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Evolution des banquises au cours de l'hiver 2005-2006
charles.muller a répondu à un sujet de Alain Coustou dans Archives
Apparemment, la banquise varie actuellement de 5 à 14 Mkm2. Et les anomalies, sauf bug, excèdent rarement 1 Mkm2. Cela fait 20% sur l'extension minimale, 7% sur l'extension maximale des vingt dernières années. Est-ce exceptionnel? D'autant que d'après cette courbe, on a plutôt franchi les moyennes à la hausse en nov. 2005 et que le dernier minimum en date d'août-septembre n'était finalement pas si éloigné de la moyenne (env. -200.000 km2, soit 4% en dessous). Cela semble montrer une variabilité intra-annuelle forte. -
Tu cite là un cas intéressant de modification locale. Le plus dur est évidemment de distinguer ces effets locaux des effets globaux.
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Il serait intéressant de savoir si les chênes ont aujourd'hui des modifications phénologiques de l'ordre de 500m/an. Ou bcp plus, ou bcp moins, ou identiquement. Amis forestiers, une idée ?
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Augmentation de l'activité électrique en France
charles.muller a répondu à un sujet de TreizeVents dans Climatologie
Pas d'info sur le point 1. Mais cela serait intéressant de chercher - les "fanas" d'orage ont bien des sources, non ? :-). Sur le point 2, je suggérais seulement, avant que l'on parle en détail de l'activité orageuse à Brie-Comte-Robert au mois d'août 1985 ou de celle de St-Cast-le-Guildo deux ans plus tard, qu'une bonne volonté rappelle les conditions générales de formation des orages (que je ne connais pas personnellement, cela m'instruirait). Et cela sans sortir les archives sur trois siècles sur chaque condition, juste l'état exact de la théorie en domaine. Ce qui m'y incite, c'est aussi cette phrase de ton premier post : Dès le départ, tu as mis le point sur une hypothèse intéressante (les conditions globales déterminent en partie les situations locales), en forme de conviction personnelle. Cela serait bien d'approfondir. Pour l'instant, vu le nb de régions qui se plaignent d'un manque d'orage, j'ai l'impression que la question n'est pas très dépendante de facteurs globaux. Mais comme toujours, sans mesures exactes, on parle un peu dans le vide. -
Sauf que là, tu prends in fine "les sceptiques" dans leur globalité comme s'ils étaient motivés à titre principal par la mise à mort de la souris Kyoto. C'est peut-être le cas pour beaucoup, mais pas le mien. A la limite, je suis totalement indifférent à Kyoto en soi. Il me semble que l'argent serait plus utilement dépensé à l'adaptation progressive des populations - adaptation déjà utile, cf. le bilan de la canicule par manque de moyens basiques en institutions de placement. Il me semble aussi que même les parties les plus en pointe (UE en globalité) ne tiennent pas leurs engagements, alors qu'ils entendent par ailleurs donner des leçons de vertu aux Américains. Mais je ne fais pas un cheval de bataille de toutes ces questions. Ce qui m'irrite et me motive, c'est le sentiment que l'objectivité scientifique est piétinée par un processus auto-entrenu de course à l'alarmisme depuis 1988. Le GIEC comme institution en est partiellement responsable à mes yeux : autant le travail de synthèse scientifique est utile à la climatologie (et souvent passionnant à lire), autant la double nécessité de s'adresser aux décideurs et de produire des chiffres précis sur 2100 conduit à des distorsions patentes. Comme celles-ci ont donné lieu à des querelles de plus en pus vives entre scientifiques, cela conduit à une sorte de "bellicisation" du champ scientifique, lequel devient à son tour douteux. Exemple : il est clair que si la future partie sur la reconstitution des températures des 1000 ans passés a pour auteur principal un des "belligérants" de la courbe de hockey, j'aurai un doute sur la parfaite objectivité de la synthèse proposée. Doute qui demandera l'étude de tous les papiers synthétisés pour être levé. De même, la focalisation sur les GES limite forcément les crédits (qui sont limités) pour d'autres facteurs climatiques tout aussi importants. Au-delà du GIEC, les seconds responsables de la distorsion des données scientifiques sont à mes yeux les médias. A dire vrai, la climatologie n'est pas un cas isolé car j'ai rencontré une multitude de gens agacés par le compte-rendu médiatique des sujets qu'ils connaissaient bien. Il est probable que l'affligeant média dominant (télé) impose de plus en plus ses méthodes (faire vite, frapper fort, toucher aux tripes, ne pas perdre les précieux espaces rentables à expliquer, considérer le cerveau du lecteur/auditeur/spectateur comme une cible pour les tranches de pub et pas autre chose, etc.). Ce qui me rend optimiste, c'est l'émergence du contre-média internet, malgré ses défauts. Enfin, je ne crois pas que l'on pourra longtemps "consommer du fossile à qui mieux mieux", quel que soit l'effet réel des GES sur le climat. Le prix du baril ne tient pas à une soudaine prise de conscience environnementale des investisseurs financiers. Plutôt aux limites réelles de cette énergie par rapport à la demande (et aussi au jeu fou des impérialismes et des fondamentalismes, si riche de carnages à venir).
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Oui c'est pas bête du tout, merci du conseil : je vais rédiger qqch dans ce sens.
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Les 6 milliards d'humains actuels étant les parents et grand-parents des générations futures, se soucier d'eux n'est pas une manière absurde d'envisager le long terme. Depuis que Hans Jonas et d'autres nous ont expliqué que nos actions doivent être dictées par le seul souci des générations futures, je constate que certains sont toujours prêts à en faire baver à la génération présente. (A commencer par Jonas lui-même, qui envisageait de mémoire assez froidement, dans son Principe responsabilité, la survenue d'un régime autoritaire pour faire rentrer l'humanité dans le droit chemin environnemental. Sans moi). Comme je l'ai déjà expliqué ici ou là, je n'ai aucune référence particulière en climatologie, thème qui m'intéresse par pure curiosité scientifique. Puisqu'il faut dévoiler son CV pour parler du climat, voici quelques infos. Je suis biologiste de formation et je travaille dans la communication/consulting en ce domaine (bio ou médical). Si tu veux des exemples : je bosse en ce moment à l'écriture / réécriture du rapport annuel de l'Inserm, un joyeux pavé de 180 pages ; je suis rédacteur principal de magazines vendus sur abonnement (La santé après 50 ans, La médecine au féminin) ou j'assure l'editing de bulletins plus spécialisés (Arbre vasculaire, Cercle de neurologie comportementale) ; je fais des missions pour certains labos (Ipsen) ; je collabore aux éditions Dargaud / Chroniques pour la rédaction des pages scientifiques de leur volume annuel ; je bosse de temps en temps sur les acteurs du développement durable (Hexagone environnement / Eco Médias) ; j'ai été directeur de la rédaction pendant 5 ans de Biosciences (revue de vulgarisation kiosque) ; j'ai rédigé pas mal de textes de vulgarisation sur des événementiels scientifiques (Train du génome / Fondation Aventis, etc.) ; je m'amuse même à parler des impacts sociétaux des nouvelles technologies (Digital World / Connecté) ; j'ai achevé voici peu la réaction d'un livre de synthèse sur les effets neurobiologiques des plantes psychotropes (Medicis) ; etc. etc. Bref, rien de tout cela n'est "politique" (je suis de toute façon un très mauvais citoyen de ce point de vue) et la seule idée d'avoir à travailler avec des politiques m'ennuie au plus haut point. Et à l'exception du développement durable, rien de tout cela n'est non plus lié directement ou indirectement au climat. Quant à mon site, au-delà du pitch destiné à marquer le lecteur sur "l'état réel du climat" et "les infos scientifiques que l'on ne lit pas ailleurs" (c'est de bonne guerre face à la mégamachine médiatique alarmiste que les sceptiques doivent affronter), il consiste assez modestement à rédiger et publier des synthèses de ce que j'ai lu depuis un peu plus d'un an. Les commentaires étant libres (et impossibles à supprimer, même pour l'éditeur), il n'est pas difficile d'y relever le cas échéant mes erreurs et contre-vérités, ce qui est profitable à tout lemonde, à commencer par moi. Si je bénéficiais de subsides industriels ou politiques, je pense que je n'aurais pas choisi un blog auto-édité. Et je suis sûr que je passerais moins de nuits blanches à faire cela en plus de mes activités alimentaires évoquées plus haut J'espère que tout ceci répond à ta légitime suspicion à mon encontre.
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Augmentation de l'activité électrique en France
charles.muller a répondu à un sujet de TreizeVents dans Climatologie
Je trouve cette discussion tout à fait légitime, mais je ne peux y apporter grand chose. Une suggestion de méthode : soit on a une approche empirique, soit on a une approche théorique. Approche empirique : on examine la fréquence et l'intensité d'un phénomène, mais on est bien obligé d'aller chercher des données un peu anciennes, sinon le recul est insuffisant. Est-il si difficile de trouver des archives de l'activité orageuse dans un pays (France ou autre) ? Quand on avait discuté des tornades, j'avais trouvé sans trop de difficulté une synthèse NOAA sur les trente dernières années. Approche théorique : on se penche dans ce cas sur les phénomènes favorisant les orages. J'imagine qu'il faut creuser la nébulosité, le gradient thermique de l'atmosphère, les champs électriques associés aux mouvement convectifs... Pourquoi ne pas faire une liste précise de ces conditions nécessaires, histoire de voir ensuite si l'on a qqch à dire sur leur évolution / conditions générales du climat (récahuffement en particulier, puisque le présupposé implicte de la présente discussion est que le réhauffement favorise les événements extrêmes, dont les orages) ? -
Ces données nous montrent que les glaciers des côtes du Groenland, examinés avec des moyens inédits d'observation, ont connu une accélération entre 1995 et 2005, surtout les trois à cinq dernières années. C'est tout. Si tu es d'un naturel anxieux et/ou prudent et/ou inquiet et/ou alarmiste, tu y vois le signe avant-coureur d'une catastrophe de grande ampleur. Et tu réclames que l'on agisse hic et nunc. (Idem si tu as un intérêt matériel à cette position). Si tu es d'un naturel serein et/ou joyeux et/ou optimiste et/ou sceptique, tu y vois une mesure (à peu près) fiable, mais non pertinente pour dessiner une évolution à long terme. Et tu réclames d'autres mesures fiables. (Idem si tu as un intérêt matériel à cette position). Je caricature un peu, mais c'est à mon avis aussi simple que cela. Personne ne remet en cause que le pôle nord connaît un réchauffement important depuis 10-15 ans. Mais tout le monde n'est pas d'accord sur la gravité et la portée de ce réchauffement récent. Dès lors, en situation d'incertitude, c'est la porte ouverte aux interprétations subjectives. Accessoirement, si tu as une solution pour stopper les émissions de GES rapidement sans léser 6 milliards d'humains dont 3 en plein développement et 1 en forte dépendance des 2 plus riches, nous t'écoutons avec attention car cela permet de résoudre le dilemme sans douleur ni coût. Ce ne doit pas être un hasard... mais je n'ai franchement rien compris à l'article théorique sur les glaces, à part que cela parle bcp de glace, d'hydrogène, de diagramme de phase, de diffraction de neutrons... Si je dis qu'il n'est pas lié, c'est juste que l'auteur ne fait strictement aucune d'une application "concrète" de son exposé. Mais j'avoue mon incompétence quasi-totale pour juger de l'intérêt de ce papier.
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Tu as raison, j'ai chargé tout le numéro. Le dernier (Salzmannet al.) est un papier de physique fondamentale des glaces, pas lié au climat. Et le commentaire sur Kyoto n'est très intéressant. Mais j'ai en effet oublié le papier de Goran Ekstrom sur les séismes glaciaires et sa mise en perspective par Joughlin. De quoi s'agit-il ? Quand les glaciers fondent, ils se lubrifient à la base et provoquent des déplacements parfois rapides de masses importantes. Ces mouvements se répercutent au socle terrestre sous forme de petites ondes sismiques. Ekstrom et al. ont trouvé 182 séismes glaciaires de ce type entre janvier 1993 et octobre 2005. La fréquence saisonnière est la plus élevée dans les deux derniers mois de l'été (juillet août) et le premier mois de l'automne (septembre), ce qui est assez logique puisque les températures les plus hautes favorisent la fonte et le mouvement rapide des glaces. Elkstrom et al. rapportent que l'on trouve chaque année deux fois plus de séismes glaciaires entre 2002 et 2005 que dans toutes les années précédentes. Les données étant courtes (temporellement : 13 ans) et limitées (spatialement : 7 zones), les auteurs se gardent d'aller plus loin et suggèrent simplement que "les séismes peuvent servir de marqueur de la réponse des plateformes glaciaires à un forçage externe". * Ian Joughlin met ces travaux d'Elkstrom en perspective et pose directement la question du lien avec le réchauffement (Greenland rumbles louder as glaciers accelerate, 1719-20). Il précise : - les températures estivales entre les années 1960 et les années 1990 tendaient à être plus froides que la moyenne ; - A partir de 1995, la température estivale moyenne a commencé à monter dans les stations côtières, atteignant des records depuis près d'un siècle ; - la durée de ce réchauffement récent est néanmoins trop courte pour distinguer des causes naturelles ou anthropogéniques ; - le fait que les glaciers réagissent ainsi rapidement à des hausses assez faibles montre qu'il faut désormais en tenir compte dans les modèles hydrologiques / glaciologiques. * Enfin, le commentaire de Bindschadler reprend l'ensemble des donnés récentes sur les lubrifications glaciaires en Arctique et Antarctique, en soulignant que ce n'est pas le réchauffement des eaux en surface qui en est la cause directe (vu que ce réchauffement n'est pas attesté aux très hautes ni très basses latitudes), mais plutôt un processus complexe entre un réchauffement en eaux profondes (600 m) et la fonte de moraines près de la surface. Il montre aussi que la plupart des glaciers de l'Antarctique ne connaissent pas de fonte en surface comme ceux du Groenland (mais que la Péninsule est en revanche bien plus sensible à la hausse de T des eaux profondes, de sorte que sa conclusion est plus optimiste pour l'Arctique que pour l'Antarctique de ce point de vue). Cette fois on est complet, je crois. Je retiens pour ma part que le débat est ouvert, que divers indices plaident pour une accélération en cours de certains glaciers, mais que ces tendances sont trop récentes (hors Péninsule ant.) pour conclure sur leur évolution prochaine (a fortiori leur évolution séculaire) et sur leur cause exacte (naturelle ou anthropique).
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Attention : mes "articles" (qui ne sont jamais que des compte-rendus d'article de chercheurs) montrent seulement que le facteur solaire (irradiance totale ou insolation effective) est à explorer plus sérieusement, à côté (et non à la place) d'autres facteurs, dont les GES. Sinon, je suis bien d'accord avec toi : dans l'ensemble et pour ce que l'on connaît du passé, les périodes de refroidissement sont plus nuisibles à la vie en général et à l'homme en particulier que les périodes de réchauffement. C'est une appréciation très générale, n'excluant pas bien sûr que certaines espèces hyperadaptées au froid souffrent ou disparaissent lors des réchauffements. Le fait est que nous sommes déjà engagés sur la pente de la prochaine glaciation... mais à un rythme tout de même très paisible, puisqu'il reste 40.000 à 60.000 ans (de mémoire) pour s'y préparer.
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L'article que tu citais à l'origine (A worrying trend...) est unique (c'est le focus de Kerr) et il commente les différents papiers récents que j'ai énumérés. Je n'ai pas dit que Science avait "perdu la boule", mais qu'ils ont un peu tendance à publier tout ce qui arrive en modélisation. Autant l'exercice est légitime sur les diverses mesures actuelles du climat, autant son intérêt scientifique est un peu plus douteux sur les simulations. Kerr conclut d'ailleurs son papier par ces dernières lignes : "Personne ne sait si les réchauffements exceptionnellement élevés autour des glaces continueront ainsi, si l'accélération des glaciers des années récentes se ralentira quand les plateformes s'ajusteront à cette chaleur nouvelle, ou si plus de glaciers encore continueront à s'affaisser sous la chaleur. Personne ne sait, donc." On est bien avancé... Cette conclusion ne permet pas hélas d'exclure que tu passes ta retraite à extraire du granit pour construire une digue. Mais les Bretons sont des grands bâtisseurs, non ? /emoticons/sad@2x.png 2x" width="20" height="20">
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C'est aussi ce que je me suis dit. Si les chiffres que j'avais lus sont corrects, on aurait 50-80 ans de réserves gaz-pétrole, mais 200-250 ans de réserves charbon. Plutôt sombre, comme perspective... En revanche, sur le fossile comme énergie (et non le pétrole matière première pour l'agro-alimentaire, les plastiques etc.), n'es-tu pas un peu pessimiste sur l'absence d'alternatives, au moins sur 2000-2100 ? Il me semblait qu'un co-développement volontariste du nucléaire et du renouvelable pouvait à peu près pallier l'abandon progressif du fossile (en dehors d'innovations majeures mais hypothétiques sur l'hydrogène, le photovoltaïque, etc.)
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J'avais bien compris ainsi... et je trouve simplement cela trivial. Puisqu'il faut faire un effort d'imagination, je peux me projeter en 1900 et dire : comment l'humanité pourrait-elle passer en moins d'un siècle d'un milliard à quelques 5 ou 6 milliards d'individus, ce qui ne s'est jamais vu dans l'évolution d'une espèce mammifère, alors qu'elle peine déjà à se nourrir, se chauffer, se soigner correctement. Eh bien non seulement ce fut faisable, mais l'humanité 2000 se nourrit, se soigne et se chauffe (en moyenne) un peu mieux que l'humanité 1900. (Ceci dit sans évoquer les effets pervers innombrables sur les milieux, dont la prise de conscience progressive change déjà et changera plus encore notre développement au cours de ce siècle). Janco connaît bien Milankovitch, mais cela ne change rien à la limite de sa métaphore. Dire : il n'y a jamais que 5°C de différence entre une glaciation et un interglaciaire ne dit rien sur ce que représenterait 5°C en plus au sein d'un interglaciaire (a fortiori 1 à 2 °C). Enfin, je suis d'accord aussi avec Torrent (ce qui est moins rare que toi pour le moment Je ne connais pas très bien le débat énergétique, mais j'ai une question : l'évolution du coût du pétrole et du gaz depuis quelques années, qui semble signer une inexorable hausse due à la rareté des réserves par rapport à la production et à l'instabilité géopolitique endémique, n'est-elle pas de nature à favoriser les schémas les plus optimistes du GIEC (dans le volet énergétique), c'est-à-dire ceux d'une transition rapide vers l'après-fossile au cours du XXIe siècle? Ou y a-t-il au contraire une possibilité de retrouver une énergie fossile abondante, sûre et rentable d'ici 2020 ou 2030 ?
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Plutôt d'accord avec eux sur le volet énergie. Le seul passage sur le climat, c'est du Janco tout craché : "La deuxième certitude concerne le climat : il y a vingt mille ans, au plus fort de la dernière ère glaciaire, la planète n'avait perdu que 5 °C de température moyenne par rapport à maintenant. Quelques degrés en plus pour la moyenne planétaire en un ou deux siècles seraient donc un choc climatique aux conséquences inimaginables au premier sens du terme, c'est-à-dire impossibles à imaginer dans le détail. En effet, une transition climatique aussi rapide appliquée à quelques milliards d'individus sédentaires ne s'est jamais produite dans le passé, proche ou lointain." Bien. N'essayons pas d'imaginer, alors. D'autant que cette analogie omniprésente dans la littérature alarmiste fonctionne toujours dans le même sens (cinq degrés en moins, c'est la terrible glaciation... ce qui ne dit rien de concret sur 1 ou 3 (ou 5) degrés en plus dans le passé de la Terre. Et cela ne dit pas non plus que les degrés en moins tenaient aux cycles longs de la position terre-soleil, c'est-à-dire à un processus lent et inéluctale de refroidissement, sans rapport avec les durées de vie relativement courtes des principaux gaz à effet de serre dans l'atmopshère. Quand on prend l'analogie au mot, on se demande comment la vie n'a pas presque entièrement disparu entre -20.000 ans et - 8000 ans - bcp d'espèces, sans être sédentaires, ont une aire adaptative limitée sur cette durée.
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Je crois que c'est ce point là qui est important donc. Le flux absorbé par l'atmosphère (estimé à 68 K/m2) se convertit essentiellement en : - chaleur atmos. (réchauffement de la tropo) - chaleur de surface (dite chaleur sensible) - rayonnement IR sortant (vers l'espace) Dans le bilan thermique du transfert radiatif, l'atmosphère contribue au réchauffement de la surface par la chaleur sensible (env. 24 W/m2) et l'inverse est vrai de la surface vers l'atmosphère (chaleur latente due à l'évaporation et à la condensation, env. 78 W/m2)
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L'article en question est un focus de Richard A. Kerr sur quelques travaux récents, dont a parlé ici pour la plupart : Rignot (2006) qui trouve une perte 1995-2005, Zwally (2005) qui trouve un gain 1992-2002, Velicogna (2006) qui trouve une perte 2003-2004 (dans l'Antarctique). Si l'on écarte Zwally, les autres tendances en rythme constant donnerait 50 cm de niveau de hausse des mers pour 2100. Le focus commente ensuite deux simulations d'Overpeck et Otto-Bliesner (2006) parues dans ce numéro de Science. Ce sont ces simulations qui suggèrent une possible hausse des mers vertigineuses, de plusieurs mètres d'ici 2100, sur la base d'une reconstitution de ce qui s'est passé aux pôles voici 130.000 ans. J'ai fait part sur mon site du caractère à mon avis aberrant de cette dernière simulation: on a déjà la plus grande difficulté à faire tourner des modèles sur 100 ans avec les mesures présentes, je vois mal la fidélité d'une reconstitution du climat passé à 130.000 ans, avec les pauvres proxies que l'on a. (Voir aussi sur mon site les commentaires dubitatifs d'une spécialiste française des glaces). Pour répondre à ta question, que Science ait publié ces papiers (Overpeck et Otto-Bliesner) illustre assez bien le peu de sélectivité du comité de lecture quand il s'agit de réchauffement climatique. Non que leurs modèles soient formellement faux, bien sûr : mais les données qui les alimentent sont tellement minces ou hypothétiques que cela n'apporte rien de décisif (sauf un chiffre élevé qui épatent les médias) et aurait dû être publié dans une revue spécialisée de moindre envergure (J. Clim, Clim. Change, etc.).
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J'avoue que je suis un peu perdu dans cette discussion entre williams et toi. Je reformule dans mes termes, vous me direz quoi correspond à quoi dans les vôtres. Dans le sens soleil>atmosphère>surface (flux entrants), on a : Soleil - Flux total entrant (irradiance totale) Atmosphère - Flux réfléchi vers l'espace (aldébo nuages + aérosols + certaines molécules) - Flux absorbé Surface - Flux réfléchi vers l'atmosphère et l'espace (aldébo terrestre) - Flux absorbé Dans le sens inverse surface>atmosphère>espace (rayonnement IR, flux sortants), on a: - Rayonnement de la surface direct vers l'espace - Rayonnement de la surface vers l'atmosphère - Rayonnement de l'atmosphère vers l'espace Et bien sûr l'effet de serre : - Rayonnement de surface réfléchi par l'atmosphère vers la surface
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J'ai acheté et lu le livre de Pascal Acot (Catastrophes climatiques, désastres sociaux, PUF, Paris 2006). Je suis assez déçu, pour les raisons suivantes (rapidement). - Livre fourre-tout et bordélique. L'auteur parle d'un chapitre sur l'autre de catastrophes climatiques locales (canicule 2003, Katrina, etc.), puis entrecoupe cela de chapitres généralistes (sur le climat, l'histoire de l'écologie), etc. On finit par s'y perdre. Et à parler un peu de tout, on manque de matière et précision sur chaque point abordé. - Livre imprécis. Je signale au moins une erreur climatologique qui m'a sauté aux yeux : selon l'auteur, les forages glaciaires montrent, pour les paléoclimats, que l'augmentation des gaz à effet de serre précèdent de 1000 ans la hausse des températures (p. 86). Or, c'est exactement l'inverse qui a été montré : ce sont les hausses de températures qui ont précédé celles des GES durant le Quartenaire (en moyenne de 800 ans : voir Fischer 1999, Indermuhle 2000, Mudelsee 2001.) C'est d'ailleurs un motif de scepticisme sur l'importance des GES dans la détermination des températures (dans les climats passés, ils interviennent après, comme rétroaction positive, mais pas avant, comme cause principale). - Livre politique. Si j'ai bien compris, Acot considère que le principal problème est le sytème capitaliste libéral, les catastrophes climatiques étant en fait des catastrophes sociales de manque d'adaptation au climat en raison de politiques de court terme guidées par l'intérêt. (L'ouvrage se conclut symboliquement par un rappel de la vision marxienne de la nature, au cas où l'on n'aurait pas compris). Il a tout à fait le droit de penser cela, et je partage d'ailleurs nombre de ses points de vue sur les défauts d'anticipation du libre marché. Mais il y a un hiatus permanent entre la position d'observateur neutre du CNRS et l'engagement polémique*. Du coup, on en vient à se demander si tous les faits rapportés (avec très peu de références) sont bien exacts ou s'ils procèdent d'un "filtre" préalable. Je précise que ces critiques ne viennent pas du tout de mon scepticisme sur le réchauffement, car la tonalité du livre d'Acot est au contraire à dominante sceptique. Il dit qu'il faut prendre le GIEC au sérieux (p. 97), mais il multiplie par ailleurs les remarques incitant à ne pas le faire et il cite favorablement plusieurs critiques du GIEC (hélas, les plus idiotes). Acot fait par exemple remarquer que la part humaine dans le réchauffement est censé être une "conclusion robuste", alors qu'elle est encore entachée d'incertitudes-clés (citation de Jouzel sur l'absence de "preuve indicutable" de la part anthropique du réchauffement). Il conclut ainsi son chapitre sur le GIEC : "Le GIEC intervient objectivement dans la stratégie des maîtres du monde en matière de consommation et de production énergétiques dans les pays avancés, comme dans les pays émergents, comme dans les pays dit "en voie de développement". Avec la meilleure bonne foi du monde, les scientifiques les plus honnêtes peuvent à leur insu servir des causes qui ne sont ni pures ni neutres" (p. 101). On voit là que les questions idéologico-politiques sont surdéterminantes dans l'approche d'Acot (le GIEC est manipulé par les puissances du G7 qui veulent dicter leur loi économico-énergétique au reste du monde). Il n'a pas entièrement tort, bien sûr, notamment quand on sait que les pays riches (Europe et France en tête) vont plutôt utiliser les mécanismes flexibles de compensation de Kyoto pour respecter leur engagement 2010, étant incapables de limiter la hausse constante des émissions par transports particuliers / marchandises. (C'est-à-dire que les pays riches vont continuer à polluer selon leur besoin de croissance, mais investir à bien moindre coût dans des énergies propres du tiers-monde). Mais ces questions politiques ne sont quand même pas le fond du débat concernant le réchauffement. (*) Comme Acot l'explique en ouverture, il a découvert son père mort lors de la canicule 2003. Ce choc et cette douleur expliquent sans doute la dimension polémique sous-jacente. PS : rien à voir - sauf que cela concerne quand même les effets pervers des logiques marchandes :-) Je signale que certaines pubs bloquent les machines un peu anciennes, comme celle où j'écris présentement car je suis en déplacement (Mac système 9). Certains utilisateurs peuvent donc être gênés par messieurs les annonceurs, ce qui est dommage.
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Plus haut dans la discussion, je demandais une référence pour savoir comment on calcule la demi-vie du CO2. Je réponds à ma propre question, mais c'est pour signaler un livre extrêmement intéressant que je viens d'acheter : R. Delmas, G. Mégie, V.H. Peuch, Physique et chimie de l'atmosphère, Belin, Paris 2005. On y trouve toutes les lois / équations utilisées en modélisation climatique, bien décomposées et assez abordables (je dirais 1er cycle universitaire). Avantage et non des moindres (qui ne joue pas pour les équations, mais pour tout ce qu'il y a autour) : c'est pour une fois un livre en français. Il est vraiment très complet. La réponse précise à la question de l'évaluation de la durée de vie d'un composant chimique atmosphérique se trouve donc en pp. 427-429. (Malheureusement difficile de reproduire les équations concernées ici). (A signaler au passage, si un lecteur connaît les auteurs - dont un du CNRM - ou l'éditeur : une facheuse faute de frappe donne un temps de résidence atmosphérique du CO2 de 15 ans, dans l'intro en p. 23, au lieu de 150 ans)
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Sur le forçage, 0,16 (Pinker) c'est la moyenne anuelle sur 22 ou 23 ans (je suis en déplacement, pas mes codes ni mes archives), entre 1980 et 2002 de mémoire, ce qui fait plutôt le double. Bien sûr, cela ne se traduit pas intégralement en température de surface (cf. en effet les absorptions et diffractions complexes par aérosols, bien mis en évidence par le modèle indien INDOEX). Pour Crowley, je pense que c'est surtout la reconstruction sur 1000 ans qui l'a obligé à beaucoup lisser par rapport à la période de référence qu'il a choisie. Sur 100 ou 150 ans, il doit y avoir dautres estimations plus précises de l'activité volcanique (dépôts spécifiques dans les carottages par exemple), mais je n'ai encore rien trouvé.
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Très flatté (JBR) Les quantités de méthane concernées sont bien moindres que celle des activités humaines. Mais le fait est que les chercheurs n'en finissent pas de découvrir de nouvelles sources naturelles de CH4 : en février les volcans de boue, en janvier les plantes... Mère Nature aime l'effet de serre ! Je n'ai pas encore lu Le Monde, mais je pense qu'il s'agit des travaux de Sowers parus dans Science voici quelque temps déjà (janvier ou février dernier). Si c'est ca, ils concernent surtout les phases de réchauffement récent et très rapide de l'Arctique. Cela n'exclut pas une contribution des hydrates à des événements plus anciens, d'ailleurs, mais cela peut relativiser certaines craintes actuelles. D'autant que l'Arctique avait connu dans cette période des hausses de plus de 15°C en deux ou trois décennies - pire encore que ce nous promet Sir King dans ses projections terrifiantes de villes englouties.
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Non, je ne fais pas la guerre, non je ne crois pas que tu as inventé la courbe et non je ne suis pas bouché. Mais ce sujet m'intéresse de plus en plus, car je m'aperçois qu'il n'y a finalement pas grand chose dans la littérature. A l'origine, j'ai posté cette remarque sur 1940-70 comme une simple boutade. Puis, tu as publié les courbes de Crowley et j'ai creusé un peu. Je croyais trouver des explications claires et évidentes, ce n'est pas le cas. En vérifiant dans la courbe de synthèse des reconstructions par modèles (all forcings) du GIEC 2001, j'ai constaté que cette période, avec le fin XIXe, est la plus éloignée des observations pour les re constructions par modèles (les modèles prévoient d'ailleurs trop bas, mais c'est le décalage qui m'intéresse : ils peuvent par exemple prévoir trop bas en exagérant tel ou tel forçage, exagarétion nécessaire à ce que la courbe de reconstruction "colle" avec les autres périodes ; en tout cas, le fait est qu'ils sont moins précis à cette période qu'ailleurs, ce qui signe une anomalie climatique mal intégrée par ces modèles, ou au moins par cette "moyenne des modèles" publiée par le GIEC). De fait, il y a plein de petite chose qui ne collent pas. Si je prends Crowley 2000, il faut par exemple que j'arrive à comprendre pourquoi il totalise 0,00 de forçage volcanique entre 1926 et 1955, alors qu'il y a au moins 22 éruptions remarquables (cat. 4) recensées dans cette période. Il a dû prendre une période de référence plutôt que le nombre absolu d'éruption (à moins qu'il emploie une base paléo sur les dépôts de sulfates), je lui écrirai pour avoir une explication. Son travail porte de toute façon sur 1000 ans, et il a donc forcément lissé les données en conséquence. Je ne vais pas continuer la discussion sur ce point ici, car je suis en train de rassembler divers éléments sur les quatre principaux forçages concernés (GES, aérosols antropiques, aérosols volcaniques, variations solaire) et je publierai une synthèse. * Sinon, tout autre point : je ne comprenais pas bien pourquoi tu citais sans cesse l'aldébo en réponse aux travaux de Wild et Pinker (2005) sur la hausse de l'insolation 1990-2002. En lisant Real Climate, je crois avoir saisi. Sauf erreur, et tu me répondras sur ce point, je pense que tu confonds deux débats : le global brightening (Wild, Pinker, ce dont je parle ici à titre principal) et le global dimming (dont parle RC). Pour ceux qui n'ont pas suivi, l'assombrissement global (global dimming) est une expression lancée par Gilgen (1998) et reprise par Stanhill et Cohen (2001) désignant une hausse globale de la nébulosité entre 1960 et 1990, représentant selon ces auteurs un important forçage négatif. Là où il y a débat, notamment à Real Climate, c'est que l'augmentation de la nébulosité ne signifie pas obligatoirement forçage négatif : cela dépend des types de nuages qui augmentent, sachant (pour simplifier beaucoup) que les nuages hauts ont tendance à renforcer l'effet de serre alors que les nuages bas ont tendance à renforcer l'aldébo, selon le spectre réfléchi. Mais ce débat n'a pas grand chose à voir avec Wild et Pinker. La hausse de l'insolation mise en avant par ces auteurs concerne 1990-2002 et leur global brightening souligne justement que le global dimming s'est inversé nettement pendant cette période. Comme les courbes ISCCP de Real Climate publiées plus haut par tes soins le montrent, ce sont les nuages à effet aldébo dominant qui ont le plus diminué, alors que les nuages à effet de serre dominant stagnaient ou se renforçaient. Sur ce sujet précis, Real Climate se contente dire prudemment qu'il ne faut pas surinterpéter et que ces données sont encore à confirmer. Sans doute. Tant qu'elles ne sont pas infirmées par de nouveaux travaux, on est obligé de les considérer comme valables. Je confirme donc, malgré ton affirmation péremptoire que mes propos sont "pseudo-scientifiques", que les variations de la nébulosité et de l'insolation 1990-2002 sont un bon candidat pour expliquer une grande partie de la forte hausse des températures de surface de cette période.
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Parce que je te parles là des procesus de seuil, d'emballement et de rétroactions positives fortes, et non pas de l'évolution industrielle "classique" telle que nous la connaissons depuis 150 ans. Par exemple, où sont les signatures GES spécifiques des processus que tu décris souvent (retrait du permafrost, des banquises, etc.). Désolé, je ne comprends toujours pas. Il existe des seuils où l'eau change d'état : cela est physiquement décrit et expérimentalement vérifié. Je demande non pas l'équivalent, ce qui est impossible bien sûr, mais quelque chose d'approchant pour le climat. Pas des généralités sur le fait que le réchauffement récent serait dû aux GES, mais des travaux montrant qu'à telle quantité de GES dans l'atmosphère, il résulte tel effet physique d'emballement attendu. Ou encore des travaux montrant qu'à tel seuil de température, on aura tel effet précis sur un phénomène naturel. Quand je lis le GIEC 2001, je vois des projections pour 2100, mais je ne trouve pas particulièrement ces notions de seuils ou d'emballement amenant des chgts très rapides, avant 2050, voire dès 2020. C'est cela que je te demande.
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Concernant l'évolution du CO2, voici de nouvelles courbes proposées par Hansen (2004) du GISS, références ci-dessous (papier disponible en pdf sur le site de Hansen). On constate que la seule variation sensible de la période a lieu entre 1985 et 1992 (en réchauffement récent). En revanche, on ne constate rien de particulier entre 1950 et 1970 (refroidissement), où les GES sont en hausse à peu près constante. A l'évidence, c'est du côté du soleil et des aérosols et non pas des GES qu'il faut se tourner pour comprendre 1940-1970. Hansen, J., and Mki. Sato 2004. Greenhouse gas growth rates. Proc. Natl. Acad. Sci. 101, 16109-16114, doi:10.1073/pnas.0406982101.