sastrugis

Bonjour, pour démontrer qu'aucune situation synoptique n'est définitive et l'hiver "plié" d'avance, voici un petit exemple (bien connu des amateurs) de revirement de synoptique en moins de dix jours chrono (bien évidemment aucune situation n'est strictement comparable à une autre, l'exemple ne préfigure en rien de ce qui peut advenir dans les semaines à venir, il est juste là pour illustrer par un cas marquant ce genre de changement radical "inattendu"). Situation le 20 janvier (1956...) : bon flux d'ouest tendu entre les HP des Açores et les BP islandaises, avec un jet circulant haut en latitude pour la saison. La poursuite du zonal parait alors quelque peu inéluctable car, mis à part le GA semble-t-il exagéré dans cette réanalyse, tous les éléments semblent bien en place pour faire durer le "plaisir" : BP subpolaires en grande forme, D en formation au large du Labrador (ça vous rappelle quelque chose ?) et A subtropical bien étalé advectant sur la France de l'air océanique doux. Situation le 1er février 1956 : tout a changé... flux d'est glacial circulant sous un énorme AS (dont les prémices de formation n'étaient apparus qu'à partir du 27 janvier...) la suite, tout le monde la connait... Conclusion : que les hivernophiles gardent espoir ! Bien entendu je ne dis pas que l'on va connaître une VDF dans les semaines à venir, mais simplement que nous ne connaissons pas tout de la dynamique de l'atmosphère et qu'au-delà des 5 à 10 jours de lisibilité assez correcte dans nos modèles, tout reste possible (et surtout en terme de probabilité la poursuite du zonal...)

Sur tous les modèles on remarque depuis des semaines la difficulté de la dorsale atlantique à se propager vers le nord et à se maintenir, en lien avec une cyclogenèse en grande forme en sortie est du continent nord américain... Cependant, le changement qui s'opère depuis quelques jours est la résistance +/- affirmée de l'AS-AR qui bloque ou dévie la propagation des masses d'air atlantiques selon une trajectoire plus oblique du NO au SE. Du coup, on assiste à la dégradation sur place de l'imposante D islandaise et l'évacuation de ses résidus en talweg puis en cut-off au niveau de l'Europe occidentale, puis à sa transformation en une espèce de marais barométrique lors de son déplacement-comblement final vers l'Europe centrale. Ensuite, une énième coulée polaire arctique sur l'Amérique du Nord remet la machine à zonal en marche sur l'Atlantique pour effacer une nouvelle fois les tentatives de l'AA à gagner les hautes latitudes. En conclusion, pour la France, au gré des poussées de l'AA couplée à la présence d'un lointain AS-AR, on assiste "dans le toboggan" à des entrées d'air polaire maritime par le NO (favorables pour l'enneigement des montagnes), puis au retour d'air doux par flux de SO à O quand la dorsale atlantique s'efface et nous ramène des masses d'air d'origine subtropical qui contournent l'A açorien.

Hier je posais la question du rôle éventuel du refroidissement important en Scandinavie. En regardant GFS en animation, on peut voir comment les HP liées à l'air froid des basses couches "repoussent" l'avancée des BP atlantiques (ce qu'il y a de plus curieux c'est le surplace de la ligne 1015 hPa et comment elle suit les contours géographiques)

Une synoptique qui pourrait se révéler intéressante hivernophilement parlant sur le DET de CEP pour le début de topic (AS-AR ; cut-off français) mais le problème est que le flux d'est résultant ne draine aucune masse d'air véritablement froid vers la France (entre 0 et -4°C à 850 hPa). Les coulées froides issues du VP qui se produisent sur le flanc oriental de l'AS-AR se cantonnent à l'est de l'Oural et leur dynamique les entraîne vers l'est...

Une question : ce soir le froid s'accentue grandement sur la Scandinavie, cela peut-il favoriser une formation plus costaude des HP là-bas, puis assurer une meilleure résistance de leur part en milieu de semaine et enfin repousser un peu plus bas en latitude la D atlantique ?

bonsoir Pablo25, peut-être, mais même avec le thalweg la T° à 850 hPa ne descend pas sous les -4°C et peu de temps... alors pour la montagne cela risque d'être bénéfique bien sûr mais pour les autres ? ps : rappelle-moi quel pourcentage de la population vit au-dessus de 1140 m ?

Après un court répit, ce que je vois sur le dernier CEP (12z), c'est la reprise de bonnes coulées froides sur le continent nord américain. Alors si les mêmes causes (américaines) engendrent les mêmes conséquences (européennes), cela confirme que la semaine du topic semble bien compromise pour les hivernophiles (français, en plaine)...

Au vu des relevés d'hier soir et de cette nuit, il a fait plus froid dans certains coins de Normandie (0 à -2°C) qu'à Québec (+3°C) ! Bon, c'est vrai aussi qu'on a pas eu du -34°C non plus ! Et puis la moyenne des TN du 1er au 11 janvier n'est pas non plus comparable... : Québec = -25°C Alençon = +6,0°C Caen = +6,0°C Rouen = +5,2°C Evreux = +5,2°C

C'est dans la nature même de notre climat de façade occidentale des latitudes moyennes de voir l'activité dépressionnaire l'emporter au détriment des tentatives de formation d'anticyclones thermiques continentaux. A MT et surtout LT, il est normal que les modèles retombent dans la majorité de leurs scénarios sur des configurations "classiques". Donc, pour le prochain topic, il n'est pas encore définitivement exclus que des ondulations de plus grandes vigueurs ne viennent perturber le scénario océanique doux privilégié sur la plupart des modèles...

Tout le problème de la prévision saisonnière est bien résumé dans cette formule !!!

Bonjour Skye Blue, je ne comprends pas la fin de ta phrase... Ta formulation me laisse penser que ce qui se passe dans la stratosphère ne fait pas partie de la variabilité naturelle du système ? (l’atmosphère est un tout indissociable que les modèles compartimente par nécessité)

Petit point rapide à la lecture du DET 00z de CEP sur la période du topic (13-19 janvier, soit entre +72 et 216 h) : La situation isobarique est marquée par le comblement et l'atterrissage de la dépression atlantique au niveau de la péninsule ibérique ; parallèlement, l'A nordique issu de la bulle chaude se renforce (de 1020 à 1040 hPa) tout en se déplaçant progressivement de l'Atlantique (13 janvier), à la Scandinavie (16 janvier), puis à la Russie (19 janvier). En conséquence, les masses d'air froid qui se formaient au niveau de la Scandinavie et de l'Europe de l'Est régressent vers l'Est. Au niveau de la France, en dehors du 15 janvier, le CEP ne voit aucune température inférieure à 0°C à 850 hPa sur le pays car on observe systématiquement des petites remontées "chaudes" à l'avant de la GF atlantique qui vient s'isoler au large de nos côtes. Donc, au vu du modèle matinal, une ambiance vraisemblablement plus fraîche mais sans aucun excès thermique.

Bonjour Canada Goose, en France on observe des effets semblables (moins prononcés et surtout beaucoup moins fréquents...), notamment sur le nord du Cotentin quand en hiver des flux de NE froids circulent au-dessus de la Manche. On observe alors de véritables lignes de nuages cumuliformes, développés au-dessus des eaux "chaudes" de la Manche, qui viennent buter et se déverser sur les hauteurs qui font obstacle. Le phénomène peut durer plusieurs heures, voire plusieurs jours, et apporter par endroit plus de 60 cm de neige (sans parler des congères). Sur l'image satellite on voit bien la bande blanche au nord de la péninsule qui a été affectée par un phénomène identique à l'effet de lac. extrait d'un journal local : Neige: records battus dans le Nord-Cotentin ! 60 cm dans les terres, plus de 30 cm en ville... Selon Météo France, les records sont battus! Selon Météo France, les records historiques ont été battus ce jeudi 2 décembre à Cherbourg. Il est tombé près de 60 cm dans les terres et 30 cm dans Cherbourg ce jour. Soit près de 3 cm de neige par heure au moment des chutes les plus importantes. Des niveaux jamais égalés jusqu'alors.

juste une petite remarque sur ce début janvier 2014 marqué par des coulées polaires nord-américaines entraînant un très fort zonal sur l'Atlantique véhiculant des masses d'air doux sur l'Europe de l'Ouest et même bien loin vers l'est de l'Europe : T° moyennes du 1 au 8 janvier 2014 (excessives pour les uns et les autres mais dans deux options différentes !) : Québec = -19°C Montréal = -16°C Paris = +10°C Berlin = +6°C Varsovie = +4°C Moscou = 0°C

Effectivement, si l'on considère la sortie de CEP 12z la position des centres d'action barométrique est plutôt potentiellement "intéressante" pour les amateurs d'hiver... mais l'ennui est que lorsque l'on analyse la température des masses d'air associées, on s'aperçoit que le froid à l'est de nos positions est assez modéré et surtout qu'il n'est pas réalimenté par des coulées polaires et "s'échappe" même vers l'est... La succession des cartes nord-hémisphériques est assez démonstrative de cette dynamique qui s'appuie dans ce modèle sur un affaiblissement important de la cyclogenèse atlantique et la dégénérescence de la dépression islando-irlandaise et son étalement vers le golfe de Gascogne puis l'Espagne. L'AS de la mi-janvier évolue rapidement en AR. Mais comme l'ont fait remarquer beaucoup d'entre-nous, la couleur des masses d'air venant d'est à sud-est est d'un bleu très pâle tirant souvent vers un vert-jaune très printanier. Tout cela a bien le temps de bouger mais c'est juste un commentaire sur ce que je pense voir ce soir.

Quand les modèles changent aussi vite dans le CT et MT, le mieux à faire est d'attendre que cela se stabilise et s'harmonise un peu... (cela n'empêche bien évidemment pas de commenter les runs !) Rappelez-vous quand même qu'il y a quelques jours seul CEP voyait la formation potentielle d'un AS... Le "problème" semble encore une fois se résumer à la virulence de l'activité dépressionnaire atlantique. Le caractère changeant des sorties montrent bien que les modèles hésitent sur ce point et bien sûr cela a des conséquences assez radicales sur le temps sensible chez nous...

Oui c'est vrai que F85 est semble-t-il un peu découragé ! (sortie en cours de GFS 12z) Cela montre bien comment la situation potentiellement hivernale est fragile, pour peu que les éléments forts de la synoptique se décalent et se déforment un peu et que les masses d'air qui nous concernent gagnent plusieurs degrés... Un grand classique !

La sortie en cours du CEP montre une synoptique potentiellement intéressante pour les hivernophiles à partir du 14 janvier... A confirmer !

C'est vrai que tout cela est lent et laborieux et que les masses d'air à notre niveau sont bien peu froides... mais combien d'hivernophiles auraient "payé" pour voir des cartes de ce type il y a encore quelques jours !

Une belle image de la coulée froide sur les Etats-Unis

s'il hésite entre 960 et 980 hPa cela ne changera pas grand chose pour nous...

Le redoux semble se stabiliser sur Québec avec une T° de +2°C et beaucoup de pluie dans la journée. Quel changement depuis ces derniers jours ! Bientôt la bascule du vent et le retour de T° négatives.

Le redoux semble se terminer à Montréal (2°C) après un pic de douceur à 6°C bientôt le retour des T°C négatives et des glissades...

Avant les abats de pluie, un début de journée apparemment clair, calme et modérément froid sur SPM

bonjour Cédric du Lot, pour ma part je ne trouve pas que les synoptiques envisagées soient si différentes l'une de l'autre (cf. tes 2 cartes) mais simplement qu'un modèle accentue les éléments en présence (CEP) alors que l'autre lisse ces derniers (GFS). Du coup l'advection subtropicale progresse plus vers le Nord pour CEP, à l'avant de la profonde dépression atlantique, ce qui pourrait mener à la formation ultérieur d'un AS... alors que sur GFS le manque de dynamisme favorise un étalement en AF-AE. Entre les deux options il n'y a pas finalement au départ tant de différence que cela, comme on a pu parfois le voir entre les deux "gros".