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charles.muller

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  1. C'est-à-dire ? Le mot "plus" est polysémique : tu penses qu'il n'y en a pas du tout (pour l'un comme pour l'autre) ou pas en quantité supérieure (pour l'un que pour l'autre). Oui, ce qui est assez normal en débat scientifique (la controverse). Qu'une hypothèse soit contestée à son origine ne signifie pas qu'elle sera fausse à l'arrivée - l'effet de serre en est un très bel exemple. Donc, wait and see (je vais creuser un peu pour faire une synthèse sur la question du rayonnement cosmique et discerner plus précisément les éléments qui font vraiment débat). West et Scafetta (2005) considèrent voici peu encore qu'ils sont sous-estimés dans le bilan climatique du XXe siècle, et ils sont bien loin d'être les seuls. Parmi quelques travaux récents suggérant que l'influence solaire est sous-estimée (par rapport au forçage retenu par GIEC 2001, a fortiori semble-t-il IPCC 2007) et sans même parler de l'insolation effective ou rapport rayonnement cosmique/nébulosité : Vaganov 2000, Perry et Hsu 2001, Douglass et Clader 2002, Foukal 2002, Shaviv 2003, , Stott, Gareth et Mitchell 2003, Soon 2005... Cela fait à mon avis trop de monde pour parler d'un "consensus très large" Oui mais dans ce cas, à "scepticisme égal" si je puis dire, on peut s'en tenir à ce qui est "le plus concret" du côté des GES, à savoir leur augmentation mesurée dans l'atmosphère et considérer comme très spéculatif les rétroactions positives (qui comptent pour l'essentiel du réchauffement en projection, puisqu'un simple doublement CO2, encore bien loin d'être atteint, ne provoquerait que 1,1°C de hausse hors rétroaction, de l'avis général).
  2. Je parlais de l'article de Willson et Mordinov (2003) trouvant une augmentation de 0,05%/décennie sur les minima des cycles 21-23, soit 0,1% en deux décennies (ce qui fait moins que 1W/m2 en effet, chiffre que j'avais cité de mémoire et par erreur, plutôt 0,35W/m2). Willson, R.C., and A.V. Mordvinov 2003. Secular total solar irradiance trend during solar cycles 21-23. Geophys. Res. Lett. 30, no. 5, 1199, doi:10.1029/2002GL016038. *** Sur l'estimation globale du forçage solaire / forçage effet de serre depuis 1750, je suis plus dubitatif. D'une part, j'ignore comment on évalue les effets cumulés de l'activité solaire. La réponse immédiate de la surface terrestre à l'irradiance est une chose, mais j'imagine qu'elle est moins significative à long terme que la chaleur accumulée dans les océans puis redistribuée par eux, du fait de l'inertie thermique. Si le schéma d'Usoskin est exacte, cela fait 250 que le soleil "surchauffe" ainsi la masse océanique (par rapport aux époques précédentes). D'autre part, et nous en avons déjà parlé, il existe au-delà de l'irradiance totale des travaux sur les variations de l'insolation effective de la surface (en tenant compte de la nébulosité) montrant des forçages radiatifs sur une décennie plus forts que les forçages cumulés des GES sur un siècle (Wild 2005). Si ces travaux sont corrects, on peut aussi bien dire que l'influence des GES sur 1990-2002 (la période de l'étude) a été mineure par rapport à celle de l'insolation (sans compter les rétroactions positives de cette dernière). Il y a aussi d'autres questions plus spéculatives, concernant par exemple les UV plutôt que le visible et l'IR. Schindell (1999) avait proposé un modèle stratosphère-troposphère (lien ci-dessous) montrant que les effets des variations UV sur l'ozone peuvent amplifier les effets de l'activité solaire sur le climat. Je crois que Torrent avait mentionné aussi cet effet UV, mais je ne me souviens plus du contexte. http://pubs.giss.nasa.gov/abstracts/1999/ShindellRindBL.html Autre domaine, encore plus spéculatif : l'influence indirect de l'activité solaire sur la nébulosité par le biais des variations du rayonnement cosmique (Svensmark et Friis-Christensen 1997, Shaviv 2003, Veizer 2005). C'est un peu un serpent de mer, mais je n'ai trouvé pour l'instant aucune étude décisive démontrant la nullité de cette hypothèse (je suis preneur). Bref, je pense qu'on est très loin d'avoir mesuré l'ensemble des impacts de l'activité solaire sur le climat. Et comme l'augmentation de cette activité solaire est l'un des faits marquants des deux derniers siècles, je conclus qu'il est un peu prématuré de l'évacuer comme quantité négligeable dans le forçage radiatif et le réchauffement conséquent (je considère par exemple comme "quantité négligeable" la part relative attribuée au soleil dans le bilan global des forçages d'IPCC 2007).
  3. Si "ce graphique" est celui d'Useskin ci-dessus, je ne vois pas beaucoup de cycles de 2300 ans (Hallstatt) ! Les maxima sont situés en 2000, -400, -2000, et -3200, soit des intervalles de 2400, 1600 et 1200 ans. Ci-dessous, le graphique de Solanki et al. parue dans Nature (2004) sur 11000 ans (tâches solaires en haut). Il est intéressant de noter que la dernière activité comparable à notre époque se situe entre 9500 et 8500 BP, ce qui a accompagné le début de l'optimum climatique du holocène (encore que celui-ci soit contesté comme phénomène global, je crois).
  4. charles.muller

    La banquise

    De manière un peu moins... passionnelle , je dirais aussi que ce type d'étude détaillée rappelle la complexité des jeux de causes et d'effets à l'oeuvre dans les phénomènes climatiques. Je ne suis pas certain que les modèles actuels aient comptabilisé à sa juste dimension cet effet spécifique des aérosols polluants (qui, heureusement, sont plutôt en baisse depuis quelque temps). Quant à la nécessité de lutter contre la pollution des airs, des sols et des mers, elle est aussi urgente qu'évidente.
  5. charles.muller

    La banquise

    Juste un mot sur une nouvelle source de réchauffement en Arctique, mise en lumière récemment (abstract ci-dessous) : la pollution et la modification des propriétés radiatives des nuages qu'elle engendre. Il est connu depuis 200 ans déjà que les conditions synoptiques ramènent souvent vers l'Arctique les émissions industrielles de l'hémisphère Nord. En étudiant pendant quatre ans le rapport pollution/nébulosité/radiation à Barrow (Alaska), les deux auteurs ont constaté une augmentation du forçage de 3,3 à 5,2 W/m2 due à cette cause spécifique, occasionnant à elle seule une hausse de 1 à 1,6°C des températures. Le phénomène est plus sensible en hiver, quand les précipitations sont faibles. (Le même phénomène explique la présence de polluants lourds dans le métabolisme des animaux arctiques, notamment des ours blancs, cf. autre discussion à ce sujet). *** Nature 440, 787-789 (6 April 2006) | doi:10.1038/nature04636; Received 29 July 2005; ; Accepted 3 February 2006 Increased Arctic cloud longwave emissivity associated with pollution from mid-latitudes Timothy J. Garrett1 and Chuanfeng Zhao1 Top of page Abstract There is consensus among climate models that Arctic climate is particularly sensitive to anthropogenic greenhouse gases and that, over the next century, Arctic surface temperatures are projected to rise at a rate about twice the global mean1. The response of Arctic surface temperatures to greenhouse gas thermal emission is modified by Northern Hemisphere synoptic meteorology and local radiative processes2, 3, 4. Aerosols may play a contributing factor through changes to cloud radiative properties. Here we evaluate a previously suggested contribution of anthropogenic aerosols to cloud emission and surface temperatures in the Arctic5, 6, 7, 8. Using four years of ground-based aerosol and radiation measurements obtained near Barrow, Alaska, we show that, where thin water clouds and pollution are coincident, there is an increase in cloud longwave emissivity resulting from elevated haze levels. This results in an estimated surface warming under cloudy skies of between 3.3 and 5.2 W m-2 or 1 and 1.6 °C. Arctic climate is closely tied to cloud longwave emission2, 4, 9, but feedback mechanisms in the system are complex10 and the actual climate response to the described sensitivity remains to be evaluated.
  6. --> CITATION(Jean-Séb @ 10/05/2006 - 15:04) <{POST_SNAPBACK}>Quelles peuvent être précisément les causes et les conséquences de cette baisse d'acidité exceptionnelle ? Y a t il une relation avec les températures exceptionnellement élevée (anomalie de +7° dans cette région durant les trois mois d'hiver me semble t il) de ces derniers mois. Les variations d'acidité globale des océans ne sont pas exceptionnelles pour le moment (de l'ordre de -0,1 sur un siècle, avec bcp d'incertitude sur les mesures anciennes par le bore et bcp de variabilité interannuelle ou décennale). Sinon, pour la baisse spécifique du Spitzberg (qui va à l'encontre de la tendance globale), voici l'explication que donnait récemment lc30 dans une autre discussion :
  7. --> CITATION(Jean-Séb @ 10/05/2006 - 13:24) <{POST_SNAPBACK}> bonjour, Sais tu si la période "exceptionnelle" doit prendre fin très prochainement, comme on entend dire que le minimum solaire est pour les prochaines années, ou si cette période "exceptionnelle" doit se prolonger encore ? Merci de ta réponse. A ma connaissance, quand on parle d'un minimum pour les prochaines années (en l'ocurrence 2007), c'est un minimum au sein des cycles de Schwabe. Ceux-ci désignent des variations de l'activité solaire de 11 ans environ, mises en lumière pour la première fois par Heinrich Schwabe au milieu du XIXe siècle. Le dernier maximum a été atteint en 2001, et le prochain minimum est attendu vers 2007. On a découvert qu'il existe de légères variations d'intensité du rayonnement entre les maxima de chaque cycle de Schwabe (sur les deux derniers en date par exemple, une hausse de 0,1% soit +1 W/m2 de forçage). Mais les travaux d'Usoskin et al. ne concernant pas ces cycles courts : il s'agit de variations sur la longue durée de l'activité solaire. Sauf erreur, elles ne sont relatées à aucun des cycles solaires les plus souvent avancés (cycle de Hale 22 ans ; cycle de Gleissberg 70-100 ans ; cycle de Suess 210 ans ; cycle de Hallstatt 2300 ans ; + les cycles de Milankovitch liés aux positions relatives terre-soleil).
  8. Intéressant papier d'Ilya Usoskin et al. (2006) dans les GRL. L'équipe d'Usoskin et de Solanki avait déjà produit en 2004 une reconstrution de l'activité solaire des 11.000 dernières années montrant que l'époque présente présente un pic d'activité important. Les observations directes de l'activité solaire, notamment des tâches, a commencé avec Galilée vers 1610. Pour connaître activité avant ces mesures directe, la technique utilisée est l'analyse du C14 des anneaux de croissance des arbres (Solanki 2004). Une autre technique est l'analyse de béryllium-10 (10Be) dans les forages glaciaires de l'Arctique et de l'Antarctique. Ce nucléide est produit par les réactions de l'azote et de l'oxygène au rayonnement cosmique (Usoskin 2003). On avait cependant objecté aux premières reconstructions d'Usoskin que les variations du champ magnétique terrestre influent elles aussi sur la diffraction du rayonnement solaire (Korte et Constale 2005). Usoskin a donc refait ses calculs en tenant compte de cette nouvelle estimation du géomagnétisme. Le résultat est donné par les graphiques ci-dessous : a// évaluation du champ magnétique terrestre sur les 7000 dernières années ; b// reconstruction de l'activité du C14 dans les anneaux de croissance ; c// reconstruction de l'activité solaire intégrant le champ magnétique (trait pointillé) ou non (trait continu). Comme Usoskin et al. le commentent, "les périodes hyperactives d'activité des tâches solaires (N>70 sur deux décennies, similaire à l'époque moderne) restent très rares, ne représentant que 1 à 3% des 7000 dernières années". * Ce résultat me semble assez intéressant, s'il est confirmé par d'autres travaux. Il est fréquent d'entendre que l'augmentation importante des GES dans l'atmosphère représente le seul événement notable des derniers siècles, et conséquemment l'explication la plus probable de la hausse constatée des températures. Or, les travaux de l'équipe d'Usoskin montrent qu'il y a au moins deux événements importants à prendre en compte : une hausse des GES et une activité solaire sans précédent depuis 7000 ans. On remarquera d'ailleurs que la hausse récente coïncide peu ou prou avec la sortie du Petit Age Glaciaire (du moins pour les courbes de température qui retrouvent ce PAG, bien sûr). Au-delà de cette introduction paléoclimatique, il serait intéressant de connaître les différentes influences du rayonnement sur le climat - au-delà du schéma classique de la variation du forçage radiatif lié à l'insolation effective en surface (qui n'est pas elle-même évidente à reconstruire, car elle est notamment liée à l'évolution de la nébulosité). Réf. GEOPHYSICAL RESEARCH LETTERS, VOL. 33, L08103, doi:10.1029/2006GL025921, 2006 Solar activity reconstructed over the last 7000 years: The influence of geomagnetic field changes I. G. Usoskin / S. K. Solanki / M. Korte Abstract : The long-term solar activity, as manifested by sunspot number, has been recently reconstructed on multi-millennium time scales by S. K. Solanki et al. (2004) from the measured concentration of 14C in tree rings. The exact level of the reconstructed solar activity depends, however, on independently evaluated data of the geomagnetic dipole strength variations. Recently, a new series of the palaeomagnetic dipole moment reconstruction for the last 7000 years has been presented by M. Korte and C. G. Constable (2005a) on the basis of a thorough analysis of global samples. The new palaeomagnetic series yields a systematically lower dipole moment in the past, compared to the earlier geomagnetic reconstructions. We have revised the earlier sunspot activity reconstruction since 5000 BC, using the new geomagnetic data series, and found that it is roughly consistent with the previous results during most of the period, although the revised sunspot number values are in general higher. Nonetheless, it is confirmed with the new palaeomagnetic series that the Sun spends only 2–3% of the time in a state of high activity, similar to the modern episode. This strengthens the conclusion that the modern high activity level is very unusual during the last 7000 years.
  9. Pour revenir au sujet initial (nouvelle d'Alexy31 et France transformée en désert), la carte des données homogénéisées de précipitations en France 1951-2000 ci-dessous ne donne pas vraiment l'impression d'un pays qui se désertifie. La seule baisse significative est localisée dans un coin de Provence. Le Nord a connu bien plus de hausses significatives des précipitations. Et toutes les autres tendances ne sont pas significatives pour le moment. (A l'échelle du XXe siècle en entier, il n'y a plus aucune baisse significative, même en Provence. Mais j'ai mis uniquement cette carte de la deuxième partie du siècle, car c'est là que s'est tenu le plus fort réchauffement en France et en Europe). Mais peut-être existe-t-il des données plus récentes (1980-2005) montrant une inversion de ces tendances. Je ne les ai pas trouvées en libre accès pour le moment.
  10. Juste un point là-dessus, pour signaler ce papier (lien pdf) sur la genèse de Vince : http://ams.confex.com/ams/pdfpapers/108938.pdf Une question : est-ce que les colonnes convectives des cyclones atteignent toutes la tropopause et la basse stratosphère, même lorsque l'intensité du cyclone est faible (cas de Vince) ?
  11. charles.muller

    Niveau de la mer

    C'est en effet une hypothèse intéressante : la hausse serait compensée par l'évaporation. Mais dans ce cas, il faut que l'essentiel des précipitations aillent sur les terres (et ne se redéversent pas dans les océans). Or, on n'a pas trouvé des augmentations massives de précipitations continentales au cours du XXe siècle (et dans la période récente 1979-2004, on n'a même trouvé aucune tendance globale du tout, ni positive ni négative).
  12. charles.muller

    Niveau de la mer

    Venons-en au bilan provisoire. Sauf si gbl a l'amabilité de donner les références de l'étude commentée par Le Monde et que celle-ci apporte des données révolutionnaires, tout ce que j'ai lu (et rapporté ici) sur cette question du niveau des mers ne me semble pas très conforme aux scénarios en cours. En effet, la lecture de ces différents travaux n'indiquent pas une accélération spectaculaire du niveau des mers au cours des deux derniers siècles, qui ont pourtant connu un réchauffement important (et même, paraît-il, les températures les plus hautes du dernier millénaire). Au final, une seule étude trouve une accélération : celle-ci est tellement modeste (0,013 mm par an) qu'une confirmation serait la bienvenue (d'autant que le même auteur, Church, concluait en ses contraire deux ans plus tôt). Tous les autres travaux ne trouvent pas de tendances significatives, qu'il s'agisse de moyennes globales ou d'analyses locales. Et cela dans des points assez variés du globe. Que le niveau des mers monte n'a rien de très surprenant dans un interglaciaire. Le schéma ci-dessous (qui vient de WIkipédia, je n'ai pas eu le temps pour le moment de chercher des travaux sur le long terme) montre où se situe notre époque sur les 20.000 dernières années (échelle en mètre). Le point intéressant est bien de savoir si cette hausse s'accélère ou non. Comme j'ai promis d'être sage et de ne pas ironiser inutilement sur le différentiel entre les mesures modestes de la réalité et les prévisions catastrophiques de certains modèles, je demande plus simplement que l'on m'explique pourquoi l'amplification thermique et la fonte des glaces n'ont pas déjà conduit à une accélération significative de la hausse du niveau des mers, à l'heure où l'on est apparemment capable de discerner des variations de quelques millimètres.
  13. charles.muller

    Niveau de la mer

    Outre les données globales, on peut voir ce que disent les relevés côtiers. En 2001, la NOAA a publié un rapport technique sur les variations du niveau de la mer sur les côtes américaines entre 1854 et 1999, à partir de 117 marégraphes présentant des données homogénéisées. Les résultats sont très variables, avec un maximum de hausse de 9,85 mm/an à Grand Isle (Los Angeles) et -16,68 mm/an à Skagway (Alaska). Sur toutes les stations où une série assez longue et homogène (50 à 60 ans) permet une estimation avec un bon intervalle de confiance, la hausse 1950-99 a été comparée à l'ensemble des 150 ans de mesure. Dans aucune station la NOAA ne repère une tendance plus élevée dans la seconde moitié du siècle. NOAA / Technical Report NOS CO-OPS 36 SEA LEVEL VARIATIONS OF THE UNITED STATES 1854-1999 *** Une série encore plus longue a été étudiée à Liverpool, avec des enregistrements remontant à 1774. Ils ont ici étudié les niveaux extrêmes (qui sont suceptibles de varier aux aussi, puisque le réchauffement doit s'accompagner de tempêtes plus fréquentes en théorie). Entre 1774 et 1999, il n'existe aucune tendance claire, sauf une diminution de 0,11 mm par siècle des niveaux les plus hauts enregistrés. Woodworth P.L. (2002) Changes in extreme high waters at Liverpool since 1768, International Journal of Climatology 22, 697-714. *** Une autre étude menée en Pologne (Kolobrzeg) a en revanche conclu à une hausse pour la Baltique (de l'ordre de 12 cm / siècle). Mais l'analyse des tendances ne révèle pas, là non plus, de phénomène significatifs sur les maxima annuels au cours de la période étudiée (1901-1990). Wroblewski, A. (2001), A probabilistic approach to sea level rise up to the year 2100 at Kolobrzeg, Poland. Climate Research, 18, 25-30. *** L'Hémisphère Sud est-il plus concerné ? En Nouvelle Zélande, une analyse menée sur la période 1881-2000 a constaté une hausse moyenne de 1,6 mm / an. Mais comme le précise l'abstract : "There continues to be no evidence of any acceleration in relative sea levels over the record period." Et cela malgré l'adjonction de nouvelles mesures sur la période de réchauffement "sans précédent" 1989-2000. J. Hannah : An updated analysis of long-term sea level change in New Zealand GEOPHYSICAL RESEARCH LETTERS, VOL. 31, L03307, doi:10.1029/2003GL019166, 2004 Dans l'Océan indien, on a aussi analysé un siècle de niveau des mers, sur la base cette fois d'une radiographie de la densité des atolls coralliens. Résultat : une hausse de 2,3 à 3,3 cm sur le XXe siècle (0,23 à 0,33 mm / an), soit bien moins que les hausses observées ailleurs. Smithers, S.G. (2001), Coral microatolls and 20th century sea level in the eastern Indian Ocean, Earth and Planetary Science Letters, 191, 173-184.
  14. Voilà un constat plein de lucidité. Finissons-en avec les dogmes et dissertons enfin de ce que nous dit le réel, après 140 de réchauffement enregistré. Multiplication des sécheresses... où ? Huntington a publié récemment une synthèse sur le bilan hydrologique du XXe siècle dans le Journal of Hydrology. Vu que c'est un journal spécialisé et que son texte est une synthèse de la littérature disponible sur les différents éléments du cycle de l'eau, j'imagine qu'il est mieux informé que nous (que moi en tout cas). On y lit : "Since the late 1970s, there were some increases in the combined percentage of areas with severe drought or moisture surplus, resulting from increases in the drought area (e.g. in the Sahel, Eastern Asia and Southern Africa) or both the drought and wet areas (e.g. in the USA and Europe) (Dai et al., 1998; Dai et al., 2004)." Des zones avec plus de sécheresse, d'autres avec plus d'humidité. Ma foi, rien qui ressemble à un asséchement caractéristique du monde tel que tu sembles le décrire. On y lit encore : "Evidence indicates that summer soil moisture content has increased during the last several decades at almost all sites having long-term records in the Global Soil Moisture Data Bank (Robock et al., 2000)." Si les sécheresses se multiplient, je comprends mal comment l'humidité des sols en été est en augmentation partout. Le même Huntington (2006) nous dit : "Precipitation over land increased by about 2% over the period 1900-1998 (Dai et al., 1997; Hulme et al., 1998)." Il faut croire que les pluies elles-mêmes n'ont pas encore pensé que le flux zonal diminue et qu'elles doivent stagner sur les océans... Bref, combattons les dogmes en exposant les validations empiriques de ses théories, cela sera plus intéressant pour tout le monde.
  15. charles.muller

    Niveau de la mer

    Non, c'est juste une tentative d'interprétation de ce que vous sembliez avoir compris du documentaire et que vous racontiez ici. Cela n'explique pas "tout" - et il n'y a pas vraiment de "rumeurs" chez les experts, juste des calculs qui sont vrais, faux ou approximatifs. Il me semble que c'est Hansen qui a attiré l'attention récemment (quelques années) sur le fait que la baisse des aérosols allait augmenter le potentiel de réchauffement global des GES.
  16. charles.muller

    Niveau de la mer

    Désolé, mais comme je profite de cette discussion pour défricher le sujet, les infos arrivent de manière non synthétique. Voici une nouvelle étude plus récente de Church et al. (2006), dont la conclusion est contraire à celle du même Church (2004) : il y aurait bien accélération entre 1870 et 2004. En moyenne, les mers ont grimpé de 1,7 ±0,3 mm/an sur cette période. Et l'accélération serait de 0,013 ±0,006 mm/an. (Je suis assez épaté que les instruments réputés pas très fiables, les marégraphes, ou pas encore très bien calibrés, les satellites, arrivent à percevoir des variations de l'ordre du dixième de millimètre sur la globalité des océans). Un commentaire (dans Nature) indique cependant que la hausse n'est pas régulière : accélération forte entre 1930 et 1960, suivie de haut et de bas depuis cette période (avec des valeurs plus élevées à partir des années 1990). ("The acceleration has not been steady, however. Sea-level rise was relatively high from 1930 to 1960, they say, and rates have wobbled up and down since then. The highest rate has been since the early 1990s, with sea levels shooting up by about 3 millimetres per year.") GEOPHYSICAL RESEARCH LETTERS, VOL. 33, L01602, doi:10.1029/2005GL024826, 2006 A 20th century acceleration in global sea-level rise John A. Church / Neil J. White Abstract : Multi-century sea-level records and climate models indicate an acceleration of sea-level rise, but no 20th century acceleration has previously been detected. A reconstruction of global sea level using tide-gauge data from 1950 to 2000 indicates a larger rate of rise after 1993 and other periods of rapid sea-level rise but no significant acceleration over this period. Here, we extend the reconstruction of global mean sea level back to 1870 and find a sea-level rise from January 1870 to December 2004 of 195 mm, a 20th century rate of sea-level rise of 1.7 ± 0.3 mm yr−1 and a significant acceleration of sea-level rise of 0.013 ± 0.006 mm yr−2. This acceleration is an important confirmation of climate change simulations which show an acceleration not previously observed. If this acceleration remained constant then the 1990 to 2100 rise would range from 280 to 340 mm, consistent with projections in the IPCC TAR. *** Un des problèmes concernant le niveau de la mer semble être que les marégraphes et les satellites de brossent pas le même tableau, avec par exemple une hausse moindre et pas d'accélération particulière pour les marégraphes. Un autre papier récent dont les auteurs principaux travaillent en France (cocorico) met en garde contre l'utilisation des données satellitaires récentes pour déduire des tendances significatives à long terme. Sur les 50 dernières années, les auteurs montrent que la part spécifique de l'expansion thermique n'est pas un phénomène continu, mais qu'elle se traduit plutôt par des épisodes dont la durée est de l'ordre de la décennie. Il leur apparaît que les enregistrements satellitaires ont commencé dans l'un de ces épisodes, ce qui expliquerait à la fois la forte hausse et la forte part thermostérique. Mais si leur conclusion est exacte, les années à venir n'annoncent pas forcément une continuation du phénomène. Global and Planetary Change 47 (2005) 1–16 Contribution of thermal expansion to present-day sea-level change revisited Alix Lombard, Anny Cazenave, Pierre-Yves Le Traon, Masayoshi Ishii Abstract : We investigate the thermosteric (i.e., due to temperature only) sea-level change over the last 50 years using two global ocean temperature data sets recently published (Levitus et al., 2000a [Levitus, S., Stephens, C.M., Antonov, J.I., Boyer, T.P., 2000a. Yearly and year-season upper ocean temperature anomaly fields, 1948–1998, pp. 23, U.S. Gov. Printing Office, Washington, DC] and Ishii et al., 2003 [ishii, M., Kimoto, M., Kachi, M., 2003. Historical ocean subsurface temperature analysis with error estimates, Monthly Weather Rev., 131, 51–73]). These data sets which provide gridded temperatures, down to 3000 m and 500 m respectively, are based on interpolation schemes of raw historical profiles over 1950–1998. We find that the two data sets compare well over 1950–1990, both in terms of thermosteric sea-level trends and global mean. Some difference is noticed however beyond 1990, due to differences in the raw temperature data processing. Analyses based on dEmpirical Orthogonal FunctionT show that the interannual variability of the thermosteric sea level is dominated by the signatures of El Nin˜o Southern Oscillation, Pacific Decadal Oscillation and influenced by North Atlantic Oscillation. As a result, regional thermosteric sea-level trends are not stationary on a century time scale and have a typical lifetime on the order of a decade. In terms of global mean, the rate of thermosteric sea-level change computed over 10-year windows displays high variability, with values reaching up to three times the 40-year (1950–1990) average at some periods. Even negative values are noticed at other periods. One important consequence is that the pattern of sea-level trends derived from Topex/Poseidon altimetry over 1993–2003, which is mainly caused by thermal expansion, is very likely a non-permanent feature. Thus past and future extrapolation based on this 10-year altimetry pattern should be considered with caution.
  17. charles.muller

    Niveau de la mer

    Dans cet autre travail (lien en bas) de Young-Hyang Park (MHN, France) aux îles Kerguelen, et donc plus concentré sur l'Hémisphère Sud, la conclusion du chercheur ne me semble pas non plus très conforme à ce que j'entends un peu partout (voir phrase en gras) : Sea level trends: southern ocean versus global ocean To situate the observed sea level variability at Kerguelen within the global context, T/P sea level trends of the world's oceans are shown in figure 2a. Two curves in figure 2b represent the overall sea level variations averaged within the Southern Ocean south of 40°S and global ocean, respectively. The most remarkable feature is a large regional difference in sea level trend. The North Pacific and equatorial Pacific exhibit the most spectacular E-W seesaw pattern, with strong positive trends in the western side and strong negative trends in the eastern side. The Atlantic Ocean shows the most homogeneous field and is associated with weak positive trends in general, while in the Indian Ocean negative trends are dominant, except for positive trends in the Indonesian throughflow region and west of Australia. The Southern Ocean south of 40°S shows noticeable positive trends in most places, with one notable exception in the Pacific Antarctic Basin, where there is a broad region of strong negative trends. The Southern Ocean as a whole experienced a sharp rise in sea level during the 1997-1998 ENSO period (see figure 2b), showing a very similar pattern to that at Kerguelen (cf. figure 1). A similar sea level rise is also observed for the global ocean, although the amplitude there is only half that of the Southern Ocean. Over the 1993-2000 period, the mean sea level trend of the Southern Ocean is estimated at 2.34 ± 0.34 mm/yr, compared to 1.21 ± 0.15 mm/yr for the global ocean. The latter value is close to the lower bound of the IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change) global trend range over the last century (1-2 mm/yr) and is also not significantly different from the estimate of Cazenave et al. [1998] over the period 1993-mid 1997 (1.3 ± 0.15 mm/yr). Globally, no dramatic sea level rising trend resembling the exponential concentration of CO2 in the atmosphere is observed during the past century. Lien : http://sealevel.jpl.nasa.gov/science/invest-park.html
  18. charles.muller

    Niveau de la mer

    Merci pour ces liens. J'en signale un autre que j'ai trouvé ce matin, et qui est un peu plus facile d'emploi : http://sealevel.colorado.edu/results.html
  19. Disons que d'autres reconstrutions montrant plus de variabilité sont maintenant considérées comme également "légitimes".
  20. charles.muller

    Niveau de la mer

    Quelle est la recherche commentée par Le Monde ? (J'en profite pour rappeler ma demande formulée dans un autre post : savez-vous où l'on peut se procurer les données globales (mensualisées / annualisées) de niveau de la mer, pour les satellites (Topex-Jason-Poséidon) + les marégraphes ?) Sinon, pour lancer le débat, je signale l'étude suivante de Church et al. (2004). Comme on peut le lire dans l'abstract, ces auteurs ne détectent pas d'accélération de la hausse du niveau des mers entre 1950 et 2000. Si la hausse du niveau des mers est due avant tout aux effets du réchauffement (l'expansion thermique et la fonte des glaces terrestres), pourquoi ne trouve-t-on pas de tendance nette à l'accélération sur cette période ? Est-ce (encore) un problème de mesure ? Et depuis le début de la mesure satellitaire (1979-2005 ou 1990-2005), trouve-t-on une accélération à mesure que la Terre se réchauffe ? Church, J. A., N. J. White, R. Coleman, K. Lambeck, and J. X. Mitrovica (2004), Estimates of the regional distribution of sea level rise over the 1950–2000 period, J. Climate 17: 2609–2625. Abtsract : TOPEX/Poseidon satellite altimeter data are used to estimate global empirical orthogonal functions that are then combined with historical tide gauge data to estimate monthly distributions of large-scale sea level variability and change over the period 1950–2000. The reconstruction is an attempt to narrow the current broad range of sea level rise estimates, to identify any pattern of regional sea level rise, and to determine any variation in the rate of sea level rise over the 51-yr period. The computed rate of global-averaged sea level rise from the reconstructed monthly time series is 1.8 ± 0.3 mm yr−1. With the decadal variability in the computed global mean sea level, it is not possible to detect a significant increase in the rate of sea level rise over the period 1950–2000. A regional pattern of sea level rise is identified. The maximum sea level rise is in the eastern off-equatorial Pacific and there is a minimum along the equator, in the western Pacific, and in the eastern Indian Ocean. A greater rate of sea level rise on the eastern North American coast compared with the United Kingdom and the Scandinavian peninsula is also found. The major sources of uncertainty are the inadequate historical distribution of tide gauges, particularly in the Southern Hemisphere, inadequate information on tide gauge signals from processes such as postglacial rebound and tectonic activity, and the short satellite altimeter record available to estimate global sea level covariance functions. The results demonstrate that tide gauge records will continue to complement satellite altimeter records for observing and understanding sea level change.
  21. charles.muller

    Niveau de la mer

    Peut-être que le docu. faisait allusion à la réduction de certains aérosols industriels qui avaient un effet polluant (d'où leur diminution par diverses mesures), mais aussi un effet aldébo (c'est-à-dire refroidissant).
  22. A ce propos de nouveau des ours, je signale (lien ci-dessous) cette discussion récente où un nouvel intervenant demande des infos sur le climat arctique récent. Vous constaterez aux quelques études citées que la variabilité est la règle en Arctique depuis 12.000 ans, avec plusieurs périodes sans doute plus chaudes que la nôtre et des changement parfois abruptes. Lien : /index.php?showtopic=14798'>http://forums.infoclimat.fr/index.php?showtopic=14798 * Les arthropodes se développent en effet très vite... y compris ceux qui en dévorent d'autres, et notamment les araignées. Si le seul taux de reproduction comptait, les huîtres domineraient les océans et les fourmis règneraient sur les terres ! Par ailleurs, je rappelle que nous débattons ici des pbs de biodiversité liés au climat. Que l'usage massif de biocides produisent rapidement des mutants multi-résistants (bactéries ou insectes), c'est une évidence. Mais ce n'est pas lié au réchauffemnt.
  23. Voici une synthèse au nord de l'Islande, sur la double base des isotopes oxygène et du taux de carbonate des sédiments marins. http://www.colorado.edu/INSTAAR/ArcticWS/g...bstr.html?id=45 Où l'on mesure la variabilité (parfois brusque) du climat arctique. Figure 1. Zones de forage. Figure 2. Oxygen isotope records from cores 329, 330, and 332 during the interval from >9000-5000BP. Figure 3. Oxygen isotope data from cores 328 and 330 from 5000BP to the present. Oxygen isotope data has been smoothed in order to make trends in the data more visible.
  24. Ah non, non, non : je refuse tout responsabilité "collective" /emoticons/wink@2x.png 2x" width="20" height="20"> Mais quand même, depuis 5 ans que l'on subit ce sport (tout à fait idiot à mon humble avis) qu'est le hockey sur la chaîne unique et obligatoire des infos. climato-sportives, il faut comprendre le soulagement de passer enfin à autre chose. /emoticons/smile@2x.png 2x" width="20" height="20">
  25. Non je ne l'oublie pas du tout. Raison pour laquelle la diversion climatique m'agace beaucoup par rapport aux responsablités réelles de l'homme, qui sont autrement plus graves pour la biodiversité (mais qui sont presque toujours locales, ce qui rend difficile une "mobilisation"). Puisque tu sautes à l'Afrique, ce n'est certainement pas le climat (à peine au-delà de sa variabilité naturelle en HS depuis un siècle) qui met en danger les populations de primates ou de félins. Quand le dernier léopard ou le dernier bonobo aura disparu parce que des s*lopards d'indigènes locaux les surchassent ou que des c*nnards de touristes occidentaux se paient leur petit frisson, on pourra toujours pleurer sur nos petits dixièmes de degrés.
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