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Saison des orages et tornades aux Etats-Unis
charles.muller a répondu à un sujet de TreizeVents dans Amérique du Nord
Le mieux, ou plutôt le pire, reste pour le moment les 3-4 avril 1974 : 148 tornades touchant 13 Etats en 16 heures seulement, avec 330 morts et 5848 blessés. Et le "record" absolu de la puissance est le Three-States Day du 18 mars 1925, où une seule tornade géante a fait 695 morts en une journée et en parcourant trois Etats avant de s'éteindre. Sinon, les photos de ces pages sont vraiment admirables - et les françaises sont à mon avis sur le podium. -
Si tu lis l'anglais, tu as une bonne enquête médicale sur la malaria anglaise à l'âge classique ici (fichier pdf): http://www.cdc.gov/ncidod/EID/vol6no1/pdf/reiter.pdf
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Pour le pH, l'évolution la plus couramment citée dans la littérature est de -0,1 depuis le début de l'ère industrielle. Compte-tenu du fait que les variations naturelles du pH sont de +/-0,3, je pense néanmoins que cette estimation globale de -0,1 reste un peu spéculative pour le moment. Si l'océan était un milieu inerte et stable, on pourrait à la rigueur mesurer la quantité théorique de CO2 supp. dissout depuis le début des émissions industrielles, puis en déduire le surcroît d'ions H+ ou d'acide carbonique. Il semble que ce sont les isotopes du bore dans les carbonates qui servent principalement à l'évaluation du pH passé. Mais la précision de ce calibrage a été récemment relativisée : http://earth.geology.yale.edu/~mp364/data/...ni.GCA.2005.pdf
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Merci, tu as aussi celui-ci (le Dr Besancenot dans la revue de l'X), où l'on voit que ses conclusions sont très honnêtes et modérées : http://www.x-environnement.org/Jaune_Rouge...besancenot.html Je prépare (parmi mille autres choses hélas) une synthèse sur le réchauffement et la paludisme (plus généralement, les maladies à vecteurs hémophages). C'est un domaine qui a été très exagéré, car pas mal d'études de terrain montrent que la températue n'est pas le facteur décisif d'extension de la maladie. On oublie (ou on ne sait pas) que la malaria était endémique en Angleterre aux XVIIe et XVIIIe siècles, c'est-à-dire... en plein petit âge glaciaire! Pour en revenir au sujet du post, et pour rebondir sur ce que dit Besancenot, la gravité d'un facteur climatique est proportionnée à sa prévisibilité et sa rapidité. Ainsi bien sûr qu'aux enseignements tirés du passé pour ce qui est de l'organisation des sociétés humaines. A chaque inondation, on constate que le POS n'est pas respecté et que la spéculation immobilière mène la danse avec les pouvoirs locaux complices... Cela a-t-il changé ? Après la canicule 2003, on a constaté les carences de personnel, de soin de première urgence et de climatisation en hospices... Cela a-t-il changé ? Etc. Je n'ai pas la solution, car on objectera à juste titre que l'Etat ne peut pas tout faire, que le risque est inhérent à la vie, que les individus doivent aussi prendre leurs responsabilités pour la sauvegarde des biens et personnes qui leur sont chers. Disons (avec un zeste de fatalisme) que plus cela change, plus c'est la même chose.
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Concernant la vulnérabilité climatique et la gravité des bilans, il faut à mon avis distinguer trois domaines différents : - conséquences sur les personnes - conséquences sur les biens (personnels, collectifs, industriels, agricoles) - conséquences sur la faune/flore Une inondation crée beaucoup de dommages matériels, mais elle n'a pas forcément un lourd bilan humain ni naturel. Voir la différence avec certains épisodes de froid / canicule intenses. A ce propos, je voudrais signaler que le froid est très sous-estimé dans les bilans. Lorsqu'un quotidien titrait "57 morts suite à la vague de froid", l'Insee enregistrait une surmotalité... de 12 000 personnes par rapport à la "normale saisonnière" ! En 1985, quand on a enregistré jusqu'à -18°C au Bourget en janvier, la surmortalité a été évaluée à 12% pour la France entière et toutes tranches d'âge confondues. C'est énorme. La principale surmortalité par le froid est due aux accidents cardio-vasculaires, aux complications des infections (pulmonaires surtout) et aux accidents (chute, carambolage, etc.). Voir le petit livre très intéressant de Jean-Pierre Besancenot, Climat et santé, PUF (collection Médecine et société), Paris 2001. De ce point de vue, il faut mettre en balance les prévisions sanitaires concernant le réchauffement global : les risques caniculaires augmentent, et la morbidité qui les accompagne ; mais la prévision d'hivers plus doux, de Tn en hausse et d'amplitude diurne moindre sauvera aussi pas mal de vies si elle se réalise.
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Un pH basique plutôt qu'acide est supposé positif pour tous les organismes marins à dominante calcaire (carbonate de calcium) dans leur morphologie externe. Par exemple les coquillages, les coraux, certains phytoplanctons. Si tu plonges une craie dans l'acide, ce que tu as dû faire en TP de chimie, tu vois le principe de la dissolution (tu peux aussi remplacer la craie par une coquille d'escargot). Disons que c'est un peu pareil dans l'océan : plus l'ambiance est acide, plus la métabolisation de certaines substances utiles aux organismes (aragonite, calcite) est difficile. Mais dans la vie concrète des océans, c'est encore discuté. Car les variations de pH sont quand même faibles et les organismes marins ne réagissent pas qu'à cela (la température, la salinité, la présence de CO2 aqueux jouent également sur leur croissance / décroissance, parfois dans le sens opposé à l'évolution du pH). Sur les coraux, tu as une discussion récente et détaillée ici : /index.php?showtopic=14677'>http://forums.infoclimat.fr/index.php?showtopic=14677
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Classement des années les plus fraiches et les plus chaudes à Nice
charles.muller a répondu à un sujet de ToNy06 dans Climatologie
En même temps, le descriptif de l'aérodrome d'Ancône (sur son site) n'indique pas une ambiance très rurale et vide de toute influence urbaine : "Accès - Très facile: le terrain d'aviation de Montélimar est situé entre le canal du Rhône et la route N7, immédiatement au Nord ouest de Montélimar, au sud des quatre cheminées de la Centrale Nucléaire de Cruas-Meysse, implantée rive droite du Rhône." Il faut aussi connaître le régime des vents. Une station située dans l'axe du flux dominant de la ville répercute en partie son effet urbain, même si elle est située à 5 ou 10 km. (Et dans l'axe des cheminées d'une centrale nucléaire, ce n'est pas forcément mieux). Il faut enfin connaître l'évolution du bâti local (constructions de hangar, modification des routes, grignotage des banlieues, etc.). -
Classement des années les plus fraiches et les plus chaudes à Nice
charles.muller a répondu à un sujet de ToNy06 dans Climatologie
C'est un détail, mais cela fait 0,96°C "précisément" pour le Mont-Aigoual (puisque tu donnes au centième pour Paris). Dans toutes ces discussions, il faut avoir en tête que rien n'est surdétermimant dans les mesurres : on a l'effet urbain, l'effet réchauffement global, l'effet conditions régionales, etc. La carte de France du réchauffement 1901-2000 montre par exemple des différences régionales marquées (jusqu'à 0,4°C en Tm entre le Sud-Ouest et le Nord-est, soit presque 40% de la variance globale). Le phénomène est d'ailleurs encore plus marqué avec les Tx (carte ci-dessous des moyennes Tx sur le XXe siècle), où on passe de 0,1 à 1,1 °C selon les régions. -
Classement des années les plus fraiches et les plus chaudes à Nice
charles.muller a répondu à un sujet de ToNy06 dans Climatologie
Hélas, pas étonnant : tu n'as que 70 stations homogénéisées par MF (et, de mémoire, certains départements en ont deux). Donc, par définition, tous ne sont pas représentés : je n'ai rien non plus pour le 41 où je réside. Comme MF explique que les données non-homogénéisées ne valent pas grand chose pour les estimations climato. à long terme, au moins les estimations précises (avec une marge d'erreur inférieure à 0,2°C), cela restreint pas mal le champ. Pour Paris-Montsouris, ce n'est qu'à moitié surprenant : en dynamique, Paris intra muros a sans doute moins d'évolution urbaine ces vingt ou trente dernières années que d'autres zones ; et j'avais lu que les stations urbaines placées dans les jardins, parcs ou bois enregistrent moins l'ICU que les autres, sans doute à cause du micro-climat environnant le capteur. -
Classement des années les plus fraiches et les plus chaudes à Nice
charles.muller a répondu à un sujet de ToNy06 dans Climatologie
Nice suit de ce point de vue l'ensemble de la France (et d'ailleurs de l'Europe), où le gros du réchauffement s'est concentré sur les 30 dernières années (entre 0,35-0,45 °C / décennie). En 1980, par exemple, il n'y avait que +0,2°C par rapport à 1901 sur 66 des 70 stations homogénéisées par MF. Or, au bilan final 1901-2000, on était à +1,1 °C. Voir des infos et des cartes cette discussion récente : /index.php?showtopic=14437'>http://forums.infoclimat.fr/index.php?showtopic=14437 Dans cette discussion, il y a les coordonnées d'un site qui donne certaines séries homogénéisées (projet IMFREX) : http://medias.dsi.cnrs.fr/IMFREX/ Je ne me souviens pas d'avoir vu Nice, mais tu trouveras peut-être en fouillant. Ce site est très riche pour les données long terme. -
Réchauffement et récifs coraliens
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
Non, ce n'est ni sommaire ni imprécis. Mais le grand problème en climatologie, comme tu le sais et comme tu le signales sur l'absence de données anciennes sur les cyclones, c'est la comparaison sur le long terme avec une fiabilité correcte de la mesure. Un événement isolé n'est jamais significatif en lui-même, il faut toujours une série et une moyenne normalisée dans cette série. Si je prends les températures de l'hiver européen et sibérien 2005/2006, je pourrais conclure à probable retour brutal de l'ère glaciaire ! Mais cela n'aurait aucun sens. Sur les cyclones, dont on a déjà parlé en détail, les données 3-4-5 Saffir-Simpson sur les trois dernières décennies ne sont pas évidentes à lire selon les bassins, avec ici des hausses et là des baisses. Et vu comment on mesurait la vitesse des vents / pression avant les satellites, les "records" actuels ne remontent objectivement pas très loin dans le siècle dernier. Sur les tornades, dont on a aussi parlé récemment, les données NOAA n'indiquaient pas de hausse notable d'intensité ni de mortalité (plutôt le contraire pour cette dernière) sur trois décennies de profondeur. Une année exceptionnelle ne remettrait pas en cause la tendance (a fortiori une simple saison). Etc. Le seule période globale un peu comparabe à la nôtre serait 1910-40, où il y avait une hausse constante des T sur plusieurs décennies (de moindre ampleur en tout état de cause). Mais à l'époque, le "réchauffement global" n'existait pas, Callendar n'avait pas relu Arrhenius, et la climatologie consistait pour l'essentiel à relever ses mesures tous les matins sur des appareils un peu sommaires. On a donc très peu d'infos systématiques, notamment pour tout ce qui concerne les modifictions phénologiques de flore et de faune que tu évoques. Un détail sur les mantes. Quoique plutôt thermophile, Mantis religiosa est assez robuste et attestée sur tout le territoire (sauf extrême nord) et jusqu'à 1500 m d'altitude. On en trouve assez couramment (enfin... tout est relatif quand même) en Normandie, Champagne ou Alsace par exemple. Les juvéniles et adultes vivent entre juin et octobre, les oothèques (diapause) passent l'hiver. En revanche, toutes les autres Mantodea (Perlamantis sp., Ameles sp., Pseudoyersinia sp., Iris sp., Geomantis sp.) ne vivent à ma connaissance que le Sud (Sud-Est en général). (Cf. le livre très intéressant, et pas trop cher pour les amoureux des insectes : JL Voisin (coord.), Atlas des orthoptères et des mantides de France, Publications scientifiques du Museum MNHN; Paris 2003). -
Réchauffement et récifs coraliens
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
Pour être un peu plus précis, le phénomène est le suivant : le CO2 absorbé en surface se dissout et devient acide carbonique (H2CO3). Une partie de cet acide persiste, mais la plus grande quantité se désagrège rapidement (par hydrolyse) en ions bicarbonate (HCO3-), hydrogène (H+) et carbonate (CO3- -). Le squelette des coraux et des algues corallines est en carbonate de calcium, soit deux formes assez stables : aragonite et calcite magnésique (l'ajout de magnésium est le fait du métabolisme de micro-organismes). Les eaux chaudes et peu profondes où se situent la majeure partie des coraux tropicaux sont dites sursaturées en surface, c'est-à-dire que la concentration en aragonite et calcite est telle que ces minéraux ne se dissolvent pas. Il n'en va pas de même un plus en profondeur. (Attention, il y a aussi des espèces coraliennes en eaux froides et profondes, peu connues, dont on vient justement de parler dans Science : Roberts 2006 ; mais leur biochimie et leur biogéographie diffèrent sensiblement, je n'en parle pas ici). Dans la zone de saturation, il y a donc une balance entre calcification et dissolution pour les espèces concernées, selon la composition chimique de l'eau et son pH (ainsi que divers autres facteurs bien sûr, dont température et pression). C'est cet équilibre qui est supposé évoluer défavorablement sous l'effet de l'acidification par absorption de CO2 atmosphérique (plus d'ions hydrogène, moins de pH, moins d'ions carbonate, moindre saturation, dissolution augmentée). Sur le papier, c'est assez simple. Mais même en restant sur ce plan purement "théorique", tout n'est pas clair. Par exemple, Orr et al. (2005) reconnaissent que les modèles de projection (hausse de CO2, hausse de SST) prévoient une hausse des ions carbonates (CO3 - -) qui est plutôt favorable à la saturation. Ils estiment simplement que cette hausse (env. 10%) ne sera pas suffisante pour contrer les effets de l'acidification (ions H+). Ce point reste cependant spéculatif. Une discussion récente de l'European Geoscience Union (Yates et Halley 2006, disponible en pdf sur le net) sur le récif Molokai (Hawaii) montre que les coraux actuels calcifient le jour et se dissolvent la nuit alors même que l'eau ambiante reste en situation de sur-saturation et à pH favorable, ce qui indique des mécanismes biochimiques plus complexes que la simple composition absolue en aragonite/calcite rapportée au pH. Au-delà de cette "chimie de base" dont on parlait, les choses se compliquent encore un peu. Car un milieu vivant, quoique physico-chimique en dernier ressort, ne se comporte pas exactement comme une simple somme de ses composants moléculaires / atomiques. Premier point, le CO2 absorbé par l'océan (CO2(aq)) est favorable à la croissance organique de certains organismes photosynthétiques de surface (les zooxanthelles), qui l'utilisent comme un fertilisant "naturel" au même titre que la flore terrestre (elles captent surtout les ions bicarcabonate). Ces zooxanthelles sont des micro-algues unicellulaires symbiotiques qui co-échangent avec les divers genres (Scléractiniaires, Actiniaires, Corallimorphaires, Zoanthaires et Octocoralliaires). En gros, les zooxanthelles fournissent au corail des composés de croissance à travers leur membrane poreuse (glycogène, lipides) en échange de quoi les coraux libèrent des déchets (composés azotés et phosphates) utiles à l'algue. Cas classique de symbiose sans parasitisme. Ce qu'il faut simplement retenir ici, c'est que la hausse du CO2(aq) est ici favorable aux zooxanthelles et, par association, aux récifs coraliens qui les abritent (Idso 2000). Deuxième point, les études de terrains ne montrent pas une réactivité coralienne négative à l'acidification déjà présente (baisse estimée de 0,1 du pH due au CO2 de l'âge industriel, quoique cette estimation soit très hasardeuse vu la variabilité forte du pH océanique). Une étude sur 29 colonies de Porites (grande barrière) en eaux chaude 25-27°C montre que la calcification du XXe siècle a été la deuxième plus élevée au cours des 237 dernières années (Lough, Barnes 1997). Il semble que la hausse des T, qui accompagne la hausse du CO2, provoque un gain de calcification de 0,33 g/cm2/an pour 1°C, au moins pour ces colonies. Une autre étude des mêmes auteurs, au sein du XXe siècle, a montré que la période de réchauffement 1979-1998 a connu une hausse de la calcification en grande barrière par rapport à la période 1902-1922 (Lough, Barnes 2000). Bessat et Buigues (2001), qui ont étudié les mêmes Porites mais en Polynésie française, ont eux aussi abouti à un gain de 4-5% de calcification pour +1°C de SST sur 1801-1990. Une autre recherche dans le Golfe du Mexique et les Caraïbes (Montastraea sp.) a abouti à une conclusion similaire, avec des hausses encore plus fortes pour l'espèce concernée (0,55 à 0,58 g/cm2/an pour +1°C de STT). Bref, comme le reconnaissent d'ailleurs les études projectives plus sombres sur l'avenir des coraux ou des planctons (Buddemeier 2004), température et acidification dessinent des tendances opposées : "la température et les taux de calcification sont corrélés, et les coraux ont pour l'instant plus répondu à l'accroissement de température des eaux [...] qu'à la baisse de concentration des ions carbonates". On suppose que les variations de saturation finiront par imposer une tendance à la décalcification... mais ce n'est qu'une supposition en l'état du comportement actuel des organismes concernés. Troisième point, les coraux sont des organismes à forte variabilité génétique et à reproduction relativement rapide (Hughes 2004, Grottoli 2006 et cf. groupes d'étude en génomique comparative ou génétique évolutive mentionnés plus haut). Leur histoire évolutive est anciene : le genre Scléractiniaires, par exemple, s'est développé entre l'Eocène et le Miocène (entre 55 et 5,3 Ma), la plupart des autres au Pliocène (5,3-1,8 Ma). Ces périodes ont connu des variations importantes (quoique plus lentes en général) de température et niveaux de la mer. Les études ont pour le moment concernées surtout la réponse des coraux à la température, puisque le blanchissement par expulsion des zooxanthelles était considéré comme la principale menace. Elles ont montré que chaque espèce diffère dans la capacité à résister à la privation de carbone hétérotrophe, certaines ayant assez de réserves métaboliques propres pour survivre plusieurs semaines en privation totale et hausse forte des T (jusqu'à 30°C), puis entrer en résilience par la suite. Je ne connais pas d'étude sur la réponse adaptative à l'acidification à ce jour, mais dans la mesure où le pH océanique présente aujourd'hui une variabilité naturelle assez nette (voir cinquième point) et l'a probablement présentée au cours des 5-55 millions d'années passées, il y a de fortes chances que certaines espèces possèdent de meilleures réponses que d'autres. Quatrième point, l'activité biologique des coraux et planctons contribue elle aussi à modifier le pH des eaux environnantes, qui ne résulte pas uniquement de la recapture du CO2 atmosphérique. La calcification des coraux et la croissance photosynthétique des micro-algues, dont nous avons vu qu'elles augmentaient sur plusieurs sites, tendent aussi à augmenter le pH ambiant (phénomène bien documenté par diverses études de Gnaiger 1978 à Hansen 2002). On retombe là sur une inconnue pour les dix prochaines décennies : si la hausse des T augmente l'activité biotique et donc le pH des zones coraliennes, cela suffira-t-il à compenser l'acidification ? Cinquième point, et je l'insiste pas car c'est déjà bien long, il est bien tard (et c'est aussi sans doute moins important pour le XXIe siècle), le pH océanique oscille par cycles longs. Dans le travail de Pelejero et al. (2005) cité plus haut, voici les graphes de synthèse de l'évolution du pH sur 3 siècles (1708-1988), mesuré par les isotopes du boron =B. (PDO : Pacific Decadal Oscillation IPO : Interdecadal Pacific Oscillation) Bref, voilà où l'on en est et voilà toute la complexité (en fait, une partie seulement) qui se cache derrière la simple annonce : "60% des coraux pourraient disparaître d'ici 2100". Juste un détail, c'est semble-t-il 1% par décennie : "The authors review the relevant literature and find that global precipitation increased by 1% per decade during the twentieth century." Mais j'ai trouvé d'autres données nettement moins importantes (bilan hydrologique du XXe de Huntington 2006) : "On a globally averaged basis, precipitation over land increased by about 2% over the period (1900– 1998) (Dai et al., 1997; Hulme et al., 1998). Regional variations are highly significant. For example, zonally averaged precipitation increased by 7–12%, between 308N and 858N, compared with a 2% increases for 08S–558S, and has decreased substantially in some regions (Folland et al., 2001). Groisman et al. (2004) reported increases in precipitation over the conterminous USA during the 20th century, with most of the increase confined to the spring, summer, and fall. Brown (2000) found systematic increases in winter (December through February) snow–water equivalent over North America averaging 3.9% per decade over the period 1915 through 1992. Increases in winter snow accumulation have also been reported in Russia from 608Nto708N and 308E to 408E during 1936– 1983 (Ye et al., 1998; Zhang et al., 2001a) and in Canada, north of approximately 558N(Karl et al., 1993). Ye et al. (1998) estimated snow-water equivalent from measured snow depth using a ratio of 10:1 for snow volume to water volume. The large increases in snow depth (4.7% per decade) and the relatively small temperature sensitivity of the ratio suggest that the error in using a fixed ratio would not alter the results significantly (Ye et al., 1998)." Sur l'intensité maximale, il n’y a pas de données directes chez Huntington 2006. Un indicateur indirect est celui des inondations et débordements de lit. Increases in precipitation over land have been associated with corresponding increases in runoff in An analysis of trends in world continental runoff from major rivers from 1910 to 1975 found an increase in runoff of about 3% (Probst and Tardy, 1987). A recent re-analysis of these trends for the period 1920–1995 using data reconstruction for filling in missing records confirmed an increase in world continental runoff during the 20th century (Labat et al., 2004). Labat et al. (2004) conclude, ‘this contribution provides the first experimental databased evidence demonstrating the link between the global warming and the intensification of the global hydrological cycle’. These results for major rivers, in conjunction with independent reports of increasing runoff from many smaller rivers in the northern hemisphere, provides possible evidence for the validity of the conceptual framework for a warming-associated intensification of the water cycle. These increases in runoff are consistent with the results of modeling studies that suggest runoff is likely to increase in high latitudes Mais, comme Huntington met en garde (et comme on le constate bien à chaque inondation), l’aménagement des rivières et les changements d’affectation des terres expliquent une partie de ces événements (pas seulement des pluies intenses concentrées) : Some proportion of increases in runoff from major rivers may be attributable to human alterations such as conversion from forest to agricultural land uses (Vorosmarty and Sahagian, 2000). In other cases, abandonment of agricultural land and subsequent reforestation could result in decreases in runoff. Human alterations to the water cycle can be extreme. For example, flood-prevention measures can reduce peak flows, consumptive use and evaporation from impoundments can reduce flows, and land-use conversion from native vegetation to agricultural or developed land results in decreases in ET and increases in runoff. Major river basins integrate the effect of climatic variation and human alterations, making it difficult to differentiate the cause of changes in the basin. In addition, part of the increase in runoff from river basins containing ‘permanent’ ice and snow is likely attributable to melting of glaciers and permafrost rather than increased precipitation (Kulkarni et al., 2003; McClelland et al., 2004; Yang et al., 2004). Sinon, et comme je l’ai déjà signalé, les autres indicateurs de pluies à intensité maximale (orages, grêle, tempêtes tropicales, tornades) n’ont pas montré d’intensification au XXe siècle (GIEC 2001, Huntington 2006 à nouveau). Il me semble raisonnsable de conclure que la légère hausse des précipations associée au réchauffement n’est pas une mauvaise chose, tout comme on concluerait sans grand problème je pense que la hausse des sécheresses associée à un refroidissement n’est pas une bonne chose. Ce constat global et général ne dit évidemment rien des réalités locales. -
Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Oui mais alors quand tu disais : ou quand Alain disait vous parliez surtout de la différence Equateur/Pôles ? Je pensais que les petites variations climatiques (= réchauffement des SST + atmosphère) entraient aussi en ligne de compte dans ces remarques (et du coup, je ne comprenais pas comment le nord de l'HN avait moins de salinité en tendance, alors même que le réchauffement suit grosso modo un gradient d'intensité sud-nord cad qu'il est plus fort au nord de l'HN que partout ailleurs, au moins pour l'atmosph.). -
Réchauffement et récifs coraliens
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
Quelques infos supp. sur les coraux. Le groupe d'étude de la génomique coralienne dirigé par David Miller souligne la diversité génétique extrême des sous-populations du genre Acropora (le plus répandu), ce qui est un bon pronostic adaptatif (et indique aussi en général des pressions sélectives passées). Cf. extrait ci-dessous et lien vers le groupe. http://www.jcu.edu.au/school/pms/CGC/Coral...ionary_Genetics Acropora is the largest extant reef-building coral genus, and is also one of the worldís most widespread scleractinian coral genera, spanning the Indian and Pacific Oceans and the Caribbean Sea. Some species have very restricted distributions, whereas others are found throughout large parts of the tropics, and up to 70 Acropora species can be found in sympatry. An enormous amount of intraspecific morphological variability exists, while at the same time similarities between species are striking; for example, intraspecific geographic differences in morphology can be as large as differences between species. Acropora thus provides an ideal model system for examining speciation and evolution of scleractinian reef coral species in general, on both temporal and spatial scale. *** Par ailleurs, j'ai trouvé une série d'études tout à fait instructives sur certaines espèces coraliennes actuelles (ci-dessous, page d'Ann F. Budd), d'Amérique tropicale en l'occurrence. Il en ressort que les espèces modernes ont émergé entre 1-4 millions d'années, lors de modifications importantes de faune ayant accompagné les glaciations / déglaciations, en conservant des gènes reliques de populations anciennes. Vu ce qu'elles ont subi sur cette période de temps en terme de changements climatiques, je pense que ces espèces n'auront pas forcément une grande difficulté à s'adapter aux modifications éventuelles. http://myweb.uiowa.edu/abudd/research.html Ann F. Budd Recent molecular work has challenged many traditional notions regarding the systematics and evolution of scleractinian reef corals. Not only have several ecologically dominant, modern species been found to be complexes of two or more species, but also the nature of species boundaries has been found to vary geographically. At higher taxonomic levels, molecular trees based on mitochondrial and nuclear genes indicate that genera and families, long thought to be cosmopolitan, are polyphyletic. The trees reveal a previously unrecognized clade of Atlantic corals, which diverged from their presumed Pacific relatives over 30 million years ago. My colleagues and I are studying reef coral morphology in light of the new molecular findings. We have discovered new non-traditional morphologic characters that better match genetic results, and have used them to investigate patterns in the fossil record. We use geometric morphometrics to distinguish species within complexes and trace them through geologic time. We also examine skeletal microstructure using growth models, and have detected differences between Atlantic and Pacific corals that have been assigned to the same genera and families. Our results indicate that the genetic structures of modern species and clades have been strongly influenced by events that occurred in the geologic past. I have also been studying changes in the biodiversity of tropical American reef corals through geologic time in collaboration with the Panama Paleontology Project and the Dominican Republic project. The analyses are performed on a web-based taxonomic database called NMITA (“Neogene Marine Biota of Tropical America”). The results indicate that the taxonomic composition of modern Caribbean reefs was shaped by a prolonged interval of faunal turnover between 4-1Ma in association with closure of the Central American Isthmus and the onset of northern hemisphere glaciation. Turnover was unique in that origination preceded extinction, and local assemblages consisted of a mix of extinct and living species, which varied in composition but not in richness. Modern reef coral species arose early during turnover, under different environmental conditions than those in which they live today, and are the survivors of a pulse of extinction at the end of turnover. Budd, A.F. and J.M. Pandolfi. 2004. Overlapping species boundaries and hybridization within the Montastraea “annularis” reef coral complex in the Pleistocene of the Bahama Islands. Paleobiology 30: 396-425. Fukami, H., A.F. Budd, D.R. Levitan, J. Jara, R. Kersanach, and N. Knowlton. 2004. Geographic differences in species boundaries among members of the Montastraea annularis complex based on molecular and morphological markers. Evolution 58: 324-337. Fukami, H., A.F. Budd, G. Paulay, A. Solé-Cava, C.A. Chen, K. Iwao, and N. Knowlton. 2004. Conventional Taxonomy Obscures Deep Divergence between Pacific and Atlantic Corals . Nature 427: 832-835. Klaus, J.S. and A.F. Budd. 2003. Comparison of Caribbean coral reef communities before and after Plio-Pleistocene faunal turnover: Analyses of two Dominican Republic reef sequences. PALAIOS 18:3-21. *** -
Réchauffement et récifs coraliens
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
D'accord avec ta remarque (et soit dit en passant, c'est "baisse" et non "hausse" qu'il fallait lire dans mon post, puisqu'on parle d'une hausse de l'acidité = baisse du pH). Reste que le coraux ont déjà dans le passé supporté in situ des variations de pH assez importante sans disparaître pour autant. L'étude de Pelejero et al. sur le récif de Flinders (réf. ci-dessous) conclut par exemple que le pH a varié de 0,3 depuis 300 ans et qu'il varie également de cet ordre de grandeur au cours des cycles de 50 ans de l'Interdacadal Pacific Oscillation. On peut donc supposer que les mécanismes d'adaptabilité décrit par les papiers de mon message initial ne fonctionnent pas seulement sur les températures, mais sur l'ensemble des paramètres marins ayant accompagné l'évolution coralienne. (J'ignore d'ailleurs quand ils sont apparus dans l'évolution, et surtout quand sont apparues les espèces actuelles. Je vais aller chercher l'info). *** Science 30 September 2005: Vol. 309. no. 5744, pp. 2204 - 2207 | DOI: 10.1126/science.1113692 Preindustrial to Modern Interdecadal Variability in Coral Reef pH Carles Pelejero,1*{dagger} Eva Calvo,1*{dagger} Malcolm T. McCulloch,1{dagger} John F. Marshall,1 Michael K. Gagan,1 Janice M. Lough,2 Bradley N. Opdyke3 The oceans are becoming more acidic due to absorption of anthropogenic carbon dioxide from the atmosphere. The impact of ocean acidification on marine ecosystems is unclear, but it will likely depend on species adaptability and the rate of change of seawater pH relative to its natural variability. To constrain the natural variability in reef-water pH, we measured boron isotopic compositions in a ~300-year-old massive Porites coral from the southwestern Pacific. Large variations in pH are found over ~50-year cycles that covary with the Interdecadal Pacific Oscillation of ocean-atmosphere anomalies, suggesting that natural pH cycles can modulate the impact of ocean acidification on coral reef ecosystems. 1 Research School of Earth Sciences, The Australian National University, Canberra, ACT 0200, Australia. 2 Australian Institute of Marine Science, PMB #3, Townsville Mail Centre, QLD 4810, Australia. 3 Department of Earth and Marine Sciences, The Australian National University, Canberra, ACT 0200, Australia. -
Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
J'ai gagné ! (cf. posts ailleurs sur le concours du premier qui trouve une tendance globale pour la salinité) Voici donc une étude [pdf] de la NOAA (Boyer et al. 2005) parue récemment dans les GRL. http://www.nodc.noaa.gov/OC5/DATA_ANALYSIS/saltrend.pdf En-dessous, on trouve ce qui est dit pour l'Atlantique (mais hélas, cela n'est pas très précis sur l'Arctique). En gros, il y a une "tendance négative large" sur la période 1955-98 quand on va vers le Nord (sauf Arctique), une tendance à la hausse dans la zone intertropicale. Mais : - si la salinité augmente avec la température, - si l'hémisphère Nord se réchauffe très vite depuis 1980 après avoir refroidi entre 1955 et 1980, eh bien... je ne comprend plus rien /emoticons/ph34r@2x.png 2x" width="20" height="20"> La tendance devrait être positive (augmentation de la salinité), non ? 3.1. Atlantic Ocean The Atlantic Ocean exhibits a large freshening (negative salinity trend) in the subpolar gyre from 45 N– 70 N. A large positive salinity trend is present in the subtropics and tropics in both the northern and southern hemisphere. This pattern of freshening in the north and salinification to the south for the North Atlantic was noted by Curry et al. [2003]. […] The large salinity increase in the Arctic close to the surface (above 50 meters) is biased by shelf data for which values can fluctuate greatly due to variability of river runoff and other factors. There is freshening south of 70 Sinthe Weddell Sea and near the coast of Antarctica. -
Banquises et changements climatiques
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Le lien est très intéressant (et votre hypothèse ne l'est pas moins). Sait-on si ces gigantesques tourbillons existent partout, ou s'ils sont limités à certaines zones Méditerranée-Atlantique ? -
Réchauffement et récifs coraliens
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
Oui, mais tu ne réponds pas à la question : pourquoi la "chimie de base" ne se traduit pas dans la "biologie de fait" ? Certes. Mais si tu remontes le fil et regardes le point de départ de cette question, je maintiens ma conclusion : au niveau des moyennes globales, le réchauffement récent 1860-2000 a augmenté les précipitations sans augmenter les événements intenses (tempêtes tropicales, orages, grêles, tornades, etc.). Et cette assertion est fondée sur GIEC 2001 lui-même, ce qui devrait quand même faciliter le consensus. -
Réchauffement et récifs coraliens
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
Par ailleurs, on peut se demander à la base ce qu'il en est de l'acidification des océans induite par le CO2. On trouve ici un rapport [pdf] très alarmiste de la Royal Society : http://www.royalsoc.ac.uk/document.asp?id=3249 Il y est dit dans le résumé : If global emissions of CO2 from human activities continue to rise on current trends then the average pH of the oceans could fall by 0.5 units (equivalent to a three fold increase in the concentration of hydrogen ions) by the year 2100. Puis on découvre dans l'étude : 2.3 Natural variation in pH of the oceans Surface oceans have an average pH globally of about 8.2 units. However, pH can vary by ±0.3 units due to local, regional and seasonal factors. (p. 6) Donc, une (très hypothétique) hausse du pH de 0,5 pour 2100 est présentée comme une catastrophe sans précédent, mais les actuelles variations naturelles de +/- 0,3 ne semblent pas désastreuses. Par ailleurs, comme il est précisé dans la légende de cette carte (du même rapport), l'activité biologique des océans tend à augmenter leur pH (donc à diminuer leur acidité). Or, la croissance des phytoplanctons en eaux de surface (principale activité biotique) est connue pour être favorisée par la chaleur et l'évaporation (voir carte et explications dans le site ci-dessous par exemple). http://www.atmosphere.mpg.de/enid/1vg.html Comme le rapport de la Royal Society signale que la croissance du CO2 atmosphérique n'affecte pas spécialement la photosynthèse ce phytoplancton (p. 16), je comprends mal pourquoi la hausse de pH liée à la croissance du phytoplancton ne compenserait pas en partie la baisse de pH due à la capture du CO2 atmosphérique. -
Réchauffement et récifs coraliens
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
Il est certain que certains modèles prévoient plein d'inconvénients pour le futur. Le travail dont je parle est une observation du réel, sur le bilan du XXe siècle dans le millénaire (et au même XXe siècle, sur le plan global toujours, GIEC 2001 n'a pas trouvé de tendance significative pour les orages, grêles, tornades, etc.). Cà, c'est notamment la thèse de Orr et al. dans un papier de Nature abondamment commenté (Orr 2005). Le problème de ce papier est qu'il est une pure spéculation (sur l'avenir du climat, sur la réponse biochimique des océans, planctons et coraux). Avant de se demander ce qui se passera en 2040 ou 2060, pourquoi ne pas étudier les coraux actuels, puisque la fameuse "augmentation sans précédent du CO2 atmosphérique depuis 400.000 ans" (ergo l'acidification) est une réalité datant de 1750 ? Quand on le fait, on trouve une augmentation de la calcification des coraux par rapport aux périodes antérieures au XXe siècle ou dans la fin du XXe récente par rapport au début (voir par exemple les données chiffrées de Lough Barnes 1997 et 2000, Bessat et Buigues 2001, Carricart-Ganivet 2004). * C'est amusant : pour les coraux comme pour les précipitations, et concernant le réchauffement global induit par CO2, le bilan de 1860-2000 n'a rien de catastrophique. Mais les annonces pour 2000-2100 le sont toutes. -
La courbe de hockey, où en est-on ?
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Exact, j'ai rédigé un peu trop vite ce matin. Disons plus simplement et au minimum qu'une variabilité naturelle forte entre 1000 et 1860 atténue le caractère exceptionnel de la variabilité 1860-2000, quelles que soient les causes de cette dernière. Par ailleurs, le fait de savoir si la temp. connaît des variabilités naturelles importantes sans modifications notables des GES atmosphériques est assez important pour le paramétrage des modèles. Je suppose qu'il s'agit de la corrélation entre la reconstruction MBH98-99 "bruitée" et les données du réel sur la période de contrôle (et une corrélation de 0,23 doit signifier dans ce cas env. 53% de fidélité entre les deux séries). Extrait de Wahl :A later 2005 conference report by Zorita and von Storch (ZVS05) (5) acknowledged that VS04 had altered the MBH procedure to base their reconstructions on detrended data, training the model on year-to-year variability. ZVS05 showed results for the same analysis using nondetrended data, which calibrate and verify far more realistically [figure 3 in (5)]. These results indicate still some, but much smaller, amplitude loss in the MBH method, at most ~0.2° for the perfect pseudoproxy case (which VS04 suggest shows loss of low frequency variance "induced by the method alone"), in relation to a total excursion of ~1.3° over the 1000-year simulation. -
La courbe de hockey, où en est-on ?
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Paléoclimatologie
Est-ce un effet de la proximité de GIEC 2007 ? Un commentaire vient de paraître deux ans (!) après la parution d'un article (Von Storch 2004). Pour résumer rapidement : Von Storch (VS) et al. (VS2004) ont critiqué la célébrissime "crosse de hockey" de Mann et al. (1998, 1999) en montrant que son usage intensif des anneaux de croissance n'était pas accompagné des précautions statistiques nécessaires - car les anneaux de croissance sont des proxies connus pour répondre à des signaux climatiques autres que les tendances à long terme des températures. A évaluant le "bruit" statistique de cette imprécision sur les périodes de référence et de validation (1902-80 ou 1854-1901) et en le projetant sur le passé, VS et al. (2004) ont montré la probable variabilité du climat passé (figure ci-dessous), sans rapport aucun avec la crosse de hockey (bruit = méthode ECHO-G sur la figure). Wahl et al. viennent de publier une critique de VS2004 (Science 2006), à laquelle bien sûr VS et al. répondent. Il n'y a pas une substance énorme dans cet échange - ce qui rend sa publication actuelle bien étrange, puisque les commentaires tardifs en revues scientifiques sont généralement le fait de remises en cause substantielles du papier commenté. Wahl et al. se contentent pour l'essentiel de souligner qu'une reconstruction postérieure de Zorita et VS (2005) trouve une amplitude moindre que dans le travail de 2004, et considèrent que le "bruitage" des données par VS2004 n'est pas pertinent et risque au contraire de fausser l'interprétation des tendances. VS et al campent néanmoins sur leur position en rappelant que si Mann98/99 colle bien à la période de référence (1902-80) centrée sur 1930 (même avec des données bruitées), la corrélation avec la période de validation (1854-1901) n'est que de 0.23 (si l'on utilise ces mêmes données bruitées), ce qui laisse selon eux planer un doute important sur la crosse de hockey (schéma de droite ci-dessous, où l'on voit que la bonne adéquation au XXe siècle devient très vite problématique au XIXe). *** Rappelons qu'au-delà de l'anecdote pour décideurs (1998 est l'année la plus chaude depuis Charlemagne, et pourquoi pas depuis les dinosaures), l'enjeu véritable de la crosse de hockey est l'estimation de la variabilité naturelle du climat. Selon qu'elle est faible ou forte, l'estimation de la sensibilité climatique aux activités humaines récentes l'est inversement. Cette courbe de hockey, une pièce maîtresse du dispositif médiatique (mais non scientifique) de GIEC 2001, est devenue en quelque sorte un proxy pour évaluer la future objectivité de GIEC 2007. Soit le GIEC 2007 reconnaît qu'elle est contestée dans sa méthodologie et non reproduite par d'autres études sur d'autres proxies (donc, que l'abstention est la position la plus prudente tant que les reconstructions ne sont pas plus uniformes). Soit le GIEC 2007 récupère les légères variantes récentes de la crosse de hockey (Mann2003, Briffa2005, etc.) pour essayer de sauver la face sans reconnaître le caractère péremptoire et prématuré de son usage en 2001. Réponse dans un an. -
Réchauffement et récifs coraliens
charles.muller a répondu à un sujet de charles.muller dans Archives
D'autant qu'il y a au fond deux bonnes nouvelles, puisque l'autre étude commentée par l'AFP [Treydte, K. S. et al. Nature 440, 1179–1182 (2006)] rappelle que les précipitations globales ont augmenté en moyenne de 1% / décennie au XXe siècle. Cette légère intensification du cycle de l'eau (présente partout hors Amérique latine semble-t-il) est dans l'ensemble une conséquence positive du réchauffement récent, puisque tout le monde reconnaît que la disponibilité en eau pour les hommes et les cultures est un enjeu crucial du moment. -
Le Groenland a déversé deux fois plus de glace dans l'Atlantique
charles.muller a répondu à un sujet de gxxiii dans Archives
A l'écran, cela paraît correct (au moins la présente page de cette discussion), tous les textes sont justifiés sur la même largeur. Mais il se peut que l'introduction d'images crée un bug à l'impression. (J'ai déjà remarqué que certaines images élargissent bcp les posts ; depuis, j'essaie de les calibrer à 700 px maxi, 500 px si possible). -
les modèles climatiques sont extrêmement imparfaits
charles.muller a répondu à un sujet de anecdote dans Archives
Là, je n'ai pas trop le temps de répondre en détail sur les deux thèmes. Pour aller vite sur le premier (Indoex), voici la synthèse dans Radiative Forcing of Climate Change 2005 (libre lecture page à page sur : http://www.nap.edu/catalog/11175.html, c'est dans le chap. 4 : Rethinking the global radiative forcing concept) : South Asian Pollution Observed over the North Indian Ocean The figure below shows the anthropogenic aerosol forcing over the North Indian Ocean averaged for January-April during 1996 to 1999 for available INDOEX observations (Ramanathan et al., 2001a). The bar chart shows the direct forcing, the indirect forcing, and the greenhouse forcing at the top of the atmosphere, the surface, and the atmosphere. The sum of the direct and the indirect forcing at the surface is as much as −20 W m−2, which amounts to a reduction of about 10 percent of the absorbed solar radiation at the surface. A correspondingly large positive forcing of 15 W m−2 is exerted on the atmosphere. The positive atmospheric forcing is due largely to the soot and dust absorption of solar radiation. The TOA forcing is a small difference (−5 W m−2) between two large competing terms at the surface and the atmosphere. If only the TOA radiative forcing is considered, one would conclude that the direct climate effect of Asian aerosols is near zero. Four-year (1996 to 1999) average of direct and indirect aerosol forcing during the dry season (January to April) observed during the INDOEX campaign. The data are averaged over the North Indian Ocean, from the equator to 25°N and from 60°E to 90°E. SOURCE: Ramanathan et al. (2001a). Et les suites du programme sur le site d'Indoex : http://www-indoex.ucsd.edu/ *** Pour le rayonnement solaire / cosmique, je mets cela au frais pour un peu plus tard. A la fois parce que je suis à la bourre présentement, mais aussi et surtout parce que les deux sujets méritent à mon avis une grosse discussion à part entière.