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charles.muller

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  1. Oui, mais ce que tu ajoutes pose de nouveaux problèmes : Les ouvriers chinois ou indiens ou africains sont exploités au regard des normes occidentales de droit du travail et d'échelles de salaire. En même le temps, leur gain de niveau de vie relatif (par rapport au paysannat) semble également réel, comme c'est généralement le cas dans les phases d'industrialisation (après tout, l'Europe a connu cela en plus lent voici 100 ans). En d'autres termes, il n'est pas sûr que les "mesures contre les échanges longue distance" fassent le bonheur des pays émergents dont une bonne part des recettes proviennent de ces échanges. Et, comme le rappelle miniTAX, l'application rigoureuse de ces mesures (pas du protectionnisme déguisé, mais une application juste et bilatérale) fait que la France peut remballer ses TGV, ses centrales nucléaires, ses avions, ses vins, ses parfums, ses articles de mode, etc. Ils coûteront plus chers et on aura privé les pays consommateurs de devises pour les acheter. Bref, ce n'est quand même pas simple tout cela. (Plus grand chose à voir avec la "crise climatique", nos échanges.)
  2. Détail : Doit y avoir une faute d'orthographe sur l'auteur, l'île ou une erreur de revue, parce que je ne trouve rien dans Nature sur Delisle ou Surabaya.
  3. En fait, il y avait eu pas mal de débats similaires en 2001, j'ai relu un peu les archives de Science et Nature. Certains avaient à l'époque suggéré que l'AR4 ne soit pas un nouveau rapport complet, mais une simple mise à jour sur ce qui a changé depuis l'AR3. D'autres qu'il fallait se limiter dans la discussion politique aux points importants pour les décideurs (quel réchauffement 2100, quel coût prévention/adaptation), mais en les détaillant beaucoup plus et en fournissant notamment des probabilités plus précises. Ils n'ont pas vraiment été écoutés. L'impression qu'il n'y a rien de "très neuf" dans l'AR4 (que je partage) tient au moins à deux phénomènes : - les progrès restent très lents et pas très concluants sur les principales incertitudes pointées dès les années 1980 (effets des aérosols, rétroactions positives, analyses régionales au-delà des moyennes globales) ; - certaines perspectives nouvelles (biogéochimie, cycle du carbone et acidification, modèles glaciologiques par exemple) sont encore trop jeunes (et trop complexes) pour que les premiers résultats donnent lieu à des synthèses développées. Je suppose qu'un chercheur dans sa spécialité trouvera au contraire qu'il y a beaucoup d'avancées très intéressantes. Mais ce "biais de spécialisation" ne répond pas à la question générale du grand public : fondamentalement, en quoi on est plus avancé sur nos (in)certitudes ? Là, la réponse revient souvent à des comparaisons statistiques intermodèles qui tournent un peu en rond... Bref, le climat bouge lentement, les sciences du climat bougent lentement... et nous sommes tous pressés!
  4. Abîme plus frappant encore quand on prend les rétrovalidations (ie les simulation 1901-présent) permettant de clamer que les modèles estiment correctement le poids relatif des forçages et des rétroactions. Par exemple, si l'on en croit Hatzianastassiou 2004, Roesch 2006, les modèles AR4 surestiment tous l'albedo terrestre au cours des dernières décennies d'approx. 1,5 à 3 W/m2 TOA par rapport aux différentes mesures (ISCCP, ERBE, TOBS, GADS, BSRN, etc.). Or, c'est l'ordre de grandeur du forçage GES cumulé 1750-2000 (et bien plus important que le forçage relatif GES réduit aux deux dernières décennies, bien sûr). L'albedo terrestre étant très difficile à estimer, ces résultats sont à prendre avec des pincettes. Mais comment peut-on sérieusement être "très confiants" dans la "part prépondérante" des GES dans le réchauffement récent, sur la base de modèles obligés de reconnaître de telles incertitudes (ne parlons pas la mesure de l'albedo avant les satellites, c'est du pifomètre)? Le gros problème de la communication GIEC / IPCC, dans le Résumé ou les déclarations à la presse, est d'ailleurs là : minimiser ces incertitudes et leurs ordres de grandeur. Que les sciences climatiques progressent péniblement, c'est bien normal. Qu'elles survendent leurs progrès dans la perspective de choix politiques, c'est bien plus discutable. Et c'est bien le pb du GIEC depuis sa création.
  5. Oui, sans doute une imprécision de l'AFP, la base Nasa Giss (malgré une année 2005 fort haute et les célèbres dernières années les plus chaudes du millénaire...) reste calée sur 0,62°C / siècle (avec un gros trou sur l'Antarctique, au passage).
  6. Une bombe... à retardement Ah ? J'ai dû mal lire le Second Draft, je trouve que l'évacuation des valeurs hautes des scénarios irréalistes, la hausse limitée du niveau des mers ou l'incertitude sur la variabilité naturelle du dernier millénaire sont des "bonnes nouvelles". A nouveau, le Second Draft parle très peu de ces effets de seuil - et pour cause, ils n'apparaissent pas dans les 19 modèles GCM du GIEC dont le comportement est linéaire en 2000-2100. Donc, on redoute maintenant un phénomène que les modèles n'annoncent pas. On redoute en fait que les modèles soient médiocres, ce qui est ma foi assez légitime. Le grand classique journalistique (et parfois scientifique hélas) : on met l'amplitude de la fourchette sur le dos des seules émissions humaines, alors même qu'elle dépend tout autant de la sensibilité climatique (de l'incapacité des modèles à amélioer leur estimation sur ce sujet purement climatique, indépendant des émissions).Exemple : la sensibilité climatique transitoire des modèles va de 0,32 à 0,70 K / W/m2. Le forçage moyen attendu en 2100 va de 4,19 W/m2 (B1) à 8,07 W/m2 (A2). Donc, le facteur d'incertitude de la sensibilité transitoire (2,19) est supérieur au facteur d'incertitude du forçage anthropique (1,93). On a vu que ce n'était pas clair pour la sensibilité cimatique. Quant aux scénarios, l'impression que j'ai retirée de la lecture est que A1FI est discrètement relégué. (Scénarios qui sont tous déjà faux, rappelons-le, sur le CH4). A ce sujet, un calcul de Steve McIntyre :http://www.climateaudit.org/?p=1106#more-1106 Je ne sais pas comment les estimations sont passées de 0,6°C 1901-2000 à 0,8°C 1906-2005. Les 0,2°C ne se retrouvent pas dans la pente du réchauffement 2001-2005. Il serait utile se savoir par quoi cette "accélération" s'explique exactement. Les cycles 21 et 22 du soleil ont été apparemment les 2e et 3e plus élevés du XXe siècle, les aérosols sulfatés anthropiques ont baissé entre 1979 et 2007, la nébulosité semble avoir évolué en faveur d'un réchauffement depuis une quinzaine d'années, l'humanité a gagné 2 milliards d'humains et modifié les usages des sols... les GES sont un co-facteur, mais l'estimation de leur poids exact sur les T régionales ou globales serait utile pour les "dirigeants du monde". Ce résumé est nul de l'avis de tout le monde : les uns se plaignent de la pression des politiques, les autres disent que les chercheurs minimisent leurs incertitudes, tout le monde reconnaît qu'il est stérile de passer trois heures à chipoter une virgule... Pourquoi donc centrer sa communication sur un texte aussi peu fiable? Pourquoi attendre mai pour mettre en ligne le rapport WG1 complet ? A ce sujet, je me permets de renvoyer vers une étrange précision de méthode dans les statuts du GIEC, où il apparaît que la partie I du rapport peut être légèrement modifiée pour se conformer au Résumé (et non l'inverse) :http://www.climat-sceptique.com/article-5414655.html Réchauffement moyen vide de sens, comme d'habitude, puisque ni les scénarios ni les sensibilités climatiques ne peuvent être tous vrais en même temps, et que les GCM du GIEC ne peuvent pas prendre en compte la variabilité naturelle soleil+volcan des décennies à venir. Environ 70% des médias se contentent de recopier les dépêches AFP (ou AP ou Reuters) car ils n'ont pas de rédacteurs scientifiques spécialisés. Cela nous promet encore une couverture précise et objective des progrès des sciences climatiques...
  7. charles.muller

    Déclaration de l'OMM

    Mais non, mais non, n'accuse pas les climatologues de la Nasa, c'est un simple calcul auquel je m'étais livré rapidement (et tellement rapidement que j'ai mal recopié les dates, il faut restaurer le 97 manquant pour avoir la continuité décennale en fin de liste /emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20"> ) D'accord avec toi sur le peu d'intérêt au final de cette tendance en moyennes mobiles - mais je ne pense pas que 11 ans au lieu de 10 nous arrange beaucoup, en l'occurrence. Le pb est surtout que cette technique ne rend pas compte des oscillations climatiques et que la variabilité annuelle fausse sans doute les tendances intradécennales (par exemple si la décennie commence sur des années chaudes / froides, déterminant ensuite sa pente). Même chose avec l'évolution des anomalies moyennes de cinq ans / 1951-1980, qui donne : 2002-2006 : 0,55 1997-2001 : 0,42 1992-1996 : 0,23 1987-1991 : 0,29 1982-1996 : 0,12 (On voit à nouveau le signale Pinatubo qui rafraichit 1992-1996, et le signal El Nino qui donne la plus forte hausse relative +0,19 / quinquennat précédent à 1997-2001). Bref, pour en revenir au débat initial, le réchauffement ne s'est pas "arrêté" en 1998. Même si l'on prend cette année comme record (HadCRU, OMM + satellites RSS et UAH), la soustraction du signal El Nino montre que les Tm continuent de monter ensuite, en 1999-2006 par rapport à la période avant 1998. La question du rythme "interne" du réchauffement récent 1977-2006 n'est donc pas trop décidable en l'état, le bruit de la variabilité naturelle étant encore fort par rapport au signal du réchauffement. On ne peut pas dire que le réchauffement s'accélère inexorablement. Mais pas non plus qu'il décélère remarquablement. Donc, pour moi, certaines extrapolations alarmistes aussi bien que sceptiques sur quelques années récentes ne sont pas recevables.
  8. Une chose est certaine : la vapeur d'eau est responsable de l'essentiel de l'effet de serre, que ce soit à l'état naturel (sans perturbation humaine) ou en situation de forçage anthropique (car c'est la rétroaction de la vapeur d'eau qui multiplie d'un facteur 1,5 à 3 le forçage du seul CO2, lequel représenterait 3,7W/m2 s'il venait à doubler de 280 à 560 ppm, ou de 560 à 1120 ppm). Ensuite, pour connaître le poids exact de la vapeur d'eau par rapport au CO2 (et autres GES), c'est plus complexe qu'il n'y paraît : il faut faire un modèle radiatif de l'atmosphère, évaluer la concentration moyenne de H2O selon les couches de l'atmosphère, les saisons et les latitudes, idem pour le CO2 (ou autres GES), voir comment les bandes d'absorption se chevauchent sur la colonne verticale de l'atmosphère, voir à quelle longueur d'onde IR la Terre émet (cela dépend de sa température de surface, qui peut varier régionalement / temporellement de 260 à 295 K pour le climat actuel), plus deux ou trois autres choses que j'ai sûrement oubliées au passage. Et une prise en compte complète de H2O demande d'intégrer les nuages (dont l'effet de serre varie selon divers paramètres microphysiques et thermodynamiques). Bref, cela peut sembler étrange, mais les estimations des différents gaz dans l'ES naturel ne sont pas des valeurs "certaines", l'ensemble H2O (VE + nuages) variant de 65 à 85% selon les estimations que j'ai lues.
  9. Oui on en a parlé, mais j'en suis toujours au même point. Si les résultats des 19 modèles sont indépendants et équiprobables, extraire une valeur médiane n'a pas de sens à mes yeux et induit le lecteur en erreur sur la "précision accrue des modèles". 2 est aussi probable que 4,5, et la fourchette autour de 2 aussi probable que celle autour de 4,5. Sur FS, Yves m'avait dit que c'était plutôt des prévisions d'ensemble, mais il semble à lire la Box 10.2 que ce n'est pas le cas. Murphy 2004 et Pinai 2005 ont fait en revanche ce genre de travail, en faisant varier plusieurs dizaines de paramètres et en faisant tourner à chaque fois jusqu'à l'équilibre 2xCO2. Mais ils l'ont fait sur un seul modèle (version simplifiée de HadAM3 ou HadSM3).
  10. Pas trop d'accord avec toi. Dans la référence que je donnais, l'AR4 dit que les modèles GCM sont équivalents (ne sont pas "plus probablement vrai" les uns que les autres) et que la valeur médiane de 3,2°C n'est apparemment pas une approche "ensembliste" (au sens où l'on ferait tourner tous les modèles dans une expérience commune avec strictement les mêmes variations de paramètres). Donc, un modèle qui donne sa probabilité maximale à 2°C pour 2xCO2 est aussi "probable" que celui qui la donne à 4,5°C. Mais celui qui donne son PDFmax à 2°C a lui-même une fourchette plus large (par exemple 1,3-4°C), laquelle est donc pour le moment équiprobable avec d'autres fourchettes. C'est le cas des modèles INM-CM 3.0 ou PCM (2,1°C). D'ailleurs, le GIEC conclut que les valeurs inférieures à 1,5°C sont très peu probables, ce qui signifie que la tranche 1,5-2°C reste envisageable (quoiqu'exclue de la fourchette et au même titre que les valeurs > à 4,5°C). A noter : d'après le tableau 8-8-1, la valeur exacte de la fourchette GCMs est 2,1-4,4 °C. A noter aussi : la réponse climatique transitoire va de 1,2 à 2,6°C pour 2xCO2, j'ignore en revanche le délai du transitoire vers l'équilibre.
  11. Sauf que le papier initial de cette discussion antérieure est une hypothèse parmi bien d'autres. Hélas, certains annoncent le peak oil pour l'année prochaine... depuis un certain nombre d'années /emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20"> Imagine à titre d'hypothèse que les courbes à peak oil 2030 (et à pic en forme de plateau ondulant deux décennies) soient les bonnes. Imagine aussi que la sensibilité à 2xCO2 soit finalement assez faible. Ceux qui s'engagent trop vite dans la transition énergétique (Europe) paient les frais (leur énergie est plus chère, leur économie moins compétitive, etc.), ceux qui l'ont fait en douceur récoltent les bénéfices (ils passent aux énergies de substitution dans les seules domaines où elles sont industriellement mûres et aussi intéressantes que l'équivalent fossile, idem pour les carburants). Dans l'équation de toute décision publique / collective, tu as aussi (surtout, en fait) l'économie. Je ne te traiterai pas de "néo-communiste", comme dirait Chris68, si tu fais le pari d'un choix volontariste contre la seule logique de marché. Mais il ne faut pas me traiter d'"ultralibéral" si je remarque que ce choix a un coût et que les gens sont sensibles à leur pouvoir d'achat. (D'autant que sur le fond, je n'ai pas d'avis tranché sur ce genre de questions).
  12. charles.muller

    Déclaration de l'OMM

    Sur Nasa Giss cela donne cela pour 1998-2006 (en équivalent de ton graphique) Avec quand même des pôles qui pèsent assez lourd sur la tendance globale (je précise, parce que les pôles sont les zones où il y a le moins de stations et donc le plus d'interpolations). Depuis 1979 (début du réchauffement significatif actuel), les tendances en moyennes mobiles sur 10 ans (Nasa Giss aussi), cela donne : 1997-2006 : 0,17 1996-2005 : 0,24 1995-2004 : 0,18 1994-2003 : 0,25 1993-2002 : 0,31 1992-2001 : 0,30 1991-2000 : 0,21 1990-1999 : 0,17 1989-1998 : 0,22 1988-1996 : 0,05 1987-1995 : 0,00 1986-1994 : 0,06 1985-1993 : 0,08 1984-1992 : 0,13 1983-1991 : 0,13 1982-1990 : 0,26 1981-1989 : 0,15 1980-1988 : 0,05 1979-1987 : 0,10 Pas très facile à interpréter, car le signal Pinatubo 91 et El Nino 98 pèse sur ce genre de moyennes décennales.
  13. charles.muller

    Déclaration de l'OMM

    La "version française" est surtout un texte de propagande. 2006 par rapport à 2005 : moins de cyclones, c'est l'horreur ; des pluies en Afrique au lieu de la sécheresse, c'est l'horreur (ou inversement pour les zones à sécheresse, bien sûr) ; sixième année la plus chaude au lieu de seconde, c'est l'horreur, etc. Quant aux relevés de phénomènes locaux non inscrits dans des tendances quantifiées (ici une coulée de boue, là une tornade), c'est un exercice insignifiant d'un point de vue climatique.
  14. Moi non plus... mais c'est ce que j'ai choisi personnellement, parce que mon travail le permet et que la qualité de vie est sans comparaison (hors domaine culturel, il faut bien le dire). Je vois bien en revanche ce que tu décris chez mes voisins: la famille ou le boulot impose le déplacement par voiture (aucun transport en commun dans les campagnes profondes). A grande échelle, les phénomènes dont on parle (transport de marchandises ou habitat dispersé) sont tous liés au coût du carburant. Soit on reste sur le modèle carburant fossile, et cela va devenir de plus en plus coûteux (donc de moins en moins rentable) de passer par camion ou d'habiter loin de son travail. Soit on invente d'autres carburants, et la problématique changera de nature. Ce que l'on ignore, bien sûr, c'est le rythme de cette évolution : bien malin qui connaît le prix du baril dans 5, 10, 20 ou 30 ans. Ce que je viens de dire n'empêche pas des choix politiques en faveur de telle ou telle solution, même avec le coût relatif actuel des carburants. Mais on se heurte bien sûr au débat du réalisme économique : imposer un surcoût n'est pas bon pour l'emploi en système compétitif, sauf à contraindre aussi les entreprises à réduire leurs bénéfices, mais alors on revient à d'autres problèmes connus (fuite des entreprises vers des cieux plus cléments fiscalement, harmonisation de ces choix avec nos engagements UE et OMC, etc.)
  15. Mais pour une raison très simple, cher Meteor : dans 90 ans, le GIEC n'existera plus Blague à part, cette sensibilité climatique 2xCO2 est quand le point nodal du débat, et cela ne progresse pas vraiment dans les fourchettes, malgré les assertions de Bard et autres. On est à 2-4,5°C, et voir ce que dit le GIEC-IPCC lui-même pour l'interprétation de la valeur médiane 3,2 °C (10-73, lignes 36-37).
  16. Je crois que je vais publier un Manuel de la langue de bois à usage des commentaires climatiques, indispensable en ces temps de publication des rapports GIEC. Il comprendra par exemple les phrases suivantes : - Les mécanismes du climat sont désormais bien maîtrisés dans les grandes lignes, même s'il reste beaucoup de détails à améliorer. - Les modèles progressent considérablement, bien que certains phénomènes soient très complexes à évaluer. - Nos conclusions sont bien plus robustes aujourd'hui qu'hier. Sinon, Bard est toujours assez mesuré dans ses déclarations. Ce qu'il signale sur le financement de la recherche fondamentale Europe / Etats-Unis est intéressant, ainsi que l'indifférence relative pour la variabilité naturelle du climat. De même la continuité "quasi-miraculeuse" d'Arrhenius aux 19 modèles GIEC 2007. Mais là-dessus, il manque un peu de précision. Arrhenius était à 5-6°C pour un doublement CO2, le GIEC 1995 à 3,8°C (moyenne tous modèles), le GIEC 2001 à 3,5°C, le GIEC 2007 à 3,2°C. Donc, pour le moment, les progrès de la recherche sur un siècle / quinze ans amènent à réduire progressivement la sensibilité climatique. C'est tellement progressif que lorsqu'elle sera à 1,7°C dans 25 ans, Edouard Bard dira que le progrès des modèles a confirmé les intuitions initiales /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20">
  17. Ah oui, mais cela revient un peu au même (concentrer les gens près des centres, à la verticale, au lieu de les éparpiller à l'horizontale, avec les déplacements à la clé).
  18. D'abord, le mode de vie associé à l'urbanisation est assez corrélé aux épidémies non infectieuses (obésité, diabète, cardiovasculaire, cancer, troubles mentaux divers, etc.), même si les liens exacts de causalité sont difficiles à déterminer dans chaque cas. Ensuite, pour l'épidémiologie infectieuse, il n'est pas difficile de comprendre que la rencontre d'un microbe émergent et de X millions de personnes concentrées sur une superficie restreinte a un fort rendement en tonne équivalent cadavre... A côté de cela, l'urbanisation a bien sûr des effets positifs sur la santé, notamment l'accès aux soins de base non disponibles dans les zones rurales.
  19. Il est heureux qu'Edouard Bard soit "unanime" avec lui-même. Sinon, je ne vois pas trop ce qu'il entend par "revoir l'urbanisme extensif". Je suppose que cela signifie concentrer les hommes dans les villes, ce qui est déjà la tendance. C'est en effet souhaitable énergétiquement et environnementalement, mais il faut voir que cela aura aussi des conséquences négatives (sanitaires notamment, lors des grandes épidémies).
  20. C'est aussi ce que je comprenais, mais c'est un peu mystérieux pour moi. Le temps de vie d'une molécule de CO2 dépend de la modélisation du cycle du carbone, c'est-à-dire de l'interaction entre le réservoir atmosphérique et les stocks sol-biosphère-océans. Dire que telle proportion des émissions 2000 sera encore effective à +1000 ans me paraît spéculatif - apparemment, cela revient d'après la citation à supposer que les océans continueront de se réchauffer (d'absorber relativement moins) pendant plusieurs siècles, voire plus. Et surtout de se réchauffer dans les premières centaines de mètres, puisque c'est là me semble-t-il que la solubilité est effective (que la couche profonde océanique se réchauffe de 1°C en 1000 ans aura sûrement un effet sur le niveau des mers, mais pas trop sur l'échange carbone dans la couche surface-thermocline, si ?). Or, si les GES atmosphériques commencent à se stabiliser, puis à décroître, le forçage radiatif suit, la couche supérieure des océans n'a pas de raison de se réchauffer encore, mais a plutôt tendance à refroidir, etc. Mais bon, c'est déjà HS par rapport au thème choisi par Alain pour cette discussion, centrée sur la publication tant attendue de la semaine prochaine. On avait déjà parlé de cela, mais je ne retrouve plus la bonne discussion.
  21. Comme Chris vient de le souligner, je ne suis pas sûr que le désaccord de fond soit énorme. Le point important et problématique à mes yeux est ce que tu rappelles dans cette portion de phrase : l'action sociale et environnementale. Pour faire simple, la première modernité occidentale (puis globale) a été dominée par la question sociale : révolutions contre les hiérarchies des Anciens Régimes, émergence du travail non lié à la terre, stratification en classes sociales, accès du plus grand nombre aux bénéfices de l'industrialisation, luttes idéologiques liées à cela (capitalisme vs communisme), etc. Une seconde modernité, émergente depuis quelques décennies, adjoint à cette ancienne question sociale la nouvelle question environnementale : limites de la Terre, dégradation et pollution des milieux, effets pervers de l'industrialisation, durabilité et universalité de nos choix socio-économiques, etc. Là où je parle d'une articulation "problématique", c'est que la première révolution moderne (sociale) commence seulement dans de nombreux pays du monde. Or, pour avoir le temps et les moyens de penser à l'environnement, il faut déjà que cette première révolution soit accomplie, c'est-à-dire qu'il faut déjà avoir le ventre plein, et même être en vie (merci monsieur de La Palisse). D'où le problème à poser et à étudier de près : quelles sont les conditions d'accès à la satisfaction des besoins sociaux n'impliquant pas la réitération à grande échelle des dégradations environnementales ? Concernant la crise climatique, cela donne : comment se développer sans émettre trop de carbone ? Si l'on me dit juste "renouvelable", je remarque simplement que c'est une fausse réponse, car cette énergie n'est pas suffisante pour assurer le développement. Si l'on dit "pas de développement justement, c'est une mauvaise idée à la base", je réponds que c'est irréaliste et aussi un peu égoïste (on peut se permettre de "décroître" quand on est déjà monté très haut, mais la majorité voudrait bien croître un peu).
  22. Au passage, qui comprend cette citation ?
  23. Mais cher Alain, je ne tire pas personnellement de conclusions catastrophistes, je me fais l'écho des propositions à la Hulot et consorts, dont le message est assez clair : la pénurie est notre horizon. Par ailleurs, j'essaie de rappeler un peu des ordres de grandeur, parce que les discussions sont vides de sens sans cela. PS : D'ailleurs, je m'en veux souvent ici d'oublier de signaler ton concept et projet de tours aérogénératrices dans le bouillonnement actuel d'idées et de pistes, dont il est presque sûr que certaines sont promises à un bel avenir industriel. Et je te félicite à nouveau de cette tournure d'esprit positive et créative, que je partage entièrement. Si l'on peut se passer du fossile et du nucléaire pour trouver des énergies propres et sûres, je serai le premier ravi. Mais on fait avec ce que l'on a, et c'est quand même le destin concret de 6,5 milliards d'humain qui est en jeu, pas seulement notre idée perso. d'un mode de vie "cool" en zone riche.
  24. Je te dis que le risque zéro n'existe pas par rapport à un tremblement de terre de magnitude exceptionnelle : ni le risque que l'enceinte d'un réacteur nucléaire se fissure, ni le risque que tu sois écrabouillé sous ton toit ou sous une éolienne, ni le risque que les usines Seveso explosent, etc. etc.. On parle bien des risques directs et indirects liés à un même phénomène, non ? Sinon, je parle des énergies disponibles aujourd'hui pour remplacer les énergies fossiles. Le rendement du solaire, de l'éolien ou de la géothermie fait que ces modes de production sont pour l'instant marginaux et le resteront par rapport à la demande. Je souhaite qu'elles se développent, mais on ne peut pas bâtir une alternative énergétique au pétrole-gaz-charbon sur cette seule base. En Europe, on doit être à 5-6% de l'énergie primaire totale, dont une bonne part d'hydraulique déjà saturé ou presque. Cela peut être doublé ou triplé sans trop de problème, mais il restera 80% à trouver. Et l'Europe, ce n'est pas le moteur économique du monde de toute façon, c'est de manière globale qu'il convient de réfléchir. Les émissions de GES entre 1990 et 2002, cela donne pour les cinq premiers mondiaux : Inde : +70% Brésil : +57% Chine : +49% Canada : +20% Etats-Unis : +13% On voit que l'Europe n'apparaît pas dans ce "palmarès", et que ce sont les NPI qui ont (et auront) les tendances les plus fortes. Je doute que les premiers ministres indiens, chinois ou brésiliens soient sensibles à l'éloge du solaire ou de l'éolien, quoique cela progresse aussi chez eux (surtout le solaire en Chine). (Ensuite, on peut dire que la solution est de geler la consommation énergétique mondiale à son niveau actuel, puis de la diminuer pour revenir peu à peu à un niveau de demande satisfait par le renouvelable uniquement. Il suffit juste de convaincre l'humanité de l'intérêt de cette bonne idée, une fois exposées l'ensemble des conséquences concrètes).
  25. Bon, eh bien construis-toi un bunker, le toit de ta maison ou de ton immeuble peut sûrement te tomber sur la figure (un tremblement de terre, une météorite ou je ne sais quoi). Ne prends plus aucun véhicule ni aucun médicament (il y a toujours des vices de fabrication sur les grosses séries), fais gaffe à tous les aliments aussi par principe (les intoxications alimentaires sont mortelles parfois, et là aussi un vilain microbe peut se glisser dans la chaîne, même dans le bio qui est moins contrôlé que l'agro-industrie), etc. etc. Ceci pour dire que le "risque zéro" n'existe pas plus pour le nucléaire que pour quasiment tout ce que nous utilisons. D'où les calculs risques-bénéfices. Il y a 18 centrales nucléaires au Japon, qui se sont pris un paquet de tremblements de terre (dont Kobe de sinistre mémoire). Alors bien sûr, la France dont la carte des risques de sismicité est ridiculement faible par rapport au Japon peut toujours connaître un jour un tremblement de terre d'une puissance inouïe et inconnue dans les archives. On ramassera alors tellement de cadavres que je ne suis même pas sûr qu'une faille dans le coeur d'une centrale soit la chose la plus grave.
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