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charles.muller

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  1. Je connais en effet plein de travaux en biologie qui n'ont guère plus d'intérêt que celui-là mais dont on fait grand bruit. Tel que les Methods le précise : "Comparison of this data with approx1,400 in situ match-up surface chlorophyll data yields a median difference of 33%, which is comparable to measurement uncertainties in the field." je comprends que sur 1400 points de contrôle, on a une différence moyenne de 33% entre le résultat du satellite et celui in situ. En soi, cela n'empêche pas de moyenner les écarts trouvés sur une période et d'arriver à une tendance. Simplement, la tendance ne sera pas très "solide" compte-tenu de l'incertitude massive de départ sur le phénomène que l'on essaie de quantifier (surtout quand la tendance en question est de 0,4%, c'est-à-dire 80 fois plus faible que le degré d'imprécision sur le taux exact de chlorophylle en surface). Quand en plus cet exercice n'est accompli que sur neuf années, cela frise l'escroquerie d'en tirer des conclusions générales sur la santé actuelle de phytoplancton et son évolution. Oui c'est pris en compte et je réponds aussi à Meteor par la même occasion. Une fois que l'on a fait l'indice composite MEI, et constaté son éventuelle corrélation avec le productivité (je répète, cette corrélation n'est sans doute pas forte du tout entre 2001 et 2006, il suffit de voir les courbes qui n'ont pas la même pente ou qui sont parfois orthogonales, si on est à 0,5 cela doit être bien), qu'est-ce que l'on en déduit ? Que les différents éléments de cet indice (flux, SST, nébulosité, pression) vont tous co-évoluer de la même manière en situation de RC ? Que la corrélation va se renforcer à l'avenir ? Que le phytoplancton va rester statique et crever sur place ? Que les eaux froides réchauffées n'auront pas une activité euphotique différente ? Etc. Bref, on a un joli joujou, on est pressé de publier autre chose que des papiers techniques sur le calibrage dans d'obscures revues et on se paie son premier "Nature", avec l'artillerie des communiqués et l'armada des médias derrière pour faire du foin sur pas grand chose.
  2. Merci des précisions. Le problème si j'ai bien compris Pagani (ref. citée dans autre discussion sur phytoplancton), c'est que même en incluant les clathrates, hypothèse en effet considérée comme très probable, on ne comprend pas comment obtenir les + 5°C sur 10.000 ans, ni les +10°C au total par rapport au présent. Soit il faut considérer des quantités énormes de CO2 atm., soit il faut prendre une sensibilité climatique extrêmement élevée. Soit on oublie d'autres facteurs dans notre compréhension du PETM (ou on estime mal les T).
  3. Quelle piste fertile, quelle explication convaincante : la circulation de l'océan et de l'atmosphère (à travers ses poussières), les cycles solaires, les échanges de la couche limite, les upwellings, la nébulosité (à travers la lumière disponible)... En effet, on peut ajouter le barycentre, cela ne changera pas grand chose à ce stade de généralité. Il est vrai qu'avec des "astonishing" mesures aussi courtes et imprécises, il faut bien broder un peu. Heureusement, on a quand même évité pour l'essentiel les deux paragraphes de rigueur qui commencent toujours par "As atmospheric CO2 increases at a higher rate due to anthopogenic..." et qui se terminent toujours par "...theses results are of great concern for a better understanding of future climate change", avec au milieu la litanie du nouveau catéchisme carbonique.
  4. Par curiosité, j'aimerais bien avoir l'indice exact de corrélation MEI/NPP sur cette portion de la courbe, qui en représente les deux-tiers (2001-2006) hors épisode rapide de transition Ninon/Nina. Les courbes sont parfois trompeuses, mais à vue de nez, cela n'a pas l'air si fameux. Par ailleurs, tous les communiqués parlent du lien SST / plancton. Pourquoi donc utilise-t-on un indice composite MEI qui inclue d'autres facteurs (pression, nébulosité, vent) au lieu de nous proposer une belle courbe SST/NPP? Cela devrait être encore plus parlant.
  5. Oui, lis donc ce commentaire de Doney. Il se permet de rappeler les problèmes inhérents à l'instrument (Not that this procedure is straightforward: other constituents of sea water absorb light; many photons reaching the satellite sensor come from atmospheric aerosols or reflection at the water surface; and optical detectors on satellites degrade with time) Il a même l'audace de suggérer que la réponse du vivant à un changement de milieu n'est pas linéaire et peut réserver quelques surprises (Ecosystem dynamics are complex and nonlinear, however, and unexpected phenomena may arise as we push the planet into this unknown climate state. For example, oceanic fixation of atmospheric nitrogen into biologically available forms is concentrated in warm, nutrient-poor surface waters; under more stratified conditions, fixation might increase and enhance overall productivity). Mais bon, toutes ces réserves ne valent rien face à une tendance de 0,4% sur 9 ans d'un phénomène que l'on estime à 33% près.
  6. Comme tu le sais et comme ton collègue a dû t'en parler, cette période reste très discutée en paléo. Je signale d'ailleurs une "Perspective" de Pagani et al. dans le dernier Science. Le principal problème pour comparer avec notre époque est à mon avis le suivant : les T de l'épisode PETM étaient en moyenne 5°C supérieure à l'époque pré-industrielle et elles ont gagné 5°C de plus en 10.000 ans lors de cette transition rapide. On peut bien sûr considérer que la Terre va chauffer de 5 à 10°C dans le / les siècles à venir. Disons qu'il faut le préciser en préalable de la discussion. Vol. 314. no. 5805, pp. 1556 - 1557 DOI: 10.1126/science.1136110 Perspectives ATMOSPHERE: An Ancient Carbon Mystery Mark Pagani, Ken Caldeira, David Archer, James C. Zachos* About 55 million years ago, Earth experienced a period of global warming that lasted ~170,000 years (1). This climate event--the Paleocene-Eocene Thermal Maximum (PETM)--may be the best ancient analog for future increases in atmospheric CO2. But how well do we understand this event? (...)
  7. Cette étude montre que la médiatisation de la science climatique est devenue une vaste plaisanterie. Si tu n'es pas capable de faire la part des choses entre la portée d'une déclaration de chercheur et la portée de sa recherche, difficile de débattre. Tu continueras de citer le communiqué et moi l'étude. Je peux me tromper sur mon analyse de cette étude, mais réponds dans ce cas à mes arguments par autre chose que des généralités. On a eu exactement le même phénomène quelques mois plus tôt sur le Groenland. Une mesure courte sur un nouvel instrument, quelques déclarations alarmistes de Rignot et consorts, toute l'internationale carbonique qui verse tellement de larmes que le niveau des mers grimpe de 2 mm. Sur le coup, c'est amusant. A la fin, c'est lassant.
  8. Je suppose que tu as confiance en sirius plus qu'en moi. Lis donc tout ce qu'il dit, et notamment ceci dans une discussion récente : "Bon, comme tu l’as si souvent dit, les chercheurs ont tendance à dire que tout est important pour le climat." Que les communiqués amplifient le contenu de la recherche est la norme en science, y compris en sciences climatiques. Il suffit de regarder les courbes que j'ai publiées pour voir que les corrélations ne sont pas si parfaites entre MEI et NPP hors épisodes extrêmes et que la tendance des dernières années est insignifiante. Je ne te parle même pas de la calibration de l'instrument. Jette un coup d'oeil à la partie Methods : "Mean NPP was calculated with the VGPM using monthly 1,080 times 2,160 pixel resolution (that is, 18 km spacing at the Equator) OC4-v4 chlorophyll algorithm products from SeaWiFS reprocessed version 5.1 data (http://oceancolor.gsfc.nasa.gov). Comparison of this data with approx1,400 in situ match-up surface chlorophyll data yields a median difference of 33%, which is comparable to measurement uncertainties in the field. Super, 33% de différence moyenne entre les mesures satellite et in situ, et c'est de toute façon à peu près la marge d'erreur de ces mesures in situ. Avec cela, on peut calculer des tendances claires sur 9 ans, dont un Nino/Nina massif, et on peut extrapoler tout cela sur 100 ans sans aucun problème. On en reparle quand on a vingt ans de courbe sur une marge d'erreur plus réaliste. D'ici là, chacun peut cultiver sa croyance dans les communiqués.
  9. Il y en a qui ont de la chance. Merci de cette contribution au fond du débat, je vois que tu n'as pas grand chose à préciser sur l'objectivité des présentations de Jancovici. Lequel travaille beaucoup dans le domaine de l'énergie et de l'environnement, de sorte que ses activités professionnelles et ses opinions climatiques ne sont pas tout fait indépendantes. PS : je prenais soin de préciser dans mon texte "surtout à la lecture des papiers originaux, toujours nécessaire pour les références de sites sceptiques comme de sites alarmistes". Il m'est arrivé de constater que les chers Idso ne donnent pas toujours toutes les conclusions des travaux qu'ils citent. Pas de difficulté à le reconnaître. Beaucoup d'amusement à voir le manichéisme alarmiste en ce domaine et la glorification de la soi-disant objectivité de Real Climate et consorts. On n'a pas la même conception de l'impartialité, mais cela je le savais.
  10. Pour le coup, il suffit d'avoir lu le papier pour conclure qu'il est prématuré d'en déduire grand chose : - c'est une mesure courte (9 ans) sur une base nouvelle (les capteurs SeaWiFS) - les courbes montrent la variabilité annuelle, et surtout l'importance d'un événement unique dans la détermination de la pente (transition Nino Nina 1997-99) - la corrélation est faite avec l'indice composite Multivariate ENSO Index MEI (pression, vent, SST, nébulosité) - le projection dans l'avenir suppose que cette période courte est suffisante, que le climat va évoluer vers une condition El Nino permanente, que le phytotoplancton conservera le même comportement, trois assertions dignes d'être débattues en détail. Ci-dessous : points gris le productivité nette primaire (NPP), point rouge les indices MEI et la stratification.
  11. David a eu l'amabilité de mettre en lien cette page de Jancovici sur l'évolution des puits de carbone : http://www.manicore.com/documentation/serre/puits.html#cata Jancovici cite à l'appui de son pessimisme une étude de Bellamy et al. 2005 sur l'évolution du contenu du carbone organique des sols en Angleterre et au Pays de Galles entre 1978 et 2003. J'ai eu la curiosité d'aller étudier le contenu de cette étude, ainsi que le commentaire l'accompagnant. Les auteurs ont utilisé l'Inventaire national des sols d'Angleterre et du Pays de Galles, 5662 sites dont la composition est analysée à intervalle de 12 ou 15 ans sur les quinze premiers centimètres. Bellamy et al. ont opéré une sélection de ces sols et mesuré l'évolution de leur contenu en carbone organique (SOC). Ils obtiennent une perte moyenne de 4,44 Tg/an sur la période, soit 0,6%/an par rapport au contenu total de SOC de la couche. Cette perte masque des comportements assez différents : gain lorsque la concentration originale de SOC est inférieure à 30 g/kg, perte au-delà avec un maximum enregistré entre 50-100 g/kg, puis au-delà de 300 g/kg. Les auteurs ont classé les sols selon leur usage, et n'ont pas trouvé de corrélations significatives. Ils en déduisent que cela "suggère un lien avec le changement climatique". Allant un peu plus loin, ils extrapolent "par inférence aux régions tempérées" pour déduire que les pertes de carbone organique du sol sont susceptibles d'avoir dépassé les captures. Transformant donc les sols de puits en sources. Cette étude mérite assurément considération. Mais on peut toutefois, comme le font d'ailleurs Schulze et Freibauer dans leurs commentaires, émettre un certain nombre de remarques. La première, par principe, est celle que je faisais sur Smittenberg un peu plus haut : une étude ne fait pas le printemps et la réplication des résultats est utile. En allant plus en détail : - Bellamy et al. ont analysé un peu moins de 40% des sols de l'Inventaire. C'est bien sûr important, mais les 60% restant sont susceptibles de modifier les corrélations qu'ils ont tenté d'établir. Et 40% de 6000 points de contrôle des sols anglais ne sont pas forcément extrapolables à l'ensemble des régions tempérées. - seuls les 15 premiers centimètres du sol ont été analysés. Comme le remarquent Schulze et Freibauer : "Le contenu de SOC peut aussi avoir changer dans les couches non étudiées par Bellamy et ses collègues. Cela peut changer la magnitude de la perte, mais c'est peu probable que cela annule le résultat". Il est généralement admis dans la littérature que le rythme de diffusion décroît avec la profondeur, mais les processus de métablisation / minéralisation carbone organique ne s'arrêtent pour autant à la frontière 15 cm. Il est à noter par exemple que Callesen 2003 avait trouvé un gain de SOC dans les forêts nordiques corrélé à la hausse des T mais analysé sur les 100 premiers centimètres. - incriminer le climat suppose d'évacuer l'usage des sols. Bellamy et al. le font sur la base d'une absence de corrélation entre le rythme de perte et cet usage. Toutefois, leurs commentateurs ne semblent pas aussi convaincus sur ce point. Je les cite : "Ré-examinant les résultats, nous pensons que le facteur usage des sols a joué un rôle - par exemple, seule l'altération de l'usage des sols et les changements graduels dans leur gestion peuvent expliquer pourquoi les sols agricoles perdent plus de carbone que les autres. Certains changements majeurs d'usage des sols, comme le reforestation de zones riches en SOC, ne sont pas analysés de manière indépendante par Bellamy et al.". - incriminer le climat et étendre le raisonnement aux autres régions tempérées suppose enfin que ces régions connaissent les mêmes évolutions que l'Angleterre et le Pays de Galles. Les auteurs reconnaissent eux-mêmes que les hausses de températures sont supposées accélérer l'activité microbienne mais que "la magnitude de cet effet et les différences entre les sols sont incertaines". Ils ajoutent que "les effets des températures interagissent de manière complexe avec les changements dans l'humidité des sols", de sorte qu'une extrapolation suppose de bien connaître l'évolution température+précipitation des autres zones. Et une projection dans le futur suppose aussi la maîtrise de ces paramètres. Au-delà de ce travail de Bellamy, toute personne soucieuse de l'évolution du budget carbone des sols peut aussi s'enquérir d'autres travaux récents sur ce thème. Mes confrères de CO2 Science vous proposent l'analyse d'une trentaine d'études peer-reviewed parues à ce sujet ces dix dernières années et l'on constatera à leur lecture (surtout à la lecture des papiers originaux, toujours nécessaire pour les références de sites sceptiques comme de sites alarmistes) que le débat n'est certainement pas clos par un seul travail sur les campagnes anglaises et galloises : http://www.co2science.org/scripts/CO2Scien...carbonsoils.jsp Voici donc toutes les précisions que je tenais à vous apporter. Et que vous ne lirez jamais sur le site de Jancovici. Références : Bellamy, P.H. (2005), Carbon losses from all soils across England and Wales 1978-2003, Nature, 437, 245-48. Schulze, E.D., A.Freibauer (2005), Carbon unlocked from soils, Nature, 437, 205-206.
  12. Comme cela je répondrais "oui" car la frontière entre tropo et strato n'est jamais qu'une convention. Mais la réponse dépend en fait du comportement attendu d'une particule d'eau à cette altitude selon la température, la pression et aussi la circulation (courants jets). Sirius doit avoir une idée plus exacte.
  13. Toujours aussi clair et pédagogique, ce cher Jancovici. C'est juste dommage qu'il n'ait pas appelé son site "climat-alarmiste.com", histoire que ses lecteurs comprennent tout de suite ses choix éditoriaux et sa sélection de sources. Plus honnête, non ? Je lis : "d'autre part le réchauffement peut avoir pour effet de diminuer les courants thermohalins, qui vont de la surface de l'océan - où les échanges avec l'atmosphère sont rapidement réversibles - vers les profondeurs ; or ce sont ces courants qui entraînent le carbone des eaux de surface vers les fonds marins, soit sous forme de carbone dissous, soit sous forme de restes d'animaux qui sédimentent, le soustrayant alors à l'atmosphère pour une durée assez longue." Donc nous sommes bien d'accord, cette hypothèse serait une mauvaise nouvelle pour le capture CO2, mais une bonne nouvelle pour la hausse du niveau des mers. Car un ralentissement de la THC signifie un ralentissement de la dilatation thermique en profondeur, dont on nous explique qu'elle est la principale source de hausse attendue à l'échéance du prochain siècle. On peut bien sûr aligner les "scénario catastrophe" selon l'expression de Janco, mais il faut au moins préciser que les catastrophes ayant des causes physiques opposées ne peuvent pas survenir en même temps.
  14. Outre que l'argument d'autorité des conclusions actuelles des modèles ne fait pas progresser la discussion sur la compréhension des phénomènes physiques ou chimiques impliqués, je doute très sérieusement que le couplage actuel des modèles biogéochimiques et climatiques puisse être considéré comme autre chose que d'aimables spéculations, dont le degré de certitude ne doit pas être bien éloigné de celui de la prévision du gagnant du grand prix de Longchamp en 2097. J'en veux pour preuve, dans le domaine des sols et non celui des océans, les deux travaux dont j'ai fait l'écho récemment : /index.php?showtopic=17569'>http://forums.infoclimat.fr/index.php?showtopic=17569 En prenant au conditionnel ces résultats, ce qui est bien sûr nécessaire, cela donne : - on ne sait pas si les sols des forêts boréales stockent du carbone pendant 10.000 ans ou pendant 100.000 ans. - on ne sait pas dans quelle proportion les sols des forêts anciennes stockent le carbone par rapport à la perte respiration / décomposition. Et cela pour deux résultats récents, qui ne sont pas par définition intégrés dans les modèles comme des variables d'incertitude du comportement simulé. Si l'on remonte un peu plus haut dans nos débats : /index.php?showtopic=17236'>http://forums.infoclimat.fr/index.php?showtopic=17236 nous avons croisé de nombreux résultats de recherche récents montrant aussi que : - on ne sait pas comment la végétation réagit à 2xCO2 et ce que sont les gains de biomasse attendus. Quand je dis "on ne sait pas", cela signifie : il existe des travaux récents aux résultats très différents, le sujet n'est pas tranché. Et je ne parle même pas de sujets encore plus spéculatifs comme l'évolution des émissions d'aérosols organiques depuis la surface océanique sous l'effet de l'activité biologique. On peut m'expliquer que l'intégration de ces incertitudes dans un modèle est capable de me dire que le puits biosphérique va ralentir de X% à partir de 2060. Mais franchement, ce résultat n'engage que ceux y croient (et ceux qui y travaillent). Pour le puits océanique, on a déjà parlé comme le rappelle Pierre Ernest.
  15. Au moins, tu es un adepte du déterminisme... génétique Je ne sais pas trop ce qu'il y a enfoui au fond de moi, ce doit être un peu inquiétant à disséquer. Sur ces terres que je connais très mal, bien sûr, j'avance ici de manière naïve ou intuitive ou spéculative comme on veut. En fait, ta réponse précise ce que je pense, et c'est vrai pour le chaos comme pour la quantique. L'articulation que je saisis mal est la suivante : pourquoi le fait que l'homme ne puisse prédire un événement (pour raison d'indétermination ou de chaos) signifierait que cet événement est indéterminé ou non-déterminé? C'est aussi un peu le problème que j'ai avec le chat de Schrödinger. Je veux bien que sur une certaine période il existe une probabilité égale que le chat soit vivant ou mort dans sa boite. Mais malgré cela, le chat sera vivant ou mort quand j'ouvre la boîte, et je pourrais bien déterminer l'enchaînement de cause à effet qui a conduit du niveau micro (la désintégration du noyau) au niveau macro (la mort ou la survie du minou).
  16. Oui. En fait, c'est pour cela qu'il y autant de débat sur l'estimation de l'irradiance passée. Les proxies indiquent en effet l'activité magnétique du soleil. Celle-ci résulte d'un processus interne de dynamo entre la zone convective et la zone radiative. L'irradiance totale, les irradiances spectrales et le flux magnétique externe (vent solaire et champ magnétique interplanétaire) sont tous influencés au départ par la structure et l'évolution du champ magnétique solaire. Les tâches et faculae elles-mêmes sont ainsi des phénomènes magnétiques (des régions bipolaires à champ très puissant qui modifient le transport convectif), de même que les régions actives éphémères de plus petite dimension (ces dernières sont bien plus nombreuses, de sorte qu'elles représentent en fait une part majeure du flux magnétique total). Si tout le monde s'accorde (pour le moment) à dire que les proxies du magnétisme sur Terre et dans l'espace interplanétaire sont aussi des proxies de l'irradiance (une bonne part d'entre elle au moins), le débat commence pour estimer la proportionnalité entre l'un et l'autre. Les modèles dont on parle dans la discussion Lean diffèrent sur ce point, notamment dans l'interprétation du rapport champ magnétique interne / flux magnétique externe du soleil. Tout cela est assez complexe, il faut prendre cette explication dans ses limites actuelles (ie les limites de la progression dans mes lectures en cours ) Je te conseille ce papier de Solanki & Schussler 2005, qui introduit à la question : http://sait.oat.ts.astro.it/MSAIt760405/hé...I..76..781K.pdf Pour l'instant, j'ai l'impression que l'on reste en "low level of understanding" sur ces questions, pour parler comme le GIEC. Voilà pourquoi les chercheurs attendent beaucoup des missions en cours et à venir (Solar Orbiter, Solar Probe / Sonde Solaire, MMS, BepiColombo, VigiWind, Solip, etc.) Cela confirme d'ailleurs l'impression que j'avais : en terme d'exploration et de compréhension, le soleil et le lien soleil-climat restent très en retard par rapport à d'autres domaines.
  17. Tu as raison, c'est pour cela que j'ai autant de boulot ici J'analyse le démon de Laplace comme un programme déterministe pas forcément remis en cause par le chaos ou la mécanique quantique. Ce qui est remis en cause, c'est la possibilité de clore le programme déterministe, pas forcément de le poursuivre là où il est encore loin d'être achevé. En d'autres termes, l'image du démon me semble une figure heuristique plus qu'autre chose. S'il ne nous reste demain que le (certes vaste) problème de l'indétermination quantique dans nos prévisions du climat, on sera quand même mieux avancé. Sinon, autant je comprends à peu près que la mécanique quantique soit en partie incompatible avec le déterminisme, autant je ne le comprends pas bien pour le chaos. La tornade provoquée par le battement d'aile me semble "déterminée", non ?
  18. Oui, mais sur cette figure dérivée me semble-t-il de l'article Solanki & Krivova 2003, tu as bel et bien une tendance à la hausse sur les trente dernières années pour l'irradiance (légère, mais à la hausse tout de même). Le décrochage des T est bien sûr très net par rapport aux périodes précédentes. Sinon, je reste surpris par l'absence de pic vers 1960 pour l'irradiance dans leur courbe (bleue), par rapport aux tâches solaires. Je vais creuser ce point parce qu'il y a une chose que je ne comprends pas, ce n'est pas la première fois que je vois une courbe TSI ayant un sommet vers 1950 plutôt que 1960. Ref. S.K. Solanki, N.A. Krivova, 2003. Can solar variability explain global warming since 1970? JGR, 108(A5), 1200, doi:10.1029/2002JA009753
  19. En fait, j'ai trouvé le bon lien sur RC et sur le sujet. C'est un papier de Raimund Muscheler. http://www.realclimate.org/index.php/archi...st-few-decades/ Le problème, c'est que RC ne donne ici que la moitié de l'histoire. Muscheler et al. ont critiqué dans Nature la reconstruction de Solanki et al., mais ceux-ci lui ont répondu point par point. Et le papier d'Usoskin 2006 dont on parle ici montre justement que le Ti44 corrobore le Be10 (et les autres proxies), mais pas le C14 sur lequel s'appuie Muscheler pour critiquer Solanki. Bref, le monde est petit. Puisque RC est un site objectif et non biaisé, le plus simple est qu'ils invitent Solanki ou Usoskin à s'exprimer, comme ils l'ont fait avec Muscheler. Sinon, un lecteur croyant lire une bonne présentation du débat se retrouve en fait informé d'une seule opinion. Ce genre de procédé si tendancieux, c'est pour les affreux sites sceptiques, non ? Le débat complet : Nature 431, 1084-1087 (28 October 2004) | doi: 10.1038/nature02995 Unusual activity of the Sun during recent decades compared to the previous 11,000 years S. K. Solanki1, I. G. Usoskin2, B. Kromer3, M. Schüssler1 and J. Beer4 Nature 436, E3-E4 (28 July 2005) | doi:10.1038/nature04045 Climate: How unusual is today's solar activity? Raimund Muscheler1, Fortunat Joos2, Simon A. Müller2 and Ian Snowball3 Nature 436, E4-E5 (28 July 2005) | doi:10.1038/nature04046 Climate: How unusual is today's solar activity? (reply) S. K. Solanki1, I. G. Usoskin2, B. Kromer3, M. Schüssler1 and J. Beer4
  20. Isolé ne signifie pas grand chose : Fröhlich a publié seul son papier de 2005, par exemple, et non à la tête d'une vaste équipe. De toute façon, si tu as été lire la page en lien sur les différents indices composites, tu comprendras que l'on ne peut pas analyser pas de manière isolée les données. C'est un peu comme le débat sur les données MSU pour la tropo et la strato : on a connu beaucoup d'évolutions et de corrections successives au cours des 15 dernières années. Dans le cas de l'irradiance, cela paraît plus complexe encore (pour corriger et interpréter les données). Voir dans mon post précédent la prudence de Rasmus à ce sujet sur RC.
  21. Rasmus Benestad s'y connaît mieux que Gavin Schmidt pour le forçage solaire. Mais le lien de son papier à "no trend in the level of solar activity since 1950s" renvoie à un autre papier de RC sans rapport particulier (il s'agit des rayons cosmiques). Par ailleurs, quand je consulte la biblio de Rasmus sur RC, je constate qu'il n'a pas publié sur cette question de l'irradiance depuis 1950. (Pas publié en peer-review, RC est de qualité mais c'est un site de vulgarisation). Avec tout le respect que je lui dois, je suggère qu'il connaît un peu moins bien la question que les chercheurs entièrement spécialisés en ce domaine et qui ont fait paraître quelques d'études récentes sur la question. Je préfère donc lire ces chercheurs (Solanki, Usoskin, Krivova, Lean, Foukal, Fröhlich, Willson et quelques autres) pour essayer de me faire ma propre opinion. En tout état de cause, tu remarqueras dans les commentaires que Rasmus est prudent et précise concernant le débat Willson / Fröhlich : "the jury is still out on which analysis is the most correct one" Comme Willson trouve une légère hausse d'irradiance au cours des années 1980 et 1990 (cycle 21 et 22), je suggère d'adopter la prudence de Rasmus. D'autant que l'on ne parle pas ici des cycles 19 et 20, eux aussi inclus dans les cinquante dernières années. Willson, R. C., A.V. Mordinov (2003), Secular total solar irradiance trend during solar cycles 21 and 22, Geophys. Res. Let., 30, 1199-1202.
  22. Quand on dit qu'il n'y a pas de variation solaire depuis vingt ans, il faut aussi préciser que tous les spécialistes n'ont pas publié les mêmes conclusions à ce sujet. En 2003 Willson a trouvé une légère hausse sur le compositive ACRIM, en 2005 Fröhlich ne l'a pas retrouvé sur PMOD. Je pensais initialement que Fröhlich avait réanalysé les données de Willson et Mordvinov et démontrer leur erreur, mais c'est un peu plus compliqué que cela. En fait, chacun défend plutôt sa méthode de correction des instruments. A propos de ces indices composites de reconstruction récente de la TSI (PMOD, ACRIM, IRMB), je suggère par exemple de consulter ci-dessous la page de Fröhlich (qui suit PMOD issu de Soho/Virgo, radiomètre DIARAD et PMO6V). On constate le caractère totalement imbitable de la reconstruction de TSI vue dans le détail. Comme les marges d'erreur sont plus importantes que les variations retrouvées d'un minimum à l'autre, il semble difficile de conclure grand chose (sinon, bien sûr, qu'il n'y a pas eu de changements massifs entre les cycles 21, 22 et 23). Pour simplifier le tout, j'ai lu un papier récent (Toma & White 2004) montrant que le cycle 23 ne semble pas avoir eu une irradiance totale plus faible que les deux précédents, malgré un nombre moindre de tâches. De sorte que certains se demandent si l'on mesure bien la TSI ou si les tâches sont un bon proxy. Bref, pas simple de se faire un avis. Fröhlich / PMOD : http://www.pmodwrc.ch/pmod.php?topic=tsi/c...e/SolarConstant
  23. Merci des nouvelles précisions. Tu as raison, la petite mention "climat" en fin de texte ne doit être qu'un produit d'appel, ce qui n'est pas vraiment rare en ce moment. Enfin, c'est toujours intéressant de mieux comprendre de quoi il retourne.
  24. Désolé, ce n'est pas mon rayon les voitures, et j'émets sûrement des généralités. S'il existe des quantifications déjà faite sur l'énergie demandée pour les transports et son évolution dans les 100 à venir, cela m'intéresse à titre de curiosité. (Ou si vous les avez calculées, bien sûr). Entre l'hybridation, les biocarburants, l'électrique, l'hydrogène, la pile à combustibles pour citer les seuls projets les plus connus, il y a déjà un paquet de projets en cours. (Evidemment, il faut savoir si l'on parle de remplacer le pétrole ou de l'ES uniquement). Ensuite, je ne parle pas de remplacer purement et simplement le carburant fossile à court terme, ce qui me paraît en effet utopique, mais de le remplacer progressivement. De ce point de vue, il me semble que personne ne peut dire (de manière optimiste ou pessimiste, peu importe) ce qui sera inventé en 2010, en 2020, etc. La créativité humaine n'est pas planifiable. En outre, c'est aussi l'usage de la voiture qui peut changer (sans la supprimer pour autant). Des comportements actuels comme le propriétaire d'un 4x4 Diesel à Paris prenant sa caisse pour aller chercher son pain à 200 mètres n'est pas forcément le modèle dominant de ce qui se fera en 2050. Il ne me paraît pas impossible d'imaginer que la totalité des déplacements à moins de 50 km se feront par exemple sans voiture "fossile" actuelle. (C'est peut-être utopique, je l'ignore, et cela représente peut-être une toute petite minorité des déplacements). Enfin, tout dépend de l'échelle de temps que l'on demande pour la transition.
  25. Bon, on va reprendre. - Il est évident que l'on mesure mieux le soleil avec un satellite qu'avec des isotopes de beryllium, de carbone ou de titane. Manque de chance, avant 1978, on n'avait pas de satellite. Et à cette date, on parlait encore de la "constante solaire" (voir même IPCC FAR pp. 61 sq sur la médiocre connaissance de la question à l'époque) - A ce que j'ai lu un peu partout, mais on peut lire autre chose et le rapporter ici, il existe une bonne correspondance entre les tâches solaires et l'irradiance. Et les tâches sont très correctement observées depuis longtemps. - Gavin Schmidt a beau répéter sur RC que le soleil est stable depuis 50 ans (et, sauf erreur, ne pas me répondre quand je lui demande pourquoi il dit cela), il n'est pas interdit d'observer d'autres données (ou de lire des spécialistes du soleil, ce que n'est pas G. Schmidt). Si tu trouves que les courbes de tâches solaires sont stables entre 1950 et 2000, c'est que tu as un problème de vue. Le soleil est stable depuis le cycle 21, pas de problème, et même un peu en baisse au cycle 23. Cela fait 26 ans, pas 50 ans. - Si tu as 380 ppm de CO2 au-dessus de la tête aujourd'hui, et 320 ppm en 1920, tu vas dire que le forçage GES est plus important aujourd'hui qu'en 1920. Et tu auras raison. Si tu as un soleil plus actif en moyenne en 1980-2000 qu'en 1920-40, que conclus-tu ? - Concernant le réchauffement constaté depuis 1970, Solanki et Krikova 2003 concluent que cela ne peut excéder 30%, Scafetta et West 2006a, 2006b que c'est entre 10 et 30%. Cela semble cohérent avec des méthodes différentes. - Quant à dire "On ne peut pas expliquer le réchauffement des 30 dernières années autrement qu'avec le forçage anthropique", c'est vrai (à mon avis). Mais on ne peut guère en dire plus à mon sens. Car pour expliquer cette variation trentenaire de 0,49°C, il y a aussi d'autres facteurs que les GES (cf. récente discussion "Une énigme"). - Sinon, concernant le papier dont on parle, voilà ce que donne la reconstruction d'Usoskin, Solanki et leur trois co-auteurs pour la reconstruction de la modulation du flux RC (phi) par le soleil au cours des 400 dernières années.
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