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Suivi de l'englacement au pôle nord


sirius

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Illkirch-Graffenstaden (143 m) et Entzheim (149 m)

Le 9/5/2016 à 09:29, TreizeVents a dit :

 

 

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arctic_t2m_dfa_2016.gif

[/align]

 

Bonjour,

J'aurais aimé comprendre un peu plus cette carte : en ordonnée c'est le nombre de jour ou il gèle c'est ça ? Sauf qu'il n'y a que 365 jours dans une année donc on peut pas être à -500 _confused1.gif

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En prenant l'avion hier, on est passé assez nord au niveau de la Sibérie pour éviter les vents d'Ouest assez violents. Du coup j'ai pris des photos vite fait, j'ai mis les endroits sur la map. Je suis

Effondrement catastrophique du volume de glace, on termine sur juin un record de faible volume et sur un record tous mois confondus de la plus grosse anomalie ...      

Magnifique performance de piano, autour de glaçons en dérive dans l'Arctique :    

Images postées

C'est un cumul en degrés des anomalies quotidiennes, il faudrait enlever 1000 degrés pour atteindre le cumul normal d'une mi-mai.

Par exemple 2 journées d'une t°C moyenne de 10°C ont un cumul de 20°C. Après je suppose que c'est par rapport au pas quotidien que les cumuls sont effectués sur ce graph. 

 

Après c'est certes impressionnant, mais moyennement intéressant si on se pose dans le cadre de l'évolution de la fonte estival. Puisque désormais, et c'est habituel on revient dans les normes quand la glace se met à fondre, en partie par ce que ça pompe de l'énergie, et aussi parce que la sst à moins d’influence face au soleil. Donc c'est le rayonnement soleil qui va primer puis l'activité dépressionnaire sur l'amplitude de la débâcle désormais.

meanT_2016ypn0_mini.png

 

 

 

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il y a une heure, Cirrus 27 a dit :

 

Bonjour,

J'aurais aimé comprendre un peu plus cette carte : en ordonnée c'est le nombre de jour ou il gèle c'est ça ? Sauf qu'il n'y a que 365 jours dans une année donc on peut pas être à -500 _confused1.gif

 

En fait, il s'agit de l'anomalie en terme de degrés jours de gel (en anglais, FDD), c'est vrai que ce n'est pas une unité de mesure très répandue mais elle est assez largement utilisée par les instituts polaires comme le NSIDC.

Concrètement, il s'agit d'un indice qui permet de donner une valeur cumulée du potentiel de gel de l'océan, et donc de la formation de banquise, à partir de la Tm quotidienne.

 

Imaginons quatre jours ayant pour Tm -4,8°, -5,2°, -8,7° et +1.2°

 

L'océan gèle à partir de -1,8° en moyenne du fait notamment de la salinité, c'est le point de référence du calcul de l'indice.

Le premier jour, avec -4,8° en Tm, on a été 3,0° en dessous de ce seuil et on a donc eu 3 FDD.

Le second jour, avec -5,2° en Tm, on a été 3,4° en dessous de ce seuil et on a donc eu 3,4 FDD, qu'on peut cumuler à 6,4 FDD avec le jour précedent.

Idem le troisième jour : -8,7° en Tm = 6,9 FDD = 13,3 FDD sur les trois jours en cumulé.

Et le quatrième jour, +1,2° = 3,0° au dessus du seuil = -3 FDD, soit un cumul de 10,3 FDD sur les quatre jours.

 

Petite remarque cependant : le diagramme que j'avais montré, ainsi que celui posté par Sebb, ne représentent que la portion située au delà de 80° nord, c'est à dire le cœur du bassin arctique. Ce n'est pas inintéressant à regarder, mais il faut garder à l'esprit que cela ne porte donc que sur une zone centrale de l'arctique qui n'a fondu que partiellement même sur les pires années (2007 et 2012) et qui ne fond pas la plupart du temps. Cela ne renseigne donc en rien sur la situation dans les bassins périphériques, qui eux fondent de manière plus ou moins intégrale chaque année ; d'ailleurs en ce moment on a un recul extrêmement précoce en mer de Beaufort avec des températures exceptionnellement élevées depuis plusieurs semaines, mais cette chaleur n'avait pas jusqu'à présent progressé véritablement plus au nord donc on ne peut pas en voir la trace sur des graphiques qui se limitent à la zone 80/90° nord. Par contre, les mouvements du gyre de Beaufort, dans le sillage de la dislocation du pack justement en zone de Beaufort, a continué de faire éclater le pack jusqu'au nord du Groenland, à quelques encablures du pôle :

 

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Image3.thumb.png.e133bc3bec2989d45671867ed94c9cde.png

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Pour le reste, le bouchon de Béring a fini de sauter et la glace recule déjà en mer de Chuckhi. Et c'est également en train d'éclater également maintenant en mers de Sibérie orientale et de Laptev, voir cette capture de la NASA de ce matin sur ce secteur :

 

 

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Image2.thumb.png.6945441afe6c9b8167b9542beae99e07.png

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Sur les données d'extent, il n'est pas impossible que l'on atteigne la barre des 10 millions de km² d'ici le 1er juin.

 

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IJIS.png.e0cce4511039bf3c1cda4f5c8dfa18d2.png[/align]

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Sans présumer des conditions synoptiques par la suite, cela pourrait devenir particulièrement grave tout simplement du fait que c'est en juin que le rayonnement solaire est à son maximum. En l'absence de nébulosité, l'océan absorbe quasiment la totalité de ce rayonnement, alors que la glace en revoie l'essentiel : arriver à cette période de l'année avec un océan qui n'avait jamais été autant dégagé aussi tôt dans la saison ne serait alors pas sans conséquences sur la suite de la saison. On n'en est heureusement pas encore là, mais sur le papier au vu de la situation et des prévisions qui restent désolantes je dirais (estimation d'amateur modérément éclairé...) que le record de 2012 a au moins 50% de risque d'être battu cette année.

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il y a 19 minutes, TreizeVents a dit :

Et le quatrième jour, +1,2° = 3,0° au dessus du seuil = -3 FDD, soit un cumul de 10,3 FDD sur les quatre jours.

 

Tu es sûr que les FDD sont aussi comptés en négatif ? Si c'est le cas on devrait avoir des anomalies non nulles dès le début du graphe.

 

En tout cas merci pour tes messages toujours instructifs et passionnants à lire sur le suivi. J'attends le minimum de 2016 avec autant de curiosité que d'inquiétude ...

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Invité Sky Blue

L’image ci-dessous compare l'épaisseur de glace de mer entre le 13 mai 2012 et le 13 mai 2016.

 

 

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Citation

je dirais (estimation d'amateur modérément éclairé...) que le record de 2012 a au moins 50% de risque d'être battu cette année

Pareil pour moi.

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Bonjour à tou(te)s,

 

Message long sur le  sujet.

Je crains (même si j'espère me tromper) que 13 vents et Sky se trompent (enfin non, pas vraiment ... !) sur la situation : je crains fort qu'ils soient encore en-dessous de la vérité !

L'hiver dernier, j'ai emm... pas mal de monde ici avec mon "effet de seuil". Et bien je pense qu'il y a actu pas mal de faits qui appuient cette hypothèse (si tôt, moi-même je n'y croyais pas, si ça vient à se réaliser).

Les 10 Mkm2 au 1er Juin, au vu de la pente de la débâcle (c'est bien le mot qui convient), c'est non seulement possible mais c'est "l'horizon mathématique"

Seulement, il ne faut pas oublier que la débâcle accélère avec le plein été, et si on tient compte de ce paramètre, on ne pourrait pas à 50% "dépasser" le record de 2012, mais plutôt à 95% le pulvériser, l'atomiser, etc. vous m'avez compris.

Si on se reporte à la petite projection que j'ai faite à partir des données japonaises, en prenant la pente actuelle et le "décrochement" estival, on explose (vers le bas !) les 2Mkm2

 

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Donc à mon avis, à moins d'un retournement miracle de la météo (toujours possible), je pense que le record de 2012 est d'ores et déjà enfoncé (même si encore une fois j'espère me tromper !!).

Si on se projette maintenant vers la fin de l'hiver prochain (mars 2017), les moyennes montrent que le delta entre banquise hivernale et estivale est en moyenne disons de 8 Mkm2. En étant optimiste et en prenant 2 Mkm2 comme minimum estival, on arrive à 10 Mkm2. De ce point de vue, 2012 avait vu un réenglacement quasi miraculeux, avec un gain de 12 Mkm2.

Les miracles peuvent-ils se reproduire 2 fois ?

Sachant qu'une fonte exceptionnelle doit évidemment fragiliser la banquise résiduelle (épaisseur, notamment), sans parler des difficultés du réenglacement (absence d'albédo, chaleur latente, je ne vais pas faire de cours de physique...) si on table au mieux sur un gain de 10 Mkm2 à partir d'un extent (hypothèse favorable) de 2 Mkm2, on arrive à 12 Mkm2 fin Mars.

Je vous renvoie au diagramme...

Evidemment une glace aussi fragile aura vite fait de fondre d'autant plus facilement l'été suivant...

 

Pour terminer, une projection possible à plus long terme :

 

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Juste un aperçu de l'évolution en 10 ans : eh oui entre 2007 et 2016, il y a à peine 10 ans. Pour 2016 par rapport à 2012, je me reporte aux cartes de Sky dans le mail plus haut :

Par rapport à 2012 (2012 !) :

* banquise agonisante au Nord de l'Alaska et du Yukon

* baisse énorme des épaisseurs là où la glace était la plus épaisse,

* par contre, situation assez stable au droit de la ride de Lomonossov (manque de bol, ça n'est pas cette région qui est cruciale pour la pérennité de la banquise)

 

Et au vu de toutes ces cartes, peut-on estimer l'année où il n'y aura plus de banquise en été ?

2050 - 2060 ? J'ai du mal à y croire au vu de tout ce qui s'est passé et se passe en 10 ans.

Je crains malheureusement que notre regretté ami A. Coustou (dont on s'est pas mal f... de la g... à l'époque) n'ait eu raison, et qu'il faille tabler sur 2020-2025.

 

Bon, encore une fois, puisse les autres membres de ce forum me rappeler ce mail dans 10 ans en se moquant de moi, j'en serai le premier ravi. Après tout le pire n'est jamais sûr !

 

Zonal 45

seaice_2012minimum.png.72ed8bcacf757d497fd394dc093c832c.png

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Le 15/5/2016 à 14:09, Arkus a dit :

 

Tu es sûr que les FDD sont aussi comptés en négatif ? Si c'est le cas on devrait avoir des anomalies non nulles dès le début du graphe.

 

 

Du coup tu me mets le doute .. je suis certain d'avoir déjà vu quelque part dans un article d'Environnement Canada des FDD négatifs, mais impossible de retrouver où c'était (c'est triste alzheimer à 30 piges... _thumbup.gif), et ta remarque sur le graphique est tout à fait juste. Je dirais que ce ne serait pas entièrement illogique de prendre aussi en compte les valeurs négatives - le but quand même c'est d'évaluer le potentiel de gel de l'océan, et ce ne serait donc pas idiot de considérer également son potentiel de dégel dans le calcul. Bref :

 

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1493761592.jpg[/align]

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Pour Zonal :

 

Sur la fonte de cette année, en l'état actuel des choses je ne pense pas que l'on puisse affirmer avec un niveau de certitude suffisant que 2012 est déjà condamné. Certes, les conditions actuelles ne sont pas fameuses pour ne pas dire désastreuses, mais il n'est certainement pas trop tard pour espérer un renversement salutaire : il y a encore bien des semaines à passer d'ici septembre.

 

Si on regarde les données japonaises, depuis 2003 le recul moyen de l'extent entre cette période et le minimum annuel est de 7,50 millions de kilomètres carrés ; il est même de 7,35 millions de km² sans la valeur extrême de 2012. Avec par conséquent une fonte "normale" au regard des dernières années, vu la valeur actuelle, on finirait en septembre à quelque chose comme 3,8/3,9 millions de km², bien au dessus du record de 2012 (3,18). Cela montre que ne serait-ce que pour égaliser 2012, il faudra avoir une fonte bien plus forte que la moyenne des dernières années, fonte qui peut largement être empêchée si conditions favorables. En 2014 par exemple, conditions plutôt favorables en Arctique (été frais et nébuleux), on n'a perdu que 7,2 millions de km² entre mi-mai et le minimum de septembre. Notons tout de même qu'à 7,2 on irait quand même égaler la valeur de 2007, il n'y a pas non plus de quoi parader.

 

Cela étant il ne faut en effet pas se voiler la face pour quatre raisons :

 

1/ Le volume global de glace de mer est quasiment au niveau des records bas, avec à la dernière actualisation de PIOMAS quasiment 1000 kilomètres cubes de glace en moins qu'en 2012 à la même période. C'est aussi le sens de la comparaison de Sky Blue ci-dessus. Qui plus est, non seulement on a moins de glace, mais en plus elle est particulièrement mal répartie, avec des concentrations plus importantes pile dans la zone qui charge le plus en remontées chaudes (Beaufort) et moins de glace aux endroits où elle était le plus susceptible de tenir, à savoir au centre du bassin arctique. 

 

2/ Le mouvement général de la glace (gyre) reste anormalement fort dans le sillage des conditions synoptiques toujours aussi désastreuses. Non seulement ce gyre est responsable de l'effondrement complet de la glace côté Béring avec des fissures qui continuent de se propager jusqu'au nord du Groenland, mais qui plus est il renforce l'export de glace en direction de l'Atlantique via le détroit de Fram. Et tout ça, c'est de la glace irrémédiablement perdue pour l'Arctique : elle va fondre en mer du Groenland et ne reviendra pas. Regardez la dernière image de la NASA, l'export de Fram est désormais tellement vigoureux que la glace se fracture désormais au centre de l'Arctique et à quelques centaines de kilomètres du pôle (cercle rouge). Le cœur central de l'Arctique est donc menacé en plein mois de mai de se faire sortir de l'arène pendant que Beaufort est déjà brisé, c'est surréaliste.

 

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Arctique.thumb.png.f4e2e8a691bfcd697ff65b6511e18ba9.png

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3/ Comme déjà évoqué, le recul particulièrement précoce tant de l'enneigement que de la banquise joue un rôle fondamental au niveau de l'absorbtion du rayonnement solaire (albedo) : plus la neige / glace recule, plus le sol / océan absorbe la chaleur solaire. Sur le blog de Neven, on peut trouver une estimation de la quantité d'énergie par rayonnement solaire ainsi susceptible d'être absorbée du fait des modifications de l'albedo, le résultat se passe de commentaires :

 

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On est sur une anomalie d’absorption de l'ordre de +4 PWh par jour, soit si je ne suis pas trop rouillé quelque chose comme 8 fois la production électrique annuelle française si cela peut vous aider à vous représenter la chose. Alors petite remarque tout de même, j'ai bien écrit plus haut qu'il s'agit du surplus d'énergie susceptible d'être absorbé : le rayonnement solaire dépend aussi de la couverture nuageuse, et sous un ciel bien couvert le rayonnement arrivant au sol reste limité, surtout dans les régions arctiques où le soleil reste bas même si le jour dure 22 à 24 heures.

 

4/ Bon, j'enfonce une porte ouverte, mais pour rappel voici le contexte en terme d'anomalies de températures dans l'hémisphère nord (reconstruction de Moberg et Al + données GISS), histoire de se rappeler où on en est de manière plus large :

 

 

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HN.png.3f2ad70162c40c87ed0f3f7875eb0d0f.png[/align]

 

Donc en gros et pour résumer : pour avoir un minimum dépassant la valeur de 2012 il faudra tout de même avoir une fonte bien plus forte que la moyenne des dernières années (et en cas de bonnes conditions synoptiques, on ne devrait pas avoir une telle fonte), mais tous les indicateurs que nous avons sur le risque de fonte forte cette année sont au rouge vif, pour ne pas dire à l'écarlate.

 

 

Pour ton autre remarque sur l'effet de seuil, je pense que quelque soit le minimum que l'on aura cette année (et les quelques prochaines au sens large), on continuera de voir le bassin Arctique regeler entièrement en hiver. En l'état actuel des choses, la totalité de la variabilité sur la surface de banquise en hiver se joue sur les bassins extérieurs (nord Pacifique, mer du Labrador, nord Atlantique) car tout le reste du bassin regèle intégralement, mis à part quelques cas exceptionnels comme Kara en 2010. Et je ne vois pas cette situation évoluer de sitôt : quelque soit le minimum de glace qu'on aura en septembre cette année (même zéro), le prochain maximum sera quand même d'au moins 13,5 millions de kilomètres carrés - ou sinon, on aura intérêt à aller allumer beaucoup de cierges. Plus la débâcle sera forte, plus l'embâcle le sera aussi tôt ou tard. On l'a vu en 2007, on l'a vu en 2012, on le verra également au prochain grand minimum en 20xx.

 

Cette assertion étant néanmoins valide à court et moyen terme. Les études paléo et modèles indiquent en effet qu'un système de balance entre un Arctique gelé en hiver et entièrement libre de glace en été n'est pas stable : soit l'Arctique a de la glace aux deux saisons, soit il n'en n'a pas, mais les phases d'entre deux ont toujours été transitoires dans l'histoire climatique. Certes, il ne s'agit pas de croire que la première fois que la banquise fondra entièrement en été, elle ne se reconstituera pas l'hiver suivant : quand on parle de régime transitoire instable, c'est à des échelles géologiques, où même un siècle c'est une échelle de temps très courte. Mais il faut bien comprendre que si on atteint ce stade d'un Arctique libre de glace en été (de mon modeste point de vue, ce n'est pas "si" mais "quand", encore que mon avis ne vaut pas grand chose), on aura probablement enclenché un cycle de rétroactions qui nous mènera à n'avoir tôt ou tard plus de glace non plus en hiver. Mais j'ose espérer que nous ne serons pas de ceux qui le verront.

 

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Pour ceux que cela pourrait intéresser, histoire de s'appuyer sur du concret :

 

Citation

A la lumière du recul rapide actuel de la surface de la banquise, un certain nombre d'études s'est penché sur la possible existence d'un point de rupture critique à partir duquel la rétroaction glace / albedo provoquerait la mise en place d'un processus irréversible de perte totale de la banquise. Le point traditionnel d'étude de l'évolution de la banquise a été recentré sur le minimum annuel (septembre) de la couverture de glace, période particulièrement sensible au risque de déstabilisation par cette rétroaction glace / albedo. Dans cette étude, nous avons examiné le processus physique central associé à la transition entre un océan Arctique englacé et un océan Arctique libre de glace. Nous démontrons que bien que la rétroaction glace / albedo favorise une certaine persistance de conditions fonte totale en été / reprise en hiver, les mécanismes thermodynamiques stabilisateurs de la banquise limitent ces conditions tant que l'océan Arctique est couvert de glace durant une période suffisamment longue de l'année (et permettent donc de conserver de la glace en été). Ces résultats suggèrent que l'existence d'un point de rupture critique reste peu probable dans un contexte de transition entre un Arctique englacé en permanence et un Arctique devenant libre de glace en période estivale. Cependant, dans un climat devenant plus chaud, nous constatons que l'existence d'un seuil critique associé à une perte soudaine de la banquise hivernale résiduelle est probable.

 

Eisenman et Wettlaufer, 2009 (lien complet)

 

Dit autrement, cette étude montre qu'il n'existerait pas de seuil critique qui pourrait nous conduire à subitement perdre la banquise estivale (du genre, passer d'un coup d'une moyenne de 4 millions de km² au minimum à une moyenne de zéro), mais que par contre il se pourrait qu'il existe un seuil critique faisant que l'on pourrait subitement ne plus voir la banquise hivernale se reconstituer. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'à partir du moment où on aura un Arctique libre de glace en été, on va enchaîner un jeu de ping pong tous les ans entre les deux saisons : l'été l'océan soumis au rayonnement solaire va absorber le rayonnement solaire et se réchauffer sensiblement, et en hiver durant la nuit polaire il va se refroidir. Tant que le potentiel de refroidissement lié à la nuit polaire sera suffisant pour absorber toute la chaleur accumulée durant l'été, l'océan regèlera systématiquement tôt ou tard. Mais, à un certain seuil de réchauffement, la quantité de chaleur absorbée par l'océan dépassera la capacité de refroidissement hivernal même en nuit polaire, et c'est à ce niveau qu'il se pourrait qu'il existe un seuil critique et brutal.

 

Et pour ceux qui penseraient que les chercheurs qui ont rédigé cet article sont des brêles, voir leur bibliographie qui démontre que ce ne sont pas des amateurs sur le sujet.

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Pour préciser mon mail de ce matin :

 

Quand j'ai évoqué un possible effondrement de la banquise estivale, c'est dans l'hypothèse que la situation ne change pas ces prochaines semaines, d'où l'extrapolation. Sinon, il est effectivement toujours possible que la situation météo évolue dans un sens plus favorable.

 

Pour l'effet de seuil, j'ai effectivement présenté une des hypothèses possibles, maintenant ce que tu dis 13vents est effectivement tout aussi envisageable, et d'ailleurs le fait que le réenglacement le plus important ait eu lieu en 2012 n'est probablement pas un hasard.

 

J'avais écrit un post le 16 aout dernier dans lequel (toujours avec les données japonaises) je disais que la baisse de l'extent estival était apparemment linéaire

(points marron dans le diagramme). Je n'ai pas mis l'équation, mais l'intersection à Y = 0 nous envoie vers 2320 (dans 3 siècles).

 

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Je viens de voir ton mail avec la réf. Très intéressant...

 

A suivre en tous cas ...

 

Zonal 45

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Posté(e)
Marcheprime, entre Bordeaux et le bassin d'Arcachon

Oui les 0°C risquent rapidement d'atteindre le pôle nord géographique..

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Invité Sky Blue

Et que dire de la prévision des 7 prochains jours.default_sad.png/emoticons/sad@2x.png 2x" title=":(" width="20" />

A nous les bleus, les rouges en hautes latitudes._sneaky2.gif

Nous, on va s'en remettre, mais la haut je crois que le Game over ne va pas tarder les amis.

 

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Citation

Je crains malheureusement que notre regretté ami A. Coustou (dont on s'est pas mal f... de la g... à l'époque) n'ait eu raison, et qu'il faille tabler sur 2020-2025.

Tout à fait, je repense également souvent à Paix sur le sujet, je trouvais qu'il exagérait et force et de constater qu'on n'y va tout droit.

Citation

mais je tenais à remercier 13vents pour la richesse de ses contributions, ses recherches, tous ses efforts pour nous faire partager les liens dégotés, perles rares pour quelqu’un comme moi qui savoure à l’occasion ses posts riches d’enseignements.

Effectivement, c'est souvent beaucoup de boulot, c'est soigné et toujours très pédagogique tant pour le débutant que pour le confirmé._thumbup1.gif

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Le 15/05/2016 à 14:09, Arkus a dit :

 

Tu es sûr que les FDD sont aussi comptés en négatif ? Si c'est le cas on devrait avoir des anomalies non nulles dès le début du graphe.

 

En tout cas merci pour tes messages toujours instructifs et passionnants à lire sur le suivi. J'attends le minimum de 2016 avec autant de curiosité que d'inquiétude ...

 

Et si on cumule les valeurs FDD rapportés aux nb de jours, on dégage un écart (ou une tendance) par rapport à la valeur médiane qui devient significatif au bout d’un certain temps (soit environ 45 jours sur l’axe des abscisses).

Dit autrement, les valeurs cumulées de FDD commencent avec le temps à naviguer dans les percentiles selon les fluctuations de t° (voire de les exploser dans le cas de 2015 – 2016).

Si on prend l’exemple pris par 13 vents sur les 4 jours de FDD, on cumule 10.3, et que la valeur médiane (je dis n’importe quoi) est de 8, l’écart sera de 2.3, non visible sur les ordonnées car peu significatif dans l’ordre de grandeur représenté.

Mais au bout de 100 ou 200 jours, on a toutes les chances d’avoir un ratio cumul FDD / médiane FDD mesurable.

Je ne sais pas si c’est très clair (c’est à vérifier en tous cas), mais je tenais à remercier 13vents pour la richesse de ses contributions, ses recherches, tous ses efforts pour nous faire partager les liens dégotés, perles rares pour quelqu’un comme moi qui savoure à l’occasion ses posts riches d’enseignements.

Merci à tous ceux qui contribuent également à documenter ce thème crucial du changement climatique.

J’y ajouterai ce lien qui s’inscrit hélas dans la continuité du game over cité par Philippe.

http://dr-petrole-mr-carbone.com/arctique-acceleration-inexpliquee-de-la-concentration-atmospherique-de-methane/

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Posté(e)
Marcheprime, entre Bordeaux et le bassin d'Arcachon

Intéressant ton lien Calou. Il y a aussi le blog de Sam Carana, qui traite souvent des émissions de méthane. Il y a d'ailleurs un lien sympa vers le satellite Metop qui enregistre les concentrations à différentes altitudes : http://www.ospo.noaa.gov/Products/atmosphere/soundings/iasi/index.html

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il y a 22 minutes, calou34 a dit :

 

mais je tenais à remercier 13vents pour la richesse de ses contributions, ses recherches, tous ses efforts pour nous faire partager les liens dégotés, perles rares pour quelqu’un comme moi qui savoure à l’occasion ses posts riches d’enseignements.

Merci à tous ceux qui contribuent également à documenter ce thème crucial du changement climatique.

 

De même. Je travaille sur des sujets en rapport direct avec le changement climatique et ses conséquences, mais ma spécialité est l'économie et les sciences politiques, pas la climatologie. Les échanges sur ce forum et les contributions telles que celles de TreizeVents sont vraiment utiles pour obtenir des informations "fraiches" et simples à comprendre sur ce qu'il se passe.

 

Sinon, je ne sais pas quelle est la probabilité d'un tel événement, mais je ne peux me débarrasser de l'impression que si les conditions ne s'améliorent pas significativement, le pack va finir par se détacher complètement du Canada et Groënland. Cela ouvrirait alors la voie à une situation où courants marins et vents entraineraient la fragmentation complète du pack, avec à la clé une perte totale de la glace par fonte en "glaçons" isolés et / ou expulsion par les détroits...

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il y a 55 minutes, calou34 a dit :

 

Et si on cumule les valeurs FDD rapportés aux nb de jours, on dégage un écart (ou une tendance) par rapport à la valeur médiane qui devient significatif au bout d’un certain temps (soit environ 45 jours sur l’axe des abscisses).

Dit autrement, les valeurs cumulées de FDD commencent avec le temps à naviguer dans les percentiles selon les fluctuations de t° (voire de les exploser dans le cas de 2015 – 2016).

 

 

Bien vu. En fait j'avais zappé le fait qu'en période estivale, au début du graphe, les températures restent proches du gel et en plus avec une faible dispersion. Donc c'est possible que les FDD négatifs soient comptés mais avec des anomalies qui restent négligeables tant qu'on n'approche pas de la nuit polaire.

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Bonsoir,

 

quelqu'un accepterait-il de faire un petit résumé des conséquences éventuelles de la diminution des glaces arctiques sur le climat de l'Europe occidentale dans les prochaines années que ce soit l'hiver ou l'été?

ça serait sympa default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" title=":)" width="20" />

En tout cas c'est un plaisir de lire ce genre de sujet.

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Posté(e)
Pierrelatte (confluent 26/07/30/84) - et Saint Palais sur mer (17) occasionnellement

Il y a 9 heures, Pierre74 a dit :

Bonsoir,

 

quelqu'un accepterait-il de faire un petit résumé des conséquences éventuelles de la diminution des glaces arctiques sur le climat de l'Europe occidentale dans les prochaines années que ce soit l'hiver ou l'été?

ça serait sympa default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" title=":)" width="20" />

En tout cas c'est un plaisir de lire ce genre de sujet.

Je ne suis même pas sur qu'on le sache vraimentdefault_wacko.png

d'ailleurs l'extent continue son grand plongeon à un rythme soutenu, nous restons largement en avance à tout ce qui a été observé pour cette époque de l'année

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Il y a 2 heures, serge26 a dit :

Je ne suis même pas sur qu'on le sache vraimentdefault_wacko.png

d'ailleurs l'extent continue son grand plongeon à un rythme soutenu, nous restons largement en avance à tout ce qui a été observé pour cette époque de l'année

Est ce qu'on ne pourrait pas envisager un refroidissement de nos étés? et des hivers plus doux et humide? je m'interroge

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Il y a 17 heures, Pierre74 a dit :

Bonsoir,

 

quelqu'un accepterait-il de faire un petit résumé des conséquences éventuelles de la diminution des glaces arctiques sur le climat de l'Europe occidentale dans les prochaines années que ce soit l'hiver ou l'été?

ça serait sympa default_smile.png/emoticons/smile@2x.png 2x" title=":)" width="20" />

En tout cas c'est un plaisir de lire ce genre de sujet.

 

On ne peut pas vraiment aller plus loin que dans les grandes idées parce que l'on manque encore de recul et qu'on est très loin de réellement maîtriser le sujet, mais disons que :

 

- Pour la période hivernale il est régulièrement avancé que l'amplification arctique renforcerait la probabilité de survenue de séquences hivernales en Europe, et de manière plus large à toutes les latitudes moyennes de l'hémisphère nord. Je ne vais pas rentrer dans le détail des explications et alimenter davantage le hors sujet par rapport au thème initial du topic, pour ceux qui s'intéressent au sujet vous trouverez aisément des réponses avec les liens qui suivent. Il y a eu beaucoup d'études sur le sujet ces dernières années, voir /topic/71332-le-met-office-sugg%C3%A8re-un-retour-des-hivers-rigoureux/?page=8'>par exemple celle que j'avais traduite il y a quelques années dans le topic sur les hivers européens, mais c'est loin d'être la seule sur la question. Parmi la flopée de liens qui traitent du sujet, citons en vrac "Une liaison entre la réduction de la banquise en mers de Bartents / Kara et les extrêmes de froids sur les continents de l'hémisphère nord" de 2010, "Les extrêmes froids hivernaux de l'hémisphère nord sont liés à la réduction de la surface de la banquise" ou "Arctique chaud, continents froids" de 2013, ou encore "L'influence robuste de la banquise sur les fréquents hivers froids en Eurasie des dernières décennies" de 2014. Toutefois, pour être complet, je préciserais néanmoins que cette hypothèse ne fait pas non plus l'unanimité ; pour être vraiment récent est ainsi parue il y a dix jours l'étude "Qu'est-ce qui a causé la tendance récente à avoir des synoptiques Arctique chaud / continents froids en hiver ?" qui remet en cause l'existence d'une relation solide sur le sujet et qui du coup renverse quelque peu la table. Comme quoi la science progresse, discute, et sait se remettre en cause default_happy.png/emoticons/happy@2x.png 2x" title="^_^" width="20" />

 

- Pour la période estivale, les recherches sur le sujet ont été beaucoup moins nombreuses, mais s'accordent néanmoins aussi sur une idée qui fait plus ou moins consensus : le recul de la banquise favoriserait les étés océaniques, nébuleux et humides, sur l'Europe de l'ouest (comme qui dirait pour Sky ou Fonky, c'est ballot...). C'est la relation que j'ai évoquée il y a peu dans le /topic/87669-tendance-%C3%A9t%C3%A9-2016/?page=3'>topic de prévisions saisonnières,; mais j'ai vu en le survolant que le lien de Sirius en parle aussi. Ma bibliothèque de lien est un peu moins fournie sur le sujet vu qu'il a été moins débattu que pour la période hivernale, mais on pourra par exemple lire l'influence de la banquise arctique sur les précipitations estivales en Europe. Ce n'est pas directement lié à la banquise, mais on peut aussi se référer à l'étude sur l'amplification des ondes planétaires dans l'hémisphère nord qui démontre que si les conditions de blocages estivaux et donc le risque d'épisodes caniculaires sévères est en nette augmentation, l'Europe occidentale se trouve beaucoup plus souvent du côté "15° et il pleut" que du côté "'42° à l'ombre".

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Invité Sky Blue

Il y a 8 heures, sirius a dit :

Peut être un élément de réponse ici

Ou par la, même si on s'éloigne un peu de l'Arctique, mais c'est pour Pierre 74.

http://www.futura-sciences.com/magazines/environnement/infos/actu/d/climatologie-ete-va-debuter-plus-tot-cause-dereglement-climatique-62819/

 

Un extrait.

Citation

la relation température pression se trouve être opposée entre l’hiver et l’été : des anomalies négatives de pression atmosphérique sur l’Europe du Nord correspondent à des vents d’ouest renforcés sur l’Europe occidentale, lesquels induisent des conditions chaudes en hiver mais froides en été. En d’autres termes, pression et température sont anti-corrélées en hiver mais corrélées en été.

L’Europe de l’Est se réchauffe plus vite que l’Europe de l’Ouest

 

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Merci pour toutes vos réponses en ce qui me concerne je ne souhaite en retenir que deux choses à savoir été frais et humide et possibilités d'hivers encore rigoureux encore existantes (sur ce coup là je ne veux retenir que ce qui pourrait me faire plaisir c'est pas sérieux mais bon je me rassure tant bien que mal default_wink.png/emoticons/wink@2x.png 2x" title=";)" width="20" /> )

 

Encore merci

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