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La vapeur d'eau : aussi un forçage anthropique ?
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
Merci de la référence. Je suis surpris du 1% de la vapeur d'eau globale attribuée à l'homme, en début de paragraphe. C'est bien plus que je ne pensais. (L'effet de serre naturel est d'env. 155 W/m2 provoqué à env. 55% par la vapeur d'eau ; 1% de cela représenterait 0,85 W/m2, sans rapport avec les ordres de grandeur indiqués plus loin dans le paragraphe). -
La vapeur d'eau : aussi un forçage anthropique ?
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
Bien sûr. Je signalais d'ailleurs que tout cela est faible dans le cycle global de l'eau. Mais toutes les modifications comptent lorsqu'il s'agit de dresser un bilan global et de déduire ensuite la sensibilité climatique (en fait thermique) de chaque facteur de ce bilan (cf. l'intégration de l'aviation civile dans la formation de cirrus, qui n'est pas franchement centrale dans "l'ordre de grandeur" de la nébulosité). Par ailleurs, la plupart des mesures rigoureuses sur lesquelles on se base pour faire un bilan sur un siècle de profondeur sont terrestres (l'évaluation des T océaniques avant les satellites, je leur accorde pour tout dire une fiabilité minime). Je m'interroge donc en priorité sur les mesures de base à peu près consensuelles, à savoir une hausse de 0,6°C des températures de surface entre 1900 et 2000 (et l'ensemble des facteurs pouvant l'expliquer). Sinon, pour rester (vaguement) dans le thème aquatique, je constate depuis plusieurs discussions que tout le monde souligne l'importance centrale des océans dans le climat. Or, j'ai l'impression qu'ils sont un peu les "parents pauvres" des manuels de climatologie aujourd'hui. -
La vapeur d'eau : aussi un forçage anthropique ?
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
En fait... je n'ai pas forcément bien compris ta réponse. :-( Si je te suis, le cycle évaporation / condensation sera de toute façon un bilan à somme nulle du point de vue énergétique. Mais si tel est le cas, cela change au moins la distribution verticale du transfert radiatif, et éventuellement sa traduction thermique en surface et basse troposphère, non ? Par ailleurs et comme tu le rappelles, la vapeur d'eau supplémentaire liée aux pratiques agricoles renvoie aussi l'IR (par rapport à une même zone sans supplément de vapeur d'eau). En faisant des recherches là-dessus, je viens juste de trouver un article récent des GRL (abstract ci-dessous). Il s'agit d'une comparaison des flux de vapeur d'eau sur une zone pré-agricole et une zone agricole. Les auteurs trouvent une augmentation annuelle moyenne de 17%, correspondant à un flux de chaleur latente de 9 W/m2. Si je me pose ces questions sur l'eau (et les modications d'usage du sol en général), c'est parce que le bilan radiatif du GIEC inclut maintenant des phénomènes assez mineurs comme l'aviation civile (0,02 W/m2 pour les contrails et les cirrus, de mémoire). Dans ce cas, je ne saisis pas bien pourquoi on n'intègre pas dans ce même bilan les modifications thermiques / énergétiques liées à l'ensemble des activités humaines en surface (en dehors de la seule approche par GES). Le passage de 600 millions (1750) à 6 milliards d'individus (2000), de la campagne à la ville, de l'artisanat à l'industrie, de l'agriculture extensive à l'agriculture intensive... ce ne doit quand même pas être neutre dans ce bilan. GEOPHYSICAL RESEARCH LETTERS, VOL. 33, L14403, doi:10.1029/2006GL026550, 2006 Changes in moisture and energy fluxes due to agricultural land use and irrigation in the Indian Monsoon Belt Ellen M. Douglas, Dev Niyogi, S. Frolking, J. B. Yeluripati, Roger A. Pielke Sr., Nivedita Niyogi, C. J. Vörösmarty, U. C. Mohanty Abstract - We present a conceptual synthesis of the impact that agricultural activity in India can have on land-atmosphere interactions through irrigation. We illustrate a “bottom up” approach to evaluate the effects of land use change on both physical processes and human vulnerability. We compared vapor fluxes (estimated evaporation and transpiration) from a pre-agricultural and a contemporary land cover and found that mean annual vapor fluxes have increased by 17% (340 km3) with a 7% increase (117 km3) in the wet season and a 55% increase (223 km3) in the dry season. Two thirds of this increase was attributed to irrigation, with groundwater-based irrigation contributing 14% and 35% of the vapor fluxes in the wet and dry seasons, respectively. The area averaged change in latent heat flux across India was estimated to be 9 Wm−2. The largest increases occurred where both cropland and irrigated lands were the predominant contemporary land uses. On peut lire l'intégralité du draft (pdf) à : http://www.nasa-ids.unh.edu/pdfs/Douglas_e...atl_Hazards.pdf -
En lisant un récent numéro de Science consacré aux ressource globales en eau, je me suis posé une question : dans le bilan radiatif 1750-2000 qui sert actuellement de base aux calculs du GIEC, devrait-on inclure la vapeur d'eau comme un forçage anthropique (et non exclusivement comme une éventuelle rétro-action) ? Je m'explique. Les papiers de Science donnaient des chiffres assez impressionnants. L'évapotranspiration des cultures (7600 km3/an) et des pâturages (14400 km3/an) représente par exemple à elle seule le tiers de l'évapotranspiration terrestre totale. De 1900 à 2000, les prélèvements d'eau pour l'agriculture sont passés de 500 à 2600 km3/an, et de 75 à 380 km/3 pour l'usage domestique. L'évolution serait encore plus drastique si l'on évaluait la production/consommation d'eau en 1750. Pour importants qu'ils soient, ces chiffres sont bien sûr faibles dans le cycle global de l'eau, qui se joue essentiellement sur la surface océanique. Et il faut avoir en tête que la durée de vie atmosphérique d'un volume donné de vapeur d'eau est faible par rapport aux autres GES (quelques heures). Néanmoins, mon raisonnement est que cette évolution de l'usage de l'eau n'a pu qu'augmenter de manière quasi-permanente son évaporation au-dessus des surfaces terrestres, et donc augmenter en proportion le flux de chaleur latente (par transfert de l'eau du sous-sol vers la surface, qui ne modifie pas la quantité globale d'eau, mais sa répartition, et en l'occurrence son exposition au rayonnement et à la chaleur en surface). Cette spéculation est-elle fondée selon vous ?
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Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
A ma connaissance, l'essentiel de la destruction du CH4 atmosphérique (troposphère) est déterminé par l'oxydation par OH (hydroxyle), avec aussi quelques échanges stratopshère + océan + sol. La réaction avec OH donne CH3O2 et H2O. Le comportement d'OH, comme celui de la plupart des radicaux libres, est mal modélisé pour le moment. J'ai lu que 20% de l'OH atmosph. disparaît dans sa réaction avec le méthane, et 70% avec CO. Mais l'OH est aussi lié à la proportion relative de l'ozone (O3), des oxydes d'azote (NOx) et du HO2. Sur la variation saisonnière du CH4 (miniTAX) : c'est une bonne question. La première idée qui me vient à l'esprit est une corrélation avec la consommation de gaz naturel dans l'HN, plus forte en hiver qu'en été. Mais les réactions mentionnées ci-dessus jouent sûrement un rôle. Côté agricole et bactérien, je ne vois pas vraiment pourquoi l'hiver HN serait supérieur à l'été en production de CH4. -
Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Tout à fait. Je ne pensais pas ici aux sols sibériens : j'apportais juste une précision à MiniTAX qui disait (en substance) que le sol en général ne pouvait pas être un puits de méthane. -
Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Oui, mais c'est là une seule station. Si je prends une autre au Japon et également récente (Ryori, 1991-2006), on ne voit pas une franche baisse, à peine une pause en 2005 et peut-être 2006 (désolé, pas eu le temps de récupérer et annualiser les données, j'ai repris leur graphe tel quel). Il doit bien exister des données annuelles et globales, non ? Si pause ou baisse il y a au regard de ces données, la piste océanique ne serait pas la seule. Elle pourrait aussi provenir de variations dans les diverses sources du CH4 (bactéries, végétation, élevage, agriculture, décharges, lacs étangs marécahes, volcans sous-marin, dégazage de clathrates, etc.), dans la recapture par le sol, dans l'oxydation atmosphérique, etc. Un graphe complet de l'évolution du CH4 atmosphérique depuis 30 ans permettrait de voir si ces pauses ont déjà existé dans le passé et si elles étaient ou non corrélées à des stabilisation / baisse de température terrestre ou océanique. Nota pour miniTAX : les sols secs et aérés sont des puits de méthane, en raison notamment de la présence de bactéries méthanotrophes. Je crois que 10% du méthane est ainsi stocké par les sols bien drainés. -
Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Non, c'est beaucoup plus basique que cela : la croissance rapide d'une végétation marécageuse, terrestre ou aquatique, piège localement le CO2. Pour le chiffrage, une étude de Oechel (2000) parue dans Nature sur le bilan de l'Alaska réchauffé (1960-1998) constatait qu'après avoir été source de CO2 en été dans la première phase de réchauffement, la tendance s'était inversé vers 1990-93. Voici les ordres de grandeur qu'il donnait sur les toundras de la région, pour la saison estivale, pour se faire une idée : "In recent years, the net ecosystem CO2 flux of Alaskan Arctic tundra ecosystems has acclimated to climate warming, and between 1992 and 1996, net summer source activity declined and eventually disappeared (Figs 1a and 2a, and Supplementary Information). The net summer CO2 flux of wet-sedge tundra was in balance between 1991 and 1992, but after 1992, these ecosystems were net summer sinks of between -12 and -20 g C m -2 over the summer growing season (-0.12 and -0.34 g C m -2 d-1) up to 1995 (Fig. 1a, and Supplementary Information). Similarly, moist-tussock tundra exhibited a seasonal net CO2 loss of 100 g C m -2 yr-1 (0.88 g C m -2 d-1) between 1990 and 1993, but after 1994, moist-tussock tundra was consistently accumulating on average -50 g C m -2 (-0.54 g C m-2 d -1) during the summer growing season (Fig. 2a, and Supplementary Information). The increase in net CO 2 uptake (and/or decrease in net CO2 efflux) observed after 1991 coincided with the highest average summer temperature ( Figs 1b and 2b) and surface water deficit (Figs 1d and 2d) observed for the entire 39-year period." Ces gains restent néanmoins plus faibles que les pertes hivernales : "Although recent measurements indicate that Arctic ecosystems are net sinks for atmospheric CO2 over the summer growing season, net losses of CO2 over annual timescales continue because of winter CO 2 losses7, 16. For example, wet-sedge tundra near Prudhoe Bay, Alaska, accumulated on average -5 g C m-2 during the summer growing seasons of 1994–97, but when combined with winter (September–May) losses of 44 g C m -2 measured between 1996 and 1997, the average annual net CO 2 efflux was 39 g C m-2 ( Fig. 3)." -
Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Je vois que le débat méthane / réchauffement sibérien est justement relancé par le dernier Nature, avec une étude sur le réveil de lacs gelés. Abstract ci-dessous, qui devrait intéresser Alain. Letter / Nature 443, 71-75(7 September 2006) | doi:10.1038/nature05040; Methane bubbling from Siberian thaw lakes as a positive feedback to climate warming K. M. Walter1, S. A. Zimov2, J. P. Chanton3, D. Verbyla4 and F. S. Chapin, III1 Large uncertainties in the budget of atmospheric methane, an important greenhouse gas, limit the accuracy of climate change projections1,2. Thaw lakes in North Siberia are known to emit methane3, but the magnitude of these emissions remains uncertain because most methane is released through ebullition (bubbling), which is spatially and temporally variable. Here we report a new method of measuring ebullition and use it to quantify methane emissions from two thaw lakes in North Siberia. We show that ebullition accounts for 95 per cent of methane emissions from these lakes, and that methane flux from thaw lakes in our study region may be five times higher than previously estimated3. Extrapolation of these fluxes indicates that thaw lakes in North Siberia emit 3.8 teragrams of methane per year, which increases present estimates of methane emissions from northern wetlands (< 6–40 teragrams per year; refs 1, 2, 4–6) by between 10 and 63 per cent. We find that thawing permafrost along lake margins accounts for most of the methane released from the lakes, and estimate that an expansion of thaw lakes between 1974 and 2000, which was concurrent with regional warming, increased methane emissions in our study region by 58 per cent. Furthermore, the Pleistocene age (35,260–42,900 years) of methane emitted from hotspots along thawing lake margins indicates that this positive feedback to climate warming has led to the release of old carbon stocks previously stored in permafrost. 1. Institute of Arctic Biology, University of Alaska Fairbanks, Alaska 99775, USA 2. Northeast Science Station, Cherskii 678830, Russia 3. Department of Oceanography, Florida State University, Florida 32306, USA 4. Forest Science Department, University of Alaska Fairbanks, Alaska 99775, USA -
Insolation dans le temp et dans l'espace
charles.muller a répondu à un sujet de olivier13 dans Paléoclimatologie
Bonjour Sur l'insolation, je ne connais pas de base internationale homogénéisée. Tu as divers liens sur cette page, par exemple : http://www.pv.unsw.edu.au/Research/idl.asp Il faudrait aussi voir sur les projets ERBE et ISCCP, il y a peut-être des infos pertinentes. -
Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
J'ai dû rater une étape : depuis quand les taux atmosphériques de CO2 et de CH4 se stabilisent ou diminuent ? Concernant le CO2, j'avais lu que les dernières années continuaient de plus belle la croissance. Et aucune des cartes régionales de mesure CH4 du CDIAC proposées en lien plus haut par miniTAX ne montre non plus de décroissance. -
Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Je pense que tu as voulu écrire "puits de carbone". Une étude sur le permafrost péri-arctique du Canada (Payette 2004), qui était en 2003 à 13% de sa surface initiale de 1957, a en effet montré que les zones "terrestrialisées" étaient devenues de puits de carbone, et non des sources comme certains le pensaient. Pas mal d'autres travaux ont été en ce sens. -
équations différentielles et réchauffement climatique
charles.muller a répondu à un sujet de razhel dans Archives
A propos des comparaisons de modèles et des aérosols, je signale le groupe AEROCOM (http://nansen.ipsl.jussieu.fr/AEROCOM) qui a commencé a publier sur ces questions (pdf accessibles sur leur site, rubrique publications). Deux papiers détaillent notamment les variations d'estimation de l'effet direct (9 modèles) et indirect (3 modèles) des aérosols sur le bilan radiatif 1750-2000. -
équations différentielles et réchauffement climatique
charles.muller a répondu à un sujet de razhel dans Archives
Dont acte. Je ne confonds pas modèle météo et modèle climato et il me paraît en effet évident que l'approximation sur les conditions initiales est plus lourde de conséquences pour le premier que le second. Ah ? Il conviendrait sans doute de préciser ce qu'est une "bonne" ou une "mauvaise" simulation. Je me pose d'ailleurs à ce sujet une question : si les modèles donnent un résultat très satisfaisant pour 1900-2005, pourquoi leurs prévisions 2006-2015 ne sont-elles pas (à ma connaissance) publiées ? De mémoire, l'équipe de Hansen l'a fait plusieurs fois depuis les années 1980 pour son modèle et je n'ai pas souvenir que cela ait été très probant dix ou quinze ans plus tard. Sinon, le fait que plusieurs modèles donnent des simulations correctes du XXe siècle alors même que chacun paramètre différemment le poids des forçages dans son bilan radiatif (parfois du simple au triple pour les aérosols) n'est pas de nature à m'émerveiller sur leur étonnante convergence. Je me dis simplement qu'il existe beaucoup de moyens d'obtenir un résultat comparable et que cela ne me renseigne finalement guère sur la véracité respective de ces moyens. Peut-être, cela ne me concerne guère vu que mon savoir n'est pas infini et que la prévision numérique de la température de 2100 au dixième de degré près me semble pour l'instant un domaine trop spéculatif. Il me paraît simplement plus constructif de travailler à réduire les incertitudes, donc de commencer par les reconnaître, les quantifier, les expliquer, etc. Non. D'abord, certains modèles actuels concluent à un réchauffement assez faible dans leur fourchette basse. Ensuite, le problème n'est pas (à mes yeux) la conclusion du modèle, mais le décalage entre les incertitudes présidant à son paramétrage et l'importance accordée à son calcul final. Ce problème est identique que l'on conclut à -2 ou +2 °C. -
équations différentielles et réchauffement climatique
charles.muller a répondu à un sujet de razhel dans Archives
A mon sens, le propos initial de lc30 visait à souligner que les modèles actuels sont contraints à des approximations (en raison de l'impossibilité de résoudre exactement des équations aux dérivées partielles trop complexes) et que le cumul de ces approximations sur 100 ans d'évolution d'un système "chaotique" au sens de Lorenz (climat en l'occurrence) rend le résultat final plutôt douteux. A cet obstacle purement mathématique (si je l'ai bien compris) s'ajoute le problème des approximations physiques / chimiques (et il faudrait ajouter biologiques, car le comportement de la biosphère terrestre et océanique peut provoquer des évolutions significatives de paramètres atmosphériques). Les équations de transfert thermique à l'oeuvre dans le bilan radiatif sont par exemple "solides", mais leurs données sont encore très "molles" (c'est-à-dire très incomplètes). A ma connaissance, on a du mal à produire un modèle climatologique qui retrace correctement le XXe siècle (surtout la période 1950-80). On n'a pas de situation de contrôle pour savoir comment se comporte le système climatique sur de nouvelles conditions limites (à +1, +2, +3... +n °C global) sur un court laps de temps, donc pour le contraindre un peu. Ce n'est pas un hasard si les simulations de la principale rétroaction positive au réchauffement (vapeur d'eau) partent actuellement dans tous les sens. Il faut encore ajouter à cela les approximations démographiques, économiques, sociologiques et technologiques, certes contingentes, mais bien réelles. Le bon sens et l'expérience indiquent qu'il est périlleux de parier en 2006 sur l'état de la civilisation humaine en 2056 ou en 2106. Au final, la question n'est pas de "diaboliser" les modèles, comme il a été dit. Je souhaite pour ma part qu'ils s'améliorent peu à peu en limitant les approximations énumérées ici. Et je pense d'ailleurs que c'est le cas, puisque les mesures s'affinent et se multiplient dans de nombreux domaines. La question est plutôt : faut-il "vénérer" ces modèles comme on vénérait la Pythie de Delphes et prendre nos décisions actuelles en fonction de leurs résultats pour 2100 ? Ma réponse est négative sur ce point. Les modèles doivent être regardés sans diabolisation ni vénération, comme des simulations encore très imparfaites du comportement climatique de la Terre. Et sur le long terme, les scientifiques ont plus à gagner à reconnaître les imperfections et incertitudes de leur démarche qu'à "vendre" aux politiques et aux médias un discours alarmiste. -
Exact. Je l'ai reproduit pour montrer la circonspection des chercheurs sur le sujet. Ce qui m'étonne en l'occurrence est surtout que la variabilité internannuelle de l'océan étonne les chercheurs. On savait déjà que le niveau de ces océans (entre autre déterminé par la dilatation thermique) connaît de semblables fluctuations. A mon avis, les mesures de toute façon sont trop courtes pour justifier un débat très approfondi. D'autant que la figure 2 de l'article initial montre qu'il ne s'agit nullement d'une baisse uniforme, mais de la juxtaposition de zones de baisse et de zones de hausse, d'amplitude similaire (de -50 à +50 W/m2). Cela signifie entre autres choses que les mesures sont dépendantes de la répartition des balises (sur des ordres de grandeur de 0,01 à 0,1°C, rappelons-le). Quand on aura dix ou quinze de baisse continue, on pourra parler d'une tendance climatologique. Mais là, c'est un peu la tempête dans un (gros) verre d'eau.
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Pour info, cette intro. au débat parue dans Nature. Elle confirme que les spécialistes n'ont pas de réponse claire pour le moment sur l'origine du phénomène, et gardent quelques doutes sur sa réalité (maillage correct des balises ARGO). News / Nature 442, 854-855(24 August 2006) | doi:10.1038/442854a; Published online 23 August 2006 Oceans cool off in hottest years Quirin Schiermeier Temperature drop puzzles climate researchers. Oceans cool off in hottest years Ocean measurements suggest the world's seas have cooled substantially during some of the warmest years in recent history. If real, the dip is likely to reflect a short-term fluctuation in an ocean that is warming overall, say climate scientists. The years 2003 and 2005 saw the highest global average surface temperatures in more than a century. An upcoming paper in Geophysical Research Letters reports that during this period, the upper 750 metres of the oceans lost around one-fifth of the heat accumulated over the past 50 years. But don't read too much into that, oceanographers warn. "Cooling on a short-term scale doesn't challenge the long-term warming trend," says Sydney Levitus, director of the World Data Center for Oceanography in Silver Spring, Maryland. "What it does tell us is that we still don't sufficiently understand how the global climate system works." Oceans cover two-thirds of Earth's surface and have far more heat-storing capacity than air or land. Overall, they have warmed in recent decades. Between 1955 and 1998, for example, all of the world's oceans, down to a depth of 3,000 metres, warmed by 0.037 °C (S. Levitus, J. Antonov and T. Boyer Geophys. Res. Lett. 32, L02604; 2005). But that warming has not proceeded steadily. The trend has reversed for a few years at least once during the past half century. In fact, a drop in temperature that occurred between 1980 and 1983 was almost twice as pronounced as the current cooling. But only for this latest cooling episode have oceanographers obtained good enough global data to provide a convincing argument that the effect is real. The report relies in part on data gathered by ARGO, a global array of 2,500 floats. The ARGO floats descend to various depths to probe ocean temperature and salinity, and surface occasionally to transmit their data via satellites. When ARGO data were removed from the analysis, the cooling was significantly less pronounced, and the error bars became larger, say the authors of the report, led by John Lyman of the National Oceanic and Atmospheric Administration in Seattle, Washington. Some researchers suspect that ARGO has provided the ability to detect short-term temperature fluctuations. "We may be seeing different things just because we are looking harder," says Brian King, a physical oceanographer at the Southampton Oceanography Centre, UK. Better observation systems are showing the oceans are more changeable than some people thought, says Gavin Schmidt, a climate modeller at the NASA Goddard Institute for Space Studies in New York City. A short-term cooling blip can't say much about the climate system in general. But the latest study suggests, he says, that coupled ocean–climate models fail to adequately capture intermittent fluctuations in ocean temperature. In theory, the recent cooling should have led to a 2-millimetre drop in sea level due to the thermal contraction of water, which becomes denser at lower temperatures. But satellites have measured a steady rise in sea level between 1993 and 2005 — years covered by the study. For the observations to be reconciled, melting ice sheets in Antarctica and Greenland must be contributing far more to sea-level rise than previously suspected, says Schmidt. Of course, much of the observed ocean-temperature decrease could be an artefact of sampling, says Tim Barnett, a climate researcher at the Scripps Institution of Oceanography in San Diego, California. For example, if warmer water has simply redistributed to areas where fewer ARGO floats exist, the net cooling could be smaller than the data suggest. But assuming the trend is real, what caused the cooling and where did the heat go? Aerosols, volcanic activity and small changes in ocean circulations and convection processes may all play a role, says King. But the simplest explanation is that less sunlight has reached the ocean surface as cloud coverage has increased. Global cloud coverage has increased by 1–2% since 1999 according to data from the International Satellite Cloud Climatology Project, presumably because of global warming and increased evaporation. Other factors — such as cloud albedo (the extent to which cloud reflects solar radiation) or cloud-top temperature — might have changed in the same period, says William Rossow, a cloud expert at the Goddard Institute. "It is completely insufficient to look for a simple explanation of a short-term temperature change," he says, "as the climate system is much more complex." The heat itself could be hidden at greater depths in the ocean, or — more likely, says Schmidt — it may have escaped into the atmosphere and out into space. Yet a corresponding change in Earth's radiation budget has not been observed. "The system's internal variability might well be larger than we thought," says Levitus. "This is exciting news, but food for global-warming sceptics it is not."
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Evolution comparée des taux de CO2 et de CH4 dans l'atmosphère
charles.muller a répondu à un sujet de Pierre-Ernest dans Archives
Je ne doute pas un instant qu'elles soient réelles et inscrites dans le marbre glacé des carottages. Je me demande simplement si une variation de 2 à 5 ppm du CO2 sur 100 ans appelle un grand effort explicatif. Et idem pour le CH4 sur son échelle. Et quel est ce même coeff. pour la seule période 1000-1700, sans les 200 ans supp. de co-variance récente en forte hausse conjointe ? J'ai l'impression qu'il sera plus faible. -
Evolution comparée des taux de CO2 et de CH4 dans l'atmosphère
charles.muller a répondu à un sujet de Pierre-Ernest dans Archives
Avant même d'entrer dans des explications chimiques, on peut se demander : - les variations CO2 et CH4 avant l'ère industrielle sont-elles significatives ? - leur corrélation est-elle bien établie (et à quelle hauteur) ? J'avoue que si l'on retire la fin de la courbe (hausse forte et régulière qui est avant tout corrélée à celle de la population mondiale et de son boom démographique à partir du XVIIIe siècle) et que l'on se concentre sur 1000-1700, je ne vois que des amplitudes très faibles et pas toujours associées entre les deux gaz. De sorte que l'on peut imaginer pas mal de causes indépendantes (humaines : variation de populations pour cause de maladies, déforestation, agriculture ; naturelles : volcanisme, activité solaire, oscillation pluridécennale / séculaire de la circulation générale, etc.) expliquant chaque courbe. Il faut aussi avoir en tête la découverte du début de l'année selon laquelle les végétaux en croissance expulseraient du CH4 (donc, que les variations de la biosphère comptent également, pas seulement celles de la T océanique, surtout par les faibles quantités concernées avant 1700). -
Le problème de toute cette discussion est quand même l'extrême pauvreté des mesures qui en sont l'origine. En fait, on constate dans les 23 années passées deux phases de refroidissement de l'eau de mer sur la couche surface-750 mètres, en 1983-85 et 2003-05. Dans ce dernier cas, où la mesure est plus fiable, le refroidissement se constate pour l'essentiel vers 400-500 m et il n'est jamais que de 0,07 à 0,1°C au plus fort de l'amplitude. Il se situe approximativement au niveau de la thermocline (dans les régions extratropicales), c'est-à-dire la zone où les variations thermiques rapportée à la profondeur sont de toute façon les plus marquées. Le caractère très court des séries mesurées (2 à 3 ans de phase froide) associé à la variabilité naturelle des mouvements océaniques dans la couche considérée fait que j'ai du mal à y voir des événements exceptionnels, a fortiori les prodromes d'une ère glaciaire !
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Depuis le début, je me pose une question naïve et basique : quel est le mécanisme de transfert thermique de l'océan vers l'atmosphère entraînant un refroidissement maximal à 400-500 m et négligeable en surface ?
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Canicule de 2006, réalité ou fiction du réchauffement climatique?
charles.muller a répondu à un sujet de alex027 dans Archives
En fait, je parlais ici de données homogénéisées quotidiennes et françaises, en référence au gros travail de Jean sur la canicule de juillet 2006 dans le Sud-Ouest. Il existe environ 70 séries homogénéisées mensuelles et annuelles en France sur 1901-2000. Sur le plan du RC global, je pense que les données 1901-2000 sont assez fiables, surtout dans l'HN. De mémoire, le réchauffement global moyen 1910-40 était de 0,17°C/décennie, celui de 1979-2005 de 0,23°C/décennie (avec une forte hausse dans les dix dernières années). A propos des relevés quotidiens français, on les dit non-fiables avant les années 1950. La question que je me pose est : si les T relevées ne sont pas fiables en valeur absolue, peut-on quand même les utiliser en valeur relative, par exemple en observant le nb de journées > 90e percentile de la distribution ? Si les T sont surestimées de 1°C (par exemple), à cause de divers biais de mesure comme le mauvais emplacement de la station ou son absence de ventilation, peut-on malgré tout tirer des enseignements, et comparer les grosses chaleurs estivales (sans vouloir dénicher des "records" liés à des valeurs absolues, simplement en observant la durée et l'intensité relatives des vagues de chaleur) ? -
Canicule de 2006, réalité ou fiction du réchauffement climatique?
charles.muller a répondu à un sujet de alex027 dans Archives
Quelques remarques en vrac. - Associer un événement unique et local, ou même deux événements rapprochés (2003, 2006), au RC global n'a pas grand sens. Ces événements peuvent très bien être provoqués par d'autres phénomènes climatiques - les oscillations pluri-annuelles à pluri-décennales sont assez nombreuses, on le sait. Il peut aussi s'agir de variations purement aléatoires du système climatique. Il est évident que plus les canicules sont rapprochées, plus la probabilité qu'elles soient dues au hasard est faible. - Le RC global tel qu'il est scientifiquement décrit fait état d'un réchauffement progressif dû au piégeage de l'IR sortant par les GES bien diffusés dans toute l'atmosphère terrestre. Mais les mêmes modèles qui analysent ce RC global reconnaissent leur incapacité actuelle à en déduire les variations régionales attendues. Comme ces modèles sont réputés à la pointe de la simulation physico-chimique de la circulation générale et qu'ils intègrent toutes les données disponibles, je ne vois pas comment nous, sur ce forum, pourrions établir avec certitude des rapports de cause à effet entre RC global et T estivales françaises. - Il faut par ailleurs mesurer avec plus de précision le caractère exceptionnel de ces événements caniculaires. Jean a fait un travail approfondi et très intéressant sur le Sud-Ouest et pour juillet 2006. Malheureusement, les données quotidiennes fiables commencent la plupart du temps après 1940 ou 1950, ce qui nous prive d'une comparaison avec la première phase de réchauffement global (1910-40), à l'époque où les facteurs anthropiques étaient bien moins accentués qu'aujourd'hui, mais où la hausse des Tm globale / décennie a été comparable à 1979-2005 (à cinq centièmes près de mémoire). - La modification des flux (zonaux > méridiens) suggérée par Torrent paraît une bonne hypothèse de travail sur l'Europe occidentale. Mais peut-on la quantifier, avant même de lui chercher une explication ? Y a-t-il réellement une augmentation des flux méridiens ? Depuis quand exactement, à quelles saisons et dans quelles proportions ? J'ai l'impression "subjective" que les vents du Sud sont plus fréquents qu'auparavant, mais il faudrait avoir une estimation chiffrée. A noter : l'Arctique a déjà connu un réchauffement important en 1910-40 et si les archives sont disponibles, on devrait retrouver une semblable modification des flux sur l'Europe occidentale à cette période, pour cause d'affaiblissement du "front polaire". -
Pour ceux qui peuvent le calculer sur leur zone, il serait intéressant d'observer les autres facteurs de ce mois de juillet (pression, insolation, nébulosité, direction et force du vent, etc.) et de vor leur déviation par rapport à la moyenne. Y a-t-il une signature synoptique "classique" des canicules ou, a minima, des grosses chaleurs estivales sur la France et l'Europe occidentale ?
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Dans ce cas, inutile de remonter à l'OM. En France et dans certaines régions, les Tm ont augmenté de plus de 1 °C entre 1901 et 2000, probablement 1,5 °C entre 1860 et 2005. Il suffit de s'interroger sur les changements majeurs intervenus dans ces régions - je ne pense pas qu'il y ait de notables. D'après certaines discussions récentes, on a même eu 2 °C d'augmentation des Tm estivales dans le Sud-Ouest entre 1950 et 2005. Là encore, on peut s'interroger sur les manifestations concrètes de cette évolution, dont l'amplitude est importante.