours gêné (ou hérissé) quand on confond les jugements de fait et les jugements de valeur. La science produit les premiers ; les seconds regardent la politique, l'éthique, l'esthétique ou de nombreuses autres activités humaines visant quelque chose comme la "vie belle et bonne", selon l'expression grecque classique. Je ne suis pas sceptique sur ces valeurs, puisqu'elles existent et que chacun est bien libre de faire la hiérarchie de son choix (c'est bien / pas bien, beau / pas beau, juste / pas juste, etc.). En revanche, je suis sceptique quand on commence à déformer les faits (ou les discours scientifiques sur les faits) pour les aligner sur ses choix de valeurs.
  12. Merci, non je ne pensais pas à cela, mais c'est intéressant. A 4xCO2 constant (donc environ 1120 ppm), le Groenland mettrait selon ce modèle 270 ans à perdre 20% de ses glaces. Soit environ 1,4 m (la fonte totale de la glace estimée à 1,7 Mkm2 de surface x 3 km d'épaisseur maxi donne 7 m selon Dowdeswell 2006). Cela laisse un peu de temps pour revendre sa maison en Bretagne. Déjà le temps d'atteindre l'équivalent de 4xCO2 tous GES confondus, si on les atteint jamais un jour, ce dont je doute un peu. Côté cycle du carbone, il semble qu'on a encore de la marge par rapport l'Eemien (températures plus chaudes de 1-3 K, pas de blocage apparent du cycle à l'époque). Côté emballement CH4 des hydrates et du permafrost, je n'y crois guère. Côté ressources en énergie fossile de l'humanité, il faudrait que l'on consomme beaucoup en séquestrant peu pendant longtemps... et ce n'est pas le chemin que l'on prend. Reste la limite de ces modèles "linéaires", bien sûr (ici, le couplage HadCM3 pour l'AOGC et Huybrechts-De Wolde pour les glaces). C'est vrai que je me méfie des modèles... /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20">
  13. En anglais on dit denial / denier, dont le sens premier est "dénégation". Donc, on traduit librement en français. La question n'est pas tellement de prendre un fusil de résistant, mais d'éviter les insultes et les comparaisons hors de propos. Le retour de david3, après quelques efforts de "calme" de sa part, marque comme d'habitude le retour de la polémique de bas étage.
  14. A propos de la principale industrie concernée (médias et divertissements), je viens de noter sur Google Actualités l'adjectif "terrifiant", qui détrône le désormais trop classique "alarmant". Qu'est ce que cela sera vendredi? A mes "confrères" en panne d'imagination, ce florilège de la sémantique hyperbolique: cauchemardesque, effarant, effrayant, effroyable, épouvantable, féroce, horrible, horrifiant, horrifique, inhumain, inquiétant, menaçant, monstrueux, redoutable, sinistre, terrible... Un scénario terrifiant pour notre planète Voix de l'Est - 22 jan 2007 ... depuis des mois à la préparation d’un rapport d’évaluation pour les besoins du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). ...
  15. Cette étape est déjà en cours, un chapitre entier (11) de l'AR4 est consacré aux analyses régionales (et en France, on a parlé récemment des projections par des modèles couplés). Est-ce concluant? Comme dit le GIEC (11-2, lignes 43-45), nos résultats sont de plus en plus robustes mais... - petit nombre de modèles - pas d'indépendance réelle entre les modèles - dans la plupart des cas, pas de confirmation par les observations du changement annoncé. Je vais attendre un tout petit peu avant de choisir la région où je finirai mes jours
  16. Si tu vas en page 4-21 et 4-22, les premières mesures GRACE sont mentionnées. Mais le Second Draft a dû être bouclé vers janvier-février 2006, donc il n'y a pas eu l'avalanche de la seconde partie de l'année. L'accélération dont on parle tant vient surtout d'un shift au cours de l'année 2004, dont l'effet est sensible su 2003-2006 semble-t-il. Le GIEC fait en l'occurrence son boulot : statuer sur une tendance climatique avec des données courtes depuis un instrument nouveau est une méthode médiatique, mais pas scientifique. Ce n'est quand même pas aux intervenants de ce forum que je rappellerai que 30 ans est le norme climatologique. Que Rignot, Velicogna ou Chen fassent grand bruit de leurs publications, c'est bien normal. Que cela fasse oublier une vingtaine d'autres publications (et la vertigineuse incertitude des mesures GRACE, avec un facteur 2,5 en seulement 6 mois), ce n'est pas souhaitable dans la logique rédactionnelle qui est celle du GIEC. Si jamais GRACE retrouve une stabilisation, voire des gains de masse en 2009-2012, à quoi bon écrire que la tendance 2003-2006 est "très alarmante". Vous ne voulez quand même pas que le GIEC donne de tels bâtons aux sceptiques pour se faire battre d'ici son futur AR5 ? La dernière fois qu'ils se sont précipités sur une donnée récente et "parlante", c'était la courbe de hockey. Mauvais souvenir pour la crédibilité et l'objectivité du GIEC... PS : j'ai lu quelque part dans l'AR4 3000 ans comme hypothèse d'une fonte totale du Groenland, mais je ne retrouve pas où. Il est labyrinthique, ce rapport !
  17. Je me permets de te renvoyer à un papier récent que j'ai rédigé sur diverses mesures altimétriques avant GRACE, concernant la tendance de la décennie 1990 : http://www.climat-sceptique.com/article-2084775.html Où l'on voit que certaines concluaient à un bilan de masse positif pour le Groenland (Zwally 2005, Johannessen 2005) voici encore moins de deux ans. Ce qui invite à prendre un peu de recul sur GRACE et les tendances de 3-5 ans, mais à suivre tout cela de près.
  18. J'ai dit une c*nnerie, dans Velicogna et Wahr 2006 (Nature), cela va plus loin. J'ai récupéré le schéma sur un commentaire, mais je pense qu'il est extrait de l'article (le site Nature est planté en ce moment). Les barres bleues sont la marge d'erreur à 68% d'intervalle de confiance. Velicogna est dans la branche haute des estimations (Luthcke la branche basse, sur les mêmes données de base).
  19. Si tu as du courage, certaines données corrigées et lissées par grilles (GRACE Tellus) sont disponibles à : http://gracetellus.jpl.nasa.gov/month_mass.html (Voir aussi le browser interactif dans le menu, mais je n'ai jamais pris le temps de me pencher sur ce qu'il donne exactement). Sinon, je n'ai pas vu passer de publication récente GRACE sur le Groenland après la salve mars-décembre 2006. Mais cela existe peut-être.
  20. Soit ce sont des tendances déjà longues (banquise arctique), soit au contraire des phénomènes bien trop courts pour être significatifs (GRACE Groenland) soit encore des processus mal quantifiés dans leur amplitude comme leur effet (permafrost). Parler d'emballement ou de point de rupture suppose d'avoir une série longue (plusieurs en l'occurrence) et de constater ledit point d'inflexion des courbes. Ce n'est pas le cas, et il est tout de même heureux que le GIEC n'invente pas des faits qui n'existent pas. Surtout, l'ensemble de ces "indices" témoigne d'une chose que personne ne remet en question, la Terre s'est réchauffée depuis 1979, plus en HN qu'en HS, plus en Arctique qu'ailleurs. Amusant. Le "réalisme", cela commence par reconnaître que l'on est incapable de déterminer la part des GES dans le réchauffement actuel, c'est-à-dire de décrypter la réalité la plus élémentaire sur laquelle cet immense bazar s'est construit depuis 20 ans. (Et pour cause, quand on voit les ordres de grandeur : les modèles chipotent sur + ou - 1 W/m2 de forçage indirect des aérosols, alors que les dizaines de W/m2 des flux convectifs dans la couche limite ou vers la haute troposphère sont toujours paramétrisés). Nous avons en tout pour tout deux périodes de réchauffement (1915-1945 à 0,41°C et 1977-2006 à 0,49°C, chiffres Nasa Giss) entrecoupée d'une période de léger refroidissement. Et ce réchauffement global reste une moyenne masquant la disparité des grilles locales. Si l'on ôte les 20% de grilles à réchauffement significatif, on ne trouve plus de tendance claire (Jones 2003). Et tout cela est survenu avec le passage de 1 à 6 milliards d'humains et avec la modification de 30% environ des surfaces terrestres (où sont bien sûr implantés nos stations météo) par l'urbanisation, l'agriculture ou la déforestation. Il est en effet "surréaliste" de bâtir des scénarios quelconques sur des amplitudes aussi faibles analysées par des modèles climatiques aussi grossiers sur la base de mesures aussi incertaines.
  21. Le Treut ou Hansen sont plutôt des gens appréciables en tant que chercheurs. Ils publient beaucoup, ils vulgarisent bien. HLT est condamné à une certaine langue de bois en tant qu'auteur-coordinateur du GIEC. JH est plus libre, tellement libre que l'analyse rétrospective de ses innombrables publications / déclarations depuis 1981 fait en général la joie des sceptiques. Ce qui est surtout peu appréciable de la part d'une revue de vulgarisation scientifique, c'est de laisser ses lecteurs dans l'ignorance de certains thèmes, de certains travaux, de certains chercheurs. Ne serait-ce qu'un papier centré sur les zones d'ombre des modèles ou les observations clochant avec le "grand récit" ou les inconnues du climat aurait été le bienvenu. Mais bon ce n° spécial de PLS n'est pas ce que l'on fait de pire.
  22. PS : je n'avais pas vu non plus celle-là, d'Anny Cazenave : "Le Groenland a perdu environ 150 gigatonnes de glaces par an depuis quinze ans, le phénomène semblant s'accélérer, en particulier dans les régions côtières du sud de la calotte." Comme elle a écrit un récent comment dans Science à ce sujet, j'ose espérer que c'est une bourde du journaliste. Les 150 Gt/an représente la perte moyenne mesurée depuis 5 ans par le système GRACE (et Lutchke, que Cazenave commentait dans Science, est à 101 Gt/an après correction des données GRACE). Avant 2002, les mesures d'altimétrie concluaient à une perte bien moindre, voire à un bilan de masse positif (Zwally 2005). Pas très étonnant vu que le Groenland était en phase de refroidissement jusqu'au milieu des années 1990. Et pourtant, Sylvestre Huet en a écrit des millions de signes sur le climat dans Libé... Si même les journalistes professionnels et spécialisés laissent passer des erreurs assez évidentes, cela va devenir effarant à mesure que la semaine avancera. Cazenave, A. 2006. How fast are the ice sheets melting? Science 314: 1250-1252. Luthcke, S.B., Zwally, H.J., Abdalati, W., Rowlands, D.D., Ray, R.D., Nerem, R.S., Lemoine, F.G., McCarthy, J.J. and Chinn, D.S. 2006. Recent Greenland ice mass loss by drainage system from satellite gravity observations. Science 314: 1286-1289. Zwally, H.J., Giovinetto, M.B., Li, J., Cornejo, H.G., Beckley, M.A., Brenner, A.C., Saba, J.L. and Yi, D. 2005. Mass changes of the Greenland and Antarctic ice sheets and shelves and contributions to sea-level rise: 1992-2002. Journal of Glaciology 51: 509-527.
  23. Nouvelles moissons de déclarations. Le prix d'honneur à Philippe Ciais pour l'imprécision de ses propos : "La teneur en gaz carbonique de l'air est passée de 280 parties par million (ppm) avant l'ère industrielle à 379 ppm en 2005. Cette augmentation est responsable à 70 % du réchauffement en cours." Ce n'est pas avec ce genre de déclarations qu'un auteur principal du GIEC va nous réconcilier avec son rapport... (Que le CO2 représente 70% des 3W/m2 de forçage GES, oui ; que cela soit 70% du réchauffement en cours, c'est parfaitement infondé et quand même inquiétant). Les climatologues enfoncent le clou Le groupe d'experts sur l'évolution du climat (Giec) se réunit cette semaine à Paris pour publier un rapport aux conclusions alarmantes. Avant-goût. Par Sylvestre HUET QUOTIDIEN : lundi 29 janvier 2007 Les scientifiques du Groupe d'experts international sur l'évolution du climat (Giec) vont faire le point, pendant une semaine à Paris, de leurs connaissances sur les questions clés du réchauffement de la planète et autres sujets au coeur de leurs recherches. Sept chercheurs ont accepté de confier à Libération leurs conclusions sur sept problèmes essentiels. L'évolution du climat depuis 150 ans est-elle due à nos émissions de gaz à effet de serre ? Serge Planton, chercheur à Météo France. Editeur du Giec pour la compréhension et l'attribution du changement climatique. «Nous savons que la teneur en gaz à effet de serre a augmenté dans l'atmosphère depuis 1750 à cause des activités humaines, passant de 280 à 383 parties par million pour le gaz carbonique en 2006. Les observations montrent que la température moyenne planétaire a augmenté de 0,4 à 0,8°C au XXe siècle. Il ne suffit pas de rapprocher ces deux mesures pour en déduire une relation de cause à effet. En 1990, le rapport du Giec ne concluait pas sur l'origine naturelle ­ variabilité solaire et volcanisme ­ ou humaine du réchauffement. La responsabilité de l'effet de serre additionnel lié à l'homme n'a été prouvée qu'à la fin des années 90, grâce aux progrès des simulations du climat confrontés aux observations. Le troisième rapport du Giec, en 2001, s'appuyait sur de nouvelles preuves, mieux étayées qu'auparavant, pour affirmer que l'essentiel du réchauffement des cinquante dernières années est attribuable à nos émissions. Depuis, cette conclusion prudente a été confirmée par des études nouvelles, qui portent notamment sur d'autres paramètres que la température moyenne de surface (indicateurs de températures océaniques et études régionales).» Pourquoi le gaz carbonique est le principal coupable ? Philippe Ciais, du laboratoire des sciences du climat et de l'environnement. Auteur principal du Giec pour les liens entre le système climatique et la biogéochimie. «La teneur en gaz carbonique de l'air est passée de 280 parties par million (ppm) avant l'ère industrielle à 379 ppm en 2005. Cette augmentation est responsable à 70 % du réchauffement en cours. Elle provient directement de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel, qui représentent 80 % des sources d'énergie de nos sociétés. Nos émissions de gaz carbonique ont augmenté de plus de 3 % par an entre 2000 et 2005, contre moins de 1 % entre 1990 et 1999. Elles ont atteint 7,9 milliards de tonnes de carbone en 2005, 28 % de plus qu'en 1990. Cette croissance risque de se poursuivre durant plusieurs décennies, en raison des gigantesques réserves de charbon. Il faut y ajouter 1,5 milliard de tonnes de carbone par an, dues à la déforestation tropicale. Ce phénomène est cumulatif : le CO2 émis aujourd'hui ne sera pas totalement résorbé avant un siècle. En outre, si aujourd'hui près de 55 % des émissions sont stockées par les océans et la végétation, cette part pourrait baisser à cause d'une circulation océanique moins intense et d'une accélération de l'activité microbienne du sol. D'autres gaz émis par l'homme (méthane, CFC, protoxyde d'azote) contribuent à l'effet de serre, mais le CO2 constitue le principal facteur du changement climatique.» Le niveau des océans monte-t-il ? Anny Cazenave, directrice adjointe du laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales. Auteur principal du Giec pour les changements océaniques et le niveau marin. «D'après les marégraphes, la mer s'est élevée de 15 à 20 cm au cours du XXe siècle. Depuis 1993, les satellites altimétriques (Topex-Poseidon et Jason ­ 1 son successeur) montrent que le niveau moyen global s'élève actuellement d'environ 3 millimètres par an. Cette hausse n'est pas uniforme. Dans certaines régions, la mer a monté plus vite que la moyenne (jusqu'à 20 millimètres par an). L'océan s'est réchauffé au cours des dernières décennies, provoquant une dilatation thermique. Pour les années récentes, ce réchauffement explique 50 % de la hausse de son niveau. Le réchauffement climatique entraîne la fonte des glaces continentales. La plupart des glaciers de montagne ont perdu une quantité considérable de leur volume et contribuent pour 30 % à la hausse actuelle du niveau de la mer. Le Groenland a perdu environ 150 gigatonnes de glaces par an depuis quinze ans, le phénomène semblant s'accélérer, en particulier dans les régions côtières du sud de la calotte. Sa contribution à la hausse actuelle du niveau de la mer est de l'ordre de 10 %. En Antarctique, les précipitations produisent une croissance de sa partie Est, alors que dans l'Ouest, la calotte perd une quantité à peu près équivalente par écoulement des glaciers vers la mer. De grandes incertitudes demeurent sur le comportement futur du Groenland et de l'Antarctique de l'Ouest qui pourraient contribuer de manière importante à la hausse du niveau marin, s'ajoutant à celle, inéluctable, due à la poursuite de sa dilatation thermique. De ce fait, les prévisions actuelles ­ entre 20 et 80 centimètres d'ici à 2100 ­ pourraient être dépassées.» La réaction des nuages au réchauffement est-elle comprise ? Sandrine Bony-Léna, du laboratoire de météorologie dynamique. Auteur principal du Giec pour les modèles climatiques et leur évaluation. «Richard Lindzen (professeur au Massachusetts Institute of Technology) a émis des hypothèses différentes des premiers modèles sur le rôle des nuages et de la vapeur d'eau. Elles ont été publiées, testées puis réfutées pour l'essentiel par la communauté scientifique. On lui doit donc d'avoir ainsi fait progresser la recherche selon nos règles de la discussion qui ne censurent pas les idées ou résultats contradictoires, mais exigent que le débat se déroule en termes rigoureux. Le troisième rapport du Giec, en 2001, pointait des incohérences sur l'augmentation de la température déduite de différents types de mesures (surface, radiosondages et satellites). La recherche a permis de mieux interpréter les mesures, des erreurs ont été corrigées, et ces incohérences ont été éliminées. L'analyse et la synthèse de tous les travaux publiés par le Giec permettent d'identifier les points de consensus comme les controverses et ainsi de progresser dans la connaissance du système climatique.» Les scénarios du Giec sont-ils réalistes ? Patrick Criqui, du laboratoire d'économie de la production et de l'intégration internationale, Cnrs ­ Université Pierre-Mendès-France à Grenoble. «Le rapport spécial du Giec pour les scénarios d'émission de CO2 a permis d'explorer le futur de la consommation d'énergie et des émissions associées, en jouant des principales incertitudes pour faire apparaître des images contrastées. Il s'agissait d'identifier les futurs possibles, sans se prononcer sur leur probabilité d'occurrence. Dans ce rapport, les scénarios sont construits "sans politiques" et conduisent en 2050 à une multiplication des émissions mondiales par deux dans le meilleur des cas, et par quatre dans le pire. Avec de tels niveaux d'émission, le changement climatique à attendre est considérable, au moins une augmentation de 4°C des températures à long terme. On a reproché à ces scénarios d'exagérer la croissance de l'économie et des émissions mondiales, afin de dramatiser la situation et de justifier des politiques fortes de réduction des émissions. Or, les prospectives conduites selon une autre démarche, qui consiste au contraire à tenter de construire un jeu d'hypothèses cohérentes pour un scénario "central", confirment l'importance du danger : si rien n'est fait, le développement du système énergétique mondial conduira à une raréfaction progressive du pétrole et du gaz et donc à un grand retour du charbon, qui soutiendra le doublement des émissions en 2050. Seules des politiques très vigoureuses de réduction des émissions permettront donc au système énergétique mondial d'éviter de tomber de Charybde en Scylla : du risque d'épuisement du pétrole dans le risque climatique massif.» Peut-on prévoir le climat sur cent ans ? Hervé Le Treut, directeur du Laboratoire de météorologie dynamique. Auteur principal et coordinateur du Giec pour les sciences du changement climatique. «La prévision météo ne dépasse pas dix jours et pourtant les climatologues prétendent simuler l'évolution du climat sur un siècle. La contradiction apparente vient de ce que la prévision climatique ne porte pas sur les fluctuations journalières du temps qu'il fait mais sur ses statistiques de températures, vents, précipitations. Or, ces dernières, à l'inverse du chaos atmosphérique à petite échelle de temps et d'espace, sont déterminées par les circulations à grande échelle de l'atmosphère et des océans, produites par l'énergie solaire, la rotation de la Terre, la disposition des continents, les calottes glaciaires, l'effet de serre naturel. C'est pour cette raison que les modèles peuvent simuler les traits principaux du climat terrestre à partir des lois de la physique. Dès la fin des années 80, malgré leur simplisme, ils ont donné l'ordre de grandeur des effets climatiques de nos émissions de gaz à effet de serre en terme de réchauffement planétaire moyen : plus 2 à 5 °C pour un doublement de la teneur en gaz carbonique. Les modèles récents mettent à profit les supercalculateurs les plus puissants pour mieux représenter océans, atmosphère et nuages, calottes glaciaires. Ils incluent la végétation, la biochimie océanique, la chimie atmosphérique dans les facteurs climatiques. Ils ont confirmé l'alerte lancée il y a vingt ans, celle d'un risque majeur, mais ils ne peuvent pas encore en fournir une vue détaillée des conséquences régionales ou de ses effets sur des phénomènes météo extrêmes.» Les scénarios catastrophes sont-ils possibles ? Jean-Louis Dufresne, du laboratoire de météorologie dynamique. «Ces scénarios catastrophes prévoient que le réchauffement climatique nous fasse rentrer dans une période glaciaire à cause d'une modification de la circulation océanique. Le point de départ, une modification des courants océaniques dans l'Atlantique Nord à cause du réchauffement climatique, est réaliste, par contre le scénario catastrophe ne l'est pas. Ce phénomène est popularisé sous le nom d'"arrêt du Gulf Stream", appellation très incorrecte car le Gulf Stream lui-même ne s'arrêtera pas. Ces courants océaniques transportent beaucoup de chaleur vers le nord et une diminution de ces courants peut donc refroidir ces régions. C'est ce que simulent les modèles climatiques, mais ce refroidissement est limité à une partie de l'Atlantique Nord ou du nord de l'Europe. De façon plus générale, les changements de circulation atmosphérique et océanique font que le réchauffement climatique n'est pas uniforme sur tout le globe, mais une entrée en glaciation prochaine et brutale n'a pas aujourd'hui de base scientifique.» http://www.liberation.fr/actualite/societe/231538.FR.php
  24. Intéressant de lire entièrement ce texte dont un extrait est donné par David. http://www.boston.com/news/world/europe/ar...eport_too_rosy/ On voit que L. Thompson, S. Rahmstorf, B. Corell et quelques autres estiment que le futur chiffre de hausse des mers est trop faible, et que cette sous-estimation est principalement liée à une mauvaise prise en compte du Groenland et de l'Antarctique. Or, qu'a-t-on comme données nouvelles depuis le TAR 2001 ? > Les mesures GRACE du Groenland dont on a vu qu'elles sont courtes (depuis 2002) et encore mal calibrées (un facteur 2 de variation) sur une zone à variabilité annuelle forte (le Groenland) ayant sans doute connu des périodes plus chaudes dans la période récente (le Holocène). > Les mêmes mesures GRACE pour l'Antarctique, auxquelles s'ajoute la dislocation de Larsen B en 2002 (impressionnante médiatiquement, mais dont la significativité climatique est une autre paire de manches : influences locales de la NAM et des courants circumpolaires, extension récentes des plateformes au PAG, fréquences des retraits de plateformes au cours du Holocène, etc). > Pas de progrès significatifs des modèles glaciologiques. Donc, la base purement objective de la critique est finalement assez faible. Il est de toute façon très probable que le SPM ajoutera une mention du genre "mais il subsiste des incertitudes importantes sur le comportement du Groendland et de l'Antarctique, dont le rythme de fonte influera de manière significative le niveau des mers au cours de ce siècle". Et il est fort possible que ces protestations arrivant au moment même de la réunion WGI à Paris aient pour objet de faire pression en vue d'ajouter une telle mention (très légitime d'ailleurs). On voit que les politiques ne sont pas les seuls protagonistes des fameuses batailles d'influence autour de l'approbation "ligne à ligne" du SPM... PS : plus largement, c'est le signe parmi d'autres d'une intéressante fracture du consensus. La déclaration de Corell est sans appel (et pas étonnante pour qui a lu le rapport sur l'Arctique de l'ACIA). Les hommes étant ce qu'ils sont, chercheurs compris, je pense que le GIEC sera de plus en plus tiraillé par ce genre de querelles où certains voudront tirer très fort et très vite la sonnette d'alarme contre d'autres avis plus mesurés. Comme la pression va continuer de monter jusqu'en 2012 (renégociation de Kyoto), on peut faire d'intéressantes conjectures sur l'espérance de vie du consensus...
  25. Je ne sais pas si c'est généralisable. Même dans des conditions assez propices (cas des gisements canadiens et vénézueliens de sables bitumineux), le coût est important et le rendement énergétique est grevé par l'extraction-transformation assez lourde (sans parler du coût environnemental). En multipliant par 5 la production totale du Canada tous hydrocarbures confondus (3Mbbls/j), cela ne suffit toujours pas à satisfaire la consommation totale des seuls USA (20,6Mbbls/j). Et ce ne sont pas les USA qui vont connaître la plus forte hausse de consommation dans les décennies à venir. Si l'on parvient à maintenir la production et retarder le peak oil, mais que l'on produit à 100 ou 200 $ le baril, le pétrole sera de moins en moins intéressant. Encore faut-il trouver des carburants de substitution. Mais j'ai bon espoir du côté de mes camarades biologistes : les lipides, ce n'est pas ce qui manque dans le vivant, trouver un moyen d'augmenter et de guider leur synthèse ne semble pas hors de portée, sur le papier. Evidemment, faudra bricoler un peu ledit vivant, donc je ne suis pas sûr que cela plaise à tout le monde
×
×
  • Créer...