
charles.muller
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Oui, il y aurait beaucoup à dire... Je n'ai pas encore lu l'étude en question, mais cela fait un certain temps déjà que les glaciologues ont conclu que l'évolution des glaciers tropicaux ne doit pas tant à celle des températures de l'air qu'à celle de l'humidité, de la nébulosité et de l'insolation. Par ailleurs, leur retrait est amorcé depuis le milieu du XIXe siècle, la majeure partie des pertes s'est tenue avant le réchauffement récent et le processus n'a montré aucun ralentissement sensible en période de refroidissement global (1950-80). Quant à la croissance de température de "0,5°C tous les dix ans" depuis quatre décennies en Afrique (article de Futura Sciences), elle m'étonne beaucoup. Soit il s'agit d'une faute de frappe, soit il s'agit de variations très locales déconnectées du réchauffement global (et même africain). Sur la carte ci-dessous (région des glaciers africains entourée en rouge), on constate une variation de 0,2-0,5 °C sur toute la période concernée. Et l'on sait de toute façon que l'Hémisphère Sud s'est bien moins réchauffé que l'Hémisphère Nord.
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Les variations de l'activité solaire
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Concernant l'ionisation de l'atmosphère dans les différentes couches, on trouve le calcul d'Usoskin dans son article de 2004 ici (en pdf) : http://cc.oulu.fi/~usoskin/personal/JASTP_published.pdf En substance, les étapes importantes sont les suivantes : - calcul du flux entrant au sommet de l'atmosphère, selon sa double modulation par les variations d'irradiance solaire et de géomagnétisme ; - calcul du rayonnement secondaire dans l'atmosphère (cascade électromagnétique et nucléaire) ; - validation de ces calculs par les mesures (quand elles existent). Par rapport à ce qui a été dit jusqu'à présent, le point important est le second. Le rayon cosmique primaire, composé pour l'essentiel de protons et particules alphas (2 protons et 2 neutrons), connaît une série importante de transformations lorsqu'il traverse l'atmosphère terrestre pour atteindre (parfois) la surface. D'une part, il y a dissipation progressive de l'énergie. D'autre part, le rayon cosmique secondaire (visible sous forme de gerbes de réactions particulaires à l'azote et à l'oxygène) est surtout composé d'électrons, de muons, de hadons et de gammas. Ce sont les réactions à ces rayons secondaires qui provoquent des variations d'ionisation dans les basses souches (puis de nébulosité). Il faut ajouter à cela que le rayonnement cosmique n'est pas identique partout sur terre, avec des effets de variations selon les latitudes (intensité moindre à l'équateur 40°S-40°N du fait du géomagnétisme) et les pressions atmosphériques (intensité inversement proportionnelle à la pression). -
Ma foi, décrire la nature aux enfants et leur expliquer comment elle "fonctionne" me paraît une excellente iniative ! (Méfiance tout de même dans les vergers, qui n'ont généralement rien de "naturel" dans les espèces et le mode de croissance Mais c'est aussi une bonne occasion d'expliquer les interactions homme-environnement et de distinguer la nature artificialisée de la plupart nos paysages). Sur la seconde partie de ton message, entièrement d'accord avec l'absurdité d'un doute hyperbolique délirant et la remise en cause infantile de tout ce qui a été fait avant soi. Mais heureusement, l'hypothèse du réchauffement anthropique n'entre pas dans ce cas de figure. Si l'on regarde les choses avec objectivité, on peut dire que c'est une hypothèse récente dans l'histoire des sciences, fondée sur des mesures souvent incertaines faites avec des instruments ayant beaucoup varié sur la période de référence, aboutissant parfois à des contradictions entre le réel et la prévision, projetant sur la base de modèles qui reconnaissent leur limites et incertitudes, possédant au moins une grande hypothèse concurrente (influence plus décisive ou aussi décisive du rayonnement), etc. etc. Bref, on est dans une situation où notre étudiant-chercheur, s'il n'a pas peur de manquer de crédits, peut exercer un scepticisme de bon aloi. Regarde l'hypothèse du Big Bang : cela fait quanrante ou cinquante ans qu'elle a pignon sur rue, qu'elle a été déclinée sous tous les modes (de la BD pour enfants aux calculs les plus sophistiqués), qu'elle agrée une majorité de chercheurs, qu'elle est entrée dans l'esprit du grand public... et l'on trouve pourtant tout à fait normal qu'elle soit remise en cause dans ses détails ou sa globalité par un nombre croissant d'astrophysiciens, sur la base de mesures incompatibles ou d'inconnues trop fortes (cf. le dossier récent de Science & Vie par exemple). Ce régime normal de la science doit s'appliquer à la climatologie. PS : non seulement je n'exclus pas une éventuelle confirmation de l'hypothèse du réchauffement anthropique (ce que mon scepticisme exige), mais je l'envisage très sereinement.
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Pas très évident à savoir, car les bases de données de chaque type de cyclones sur chaque bassin sont assez inaccessibles (du moins, je n'ai pas réussi à trouver de bases claires, année par année et catégorie par catégorie). Le schéma ci-dessous est de Webster 2005, qui est partisan de la thèse de l'accroissement d'intensité des cyclones en période de réchauffement. Il montre plutôt un pic (en nombre) pour 1990-94. Mais les données avant 1985 sont très discutées, car les méthodes d'évaluation de l'intensité ont changé. Et ces évaluations de Webster ont été contestées en globalité (par Landsea et Gray) ou sur certains bassins (par Chan). De toute façon, cette analyse ne distingue pas les catégories 4 et 5. Quelqu'un connaît-il une base de données qui permettrait de répertorier facilement les catégories 5 (au moins dans un bassin pour commencer, si possible sur le globe bien sûr) ?
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Réchauffement et récifs coraliens
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
Cette étude confirme ce que l'on soupçonnait déjà, à savoir que les récifs relativement isolés dans les archipels souffrent davantage que les autres. A titre de comparaison, la grande barrière australienne n'avait perdu que 3% de ses coraux au El Niño 98 (et un tiers de cette perte est déjà rétablie). Il y a quelques incohérences entre les mesures. Dans le dernier rapport du Global Coral Reef Monitory Network, il est dit que 41% des coraux de l'Océan Indien ont été blanchis en 1998, dont la moitié s'est rétablie depuis. Dans leur texte, Graham et al. affirment que 75-99% des coraux ont été perdus dans le même océan, sur la base d'une étude de 2000. Il faut au minimum accorder ces chiffres, qui varient du simple au double pour les pertes 1998. Un autre point : entre 1994 et 2005 (les deux termes de l'étude), les macro-algues ont été multipliées par sept aux Seychelles et se sont incrustées sur presque tous les récifs. S'il s'agit d'algues molles (concurrentes et non symbiontes des coraux comme les micro-algues type zooxanthelles), ce qui n'est pas précisé, cette invasion a sans doute joué un rôle important dans l'étouffement du biotope corallien, en monopolisant la photosynthèse des eaux de surface. Sinon, que les poissons coralliens aient déserté un récif mal en point est logique (mais cette disparition locale ne signifie heureusement pas extinction globale). Ultime précision : l'étude de Graham a été faite sur un périmètre de 50 km2, ce qui est assez faible et ne permet pas de distinguer clairement entre phénomène local et tendance globale. Dans le seul Océan indien, les récifs coralliens occupent un minimum de 5200 km2. J'en conclus donc que les récifs des Seychelles étudiés dans ce travail sont mal en point depuis l'épisode El Nino 1998. Mais que ce même travail n'est certainement pas suffisant pour tirer des conclusions généralistes sur le CO2 atmosphérique, comme le fait l'auteur principal, Nick Graham. Ce n'est pas la première ni la dernière fois qu'un chercheur fait ainsi le grand écart entre le contenu concret de son étude et les déclarations à la presse... PS : on peut se procurer l'étude en écrivant au service de presse de l'Université Newcastle/Tyne : press.office@ncl.ac.uk -
On en a déjà discuté ailleurs et il ressortait notamment de la discussion que dans les années récentes, le lobby nucléaire anti-CO2 dépensait plus aux EU que le lobby pétrolier pro-CO2. Je crois que c'est sans intérêt scientifique, cette question des lobbies, et que ceux qui l'agitent pour des raisons politiques devraient se méfier de la réalité des chiffres concernant les mouvements de fonds affectés à la "propagande" climatique (c'est-à-dire à la communication autour des travaux scientifiques, pas aux travaux eux-mêmes). Que la pensée écologiste ait souvent flirté avec des positions très très peu humanistes, c'est notoire pour qui s'intéresse à l'histoire des idées. Pour un exemple récent et très médiatisé, voir le gourou James Lovelock, qui prédit pêle-mêle la "revanche de Gaïa", un risque de réchauffement pour 100.000 ans, la disparition d'une partie de l'humanité et la nécessité urgente d'investir dans le nucléaire... De mémoire, le même Lovelock avait constaté que Tchernobyl était une bonne chose pour la biodiversité. Quant aux groupes extrémistes de l'écologie profonde, ils existent bel et bien (et leur discours est d'ailleurs très cohérent : si l'humanité est le superprédateur responsable de la sixième extinction, et si l'on place la diversité du vivant au-dessus de tout, eh bien... la conclusion s'impose d'elle-même). Quant aux critiques de certains groupes écologistes installés (type Greenpeace) comme machines à faire du pognon et du spectacle, elles existent même au sein des écologistes. La question n'est donc pas d'être "demeuré", mais d'éviter de peindre le monde en noir et blanc, surtout avec une peinture qui s'écaille vite. Il est évident que la majorité des militants écologistes sont animés des meilleures intentions du monde. Il est non moins évident que l'écologisme comme idéologie politique et/ou comme lobby a pas mal de défauts et d'incohérences. Au moins, c'est plus franc que de se définir comme "objectif" tout en évacuant ce qui gêne. Voir par exemple la technique Jancovici (manicore.com) qui se prétend humblement le simple reflet de la recherche en cours, mais qui omet de signaler tous les débats réels de cette même recherche sur les questions climatiques. Le même Jancovici étant par ailleurs juge et partie (en tant que consultant pour le nucléaire), son vernis d'objectivité fait plutôt sourire. Sinon, pour prendre un peu de hauteur, il faudrait m'expliquer pourquoi le scepticisme et l'objectivité sont incompatibles, du point de vue "philosophique" si l'on veut. Depuis Pyrrhon et Sextus Empiricus, le sceptique est celui qui met toute connaissance ancienne ou nouvelle à l'épreuve du doute systématique : doute sur la véracité des faits constatés ou rapportés dans un premier temps, puis doute sur la véracité du raisonnement qui ordonne les faits avérés. Avec suspension du jugement s'il n'existe pas assez d'éléments pour conclure. Cela me semble une belle école (philosophique) de probité et d'effort. Si l'humanité avait été un peu plus sceptique, on le lui aurait pas raconter des bobards (parfois meurtriers) pendant des milliers d'années... Quant à la science, elle est une entreprise naturellement sceptique dans son mode de fonctionnement intellectuel : vérification permamente des mesures, critique permanente des hypothèses en cours, réflexion permamente sur les théories établies. Un étudiant ou jeune chercheur qui aurait en tête "tout ce qui a été dit avant moi est merveilleusement exact, je vais me contenter de le confirmer" devrait rapidement changer de vocation (et entrer dans les ordres, par exemple).
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Les variations de l'activité solaire
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Euh... je suis un peu perdu dans tous ces graphiques. a- Sauf erreur, tout le monde est à peu près d'accord sur la corrélation négative entre intensité de l'irradiance solaire et l'intensité du rayonnement cosmique entrant (plus de rayonnement solaire > moins de rayonnement cosmique et inversement). b- Où en est-on sur la corrélation rayonnement cosmique / nébulosité basse ? Il y a un message de Williams qui montre plutôt une corrélation positive (en haut de page, les séries de courbes noires qui commencent par les données University of Chicago Climax) et un autre de Meteor qui ne la retrouve pas du tout (courbes faites à partir des données ISCCP / Climax sur 1983-2004). Plus les travaux de Ususkin 2004 (courbes reproduites en bas de la première page de ce post), qui la retrouve mais sur une base un peu différente (indice d'ionisation en basse couche). -
Les variations de l'activité solaire
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Dans une recherche que j'avais citée plus haut et qui est consultable intégralement (ref. en dessous), les auteurs avaient fait un calcul de corrélation du taux de nuage bas (LCA) non pas avec les tâches solaires, mais avec l'indice d'ionisation de la troposphère induit par rayonnement (CRII), qui a été calculé depuis 1951. Ils avaient choisi la couche 0-3 km de l'atmosphére. Je pense que cette ionisation atmosphérique dépend en partie seulement de l'activité solaire qui la module selon les cycles de 11 ans (graphique de Meteor), mais aussi d'autres facteurs : les variations du rayonnement cosmique lui-même (en intensité et en nature de particules) + celles du géomagnétisme (puisque le champ magnétique terrestre dévie les trajectoires des particules et qu'il n'est pas constant, plutôt en déclin global depuis 150 ans ce qui devrait augmenter la quantité de rayonnement entrant). Concernant la question du rayonnement cosmique ionisant atteignant la surface (Meteor), j'avais lu quelque part qu'il représente environ 10% du rayonnement entrant total, le reste étant intercepté par les différentes couches de l'atmosphère (mais ces réactions crééent elles-mêmes un léger rayonnement secondaire). Les auteurs de l'étude ont aussi analysé la variabilité de la corrélation selon la latitude (pôles exclus). Leur conclusion est que la corrélation LCA/CRII s'accroît à mesure que l'on se dirige vers les pôles (0,61 aux tropiques, 0,90 en latitudes moyennes). Ref. http://arxiv.org/abs/physics/0407066 Latitudinal dependence of low cloud amount on cosmic ray induced ionization Authors: I.G. Usoskin, N.Marsh, G.A. Kovaltsov, K.Mursula, O.G. Gladysheva GRL in press -
N° de Géosciences sur l'évolution du climat
charles.muller a répondu à un sujet de gbl dans Archives
Merci pour cette référence. Il y a un article intéressant de Laurent Guillou-Frottier sur les mesures du réchauffement par les courbures des géothermes en sous-sol. L'auteur cite la synthèse de Huang 2000 à ce sujet, qui avait analysé l'évolution des températures globales depuis 500 ans sur la base de 616 forages situés sur tous les continents hors Arctique et Antarctique. On constate un réchauffement global de 1°C en cinq siècles, dont la moitié environ s'est réalisée au XXe siècle. En allant voir le papier original de Huang, j'ai trouvé ce schéma comparatif des données géothermes (courbe noire lissée avec marge d'inc. grise) et des données proxies classiques de Mann (haut, HN), Jones (milieu, HN) et Overpeck (bas, Arctique seult). On constate que les données du sous-sol ne corroborent pas du tout la crosse de hockey (Mann en haut). L'intérêt des géothermes est qu'elles ont un peu moins de "faux signaux" climatiques que les anneaux de croissance et, surtout, que l'on trouve des forages en grande quantité et bien répartis dans le monde. Il est dommage que l'on ait pas de reconstruction du MA sur ce travail, mais je vais chercher si cela a été fait après 2000. -
Les variations de l'activité solaire
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Sur la carte Courtillot 2006, la nébulosité ne figure pas. Il faut se référer aux trois cartes ISCCP 1983-2004, qui sont un peu plus haut dans le thread. Si je mentionnais cette question des nuages, c'est simplement à titre d'hypothèse pour expliquer (en partie) la forte hausse 1990-2005, alors que les variations du rayonnement ne sont plus corrélées à celles des températures. La phase récente de réchauffement serait plutôt à dominante CO2/aérosols (hausse effet de serre / baisse albédo). -
Les variations de l'activité solaire
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Oui, si j'ai bien compris (je suis en train de déchiffrer le sujet, qui n'est pas toujours simple), le schéma global est : plus d'irradiance > moins de rayonnement cosmique > moins de nébulosité basse > réchauffement La hausse de l'irradiance solaire entraîne une baisse du rayonnement dans la magnétosphère. Mais les choses semblent encore un peu plus compliquées que cela puisque les variations du géomagnétisme ont aussi leur influence, et que ces variations paraissent elle aussi conséquentes : -5%/siècle depuis 1840 (mesures directes) d'après une étude récente dans Science (Gubbins 2006, dernier numéro), par exemple, après une période plus stable (déclin modéré) entre 1590 et 1840 (mesures indirectes). Pour revenir aux corrélations des températures et du rayonnement, voici deux tableaux extraits de la conférence de Courtillot 2006 dont je parlais plus haut, et qui cite dans ces graphes un travail de Le Mouët 2005 (lui aussi Institut de physique du globe). En haut, ESK et SIT sont deux indices r (variations magnétiques régulières associées aux UV), l'indice aa est celui des variations irrégulières liées aux flux corpusculaires, W(t) représente les tâches solaires et S(t) l'irradiance totale. En bas, s'ajoute une courbe des températures (rouge, T globe). Jusqu'à la barre verticale rouge située vers 1985-1990, on constate une assez bonne association du rayonnement et des températures. La baisse 1960-75 s'explique bien (alors que les GES continuent d'augmenter), même si cette baisse est amorcée en 1945-60, alors que le rayonnement continuait de grimper (il reste donc des inconnus sur cette phase du climat récent). On voit en revanche qu'après 1985-90, les courbes décrochent, avec des températures plus nettement à la hausse que le rayonnement (qui n'atteint pas ses anciens maxima après 1990). Est-ce à ce moment que l'effet anthropique des GES prend le dessus ? Ou les variations de nébulosité, dont nous avons parlé ici, entrent-elles en jeu de manière décisive sur ces deux dernières décennies et dans ce cas, quelles en sont les causes ? Car comme Meteor le faisait justement remarquer, la nébulosité ne devrait pas spécialement baisser en phase de hausse des températures, puisque l'évaporation augmente. Pour l'expliquer, le facteur aérosol est sans doute à creuser sérieusement. On sait que les émissions d'aérosols ont baissé à partir du début des années 1980, ce qui coïncide avec le début d'une baisse de nébulosité basse assez constante. Faut-il y voir un rapport de cause à effet ? A-t-on mesuré exactement cette baisse des aérosols ou la déduit-on simpement de la modification de certaines pratiques industrielles (pots catalytiques) ? Hansen suggérait cette piste dès 1998, en surévaluant dans les calculs de son modèle le couple nébulosité forcée / irradiance. Il notait : "The main conclusion that leaps out from the bargraph is the huge uncertainty in the forcings due to aerosols (fine particles in the air) and forced cloud changes. "Forced cloud changes" refers to human-made cloud changes. Such changes, including aircraft contrails, are mainly an indirect effect of aerosols, which serve as condensation nuclei for cloud drops and can alter the brightness and lifetime of clouds. It will be impossible to interpret current climate change or predict reliably future climate unless we develop a better understanding of the aerosol and cloud forcings." C'est intéressant car si l'on est toujours dans une logique de réchauffement "anthropique", la baisse de l'effet albédo des aérosols et la hausse de l'effet de serre CO2 ne sont pas du tout les mêmes "paradigmes", ni surtout les mêmes paramétrages pour les modèles climatiques. -
Evolution des océans et des plaques tectoniques
charles.muller a répondu à un sujet de Patricia Régnier dans Archives
La salinité paraît surtout maximale (rouge) dans l'Atlantique, sur 30-60 °W (et 30°S-50°N), non ? Mais j'ignore pour ma part pourquoi elle est plus élevée là que dans les Océans Pacifique ou Indien. -
Les variations de l'activité solaire
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Sauf erreur, c'est exactement ce que je dis, et non l'inverse : albédo fort pour les nuages bas (type cumulus ou stratus) et faible pour les nuages hauts (type cirrus). L'inverse étant vrai pour l'effet de serre (faible ou nul en basse altitude, fort en haute altitude). Meteo France : L'influence de la nébulosité sur la température de la basse atmosphère est toutefois complexe : d'un côté, les nuages contribuent à l'effet de serre et donc au réchauffement de la surface terrestre, mais de l'autre ils favorisent son refroidissement par l' effet albédo qu'ils entretiennent en réfléchissant vers l'espace une part importante du rayonnement solaire . Il existe à cet égard toute une gamme de comportements suivant les genres de nuages : ainsi, les stratus tendent à refroidir la surface terrestre, car ils réfléchissent beaucoup le rayonnement solaire et émettent vers le haut de grandes quantités d' infrarouge thermique , tandis que les cirrus , qui réagissent de façon exactement opposée, inclinent au réchauffement de cette surface. Cet exemple témoigne de la probabilité d'actions en retour contradictoires de la part des nuages en cas de réchauffement de la troposphère : une température plus élevée entraînerait davantage d' humidité atmosphérique, donc davantage de nébulosité, d'où peut-être une baisse de température ; on voit ainsi qu'il n'est pas si simple qu'il y paraît de conclure à une élévation uniforme de la température en cas d'amplification de l'effet de serre. -
Données intéressantes, quoique les zones montagneuses ou côtières ne soient pas réputées les meilleures pour évaluer l'effet des ICU sur les tendances à long terme. Ces données permettent aussi d'observer le comportement des T sur de plus longues périodes. Au Säntis, on avait par exemple déjà gagné 1,1°C entre 1901 et 1950, en période où la variabilité naturelle dominait très probabement la variabilité anthropique.
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Les variations de l'activité solaire
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Je resterai d'autant plus facilement zen que je n'aurai pas à subir régulièrement des attaques personnelles sans rapport aucun avec le fond du débat. Tu m'expliques que j'enquiquine tout le monde avec mes articles et que ces forums ont été désertés depuis que j'y participe. Et tu voudrais ensuite que je garde le sourire. Il faut quand même peser ses mots avant de les poster et ne pas trop s'étonner des réactions qu'ils suscitent. Je fais pas mal d'effort pour poster ici des messages construits avec des données accessibles : il me paraît remarquablement ingrat d'en être récompensé par ce genre de commentaires. Si ton opinion personnelle selon laquelle nous sommes sur un forum d'amateur et que les données trop nombreuses entravent le débat au lieu de le nourrir est celle des animateur d'IC, qu'ils me le disent et je plierai les gaules. Publier des documents scientifiques en climatologie me paraît quand même la moindre des choses, puisqu'à la différence de la météo. des autres forums, des mesures personnelles ou des analyses locales n'apportent strictement rien ou presque. Je publie en effet des documents scientifiques qui tendent à appuyer mon scepticisme, tout comme gbl ou Alain Coustou (par exemple) poste des documents qui appuient leur alarmisme. Cela me paraît normal de procéder ainsi, à condition qu'il y ait ensuite un débat ouvert, c'est-à-dire que chacun critique la solidité des positions adverses. Par ailleurs, je ne poste pas que des éléments qui appuient ma thèse : le rapport IPCC 2007 ou le rapport sur la troposphère ne sont pas des travaux très sceptiques, pour prendre deux exemples récents de docs que j'ai mis à la disposition des lecteurs de ce forum. A l'inverse, je ne vois pas beaucoup de mes contradicteurs alarmistes procéder de la sorte. Concernant tes contributions, j'ai dit qu'elles ne valaient pas plus que les miennes s'il s'agissait seulement de "réflexion personnelles" : cela ne veut pas dire que tes contributions sont nulles, mais que nous ne sommes ni l'un ni l'autre chercheurs, et qu'il vaut mieux se référer à des chercheurs quand on aborde un domaine très précis (en l'occurrence le calcul des forçages liés au soleil, au rayonnement, au champ magnétique terrestre ou à la nébulosité). Cela n'empêche pas de faire des remarques ou des critiques plus générales. On voit très bien que nos calculs personnels trouvent leur limite dans le cas de la nébulosité. A ma connaissance, le forçage radiatif de la nébulosité n'est pas connu en détail et j'ai vu circuler toutes sortes de valeurs le concernant. Celle que tu cites de -15 W/m2 semble une moyenne dont il faut connaître le détail. Quels sont les forçages radiatifs à chaque couche notamment, puisque tout le monde reconnaît que les nuages de basse couche ont un effet albédo maximal et un effet de serre très faible, à l'inverse des nuages de haute couche ? Du fait de leur différence de composition, d'altitude, de densité, d'émissivité et de réflexivité, il est impossible qu'un nuage de basse altitude de type cumulus ou stratus et un nuage de haute altitude type cirrus aient le même albédo moyen de -15W/m2. Sur cette carte des effets albédo/serre des nuages en ondes courtes et longues, tu vois bien que les ordre de grandeur vont de 0 à 60 W/m2 pour l'effet de serre ou 0 à 80 W/m2 pour l'effet albédo. Ce sont ces donnés-là qui sont pertinentes (si on possédait une moyenne fiable par couche de nébulosité). Par ailleurs, tu prends une estimation à la louche de -2% pour la nébulosité globale. Compte-tenu de ce qui vient d'être dit, tu conviendras sans doute que cela n'a pas d'intérêt : il faut analyser chaque couche (surtout la basse et la haute, car les nuages moyens sont supposés à effet à peu près nul). Les données chiffrées ISCCP 1983-2004 sont disponibles sur leur serveur, à cette adresse : ftp://isccp.giss.nasa.gov/pub/data/D2CLOUDTYPES J'ai fait le calcul précis sur les deux types de nuages. Cela donne : Nuages basse altitude : -4,179% entre 1983 et 2004 Nuages haute altitude : +0,234% entre 1983 et 2004 Donc, trouve une référence sur l'effet albédo moyen des nuages de basse altitude, sur l'effet de serre moyen des nuages de haute altitude et refais tes calculs sur la base de ces pourcentages. Tu seras très loin des 0,3 W/m2 de forçage sur 20 ans liés à la nébulosité. Une fois de plus : je te conseille bien plus simplement de lire les chercheurs qui ont fait ce type de calcul et que j'ai cités à de nombreuses reprises (Wild 2005, Pinker 2005 par exemple, sur une période plus courte). -
Réconciliation sur la troposphère ?
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
Chacun retient ce qu'il veut. La science progresse mieux sur l'examen des désaccords de détail que sur la satisfaction des consensus généralisants. Mais peut-être n'est-ce pas le progrès de la science que tu as en tête. -
Les variations de l'activité solaire
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Je vais m'arrêter avec toi et sur ce sujet, car cele ne vaut visiblement pas la peine de continuer à argumenter à sens unique. Je crains que "mes propres réflexions" ne valent pas mieux que les tiennes - c'est tout dire. Libre à toi de transformer la météorologie et la climatologie en échanges flous de subjectivités hésitantes ou de calculs approximatifs. Sans moi. Ta nostalgie est révélatrice : c'était surement mieux quand je n'étais pas là et que la "propagande" des articles scientifiques d'actualité ne gênaient pas trop le café du commerce catastrophiste, à base de sources secondaires et d'extrapolations anxiogènes. Désolé d'avoir contrarié ta vocation de pilier de ce bar-là. -
Les variations de l'activité solaire
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Je vois que suite à ta plainte sur mes agressions lexicales envers les alarmistes, mes efforts pour ne pas trop les brocarder depuis sont récompensés, puisque les sceptiques se servent d'études biaisées et d'escroqueries intellectuelles pour parvenir à leur conclusion. Chassez le naturel, il revient au galop... Je te prierai au moins à l'avenir de ne pas jouer sur les deux tableaux de la vierge effarouchée par quelques remarques ironiques et du loup prêt à mordre. Autre point général : je préfère citer des article peer-review en te donnant les références, et même les liens pdf lorsqu'ils existent, plutôt que de rester sur des appréciations générales et non quantifiées de ma pomme. Tu choisis la posture inverse : je doute qu'elle soit très convaincante pour un tiers lecteur de bonne foi. Et je doute surtout que cela soit très enrichissant intellectuellement. Pur obscurantisme ! Les études qui ne vont pas dans ton sens sont biaisées et ne changent donc rien à ton opinion. Eh bien parfait, ne change rien. Je constate d'ailleurs que même Real Climate n'a plus ta grâce quand ils affirment clairement une tendance à la baisse de l'albédo dans les années 1980 et 1990 (et non ta soi-disant baisse sur deux années). Si la clique du hockey en déroute n'arrive même plus à te convaincre, je doute en effet que tu sois ouvert au moindre argument d'un sceptique. Je t'ai cité et donné en lien une recherche qui a étudié en détail ces rayons cosmiques (sur plusieurs sources, pas une seule) et la nébulosité (sur la base IPCC) sur les années 1980-2000. Si tu n'as pas envie de la lire, je ne peux rien faire pour toi. Continue de clamer haut et fort qu'il est prouvé que le rayonnement cosmique est sans effet sur les nuages et que cette hypothèse est fausse, puisque cela te fait plaisir. Si "tout le monde" le voit, tu n'auras pas de difficulté à trouver une étude qui le démontre. RealClimate et moi, on est pour une fois d'accord. Voici par ailleurs trois cartes extraites du site ISCCP. La première montre clairement une baisse globale de la nébulosité depuis le début des années 1980. La deuxième montre que les nuages hauts (serre) ne sont pas principalement concernés par cette baisse et la troisième montre en revanche que les nuages bas (aldébo) le sont nettement. Moins de nuages = plus d'insolation Moins de nuages albédo = plus de réchauffement Par ailleurs, tu dis toi-même que l'albédo diminue régulièrement avec la couverture neigeuse et glaciaire. Et il est reconnu que les aérosols industriels sont plutôt à la baisse eux aussi. Je ne vois pas comment l'albédo ne diminuerait pas, sauf explosion volcanique en cascade dont je n'ai pas eu vent (à part Pinatubo 1991). En effet, ne pas répondre ou répondre en déniant la scientificité des études dont les conclusions te déplaisent est une attitude très très fertile. Fischer 1999 : "the time lag of the rise in CO2 concentrations with respect to temperature change is on the order of 400 to 1000 years during all three glacial-interglacial transitions." C'est-à-dire que le soleil (cause la plus probable) réchauffe la Terre et que quatre à dix siècles plus tard, le surcroît de CO2 arrive. Simple question d'échelle. Dans un cas, tu as le Groenland sur 1000 ans avec des deltaT à échelle de 0,1°C. Dans l'autre, tu as l'Antarctique sur 400.000 ans, avec une échelle non précisée de deltaT. Quand tu regardes en détail la seconde carte, tu t'aperçois sur des petites séquences (1000 ans) que les T varient bien plus que le CO2 (comme c'est le cas au Groenland depuis 1000 ans). Ce géophysicien est bien sûr "farfelu", tout comme ses pairs de l'Union des géophysiciens du Canda d'ailleurs, qui ont accepté de publier ses énormités. Mais pas comme le très honorable sir David King affirmant que l'Antarctique sera peut-être le seul endroit vivable en 2100 ou le très remarquable James Hansen dont la sensibilité climatique fait des yo-yo depuis 15 ans. -
Réconciliation sur la troposphère ?
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
Heureusement que les sceptiques te donnent du grain à moudre en signalant les sources utiles pour les critiquer Sinon, on reste devant les infos déjà connues, avec les données UAH + une base radiosonde inférieures pour la tropo / surface, les données RSS + une autre base radiosonde à peu près équivalente, les corrections Winnikov supérieures surface/tropo : "For the period from 1979, temperature increased by 0,10°C to 0,20°C per decade according to the two radiosonde and three satellite data sets. In the tropics, temperature incresaed at about 0,13°C per decade since 1958, and between 0,02°C to 0,19°C per decade since 1979." Pour les Tropiques, le schéma ci-dessous du premier chapitre indique assez clairement que les modèles (rouge) et les observations (bleu) sont encore loin de s'accorder. Il faut en effet de la patience... -
Un rapport vient d'être publié qui, pour la première fois, rassemble tous les acteurs majeurs de la recherche sur l'évolution des températures de la troposphère. On sait qu'il existe une querelle de plus de dix ans sur l'interprétation des données des satellites entre les différentes équipes, notamment celle de l'UAH (J. Christy et R. Spencer) et celle du RSS (C.A. Mears). Il en ressort les point suivants : - Les auteurs considèrent que le réchauffement des 50 dernières années ne peut être expliqué uniquement par des facteurs naturels, et que l'action de l'homme (sur les gaz à effet de serre, l'ozone et les aérosols) explique en partie les évolutions constatées. - Les données satellites trouvent que la troposphère se réchauffent un peu moins vite ou un plus vite que la surface - depuis 1979, la surface semble néanmoins se réchauffer un peu plus vite que l'atmosphère, alors que l'inverse est vrai pour la moyenne 1958-2004. La majorité des modèles prévoit qu'elle devrait se réchauffer plus vite, mais la différence peut être liée à des incertitudes liées aux enregistrement des satellites. - Il reste une différence importante entre les modèles et les observations au niveaux des Tropiques (20°S-20°N). Tous les modèles y prévoient un réchauffement plus rapide de la troposphère, presque toutes les observations constatent un réchauffement plus rapide de la surface. Soit il y a une erreur dans les modèles, soit il y a une erreur dans les mesures. La seconde hypothèse est privilégiée pour le moment. On notera que si le rapport suggère fortement une amélioration des traitements de données satellitaires, il n'est pas tendre non plus avec les modèles. On note dans le chapitre 6 : "Les modèles qui semblent inclure les mêmes forçages diffèrent souvent dans la manière dont les forçages sont quantifiés et dans la manière dont ils sont appliqués dans le modèle. Des efforts sont donc requis pour distinguer plus clairement les incertitudes résultant de la structure du modèle de incertitudes provenant des effets des forçages. Cela demande de faire tourner de nombreux modèles avec les mêmes forçages standardisés, et de faire tourner les mêmes modèles individuellement avec un éventail plausible de scénarios pour chaque forçage". Et les auteurs précisent : "Un effort considérable sera nécessaire pendant nombre d'années". Depuis bientôt vingt ans que les modèles climatiques n'en finissent pas de tourner, on se demande quand ils auront une idée plus claire de leurs incertitudes respectives : IPCC 2013, 2020, 2026 ? En attendant, nous verrons bientôt ce qu'il en est pour IPCC 2007 et ses projections 2100... Réf. : Thomas R. Karl, Susan J. Hassol, Christopher D. Miller, and William L. Murray (ed.) (2006), Temperature Trends in the Lower Atmosphere: Steps for Understanding and Reconciling Differences, Climate Change Science Program and the Subcommittee on Global Change Research, Washington(DC). Lien pour télécharger l'intégralité de ce document : http://www.climatescience.gov/Library/sap/...ort/default.htm
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Attention : ne confonds pas mesure météorologique (le temps qu'il fait) et tendance climatologique (les tendances longues du temps qu'il fait). Il pouvait faire -30°C au Nord du Groenland cet hiver, mais si la moyenne des trois dernières décennies est de -35°C, cela signifie que les températures étaient +5°C cette année par rapport à la normale. Même chose pour l'Europe et la Sibérie : elles ont battus des records de froid l'hiver dernier, mais si tu étais aux Etats-Unis ou au Canada, tu aurais plutôt battu des records de chaleur. Il y a de bonnes raisons de douter du réchauffement tel qu'il nous est aujourd'hui présenté dans ses causes, ses effets et son rythme relatif Mais tu ne peux pas le faire sur la base de mesures isolées. Il faut plusieurs décennies de profondeur pour cela. Inversement, tu ne peux pas dire non plus que le réchauffement s'accélère sur la base de tel ou tel fait isolé : une canicule, un hiver chaud, une saison cyclonique violente, un ours qui se noie, un oiseau migrateur qui arrive avec 5 jours d'avance, une conférence de David King montrant ta ville sous les eaux... et toutes sortes de microphénomènes n'ayant pas la régularité statistique suffisante pour dessiner une interprétation claire.
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Les variations de l'activité solaire
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Puisqu'on est à l'origine dans une discussion paléoclimatique, je signale le papier de Jan Veizer (Geoscience Canada 2005) qui avait fait à l'époque pas mal de bruit. Ce papier est une synthèse des données paléoclimatiques à diverses échelles de temps comparant des estimations actuelles de températures (par oxyègne 16/18 et variations de faunes fossiles), de CO2 et de rayonnement cosmique (ces dernières par béryllium 10, chlore 36 et carbone 14). La conclusion principale de Veizer est qu'on ne trouve que des corrélations faibles ou nulles entre le CO2 et la température. A l'échelle du millénaire par exemple, l'auteur compare les teneurs en CO2 et les températures estimées (par isotopes oxygène et hydrogène) du forage groenlandais GISP2. On constate (figure ci-dessous) que le Groenland a connu des variations importantes alors que le CO2 restait stable. Les lettres W, S, M, D correspondent aux minima solaires de Wolf, Spörer, Maunder et Dalton et s'accordent mieux aux baisses de températures. A plus longue échelle, Veizer rappelle les données classiques du forage de Vostock, dans l'Antarctique (Petit 1999). On constate cette fois que les températures et le CO2 se suivent bien mieux. Mais l'examen attentif des données montrent que le CO2 suit les températures (de plusieurs siècle) et non l'inverse. Le CO2 est un amplificateur thermique, mais pas un initiateur climatique. Dans cet autre schéma sur 500 millions d'années, Veizer ne trouve plus de corrélation entre les températures couramment évaluées (en haut) et les différentes estimations de variations CO2 (en bas). En revanche, l'inverse est vrai pour le rapport entre température et rayonnement, ci-dessous. Bref, si l'on en croit ce géophysicien, l'époque moderne où le CO2 détermine le climat et où le rayonnement a une influence secondaire... est une remarquable exception depuis 500 millions d'années. Le papier de Veizer peut être téléchargé (anglais, pdf) à ce lien : http://www.friendsofscience.org/documents/veizer2.pdf -
Les variations de l'activité solaire
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Pour être sûr de t'avoir bien compris, cher Météor. Car quand tu écris : "Je ne pense pas qu'il y ait plus d'effet cumulatif pour le rayonnement solaire que pour l'effet de serre.", c'est à mon avis une estimation gratuite à la louche vide de toute référence scientifique (si tu connais quelqu'un qui a estimé le réchauffement des océans par le seul forçage solaire entre 1750 et aujourd'hui, et les effets de ce réchauffement océanique sur le climat global, je suis preneur de ta référence). Sauf erreur, je ne parlais pas seulement des rayons cosmiques, mais aussi bien du forçage solaire. L'analogie avec les GES me semble très valide au contraire : on ne connaît pas plus en détail les rétroactions de l'un et de l'autre. Si les modèles parvenaient à modéliser avec précision le cycle de la vapeur d'eau, il me semble que la nouvelle aurait été clamée sur les toits depuis longtemps. Ces données sont elles-mêmes sujettes à de nombreux débats chez les astrophysiciens, qui rencontrent ici comme ailleurs des biais liés à l'enregistrement (cf par exemple la critique récente de Wang 2005 sur l'irradiance depuis trois siècles, dont IPCC 2007 fait grand usage d'ailleurs, comme par hasard). "Ne pas transiger" ne signifie rien : il faut simplement les intervalider. Pierre Humbert (la personne de RC avec qui j'ai échangé je pense) n'a pas vraiment répondu directement à mes questions, comme en témoigne l'échange reproduit ci-dessous. J'ai eu droit à un cours au demeurant fort intéressant sur les effets des aérosols. Mais ma question concernait surtout la nébulosité et son effet sur les T. A ma connaisance, RC est resté très prudent sur le travail de Wild et Pinker. The first question : it was said last year (Wild 2005, Pinker 2005) that Earth encounters a straight brightening since 1980's And now we're back to global dimming. So, what is the real current trend (past two decades) ? The second question : global dimming / brightening affect solar radiation budget on atmosphere and surface. Could we expect a response of Earth temperature to that specific phenomena, relatively independant of ghg forcing ? [Response: The effects of aerosols approximately (though not exactly) can be just linearly superposed on the effects of GHG's. However, in looking at the effects of aerosols, it is important to distinguish between the effect on the top of atmosphere radiation budget and the effect on the surface radiation budget. Some aerosols (like soot, which absorb solar radiation) reduce the surface radiation but have little effect on the top of atmosphere -- they can even increase the solar energy absorbed. The effect of such aerosols is tricky, though. If the absorption is in the lower troposphere and doesn't shut off convection, the effect is to change the precipitation (less solar energy reaching the surface to drive evaporation), not temperature. Absorbing aerosols in the lower stratosphere or upper troposphere can actually cool the surface even if they increase solar absorption. That's because when you absorb solar energy in a soot layer high up, only half the energy gets radiated back downward to the surface as IR. The rest gets re-radiated back upward as IR. The extreme form of this is Nuclear Winter, where a thick soot layer shuts off tropospheric convection entirely and reduces the surface temperature to something approximating what the Earth would have without a greenhouse effect. Add to that the fact that many aerosols are also active in the infrared, and add to the greenhouse effect. As the article says, it gets complicated. Aerosols which dominantly reflect sunlight, and indirect aerosol effects which reduce the particle size in clouds, have a pretty unambiguous cooling effect. --raypierre] Bien, mais comme je parle d'insolation effective de la surface en fonction de la nébulosité, tu ne fais que tourner autour du problème. Quand les nuages de basse couche (albédo) diminuent alors que les nuages de haute couche (serre) augmentent, cela renforce automatiquement le réchauffement, sans passer par l'effet des GES. C'est ce qui s'est passé en 1990-2002 : nous en avons déjà parlé et tu avais même publié ici, depuis le site RC, un double graphique montrant les variations des nuages haute et basse altitudes. Si j'en crois une conférence de Vincent Courtillot (Institut de physique du globe / Université Paris VII) que l'on peut se procurer sur internet (recherche : "Le champ magnétique terrestre influence-t-il le climat ?"), "l'albédo des nuages et de leur chaleur latente correspondent à app. 78 W/m2 chacun. Un changement de nébulosité de quelques % (dû aussi bien au FRC qu'au CO2) change autant l'équilibre énergétique planétaire que l'effet proposé (imposé) des GES". (FRC = flux de rayon cosmique) Ta carte albédo / nébulosité de l'ISCCP provient du site RC, et tu commentes pour ta part que les variations "ne sont pas significatives". C'est bizarre, parce que le texte de RC explique : "The ISCCP estimate (right) shows a decreasing albedo trend of 1-2% in the 80s and 90s (as opposed to 7-8% in the earthshine-based proxy), a small increase of 1% form 1999 to 2001." Une baisse de 1-2%, cela correspond à une baisse d'albédo de 0,78 à 1,56 W/m2 (sans parler de la chaleur latente des nuages, qui représenterait une baisse équivalente), ce qui n'est pas vraiment "faible" me semble-t-il (surtout si dans la même période l'irradiance a été en hausse, ce qui est en l'occurrence le cas, et ce qui signifie que le forçage radiatif solaire avec moins de nuages était en hausse lui aussi dans les basses couhes de l'atmosphère et en surface). Le forçage des GES cumulés depuis 1750 n'est jamais que 2,43 W/m2 Quant au rapport avec l'activité solaire, il est d'autant moins prouvé... que l'on n'a pas très envie qu'il le soit. a- Il faut quantifier cette augmentation de vapeur d'eau b- Il faut en identifier la source (cf. premier échange : si l'on est incapable de dire dans quelle mesure le soleil a réchauffé les océans depuis 1750, on est incapable de dire quelle part du surcroît de vapeur d'eau en provient). Pas vraiment, non. On constate que le rayonnement a été en chute libre après 1987 et qu'il a atteint son plus bas niveau depuis 56 ans en 1991, sans revenir en 1997 à son niveau de 1987. Plutôt que d'essayer de lire soi-même une tendance sur une carte, il vaut mieux vérifier si des chercheurs l'on fait. Il se trouve que c'est le cas et que leur recherche est même en libre accès à cette adresse : http://arxiv.org/abs/physics/0407066 Leur conclusion est exactement opposée à la tienne sur la période 1984-2000. Ci-dessous les cartes de corrélation basse nébulosité / ionisation et l'abstract. A significant correlation between the annual cosmic ray flux and the amount of low clouds has recently been found for the past 20 years. However, of the physical explanations suggested, none has been quantitatively verified in the atmosphere by a combination of modelling and experiment. Here we study the relation between the global distributions of the observed low cloud amount and the calculated tropospheric ionization induced by cosmic rays. We find that the time evolution of the low cloud amount can be decomposed into a long-term trend and inter-annual variations, the latter depicting a clear 11-year cycle. We also find that the relative inter-annual variability in low cloud amount increases polewards and exhibits a highly significant one-to-one relation with inter-annual variations in the ionization over the latitude range 20--55$^\circ$S and 10--70$^\circ$N. This latitudinal dependence gives strong support for the hypothesis that the cosmic ray induced ionization modulates cloud properties. *** Bref, pour conclure et synthétiser, aucun de tes arguments ne m'a vraiment convaincu : - on ne connaît pas l'effet cumulé (sur la masse océanique) du forçage solaire depuis 250 ans ; - les évolutions récentes d'albédo, de nébulosité et d'insolation [1980-2000] représentent des variations importantes du forçage radiatif, d'après plusieurs équipes qui n'ont pas été contredites de manière décisive ; - les changements de nébulosité 1980-2000 sont bien expliqués par le rayonnement / ionisation d'après une équipe de physiciens qui a travaillé spécifiquement sur le sujet. -
Aux pôles, la troposphère est la couche 0-8 km, la stratosphère commence au-dessus. D'une part, en valeurs absolues, la température baisse avec l'altitude dans la troposphère (tu perds grosso modo 10°C tous les 1000 mètres, 0,6°C tous les 100 m en basse couche). En revanche, toujours en valeurs absolues, la température se met à s'élever dans la stratosphère (à cause de la réaction de l'ozone aux UV). Donc, il peut effectivement faire froid en altitude et doux au sol (C'est même la règle). D'autre part, en valeurs relatives cette fois, la troposphère tend à se réchauffer alors que la stratosphère tend à refroidir dans la période actuelle de réchauffement global.
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Les variations de l'activité solaire
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Non, je crois que c'est correct : la NASA prévoit un prochain pic d'une très forte intensité (cycle 24, maximum vers 2011), mais le suivant très faible (cycle 25, maximum vers 2022). Quant au "tapis roulant" magnétique du soleil, il fait un tour complet en 40 ans (sur quatre cycles), alternant vitesses lente et rapide. Le fait que le prochain cycle soit l'un des plus puissants des cinquante dernières années ne va pas aider à départager les influences solaire et carbonique sur le climat... En revanche, si le cycle suivant (25) est particulièrement faible comme c'est prévu, et comme l'était le cycle 20 (durant lequel le réchauffement a stagné), cela sera un test intéressant.