Cers

Ca me surprend pas les observations, elles sont conformes aux simulations. Les valeurs indiquées dans le bulletin de vigilance ce matin n'étaient pas probables.

La dépression Claudio vue dans le canal vapeur d'eau en début d'après-midi : L'imagerie WV 6.2 donne des informations sur la vapeur d'eau atmosphérique au-dessus de 600 hPa. Le rapide du courant jet près de l'Irlande est en jaune. La dépression de surface marquée par un "L", pratiquement en entrée droite, est couplée à une anomalie basse de tropopause dont la position est approximativement repérée par la flèche rouge. La divergence d'altitude (non montrée) est associée à des ascendances, et une convergence de surface (la dépression se creuse si le bilan de masse dans la colonne est négatif). On a une advection chaude en aval de la perturbation, une advection froide en amont du thalweg : ces advections thermiques sont liées à la circulation cyclonique. A l'imagerie, la zone sombre (noire) correspond à une intrusion d'air sec, dans une région où l'air est descendant. Les nuages en blanc prononcé associés à la perturbation sont dans une région de haute tropopopause dynamique, où il y a du soulèvement dans les niveaux moyens et supérieurs. Le contraste blanc-gris voire blanc-noir mis en évidence en violet correspond à un gradient de vorticité potentielle sur une surface isentrope, ou coïncide plus simplement avec un gradient de vorticité relative sur une surface isobare en haute troposphère.

Oui @thib91, en effet, les seuils ne sont pas "rigides". Je suppose qu'outre les rafales de vent, le contexte, le vent moyen et la durée d'un événement sont aussi considérés par Météo-France. J'ajouterai qu'on sort d'une période chaude sans agitation d'un point de vue météo, donc il y a du changement. Bon, ce coup de vent se produit certes en soirée et la nuit, donc il devrait y avoir moins de monde en extérieur. On serait à priori plus proche de 60-85 km/h par rafales que de 100 km/h dans les terres de Bretagne, et çà soufflerait grosso modo à 80-110 km/h près des côtes, peut-être ponctuellement autour de 120 km/h vers la pointe du Finistère. Le vent serait aussi fort à très fort dans le département de la Manche comme tu l'indiques @Nico 14, dans la partie sud du minimum dépressionnaire où le gradient isobarique sera le plus élevé, puis le long des côtes de Normandie jusqu'au Pas-de-Calais.

Vortex cyclonique de haute troposphère, ce matin dans l'est de la France, : WV 6.2 / EUMETSAT

Il y a donc vigilance orange alors que les valeurs généralement prévues sont au-dessous des seuils évoqués plus haut.

C'est peut-être car la probabilité de phénomènes réellement forts impliquant de fait une vigilance orange reste inférieure à 50 %. D'après ce que je vois rapidement en consultant les cartes, le vent serait probablement violent près des côtes, en mesure d'excéder 100 km/h, mais moins en allant à l'intérieur des terres. Or des rafales souvent comprises entre 60 et 90 km/h ne constituent pas une grande menace.

@Damien49 là tu peux parler d'échelle subsynoptique si tu préfères oui. On range dans la moyenne échelle les structures et phénomènes dont la taille est supérieure à la dizaine de km et inférieure à 10^3 km environ aux moyennes latitudes, il existe plusieurs classifications. Un polar low, une brise de mer ou un jet de basse couche, çà appartient typiquement à la méso-échelle. Ici on a pas un MCV ou méso-vortex convectif, mais un tourbillon cyclonique en haute troposphère. Les lee vortices sont aussi un exemple de tourbillons observables à l'imagerie.

il y a en effet de la convection dans la région : EUMETSAT, convection RGB, 14:15 UTC

Au sujet des orages, il y a en effet un certain potentiel ce soir en Nouvelle-Aquitaine, en particulier entre Gironde, Charentes et Limousin. On a une advection différentielle de theta-W, qui se traduit par une instabilité convective en hausse. L'air est plutôt chaud en basse couche tandis qu'une advection froide à 500 hPa liée à l'arrivée d'une perturbation va venir instabiliser graduellement l'atmosphère : L'anomalie basse de tropopause encore au nord de l'Espagne est identifiable dans le canal vapeur d'eau, elle remonte : EUMETSAT, WV6.2 13:00 UTC Des averses se produisent déjà. Sur la carte synoptique suivante du géopotentiel à 500 mb, on devine la signature du thalweg d'altitude prévu d'aborder bientôt l'ouest de la France par le Golfe de Gascogne, de courte longueur d'onde. L'advection QG de vorticité absolue associée est représentée (contours en bleu). Pour rappel, une advection différentielle de vorticité absolue > 0 ou un transport de tourbillon cyclonique qui croît avec l'altitude, crée ou amplifie des ascendances. L'effet de l'advection thermique est de renforcer ou de s'opposer à ces ascendances, en fonction de son signe. La convergence des vecteurs Q (en vert) indique bien dans le cas présent un forçage pour des mouvements verticaux ascendants en moyenne troposphère, lié à cette anomalie cyclonique d'échelle sous-synoptique progressant en direction du nord-est. Ce forçage dynamique contribuera à instabiliser les profils verticaux et viendra favoriser la convection profonde. Lorsqu'il y a de l'instabilité, les ascendances forcées sont amplifiées au-dessus du LFC via la conversion de l'énergie potentielle disponible pour la convection en énergie cinétique. La MUCAPE n'est pas prévue énorme : quelques centaines de J/kg tout au plus, avec cependant des variations suivant les modèles. Mais c'est suffisant pour avoir de l'orage. Il devrait y avoir un peu d'inhibition convective à vaincre ! Voici un profil vertical AROME, j'ai juste ajouté la trajectoire d'une parcelle d'air qui partirait de 900 hPa en brun : Le niveau de condensation par soulèvement (LCL) serait assez élevé (un peu au-dessous de 700 hPa), l'épaisseur apparaît cependant correcte entre la base nuageuse et le niveau d'équilibre thermique (EL), et la température inférieure à -20 °C aux sommets théoriques favorable à de l'activité électrique. Notez l'inversion de température au voisinage du sol. La simulation AROME confirme des bases élevées : J'ai comparé rapidement le sondage de Bordeaux de Météo-France avec celui prévu par AROME (réseau 6 UTC), on remarque quand même une légère différence sur la courbe d'état au-dessus de la couche d'inversion entre l'observation et la prévision. Or un lapse rate moins fort ce soir peut diminuer l'instabilité verticale... Outre le LCL haut, le cisaillement vertical de vent sera fort dans les premiers kilomètres, ~ 15-20 m/s. Ces facteurs augmentent le potentiel de vents convectifs violents sous orage plus ou moins bien organisé. Il y a par ailleurs possibilité de grésil ou de grêle (dimension probablement < 2 cm) sous les cellules les plus actives. Q75 PE-AROME pour les rafales de vent maximales en surface, trajectoire Aquitaine -> Limousin :

A propos des températures, voici une carte montrant l'advection chaude à 850 hPa dans la nuit de mercredi à jeudi. Le courant de sud-sud-ouest, qui s'écoule alors suivant les isohypses, transporte de l'air chaud subtropical vers le nord (en provenance de la péninsule Ibérique), entre la dépression peu mobile sur l'Atlantique et l'anticyclone centré en Méditerranée : J'ai regardé l'évolution d'un profil vertical prévu par GFS un peu au sud de Bordeaux entre le 26/10 à 15 UTC et le lendemain à la même heure. On y voit en particulier les effets de cette advection chaude, la température à 850 hPa passant de ~ 13 °C à ~ 18 °C en 24 h ; la température de surface augmente aussi. Le transport d'une couche mélangée à l'étage moyen conduit à l'augmentation du gradient thermique vertical dans la couche 850-600 mb (ce qui accessoirement contribue ici à augmenter légèrement la CAPE et la CIN). D'après la prévision déterministe et l'ensemble ICON-ENS, la température à 2 m peut dépasser 30 °C dans l'extrême sud-ouest du pays : Le gradient de Td s'annonce encore particulièrement élevé, entre une masse d'air sec des Pyrénées à l'Aquitaine et un air plus humide dans le Golfe de Gascogne d'une part et venant du Golfe du Lion d'autre part :

Quelqu'un a pris des photos de l'orage jeudi soir ? Je vais écrire un article sur le MCS ayant transité du Centre à la Lorraine, je cherche une photo.

Il n'y a pas le mot convection ou convectif dans mon message. Il s'agit d'un tourbillon, d'un vortex, associé à une anomalie de vorticité potentielle (la surface 2 PVU descend vers 400 mb ici). La méso-échelle regroupe les phénomènes dont la dimension caractéristique est de l'ordre de 10-10^3 km. Compte tenu de l'échelle spatiale de notre structure d'après l'imagerie (~ 200 km), elle appartient bien à la méso-échelle. On peut donc parler de tourbillon de méso-échelle, ce qui ne signifie pas vortex convectif de méso-échelle. GFS est tout à fait capable de représenter cette anomalie de PV : Identification via le champ de vorticité relative : Régulièrement, des petits maxima de vorticité circulent, associés à un thalweg ou une dépression de plus grande échelle (synoptique). D'ailleurs, on peut visualiser une autre anomalie de vorticité cyclonique sur les cartes précédentes à l'est de l'Ecosse. Voici une figure complémentaire (IR / module du vent à 300 mb en jaune et isohypses en cyan). Le tourbillon est visible car il y a des nuages, il est associé à un petit jet streak sur son flanc est alors qu'un thalweg secondaire apparaît sur le champ de géopotentiel en haute troposphère. Souvent, des tourbillons de méso-échelle sont mis en évidence à l'imagerie WV (canal vapeur d'eau), ils se forment dans des zones de déformation, dans les régions baroclines. Pour les intéressés : Water Vapor Vortices

On a dû entendre le même 😛

Un impact, j'ai parlé trop tôt ! Le dernier coup de tonnerre pour cette année ?

Pluie et rafales de vent temporairement soutenues, pas d'activité électrique.

Sous ces structures linéaires abordant la Lorraine, un cisaillement fort dans les 2-3 premiers km, risque de violentes rafales de vent.

C'est un tourbillon de méso-échelle. Je sais pas si on voit très bien (cliquer éventuellement). La figure représente le champ de vorticité relative (isolignes) et le vent en haute troposphère (barbules), superposés à l'image WV et enhanced IR, le 21 octobre à 11 h locale. La courbure cyclonique et le cisaillement horizontal de vent sont à l'origine ici d'un maximum de vorticité, donc du tourbillon cyclonique. Cela se traduit aussi par une petite anomalie basse de tropopause visible sur la carte postée par Damien. EUMeTrain (ePort)

La convection profonde s'est amplifiée notablement au nord-ouest de l'Allier, on observe les premiers orages dans la zone ; ces cellules convectives prennent la direction de la Nièvre.

Mais non, mais non, voyons. Les experts prévoient l'hiver le plus froid depuis 10 ans !

Des orages plus électriques que juillet jeudi soir, une soirée pizzas en extérieur vendredi comme en été, une course à pied aujourd'hui dans une ambiance chaude... hum c'est un peu bizarre comme conditions fin octobre mais je trouve ça franchement sympa avant d'aborder l'hiver ! Les feuilles mortes qui tombent des arbres rappellent qu'on est bien en automne

OK En effet quand la reflectivité est aussi élevée on peut craindre de la grêle, même si le violet n'implique pas forcément des chutes de grêle.

Oui, possible supercellule (de faible durée de vie). L'image radar montre à priori bien un split entre 16h15 et 16h50, puis la cellule de gauche s'éloigne vers le NNE, le moteur droit lui s'intensifie tout en se déplaçant vers l'ENE. L'atmosphère est modérément instable, le cisaillement est > 20 m/s dans les six premiers km avec une SREH 0-3 km pouvant avoisiner 150 m²/s², un environnement capable de supporter des courants ascendants rotatifs. Par contre, je me permets de préciser que de très fortes valeurs de dBz (violet) n'impliquent pas un orage supercellulaire.

Le vent se lève, la pluie débute, tonnerre, ça flash de partout au sud-ouest.

On conserve une belle activité électrique en Meuse, le MCS poursuit son déplacement vers l'E-NE ; des cellules convectives remontent depuis le SO 54.

Bonjour, A propos de ces orages, j'ai rédigé un article de blog : supercellules dans le centre-ouest le 22 mai 2022 Merci à @Damien49 et @Max86/65 pour les photos