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charles.muller

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  1. charles.muller

    LE GIEC...

    Puisque nous sommes dans les archives, voici deux entretiens avec Robert Kandel parus dans Le Monde en 1997 et 1999. Ils répondent partiellement à la question de LuNaTic sur le fait de savoir si les modèles avaient fait de grands progrès entre 1990 et 1995 et pouvaient statuer sur l'origine exacte des changements climatiques. Si tous les experts du climat avaient la prudence de Kandel, les débats seraient bien moins vifs... *** Robert Kandel, chercheur au laboratoire de météorologie dynamique « Nous manquons de recul pour tirer des conclusions » Article paru dans l'édition du 28.05.97 En climatologie, vous travaillez sur le "bilan radiatif" qui décrit les échanges de chaleur entre la planète et son atmosphère. Quels enseignements tirez-vous du dernier rapport de l'OMM ? Ce rapport met en lumière d'importantes variations régionales. Ce sont elles qui m'intéressent avant tout, car elles permettent d'étudier avec précision certains phénomènes et, surtout, l'ampleur et l'étendue de leurs répercussions hors de la région où ils se produisent. C'est de cette manière que l'on a pu prouver l'importance du phénomène El Nino sur la météorologie d'une grande partie du globe. » On peut constater que les phénomènes régionaux et en particulier l'oscillation sur l'Atlantique nord connaissent des variations beaucoup plus importantes que ce que l'on peut voir ou attendre au niveau planétaire. Cela a conduit certains de mes collègues à avancer l'idée que l'accroissement des écarts entre les extrêmes pourrait constituer les premiers signes d'un réchauffement planétaire. Mais ce n'est pas réellement confirmé par les modèles informatiques. La hausse régulière de la température moyenne du globe relevée depuis dix-huit ans n'est-il pas un signe clair de ce réchauffement ? Cette série d'années chaudes ne peut pas, à elle seule, être considérée comme la confirmation d'un réchauffement planétaire durable. Il pourrait s'agir d'une variation « passagère » à l'échelle de quelques dizaines d'années. De plus, les variations régionales sont vraiment importantes. On sait, grâce aux forages dans les glaces polaires, que au moins localement des modifications climatiques rapides sur quelques décennies, voire quelques années, peuvent se superposer aux grandes tendances et les masquer. » Pour tirer des conclusions incontestables des relevés météorologiques planétaires recueillis par l'OMM, il faudrait donc pouvoir faire des comparaisons avec un échantillon des variations du climat sur plusieurs millénaires. C'est loin d'être le cas. L'analyse des glaces polaires ou des sédiments marins permettent un tel recul dans le temps. Mais ils ne nous renseignent que sur une zone géographique limitée. Quant aux premiers relevés météorologiques systématiques, ils remontent tout au plus à un siècle ou deux. Et ils sont loin de couvrir toutes les terres émergées et, encore moins, les océans. En fait, les mesures vraiment planétaires ne peuvent être réalisées que par les satellites, apparus il y a un peu plus de vingt ans. Ce manque de recul rend difficile toute interprétation. Il n'en reste pas moins que le groupe intergouvernemental sur le changement climatique (IPCC) a, dans son rapport de 1995, dénoncé l'impact des activités humaines sur le climat. Ce qu'a dit l'IPCC, c'est qu'un certain nombre d'activités humaines modifient la composition de l'atmosphère. C'est incontestable. Il est probable que cette pollution atmosphérique aura une influence sur le climat. Laquelle ? C'est ce que nous essayons aujourd'hui de déterminer. Le gaz carbonique accélère l'effet de serre et donc le réchauffement. Mais d'autres polluants comme les aérosols issus du dioxyde de soufre ont un effet inverse : ils augmentent le pouvoir réflecteur des nuages, diminuant d'autant l'efficacité du rayonnement solaire. Cela dit, leur durée de vie dans l'atmosphère est nettement inférieure à celle du gaz carbonique. Le fonctionnement thermodynamique du globe fait intervenir un très grand nombre de paramètres qui interagissent entre eux. Nous faisons beaucoup de progrès, mais sommes encore loin de maîtriser toutes les données. Nos modèles informatiques décrivant l'influence des gaz à effet de serre "collent" de mieux en mieux avec ce que l'on observe depuis vingt ans, mais ils restent encore très discutables. En attendant, gardons-nous de tirer des conclusions hâtives. Car s'il est une chose "normale" en matière climatique, c'est bien la variabilité. Il faut éviter de crier au record à chaque anomalie. Les paléoclimatologues, par exemple, soulignent au contraire que, comparativement aux périodes antérieures, le climat a été exceptionnellement calme et clément depuis dix mille ans ! La polémique entre ``pro`` et ``anti`` réchauffement climatique ne risque donc pas de s'éteindre de sitôt... Les lobbies de tous bords préfèrent ignorer les incertitudes pour tirer parti du moindre indice susceptible de conforter leur point de vue. Cette polémique me semble stérile. Nous avons aujourd'hui la certitude que l'utilisation des combustibles fossiles modifie la composition de l'atmosphère et influe ou influera sur le climat. Les recherches permettront peut-être un jour de démonter ce mécanisme et d'en apprécier l'ampleur. Pourquoi attendre des confirmations scientifiques pour tenter de limiter les dégâts au maximum par des mesures concrètes souvent assez simples à prendre ? La convention sur le changement climatique, signée par 166 pays, est un premier pas dans la bonne direction. Est-il vraiment utile de se faire peur pour persévérer ? PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-PAUL DUFOUR *** Comment débusquer l'empreinte de l'homme dans les caprices du climat Article paru dans l'édition du 20.01.99 Dans un entretien au « Monde », le climatologue Robert Kandel estime qu'« il est urgent de se pencher sur les effets de la redistribution de l'eau » qu'induirait un réchauffement planétaire, plutôt que d'essayer d'interpréter une hausse des températures aux causes difficiles à cerner [...]Directeur de recherche au CNRS, il travaille sur le « bilan radiatif » de la Terre et le climat terrestre au laboratoire de météorologie dynamique (CNRS, Ecole polytechnique, Ecole normale supérieure). Il vient de publier L'Incertitude des climats (Hachette, collection Pluriel, 206 p., 45 F, 6,86 ) et Les Eaux du ciel (Hachette, collection Sciences, 329 p., 120 F, 18,29 ). - Le record de température moyenne observé en 1998 est-il un signe du réchauffement planétaire annoncé ? Il s'agit surtout d'une conséquence de la fin du El Niño de1997-1998, le plus important depuis cinquante ans. La présence de ce phénomène climatique s'est traduite par un hiver nettement plus doux, en particulier sur l'Amérique du Nord. Il a disparu totalement fin juin et son absence actuelle peut expliquer en partie les chutes de neige et les records de froid du début de ce mois aux Etats-Unis. De la même manière, l'oscillation de l'Atlantique nord [NDLR : phénomène un peu similaire à El Niño, mais de périodicié plus longue détermine la sévérité des hivers sur l'Europe. Dans tous les cas, il s'agit de phénomènes cycliques. En climatologie, il convient d'avoir de la mémoire, avant de parler de tendance nouvelle. - L'effet d'El Niño semble quand même se superposer à une tendance marquée à la hausse des températures. C'est vrai : les températures moyennes ont augmenté, au total, d'environ 0,9 degré depuis 1910. Mais, en y regardant de plus près, on constate un réchauffement significatif entre 1910 et 1940, suivi d'une période à peu près stationnaire, voire d'un très léger refroidissement jusqu'en 1975. La hausse n'est donc franche que depuis vingt-cinq ans seulement. Or le taux de dioxyde de carbone d'origine humaine (CO2) a monté régulièrement depuis le début du siècle. Si son influence sur l'effet de serre avait été aussi directe que certains le pensent, les températures auraient dû suivre. En fait, nous sommes encore incapables d'expliquer l'épisode 1910-1940 et, plus généralement, pourquoi le climat a changé entre 1850 et 1950. - Cela n'a pas empêché les experts du Groupement intergouvernemental sur l'évolution du climat, mis en place par l'ONU, d'affirmer, dès 1996, qu'une influence humaine sur le climat était détectable. Ce qu'on a vu, c'est, tout d'abord, une hausse du taux de CO2 dans l'atmosphère. Son analyse isotopique a confirmé, que, depuis un demi-siècle, une part importante de ce gaz carbonique provenait de la combustion du charbon et du pétrole. L'étude des variations climatiques du passé ayant montré que les réchauffements, après les glaciations, se sont accompagnés d'une augmentation du CO2 dans l'atmosphère, on peut craindre que cet ajout d'origine humaine n'accélère un éventuel réchauffement. On a pu aussi vérifier l'influence régionale des émissions de dioxyde de soufre dues à la pollution industrielle. Cet effet « parasol » n'est pas direct : le dioxyde de soufre entraîne la formation d'aérosols (gouttelettes d'acide sulfurique) qui modifient les propriétés des nuages. Cela accélère le refroidissement et compense en partie, mais dans certaines régions seulement, le renforcement de l'effet de serre. Ces observations justifient tout à fait les précautions annoncées lors des conférences de Rio et de Kyoto. Mais l'inquiétude légitime qu'elles peuvent provoquer ne justifie pas, pour autant, de présenter la tendance actuelle à la hausse comme le réchauffement planétaire attendu : on est encore incapable de mesurer précisément la réactivité du climat aux activités humaines. - Sera-t-il possible, un jour, d'isoler l'empreinte de l'homme dans la hausse des températures ? La question est mal posée. Parler de « réchauffement planétaire », c'est caricaturer le changement climatique. Les variations de températures seront très variables selon les régions. Sur les continents, elles augmenteront surtout la nuit en hiver. Cela devrait diminuer les périodes de gel sans différences marquantes durant la journée. En fait, l'aspect important du changement climatique n'est pas la température, mais la modification des échanges entre l'océan et l'atmosphère, de la nébulosité et de la pluviométrie. Il est urgent de se pencher sur les effets de cette redistribution de l'eau. Ces recherches présentent un double intérêt. Elles aideront, d'abord, à mieux évaluer les conséquences d'un réchauffement pour les hommes et l'agriculture. Elles nous permettront, surtout, de mieux comprendre le fonctionnement du climat. L'eau contenue dans l'atmosphère joue un rôle important dans les échanges thermiques. L'effet de serre est extrêmement sensible à la quantité de vapeur d'eau en altitude. Les nuages, en revanche, peuvent, selon les circonstances, amplifier ou minimiser fortement le réchauffement. Mais d'énormes lacunes subsistent dans nos connaissances des propriétés des nuages, des aérosols et de leur répartition. Comment comptez-vous combler ces lacunes ? Il faut concilier la dimension microscopique - celle des gouttelettes et des cristaux composant les nuages - avec l'observation à l'échelle planétaire, tout en observant ce qui se passe réellement in situ. La seule solution, c'est d'installer sur un satellite des instruments permettant à la fois de mesurer le bilan radiatif et d'observer ce qui se passe à l'intérieur des nuages. Le rayonnement infra-rouge et visible est mesuré couramment depuis l'espace. Mais il ne fournit qu'un résultat global de l'énergie rayonnée au-dessus de l'atmosphère. Pour sonder les nuages, il faut des radars, ou des lidars, sortes de radars utilisant la lumière laser au lieu des micro-ondes. Les lidars ont été très peu utilisés depuis l'espace. Leurs résultats sont spectaculaires pour l'observation des cirrus (écharpes nuageuses très fines), mais ils ne parviennent pas à percer les nuages épais. Les radars météorologiques, plus efficaces dans ce dernier cas, n'ont été employés qu'au sol, pour des observations forcément localisées. Mais les choses évoluent. Plusieurs projets sont à l'étude. La NASA et le CNES viennent d'annoncer leur association pour la mise au point d'un satellite d'étude des nuages et des aérosols doté d'instruments d'imagerie infrarouge et d'un lidar, qui devrait être lancé en 2003. A plus long terme, les Japonais et les Américains envisageraient de mettre également un radar météorologique en orbite. » Pour notre part, nous travaillons à un projet plus ambitieux, que nous avons présenté à l'Agence spatiale européenne (ESA) : un satellite doté des instruments classiques d'observation en optique visible et infrarouge, d'un lidar et aussi d'un radar. Cela permettrait de combiner, en un même point et simultanément, l'analyse de la répartition verticale de l'eau à l'intérieur des nuages avec la mesure de l'énergie rayonnée à leur sommet. De telles données nous permettraient d'améliorer considérablement nos modèles de simulation du climat. Malheureusement, cette mission est chère - actuellement, plus de 300 millions d'euros - et la France et l'Allemagne viennent d'indiquer qu'elles souhaitent diminuer de 50 % leur contribution aux programmes d'observation de la Terre en préparation à l'ESA. PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-PAUL DUFOUR
  2. C'est en effet ce qui me paraîtrait le plus intéressant. Mais ce n'est pas impossible. Deux exemples récents : - la synthèse 2006 sur la troposphère qui est co-signée par tous les scientifiques pertinents (et en désaccord) du domaine ; - la synthèse 2005 sur le Radiative forcing (National Research Council), qui a réuni des dizaines d'experts aux vues parfois opposées (comme M. Mann et R.A. Pielke). Apparemment, le rapport Troposphère est le premier d'une vingtaine qui ont été commanditées par l'administration Bush pour faire le point sur toutes les questions climatiques en débat. On va peut-être avoir de la matière intéressante dans les mois à venir.
  3. charles.muller

    LE GIEC...

    Ah non, voyons, la crosse de hockey version originale n'aurait même pas eu le petit soubresaut de 1997 ! Souviens-toi de cette morne platitude du climat passé qui attendait seulement nos gaz pour se réveiller un peu /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20">/emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20">/emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20"> Sinon, le réchauffement médiatique d'un journal aussi sérieux que Le Monde n'est pas très corrélé au réchauffement climatique : 1999 est une année fraîche (alors qu'on vient de faire le bilan de l'année la plus chaude de la décennie, du siècle et du millénaire), 2002, 2003 et 2004 se réchauffent sacrément, alors que ces années ne rejoignent pas le record de leur consoeur et qu'elles n'ont pas de tendances particulières. C'est intéressant puisque la lecture de l'article de 1990 ne laisse planer aucun doute sur le fait que l'humanité met gravement en danger sa survie : il semble que cette menace de mort n'était pas trop digne d'intérêt avant une date assez récente.
  4. Que 1991-2000 ait été plus chaud en moyenne que les autres décennies du siècle paraît assez indiscutable sur les chiffres des grandes bases de données. Le seule pb technique serait éventuellement l'examen attentif des méthodes statistiques d'homogénéisation des données. En règle générale, les données plus anciennes sont considérées comme sur-évaluées (stations trop urbaines, aération insuffisante, etc.) et sont donc souvent corrigées à la baisse. C'est la raison pour laquelle les données brutes montrent parfois un refroidissement 1901-2000, qui disparaît après correction. Ensuite, il faut regarder les chiffres globaux (puisque tout le monde semble obsédé par le réchauffement global) et sur des durées les plus longues possibles (puisque la variabilité annuelle ou décennale du climat n'échappe à personne). De l'avis d'un groupe d'experts réputé bien informé et fort objectif, cela donne : 0,14°C/décennie entre 1910 et 1940 0,17°C/décennie entre 1979 et 2005 On peut considérer que ces trois centièmes de °C, qui sont probablement inférieurs à la marge d'erreur, constituent une accélération redoutable autant que significative. Je préfère conclure pour ma part que nous restons grosso modo dans le même cas de figure que le premier réchauffement trentenaire du XXe siècle. PS : puisqu'on n'arrête pas d'aligner ici des hausses locales de 1°C depuis 20 ans, et puisque le réchauffement global n'a été que de 0,17°C/décennie soit 0,34°C depuis 20 ans, j'en déduis que des zones n'ont pas bougé ou ont refroidi.
  5. Ma foi, je suis assez d'accord avec les carences soulignées par les auteurs. Michael Mann est d'ailleurs assez bien placé pour savoir que des erreurs de méthode ou de données se glissent dans les articles qui franchissent le peer-review des plus prestigieuses revues... Quand on lit le papier en pensant à la courbe de hockey (qui a représenté à l'époque une révolution par rapport au consensus paléoclimatique des décennies précédentes), c'est assez drôle : "On trouve dans la littérature scientifique récente plusieurs cas d'études prétendument évaluées par des pairs dont les conclusions sont injustifiées ou invalides. Curieusement, beaucoup de ces publications ont été accompagnées de lourdes campagnes de publicité, déclarant souvent que ce seul article réfutait complètement le consensus scientifique." "Il y a d'autres exemples d'études, parfois même publiées dans des revues de haute qualité, dont on fit beaucoup de publicité à l'époque, mais qui rétrospectivement étaient erronées (quoique pas aussi gravement que dans les exemples ci-dessus)" "Il est extrêmement improbable qu'une nouvelle étude révolutionne toute la connaissance passée" "Les articles « explosifs » ont souvent des ratés." Compte-tenu de l'orientation de RC, ils ont choisi uniquement des exemples d'articles sceptiques présentant de telles erreurs ou approximations. Il est aisé de trouver autant de contre-exemples sur les articles "alarmistes", ce que font les sceptiques depuis 15 ans. Plusieurs points quand même : - les auteurs de RC parlent d'articles qui "révolutionne" la science et "bouleverse" le consensus du moment. Je suis bien d'accord sur la rareté de tels papiers. Il y en a une poignée par siècle dans chaque discipline. Mais dans le débat climatique, ce n'est pas une affaire de "révolution". Bien plus modestement, il s'agit de divergence dans les mesures (exemple récent de la fonte du Groenland), dans l'analyse des tendances (exemple récent de la variabilité naturelle ou forcée de la banquise arctique), dans l'attribution minutieuse des causes (la disparition des atélopes ou des ours, la fonte des glaciers, etc.). Sans parler du fait que plus de 50% des papiers sont maintenant des compte-rendus de modèles qui, comme tels, sont irréfutables (votre modèle conclut ceci si vous paramétrez cela... la belle affaire ! Au minimum, les papiers intéressants seraient des analyses détaillées de divergence de modèles sur des mesures similaires : mais ceux-là sont rarissimes). - la réfutation d'un papier (exemple de Shaviv et Veizer 2003, qui avaient cependant de mémoire répondu à leurs contradicteurs) ne suffit pas. Si Shaviv et Veizer étaient les seuls à dire que le rayonnement influence de manière importante le climat, on pourrait considérer que l'affaire est quasi-close tant qu'ils n'ont pas affiné les mesures de leur papier. Mais c'est bien loin d'être le cas... et cela serait plus objectif de le signaler au lecteur. - les faiblesses du peer-review ne sont pas le seul défaut de l'objectivité scientifique. Le tout premier, à la base, est l'affectation des crédits à la recherche. Celle-ci est hélas proportionnée à l'urgence politique ou à la rentabilité économique d'un domaine. Qui a créé la notion d'urgence dans le débat climatique, et dès lors bénéficié d'un afflux de fonds ? - les auteurs de RC présupposent un consensus qui n'existe pas (on en a déjà débattu). Au mieux, l'hypothèse d'une part prépondérante des GES dans le réchauffement moderne est un effet de majorité soutenu par un effet de mode. - si un ou deux aspects seulement de l'hypothèse dominante étaient contestés, mais que tout le reste coulait de source, il n'y aurait pas de tels débats. Le problème, c'est bien que cela conteste de partout ! (voir la liste non limitative en début de cette discussion).
  6. charles.muller

    LE GIEC...

    Il y a quand même des phrases assez amusantes dans ce papier, comme celle-ci : " L'ampleur, la rapidité et les conséquences de cet accroissement sont encore assez mal connues. Tous les scientifiques en conviennent. Tout comme ils sont d'accord sur la nécessité et l'urgence de 'faire quelque chose'". Ce qui signifie : on ne sait pas bien de quoi l'on parle, mais on sait très bien qu'il est urgent d'agir. Assez curieux comme mode de pensée et méthode d'action. Mais comme disait Michel Audiard, "une brute qui marche va plus loin qu'un intellectuel assis".
  7. charles.muller

    LE GIEC...

    Comme promis, voici une première courbe du réchauffement médiatique français, sur le journal "de référence" Le Monde. Il s'agit du nombre d'articles parus chaque année et comportant l'expression "réchauffement climatique". Lolox54 n'avait pas tort de signaler que la médiatisation concerne plutôt les années 2000 (après un premier pic pour Kyoto en 1997). Je vais maintenant essayer de trouver les archives d'un journal anglo-saxon pour analyser l'éventuel décalage dans le traitement de l'info.
  8. charles.muller

    LE GIEC...

    Pour information, voici le compte-rendu par Le Monde de la 2e Conférence sur le climat (1990), quand le GIEC présentait ses travaux. On voit que l'alarmisme médiatique était déjà de rigueur : "Tous les scientifiques sérieux sont d'accord : pour la première fois de son histoire, l'humanité met en danger grave sa propre survie." (Apparemment, il n'est déjà pas très sérieux de douter du grand récit qui se met alors en place ). *** La Terre, chaud devant La menace d'un réchauffement rapide du climat va obliger l'humanité à changer ses habitudes Article paru dans l'édition du 07.11.90 LA première semaine de la deuxième conférence mondiale sur le climat, qui est réunie à Genève depuis le 29 octobre, a été consacrée aux exposés scientifiques et à la présentation des résultats des travaux du Groupe d'experts intergouvernemental pour l'étude des changements climatiques (IPCC). Ainsi les premiers ministres, ministres et autres représentants des pouvoirs politiques de quelque soixante-dix Etats, qui se retrouvent à Genève les 6 et 7 novembre pour la seconde partie de la conférence, vont-ils avoir les éléments disponibles en l'état actuel des connaissances, sans lesquels ne peut être esquissée la politique, à l'échelon national aussi bien qu'à l'échelle mondiale, indispensable à la vie future de l'humanité (le Monde du 31 octobre). Tous les scientifiques sérieux sont d'accord : pour la première fois de son histoire, l'humanité met en danger grave sa propre survie. Ses activités rejettent dans l'atmosphère des quantités croissantes de gaz carbonique, de méthane, d'oxyde nitreux, de chlorofluorocarbones (pour ne citer que les principaux) qui, tous, contribuent à l'effet de serre et qui vont inéluctablement provoquer un réchauffement général rapide de la planète. Certes, l'effet de serre a pour principal agent la vapeur d'eau contenue dans l'atmosphère. Mais l'homme n'est pour rien dans l'évaporation de l'eau. A ceci près qu'un réchauffement général dû aux activités humaines pourra augmenter la teneur de l'air en vapeur d'eau. Ce qui renforcera l'effet de serre. Certes, l'effet de serre est indispensable. Sans lui, la température moyenne de la Terre serait de - 18 C ; il n'y aurait plus d'eau liquide à la surface du globe et la vie serait impossible. Grâce à l'effet de serre naturel, la température moyenne actuelle de la planète est de + 15 C, ce qui a permis à la vie de se développer d'abord dans les océans, puis sur les continents. Même si, au cours des âges géologiques, la température moyenne de la Terre a connu d'amples fluctuations naturelles : on sait ainsi que de _ 65 millions à _ 3 millions d'années, la température moyenne était supérieure de 5 C à 10 C à ce qu'elle est actuellement. Plus près de nous, au cours des trois derniers millions d'années, la Terre a subi toute une série de périodes glaciaires alternant avec des épisodes plus chauds. Ce qui n'a pas empêché d'abord l'évolution de la lignée humaine dont les premiers représentants _ Homo habilis _ sont apparus en Afrique tropicale de l'Est il y a quelque trois millions d'années. Ce qui n'a pas empêché non plus les successeurs d'Homo habilis _ Homo erectus _ de se répandre dans toutes les zones d'Europe et d'Asie qui sont actuellement tempérées, mais qui étaient fraîches pendant les périodes glaciaires. Quant à Homo sapiens (c'est-à-dire nous-mêmes), il s'est installé partout, même dans les zones froides de l'Eurasie et des Amériques. Il est vrai qu'il y a probablement plus de quatre cent mille ans, Homo erectus avait réalisé le premier progrès technique capital : il avait acquis la maîtrise du feu qui lui permettait de se chauffer et de cuire ses aliments. La " révolution néolithique " Le maximum de la dernière période glaciaire s'est produit il y a environ dix-huit mille ans. Le réchauffement qui l'a suivi _ et dont nous bénéficions encore actuellement _ s'est fait en quelques milliers d'années. Il a permis à Homo sapiens de prospérer sur les cinq continents, tout en continuant à vivre de chasse (éventuellement de pêche) et de cueillette. Vers 6000 avant notre ère, le réchauffement a été à son maximum. Les conditions climatiques étaient différentes de ce qu'elles sont actuellement : ainsi les pluies étaient-elles plus abondantes sur certaines régions jusque vers 3000 avant Jésus-Christ. Le Sahara, par exemple, à l'exception de petites zones désertiques, était une steppe où les lacs et les marécages étaient nombreux et où vivaient des éléphants, des rhinocéros, des hippopotames, des girafes, des grandes antilopes, tous gros mangeurs de matière végétale. Au même moment, l'homme a mis à profit cet optimum climatique pour inventer un mode de vie tout différent de celui qu'il avait pratiqué pendant trois millions d'années. D'abord au Proche-Orient, puis en tache d'huile sur une grande partie de l'Ancien Monde, de prédateur il est devenu producteur en maîtrisant l'agriculture et l'élevage. Cette " révolution néolithique " a été le point de départ d'une accélération toujours plus rapide des progrès techniques. Ceux-ci ont abouti, il y a cent cinquante ans, à la " révolution industrielle ". Grâce à celle-ci, 25 % des 5,2 milliards d'habitants actuels de la planète bénéficient d'un confort, d'agréments, d'un niveau et d'une espérance de vie tels que l'humanité n'en avait jamais connus auparavant. Mais tous ces progrès nécessitent l'emploi massif d'énergie dont la plus grande partie est fournie par les combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel), gros producteurs de gaz carbonique. Ces 25 % priviligiés sont ainsi responsables de 75 % des émissions actuelles de gaz carbonique. Il ne faut pas oublier qu'à côté de ces privilégiés les pays en voie de développement sont encore écrasés sous des conditions de vie où prévalent une pauvreté extrême, une agriculture archaïque et une industrie embryonnaire. Ainsi, les trois quarts de l'humanité n'envoient-ils dans l'atmosphère que le quart des émissions totales de gaz carbonique. La démographie galopante L'humanité, en fait, est confrontée à deux problèmes inséparables : d'une part l'élévation plus ou moins proche, plus ou moins rapide des températures à cause de l'utilisation des combustibles fossiles est due en grande partie au gaz carbonique, à l'extension des rizières et à la multiplication du bétail qui sont des sources importantes d'émissions de méthane ; d'autre part, la population humaine, surtout celle des pays en voie de développement, augmente à un rythme accéléré (1,6 milliard d'habitants en 1850, 2,5 milliards en 1950, 5,2 milliards actuellement, probablement 9 milliards en 2050). Cette explosion démographique ayant pour corollaire la création de monstrueuses mégapoles (1) ingérables, faites trop souvent de bidonvilles misérables, polluées à un niveau insoutenable (au sens littéral du terme) et la concentration d'hommes et d'activités variées sur les zones littorales où vit déjà la moitié de l'humanité. Pendant les deux ou trois dernières décennies, personne n'osait parler ouvertement du problème démographique. L'actuelle conférence de Genève marque enfin la levée de ce tabou sur un problème qui est aussi graveque l'accroissement de l'effet de serre. L'ampleur, la rapidité et les conséquences de cet accroissement sont encore assez mal connues. Tous les scientifiques en conviennent. Tout comme ils sont d'accord sur la nécessité et l'urgence de " faire quelque chose ". Et d'autant plus que les fluctuations naturelles des climats se sont produites dans le passé au rythme des siècles ou des millénaires, ce qui a laissé aux espèces végétales et animales aussi bien qu'à l'homme le temps de s'adapter à des conditions nouvelles. Alors que le réchauffement attendu risque de se produire en quelques décennies, c'est-à-dire dans un laps de temps trop court pour que ces adaptations soient possibles. L'accord est acquis sur le besoin impérieux d'intensifier dans de multiples domaines des recherches, forcément interdisciplinaires, et d'y associer de plus en plus les pays en voie de développement. En revanche, l'unanimité est loin d'être acquise sur les mesures concrètes à prendre dès maintenant. Les pays pauvres ont le réflexe naturel de dire aux pays riches : vous êtes la source majeure des émissions de gaz à effet de serre, réduisez-les chez vous ; nous, nous avons besoin en priorité de nous développer, donc d'augmenter notre consommation d'énergie. Les Etats industrialisés sont divisés. Ceux qui sont dépourvus de matières premières énergétiques et qui ont appris à économiser leur consommation (2) lors des deux chocs pétroliers de 1973 et de 1978 se disent prêts à stabiliser ou à réduire leurs émissions de gaz carbonique. Tels sont notamment les douze pays de la CEE qui se sont engagés le 29 octobre à prendre d'urgence les mesures nécessaires et le Japon, au sujet duquel on peut noter que l'énergie chère n'a pas empêché le fantastique développement. L'URSS, grande consommatrice d'énergie et énorme " pollueuse ", pense qu'elle a des problèmes plus urgents à régler. En outre, quelques Soviétiques espèrent _ sans aucune preuve _ qu'un réchauffement global permettra de transformer les immensités sibériennes en riches terres agricoles. Quant aux Etats-Unis, à la pointe de la lutte contre les gaz à effet de serre il y a deux ou trois ans, ils viennent de découvrir que les mesures nécessaires seront forcément impopulaires chez des consommateurs habitués à gaspiller une énergie bon marché et qu'elles coûteront cher en investissements ou en impôts. Ils s'appuient donc sur les incertitudes très réelles pour préférer ne pas prendre ces mesures avant que les recherches aient fait progresser les connaissances. Ces divergences permettent de penser que les négociations sur une éventuelle convention destinée à limiter le réchauffement global seront difficiles. Mais, comme le dit M. Jean Ripert, diplomate et chef de la délégation française à l'IPCC : " Pour la première fois, l'humanité doit faire face à un danger global, même s'il est diffus. La réponse à ce danger ne peut être que concertée et mondiale. Elle implique la révision de modes de vie : c'est le début d'une grande aventure. " REBEYROL YVONNE
  9. charles.muller

    La banquise

    Le pb n'est pas tant qu'ils n'évoluent pas au même rythme, mais bien dans un sens opposé pour ce qui est des pôles : entre 1980 et 2004, les courbes montrent assez clairement que les glaces ont gagné en Antarctique et perdu en Arctique. Je ne sais pas si ton modèle parvient à reproduire ce comportement et je n'ai pas eu vent que les modèles climatiques en vigueur y parviennent. Voici ce que disait il y a peu J. Ridley à la BBC concernant la capacité des modèles actuels à comprendre l'Antarctique. Dr Jeff Ridley, a climate scientist at the Hadley Centre for Climate Prediction and Research in the UK, agrees. He believes it is likely that current climate models are unable to sufficiently recreate conditions on the continent. "I've looked at all these models and seen that Antarctica is not very well modelled at all," he said. "So we shouldn't put too much confidence in what they tell us is going to happen there." Sinon, pour l'Arctique, je n'essaie pas de me "rassurer à bon compte", mais signale seulement la conclusion de ce modèle qui va plutôt à contre-courant des nouvelles inquiétantes que l'on entend très souvent. Mon propos n'est pas de dire que la banquise arctique est en pleine forme, simplement de rappeler qu'il y a débat à son sujet chez les chercheurs et que ce débat doit être suivi en détail pour se forger son jugement. Ce que tu fais, je pense.
  10. Sans doute, mais l'important c'est le réchauffement. Les données CRU pour la région sont de 0,15°C / décennie en surface en réchauffement récent, ce qui fait pour la période étudiée par l'article (1987-2003) environ 0,25°C de hausse en surface. Si le réchauffement troposphérique est équivalent (et il y a de bonnes raisons de penser qu'il est moindre), je vois mal comment ce quart de degré aurait été le principal facteur de fonte des neiges entre 4700 et 5100 mètres. Par ailleurs, les données historiques montrent que le Ruwenzori a perdu dans les mêmes proportions entre 1955 et 1985, alors même que la zone tropicale se refroidissait (comme le reste du monde à cette époque). Le réchauffement global / local n'est donc pas l'hypothèse le plus simple ni la plus logique pour expliquer l'évolution des glaciers tropicaux depuis un siècle. Le Kilimandjaro, qui n'est pas très éloigné et qui a été beauoup plus étudié que le Ruwenzori, montre le même comportement qui n'est pas corrélé aux températures. (Il faut ajouter que l'étude de Taylor est particulièrement mal construite : mis en avant du chiffrede 0,5°C dans l'introduction alors que le texte révèle que ce chiffre provient de stations de basse altitude aux données éparses et que les données de la grille CRU sont à 0,15°C ; affirmation que les précipitations n'ont pas de tendances claires sans aucune donnée mise à disposition pour le vérifier ; absence d'étude de la nébulosité dans cette région depuis 20 ans, etc.).
  11. charles.muller

    LE GIEC...

    Non, le GIEC n'a jamais changé d'avis (il suffit de lire tous les rapports pour s'en convaincre). Mais LuNaTic suggérait plutôt qu'il avait pris de l'audace, si l'on peut dire, dans sa formulation concernant la responsabilité anthropique du réchauffement. Le point intéressant, c'est tout de même que GIEC 1990 reconnaît clairement : on ne peut pour l'instant distinguer la variabilité naturelle d'une variabilité provoquée par l'homme. Cela signifie rétroactivement que seul le réchauffement 1990-2005 porterait clairement la marque anthropique... alors que les gaz à effet de serre s'accumulent depuis 200 ans de révolution industrielle ! Il faudra m'expliquer pourquoi le CO2 accumulé entre 1850 et 1970 (par exemple, avec les autres GES) n'avait pas déjà une signature claire sur les températures. Je vais faire un calcul simple sur le CO2 pour montrer le problème. D'après le forage Siple Dome, on était à 288 ppm en 1854. D'après le comptage Manu Loa, on était à 330 ppm en 1974. (Je prends 120 ans, durée de vie moyenne estimée dans l'atmosphère). Entre les deux mesures, on a une augmentation de 42 ppm, soit 15% de la valeur initiale. La sensibilité climatique au doublement CO2 (+100%) est estimée à 3°C nous dit-on. Un calcul simple sur cette base GIEC permet de conclure que +15% de CO2 signifie une hausse de 0,45°C imputable aux seuls GES en 1974. 0,45°C, c'est quand même très important, puisque la hausse globale estimée est à 0,3-0,6°C entre 1860 et 1990 (ce que dit le rapport GIEC 1990, qui prenait alors cette marge d'incertitude depuis le début des mesures) et que l'on sait par ailleurs que l'irradiance solaire a elle aussi augmenté régulièrement dans cette période (ce qui a dû rajouter plusieurs dixièmes). Malgré cela, GIEC 1990 ne trouve pas signature anthropique claire sur les températures. Et celle-ci apparaît soudain dans les 15 ans qui suivent, alors que l'effet de serre est un processus cumulatif d'obturation du rayonnement sortant. Tu me diras : les aérosols ont masqué l'essentiel de cette première hausse. Sans doute, mais les aérosols ont bon dos, vu que l'estimation de leur forçage au XXe siècle relève à peu de choses près du pifomètre. Il faut que ces aérosols aient été sacrément diffusés dans l'atmopshère pour masquer la double hausse CO2+solaire.
  12. charles.muller

    LE GIEC...

    Tu as probablement raison. Par curiosité, je viens de faire une recherche sur le site du Monde, concernant les articles parus avec "réchauffement climatique" dans le titre entre 1987 et 2005. J'aurai dû le faire avec "réchauffement climatique" dans le corps du texte ou avec "réchauffement" seul dans le titre, mais je n'avais pas le temps ce soir (il faut dans ce cas trier ou il y a plus d'item à compter). Cela donne (rien avant 1992) : 1992 : 1 1993 : 1 1994 : 0 1995 : 10 1996 : 2 1997 : 18 1998 : 8 1999 : 9 2000 : 22 2001 : 22 2002 : 10 2003 : 23 2004 : 17 2005 : 27 Ce test vaut ce qu'il vaut, mais il accrédite l'idée que le réchauffement est surtout "à la mode" en France depuis 2000. Je ferai un test complet (dans le corps d'article) plus tard, pour voir si cela se confirme. Il est probable que le débat américain a commencé un peu plus tôt, compte-tenu des crispations politiques et guerres de lobbies autour de la question.
  13. Je ne vois pas trop l'objection. Au mont Ruwenzori, l'enneignement n'est présent qu'en altitude, à partir de 4400 / 4500 mètres (maximum début de siècle) ou 4700/4800 mètres (aujourd'hui) et culmine à 5100 mètres (point le plus élevé de la chaîne). La fenêtre d'altitude est donc de 700-300 mètres maxi. L'estimation des surfaces en km2 concerne donc l'enneigement global du glacier, qui était déjà très faible au début du siècle (6,5), et qui ne varie que très peu saisonnièrement en zone tropicale par rapport aux glaciers des zones tempérées.
  14. Lindzen pense surtout que les modèles du GIEC sont faux, que leur surestimation considérable de la sensibilité climatique au doublement CO2 repose sur du vent et que la rétrovalidation sur les données du XXe siècle est médiocre (elle "marche" plus ou moins bien, pas très bien pour 1950-80 d'ailleurs, parce qu'on ajuste les principales incertitudes - aérosols en premier lieu - selon les PDF les plus représentatifs ; c'est-à-dire que l'on colle à la réalité par des choix de mesures ad hoc dans un cadre très rudimentaire par rapport au fonctionnement réel du système climatique). Lien [pdf] vers une synthèse récente et accessible des critiques de Lindzen : http://meteo.lcd.lu/globalwarming/Lindzen/...mate_claims.pdf Sur Leroux, je laisse parler ceux qui le connaissent mieux.
  15. charles.muller

    LE GIEC...

    En même temps, dès le premier rapport (page xi de l'édition Cambridge, 2e paragraphe du résumé scientifique), on lit que les émissions humaines augmentent les GES et qu'il en résultera nécessairement un réchauffement. Indirectement, cela revient au même. Je ne puis te dire si des études décisives ont été faites entre 1991 et 1995, mais j'en doute un peu. En tout état de cause, le schéma choisi par le GIEC est déjà celui que Hansen (par exemple) défend dans son papier séminal de Science en 1981. Dès le départ, l'idée sous-jacente est que l'homme est en train de modifier le climat et qu'il faut faire quelque chose. Les évolutions de la formulation (1990 : l'effet des GES humain est peut-être noyé dans la variabilité naturelle ; 1995 : un faisceau d'indices suggèrent que l'influence des GES humains est perceptible ; 2001 : il est plus que très fortement probable que les GES humains sont à l'origine du réchauffement, etc.) tiennent à la fois : a- à l'évolution des températures depuis 1980 qui est effectivement à la hausse et qui conforte le préjugé de base ; b- au succès médiatique du thème du réchauffement planétaire qui crée des pressions pour désigner rapidement les "vrais coupables" (nous) ; c- à l'obligation que ressent le GIEC de satisfaire à sa mission politique en désignant clairement des responsables et surtout des solutions ; d- au fait que les polémiques alarmistes / sceptiques ont commencé très tôt et que le GIEC est de toute façon considéré rapidement comme le porte-voix de l'alarmisme plus que le reflet fidèle de la communauté des climatologues. Ce que tu signales toi-même est très révélateur : la CCNU sur le changement climatique a déjà tiré ses conclusions à peine deux ans après le premier rapport, à une époque où la question est objectivement indécise (elle l'est encore maintenant après les années très chaudes 1995-2005). Il faudrait aussi creuser ce qui s'est passé en 1986-1988 et qui a poussé le G7 à demander la création du GIEC. Quel pays en a fait la proposition ? Sur quelle base ? Quelles étaient les délibérations des grands de ce monde et pourquoi le climat est devenu important à cette date (où l'on sortait à peine d'un léger refroidissement) ? J'ai lu quelque part, mais je ne pourrai hélas donner de références précises, que les Américains ont plutôt mené la danse et que l'épisode traumatique déclencheur a été chez eux les sécheresses exceptionelles du milieu des années 1980 (1987-89, surtout 1988). A cette époque, l'idée d'une responsabilité humaine dans le phénomène avait connu un vif regain d'intérêt. Le témoignage de Hansen (au Sénat ou à la Chambre, je ne sais plus) avait marqué durablement les esprits. Réf. Hansen, J., D. Johnson, A. Lacis, S. Lebedeff, P. Lee, D. Rind, and G. Russell 1981. Climate impact of increasing atmospheric carbon dioxide. Science 213, 957-966.
  16. Non, c'est la carte des anomalies 1965-2005 (en haut à gauche) par rapport à la moyenne 1951-80 (qui est celle choisie par le GISS comme référence, même aujourd'hui). J'ai pris les quatre dernières décennies en référence à ce que disait la brève de Futura Sciences. A ce propos, l'ami Richard G. Taylor m'a envoyé son papier (des GRL, sur les monts Rwenzori ou Ruwenzori en français je crois). Je confirme que l'annonce de 0,5°C par décennie est à demi-bidon. L'article la mentionne sur la base de stations météotologiques de l'Ouganda (Est des monts Ruwenzori), mais précise tout de suite qu'elles ont des "trous" et ne sont pas sur une très longue durée. S'ensuit une estimation plus raisonnable de 0,15°/décennie entre 1965 et 1998, mais qui semble encore fort élevée par rapport aux bases GISS ou CRU. Par ailleurs, l'auteur n'a aucune mesure en altitude (là où la fonte s'exerce, au-dessus de 4500 m) et la déduit simplement en supposant l'homogénéité thermique sol-troposphère. C'est particulièrement mal venu puisque les Tropiques sont la seule latitude où les satellites et la radiosondes sont encore d'accord pour dire que le réchauffement a été moindre en tropo qu'en surface ! Enfin, comme je le supposais, un rappel des données montre que la fonte du Ruwenzori, comme celle des autres glaciers tropicaux, est un mouvement régulier depuis pas mal de décennies. La première mesure est ici en 1906 et cela donne (en km2) : 1906 : 6,5 1955 : 3,81 1987 : 2,11 (+/-0,56) 1990 : 2,01 (+/-0,11) 1995 : 1,50 (+/-0,36) 2003 : 0,96 (+/-0,34) Les deux tiers des glaciers avaient déjà disparu entre le début du siècle et le début des années 80, soit une moyenne de 0,55km2/décennie. On est à peu près dans la même fourchette sur les 20 dernières années, qui ne signent donc pas une accélération foudroyante du phénomène. Hélas, les glaciers tropicaux d'Afrique sont mal partis pour les prochaines décennies, sauf retournement de l'humidité et des flux (premier critère d'enneigement). Mais faire du CO2 anthropique le principal coupable n'est pas solidement établi sur les faits. Dommage de faire de la politique sur le dos de l'Afrique. Mais vu que Taylor signe des papiers dans le "New Internationalist", qui ne doit pas être très peer-reviewed, on peut craindre que son engagement soit co-extensif à son objet d'étude...
  17. charles.muller

    LE GIEC...

    Merci de penser à moi... mais ce n'est pas forcément la bonne pioche ! En effet, la critique du GIEC comme organisme me motive bien moins que l'examen des travaux de recherche. Sur le fonctionnement du groupe I, je me permets de te renvoyer à mon site, rubique "le GIEC et ses méthodes". Tu y trouveras diverses critiques (référencées) de chercheurs que j'ai traduites (et je te donne par la présente tous les droits de reproduction, même sans mention d'origine si cela est gênant). Le dernier livre de Leroux (Global Warming, Myth or Reality, Springer 2005) comporte de larges sections consacrées à la critique du GIEC. Il n'est hélas pas traduit et assez cher, mais doit être consultable en bibliothèque. Dans un domaine un peu ancien (GIEC époque 2e rapport), on trouve une collection de critiques ici : http://www.sepp.org/ipcccont/ipcccont.html Sur le budget, j'avais recherché à un moment sur leur site, mais je n'avais rien trouvé de très synthétique à l'époque. Peut-être est-ce plus transparent maintenant ? * Mon avis personnel sur le GIEC est simple : il a pour qualité d'offrir de vastes synthèses sur la science climatologique du moment ; il a pour défauts de rechercher à tout crin le consensus (non reflet de la diversité de la recherche, atténuation des conflits de mesures ou d'hypothèses), d'être orienté (par obligation statutaire) sur l'évaluation des risques et non sur l'évaluation du climat, de ne pas avoir un processus peer-reviewed à proprement parler, de ne pas être transparent dans le choix des auteurs et reviewers principaux, de sélectionner / privilégier dans certains domaines les recherches qui l'arrangent (la courbe de hockey comme exemple classique du troisième, à mon avis la révision à la baisse du forçage solaire dans le quatrième), d'être prisonnier de son mandat politique en amont et de sa surface médiatique en aval. Si tu en as le temps, je te suggère fortement de faire un petit questionnaire français / anglais et de l'envoyer par mail à des chercheurs internes ou externes du GIEC. S'il n'y a pas plus de 3-4 questions avec des réponses courtes (2-3 lignes), tu as des chances d'avoir un bon taux de retour. Le plus long est de trouver les mails de chaque chercheur.
  18. A quel type de "rétroactions négatives" penses-tu ? Des rétroactions qui seraient liées aux GES eux-mêmes ou à l'activité industrielle humaine en général (type aérosols) ? * Si tout le monde est d'accord pour dire qu'il y a réchauffement, le nombre de facteurs explicatifs est de toute façon limité. Il y en a trois* à ma connaissance : - la variabilité chaotique (la dynamique propre du système ouvert et complexe qu'est le climat terrestre) - le forçage par rayonnement (solaire + cosmique + géomagnétique) et ses rétroactions - le forçage par GES et ses rétroactions Le jeu est d'attribuer à chaque facteur un poids dans le réchauffement récent. D'après ce que j'ai lu, la tendance dominante (type GIEC) est d'attribuer un poids moindre aux GES entre 1860 et 1980, puis un poids croissant au point de devenir largement prépondérant entre 1980 et 2005. Mais il faut encore ajouter à cette estimation un autre facteur, négatif, le forçage par aérosols. Dans la mesure où les aérosols refroidissent, il ne peuvent bien sûr expliquer le réchauffement sur toute la période considérée. En revanche, une variation significative d'aérosols à la baisse au sein de cette période peut expliquer en partie le réchauffement récent. (*) Il faudrait ajouter comme forçage à part entière les variations d'usage du sol (extension agricole, déforestation) dont il a été montré que les effets locaux sur les températures sont parfois supérieurs à ceux des GES et suggérés que ces effets peuvent aussi être globaux, par variations de la composante tropicale de la circulation générale (Feddema et al. 2005). Mais ce forçage ne joue pas vraiment au niveau global, car les variations d'usage du sol semblent plutôt pousser à la hausse des T en région tropicale et à la baisse des T en latitudes moyennes. Leur importace régionale ne sera toute fois pas négligeable à l'avenir.
  19. Sur ce point, je ne suis pas trop d'accord. (Décidément, mon jeu est bizarre et j'argumente contre le camp sceptique /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20"> ) a- Ce qui est exact, c'est que les forages glaciaires montrent un décalage dans le passé entre la hausse des températures et la hausse du CO2. La première intervient toujours plusieurs siècles avant, ce qui montre que le CO2 n'est pas l'initiateur de la hausse, mais éventuellement son amplificateur. Par ailleurs, toujours sur ces reconstructions, il y a des hausses et des baisses notables des T (à l'échelle de la décennie ou du siècle) sans évolution notable des GES sur la même période. b- Le schéma du réchauffement actuel n'est objectivement pas le même, puisque le décalage de plusieurs siècles n'existe pas et que la hausse GES / T est simultanée. Par ailleurs, à la hausse des GES éventuellement due à la sortie du PAG par variabilité naturelle s'ajoute tout aussi objectivement la hausse importante des émissions humaines dues à l'industrie et à l'agriculture (aussi bien sûr à la démographie, facteur-clé trop peu cité). c- Quantitativement, les concentrations de GES sont aujourd'hui plus élevées que dans toutes les époques passées du quaternaire (sauf si l'on me fournit une preuve contraire). d- Théoriquement, tout le monde reconnaît qu'une hausse des GES atmosphérique entraîne une hausse des T, en raison du blocage des fenêtres du rayonnement sortant (le schéma classique de l'effet de serre, sans lequel notre planète ne serait guère vivable). e- On doit donc conclure que la hausse récente des GES (en grande partie anthropique) participe d'une manière ou d'une autre à la hausse des T, la question étant de savoir dans quelle proportion elle y participe.
  20. charles.muller

    La banquise

    Retour sur la banquise. A signaler : cette récente synthèse sur les glaces de mer Arctique et Antarctique vues par les satellites. Vinnikov, K.Y., Cavalieri, D.J. and Parkinson, C.L (2006), A model assessment of satellite observed trends in polar sea ice extents, Geophysical Research Letters, 33, 10.1029/2005GL025282. On peut la télécharger (pdf) à cette adresse : http://www.atmos.umd.edu/~kostya/Pdf/seaice.trnds.pdf Le schéma ci-dessous montre l'évolution. On notera une probable erreur dans l'Hémisphère Sud - Antarctique (en bas) au début des mesures, car il y a une chute dramatique entre 1968 et 1974. En revanche, la tendance 1974-2004 est plutôt à la hausse en HS-Antarctique, alors qu'elle est clairement à la baisse dans l'HN-Arctique. Il semblerait décidément que les deux hémisphères n'évoluent plus au même rythme dans la phase récente. Concernant l'Arctique, les auteurs affirment : "Dans l'hémisphère Nord, les observations montrent un déclin statistiquement significatif de l'extension des glaces de mer et une accélération de leur retrait au cours des trois dernières décennies. Cependant, d'après la variabilité naturelle modélisée de la glace de mer en simulations de contrôle, nous concluons que cette accélération n'est pas statistiquement significative et ne devraient pas être extrapolée vers l'avenir". Du côté de ce modèle, pas d'affolement donc. Nous verrons d'ici quelques années qui avait raison.
  21. Me voilà débordé sur mon aile sceptique /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20"> Si j'admets ces deux points comme non contestables, c'est parce que : a- je n'ai lu aucune étude montrant qu'un surcroît de GES dans l'atmopshère est sans effet sur les températures ; b- je n'ai lu aucune étude montrant que les forages glaciaires Arctique + Antarctique sur la composition de l'atmopshère sont biaisées ; c- je n'ai lu aucune étude montrant que les mesures actuelles des GES atmosph. sont fausses. Mais si de telles études existent, je suis preneur.
  22. Je me suis peut-être mal exprimé : la fourchette totale des prévisions 2100 (incertitude externe des scénarios + incertitude interne des modèles) n'a pas sensiblement évolué en 17 ans. Nous sommes à 1,5-5,8°C en IPPC 2007 (65% de confiance), contre 2-5 °C en IPCC 1990. Difficile de considérer cela comme un progrès décisif, malgré 17 années de raffinement. Les valeurs basses ont baissé, les valeurs hautes ont monté et il y a encore une chance sur trois que ces valeurs ne signifient pas grand chose. Ce qu'on voit apparaître est une estimation plus précise de la sensibilité climatique avec 3°C comme valeur la plus hautement probable. Ce qui me semble à nouveau contestable, mais je prépare un papier détaillé sur cette question, avec synthèse de toutes les estimations de la sensibilité climatique par des équipes indépendantes depuis une quinzaine d'années.
  23. Dans une autre discussion sur la banquise, où mon propos était donc devenu hors-sujet, je proposais un petit jeu sceptique : que chacun énonce des propositions climatiques qui lui paraissent incontestables. Je vais jouer à mon propre jeu à l'envers et faire une première liste de propositions qui me semblent contestables (en fait, qui ont été contestées) et qui dès lors sont dignes d'aiguiser l'esprit sceptique / critique d'une personne intéressée par le climat. Attention : je ne dis pas que les propositions suivantes sont fausses, mais qu'il existe un débat chez des chercheurs. Donc, si l'on considère les travaux peer-reviewed comme le seul guide à peu près fiable, que l'on est obligé de considérer ces questions comme méritant approfondissement. D'un point de vue sceptique, cela signifie que l'on doit suspendre son jugement en attendant de nouvelles données. Pour le dire autrement, chacune de ces propositions est peut-être vraie. Mais on ne peut pas la considérer comme telle aujourd'hui. Je ne souhaite pas lancer ici une grande discussion sur chacun de ces points. Si l'on considère qu'il sont "incontestables" au lieu de "contestables", il suffit simplement de citer le document de référence où les scientifiques montrent que les anciennes objections sont désormais caduques et tombent enfin d'accord (colloque, synthèse, rapports collectifs, etc.). Je lirai ce document avec plaisir et ferai part le cas échéant de mon accord. De mon côté, je ne cite pas de références précises mais ceux qui me lisent reconnaîtront pas mal de points déjà abordés et pourront retrouver les références que j'avais citées alors. Le cas échéant, si vous doutez (ce qui est légitime ) qu'il y ait vraiment débat, je vous citerai les études concernées dont les conclusions permettent de penser que la proposition est discutable. Avant cela, je précise ce qui me paraît incontestable : - La Terre se réchauffe (en moyenne globale) depuis le début des mesures récentes (1860). - Les activités humaines, et notamment les émissions de GES, ont une part dans ce réchauffement. - Les concentrations de GES dans l'atmosphère sont supérieures à celles que l'on a connu depuis 700.000 ans. Il y en a sans doute d'autres, mais vous allez sûrement me le suggérer. Voici en revanche des propositions qui me paraissent en débat. Le réchauffement récent est clairement corrélé à l'ère industrielle Contestable : plusieurs courbes de reconstruction montre que le réchauffement récent s'est amorcé depuis deux à quatre siècles, à une époque où les productions de GES étaient encore très négligeables. Les reconstructions des modèles eux-mêmes montrent que la variabilité climatique jusqu'aux années 1970-80 n'est pas très différente de la variabilité naturelle. Le réchauffement depuis 1850 est exceptionnel dans le dernier millénaire Contestable : plusieurs courbes de reconstructions montrent une variabilité assez forte sur 1000 ans, notamment avec un petit âge glaciaire descendu assez bas. Le réchauffement du XXe siècle paraît certes plus important que celui d'autres siècles, mais l'adjectif "exceptionnel" est en tout état de cause très exagéré. Dans plusieurs régions, notamment dans l'hémisphère Nord, des reconstructions paléoclimatiques locales trouvent des températures plus élevées lors de l'Optimum Médiéval. Les réchauffements abrupts, dont témoigne aujourd'hui l'évolution de l'Arctique, sont sans précédent dans les époques récentes Contestable : plusieurs études ont conclu que le cercle arctique a été plus chaud qu'aujourd'hui au cours du Holocène, avec des réchauffements plus rapides encore au Dryas. Les modèles ont atteint un degré de précision suffisant pour que l'on accepte leurs conclusions et prédictions Contestable : sur le détail, il existe d'importantes discussions sur presque tous les paramètres des modèles actuels (sensibilité climatique, estimations des différents forçages passés et présents, avec des variations importantes), sur la manière dont ils reproduisent le cycle de la vapeur d'eau et de la nébulosité, sur la fidélité avec laquelle ils reproduisent le circulation générale, etc. Le rythme du réchauffement récent (1980-2005) est nettement supérieur à celui de 1920-40 Contestable : des différences de l'ordre des centièmes de degré ne permettent pas de statuer sur un "net" décalage. Le rythme actuel est simplement plus élevé, de 0,03 à 0,06 °C/ décennie, ce qui est finalement assez peu. On peut quantifier la part du CO2 dans le réchauffement récent (1980-2005) Contestable : il faudrait pour cela que les modèles soient plus précis et plusieurs études citent des variations de forçages radiatifs (aérosols, insolation, nébulosité) depuis 1980 plus importantes que celles associés aux GES. La notion de budget radiatif, privilégiée par le GIEC, est encore dans son enfance pour ce qui est de la précision de chaque entrée du budget. Le rayonnement solaire / cosmique passé et présent est correctement pris en compte dans les modèles Contestable : de nombreux auteurs pensent que ce n'est pas le cas, et avancent dans leurs travaux des mesures convaincantes sur les corrélations rayonnement / température depuis 150 ans (et plus généralement, depuis 400 millions d'années, ce qui n'est pas le cas pour le CO2). On connaît l'effet exact du CO2 sur les températures Contestable : on sait seulement "sur le papier" qu'un doublement CO2 produit 1,1 à 1,2 °C de hausse, donc que 30% de hausse depuis 1750 ont dû produire 0,3 à 0,4 °C de hausse sur cette durée. Mais les rétroactions positives liées au GES restent pour l'instant du domaine de l'estimation (par des modèles entachés d'incertitudes sur cette question). Le réchauffement récent est global au sens où il est significatif sur la majeure partie des grilles climatiques Contestable : la base CRU le juge statistiquement significatif entre 1979 et 2003 dans moins de 20% des grilles du globe. La variabilité de tout l'hémisphère Sud ne diffère guère pour le moment d'une variabilité naturelle. L'effet urbain sur les mesures du réchauffement de surface est nul ou négligeable Contestable : la seule étude massive sur des données homogénéisées montre une différence de tendance rural-urbaine égale à 20-30% du réchauffement constaté sur un siècle (aux Etats-Unis, zone de l'étude). Le reste est discussion de détail sur des petites séries (parfois non homogénéisées), avec des résultats contradictoires. Surface et troposphère se réchauffent comme le prévoient les modèles Contestable : malgré une amélioration progressive des mesures, les données du réel et celle des modèles ne correspondent toujours pas aux Tropiques (point évidemment important de la circulation générale). En revanche, elles sont désormais nettement mieux accordées ailleurs. La hausse du niveau des mers s'accélère depuis 20 ans Contestable : les marégraphes ne trouvent pas d'accélération, les satellites ne sont pas encore calibrés sur un assez long terme de l'aveu même de certaines équipes en charge de traiter leurs données. Les pôles fondent de plus en plus vite ce qui va entraîner une hausse plus rapide que prévu du niveau des mers Contestable : la plus grande confusion règne sur les évaluations de l'Arctique, notamment sur la principale réserve qu'est le Groenland (qui gagne pour certains et perd pour d'autres). Sur l'Antarctique, la majeure partie des études considère que le bilan est globalement nul depuis 50 ans. La fonte des glaciers est due pour l'essentiel au réchauffement anthropique Contestable : cette fonte a été amorcée lors de la sortie du petit âge glaciaire, à l'époque où l'on reconnaît que la variabilité naturelle dominait largement. Elle se continue depuis 150 à 300 ans selon les zones. Il faut aussi ajouter qu'une petite minorité de glaciers augmentent (Scandinavie par exemple). Les cyclones ont augmenté en nombre et en intensité depuis le réchauffement récent Contestable : leur nombre n'a pas changé et les spécialistes ne sont pas d'accord sur l'intensité (ni sur son évaluation, ni sur son lien aux SST ou à la stratosphère). Les tempêtes tropicales ont augmenté de manière significative du fait du réchauffement récent Contestable : comme pour les cyclones, plusieurs études n'ont pas retrouvé d'augmentation de leur nombre et leur intensité clairement associée aux deux phases de réchauffement du siècle passé (1910-40 et 1980-2005). Les prévisions des modèles pour 2100 gagnent au moins en précision Contestable : de 1990 à 2007, les marges d'incertitude dans l'estimation des températures 2100 n'ont pas sensiblement varié.
  24. charles.muller

    La banquise

    Torrent ayant publié la meilleure réponse possible /emoticons/tongue@2x.png 2x" width="20" height="20"> je n'ai pas grand chose à ajouter sur ce point. En restant dans les généralités, je dirai surtout que l'on est sceptique au niveau d'action et de réflexion qui est le sien. Sur un domaine donné, un lecteur, un observateur et un chercheur n'ont pas le même degré de connaissance et ne formulent donc pas le même type d'objection. Cela ne les empêche pas sur le principe d'être sceptique sur le corpus de base de leur lecture, observation ou recherche. Le tout est de vouloir progresser sur ses doutes, donc de reconnaître ensuite la hiérarchie des arguments et des propositions. Dans cet exemple, un chercheur est mieux placé que quiconque pour répondre à des doutes sur son domaine de recherche. On ne peut alors être légitimement sceptique que s'il existe plusieurs chercheurs dont les conclusions sont en contradiction sur un même sujet. On pourrait s'amuser à un jeu : énoncer les propositions sur le réchauffement climatique actuel où il n'existe aucun motif raisonnable de douter.
  25. charles.muller

    La banquise

    Mon propos n'était pas ici une réflexion épistémologique approfondie (sur la qualification des incertitudes selon les champs ou les méthodes scientifiques). Il est donc "facile" si tu veux : le simple rappel qu'une hypothèse présentée comme ultradominante dans un domaine donné peut toujours faire l'objet de révisions importantes, et parfois déchirantes. Dans le cas de la climatologie, il est en effet très peu probable qu'une nouvelle mesure apporte une telle révision, comme c'est très probable en cosmologie. Le pb de la climatologie, c'est plutôt qu'on a des amplitudes somme toute assez faibles, avec des mesures somme toute assez imprécises, sur des séries (de mesure) somme toute assez courtes. Et que tout cela tourne dans des modèles somme toute assez rudimentaires par rapport à la complexité du système modélisé. Qu'il en sorte des hypothèses intéressantes, je n'en doute pas. Mais des conclusions robustes, j'ai justement... un doute Oh que non ! Pour sentir le vent tourner, il faudrait que je sente la climatologie progresser. Or ce n'est pas vraiment le cas et la mouture 2007 de l'évangile selon saint IPCC n'est pas encore la version qui parviendra à me convaincre. Il manque peut-être des idées... fraîches. /emoticons/biggrin@2x.png 2x" width="20" height="20">
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