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charles.muller

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  1. Non, pas vraiment de rapport avec mon pari, juste une curiosité. PS : merci du lien Snowman
  2. Non, là tu inverses la charge de la preuve : cite-moi une reconstruction fiable de la température moyenne globale des deux derniers millénaires. La NAS dit qu'au-delà de 400 ans, c'est discutable de faire des comparaisons décennales sur des "records", vu la rareté des proxies et divers problèmes méthodologiques dans leur interprétation. Je ne vois pas trop comment on peut ajouter 1600 ans de profondeur pour s'assurer que la Terre n'a jamais été aussi chaude, quand on obtient des marges d'erreur supérieures à la valeur de l'anomalie. Oui, ces valeurs me semblent trop élevées par rapport aux courbes actuelles pour l'OM, mais pas pour le PAG, si l'anomalie de 0,8-1°C compare le Minimum de Maunder et 1950 (les courbes Esper ou Huang semblent dans ces eaux, plutôt 0,8°C). Car en 1700-1950, il me semble que la plupart des modèles reconnaissent le poids majeur des facteurs naturels - essentiellement le soleil, le signal des volcans tant quasi-nul à l'échelle séculaire - et que certains modèles n'ont d'ailleurs même pas besoin des facteurs anthropiques pour obtenir une bonne simulation jusqu'en 1950. Donc, cela pose un vrai problème à mon sens : 0,2 W/m2 de variation solaire (nouvelle reconstruction GIEC, étendue à Maunder) provoquerait l'essentiel de 0,3 à 0,8°C selon les reconstructions. Mais alors, que dire de 2,6 W/m2 de GES, soit treize fois plus ?? On devrait avoir autrement plus chaud (ou bien il faut supposer que les océans contiennent beaucoup de chaleur, ou que les aérosols ont un sacré effet refroidissant, etc.).
  3. A ce sujet, je repose (on ne sait jamais ) une question restée sans réponse : connaissez-vous un site où l'on peut consulter en temps réel (disons à deux-trois jours, pas à l'heure près bien sûr) les températures actuelles du globe, avec une information sur les anomalies ? Par exemple, si l'on veut savoir si les T actuelles de la Mongolie inférieure ou des Grands lacs africains ou du Groenland, etc. sont plutôt en dessous ou au dessus des normales de saison, comment faire ?
  4. Aie, cela ne se relève pas. Mais une bonne polémique, cela manquait. Alors allons-y, si tu y tiens. Je pose des questions sans manifester d'état d'esprit autre qu'un scepticisme ouvert. GS prétend que la stratosphère se refroidit en raison des GES, je lui demande simplement d'expliquer pourquoi les mesures de la strato. sont stables en 1995-2006 sur toutes les bases, alors qu'on nous rabache que les GES augmentent vertigineusement (+20% de forçage en l'occurrence sur la période). Censurer ce genre de questions, je trouve cela révélateur. De même que les non-réponses à tes questions et les miennes sur les aérosols. RC existe soi-disant pour éclairer l'opinion, ils passent et perdent surtout leur temps à régler des comptes avec les sceptiques.Quant à ta remarque sur le scepticisme politique, elle tombe à côté. Les animateurs de RC prennent au contraire le temps de répondre à des posts complètement idiots (de ce genre de scepticisme, justement), au lieu de se concentrer sur les questions plus directement climatiques (et d'y répondre à toutes). Totalement déplacé. C'est plutôt ta révérence envers RC qui est caricaturale (mais je constate qu'elle faiblit cependant). Je n'ai aucune raison de penser que Pielke détient une quelconque "vérité vraie". Tu imites Yves ? C'est bien réussi.Sinon, pour la nième fois : > hausse des T "depuis deux millénaires" : fantaisiste, ou alors ajoute au moins "plus vraisemblable que non", comme les politiciens du GIEC > 2xCO2, c'est peanuts, cela fait 0,6-1,2°C en surface (on ne sait pas le calculer précisément, d'ailleurs). +30% de CO2 depuis 1850, c'est encore plus peanuts et il n'y a aucune raison de penser que c'est le facteur de "premier ordre" pour la hausse récente des T. L'évolution de la nébulosité peut (faudrait encore être d'accord sur sa mesure) représenter des variations transitoires bien plus fortes que les GES sur les 15-20 dernières années. Sur le long terme, les GES sont sans doute le facteur de premier ordre en forçage TOA, mais si les fameuses rétroactions positives ne sont pas derrière, cela n'a rien d'inquiétant en terme de hausse. Et les rétroactions aux autres forçages, on ne les connaît pas ou mal. Non, je n'attends pas ce genre de réponse. Je te rappelle la conclusion des NAS : on ne peut pas remonter avec assez de précision au-delà de 400 ans pour statuer sur des variations décennales.
  5. Pas d'accord sur ce point : toutes les reconstructions (Mann, mais aussi Esper, Moberg, Huang, etc.) sur les 400 dernières années ont eu l'aval de l'Académie des sciences (NAS) dans son rapport 2006. Or, on voit que la différence entre Mann et d'autres peut aller jusqu'à 0,5°C vers 1700. La NAS n'a jamais dit que la courbe de Mann est plus probable que celle des autres. Entre la crosse de hockey présentée en 2001 comme la représentation des T depuis 1000 ans dans le résumé pour décideurs et le plat de spaghetti actuel, il est notoire que la tendance a plutôt été à réévaluer la variabilité "pré-anthropique". Ce que le rapport 2007 est obligé de reconnaître d'ailleurs. Les courbes publiées après Mann 98/99 par d'autres équipes, avec d'autres méthodes et/ou d'autres proxies, n'ont pas toutes reproduit les pentes de la crosse de hockey, ni sur 400 ans ni sur 1000 ans. Sinon, il n'y aurait pas débat et tout le monde dirait que cette crosse de hockey est correcte. [HS On] L'équipe de la crosse de hockey, c'est-à-dire Real Climate, semble particulièrement nerveuse en ce moment. Deux fois qu'une question précise posée à GS sur le refroidissement de la stratosphère est censurée (je pense que je vais arrêter de participer), commentaires de plus en plus acides de Pierrehumbert ou Mann vis-à-vis des lecteurs qui expriment leur doute, multiplication des sujets polémiques inintéressants et articles de vulgarisation scientifique de plus en plus rares, voire un peu baclés comme le dernier sur les glaciation, etc. [HS Off] C'est bien le problème, en effet. La seule chose que l'on pense mesurer correctement en tant que forçage, ce sont les GES (high level of understanding). Un peu embêtant à mon sens pour déduire des conclusions très vraisemblables sur les températures de surface, dont tout le monde convient qu'elles sont aussi déterminées par d'autres facteurs (eux mal connus de l'aveu même des chercheurs). Et des facteurs qui ne sont pas seulement des forçages TOA d'ailleurs, sur des périodes courtes comme les trente dernières années.PS : même les températures de surface de la période instrumentale 1850-2005 ont une marge d'erreur assez importante, +/-0,19°C pour une valeur retenue de 0,76°C. Cela, plus le fait connu que les anneaux de croissance sont également sensibles au CO2 atmosphérique (atypique à l'ère moderne, bien sûr), suffit à mon sens à douter sur le principe même de la valeur de toute reconstruction millénaire et globale fondée sur ces anneaux de croissance et leur calibrage / période instrumentale. Il y a beaucoup trop de "bruit" pour que l'on puisse déduire quoique ce soit de solide sur des variations dont l'ordre de grandeur est toujours le dixième de degré. Et les anneaux remontant à l'an 1000 ou avant sont extrêmement peu nombreux (un peu comme si l'on prétendait mesurer aujourd'hui les Tm globales avec une vingtaine de thermomètres imprécis disséminés de-ci de-là, personne ne prêterait foi à la valeur moyenne obtenue).
  6. Voir aussi cette discussion mois à mois 1998 / 2007 : /index.php?showtopic=18970'>http://forums.infoclimat.fr/index.php?showtopic=18970 Je pense en revanche que février 2007 sera en-dessous de février 1998, très "chaud". Mais patience.
  7. Rapidement, je suis en vadrouille : > Florent : oui je suppose, je n'ai pas le fichier xls où je suis. > Williams : pour passer de la variation d'irradiance totale à l'effet sur le Terre au sommet de l'atmopshère (sphère) et en comptant l'albedo, il faut multiplier d'un facteur 0,18 environ. Par ailleurs, les variations historiques d'irradiance ont bcp changé, avec des valeurs fortes à l'origine (Soon et Baliuans 92, Lean 95), bcp revues à la baisse depuis (Wang et Lean 2005, repris par IPCC 2007). Mais ces reconstructions restent très fragiles à mon sens (à la fois pour interpréter les proxies et parce qu'aucun modèle solaire ne reproduit mieux que 80% de l'irradiance d'un soleil assez "constant" des deux derniers cycles complets 21 et 22, le cycle 23 en cours d'achèvement étant sans doute un test intéressant pour ces différents modèles en raison de son caractère atypique / 21 et 22). > Meteor / Marot : ce que tu soulignes (Meteor) est justement le problème à mon sens (que relève Marot). Ce n'est pas un problème pour l'hypothèse Mann (variations T faibles avant 1850) + aérosols forts (qui compenseraient les GES), c'est-à-dire à peu près l'hypothèse du GIEC (sauf que même pour Mann, on a quand même un delta irradiance > 0,12 W/m2 entre 1750 et 1950-2000). Comme la tendance des publications depuis 5 ans est à considérer que Mann 1998/1999 a sous-évalué la variabilité des T et que les effets directs/indirects des aérosols ne sont pas aussi puissants qu'on a pu le penser, je vois mal que cela colle (il faudrait détailler). A mon avis, le pb est en l'occurrence le soleil (cf discussion Maunder, et des effets très sensibles pour des variations supposées finalement très faibles TOA).
  8. Ce que je ne saisis pas trop dans ces lacs antarctiques, c'est en quoi ils diffèrent des moulins documentés depuis longtemps dans les calottes et inlandsis. Cela s'explique simplement ?
  9. Ah propos, je me suis amusé à faire une courbe à partir des données de Mann 2005 sur le forçage tropical des 1000 dernières années (dispo. sur ce site paléo NOAA). Côté solaire, les évolutions de notre astre ne sont pas sans rappeler d'autres courbes... Evidemment, les amplitudes en forçage sont faibles (0,6 W/m2 max/ en pluriséculaire). Pourtant, entre 1700 et 1950, une bonne part du réchauffement est attribué aux forçages naturels dans les modèles. Si le soleil a une sensibilité moyenne comparable au GES (0,7 °C / W/m2), cela ne devrait pas excéder 0,3°C environ entre le Minimum de Maunder et 1900-50. Cohérent avec Mann, mais pas avec d'autres courbes paléo. qui donnent plutôt 0,5 à 0,8°C d'amplitude entre les deux périodes, de mémoire. On peut au minimum conclure que le soleil du XXe siècle est largement le plus actif du dernier millénaire sur cette reconstruction. Ce qui nous fait un second "coupable" potentiel des températures plus élevées de l'ère moderne. DATA : Mann, M.E., et al., 2005, Volcanic and Solar Forcing of the Tropical Pacific over the Past 1000 Years, IGBP PAGES/World Data Center for Paleoclimatology Data Contribution Series # 2005-035. NOAA/NGDC Paleoclimatology Program, Boulder CO, USA. PS pour Olivier : attention, ce genre de variation d'irradiance totale est très différent des variations d'insolation. Cette dernière désigne la part du rayonnement qui atteint la surface (quelle que soit l'iradiance en valeur absolue) et dépend donc entre autres des évolutions de la nébulosité.
  10. A mon avis, Alain, ils ne le peuvent pas. Pour sortir une simulation, il faut avoir implémenté la physique ad hoc dans le modèle. Or, la dynamique non-linéaire des glaces semble hors de portée de la recherche actuelle. On peut signaler un risque (le GIEC le fait d'ailleurs), mais pas simuler ce pour quoi l'on n'a pas d'équations.
  11. Citation de Jouzel, Le Treut et Talagrand "Il y a beaucoup plus qu'une coïncidence : dans l'état actuel de nos connaissances, au contraire, le seul phénomène physique éprouvé susceptible d'expliquer l'ampleur de ce réchauffement récent est l'augmentation de l'effet de serre liée aux activités humaines. L'effet de serre est un mécanisme bien compris, qui explique en grande partie la structure thermique des atmosphères des différentes planètes, et fournit une explication directe, cohérente à la fois dans son amplitude, dans sa distribution géographique ou dans son évolution temporelle, de l'échauffement de l'atmosphère terrestre." Point 1 : l'état des connaissances scientifiques est reconnu par le GIEC lui-même comme "bas" sur tous les forçages radiatifs en dehors des GES. On ne peut pas être plus clair. Il en va de même pour les mesures : est-on seulement capable de dire avec précision comment les nuages ont évolué entre 1977 et 2006 ? Non. Les nuages, c'est 100 W/m2 d'albedo en moyenne, pas négligeable s'il y a une tendance significative même faible (sur l'albedo, mais on peut raisonner pareillement sur l'effet de serre de la nébulosité). Avec une connaissance basse et des mesures incomplètes, on tire des conclusions faibles. Prétendre le contraire, c'est de la croyance, plus de la science. Point 2 : intéressant. Les GES réchauffent la surface ou l'atmosphère ? Et dans quelle proportion / rythme relatif ?
  12. Oui, j'aurais vu le contraire ou du moins : plus vraisemblable que non (50-60% de mémoire).Le problème de ces phénomènes extrêmes, ce n'est pas tant l'attribution à l'homme avec un supposé degré de vraisemblance (totalement fantaisiste en l'état de précision régionale / hydrologique des modèles) : le GIEC n'est même pas certain de leur existence! On atteint là un sommet de la pataphysique climatique, où nos savants docteurs dissertent gravement sur l'attribution causale d'une observation qui n'est pas elle-même certifiée. Ainsi, il est plus vraisemblable que non qu'il y ait eu des pluies intenses régionales dont l'homme est plus vraisemblablement que non en partie responsable. Merci le GIEC, à vous les décideurs... Une des nombreuses absurdités de ce Résumé pour décideurs 2007 (pas le rapport), qui marque de plus en plus clairement les limites de l'exercice. Les sciences climatiques n'ont pas fait de progrès fondamentaux entre 2001 et 2007 (Pierrehumbert le reconnaît sur RC), la foule médiatique réclame toujours du neuf, alors on brode sur la vraisemblance, qui est en l'occurrence l'avis subjectif d'une poignée d'experts, et non la convergence quantitative des modèles sur des observations.
  13. Ci-dessous, la réponse de Treiner à Galam (plus haut), dans Le Monde. Réponse que je trouve correcte (vis-à-vis des arguments précis développés par Galam), mais discutable (sur certains aspects développés par Treiner). Dire que nous sommes "certain" de l'origine anthropique du réchauffement trois lignes après avoir dit que l'on ne savait pas ou mal quantifier les nuages (cf. Wong ci-dessus), c'est une manière curieuse de raisonner pour un physicien. > On sait qu'un réchauffement peut avoir plusieurs causes (dont une tendance décennale de la nébulosité) > On sait qu'une des causes possibles est mal connue > On conclue néanmoins qu'une autre cause est certaine *** Point de vue La climatologie n'est pas la météo, par Jacques Treiner LE MONDE | 14.02.07 | 14h42 • Mis à jour le 14.02.07 | 14h54 Serge Galam, physicien et épistémologue, nous livre dans Le Monde du 7 février un navrant article de méthodologie scientifique à propos du réchauffement climatique. Sous le titre "Pas de certitude scientifique sur le climat", il développe une argumentation en trois points : la corrélation constatée entre réchauffement et augmentation de la teneur en gaz carbonique ne vaut pas causalité ; les météorologues sont incapables de prévoir le temps à deux semaines, comment peuvent-ils prétendre prévoir le climat à cent ans ? ; le consensus des spécialistes ne prouve rien, ils peuvent se tromper tous ensemble. A l'appui de ce dernier point, Serge Galam en appelle à l'histoire des sciences : Galilée, affirme-t-il, avait raison de penser la Terre ronde quand le consensus la voyait plate. Mais ce qui s'est joué à l'époque n'était nullement la sphéricité de la Terre, dont tout le monde était convaincu depuis jolie lurette, mais sa rotation autour du Soleil ! C'est peut-être un détail (encore que, pour un épistémologue...), mais il indique tout de même un certain relâchement intellectuel chez notre collègue, relâchement présent aussi dans les deux autres points de l'argumentation. N'est pas Galilée qui veut. Corrélation ne vaut pas causalité, certes. Le nombre de visiteurs de la tour Eiffel augmente au cours du temps, le prix des ordinateurs diminue : un graphique montrant l'une des quantités en fonction de l'autre montrera une relation linéaire parfaite. Cela ne prouve pas que la croissance des visites de notre monument national soit causée par le développement de la technologie informatique ! Mais prétendre que l'étude du climat en est là revient à nier que les spécialistes réunis dans le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) utilisent non seulement des données empiriques, mais également des lois et théories physiques à l'appui de leur argumentation. Une théorie physique permet d'établir des causalités, là où des mesures brutes sont indispensables mais muettes sur cet aspect. Lorsque les climatologues affirment que, sans atmosphère, la température moyenne de surface de la Terre serait de - 18 °C, et que c'est l'effet de serre naturel qui fait passer cette température à + 15 °C, c'est au nom de lois physiques établies depuis plus de cent ans concernant l'interaction entre lumière et matière. Ces lois gouvernent le fonctionnement de milliers d'appareils de notre vie quotidienne, elles sont testées par une pratique sociale devenue banale. Lorsque ces climatologues projettent à l'échelle de cinquante ou cent ans les conséquences des émissions anthropiques (liées à l'activité humaine) de gaz à effet de serre, ils utilisent les mêmes théories, ils ne se contentent pas de faire des relevés de température ou de concentration en traçant des courbes à main levée. Ces théories fonctionnent dans les deux sens : pour faire des projections vers le futur, mais aussi pour tenter de reproduire les variations passées du climat. On peut constater, sur le site du GIEC, que ces variations sont bien reproduites si l'on tient compte à la fois de l'effet de serre naturel et de l'effet de serre anthropique, et ne sont pas reproduites dans le cas contraire. Cela constitue une validation essentielle des modèles utilisés, qui va bien au-delà de l'établissement de simples corrélations. Abordons la prévision à quinze jours et à cinquante ou cent ans. Demander une prévision du temps qu'il fera à quinze jours, c'est exiger de reproduire des fluctuations, c'est-à-dire de petites variations, à la fois temporelles et spatiales, du temps. C'est techniquement très difficile, et la difficulté augmente exponentiellement avec le temps de prévision. Mais les prévisions à long terme ne sont pas le prolongement de la météorologie, c'est d'une autre physique qu'il s'agit : celle qui, par exemple, permet d'affirmer que, dans l'hémisphère Nord, il fait froid en hiver, et chaud en été, en raison de l'inclinaison des rayons du Soleil sur la surface de la Terre. Et pourtant, il se peut très bien qu'une fluctuation de température en hiver soit du même ordre de grandeur que la différence de température moyenne entre l'été et l'hiver. La météorologie s'occupe de données moyennées sur un jour, voire moins, alors que la climatologie considère des moyennes sur plusieurs années. Dans ces moyennes, les fluctuations disparaissent, restent les tendances de fond, plus faciles à prévoir. Les scientifiques ont développé dans tous les domaines des méthodes pour faire surgir une tendance moyenne de données présentant des fluctuations. En ce qui concerne le climat, la différence de température moyenne entre une période glaciaire et une période interglaciaire est de l'ordre de 5 degrés, ce qui est plus petit que la différence de température moyenne, en France, entre l'été et l'hiver. Mais on sait relier l'occurrence d'une période glaciaire à des variations des caractéristiques de l'orbite terrestre. De façon tout à fait analogue, on sait relier l'évolution à long terme du climat de la Terre à la concentration en gaz à effets de serre de l'atmosphère. Qu'en est-il de la "certitude scientifique" ? Lors de la conférence de presse qui a accompagné la publication du dernier rapport du GIEC, le 2 février, un journaliste a demandé : "Comment pouvez-vous être sûrs de ce que vous dites ?", à quoi il fut répondu fort justement : "Si vous devez voyager dans un pays où sévit la malaria, il n'est pas certain que vous aller contracter la maladie, mais ne prenez-vous pas tout de même des mesures pour être sûr d'éviter cette possibilité ?" Il faut bien s'y faire : il n'y a de certitude qu'en mathématique, mais elle porte sur des structures abstraites. Les autres sciences cherchent à quantifier le probable, et cela, d'ailleurs, elles savent le faire avec beaucoup de précision. Lorsque la probabilité est proche de 100 %, on a un sentiment de certitude, mais on agit le plus souvent en fonction de probabilités bien plus faibles. Allons-nous monter dans un avion dont on nous dit qu'il y a une chance sur trois pour que son train d'atterrissage ne fonctionne pas ? Lorsque le GIEC anticipe un réchauffement moyen entre 2 et 6 degrés en 2100, c'est en intégrant divers types d'incertitudes : objectives (le rôle des nuages, par exemple, est difficile à quantifier avec précision) et subjectives (les décisions que l'humanité va prendre concernant les sources d'énergie fossile et la consommation d'énergie). Mais ne nous y trompons pas : le réchauffement est certain (probabilité très proche de 100 %), ainsi que son origine anthropique. Les incertitudes portent sur l'ampleur du phénomène. L'enjeu environnemental du siècle est d'influer sur le rythme de la dérive climatique. Les conséquences climatiques de l'activité humaine ne sont localisées ni dans l'espace ni dans le temps : elles affectent le monde entier, et pour longtemps. C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité qu'une nuisance possède ce caractère universel. Qui pourra imposer à un Etat puissant (Etats-Unis, Chine ou même France) de limiter ses émissions s'il ne le désire pas ? Il n'y a pas, actuellement, d'instance ou de mécanisme de décision mondiale ; l'humanité sera-t-elle capable de s'en doter ? Jacques Treiner, physicien à l'université Pierre-et-Marie-Curie-Paris-VI
  14. Euh... sans doute, mais quels sont donc les faits nouveaux du réel dont tu parles, ayant rendu caduques de précédentes théories ou hypothèses ??
  15. Nous parlions avec Williams de l'AO dans le post 1998-2007, je signale ce papier récent des GRL. En substance, on a lié la régression des glaces à la circulation régionale, notamment à une Oscillation Arctique (AO) en phase positive soutenue depuis les années 1970. Mais l'AO a connu ces dernières années des phases plus neutres ou négatives, sans que cela enraye le déclin de la banquise. Les auteurs suggèrent que certains facteurs plus précis impliqués dans l'AO (en l'occurrence, les tendances de pression au niveau de la mer) sont mieux corrélés aux mouvements interannuels des glaces. GEOPHYSICAL RESEARCH LETTERS, VOL. 34, L03711, doi:10.1029/2006GL028269, 2007 On the Arctic climate paradox and the continuing role of atmospheric circulation in affecting sea ice conditions James Maslanik Department of Aerospace Engineering Sciences, University of Colorado, Boulder, Colorado, USA Sheldon Drobot Department of Aerospace Engineering Sciences, University of Colorado, Boulder, Colorado, USA Charles Fowler Department of Aerospace Engineering Sciences, University of Colorado, Boulder, Colorado, USA William Emery Department of Aerospace Engineering Sciences, University of Colorado, Boulder, Colorado, USA Roger Barry Department of Aerospace Engineering Sciences, University of Colorado, Boulder, Colorado, USA Abstract - The reduction in ice cover observed in the late 1980s and early 1990s has been attributed to the strongly positive Arctic Oscillation (AO) phase during that time. However, despite a change in the AO to more neutral conditions since then, ice extent and the fraction of old ice have continued to decrease. This mismatch between the AO index and loss of ice can be explained by the frequency of three main sea level pressure (SLP) patterns that yield overall variability in SLP, rather than the presence of a single, coherent physical pattern of SLP reduction associated with the positive mode of the AO. These three patterns were in phase during the peak AO period but their frequency has varied differently since then, with two of the patterns continuing to contribute to reduced ice cover in the western Arctic. Hence, regional atmospheric circulation remains a significant factor in recent reductions in ice cover.
  16. charles.muller

    1998-2007

    En effet, l'indice AO de janvier a été uniformément élevé. Source NOAA / CPC : http://www.cpc.noaa.gov/products/precip/CW...x/ao_index.html Mais comme un paquet de facteurs semble déterminer l'AO, on ne sait pas lequel a été prédominant pour ce début d'année (voir cette page anglaise, liste et explication des dix facteurs pertinents sur la colonne de droite). AO : http://nsidc.org/arcticmet/factors/
  17. Ci-joint, lien vers un papier de Wong et al. 2006 sur le budget au sommet de l'atmosphère des années 1980 et 1990, aux Tropiques 20°N-20°S, avec comparaison des différentes bases disponibles (ERBS, HIRS, AVHRR, ISCCP-FD). Je note que la tendance la plus marquée au cours de cette période est la baisse du rayonnement ondes courtes (-2,1 W/m2), ce qui signifie une baisse de l'albedo (moins de rayonnement solaire entrant renvoyé au sommet de l'atmosphère), donc une baisse de la nébulosité et une hausse conséquente du contenu de chaleur des océans. Il est dommage que les données 1995-2005 ne soient pas disponibles. La tendance pour l'IR lointain est de 0,7 W/m2 (trois fois moins prononcé donc que les ondes courtes). Reste à savoir dans quelle mesure ces changements de nébulosité tropicale sont eux-mêmes associés au réchauffement. Sur la période considérée, les observations ne plaident pas en faveur de l'effet Iris de Lindzen. Lien, pdf, anglais : http://asd-www.larc.nasa.gov/~tak/wong/f20.pdf
  18. charles.muller

    1998-2007

    Oh, mais ce n'est pas moi qui aurais le plus à perdre /emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20"> Sur El Nino, des infos (anglais) sur les différents épisodes du passé et l'oscillation actuelle. http://www.cdc.noaa.gov/people/klaus.wolter/MEI/ Il semble que l'épisode 97/98 était non seulement plus important, mais surtout légèrement décalé, avec une persistance dans les premiers mois de l'année. Si l'El Nino actuel confirme son déclin amorcé après le pic de novembre-décembre 2006, ce facteur là devrait jouer en "faveur" de 2007 pour la fraîcheur des prochains mois. Mais El Nino n'est pas toute l'affaire, bien sûr. Je me demande quelle est la meilleure explication pour l'anomalie chaude de l'Eurasie, surtout son uniformité sur presque tout le nord du continent.
  19. Sur cette page, tu as des reconstructions paléo. de forçage, dont le volcanique. Mais pas aussi loin que 100.000 ans (de 100 à 40.000 ans). Normalement, chaque lien donne accès à des données txt ou xls utilisées par les auteurs dans leurs papiers. http://www.ncdc.noaa.gov/paleo/forcing.html
  20. charles.muller

    1998-2007

    Sur le Nino 2006/2007, assez modéré, j'ai aussi lu qu'il aurait déjà dépassé son max., mais je n'ai pas vérifié en détail.
  21. charles.muller

    1998-2007

    Pour une autre image du même phénomène, l'anomalie de basse troposphère telle qu'elle est mesurée par les données satellites MSU analysées par la base RSS : Browser à cette page : http://www.remss.com/msu/msu_data_monthly.html
  22. charles.muller

    1998-2007

    Pour ceux qui souhaitent plus de précision sur la méthode du Hadley Center, on trouve le descriptif sur cette page : http://www.metoffice.gov.uk/research/seaso...obal/index.html Où il faut charger le fichier : "Forecast for 2007 (PDF, 76 kb)" Sinon, le fait est que 2007 commence mal pour ceux qui ont parié (comme moi) la victoire de 1998 En janvier 1998, l'ENSO était encore puissant (voir la langue de chaleur au large de l'Amérique du Sud) alors que son petit frère 2007 est déjà bien atténué. On va voir si février poursuit l'anomalie très chaude en HN. Pour cette dernière, la "masse" eurasiatique est très impressionnante en ce début année. Elle n'empêche pas la (relative) bonne santé des glaces arctiques, d'après le post qui leur est consacré, mais je suppose qu'il ne faut pas s'attendre à des gains importants en épaisseur de glace si nous sommes bien à 4-11°C d'anomalie positive sur la zone.
  23. charles.muller

    1998-2007

    Dans une précédente discussion, nous avions parlé de la prévision du Hadley Center selon laquelle 2007 serait l'année la plus chaude des annales récentes (mesures instrumentales), battant le record de 1998. Je commence ici un post de suivi et de comparaison de ces deux années. Voici donc le premier mois, janvier. On constate que 2007 pulvérise sur ce mois 1998, avec une anomalie presque deux fois plus importante par rapport à moyenne 1961-1990. L'Europe, la Sibérie et l'Arctique concentrent l'essentiel de cette anomalie chaude.
  24. Le pb avec les aérosols, c'est leur répartition spatiale dure à cerner. On sait par exemple qu'ils ont de l'influence au-dessus de l'Arctique alors qu'il y a peut d'industries là-bas. Mais grosso modo, vu leur faible durée de vie (quelques heures à quelques jours), on peut penser que l'influence est plutôt locale et régionale, à un ou deux milliers de km autour de l'émission. (C'est d'ailleurs l'échelle donnée dans le tableau de synthèse radiative forcing du SPM). Il faudrait donc observer zone / zone pour analyser l'effet sur les T, plutôt que de ramener au global terre+océan. Pour 1980-2000, en arrondi "de vue" : Europe 24 > 14 (-41%) Etats-Unis 23 > 17 (-26%) Europe Est 14 > 11 (-21%) URSS 29 > 13 (-56%) Japon 2 > 1 (-50%) Asie Est 20 > 30 (+50%) (Je pense que East Asia c'est Chine + Inde dans cette classification, mais je n'ai pas vérifié). Pour la suie de carbone, la problématique est la même. Dans le tableau RF du SPM, il est indiqué +0,1 W/m2 pour les dépôts de BC sol et neige (réduction de l'albedo de surface), mais leur effet atmosphérique n'est malheureusement pas isolé et quantifié parmi les aérosols. Sinon, comme tu le soulignes toi-même, le problème de ces exercices sur des durées courtes est la validité du signal sur une courte période, surtout avec les deux événements "forts" Pinatubo 91 et El Nino 98, en sens opposé d'ailleurs. PS : en y pensant, si l'on regarde juste la hausse des T constatée en 2006 et rapportée à la hausse du forçage, il faut analyser en terme de réponse transitoire, pas de sensibilité à l'équilibre. Or, la réponse transitoire à un doublement CO2 se situe entre 1,3 et 2,6 °C dans les 18 modèles AR4. Donc, rapporté à 3,7 W/m2 de doublement, cela fait à peu près 0,35 à 0,49 °C.W/m2. Mais c'est sans doute périlleux de raisonner ainsi, puisque le climat 1990-2006 ne fait pas que répondre aux variations directes de forçages sur la période.
  25. Non pas trop . Je répondais aux derniers échanges en général, j'apporte une précision émanant du GIEC lui-même. Cette précision confirme en effet tes propos (comme les miens). A dire vrai, je pensais plus à Achazare qu'à toi en rédigeant ma réponse : je suppose que le fait de citer directement le GIEC est de nature à le convaincre plus efficacement que tous les arguments de la terre que je pourrais dénicher. Sinon, à mesure que je lis ici ou là les réactions, j'ai un peu l'impression "à chaud"" que ce rapport GIEC marque les limites de l'exercice. AR4 ne fait finalement que répéter AR3 sur bien des points, avec seulement un peu plus de mesures dans l'intervalle. Rien de neuf sur la physique, rien de décisif sur les incertitudes, rien de convaincant sur les progrès. Et puis en un sens, la messe est dite : les experts sont convaincus que les GES anthropiques représentent la majeure part du réchauffement aujourd'hui et plus encore demain ; ils n'excluent pas des conséquences dommageables si rien n'est fait pour limiter les émissions. Ils ont donc répondu à la question posée par la CCNU sur le changement climatique voici une vingtaine d'années. A mon sens, il est temps de liquider le gros bidule et de le remplacer par des rapports plus circonstanciés sur les avancées des sciences climatiques.
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